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Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis. Articles de Pierre-Olivier Combelles sur la nature et l'environnement à Auffargis (Yvelines, France) 2014-2016 . Suite
Sous la rubrique Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis, j'ai écrit ces articles et les ai publiés sur le site de l'association Auffargis-Environnement dont j'ai fait partie de 2014 à 2016. Ils ont disparu avec la suppression brutale du site par son ancienne présidente et fondatrice Madame Sophie Noël, sans avertissement préalable ni excuses. Les rescapés, retrouvés dans mes archives, sont incomplets pour certains. L'association commençait à gêner beaucoup d'intérêts privés ou pseudo-publics: projets immobiliers abusifs, pollution par l'agriculture industrielle, pollution par les ondes électro-magnétiques, coupes à blanc de l'ONF, destruction de sites naturels et d'espèces protégées, mettant en cause la responsabilité de la Mairie, du PNR, tout cela dans l'indifférence et l'individualisme quasi-absolus des habitants de ce petit village bourgeois des Yvelines dans la forêt de Rambouillet et du parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse, PNR dont la bureaucratie n'a jamais rien fait pour améliorer la situation et nous aider. Depuis mes articles, par exemple, la belle prairie située entre la rue Creuse et le bois des Vindrins a été lotie, une aberration à tous les points de vue (la partie basse étant en plus une zone humide). Un projet signé... Nexity.
Pierre-Olivier Combelles
Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis
Mercredi 21 janvier 2015
Danger traversée d'animaux !
Un soir de février de cette année, à la nuit tombée, je revenais en voiture à Auffargis par la route de l’Artoire lorsqu'une compagnie de cinq gros sangliers a traversé soudainement devant moi, de droite à gauche, pour passer du côté du bois du château de l’Artoire. J’ai freiné brusquement et je me suis arrêté pour les laisser passer. J’ai heureusement l’habitude de rouler doucement sur cette route qui traverse la forêt, 50km/h environ. La voiture qui roulait juste derrière moi s’est arrêtée aussi. Si j’avais roulé plus vite, j'aurais percuté les sangliers et l’autre voiture m’aurait percuté. Ce jour-là, j'ai évité un grave accident. L’autre automobiliste et les animaux aussi. Je transportais mes filles jumelles de 7 ans ½, assises sur la banquette arrière.
J'ai donc écrit à la mairie pour demander la pose de panneaux de signalisation. Ma demande a été transmise à la DDT (ex DDE) qui a donné son accord. Les deux panneaux de signalisation ont donc été installés cet été à l'entrée et à la sortie d'Auffargis, route de l'Artoire.
Triangulaires, blancs bordés de rouge, ils sont ornés d'un « cerf bondissant à senestre ». Méditant sur cette figure unique, j'ai pensé à tous nos autres voisins des bois, ce peuple discret qui paie son tribut quotidien au trafic automobile : sangliers, chevreuils, blaireaux, renards, lièvres, lapins, écureuils, martres, fouines, belettes, hérissons, crapauds, grenouilles, couleuvres, lézards, oiseaux diurnes et nocturnes, escargots, limaces, insectes, etc. Il ne se passe pas de jour ou de nuit sans que nous en trouvions écrasés sur la chaussée par ces monstres rapides, bruyants, puants et aux yeux aveuglants que sont les autos, les motos, les camions et les autocars.
Il est grand temps que nous changions nos habitudes et que nous pensions à vivre en bonne intelligence avec le monde qui nous entoure. Pas seulement avec nos semblables, nos frères humains, mais aussi avec nos frères animaux et végétaux; toutes ces créatures visibles ou invisibles qu'on appelle aujourd'hui la « biodiversité ». C'est une longue cohorte qui devrait être peinte autour de ce cerf sur les panneaux « Danger traversée d'animaux »...
Nous avons la chance d'habiter un village rural entouré de belles forêts, de campagnes et d'étangs. Levons le pied de l'accélérateur, non seulement pour respecter les enfants et les grandes personnes, mais aussi la nature dont nous ne sommes qu'une infime mais dangereuse partie.
Pierre-Olivier Combelles - Auffargis, octobre 2014
(ancien membre du laboratoire d'Ethnobiologie-Biogéographie du Muséum national d'Histoire naturelle)
Sur le même sujet: Pierre-Olivier Combelles: une belle martre est morte
https://pocombelles.over-blog.com/2014/06/une-belle-martre-est-morte.html
Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis
Mercredi 24 juin 2015
Alisier mon ami
Si vous allez du côté de Vieille-Eglise, arrêtez-vous au carrefour de la route d'Auffargis et de celle du Perray à Saint Benoît. Passez la barrière du chemin qui part en diagonale, faites quelques mètres et là, à droite, de l'autre côté de la clôture, vous apercevrez un arbre qui ressemble de prime abord à un chêne, mais qui n'en est pas un. Son tronc de divise en deux à un mètre ou deux du sol. Regardez par terre: vous trouverez des feuilles qui ressemblent à celles de l'érable, mais moins grandes, les lobes du bas souvent écartés. En automne, elles sont d'un rouge pourpre, orangées ou jaune d'or. Cet arbre, c'est un alisier torminal (Sorbus torminalis), de la famille des Sorbiers. (...)
Pierre-Olivier Combelles
Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis
Jeudi 25 juin 2015
La pollution à Auffargis
1) Pollution atmosphérique
Pollution d'origine extérieure (Paris) http://planete.gaia.free.fr/climat/aerologie/pollution.idf.html
Chauffage domestique
gaz d'échappement des véhicules
Fumées des avions (CO2, oxydes d'azote, métaux lourds...) : http://lesdessousdelaviation.org/
Pluies acides retombant sur la forêt et la végétation
2) Pollution sonore
Véhicules (rues et routes d'Auffargis, N10, avions)
3) Pollution électro-magnétique
Antenne-relais
Wi-Fi domestique
Téléphones portables
Lignes à haute et moyenne-tension
4) Pollution lumineuse
Lampadaires municipaux
Phares des véhicules la nuit
5) Pollution de la nappe phréatique et des cours d'eau par les produits chimiques utilisés dans les cultures autour d'Auffargis
6) Nuisances occasionnées par la circulation automobile
La question qui se pose: met-on sa santé en péril en habitant Auffargis (nous ne pensons pas seulement à nous, les hommes, mais à l'ensemble des êtres vivants) ?
La pollution coûte très cher à la société. C’est la conclusion d’un rapport tout juste rendu public de la sénatrice écologiste Leila Aïchi. Entre les dépenses de santé directement provoquées par la pollution, les coûts indirects liés aux décès prématurés et l’impact sur la baisse des rendements agricoles, la perte de biodiversité, la dégradation des bâtiments ou encore les dépenses de prévention, le coût global de la pollution de l’air en France tourne autour de 100 milliards d’euros par an selon les évaluations de la parlementaire.
Suite de l'article sur Basta:
http://www.bastamag.net/La-pollution-de-l-air-creuse-le-trou-de-la-secu-et-coute-cher-a-la-societe
(...) Enfin, ce rapport de la commission d’enquête du Sénat sur la pollution de l’air, intitulé : « le coût de l'inaction », qui affiche le chiffre astronomique de 100 milliards d’euros par an, en dépenses de santé, absentéisme dans les entreprises ou baisse des rendements agricoles… « La pollution atmosphérique n’est pas qu’une aberration sanitaire, mais une aberration économique », écrivent mes collègues sénateurs. Et je ne sache pas que nous avons affaire ici à de dangereux ultras de l’écologie ! Constat qui s’ajoute à celui de l’OMS selon lequel les particules fines provoquent 42000 morts prématurées par an, en France. (...)
Noël Mamère:Le gouvernement est pathologiquement sensible aux lobbies Reporterre, 23 juillet 2015 : http://www.reporterre.net/Le-gouvernement-est-pathologiquement-sensible-aux-lobbies
Informations AIRPARIF pour la commune d'Auffargis: http://www.airparif.asso.fr/etat-air/air-et-climat-commune/ninsee/78030
Des enfants qui naissent « prépollués »
1er octobre 2015
Les substances chimiques auxquelles les populations sont quotidiennement exposées ont des effets sur la santé de plus en plus manifestes. C’est le sens de l’alerte publiée jeudi 1er octobre dans l’International Journal of Gynecology and Obstetrics par la Fédération internationale de gynécologie et d’obstétrique (FIGO). Elle met en avant la responsabilité de certains polluants de l’environnement dans les troubles de la fertilité et souligne l’urgence d’agir pour réduire l’exposition aux pesticides, aux polluants atmosphériques, aux plastiques alimentaires (bisphénol A, phtalates…), aux solvants, etc. C’est la première fois qu’une organisation regroupant des spécialistes de santé reproductive s’exprime sur les effets délétères de ces polluants, présents dans la chaîne alimentaire et dans l’environnement professionnel ou domestique.
Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis
Vendredi 26 juin 2015
Le Chêne aux Loups du Bois des Vindrins
Les personnes qui auraient des informations sur le mystérieux "Chêne aux Loups" dont un carrefour (photo ci-dessous) et une route du Bois des Vindrins portent le nom sont invitées à nous écrire dans la rubrique Commentaires de cet article. Ce nom nous fait souvenir que les loups, aujourd'hui de retour en France, ont été présents dans les Yvelines depuis des temps immémoriaux.
Pierre-Olivier Combelles
Sur l'histoire des loups en Ile-de-France
D'après l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, la population de loups sur le territoire national était de 282 en 2014. Si elle s'étend toujours plus de l'est vers l'ouest de la France, elle est en baisse par rapport à 2013 (301). Le nombre de "prélèvements" augmente. Pourtant le loup est une espèce protégée en France. Nous parlons des loups à quatre pattes, car il y a aussi les loups à deux pattes, une espèce aussi protégée en France, mais infiniment plus dangereuse et nuisible pour l'homme et pour la nature. Et beaucoup plus dangereuse aussi que les dieux de la nature... P.O.C.
Serge Reggiani: Les loups
https://www.youtube.com/watch?v=8v77VIxElwM#t=169
HOMME ET LOUP - 2000 ans d'histoire:
http://www.unicaen.fr/homme_et_loup/cas_loups_paris.php
Sur l'expansion actuelle du loup en France:
http://www.networkvisio.com/n31-france/gazette-loup.html
L'observatoire du loup
http://www.observatoireduloup.fr/#
http://www.breizh-info.com/17516/actualite-environnementale/loup-moins-100-km-paris/
Sur l'histoire du loup en Beauce:
http://www.thebookedition.com/le-loup-autrefois-en-beauce-jacques-baillon-p-108902.html
Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis
Jeudi 2 juin 2016
Inondations à Auffargis (31 mai 2016)
Sur le même sujet et sur le même blog:
Inondations: Auffargis à la pompe !
https://pocombelles.over-blog.com/2017/11/inondations-auffargis-a-la-pompe.html
et
https://pocombelles.over-blog.com/2019/03/il-n-est-jamais-trop-tard-pour-un-naturaliste.html
https://pocombelles.over-blog.com/2014/06/une-belle-martre-est-morte.html
https://pocombelles.over-blog.com/2016/06/le-peuple-de-l-herbe.html
Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis. Articles de Pierre-Olivier Combelles sur la nature et l'environnement à Auffargis (Yvelines, France) 2014-2016
Sous la rubrique Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis, j'ai écrit ces articles et les ai publiés sur le site de l'association Auffargis-Environnement dont j'ai fait partie de 2014 à 2016. Ils ont disparu avec la suppression brutale du site par son ancienne présidente et fondatrice Madame Sophie Noël, sans avertissement préalable ni excuses. Les rescapés, retrouvés dans mes archives, sont incomplets pour certains. L'association commençait à gêner beaucoup d'intérêts privés ou pseudo-publics: projets immobiliers abusifs, pollution par l'agriculture industrielle, pollution par les ondes électro-magnétiques, coupes à blanc de l'ONF, destruction de sites naturels et d'espèces protégées, mettant en cause la responsabilité de la Mairie, du PNR, tout cela dans l'indifférence et l'individualisme quasi-absolus des habitants de ce petit village bourgeois des Yvelines dans la forêt de Rambouillet et du parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse, PNR dont la bureaucratie n'a jamais rien fait pour améliorer la situation et nous aider. Depuis mes articles, par exemple, la belle prairie située entre la rue Creuse et le bois des Vindrins a été lotie, une aberration à tous les points de vue (la partie basse étant en plus une zone humide). Un projet signé... Nexity.
Pierre-Olivier Combelles
Dimanche 18 janvier 2015
Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis
Le biologiste, moraliste et académicien Jean Rostand (1894-1977) a écrit un jour : « Je n'ai jamais eu besoin de voyager. J'ai toujours trouvé assez d'exotisme dans mon petit jardin pour me dépayser». Pour découvrir la faune et la flore sauvages, pour admirer les étoiles, nul n'est besoin de quitter Auffargis. Dans les forêts, les prairies et les jardins qui nous entourent, mille espèces sont là pour nous rappeler que nous ne sommes pas seuls au monde. Même si les animaux paient un tribut toujours plus lourd à la circulation automobile. Même si les populations d'oiseaux diminuent sans cesse à cause des pesticides répandus dans les champs et de la pollution chimique, sonore, lumineuse et électro-magnétique(1).
C'est pourquoi nous ne parlerons pas des tristes champs des environs, ou presque pas, dans cette nouvelle chronique, mais plutôt des prairies, comme celles qui bordent notre village entre la rue Creuse, la rue de Saint Benoît et la forêt. Prairies où courent les enfants, où volent les papillons, où chantent les grillons, où fleurissent les belles orchidées, où paissent les chevreuils le soir et où brament les cerfs en automne. Prairies menacées par des projets immobiliers… Cette année, fin septembre, un jeune et vigoureux six-cors y avait établi ses quartiers avec son petit troupeau de biches. On l'entendait bramer le soir à coups brefs et entrecoupés, répondant à d'autres cerfs invisibles dans la forêt environnante, du côté des Vindrins et du ru des Vaux de Cernay.
Caché dans la haie de chênes de la rue Creuse, mes jumelles nocturnes à la main, j'ai regardé les cerfs sortir de la forêt, se faufiler prudemment, tête basse, le long de la lisière, émerger du brouillard pour s'avancer dans la prairie au fur et à mesure que la nuit s'épaississait.
Les biches broutaient tranquillement l'herbe. Le six-cors bramait à côté d'elles puis disparaissait. Dans les bois on entendait alors les bruits furieux des branches brisées et des chocs sourds : les cerfs qui se battent, se poursuivent ou qui attaquent violemment les arbustes avec leurs bois, déchiquetant les branches.
La nuit était maintenant là, les étoiles brillaient dans le ciel, voilées par endroits par le brouillard. Les Pléiades prenaient leur envol à l'est comme un cerf-volant scintillant, comme une broche de diamants agrafée sur le manteau de la nuit. L'automne, les Pléiades et Cernunnos(2) étaient de retour dans notre forêt de Rambouillet, vestige de l'antique forêt des Carnutes…
Pierre-Olivier Combelles (octobre 2014)
(1) Voir par exemple les rapports de la Société d'Études ornithologiques de France (SEOF) à ce sujet :
http://seofalauda.wix.com/seof
(2) Cernunnos : dieu gaulois de la prospérité et des saisons, vraisemblablement Dis Pater, le dieu Père des Gaulois évoqué par César dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules.
Monoculture de colza aux alentours d'Auffargis dans un champ cultivé chaque année en blé ou en colza (donc sans jachère) et arrosé de pesticides et d'engrais chimiques (YaraBela Extran). On voit que rien ne pousse en dehors du colza. Photo: Pierre-Olivier Combelles, avril 2015
Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis
Mercredi 21 janvier 2015
Pour une campagne propre autour d'Auffargis
Chaque année, les champs de céréales (blé, colza) qui entourent Auffargis sont couverts de montagnes d'engrais chimiques et arrosés de déluges de pesticides. C'est visible: la terre est morte, blanchie, et sent mauvais. Tous les promeneurs qui empruntent la route des Cinq Cents Arpents qui va des Essarts à l'abbaye des Vaux de Cernay ou les cyclistes qui vont à Vieille-Eglise ou au Perray en ont fait l'expérience. L'eau de pluie ruisselle et forme des mares toujours plus grandes sur le sol tassé par les énormes engins agricoles (plusieurs dizaines de tonnes). Pas besoin de l'analyse des célèbres microbiologistes des sols Claude et Lydia Bourguignon ou de l'agronome japonais Manasobu Fukuoka, pionnier de la permaculture, pour le constater. Les populations d'oiseaux sont aussi en baisse constante en Ile-de-France à cause des pesticides, tout le monde s'en rend compte et les organismes scientifiques le prouvent (SEOF, CORIF, LPO(1)). Les abeilles et les insectes pollinisateurs sont menacés.
A grand renfort d'affiches, certaines communes de la région, comme Les Essarts-le-Roi, se targuent de ne plus utiliser de pesticides sur les parterres publics. Mais quid des cultures qui nous environnent et nous polluent ? Il ne s'agit plus là de quelques ares de plates-bandes fleuries d'espèces horticoles exotiques, mais de milliers d'hectares qui, de plus, alimentent directement les nappes phréatiques et les cours d'eau. Ces cultures sont-elles OGM ? Quels sont les pesticides employés ? Le Roundup(2) ? Les habitants de la région doivent être informés.
On le sait, l'agriculture industrielle sert moins à nourrir (mal) les gens qu'à produire des profits financiers, notamment au secteur agro-chimique, aux grands semenciers, aux constructeurs de matériel agricole et aux banques. Dans ce système où le consommateur est captif, le petit agriculteur est le pot de terre : un tous les deux jours se suicide au doux pays de France.
Ce que dont nous avons besoin aujourd'hui, c'est d'une agriculture de proximité et d'une sylviculture(3) écologiques, consacrées en priorité à la consommation nationale et non plus à l'exportation, responsables, démocratiques, respectueuses des terroirs et de la biodiversité et organisées sur le long-terme. Dans les communes voisines du Parc, il y a des fermes biologiques qui produisent et vendent des fruits et des légumes sains. Pourquoi n'y en a-t-il pas à Auffargis ? Pourquoi l'épicerie du village ne vend-elle pas en priorité les produits frais locaux ? Pourquoi, en dehors des forêts et des zones humides à protéger, l'espace serait-il obligatoirement consacré à l'agriculture industrielle, à l'urbanisation et aux infrastructures routières ?
Il n'y a pas la politique et la gestion de collectivités d'une part et l'environnement de l'autre. Il n'y a qu'une seule et même attitude compréhensive, responsable et « citoyenne » à l'égard des hommes et de la nature dont nous faisons humblement partie.
Pierre-Olivier Combelles
(1) Société d'Etudes Ornithologiques de France, Centre Ornithologique de la Région d'Ile de France, Ligue pour la Protection des Oiseaux. Sur le déclin des oiseaux, des papillons et des chauves-souris en Ile de France: http://www.paris.fr/pratique/paris-au-vert/nature-et-biodiversite/le-point-sur-la-biodiversite-en-ile-de-france/rub_9233_stand_92511_port_22522
(2) D'après le Pr. Gilles-Eric Seralini, le Roundup, l'herbicide le plus utilisé au monde est responsable « de graves perturbations hépatiques et rénales, ainsi que des hormones sexuelles et l'apparition de tumeurs mammaires ». (http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/06/24/toxicite-du-roundup-et-d-un-ogm-seralini-republie-son-etude-controversee_4444396_3244.html9
(3) Forêts naturelles diversifiées et non plus monocultures d'espèces, souvent étrangères, à croissance rapide (pin sylvestre, chêne d'Amérique) ANNEXE
(...) La volonté de notre Chambre (commerce-industrie, métiers de l’agriculture) c'est de représenter un corps vivant, dont les différentes composantes se vivifient l'une l'autre. On ne peut faire cohabiter des parties vivantes et des parties moribondes. La terre est faite pour nourrir les gens du pays avec les produits du pays, c'est à dire pour assurer l'autosuffisance alimentaire. Un gel généralisé serait suicidaire. Et l'insolvabilité de l'agriculture ne peut qu'ébranler toute l'économie. Si l'on ne veut plus que notre société fabrique des exclus, il faut revenir à la ferme de polyculture qui entretenait naturellement l’environnement par l'assolement et l'association culture-élevage, petite entreprise familiale qui crée plus d'emplois que la grande. C'est vraiment un comble de voir l’agriculture devenir une nuisance. Les solutions ne peuvent être que multiples et variées. Selon les régions et les latitudes, il faut encourager les productions sous contrat, les productions liées à la clientèle de proximité, l'agriculture biologique, etc.
Nos pays se prêtent bien aussi à l'alternance des tâches par un travail mi agricole, mi industriel, où nos PME et nos artisans peuvent jouer un rôle essentiel de relais sans déracinement. Si nous voulons défendre la préférence communautaire contre un mondialisme qui est une idée fausse, il faut conserver à l'Europe ses originalités, ses particularismes, ses " pays ", avec leur incomparable qualité de vie. Une civilisation est aussi la rencontre entre un peuplement et un territoire. En face d'une trop grande concentration urbaine, nous avons besoin d'une meilleure irrigation géographique. Alors, l'économie, de maîtresse, deviendra servante. Nos Capétiens n'étaient-ils pas des paysans rassembleurs de terres et faiseurs d'enfants ? " (...)
Henri Eschbach, Lettre n° 111 de la Chambre de commerce du Jura – 2e trimestre 1992 (H. Eschbach était Président de la Chambre de Commerce du Jura à cette époque). Source: http://pocombelles.over-blog.com/page-4634309.html
Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis
Mardi 2 juin 2015
Orchidées et fleurs des prairies.
Les vastes et belles prairies qui bordent Auffargis à l'est et au sud entre le Bois des Vindrins, la rue Creuse et la rue de St. Benoît, pâturage des chevreuils, des cerfs et des sangliers de la forêt, abritent au printemps plusieurs espèces d'Orchidées et de fleurs remarquables. En voici quelques-unes, qu'il faut admirer avant qu'elles ne disparaissent, détruites par la fauche ou le broyage intempestifs ou par les projets immobiliers*.
Admirez-les, mais ne les cueillez pas. Elles sont protégées !
Pierre-Olivier Combelles
* En France, la surface d'un département est artificialisée tous les 7 ans: http://www.reporterre.net/Artificialisation-des-sols-les N.B. Toutes les photos ont été prises dans et autour des prairies d'Auffargis.
La prairie de la rue Creuse début juin, en fin d'après-midi. La Croix St-Jacques est un peu plus loin, à droite des maisons qu'on aperçoit au fond. Au crépuscule, les cerfs et les chevreuils sortiront de la forêt pour pâturer. Photo: Pierre-Olivier Combelles (2015)
Platanthère à fleurs verdâtres (Platanthera chlorantha). Les fleurs exhalent, surtout la nuit, un délicieux parfum de vanille.C'est pour attirer les papillons de nuit qui aspirent avec leur trompe le nectar contenu dans les longs éperons. Photo: Pierre-Olivier Combelles (2015)
Platanthère à fleurs verdâtres (Platanthera chlorantha). Détail. Photo: Pierre-Olivier Combelles (2015)
Platanthère à fleurs verdâtres (Platanthera chlorantha). Détail. Photo: Pierre-Olivier Combelles (juin 2015).
Une autre Ophrys abeille, quelques mètres plus loin. Ces Orchidées vivent souvent en petites colonies de 5 ou 6 exemplaires, comme ici, sur les pelouses sèches et bien exposées. Comme leur nom l'indique, les Ophrys imitent certains insectes pour les attirer et assurer leur pollinisation. Mais elles peuvent aussi s'auto-féconder. Les graines minuscules privées de réserves nutritives ne peuvent germer qu'en présence d'une espèce spéciale de champignon. Photo: Pierre-Olivier Combelles, Auffargis, 14 juin 2015.
Les orchidées sont menacées en France Les quatre espèces d'orchidées (160 espèces en France, sur un total de 779 genres et 22500 espèces dans le monde) que nous avons rencontrées dans les prairies d'Auffargis et aux alentours immédiats: la Platanthère à fleurs verdâtres (Platanthera chlorantha), l'Orchis pourpre (Orchis purpurea), l'Orchis bouc (Himantoglossum hircinum) et l'Ophrys abeille (Ophrys apifera), sont inscrites sur la liste des espèces menacées sur le territoire national. Communiqué de l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature):
La Liste rouge des orchidées de France métropolitaine
Selon l’état des lieux effectué, une espèce d’orchidées sur six pourrait disparaître du territoire métropolitain.
La première analyse jamais réalisée sur les 160 espèces d’orchidées présentes en France métropolitaine montre que 27 d’entre elles sont menacées de disparition du territoire, et que 36 autres sont proches de le devenir sans une attention particulière portée à leur situation.
Ces résultats sont le fruit d’un travail commun mené par le Comité français de l’UICN, le Muséum national d’Histoire naturelle, la Fédération des conservatoires botaniques nationaux (FCBN) et la Société française d’orchidophilie (SFO).
Communiqué de l'UICN avec le lien vers la Liste rouge des espèces menacées en France: http://www.uicn.fr/Liste-rouge-orchidees.html
Bibliographie
Orchidées d'Europe. Coll. Petits atlas N°83-84, Payot, Lausanne (Suisse). Flore forestière française (1: Plaines et collines), par Jean-Claude Rameau et al. I.D.F:, 1989.
The Illustrated Flora of Britain and Northern Europe, by Marjorie Blamey, Christopher Grey-Wilson. Hodder & Stoughton, London, 1989.
Soul of Japan - The Visible Essence. Photography by Katsuhiko Mizuna and Hidehiko Mizuno, text by Yoji Yamakuse. IBC Publishing, Tokyo, 2012.
Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis
Mercredi 17 juin 2015
Adieu les orchidées et les fleurs de la prairie
Les prairies de la rue Creuse et de la rue de St Benoît ont été fauchées*, ou plutôt broyées, hier au tracteur. Les orchidées et les fleurs magnifiques que je montrais dans mon dernier article sont détruites, rasées, hachées.
Bien entendu il ne faut pas remettre en question le principe de la fauche annuelle des prairies (qui ne seraient plus des prairies sans cela, mais des forêts), mais on peut s'interroger sur l'époque la plus opportune, surtout lorsqu'il s'agit de broyage. Ce n'est certainement pas au au moment de la floraison des plantes herbacées sauvages, qui attirent et nourrissent beaucoup d'insectes et donc d'oiseaux. Les Plantanthères par exemple, dont j'ai remarqué l'abondance dans cette prairie, étaient encore en fleur et par conséquent leurs graines n'étaient pas encore formées. Les orchidées** sont menacées sur le territoire national. Les quatre espèces que l'on rencontre dans notre prairie et aux alentours immédiats (Platanthera chlorantha, Orchis purpurea, Ophrys apifera et Himantoglossum hircinum) figurent sur la Liste rouge des espèces menacées de France (communiqué de l'UICN ci-dessous). Il faut donc attendre plus tard pour faucher ou broyer, pour ne pas bouleverser l'ordre de la nature. Notons que malheureusement la législation et notamment la règlementation du Parc naturel régional ne sont pas contraignantes sur ce point. Car la prairie d'Auffargis est l'exemple type de la prairie permanente dont l'importance écologique, paysagère et pour la qualité de l'environnement est connue depuis longtemps***. C'est en tant que telle que la nôtre doit être reconnue et protégée.
Pierre-Olivier Combelles
* En principe on parle de fauche ou fauchage lorsque l'herbe est coupée et laissée à sécher (foin, fourrage) et emportée pour être donnée plus tard en nourriture aux animaux d'élevage (bovins, chevaux, chèvres, etc.).
** 160 espèces en France métropolitaine sur un total de 779 genres et 22500 espèces connues dans le monde, divisées en deux catégories: terrestres et épiphytes (vivant sur les arbres). On les rencontre depuis l'Arctique et les hautes montagnes jusque sous les Tropiques.
*** Voir l'article Wikipedia: https://fr.wikipedia.org/wiki/Prairie_permanente
A propos des orchidées d'Auffargis et de celles de Mantes-Rosny: http://lautreechoduquartierfluvial.over-blog.fr/article-les-orchidees-sont-de-retour-117926159.html
La Liste rouge des orchidées de France métropolitaine
Selon l’état des lieux effectué, une espèce d’orchidées sur six pourrait disparaître du territoire métropolitain.
La première analyse jamais réalisée sur les 160 espèces d’orchidées présentes en France métropolitaine montre que 27 d’entre elles sont menacées de disparition du territoire, et que 36 autres sont proches de le devenir sans une attention particulière portée à leur situation.
Ces résultats sont le fruit d’un travail commun mené par le Comité français de l’UICN, le Muséum national d’Histoire naturelle, la Fédération des conservatoires botaniques nationaux (FCBN) et la Société française d’orchidophilie (SFO). (Communiqué de l'UICN, avec le lien vers la Liste rouge des espèces menacées en France): http://www.uicn.fr/Liste-rouge-orchidees.html
"Publiée en partenariat avec Natureparif, l’agence régionale pour la nature et la biodiversité en Île-de-France, cette Liste rouge régionale de la flore vasculaire d’Île-de-France a permis d’établir que 85 espèces végétales (6 %) semblent avoir disparu de la région depuis le XVIIIe siècle et 400 autres (26 %) sont aujourd’hui menacées.
Parmi celles-ci, 128 courent un risque majeur d’extinction (8 %) dans les prochaines années.
La destruction et la dégradation des habitats naturels représentent la principale cause de régression des espèces végétales. L’urbanisation et les changements de pratiques agricoles sont responsables de la disparition progressive de nombreuses espèces (...)
http://cbnbp.mnhn.fr/cbnbp/ressources/publications.jsp#21 Orchisauvage - Société francaise d'Orchidophilie: http://www.orchisauvage.fr/ L'exemple de la Suisse:
chaque agriculteur doit réserver le 7% de sa surface cultivable à la biodiversité = faucher après le 1er juillet.
les paiements versés à l'agriculteur varient en fonction de la richesse florale de la parcelle, indicatrice de bonne ou très bonne santé.
Platanthera chloranta, la Platanthère à fleurs verdâtres. Détail. Chaque fleur est fixée à la hampe florale par une petite tige qui est l'ovaire. Il est torsadé pour permettre à la fleur épanouie d'être en bonne position pour la pollinisation par les papillons de nuit, qui aspirent avec leur trompe le nectar contenu dans le long éperon. L'ovaire va alors grossir, les graines se développant à l'intérieur, puis à maturité il devient une capsule déhiscente qui se déchirera pour libérer les graines minuscules (il y en a des milliers dans une seule capsule) qui se répandront alentour. Ne possédant pas de réserves nutritives, elles ont besoin pour germer d'un champignon spécial dans le sol. Photo: Pierre-Olivier Combelles (juin 2015).
Du même auteur sur Auffargis et la forêt de Rambouillet
https://pocombelles.over-blog.com/2019/03/il-n-est-jamais-trop-tard-pour-un-naturaliste.html
https://pocombelles.over-blog.com/2014/06/une-belle-martre-est-morte.html
https://pocombelles.over-blog.com/2017/11/inondations-auffargis-a-la-pompe.html
https://pocombelles.over-blog.com/2016/06/le-peuple-de-l-herbe.html
A suivre
Le chemin de la forêt: une exposition virtuelle de Pierre-Olivier Combelles
L’itinéraire d’un naturaliste, navigateur, écrivain et poète depuis la forêt de Rambouillet de son enfance versaillaise, vestige de la forêt des Carnutes et avant, des hommes préhistoriques du Mésolithique et du Paléolithique, jusqu’à la taïga du Labrador, partie de l’immense forêt de conifères du Subarctique qui ceinture tout le globe et abrite les descendants des chasseurs du Paléolithique, puis jusqu’au versant oriental des Andes, au-dessus de l’Amazonie. Un voyage dans l’espace et dans le temps, dans la nature sauvage comme parmi les hommes qui l’habitent ou qui l’habitaient. La découverte de la forêt, ce milieu primordial avec la mer, où les plantes, les animaux et les hommes vivent dans une interdépendance totale, en symbiose et en équilibre. Un cheminement initiatique d’évocations en évocations, pour comprendre que la forêt, comme la nature tout entière, est un secret qu’il faut beaucoup de temps et de patience pour connaître. Le chemin de la forêt est une Voie, au sens spirituel et asiatique.
Inspirée par ma grande exposition « Dans le sillage d’Audubon – A la découverte de la Basse Côte-Nord du Québec » itinérante en France dans les années 1990, une nouvelle création après presque trois décennies consacrées à l’exploration et à l’étude du Labrador puis à celles des Andes du Pérou et de la Bolivie.
Une exposition qui présente dans un décor naturel et en quatre dimensions mes photographies et mes textes ainsi que des dessins et des aquarelles des peintres naturalistes qui m’ont accompagné dans mes expéditions, des souvenirs, des documents (livres, cartes), des objets et des reconstitutions ethnographiques, dans un cheminement dans l’espace et dans le temps.
Pour en savoir plus:
(...)
«Les agents naturels de destruction ne suffisent plus à digérer les résidus de la civilisation technique. Inexorablement, les déchets distillent leurs poisons, stérilisent les terres, les airs, les mers et les fleuves. Déforestation, érosion, désertification, pollution et logiquement désertion.»
«… Les Etats-Unis nous en livrent un exemple. Après les exterminations massives et en grande partie irréversibles qui ont saccagé ce pays au XIXe siècle – l’anéantissement des Indiens et de leurs civilisations, celui de nombreuses espèces animales, des bisons entre autres, la ruine des terres – après et avant le chancre de l’érosion et la pollution grandissante….»
« Vous avez été saisi par la mystique de la forêt comme d’autres le sont de l’océan ou de la montagne ou même du désert. Chaque homme découvre le biotope de ses préférences, son asile en quelque sorte. Et la forêt, c’est l’arbre. Pour les Arabes, il est l’ennemi; et pour le Nordique, le décor… Ces forêts anciennes, notamment Africaines, vous aurez été en effet l’un des derniers sans doute à les avoir connues dans le détail. Nous savons qu’un jour viendra, peut-être peu éloigné, où il ne restera rien de tout cela. J’entends que dans peu, très peu de décennies, il n’y aura plus de grandes forêts en Afrique. Les Noirs et les puissantes compagnies européennes et américaines s’affairent actuellement à dévaster selon des coupes à blanc ce qu’il en reste. L’Afrique est mal partie, et vous le savez bien, pour cette raison avant toute autre. Ce qui demeure aussi inquiétant à nos yeux, ici même, c’est que le devenir des sciences de la Nature va de pair avec l’avenir de la Nature elle-même. Les pouvoirs publics en porteront la responsabilité essentielle; ils suivent le flot au lieu de le remonter. Une bonne partie des hommes s’habitue aux déserts et s’entend d’ailleurs fort bien pour les édifier.»
«En ce temps qui viendra, où tout sera calculé selon les normes des ordinateurs, ces rescapés de votre domaine et de vos enseignements écrits sauront donner aux archivistes de l’ère martienne les indications qui permettront de refaire aussi exactement que possible, selon des procédés rapides et à échelle réduite, les forêts de l’antique Amazone, de l’ancien Oubangui, du lointain Cambodge telles que André Aubreville les avait parcourues et décrites. Mais, cette fois, ce sera en matière plastique, bien entendu.»
(...)
Roger Heim: L'Angoisse de l'an 2000 (1973)
https://xochipelli.fr/2015/11/hommage-a-roger-heim-lecologiste-le-mycologue-le-psychonaute/
Il n'est jamais trop tard pour un naturaliste
Torcol (Jynx torquilla). Auffargis (Yvelines) dans les aulnes au bord du ru des Vaux de Cernay, 5 mars 2019.
Jonquilles sauvages (Narcissus pseudonarcissus L.) à la lisière d'un champ et d'un bois. Forêt de Rambouillet, 23 mars 2019.
De merveille en merveille, l'existence s'ouvre.
Lao-Tseu
Il n'est jamais trop tard pour un naturaliste. La vie vous apporte toujours un cadeau, une surprise, une récompense, dont vous rêviez et que vous attendiez depuis longtemps.
Au cours des trois derniers mois, j'ai eu la joie de voir, de rencontrer pour la première fois de ma vie :
- Un couple de cerfs (Odocoileus peruvianus, luicho en quechua) dans notre ferme-réserve naturelle Pitunilla (ex Costa Rica) dans les Andes du Pérou. J'étais arrivé le jour même et en fin d'après-midi, vers 17H (il fait nuit à 18H30) nous aperçûmes deux cerfs qui se faufilaient dans le monte fauve de jopage sec, au-dessus de la maison, d'un molle à l'autre. Il voulaient boire dans la rigole, à 200m de nous, mais notre présence les gênait. Gris, trapus, la queue noire bordée de blanc, pas de bois sur la tête. Un couple, peut-être. Ils se cachaient sous les arbres pour réapparaître ensuite. Cela dura un quart d'heure, vingt minutes. Puis nous les perdîmes de vue. C'est la première fois que j'en voyais dans les Andes. Il y a une autre espèce, le taruka (Hippocamelus antisensis), plus rare et qui hante seulement les très hautes Andes, au-dessus de 4000 m d'altitude (étage de la puna). Plus trapue, avec des bois à deux andouillers seulement comme le chevreuil d'Europe.
- Un torcol dans les aulnes du ru des Vaux de Cernay, à Auffargis (village de la forêt de Rambouillet). Je marchais le long du sentier lorsque j'ai vu un oiseau se percher de manière bizarre sur une branche d'aulne inclinée, puis se tendre horizontal, puis se dresser droit comme un piquet. La taille et l'allure d'une petite grive, plumage sombre dont je n'arrivais pas à distinguer les détails (40 m plus haut, à contre-jour), la queue assez longue, le bec petit. S'est envolé, perché verticalement sur un tronc, mais ne grimpait pas en s'appuyant sur la queue comme un pic. Observation: 5 bonnes minutes, à l'oeil nu, sans jumelles.
- une colonie de jonquilles sauvages à la lisière d'un champ. Je passais à vélo et j'ai aperçu les taches jaunes sur le talus au pied des chênes, à 70 m environ. Eclairées par le soleil couchant. J'ai filé à la maison pour prendre mon appareil photo puis je suis revenu les photographier, couché par terre, dans la lumière du soleil qui baissait.
Pierre-Olivier Combelles
Pour en savoir plus sur le Torcol fourmilier:
http://www.oiseaux-birds.com/dossier-torcol-fourmilier.html
Les merveilles d'une après-midi d'été
Photographies: Pierre-Olivier Combelles.
Appareil: Fujifilm X100T. Objectif équivalent à 35mm. Il faut donc s'approcher très près des plantes et des insectes pour les photographier.
Chasse subtile, comme disait Ernst Jünger...
Cliquez sur les images pour les agrandir et faites-les défiler.
"De merveille en merveille, l'existence s'ouvre."
Lao-Tseu
"Exuberance is Beauty."
William Blake, The Marriage of Heaven and Hell
5H de l'après midi dans la prairie ensoleillée, entre le village et la forêt de Rambouillet.
Dans quelques mois, un lotissement réalisé pour des raisons uniquement spéculatives la remplacera: adieu les herbes, les insectes, les oiseaux, les animaux sauvages, adieu la liberté:
Sur la haie, au bord de la route qui descend vers la prairie et la forêt, les clématites ont fleuri.
Et là, au carrefour, le magnolia est en fleurs. Ses fleurs blanches, énormes, embaument d'un parfum délicat, suave, mystérieux, qui me transporte en Asie et en Amérique.
D'habitude, chaque année, la prairie est broyée (pas fauchée, broyée) mi ou fin juin, en pleine floraison, par le propriétaire et par l'agriculteur imbéciles qui ignorent tout du monde sauvage. Mais cette année, comme le terrain a été vendu à un promoteur, ils se sont évité cette dépense. La végétation pousse follement. Avec les pluies printanières et la chaleur depuis, les tanaisies, les fraisiers sauvages, les armoises, les ombellifères, les centaurées n'ont jamais été si nombreuses et si belles. Et des insectes, il y en a partout: papillons, sauterelles, araignées, coléoptères. Viennent aussi des sangliers, des cerfs, des chevreuils. Justement, quelques instants avant de prendre cette photo, un chevreuil qui reposait sans l'herbe s'est levé devant moi et est parti en bondissant dans la forêt, pelage acajou.Ce bonheur sera de courte durée. dans quelques mois, les bull-dozers viendront tout détruire, à jamais. Un univers entier disparaîtra, car une prairie, c'est un univers..
Splendeur des tanaisies aromatiques (Tanacetum officinalis) qui fleurissent au soleil... Merci, Béatrice, c'est grâce à toi que j'ai connu cette plante sur laquelle tu faisais une thèse de pharmacie, mais c'est moi qui l'avais découverte au fond du parc de Versailles, car tu ne l'avais étudiée que dans les livres.
La Petite-Centaurée commune (Centaurium erythraea) a fleuri un peu partout en ce début du mois de juillet.
Un oiseau, sans doute un pigeon ramier, a transporté la coquille d'un oeuf éclos au milieu de la prairie, loi du nid, pour ne pas attirer l'attention des prédateurs (martre, fouine, écureuil, geais, pies, corneilles).
Le sol est tapissé de fraises des bois, mûres, exquises. Je n'en ai jamais vu autant. Personne ne les a remarquées, sauf moi et quelques animaux sûrement. Il n'y a que les autos, les cars et les cyclistes qui passent sur la route à côté.
Rhagonycha fulva (Cantharidae) faisant l'escalade d'un Cirsium bardé d'énormes épines, 300 fois plus haut que lui. A l'échelle humaine, cela fait 500 m de haut!
Misumena vatia, une araignée-crabe. Celle-ci est une femelle. Elle attend sa proie, pattes ouvertes prêtes à la saisir, sur une Ombellifère qu'elle a tapissée de fils.
La vie d'un papillon est courte... dans la chaleur de cette après-midi d'été, ce Pyronia tithonus gît, mort, sur le bord de la route.
Un peu plus loin, un jeune orvet, mort lui aussi, la queue coupée... sans doute abandonné par un chat ou un oiseau, pie ou corneille...
Un peu plus loin encore, un autre jeune orvet déchiqueté, abandonné par un animal. La mort rôde partout dans cet opulent début d'été.
Un peu plus tard, une clairière ensoleillée dans la forêt, où fleurissent les ronces. Quand je suis arrivé, un Grand Mars changeant, aux reflets bleu-violacé métallique, voletait autour des feuillages des chênes, apparition féérique qui me transportait d'un coup sur le versant amazonien des Andes, lorsqu'un Morpho bleu, grand comme une assiette, apparaissait dans les rais de lumière du sous-bois...
Inondations: Auffargis à la pompe !
L'entrée du château d'Auffargis (Yvelines), route des Vaux de Cernay, lors de l'inondation du 31 mai 2016. Le ru des Vaux de Cernay, derrière, avait débordé. Photo: Pierre-Olivier Combelles
Le même endroit en novembre 2017, après le réaménagement du rond-point par la Mairie. Une magnifique pompe à main trône au milieu. Fonctionnelle ou décorative ? Attendons la suite des événements pour le savoir... Photo: Pierre-Olivier Combelles
La solution était aussi simple que géniale: à la prochaine inondation, les habitants d'Auffargis pomperont, pomperont !
Nul ne sait s'ils vont devoir pomper préventivement, c'est à dire régulièrement, avant qu'une inondation arrive (ce qui serait plus sage) ou lorsque la prochaine inondation sera là ...
Car comme pour les Shadoks, c'est un principe de base qu'"il vaut mieux pomper d'arrache-pied même s'il ne se passe rien plutôt que de risquer qu'il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas."
Saluons, une fois de plus, la lumineuse intelligence de la Mairie!
La sirène des forêts d'Avril
Dans la mer de jacinthes bleues des forêts d'Avril, une sirène basque est venue jouer avec un cachalot qui souffle. Montage de Krispo (http://ikusibatusi.blogspot.fr/) sur une photographie de Pierre-Olivier Combelles
"Sirena silvestre al anochecer". Ce soir, la sirène est revenue pour jouer dans la mer bleue des forêts d'Avril. Montage de Krispo (http://ikusibatusi.blogspot.fr/) sur une photographie de Pierre-Olivier Combelles
"Esta sirena es muy especial y presumida, se sumerge en bosques de flores azules silvestres para tener brillos irisados en su piel."
(Cette sirène est très originale et coquette; elle se baigne dans les forêts de jacinthes bleues sauvages pour avoir des reflets irisés sur sa peau.)
Krispo (Ikusi Batusi)