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Rouge et Blanc, ou le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

Davi Kopenawa: Les Yanomami et le "Peuple de la marchandise"

25 Février 2015 , Rédigé par POC

"Le monde non-Indien vit d’une manière très différente que celle des peuples indigènes, les gens de la ville en particulier. Ils pensent que le mieux c’est d’avoir la croissance, de construire de plus grandes maisons, d’avoir de plus en plus d’habitants. Ils veulent que les autres voient ce qu’ils créent et le regardent avec admiration. Mais à quoi sert de construire des immeubles de plus en plus grands si on ne prête pas attention à la Terre ? Les gens de la ville utilisent la terre, les pierres, le sable, l’huile, le gaz, le pétrole, la technologie pour construire leurs villes. Ils continuent à détruire, tout cela parce que cela les maintient riches. Mais les villes ne rendent les gens ni heureux ni en bonne santé. C’est une déception et quand je rêve je vois une planète malade." Davi Kopenawa. Photo: le quartier résidentiel de Casuarinas, au sud de Lima, au Pérou (la mégapole compte aujourd'hui dix millions d'habitants). Photo: P.-O. Combelles (2012).

"Le monde non-Indien vit d’une manière très différente que celle des peuples indigènes, les gens de la ville en particulier. Ils pensent que le mieux c’est d’avoir la croissance, de construire de plus grandes maisons, d’avoir de plus en plus d’habitants. Ils veulent que les autres voient ce qu’ils créent et le regardent avec admiration. Mais à quoi sert de construire des immeubles de plus en plus grands si on ne prête pas attention à la Terre ? Les gens de la ville utilisent la terre, les pierres, le sable, l’huile, le gaz, le pétrole, la technologie pour construire leurs villes. Ils continuent à détruire, tout cela parce que cela les maintient riches. Mais les villes ne rendent les gens ni heureux ni en bonne santé. C’est une déception et quand je rêve je vois une planète malade." Davi Kopenawa. Photo: le quartier résidentiel de Casuarinas, au sud de Lima, au Pérou (la mégapole compte aujourd'hui dix millions d'habitants). Photo: P.-O. Combelles (2012).

Chasseur-guerrier Yanomami d'Equateur avec ses magnifiques parures de fête (et son disque labial), en visite dans une autre communauté. Capture d'écran du documentaire: http://www.dailymotion.com/video/xvqds1_yanomami-guerriers-de-l-amazone_travel

Chasseur-guerrier Yanomami d'Equateur avec ses magnifiques parures de fête (et son disque labial), en visite dans une autre communauté. Capture d'écran du documentaire: http://www.dailymotion.com/video/xvqds1_yanomami-guerriers-de-l-amazone_travel

"Davi Kopenawa est une voix très écoutée de la cause Yanomami. En 1992, durant le Sommet de la Terre à Rio de Janeiro, il obtient du gouvernement brésilien la reconnaissance légale de la Terra indigena Yanomami, un vaste territoire réservé à l'usage exclusif des siens, dans l'extrême nord-est de l'Etat d'Amazonas au Brésil. Chaman et porte-parole Yanomami, il est reconnu au Brésil et dans le monde comme un des plus grands leaders amérindiens à la pointe du combat pour la protection de la forêt amazonienne.

Son combat contre "les ressorts de la logique prédatrice du peuple de la marchandise", décrit dans le livre , La Chute du ciel (Plon, coll. Terre humaine), coécrit avec l'anthropologue français Bruce Albert, s'est forgé au fil de ses pérégrinations dans le territoire Yanomami et après le choc de la perte de nombreux membres de sa famille, décimés par les maladies infectieuses propagées par les Blancs." (Olivier Curry, LeMonde.fr)

Ecoutez ce que dit Davi Kopenawa: http://www.lemonde.fr/ameriques/video/2013/09/26/nos-fils-ne-seront-plus-yanomami_3485621_3222.html

 

A lire également sur ce blog: http://pocombelles.over-blog.com/2014/02/the-world-is-ill-shaman-davi-kopenawa-yanomami.httml

Yanomami, guerriers de l'Amazone: un remarquable documentaire filmé sur les Yanomami du Venezuela décimés par les maladies et les malheurs apportés par les chercheurs d'or et les colons: http://www.dailymotion.com/video/xvqds1_yanomami-guerriers-de-l-amazone_travel


Alors que la coupe du monde bat son plein au Brésil, le shaman Yanomami Davi Kopenawa parle à Liam J. Shaughnessy du monde, différent, où il habite, dans les profondeurs de la forêt amazonienne ; un monde d’esprits lumineux, de savoirs ancestraux et d’harmonie avec la nature. Un monde en danger.
Les yeux tournés vers le Brésil pour une dose du « jeu magnifique », c’est aisément qu’on oublie que pour la plupart des Brésiliens, la coupe du monde n’est rien de plus qu’un décor onéreux.
Davi Kopenawa fait partie de ceux-là. Davi Kopenawa, un chaman révéré du peuple Yanomami de l’Amazonie brésilienne, ardent défenseur des droits des indigènes du monde entier – le dalaï-lama de la forêt tropicale, est un homme à cheval entre deux mondes très différents.
Pendant les qualifications pour la coupe du monde, Davi parti sur les routes afin d’alerter sur les menaces de plus en plus importantes qui pèsent sur l’Amazonie, pour ses ressources – le pétrole, les minerais, la terre, l’hydroélectricité.
Avec l’aide de Survival International, j’ai pu m’entretenir avec lui via Skype depuis son premier arrêt, à San Francisco – pour parler football, chamanisme et esprit de l’histoire.


Ma voie se trouve dans la forêt
Le football aide les gens à oublier cela, et en ce sens c’est une chose magnifique. Mais je n’aimerais jamais cela parce que ma voie se trouve dans la forêt.
Les Brésiliens rêvent de gagner, c’est cela que le gouvernement brésilien veut montrer au monde, pas les autres choses.
–          Quelles autres choses?
Ce qui se passe en Amazonie, les gens ne le voient pas parce que c’est loin de chez eux mais il y a de nombreux problèmes sur nos terres et dans nos communautés. Il y a des mineurs d’or, des éleveurs de bétails, des chasseurs – toutes sortes de gens envahissent notre terre, causant des dommages et détruisant les animaux et la forêt.
Et il y a des activités minières importantes. Des nouvelles arrivent concernant une demande importante pour cela.
Si nous voulons vivre bien, nous devons apprendre à dialoguer tous ensemble.
En effet, les ambitions du gouvernement brésilien d’ouvrir d’immenses bandes de l’Amazonie ancienne aux activités minières et hydroélectriques sont de sérieuses menaces pour la forêt et ses peuples.
Le Brésil, ainsi que le reste du monde, fait face au challenge de gestion d’avancées matérielless pour les populations urbaines florissantes tout en tenant compte des réalités du changement climatique et des dégradations environnementales. Mais existe-t-il une alternative ? Pouvons-nous apprendre des savoirs indigènes de Davi et des Yanomami ?
Je crois que les gens de la ville peuvent apprendre de nos coutumes et de notre façon de considérer la terre. Les leaders des villes et des forêts doivent se rassembler et se comprendre d’avantage afin que nous puissions montrer notre voie aux gens de la ville, parce que la nôtre est un chemin de survie pour la planète entière.
Il doit y avoir un dialogue sur la nature et l’esprit de la Terre. L’Ouest parle de progrès mais il s’agit d’un progrès basé sur la destruction, sur l’extraction des richesses de la Terre – ce qui entraine des combats et des guerres. Si nous voulons vivre bien nous devons dialoguer tous ensemble.
Les anciens gouvernements sont maintenant dépassés et oubliés, et il y a de nouveaux politiciens, donc c’est un nouveau chemin que nous empruntons. Nous, les gardiens de la forêt devons dialoguer avec les Blancs et ils doivent nous consulter en retour. »
Quand je rêve, je vois une planète malade.
Pour beaucoup, ce progrès économique et technologique représente le cœur de l’histoire humaine. Avec une population grandissante, quelle alternative y a-t-il au développement et à l’utilisation des ressources naturelles ?
Le monde non-Indien vit d’une manière très différente que celle des peuples indigènes, les gens de la ville en particulier. Ils pensent que le mieux c’est d’avoir la croissance, de construire de plus grandes maisons, d’avoir de plus en plus d’habitants.
Ils veulent que les autres voient ce qu’ils créent et le regardent avec admiration. Mais à quoi sert de construire des immeubles de plus en plus grands si on ne prête pas attention à la Terre ?
Les gens de la ville utilisent la terre, les pierres, le sable, l’huile, le gaz, le pétrole, la technologie pour construire leurs villes. Ils continuent à détruire, tout cela parce que cela les maintient riches. Mais les villes ne rendent les gens ni heureux ni en bonne santé. C’est une déception et quand je rêve je vois une planète malade.
Nous devons protéger la Terre.
Nous devons veiller sur la Terre, voilà l’objectif des peuples indigènes. Vivre en paix et vivre bien – et ce n’est pas basé sur l’exploitation et l’extraction des ressources de la Terre.
Ce n’est pas nécessaire de tout extraire de la Terre, laissez-nous œuvrer pour la santé et le bonheur plutôt. Si les Yanomami n’œuvraient pas pour la forêt et ses richesses, la ville les aurait rasées il y a longtemps.
Les nouvelles générations de politiciens sont à l’écoute de votre message?
Les grands politiciens sont tous complices, chaque région, chaque territoire, tous les gouvernements du monde sont alliés. Ce n’est pas juste au Brésil mais aussi aux Etats-Unis, en Europe, partout.
Et de cette alliance provient l’exploitation, ils veulent juste exploiter. Ils ne sont intéressés que par la marchandise. Ils veulent juste s’accaparer, extirper les richesses naturelles de la Terre.
Pour eux, nous ne sommes qu’un tout petit groupe d’individus.
Alors où est le problème? Est-ce seulement une question d’impératif économique ou est-ce un problème plus profond?
Pour les peuples indigènes il semble que les autorités de tous les pays se sont égarées, ils sont sur d’autres voies. Leur voie suit une politique de destruction de la nature et de son sous-sol et l’extraction de minerais précieux, comme l’uranium pour leurs machines de guerre.
Guidés par les Esprits
Quelles perspectives votre chamanisme vous offre-t-il dans ce combat entre la ville et la foret ?
Davi se penche vers la camera. Je vais vous parler du Shapiri Chamanique – les anciens esprits du chamanisme Yanomami.
Les Shapiri ne sont pas comme les esprits des églises et des religions des Blancs, ils sont les esprits lumineux de la forêt et de la Terre.
Mais il vous faut étudier pour connaître les Shapiri. Vous devez passer un mois en Yaqoana, à attendre que les esprits se rapprochent. Pendant cette période vous ne devez presque pas manger et boire, et vous devez garder un silence absolu – pas de bruit.
Après cela vous entrez dans une phase de rêve, et quand cela commence les Shapiri arrivent dans la lumière, et avec eux une grande maison. Et bien que les Shapiri soient petits ils ont la force de transporter cette immense maison, qui semble flotter dans l’air, comme la Lune.
C’est ainsi que nous apprenons des esprits. Et il existe beaucoup d’autres peuples avec leurs propres traditions de chamanisme. Mais vous devez souffrir pour être un chaman. C’est processus long et difficile.
Cela sonne comme un cliché…
Pour des Occidentaux, entendre parler de Yaqoana et de voyage dans le monde des esprits est devenu, au fil des ans, une sorte de cliché. Un morceau simplifié de l’histoire des « savoirs ancestraux » qui réduit les traditions en platitudes gravés sur des bibelots pour magasins touristiques.
Le véritable chamanisme est totalement interdit au Royaume-Uni – par le décret de 2005 “Drugs Act” qui criminalise la cueillette et la consommation de champignons anglais endémiques (magic mushrooms).
Davi, est-ce que le fait que le monde moderne soit profondément aliéné du genre de chamanisme que vous décrivez peut expliquer les problèmes qu’ont nos sociétés à cohabiter avec la nature?
Nos anciens nous racontent qu’à la création du monde, au début des temps, les non indien utilisaient aussi le Yaqoana. Mais par la suite ils créèrent des écoles et oublièrent leurs traditions. Les anciens disent que vos peuples, par le passé, se sont perdus en chemin, mais qu’avant vous utilisiez les mêmes médecines que nous, et qu’elles étaient importantes pour vous.
Et à mesure que vous perdiez vos traditions, vous avez commencé à développer d’autres médecines, des médecines qui n’étaient plus basées sur les forces de la Nature. Nous, les Yanomami, sommes les derniers gardiens de ces traditions, dans les profondeurs du Brésil, et nous essayons d’expliquer cela aux non-Indiens afin qu’ils comprennent mieux.
La voie de la connaissance, de la Planète Terre.
Si vous venez dans mon village, vous verriez ce que le chamanisme est vraiment. Vous comprendriez qu’il ne s’agit pas d’être drogué. Cela n’a rien à voir.
Être un chaman vous permet d’accéder à une grande lumière. A travers les esprits chamaniques vous découvrez la voie de la connaissance, et de la Planète Terre. Nous avons gardé cela et ne voulons pas le perdre. Grace à ce processus nous soignons les femmes, les enfants et les anciens dans nos communautés, lorsqu’ils tombent malade.
Et nous régulons les forces de la Nature. Quand il fait trop chaud, qu’il pleut trop, ou qu’il y a trop de vent, ou que la marée monte, nous les chamans veillons là-dessus, afin que l’équilibre de l’univers se maintienne. Vous aviez ces connaissances, dans le monde non-indien, mais vous les avez perdues.

Source originale de l'entrevue: http://www.theecologist.org/Interviews/2441048/ours_is_a_path_of_survival_for_the_whole_planet.html#

Source de la traduction francaise: http://lesmoutonsenrages.fr/2014/08/20/entretien-avec-un-chaman-yanomami/

Les analyses de James Petras sur la politique économique et sociale et sur l'extractivisme au Brésil, et en général:

Brazil: President Rousseff Declares War on the Working Class:  http://petras.lahaine.org/?p=2017

El capitalismo extractivo de Evo, Cristina, Ollanta, Correa, Dilma y Chávez: http://servindi.org/actualidad/75080

Dis-Accumulation on a World Scale: Pillage, Plunder and Wealth: http://petras.lahaine.org/?p=2015

Yanomami, une guerre d'anthropologues. Un film documentaire du réalisateur brésilien José Padilha (2010) https://www.youtube.com/watch?v=rZ_76XcFaGY

http://fr.wikipedia.org/wiki/Yanomami_:_une_guerre_d%27anthropologues

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Jean Malaurie s'entretient avec Le Courrier de Russie (2 février 2015)

20 Février 2015 , Rédigé par POC

Jean Malaurie m’a accueillie chez lui à Dieppe, à 11h du matin et du haut de ses 91 ans, avec un verre de vodka orange, face à la mer du Nord aux couleurs de Turner. Quelques jours plus tôt, à l’ambassade de Russie en France, il recevait la plus haute distinction russe décernée aux étrangers : la médaille de l’Ordre de l’amitié, accordée par Vladimir Poutine. « Ma seconde patrie intellectuelle, c’est la Russie » : c’est par ces mots que Jean Malaurie avait choisi d’exprimer sa gratitude dans son discours ; avant de me confier, tout au long de la journée que je passais à ses côtés, ce qui l’anime (...)

Nina Fasciaux, Le Courrier de Russie, 2 février 2015

Lisez ici la suite de ce long et bel entretien:

http://www.lecourrierderussie.com/2015/02/jean-malaurie-russie-siberie/

 

Jean Malaurie, le 22 octobre, lors de la remise de l’Ordre de l’amitié par son excellence l’ambassadeur russe Alexandre Orlov à Paris.

Jean Malaurie, le 22 octobre 2014 à Paris, lors de la remise de la médaille de l’Ordre de l’Amitié par Son Excellence l’ambassadeur russe Alexandre Orlov.

(...)

J.M. : J’étais très seul, en vérité : je me disais, où sont les pouvoirs publics ? Que font le Conseil d’État ou les Académies ? 660 000 Français ont été déportés. Qu’est-ce que l’intelligence, si elle n’est pas rattachée à une morale ? L’Occident était à bout de souffle. Le nazisme, le fascisme, le franquisme, ces dictatures étaient effrayantes, sans compter le stalinisme et ses goulags qui étaient alors inconnus. L’Europe était en train de mourir. Heureusement, l’Angleterre s’est magnifiquement battue, et les Russes, avec le peuple et l’Armée rouge, ont été héroïques. J’ai décidé que si je m’en sortais, j’irais achever ma formation d’homme avec les primitifs – je partirais le plus loin possible. Et j’ai désigné Thulé, parce que j’étais à la recherche de ce qui me fonde : c’est ma primitivité et une prescience archaïque.

LCDR : Et plus concrètement ?

J.M. : J’ai décidé, et ce choix m’a tourné vers le chamanisme sans le savoir, de m’intéresser à la pierre et aux écosystèmes. J’étais étudiant en géographie. Par-delà les grands modèles : marxisme, existentialisme, structuralisme, je sentais qu’il y avait, dans la pensée, une dialectique de l’environnement et une lointaine parenté avec les temps préhistoriques d’hybridation. Par ailleurs, l’homme blanc occidental a construit l’humaine condition à partir de ce qu’il connaît : la France, l’Italie, l’Allemagne, la Grèce ; et cet impérialisme de la pensée a pour conséquence l’ignorance de civilisations immenses et également des minorités. Et les Chinois ? Et l’Inde ? Les cultures africaines ? Et la pensée sauvage ? Qu’est-ce que cet universel que l’on construit à partir du seul et grand Platon ?

(...)

LCDR : Le mot de la fin ?

Jean Malaurie : On ne comprend pas assez que dans l’histoire du monde, il y a une pensée autre, et qui peut nous sauver, nous. L’Occident est en grand péril, faute d’une vision spirituelle de l’esprit de la matière qu’avaient les primitifs. Avec l’Unesco, dont je suis ambassadeur pour l’Arctique, nous en sommes convaincus, et nous prenons toujours davantage conscience que les appels des peuples traditionnels, en réserve de l’histoire, dans la forêt brésilienne, dans les déserts australiens comme dans l’espace circumpolaire, ont un sens. Ils peuvent être les maîtres d’une écologie humaine à créer d’urgence.

Discours de réception de la Médaille de l'Ordre de l'Amitié prononcé par Jean Malaurie le 22 octobre 2014 à l'Ambassade de Russie à Paris (site internet de Jean Malaurie):

http://www.jean-malaurie.fr/index.php?option=com_content&task=blogsection&id=0&Itemid=128&lang=english

 

En dehors des médias russes, c'est le silence dans les médias occidentaux sur la remise de cette décoration à Jean Malaurie, annoncée début 2014. Un silence de mort que commente Alain Sennepin, spécialiste de la symbolique, de la protection et de la réintroduction du tigre et des grands prédateurs (http://europe-tigre.over-blog.com/) et un vrai "honnête homme" comme on l'entendait au XVIIe siècle.

 

Le silence de mort au coeur des ténèbres, rien d'étonnant "The Hollow Men" T.S. Eliot...
Malaurie est trop Grand pour les français actuels, il évolue dans une autre dimension. Ce qui fait de lui un supershaman (comme Miyazaki au Japon), c'est qu'il est à la fois pleinement Prométhéen dans l'acception occidentale du XIXème siècle (structuré, méthodique, déterminé) et pleinement Epimétheen, dans le sens des "peuples premiers". A un siècle de distance, le désespoir de Baïkov vis à vis du tigre fait place à l'action résolutrice de Fomenko, celui d'Arseniev vis à vis de Dersou à celle de Malaurie (son Institut est la base culturelle pour un véritable "Dragon blanc" des peuples de l'Arctique). Nous entrons dans les années décisives.
Quelque part, la puissance shamanique de Malaurie évoque chez moi celle d'un Jean Rouch, qui a tant étudié et aimé les Dogons et les autres cultures d'Afrique de l'Ouest, que ces interlocuteurs admiraient, aimaient, mais craignaient aussi, en tant que Sorcier puissant et redoutable. J'avais fait connaissance, quelques semaines après sa mort dans un accident de voiture - je m'étais intéressé de très près aux hippopotames et à leur symbolique en Afrique de l'Ouest à l'époque- à celle, Annabelle Chartiot, qui n'était qu'une jeune thésarde sur les lions à l'époque (elle est depuis devenue attachée de presse à l'ambassade de France au Niger). Elle m'avait expliqué que montant dans le véhicule, il avait simplement dit : "Nous allons sur le chemin de nulle part"...
 
Alain Sennepin, communication personnelle à Pierre-Olivier Combelles, 22 février 2015.
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"Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic" (Jean, 2:16)

18 Février 2015 , Rédigé par POC

La Terre vue de l'espace (Photo NASA)

La Terre vue de l'espace (Photo NASA)

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour soeur notre mère la Terre,

qui nous porte et nous nourrit,

qui produit la diversité des fruits,

avec les fleurs diaprées et les herbes.

 

Saint François d'Assise, Cantique du Soleil ou des Créatures

 

"François d'Assise, Catherine de Sienne, Thérèse d'Avila et tant d'autres encore parmi les fidèles d'une foi qui n'est point la vôtre, aimèrent certainement l'humanité de l'amour le plus sincère etnous devons les compter au nombre de ceux qui vivaient pour un idéal de bonheur universel." Elisée Reclus, L'Anarchie (conférence donnée à Bruxelles en 1894)

 

Gaïa, c’est la Terre Mère. Cette Terre Mère, ne continuons pas à la bafouer ; elle peut être notre amie, mais aussi cruellement se venger.

Jean Malaurie, discours prononcé le 22 octobre 2014 pour la remise de la Médaille de l'Amitié à l'Ambassade de Russie à Paris.

 

    Voyez, mes frères, le printemps est venu; la Terre a reçu l’étreinte de Soleil et nous verrons bientôt les fruits de cet amour.

    Chaque graine s’éveille et de même chaque animal prend vie. C’est à ce mystérieux pouvoir que nous devons aussi notre existence; c’est pourquoi nous concédons à nos voisins, même à nos voisins animaux, le même droit qu’à nous d’habiter cette terre.Plus bas!

    Pourtant, écoutez-moi, vous tous, nous avons maintenant affaire à une autre race -petite et faible quand nos pères l’ont rencontré pour la première fois, mais aujourd’hui grande et arrogante. Assez étrangement, ils ont dans l’idée de cultiver le sol et l’amour de posséder est chez eux une maladie.

    Ces gens-là ont établi beaucoup de règles que les riches peuvent briser mais non les pauvres. Ils prélèvent des taxes sur les pauvres et les faibles pour entretenir les riches qui gouvernent. Ils revendiquent notre mère à tous, la Terre, pour leur propre usage et se barricadent contre leurs voisins; ils la défigurent avec leurs constructions et leurs ordures. Cette nation est pareille à un torrent de neige fondue qui sort de son lit et détruit tout sur son passage.

Sitting Bull, chef Sioux Hunkpapa, 1875.

La Machine dans le film  Metropolis de Fritz Lang (1927), monstrueuse créature de l'Homme rendu fou par la démesure (Hybris), au service de l'industrie et de l'Argent, roi des "biens fertiles" (J. Attali).

La Machine dans le film Metropolis de Fritz Lang (1927), monstrueuse créature de l'Homme rendu fou par la démesure (Hybris), au service de l'industrie et de l'Argent, roi des "biens fertiles" (J. Attali).

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"Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic" (Jean, 2:16)

18 Février 2015 , Rédigé par POC

Vendue à la Révolution comme bien national, l'abbaye cistercienne des Vaux de Cernay devint sous l'Empire la propriété du Général Christophe qui s'amusait à démolir l'abbatiale à coups de canon pour distraire ses invités. Après avoir appartenu aux Rothschild, l'abbaye est aujourd'hui un hôtel de luxe. Photo: Pierre-Olivier Combelles.

Vendue à la Révolution comme bien national, l'abbaye cistercienne des Vaux de Cernay devint sous l'Empire la propriété du Général Christophe qui s'amusait à démolir l'abbatiale à coups de canon pour distraire ses invités. Après avoir appartenu aux Rothschild, l'abbaye est aujourd'hui un hôtel de luxe. Photo: Pierre-Olivier Combelles.

Mort en 1247, saint Thibault de Marly fut canonisé en 1270. "Le 8 juillet de cette année, ses reliques furent portées dans l'église et placées dans un sarcophage de pierre porté sur quatre colonnes. A la Révolution, l'abbaye fut détruite et les reliques dispersées à l'exception d'une petite partie qui est actuellement conservée dans l'église de Cernay-la-Ville. Il fut l'ami du roi Saint Louis qui vint plusieurs fois le visiter. Sa dévotion à la Sainte Vierge était intense. Il exigeait que sur les livres de chœur, son nom soit écrit en lettres rouges : « Nom suave de la bienheureuse Vierge, Nom béni, Nom vénérable, Nom ineffable, Nom aimable dans toute l'éternité. ». A ceux qui lui reprochaient cette dévotion qu'ils trouvaient envahissante, il répondait : « Sachez que je n'aime la Sainte Vierge autant que je fais, que parce qu'elle est la Mère de mon Seigneur Jésus-Christ ; que si elle ne l'était point, je ne l'aimerais pas plus que les autres saintes vierges. Ainsi, c'est Jésus-Christ même que j'aime, que j'honore et que je révère en elle." (Wikipedia: St Thibault de Marly).

Vitrail de Saint Thibault de Marly dans l'église du Perray-en-Yvelines. Offert par la Comtesse Potocka. Saint Thibault, prieur de l'abbaye cistercienne des Vaux de Cernay à , donne sa bénédiction à Saint Louis et à la reine Marguerite, venus à l'abbaye, dont on aperçoit une partie à l'arrière-plan. Photo: Pierre-Olivier Combelles, 2008.

Dalle funéraire de St Thibault de Marly, neuvième abbé des Vaux de Cernay de 1235 à 1247. Abbatiale des Vaux de Cernay. Photo: Pierre-Olivier Combelles.

Dalle funéraire de St Thibault de Marly, neuvième abbé des Vaux de Cernay de 1235 à 1247. Abbatiale des Vaux de Cernay. Photo: Pierre-Olivier Combelles.

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La saison des pluies commence dans la Cordillère des Andes...

16 Février 2015 , Rédigé par POC

Jeroja (Delostoma roseum), une Bignoniaceae arbustive aux fleurs roses ou parfois blanches des Andes du Pérou, qui fleurit pendant la saison des pluies (janvier-mars). Photo: Pierre-Olivier Combelles, Pitunilla (Ayacucho, Pérou), vers 3000 m d'altitude.

Jeroja (Delostoma roseum), une Bignoniaceae arbustive aux fleurs roses ou parfois blanches des Andes du Pérou, qui fleurit pendant la saison des pluies (janvier-mars). Photo: Pierre-Olivier Combelles, Pitunilla (Ayacucho, Pérou), vers 3000 m d'altitude.

Sanki (Echinopsis peruviana syn. Trichocereus), un cactus colonnaire qui fleurit à partir de décembre. Ses énormes fleurs de la taille d'une assiette ont un puissant parfum de lis. Pitunilla (Chumpi, Ayacucho, Pérou), vers 3000 m d'altitude. Photo: Pierre-Olivier Combelles.

Sanki (Echinopsis peruviana syn. Trichocereus), un cactus colonnaire qui fleurit à partir de décembre. Ses énormes fleurs de la taille d'une assiette ont un puissant parfum de lis. Pitunilla (Chumpi, Ayacucho, Pérou), vers 3000 m d'altitude. Photo: Pierre-Olivier Combelles.

Kita tumbo (Passiflora pendicularis), une Passiflore sauvage qui pousse sur les arbres, en particulier les molle (Schinus molle). Pitunilla (Chumpi, Ayacucho, Pérou), vers 3000 m d'altitude. Photo: Pierre-Olivier Combelles.

Kita tumbo (Passiflora pendicularis), une Passiflore sauvage qui pousse sur les arbres, en particulier les molle (Schinus molle). Pitunilla (Chumpi, Ayacucho, Pérou), vers 3000 m d'altitude. Photo: Pierre-Olivier Combelles.

Le rio Tastamayo à Pitunilla pendant la saison des pluies. Au loin, la montagne de Chumpi où la mine d'or à ciel ouvert Breapampa (Newmont-Buenaventura) a commencé son exploitation en 2012, détruisant l'économie et l'environnement de la région. Le minerai est traité au cyanure (lixiviation). Dans les Andes, les montagnes sont un espace sacré, domaine des Apus (esprits-dieux) et des morts. La mine en tête de bassin hydrographique est non seulement un crime, c'est un sacrilège. ""Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic" (Jean, 2:16) Photo: Pierre-Olivier Combelles.

Le rio Tastamayo à Pitunilla pendant la saison des pluies. Au loin, la montagne de Chumpi où la mine d'or à ciel ouvert Breapampa (Newmont-Buenaventura) a commencé son exploitation en 2012, détruisant l'économie et l'environnement de la région. Le minerai est traité au cyanure (lixiviation). Dans les Andes, les montagnes sont un espace sacré, domaine des Apus (esprits-dieux) et des morts. La mine en tête de bassin hydrographique est non seulement un crime, c'est un sacrilège. ""Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic" (Jean, 2:16) Photo: Pierre-Olivier Combelles.

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Carte géographique et politique de l'Europe vers 2050

15 Février 2015 , Rédigé par POC

Carte géographique et politique de l'Europe vers 2050. L'Europe est morcelée en une multitude de petits Etats. Le réchauffement climatique a fait monter considérablement le niveau des mers (en gris foncé sur la carte) qui ont envahi une partie du continent. La région de l'Oural (en vert, en haut et à droite) s'est couverte d'épaisses forêts semi-tropicales. La lichénomancie -divination par les lichens crustacés- ne trompe jamais... Photo: P.O.Combelles.

Carte géographique et politique de l'Europe vers 2050. L'Europe est morcelée en une multitude de petits Etats. Le réchauffement climatique a fait monter considérablement le niveau des mers (en gris foncé sur la carte) qui ont envahi une partie du continent. La région de l'Oural (en vert, en haut et à droite) s'est couverte d'épaisses forêts semi-tropicales. La lichénomancie -divination par les lichens crustacés- ne trompe jamais... Photo: P.O.Combelles.

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L'homme dit "civilisé"

15 Février 2015 , Rédigé par POC

L'homme dit "civilisé", l'homme prométhéen, est la seule espèce animale dont la majorité de la population vit dans la misère et l'autre dans le luxe matériel le plus insensé, tout en détruisant inexorablement son milieu naturel.

Les peuples "primitifs" et les peuples "traditionnels" sont les seules sociétés humaines "décentes", selon l'adjectif d'Orwell et de Jean-Claude Michéa.

Tous les autres êtres vivants, animaux et végétaux, qui ont peuplé et peuplent la terre, vivent en sociétés décentes.

La nature est toujours décente pour qui sait la comprendre.

P.-O.C, 15 février 2015

 

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En souvenir du Pr. Siegwart-Horst Günther (24 février 1925 - 16 janvier 2015)-

12 Février 2015 , Rédigé par POC

http://www.nuclear-free-future.com/en/award-presentation/laureates/siegwart-horst-guenther/

Source de ce dossier: Horizons et Débats (Suisse), 12 février 2015 : http://www.horizons-et-debats.ch/

Aktion gegen NATO-Uranmunition

Aktion gegen NATO-Uranmunition

http://rotefahne.eu/2012/02/siegwart-horst-guenther-arzt-antifaschist-jude-und-mutiger-mahner/

 

Hommage rendu par Frieder Wagner, production cinématographique Ochoa-Wagner

C’est le 18 octobre 2007 à la résidence de Salzbourg, lors de la cérémonie de la dixième remise des prix «Nuclear-Free Future Award», que le prix dans la catégorie «information» a été accordé au professeur Siegwart-Horst Günther. Voici un extrait du discours de remerciement qu’il a tenu:
«Lorsque j’ai découvert après la première guerre du Golfe en 1991 que les alliés avaient employé dans ce conflit de la munition à l’uranium, avec toutes les conséquences ef­fro­yables qui en résultent, j’ai été profon­dément indigné de cette monstruosité. Une guerre est en elle-même déjà une chose terrible, de surcroît l’emploi de cette munition et de bombes à l’uranium appauvri est un crime de guerre méprisant genre humain et environnement.»
Déjà en mars 2002, après avoir rencontré le professeur Günther pour la première fois, je savais ce que le professeur Günther avait accompli en ce qui concerne l’information sur la munition à l’uranium et sur les conséquences terribles qui en résultent. Il m’avait montré des photos de nouveau-nés avec des déformations horribles et m’avait expliqué que les pères de ces enfants avaient tous participé en 1991 aux durs combats de chars dans le sud de Bassora durant lequel les alliés avaient utilisé des tonnes de projectiles à l’uranium.
La monstruosité découverte par le professeur Günther lui a apporté maintes contrariétés, particulièrement en Allemagne où il a été dans les années 90 franchement discrédité et poursuivi. Par contre, j’ai pu m’apercevoir de la popularité dont il jouissait à l’étranger, en particulier au Proche-Orient, pendant notre tournage en 2003. Déjà à l’aéroport d’Amman, alors que tous les passagers doivent attendre pour obtenir le visa nécessaire, on lui a fait signe de sortir de la queue, on l’a accompagné à une petite table, on lui a offert une chaise et on lui a apporté du thé et des biscuits, tandis que nous, les communs des mortels, nous devions faire la queue pendant presqu’une heure avant d’obtenir notre visa. Pendant ce temps, un douanier prévenant avait rapidement pourvu le passeport du professeur Günther du visa nécessaire. Plus tard, en Irak, à l’hôpital pour enfants de Bagdad, le directeur a accueilli le professeur Günther en l’enlaçant comme un vieil ami. Il pouvait à peine retenir ses larmes de joie et d’émotion à la surprise de le revoir.
Au cours d’un long trajet en voiture pour notre tournage dans le pays, j’ai demandé au professeur Günther pourquoi à son âge avancé (il avait déjà 79 ans) il acceptait de refaire un voyage si pénible et non pas sans risques car lorsque nous sommes arrivés en automne 2003 en Irak, l’ONU et presque tous les membres des ambassades occidentales avaient depuis longtemps quitté le pays à cause de sa situation instable.
Alors, le professeur Günther m’a répondu placidement et presque sereinement: «Vous savez, mon jeune ami, je suis médecin et suis lié par mon serment d’Hippocrate, et ce serment d’aider ne connaît pas d’âge!»
Professeur Günther, né le 24 février 1925 à Halle sur Saale, refusa même en tant que jeune soldat d’être impliqué dans les crimes de la Wehrmacht sur le front de l’Est. Il fit partie plus tard de la résistance allemande, et de ce fait fut dans les environs de l’attentat contre Hitler le 20 juillet 1944. Peu avant la fin de la guerre il a été déporté dans le camp de concentration de Buchenwald.
Son nom ainsi que ses découvertes concernant le «syndrome de la guerre du Golf» resteront à jamais gravé dans la mémoire notamment grâce au film «Der Arzt und die verstrahlten Kinder von Basra» [le médecin et les enfants irradiés de Bassora] et «Todes­staub» [poussière mortelle] (2004 et 2007). D’avoir fait passer clandestinement des restes de munitions à l’uranium appauvri de la zone de la guerre irakienne à Berlin reste spectaculaire et inoubliable, de même que les poursuites judiciaires qu’il a subies par la suite pour «diffusion de matières radioactives» – voilà ce qui en est de l’innocuité présumée de cette munition.
Le professeur Günther est décédé dans la nuit du 16 janvier à Husum. Nous tous, qui le connaissions, nous nous inclinons avec respect devant ce médecin et scientifique sincère et inlassablement à la recherche de la vérité et continuerons à travailler dans son esprit en honorant sa mémoire.    •
(Traduction Horizons et débats)

Prof. Dr. Siegwart-Horst Günther

http://rotefahne.eu/2012/02/siegwart-horst-guenther-arzt-antifaschist-jude-und-mutiger-mahner/

«C’est bien que tu viennes nous aider»*

«En tant qu’ancien collaborateur d’Albert Schweizer je suis actif depuis de nombreuses années dans le cadre de l’aide humanitaire dans des foyers de tension et j’y vois tous les jours l’immense détresse et les gens qui meurent, la plupart sont des enfants.
Au Kosovo comme dans la région du Golfe, ces derniers temps l’ONU entame toujours à nouveau des pourparlers, mais la faim et la mort continuent.
Le discours qu’Albert Schweizer a tenu lors de la remise du prix Nobel de la paix le 4 novembre 1952 à Oslo est plus actuel que jamais. Il y déclara: ‹Les hommes d’Etat qui avaient mené des négociations de paix suite aux deux guerres mondiales, n’avaient pas eu la main heureuse. Leur but n’était pas de créer des situations qui auraient pu être des points de départ d’un développement quelque peu prospère; ils étaient préoccupés surtout de tirer de la victoire ses conséquences et de les rendre durables.›
Malheureusement, cette attitude persiste jusqu’à nos jours.
Albert Schweizer fut convaincu qu’une nouvelle menace de guerres d’extermination ne pouvait être évitée par des accords internationaux ou quelques in­stitutions, mais uniquement par une attitude morale de tous les responsables.
De nombreux événements ces derniers temps nous montrent que l’attitude éthique et humaine n’évolue malheureusement pas de la même façon que dans le domaine des moyens de force externes.
Le surhomme se développe de plus en plus en monstre.
Albert Schweizer était absolument convaincu que ce n’est que par l’esprit, par l’attitude morale de chacun et des nations que l’effet décisif puisse se produire garantissant la paix dans le monde». (Prof. Horst-Siegwart Günther, Hunger und Not der Kinder im Irak. Préface, Editions Zeit-Fragen, Zurich, 2007)
Pour avoir participé à la Seconde Guerre mondiale, avoir assisté à de nombreux crimes et avoir été moi-même victime, j’ai enquêté avec une compassion croissante sur les crimes des nouvelles guerres et leurs conséquences. Ce qui m’a poussé à cet engagement, était notamment l’amitié avec Albert Schweizer et notre activité commune à l’hôpital à Lambaréné dans la jungle. Pour cela je ne me lasse pas de lancer un appel à tous les gens à maintenir la paix et porter secours à ceux qui en ont besoin. Dans le Golfe, en ex-Yougoslavie, en Afrique, en Amérique latine. Et même si ces réflexions ne produisent un effet durable qu’auprès des lecteurs, l’effort en valait la peine.» (Prof. Horst-Siegwart Günther, Hunger und Not der Kinder im Irak. Préface, éditeur Zeit-Fragen, Zurich, 2007)
* Albert Schweizer accueillant Siegwart-Horst Günther lors de son arrivée à Lambaréné en 1963

Une voix mettant en garde contre la guerre
par Brigitte Queck, pour l’association «Mères contre la guerre», Berlin-Brandenbourg

Le professeur Siegwart-Horst Günther, né un 24 février, est décédé le 16 janvier 2015 à Husum, peu avant son 90e anniversaire, à l’âge de 89 ans.
Tout comme son idole Albert Schweizer, il a consacré toute sa vie au service d’une humanité pacifique et de la justice internationale.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il a vécu comme officier, sur le front de l’Est, les cruautés et les crimes de guerre des nazies. C’est d’ailleurs une des raisons qui l’ont amené à joindre le groupe de résistance dirigé par Claus Schenk de Stauffenberg. Après l’échec de l’attentat contre Hitler, il a été arrêté et déporté au camp de concentration de Buchenwald. Après la libération du peuple allemand du fascisme, il a fait des études et obtenu son doctorat à l’Université de Jena. Ensuite, il a suivi une formation en médecine tropicale à Londres et à Liverpool. De 1963 à 1965, il a travaillé à Lambaréné avec Albert Schweizer, son idole. Ont suivit des activités en tant que médecin en Egypte, en Syrie, en Israël et en Irak. De 1990 à 1995, il a enseigné et travaillé à la clinique universitaire de Bagdad.
De 1991 à 2004, le professeur Günther a réalisé avec Freimut Seidel (ambassadeur de la RDA hors du service et expert du Moyen-Orient) de nombreuses activités d’aide humanitaire dans le cadre du Solidaritätsdienst international e.V. (SODI) pour les établissements de santé irakiens et les camps de réfugiés à Bagdad, Mossoul et Bassora.
Dans le cadre de cette activité il a examiné, après la deuxième guerre du Golfe (1991-1995), les enfants irakiens souffrant d’une maladie jusqu’alors inconnue. Ses études ont montré que ces enfants, en jouant, avaient eu un contact corporel avec des munitions à l’uranium appauvri employées par les forces américaines dans la guerre du Golf.
Ses soupçons que ces armes à l’uranium appauvri étaient hautement radioactives ont été confirmés par les analyses de trois instituts de recherche allemands renommés dont l’Institut Luise-Meitner.
Le professeur Günther fut le premier scientifique ayant reconnu le rapport entre l’emploi de munitions à l’uranium appauvri et le cancer ainsi que les maladies d’un déficit immunitaire. Il a rendu publique les conséquences dévastatrices pour la santé des civils, des soldats dans les zones de guerre et même dans le monde entier. Il fut également le premier à lancer un appel pour interdire ces armes. Il y a quelques années, des scientifiques suisses renommés les ont également classées parmi les armes nucléaires des temps modernes.
Nous avons fait la connaissance du professeur Günther à Erfurt lors d’une conférence de paix, revenant d’une action de solidarité avec 160 militants pour la paix venant de toute l’Allemagne et ce durant les bombardements de l’OTAN en Yougoslavie. Là il attira également l’attention sur les armes à l’uranium appauvri utilisées par l’OTAN en Yougoslavie y compris au Kosovo.
Quelques jours plus tard, il nous a contacté en demandant de l’aide: car il était menacé d’être placé sous surveillance policière dans un hôpital psychiatrique – apparemment pour ces «connaissances dangereuses».
En informant toutes les organisations de la paix, en Allemagne et dans le monde entier et grâce à notre engagement personnel, nous avons pu l’éviter.
L’engagement politique et humanitaire du pacifiste militant professeur Günther a été apprécié notamment à l’étranger avec de nombreux hommages et distinctions: Special Award 2000 for Peace and Humanity de l’International Association of Education for World Peace, fondée par l’ancien Secrétaire général des Nations unis M. Boutros-Ghali, la Médaille pour la Paix de l’Université de Nagasaki au Japon, le Prix du Courage civique de la fondation Solbach-Freise-Stiftung en 2006, le Nuclear-Free Future Award, dans la catégorie «information», en 2007 le Prix pour la science et l’art de l’association autrichienne Albert Schweizer et encore d’autres.
Pendant toute sa vie, le professeur Günther élevait sa voix pour prévenir de la guerre. Il fut une des rares personnalités osant se battre, si nécessaire au risque de sa vie, contre un dictateur brun comme Hitler. Tout comme pour son maître Albert Schweizer il s’agissait pour lui du «respect de la vie».
Nous poursuivrons son travail pour que notre monde devienne un lieu de paix.     •
(Traduction Horizons et débats)

Verlag am Park; Auflage: 1 (1. Mai 2006) Sprache: Deutsch ISBN-10: 3897931230 ISBN-13: 978-3897931237

Verlag am Park; Auflage: 1 (1. Mai 2006) Sprache: Deutsch ISBN-10: 3897931230 ISBN-13: 978-3897931237

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La prière de l'Indien

9 Février 2015 , Rédigé par POC

The morning bath (Apache). Photographie par Edward S. Curtis.

The morning bath (Apache). Photographie par Edward S. Curtis.

Ohiyesa, Santee Dakota, écrivain et médecin, décrit en 1911 la manière dont son peuple prie.

Dans la vie d l'Indien, il n'y a qu'un devoir inévitable - le devoir de prière - la reconnaissance quotidienne de l'Invisible et de l'Eternel. Ses dévotions quotidiennes lui sont plus nécessaires que sa nourriture de chaque jour. Il se lève au petit jour, chausse ses mocassins et descend à la rivière. Il s'asperge le visage d'eau froid ou s'y plonge entièrement. Après le bain, il reste dressé devant l'aube qui avance, face au soleil qui danse sur l'horizon, et offre sa prière muette. Sa compagne peut l'avoir précédé ou le suivre dans ses dévotions, mais ne doit jamais l'accompagner. Le soleil du matin, la douce terre nouvelle et le grand silence, chaque âme doit les rencontrer seule !

Chaque fois qu'au cours de sa chasse quotidienne, l'homme rouge arrive devant une scène sublime ou éclatante de beauté - un nuage noir chargé de tonnerre avec l'arche étincelante d'un arc-en-ciel, une cascade blanche au coeur d'une gorge verte, une vaste prairie teintée du rouge sang d'un couchant - il s'arrête un instant dans sa position d'adoration. Il ne voit pas le besoin de distinguer un jour parmi les sept pour en faire un jour saint puisque pour lui tous les jours sont ceux de Dieu.

Pieds nus sur la terre sacrée. Textes rassemblés par T.C. McLuhan. Photos de Eward S. Curtis. Traduit de l'américain par Michel Barthélemy. Denoël, Paris, 1974.

 

Offering_to_the_sun-san_ildefonso

Offering to the Sun - San Ildefonso. Photographie par Edward S. Curtis, 1925

http://www.brucekapson.com/display/1065/photogravures

6H30 du matin:  Pendant que les Pléiades, Aldébaran et les Hyades, Orion, Sirius, Bételgeuse et Bellatrix se couchent à l'horizon ouest, la constellation du Scorpion avec Antarès, orangée et brillante, se lève au SSE. Contempler le ciel nocturne chaque soir et matin est prier en s'unissant au cosmos. Image: http://en.wikipedia.org/wiki/Scorpius

http://antares.scorpius.free.fr/rubriquelegendeetconstellation02.htm

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Discours de Mgr Sixte Henri de Bourbon-Parme le 21 janvier 2015 à Paris

6 Février 2015 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles

Mgr Sixte Henri de Bourbon-Parme lors de son allocution. Capture d'écran.

Mgr Sixte Henri de Bourbon-Parme lors de son allocution. Capture d'écran.

Le 21 janvier 2015, jour anniversaire de l'exécution du roi Louis XVI, Mgr Sixte Henri de Bourbon Parme prononcait une sobre et belle allocution lors du rassemblement devant la Chapelle Expiatoire à Paris:

http://www.medias-presse.info/21-janvier-avec-laction-francaise-je-ne-suis-pas-charlie-je-suis-louis-xvi/23860

Replacant cet événement dans l'historique de la politique anglo-saxonne, Sixte Henri de Bourbon-Parme affirmait sa position face à l'exploitation des attentats de janvier 2015 à Paris par ceux qui dirigent la République et rappelait les principes sacrés de la France de toujours.

"J'espère que le Roi reviendra. A travers votre soutien, il reviendra certainement."

 

Quand refleurira le Royaume des Lys

 

Armoiries royales France

"Tout d'abord emblème royal d'origine franque, la fleur de lis deviendra emblème francais. Un semis de fleurs de lis en or sur un champ carré bleu était devenu la bannière de France sous Louis VI. Le nombre en fut réduit à trois sous Charles V afin de symboliser, pense-t-on, les trois états constitutifs du royaume*. Le fond bleu représente la couleur des rois de France, elle en est le symbole même. Le liséré rouge [manquant sur cette illustration] est un symbole de protection. Il protège les lis, autrement dit, la Couronne du Royaume de France." In: La Petite Histoire de France, par Jacques Bainville. Textes de présentation par Eric de Jahan. Ed. Diffusia.

* NDLR: Guillaume de Nangis, au Moyen-Âge, disait que la fleur centrale était la Foi, gardée de chaque côté par la Chevalerie et la Sapience.

 

Entrevue de Var-Matin avec Mgr Sixte Henri de Bourbon-Parme le 4 février 2014, lors du 221e anniversaire de l'éxécution de Louis XVI:

http://www.varmatin.com/brignoles/mgr-sixte-henri-de-bourbon-parme-roi-sans-couronne-et-sans-complexe.1566680.html

Extrait: "Nous rendons, chaque 21 janvier, l'hommage au roi martyr. À l'époque, il était le symbole du charisme et de la représentation internationale dans toute l'Europe. L'abominable violence et le terrifiant génocide de la Révolution française nous rappellent que les fondements de la République sont entachés de sang. En ce 221eanniversaire de sa mort, tout le monde prend conscience que nous sommes dans un moment de rupture, au bout de quelque chose. Comme si la tête coupée du roi avait ouvert une malédiction sur le pays."

Pierre-Olivier Combelles devant le tableau de Georges Roux (au Théâtre Montansier, à Versailles) représentant Louis XVI et la famille royale en promenade en bateau sur le Grand Canal de Versailles. Photo: Revue L'Année Bateaux Magazine à l'occasion de la publication de l'article de P.-O. Combelles: "Versailles, port de mer" (N°34, juillet-août 1987), après sa conférence: "La Flottille de Versailles depuis Louis XIV jusqu’à nos jours" au Musée de la Marine,  à Paris, le 4 décembre 1984)

Pierre-Olivier Combelles devant le tableau de Georges Roux (au Théâtre Montansier, à Versailles) représentant Louis XVI et la famille royale en promenade en bateau sur le Grand Canal de Versailles. Photo: Revue L'Année Bateaux Magazine à l'occasion de la publication de l'article de P.-O. Combelles: "Versailles, port de mer" (N°34, juillet-août 1987), après sa conférence: "La Flottille de Versailles depuis Louis XIV jusqu’à nos jours" au Musée de la Marine, à Paris, le 4 décembre 1984)

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