Actes du Procès de Jeanne d'Arc (1431)
Armes de la famille d'Arc octroyées par Charles VII, les plus belles de France: "D'azur à deux fleurs de lys d'or et une épée d'argent à la garde dorée, la pointe en haut, férue en une couronne d'or."
Traduction R. P. Dom H. LECLERCQ (1906)
Sur le site de l'abbaye St Benoît (Suisse): link
Déposition de Isabellette, femme Gérardin.
Depuis mon premier âge, j’ai toujours connu le père et la mère de Jeannette. Pour Jeannette, je l’ai connue, quand j’étais petite fille, aussi longtemps qu’elle demeura chez ses parents. C’était une brave fille, bonne, chaste, pieuse, craignant Dieu, donnant l’aumône, faisant le bien. Elle accueillait les pauvres; elle les faisait coucher dans son lit et elle, elle allait au coin du foyer. Elle ne dansait pas. Nous, ses compagnes, nous la grondions de cela. Elle aimait le travail, filait, cultivait la terre avec son père, faisait le ménage et quelquefois gardait les bêtes.
On ne la voyait pas par les chemins ; elle était le plus souvent dans l’église à prier. Elle aimait les lieux de dévotion et allait de temps en temps à la chapelle de Notre-Dame de Bermont. Je l’ai vue souvent se confesser; car il faut dire qu’elle était ma commère, ayant tenu au baptême mon fils Nicolas. Souvent je l’accompagnais et je la voyais aller à confesse, dans l’église, aux pieds de messire Guillaume, alors curé.
Quand le château était en prospérité, les seigneurs du village et leurs dames allaient prendre du bon temps aux Loges-les-Dames. Le dimanche de Laetare, que nous appelons aussi le dimanche des Fontaines, et certains autres jours, dans la belle saison, ils amenaient avec eux garçons et filles. Je le sais bien, puisque Pierre de Bourlemont, seigneur du village, et sa femme, qui était de France, m’y ont conduite avec les autres petites filles du village à divers jours du printemps, et notamment le dimanche des Fontaines. Ce dimanche-là, toute la jeunesse du village, garçons et filles, va à l’arbre jouer et danser. Jeannette venait danser et jouer avec nous. Comme nous, elle portait son petit pain, et puis s’en venait boire à la Fontaine-des-Groseilliers. Aujourd’hui, on va encore à l’arbre des Dames, et petits pains, jeux et danses, tout est resté de mode.
Lors d’un passage d’hommes d’armes, Jeannette s’enfuit à Neufchâteau avec son père et sa mère, ses frères et ses soeurs, emmenant leurs bêtes menacées. Mais son séjour à Neufchâteau ne dura pas longtemps. Elle revint à Domrémy avec son père. Ce que je vous dis là, je l’ai vu. Elle ne voulait pas rester à Neufchâteau et disait qu’elle aimerait mieux demeurer à Domrémy.
C’est Durand Laxart qui amena Jeannette à Robert de Baudricourt. Voici un propos de Durand que j”ai entendu : « Jeannette, disait-il, m’e pria de dire à son père qu’il fallait qu’elle vînt assister ma femme en couches, afin d’avoir ainsi moyen de se faire conduire par moi à messire Robert. »
C’est tout ce que je sais.
(...)
[L’INTERROGATEUR: Où avez-vous laissé l’épée de Fierbois ? ]
JEANNE : Dire où je la laissai ne touche point le procès et ne répondrai pas là-dessus quant à maintenant.
[L’INTERROGATEUR: En quelles mains est votre avoir ?]
JEANNE : Mes frères ont mes biens, chevaux, épée et le reste, ainsi le crois, montant à plus de douze mille écus.
L’INTERROGATEUR: Quand vous allâtes à Orléans, aviez-vous un étendard ou bannière, et de quelle couleur?
JEANNE : J’avais une bannière dont le champ était semé de lis. Il y avait la figure du monde et deux anges à ses côtés. Elle était de toile blanche, de celle qu’on appelle boucassin. Il y avait écrit dessus : Jhesus Maria, comme il me semble, et elle était frangée de soie.
L’INTERROGATEUR: Ces noms Jhesus Maria étaient-ils écrits en haut, en bas ou sur le côté?
JEANNE : Sur le côté, comme il me semble.
L’INTERROGATEUR: Qu’aimiez-vous mieux, votre bannière ou votre épée?
JEANNE : J’aimais quarante fois mieux ma bannière que mon épée.
L’INTERROGATEUR: Qui vous fit faire cette peinture sur la bannière?
JEANNE : Je vous ai assez dit que je n’ai rien fait que du commandement de Dieu.
[L’INTERROGATEUR: Qui portait votre bannière?]
JEANNE: C’est moi-même qui portais ladite bannière quand je chargeais les ennemis, pour éviter de tuer personne. Je n’ai jamais tué un homme.
L’INTERROGATEUR : Quelle compagnie vous donna votre roi quand il vous mit en oeuvre?
JEANNE: Il me donna dix ou douze mille hommes.
Le Procès de Jeanne d'Arc par Robert Brasillach:
http://www.clerus.org/clerus/dati/2001-10/23-13/JeanneArc.html
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