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Rouge et Blanc, ou le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

Francis Hallé parle avec amour et admiration des plantes et des arbres...

31 Juillet 2013 , Rédigé par Béthune

Marcher dans une forêt entre deux haies de fougères transfigurées par l'automne, c'est cela un vrai triomphe. Que sont à côté suffrages et ovations ?

Emile Cioran

 

La botanique, c'est la grammaire de la nature.

Ernst Jünger

 

Francis Hallé était interviewé par Laure Adler (France-Culture) le 15 juillet 2010 à l'université d'Avignon: http://www.youtube.com/watch?v=NDOknS0eOIw. Il y parle de son amour et de son admiration pour les plantes, les arbres, la forêt, de la beauté des fleurs et de leurs parfums, mais aussi de la possible extinction des forêts primaires équatoriales et tropicales vers 2020.

 

Dans cette autre entrevue, Francis Hallé parle des forêts primaires et des arbres tropicaux:http://foretstropicaleslefilm.wordpress.com/filmographies/

 

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Meijouseichoku

30 Juillet 2013 , Rédigé par Béthune

The concept of purity (meijouseichoku) is central to Shinto. Purity is thought to promote happiness and good fortune, while impurity (kegare) leads to the opposite.

 

Purity and impurity are not quite the same as good and evil. One might support a bad cause with a pure heart; indeed this would be more admirable that halfheartedly supporting a good cause.

 

In order to promote purity one should live a simple life in harmony with nature, honor traditions and one’s family, maintain physical cleanliness, and avoid contact with impure people and things. Since this is not always practical, much of Shinto practice is devoted to purification rituals.

 

Source: http://bugfox.net/fun/2010/09/07/notes-on-the-shinto-religion-and-anime/

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ALMA, un film de Patrick Rouxel sur la déforestation de l'Amazonie

30 Juillet 2013 , Rédigé par Béthune

Je vois maintenant que nous assistons à une révolution de la terre elle-même. Et ce qu'on peut voir partout, ce sont les manifestations de cette révolution; les armes atomiques, la dévastation de la flore te de la faune. Peut-être que la terre n'a plus besoin de l'homme et qu'il ne lui est peut-être plus nécessaire.

Ernst Jünger (Journal)

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Francis Hallé: l'arbre, les plantes, l'homme

30 Juillet 2013 , Rédigé par Béthune

Propos recueillis par Weronika Zarachowicz - Télérama n° 3066

http://www.telerama.fr/monde/francis-halle-les-arbres-peuvent-etre-immortels-et-ca-fait-peur,34762.php

 

Assurément, il y a du Jules Verne chez ce botaniste-là. Parce qu'il avait l'intuition que « tout se passe là-haut », Francis Hallé a exploré la canopée tropicale – étage supérieur de la forêt – sur une étrange plate-forme gonflable, le Radeau des cimes. Une aventure humaine et scientifique hors norme qui a bouleversé notre connaissance du genre végétal, et qui continue, depuis, son bonhomme de chemin (à voir ci-dessous). C'est peu dire que Francis Hallé aime les plantes, et les arbres en particulier. Ce scientifique de renommée internationale, découvreur de « l'architecture botanique », leur a consacré toute sa vie et contribué à renouveler notre regard sur elles et leur « radicale altérité ». Comprendre le règne végétal, dit-il, exige « une révolution intellectuelle ». C'est, aujourd'hui plus que jamais, une urgence alors que les dernières forêts primaires, sommet de la biodiversité et berceau de l'humanité, sont en train de disparaître dans l'indifférence quasi générale. Nous l'avons rencontré chez lui, à Montpellier, à l'occasion de la sortie d'Aux origines des plantes, ouvrage collectif qu'il a codirigé pendant près de trois ans, et magistral hymne à la magie végétale.

Où en est-on de la connaissance des plantes ?

Nous les comprenons encore très mal ! Quand nous les étudions, c'est toujours à partir de modèles humains et animaux. Nous restons indécrottablement zoocentrés. D'ailleurs, la formation des biologistes se fait toujours sur l'homme et l'animal. Résultat, nous passons souvent à côté de la réalité végétale, d'autant qu'il y a beaucoup plus de travaux sur les animaux que sur les plantes. Je trouve cela injuste. Le Muséum de Paris ouvre une Grande Galerie de l'évolution, et il oublie les plantes. Un ponte américain, Russell Mittermeier, publie une somme intitulée Megadiversity, et il y parle à 98 % d'animaux, tous très bien identifiés. Mais les plantes ? Il en cite une poignée, dont la moitié ne porte pas de nom, un arbre du Mexique, une plante du Paraná au Brésil... De même, on a une Société protectrice des animaux mais on n'a jamais entendu parler d'une SPP, une Société protectrice des plantes. D'ailleurs des expressions comme « c'est un légume », « se planter » disent bien notre mépris.

Reconnaissez qu'il est plus difficile de s'identifier à un géranium qu'à un animal...

Effectivement. Et pourtant, elles ont beaucoup à nous apprendre. Sait-on qu'elles sont plus évoluées que nous ? L'être humain, qui se croit au sommet de l'évolution, compte 26 000 gènes dans son ADN. On a découvert que le génome du riz en détient 50 000. Le double ! Ça a été un choc pour les biologistes, qui pensaient que plus un organisme était évolué, plus il comptait de gènes. Fallait-il tout revoir ? « Pas du tout », nous a répondu le généticien Axel Kahn, « le riz est plus évolué que l'homme : essayez donc de passer l'hiver le pied dans l'eau froide, à vous nourrir exclusivement de lumière, de soleil et de gaz carbonique. Vous n'y arriverez pas, car votre équipement génétique est insuffisant ». En réalité, les règnes animal et végétal ne sont pas en compétition. Mais nous sommes partis dans deux directions différentes, et la plante est allée plus loin que nous.

Comment cela ?

L'animal est mobile, la plante pas, et c'est un sacré changement de paradigme : les végétaux ont dû développer une astuce largement supérieure à la nôtre. Ils sont devenus des virtuoses de la biochimie. Pour communiquer. Pour se défendre. Prenons le haricot : quand il est attaqué par des pucerons, il émet des molécules volatiles destinées à un autre être vivant, un prédateur de pucerons. Voilà un insecticide parfait ! Pour se protéger des gazelles, un acacia, lui, change la composition chimique de ses feuilles en quelques secondes et les rend incroyablement astringentes. Plus fort encore, il émet des molécules d'éthylène pour prévenir ses voisins des attaques de gazelles. Enfin, des chercheurs de l'Institut national de recherche d'Amazonie (INPA) viennent de montrer que les molécules volatiles, émises par les arbres tropicaux, servent en fait de germes pour la condensation de la vapeur d'eau sous forme de gouttes de pluie. Autrement dit, les arbres sont capables de déclencher une pluie au-dessus d'eux parce qu'ils en ont besoin !

Les arbres seraient donc intelligents ?

Non. On ne peut pas parler d'intelligence dans le règne végétal. Les plantes s'adaptent, communiquent, se défendent, mais il s'agit de phénomènes automatiques. Pour être « intelligent », il faut pouvoir hésiter, se tromper. La plante ne le fait pas.

Mais leur mode d'existence est extrêmement original...

Nous sommes face à une altérité totale. Et c'est précisément ce qui me touche tant. Ces plantes, si fondamentalement différentes, forment des poches de résistance à la volonté de contrôle de l'homme. Moi, ça me rassure, ça me permet de respirer. Mais l'altérité gêne. Je connais beaucoup de gens à qui cela fait peur de savoir, par exemple, que l'arbre est potentiellement immortel. L'homme et l'animal finissent tous par mourir, c'est inéluctable, alors l'idée que des végétaux puissent échapper à ce sort commun en effraie beaucoup...

Les plantes ne sont pas programmées génétiquement pour mourir ?

Non, leur fin est toujours due à des éléments externes : une inondation, un coup de froid, un bûcheron, un incendie... Mais si tout va bien, il n'y a aucune raison pour qu'elles disparaissent. Chez les animaux et les hommes, les gènes s'éteignent par un mécanisme biochimique - la méthylation – qui est à l'origine de la sénescence – le vieillissement. Certains arbres et plantes paraissent échapper à ce processus : avec leur « croissance rythmique » – stoppée en hiver –, ils réactivent leurs gènes « éteints » à compter du printemps, et luttent ainsi contre la sénescence. En outre, à partir d'un arbre originel mort depuis longtemps, des « clones » se forment grâce à des mécanismes de multiplication végétative au niveau du sol, ce qui leur donne une durée de vie illimitée. Il suffit d'aller dans la banlieue de Londres, au jardin botanique de Kew Garden, pour voir une collection d'arbres potentiellement immortels. Les chênes y vivent éloignés les uns des autres au milieu d'immenses pelouses. Leurs branches basses traînent par terre et s'enracinent pour donner de nouveaux arbres, qui à leur tour en donnent d'autres. Si les conditions restent bonnes, pourquoi voulez-vous que ça s'arrête ? Le plus vieil arbre que l'on ait identifié pour l'instant, le houx royal de Tasmanie, a 43 000 ans. Sa graine initiale aurait germé au Pléistocène, au moment de la coexistence entre Neandertal et l'homme moderne. Le premier arbre sorti de la graine est mort depuis longtemps, mais la plante, elle, ne meurt pas, plusieurs centaines de troncs se succèdent sur 1 200 mètres.

Peut-on dire qu'il s'agit du même arbre ?

Comprendre l'arbre suppose d'opérer une révolution intellectuelle. C'est un être à la fois unique et pluriel. L'homme possède un seul génome, stable. Chez l'arbre, on trouve de fortes différences génétiques selon les branches : chacune peut avoir son propre génome, ce qui conforte l'idée que l'arbre n'est pas un individu mais une colonie, un peu comme un récif de corail.

Vous parlez aussi des excréments des arbres !

Toute machine, avec une entrée d'énergie, produit des déchets. Les thermodynamiciens, les physiciens l'ont démontré. Mais où passent les excréments des arbres ? On a dit que c'était peut-être l'oxygène, ou les feuilles mortes. Or il semblerait que ce soit le tronc, et plus précisément la lignine, qui constitue l'essentiel du bois. Il s'agit d'un produit très toxique que l'arbre dépose sur des cellules qui sont en train de mourir et qui vont se transformer en vaisseaux – ceux-là mêmes qui vont permettre la montée de l'eau dans le tronc. On peut donc dire que l'arbre repose sur la colonne de ses excréments : cette lignine qui donne aux plantes leur caractère érigé, qui leur permet de lutter contre la pesanteur et de s'élever au-dessus des végétations concurrentes. C'est très astucieux. Et c'est bien dans le style des plantes de tirer parti de façon positive de quelque chose de négatif. On dit souvent que l'arbre vient du sol. Mais en réalité, il est né d'un stock de polluants, puisqu'il est constitué à 40 % de molécules à base de carbone (le reste est de l'eau). L'arbre a cherché le carbone dans l'air, l'a épuré et transformé en bois. Alors, couper un arbre, c'est comme détruire une usine d'épuration.

L'arbre est une ressource prodigieuse. En est-on suffisamment conscient ?

On pourrait l'utiliser bien plus encore ! Les plantes sont d'ailleurs faites pour être utilisées car, contrairement à l'animal, vous n'êtes pas obligé de les tuer pour vous en servir. Non seulement 80 % de nos médicaments proviennent des végétaux, mais je pense que les plantes, et les arbres en particulier, sont nos meilleurs alliés pour lutter contre le réchauffement climatique. Dans la mesure où celui-ci est dû au CO2, quoi de mieux que les plantes, qui ont précisément les moyens de fixer le carbone ? Si on replantait suffisamment d'arbres, on n'aurait plus de problème d'effet de serre. Il y a dans les tropiques d'énormes surfaces déforestées, où la culture ne marche pas, et qui offrent des terrains parfaits pour replanter des arbres.

En 2003, vous aviez alerté sur la disparition des forêts primaires. Où en est-on aujourd'hui ?

C'est pire. En 2003, il leur restait dix ans avant de disparaître. Deux éléments se sont surajoutés depuis. Le développement économique de la Chine tout d'abord. Les Chinois ont un grand besoin de bois, et comme ils ont rasé leurs propres forêts depuis longtemps, ils vont chercher leurs ressources ailleurs : en Afrique, en Amérique du Sud, et surtout dans le Sud-Est asiatique - le Cambodge est soumis à une déforestation effrénée. Et puis il y a les agrocarburants. De nombreux pays n'hésitent plus à couper leur forêt, jugée insuffisamment productive, pour la remplacer par des cultures pour agrocarburants. Pourquoi ? Pour faire le plein dans nos bagnoles. C'est terrifiant. Si on n'a plus assez d'essence, il faut réduire notre consommation, et non pas piller les pays tropicaux, qui ont toujours été nos victimes. Tout cela, nous le savons bien. Mais nous, et surtout nos hommes politiques qui auraient le pouvoir d'agir, ne faisons rien.

Pourquoi ?

La France est un acteur majeur du commerce du bois et participe à la déforestation, notamment en Afrique, en soutenant de grosses entreprises comme Bolloré, Leroy, Rougier, Pallisco... Elles bénéficient de l'aide publique au développement, mais aussi des services scientifiques de l'Etat. Le Cirad-Forêt (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) sert de support technique aux entreprises de déforestation. Quand elles tombent sur une nouvelle espèce d'arbre avec un bois qui leur paraît intéressant, c'est le Cirad-Forêt qui essaie de lui trouver une application. Cela fait longtemps que nos politiciens, de droite comme de gauche, tirent parti de cette déforestation. Il suffit de penser aux réseaux Pasqua, Mitterrand, Chirac, à ce qu'on appelle la Françafrique, et qui a permis aux chefs d'Etat africains de financer les campagnes électorales en France. Et ceux qui ne sont pas mouillés n'ont de toute façon jamais été formés à l'écologie, pourquoi changeraient-ils de politique ?

C'est pourtant un enjeu essentiel pour l'humanité ?

Les forêts équatoriales représentent le sommet de la biodiversité. On y trouve le maximum d'espèces dans un volume donné, beaucoup plus que dans le milieu marin. C'est donc une formidable perte. Notre espèce y est née, et on y trouve encore nos plus proches cousins, les grands primates. Et n'oublions pas que cette disparition se double d'un génocide car il y a des hommes qui vivent là, sans détruire quoi que ce soit. Un génocide institutionnalisé pour la recherche du profit : qu'est-ce que ce monde-là ? Le cas de la Guyane me touche de près. On y détruit la forêt pour chercher de l'or, en utilisant du mercure qui pollue les rivières et pourrait avoir une influence dramatique sur les populations amérindiennes. Quand Hernán Cortés est arrivé à Mexico, que cherchait-il ? De l'or, et il avait le plus profond mépris pour les Indiens. A-t-on fait le moindre progrès depuis ?

Considérez-vous le combat comme perdu ?

J'ai passé beaucoup de temps à tenter de défendre la forêt primaire, et je n'ai rien obtenu. Mais sur le plan éthique, se battre a une valeur. Je me considère comme extrêmement privilégié : grâce à l'expérience du Radeau des cimes, j'ai vu ces merveilles et j'aurais voulu que mes contemporains puissent en profiter. Le sous-bois de ces forêts, ce qu'on voit à hauteur d'homme, ne présente pas grand intérêt. En revanche, ces canopées sont d'une beauté spectaculaire, impossible à décrire. Une fois que vous avez vu ces couronnes d'arbres en fleurs, ces animaux extraordinaires et de toutes tailles, que vous avez entendu le concert de la faune canopéenne à la tombée du jour, au milieu des lucioles, vous ne pouvez plus y toucher. Par ailleurs, c'est une immense réserve en molécules biochimiques, un trésor planétaire qui offre des perspectives formidables pour la recherche pharmaceutique. Un jour, on aura besoin de ces molécules et on se dira : c'est bête, on les avait sous la main et on n'en a pas tiré parti.

 

Liens:

 

http://foretstropicaleslefilm.wordpress.com/deforestation/

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Green, un film de Patrick Rouxel sur la déforestation en Indonésie

30 Juillet 2013 , Rédigé par Béthune

A travers les regards d'une jeune femelle orang-outang recueillie dans un hôpital, la tragédie de la déforestation en Indonésie et de l'homme marchand et industriel.

Regardez le film sur VIMEO: http://vimeo.com/5409884

 

Site du film GREEN: http://www.greenthefilm.com/

 

Une analyse de Green et de la déforestation de l'Indonésie: http://cdurable.info/GREEN-Film-documentaire-Patrick-Rouxel-Deforestation-Indonesie,2352.html

 

Remarquable entretien avec Patrick Rouxel: http://rencontres-et-debats-autrement.org/index.php?page=patrick-rouxel

 

 

Je vois maintenant que nous assistons à une révolution de la terre elle-même. Et ce qu'on peut voir partout, ce sont les manifestations de cette révolution; les armes atomiques, la dévastation de la flore te de la faune. Peut-être que la terre n'a plus besoin de l'homme et qu'il ne lui est peut-être plus nécessaire.

Ernst Jünger (Journal)

 

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Γαλλία

28 Juillet 2013 , Rédigé par Béthune

En grec, la Gaule s'écrit Γαλλία (en latin Gallia) Et ce nom désigne encore de nos jours la France, en grec moderne. Pour les Grecs d'aujourd'hui nous sommes toujours des Gaulois.

Source:http://www.lexilogos.com/gaulois_langue_dictionnaires.htm

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L'origine des Indiens et des Blancs (Jean Gabus: Iglous - chez les Esquimaux-Caribou)

25 Juillet 2013 , Rédigé par Béthune

"L'origine des Esquimaux et des bêtes serait un grand poisson dont telle ou telle partie de la tête, ont formé les différentes espèces vivantes.

L'origine des indiens et des Blancs, une légende d'ailleurs déjà relevée par Rasmussen, Birket-Smith, Jenness... mais dont je cite la version qui m'est donnée à Tavani n'est pas très flatteuse:

"Une jeune Esquimaude ne trouvait pas de mari. Un jour, cependant, un homme vint la chercher dans un kayak... Il était beau et gras, ce qui prouvait ses qualités évidentes de bon chasseur, car pour être gras, il faut pouvoir manger. Il emmena la jeune femme, mais aussitôt qu'il eût gagné le large, ses pieds se déformèrent en serres d'oiseau, des cornes de caribou lui poussèrent sur la tête... il était un esprit du mal! Il abandonna sa femme sur une île après l'avoir changée en chienne.

Cette chienne eut douze enfants. les six premiers, elle les jeta à la mer dans des semelles de bottes en guise de canot. Le vent les chassa au sud, dans un pays sombre... ce furent les Indiens.

Les six autres enfants, plus laids encore que les premiers, plus méchants, firent également voile dans des semelles de bottes. Le vent les expédia en tempête dans un monde lointain et ces fils de chienne et fils de monstre devinrent les Blancs."

 

Jean Gabus. Iglous- Chez les Esquimaux-caribou. Mission ethnographique Suisse à la Baie d'Hudson 1938-39. Editions Victor Attinger, Neuchâtel.

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L'américanisation du langage quotidien (J.-F. Billeter)

25 Juillet 2013 , Rédigé par Béthune

(I) L’américanisation du langage quotidien est le phénomène le plus sournois. Il n’est pas mauvais en soi qu’une langue soit influencée par une autre ou se mette même à son école. Mais dans le cas présent, il s’agit d’un appauvrissement, et d’un appauvrissement qui va uniformément dans le sens de la soumission à la logique de la marchandise. La contagion progresse par l’attrait du moindre effort. La simplification du vocabulaire dispense de choisir ses mots, donc de penser. En outre, les ressources anciennes sont comme effacées à mesure. Une fois que nous serons enfermés dans ce nouveau langage, nous serons privés du moyen de formuler « la moindre objection contre le discours marchand » (Debord, Commentaires…). Dans 1984, les promoteurs de la « novlangue » prédisent qu’à la fin, ils rendront « littéralement impossible le crime-de-pensée parce qu’il n’y aura plus aucun mot pour l’exprimer ». Nous allons aujourd’hui par simple inertie et très vite vers cette forme accomplie de soumission à l’ordre établi. Dans les banques ou les postes, par exemple, le regard rencontre désormais partout des panneaux portant l’inscription « merci de faire ceci » ou cela. En des temps civilisés, on vous priait de faire quelque chose et on vous remerciait ensuite le cas échéant. Dorénavant, on vous remercie tout de suite parce qu’on a cessé d’envisager que vous n’obtempéreriez pas. Ainsi se crée l’accoutumance à l’injonction unilatérale.

Il est temps, me semble-t-il, de reprendre les réflexions d’Orwell sur le langage politique (voir là-dessus Orwell, anarchiste tory de Jean-Claude Michéa, Climats, Castelnau-le-Lez, 1995) et de montrer que c’est le jargon économique qui est devenu la langue de bois de notre temps. Ce phénomène mériterait une étude comparable à celle que Victor Klemperer a consacrée à la corruption de l’allemand par la propagande national-socialiste, LTI (Lingua Tertii Imperii) (Reclam, Leipzig, 1975, 17e éd. 1998).

 

Note de fin de texte extraite de : Jean-François Billeter : Chine trois fois muette – De la place de la Chine dans le monde d’aujourd’hui. Leçon inaugurale N°7. Institut universitaire d’études du développement.

 

Jean-François Billeter a enseigné l’histoire chinoise à la Faculté de lettres de l’Université de Genève de 1972 à 1978 ; il y a créé l’enseignement de la langue, littérature et civilisation chinoises en 1976 et l’a dirigé jusqu’en 1999.

Cet essai est le texte de la leçon inaugurale qu’il a prononcée le 25 octobre 1999 lors de la séance d’ouverture de l’année académique 1999-2000 de l’Institut universitaire d’études du développement (IUED), Genève. Une partie de son contenu avait été déjà présentée dans le cadre d’une conférence donnée le 2 juin 1999 devant la Société Genève-Asie, à l’Institut universitaire de hautes études internationales (IUHEI), Genève.

 

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D'où suis-je ? (Un entretien de l'ethnographe suisse Jean Gabus avec la Radio Télévision Suisse Romande (1970)

23 Juillet 2013 , Rédigé par Béthune

Pour cette émission d'En direct avec, Gaston Nicole et Roland Bahy s'entretiennent avec l'ethnologue et muséologue neuchâtelois Jean Gabus qui, après une brillante carrière universitaire, a pris la direction du Musée d'Ethnographie de Neuchâtel et celle de l'Institut d'Ethnologie de Neuchâtel.

Pour visionner cet entretien :http://http://www.rts.ch/archives/tv/information/en-direct-avec/3446115-jean-gabus.html

C'est en relisant Iglous - chez les Esquimaux - Caribous. Mission ethnographique Suisse à la Baie d'Hudson 1938-39 (Ed. Victor Attinger, Neuchâtel), ouvrage remarquable par son intelligence et par le franc-parler d'un jeune ethnographe qui n'hésite pas à mettre en avant son enthousiasme pour l'aventure et pour la vie de populations de chasseurs primitifs, que j'ai eu envie de savoir qui était Jean Gabus.

Sa carrière parle d'elle-même. Elle me semble exemplaire. Pour l'homme, son entrevue avec la RTS le résume bien je crois. Elégant, disert, simple et franc, prudent et mesuré, enthousiaste, sensible. Il dit une chose que je n'ai encore jamais entendue d'un ethnographe qui a tant voyagé et partagé la vie des peuples étrangers: la réponse à la question "d'où suis-je". Avec simplicité et poésie, il nous raconte son attachement pour sa ville et son canton de Neuchâtel, en Suisse, le port où il est toujours revenu, où il a sa famille et ses amis, et où il occupe des fonctions au Conseil, en nous expliquant pourquoi.

Il faut remarquer, dans cet entretien avec la RTS, dans les années 1970, la distinction de la tenue et des manières des interlocuteurs (costume-cravate, dans un salon de la demeure de Jean Gabus), qui va avec la l'élégance, la précision, la largeur de vues, la vérité et la simplicité des propos.

POC

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PEV et le Pacifique...

23 Juillet 2013 , Rédigé par Béthune

Paul-Émile Victor est né à Genève en 1907. Il passe sa jeunesse dans le Jura auprès de ses parents petits industriels (ils ont une fabrique de stylos à Lons-le-Saunier) à rêver de grands voyages et d'aventures, comme tous les enfants de son âge. Il suit avec attention les exploits des aventuriers et des découvreurs du début du siècle. Cette période de sa vie est très bien décrite dans un de ses livres les plus connus "La Mansarde". Puis vinrent les études d'ingénieur à l'École Centrale de Lyon, où il passe une licence ès sciences, et un certificat de lettres. Après ces études lyonnaises, il rejoint sa passion de toujours et suit les cours de l'Institut d'Ethnologie de Paris, où il s'intéresse plus particulièrement à la civilisation polynésienne. C'est alors qu'il abandonne définitivement la voie qui lui semblait dévolue, la reprise de l'entreprise familiale de fabrication de stylos.

Peu après, il fait la rencontre qui va déterminer le reste de sa vie. Il fait la connaissance du docteur Jean-Baptiste Charcot, et se consacre dès lors à l'Arctique et à l'ethnologie de ses peuples.

(...)

En 1976, à près de 70 ans, Paul-Émile Victor prend sa retraite. Il s'installe sur une petite île proche de de Bora-Bora, le Motu-Tane (île de l'homme). Il rejoint ainsi son rêve d'adolescent, en compagnie de sa seconde épouse, lui qui disait "avoir toujours eu horreur du froid..." !

(...)

Paul-Émile Victor est mort le 7 mars 1995, et, selon sa volonté, il a été inhumé dans l'Océan Pacifique selon le rituel de la Marine. Il avait préparé longuement ce moment, au travers de ses méditations, et avait même réalisé un dessin qui devait faire office de faire-part.

(...)

...le cyclone qui a détruit son île de Motu-Tane, dans le Pacifique, où il s'était retiré, sa tour d'ivoire d'où il regardait le temps passer.

Source:http://philadelie.free.fr/pev.htm

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