Le système financier moderne est une tyrannie
"Il faut réduire la dette! ". On crie à la faillite! Tel un père qui demande instamment à ses enfants d'aller ranger leur chambre, notre gouvernement nous dit : " Assez de cette gabegie ! Il est temps de devenir sérieux, remettez vos prétentions sociales au tiroir, l'heure est au travail et aux économies ".
Ce qu'on ne nous dit pas, c'est qu'il y a une quarantaine d'années, l'État français n'était pas endetté, à l’instar de la plupart des autres nations, d'ailleurs. En moins de quarante ans nous avons accumulé une dette colossale qui avoisine les 1200 milliards d'euros ! Pourquoi ? S'est-il produit quelque chose qui a fait que l’on ait soudain besoin de recourir à l'emprunt, alors qu'auparavant on se suffisait à nous-mêmes? Et si tel est le cas, qui en bénéficie vraiment ? Qui émet la monnaie ?
André-Jacques Holbecq et Philippe Derudder nous disent les vraies raisons de la dette et dénoncent les mécanismes destructeurs scrupuleusement occultés. Vulgarisateurs de la " chose économique ", leur but est de permettre aux citoyens de " savoir ", afin qu'ils ne se laissent pas impressionner par les épouvantails que l'on agite sous leur nez. Afin de comprendre surtout que nous avons tout pour relever l'immense défi humain et écologique de notre temps et que la dette et l'argent ne sont que " vrais-faux " problèmes."
http://www.dailymotion.com/video/x6vy8m_la-dette-publique-une-affaire-renta_news
Cela s'appelle l'usure, qui était interdite, autrefois, dans les états gouvernés par les princes chrétiens souverains*. L'un des attributs principaux de la
souveraineté étant la faculté de créer sa propre monnaie. Aristote (384-322 avant J.C.) avait déjà très bien expliqué, en quelques phrases, comment l'usure crée de la monnaie "à partir de rien"
ou "ex nihilo".
Sujet fondamental, puisque la monnaie "créée à partir de rien" règle et gouverne aujourd'hui tous les échanges économiques humains: tyrannie inouïe.
Une question en passant: y a-t-il un rapport entre cette loi passée en 1973 sous Pompidou interdisant à l'Etat d'emprunter à la Banque Nationale de France (et donc l'obligeant à emprunter aux banques privées) et le fait qu'il ait exercé des responsabilités importantes à la Banque Rothschild avant d'entrer au gouvernement sous de Gaulle ? ...
Citation d'Aristote, que nous avions déjà publiée sur ce blog il y a quelque temps:
"Mais, comme nous l’avons dit, l’art d’acquérir la richesse est de deux espèces : l’une est sa forme mercantile, et l’autre une dépendance de l’économie
domestique ; cette dernière forme est nécessaire et louable, tandis que l’autre repose sur l’échange et donne prise à de justes critiques (car elle n’a rien de naturel, elle est le résultat
d’échanges réciproques) : dans ces conditions, ce qu’on déteste avec le plus de raison, c’est la pratique du prêt à intérêt parce que le gain qu’on en retire provient de la monnaie elle-même et
ne répond plus à la fin qui a présidé la création. Car la monnaie a été inventée en vue de l’échange, tandis que l’intérêt multiplie la quantité de monnaie elle-même. C’est même là l’origine du
mot intérêt (1) : car les êtres engendrés ressemblent à leurs parents, et l’intérêt est une monnaie née d’une monnaie. Par conséquent, cette dernière façon de gagner de l’argent est de toutes la
plus contraire à la nature."
Aristote, Politique, Livre I, 10. Traduction par J. Tricot. Bibliothèque des textes philosophiques. Vrin, Paris, 2005.
(1) τόχος, signifiant à la fois enfant, petit (partus), et revenu de l’argent (foenus, usura).
* Mgr le duc d'Anjou, prince noachide, employé, par ironie du sort, dans la banque de son beau-père vénézuelien, prétendant légitimiste aux trônes de France et
d'Espagne, n'entre certainement pas dans cette catégorie.
Béthune
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« La dette, qui n'est pas un problème propre à la France, est maintenant l'essence même du système financier mondial. La question, comme on voudrait nous le
faire croire, ne se résume pas à demander comment réduire le poids de la dette de l'Etat français comme un père de famille peut se demander comment réduire ses dettes auprès de sa banque. La
question est infiniment plus vaste que cela.
L'argent moderne […] provient de la création monétaire ex nihilo par le système bancaire, par le biais du crédit. Autrement dit la masse monétaire mondiale est une dette, répartie entre
les Etats, les entreprises et les ménages. Tout l'argent qui existe sur cette planète est dû. Dès lors, c'est le destin des hommes qui se trouve suspendu au bon vouloir du système bancaire, selon
qu'il accepte ou non d'accorder les crédits pour ceci ou pour cela. Sur quels critères? La nature maintenant « privée » de l'argent induit des critères de solvabilité et de profit. Les
crédits vont donc vers les emprunteurs solvables et sont porteurs d'intérêts; logique certes rémunératrice pour une élite, mais dévastatrice pour le plus grand nombre! "
(p. 71) Au total, entre le début de 1980 et la fin de 2006, nous avons payé 1142 milliards d’euros d’intérêts. La dette, quant à elle, a augmenté de 913 milliards d’euros. Pendant ces vingt-six ans, si nous n’avions pas eu à emprunter ces 913 milliards sur les marchés monétaires, c’est-à-dire si nous avions pu créer notre monnaie, faire exactement ce qu’on droit de faire les banques privées, si nous n’avions pas abandonné au profit des banques notre droit de seigneuriage, c’est-à-dire le bénéfice, sous forme d’intérêts, de la création monétaire, la dette, qui était de 229 milliards d’euros début 1980 serait inexistante aujourd’hui.
(p. 73) « C’est une chance que les gens de la nation ne comprennent pas notre système bancaire et monétaire, parce que si tel était le cas, je crois qu’il y aurait une révolution avant demain matin » Henry Ford.
(p. 77) La dette, qui n’est pas un problème propre à la France, est maintenant l’essence même su système financier mondial. La question, comme on voudrait nous le
faire croire, ne se résume pas à demander comment réduire le poids de la dette de l’Etat français comme un père de famille peut se demander comment réduire ses dettes auprès de sa banque. La
question est infiniment plus vaste que cela.
L’argent moderne provient de la création monétaire ex nihilo par le système bancaire, par le biais du crédit. Autrement dit, la masse monétaire mondiale est une dette, répartie entre les Etats,
les entreprises et les ménages. Tout l’argent qui existe sur cette planète est dû. Dès lors, c’est le destin des hommes qui se trouve suspendu au bon vouloir du système bancaire, selon qu’il
accepte ou non d’accorder des crédits pour ceci ou cela. Sur quels critères, La nature maintenant « privée » de l’argent induit des critères de solvabilité et de profitabilité. Les
crédits vont donc vers les emprunteurs solvables et sont porteurs d’ntérêts ; logique certes rémunératrice pour une élite, mais dévastatrice pour le plus grand nombre.
(p. 130) Josiah Stamp, Gouverneur de la Banque d’Angleterre, 1920 : « Si vous désirez être les esclaves des banques, et payer pour financer votre propre esclavage, alors laissez le banques créer l’argent. »
(p. 130) Rothschild frères (en 1865, dans une lettre envoyée par un banquier londonien à ses confrères de Wall Street à New York) : « Messieurs, un certain M. John Sherman nous a écrit qu’il n’y a jamais eu autant de chance pour les capitalistes d’accumuler de la monnaie par un « décret promulgué », selon le plan formulé par l’Association Britannique des Banquiers. Il donne presque tous les pouvoirs à la banque nationale sur les finances de la nation. (…) si ce plan prenait force d loi, il en découlerait de grands profits pour la fraternité des banquiers dans le monde entier. (…) M. Sherman dit que les quelques personnes qui comprennent ce système ou bien seront intéressées à ses profits ou bien dépendront tellement de ses faveurs qu’il n’y aura pas d’opposition de la part de cette classe, alors que la grande masse du peuple, intellectuellement incapable de comprendre les formidables avantages que tire le capital du système, portera son fardeau sans complainte et peut-être sans s’imaginer que le système est contraire à ses intérêts. »
(p. 131) Souvenons-nous : aux U.S.A., en 1861, l’Etat reprit le contrôle de l’émission et de la circulation d’une monnaie sans intérêts. La production agricole et industrielle redémarra, le chômage disparut. En 1865, après l’assassinat du président Lincoln*, les banques privées imposèrent de nouveau une monnaie avec intérêts. En dix ans, le pouvoir d’achat chutant de moitié, il y eut 35000 faillites avec tout un cortège de chômage et de misère. Logique, car les banquiers, ave les intérêts, prenaient la moitié de l’argent que les gens gagnaient en travaillant.
* (…) on doit remarquer que trois présidents des Etats-Unis furent assassinés après avoir remis en question la création monétaire privée : James Madison, Abraham Lincoln et John F. Kennedy qui aurait (…), le 4 juin 1963, soit cinq mois avant son assassinat, signé le décret présidentiel N°11110 redonnant au gouvernement U.S. le pouvoir d’émettre de la monnaie.
(p. 134) (Extrait du blog d’Etienne Chouard, préfacier du livre)
Vous pensez que la monnaie est un outil qui sert l’intérêt général ?
Etienne Chouard : Vous vous trompez, la monnaie est devenue (discrètement) un outil qui sert d’abord des intérêts privés. La construction de l’Union européenne pourrait bien être motivée principalement par ce détournement de la richesse publique, notamment à travers de l’article 104 du traité de Maastricht : « Il est interdit à la BCE et aux banques centrales des Etats membres, ci-après dénommées « banques centrales nationales » d’accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions ou organes de la Communauté, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publiques des Etats membres l’acquisition directe des instruments de leur dette, auprès d’eux, par la BCE ou les banques centrales nationales, est également interdite. » Par cet article (repris quasiment tel quel dans le TCE, art. III-181 rejeté en 2005 par référendum*), les Etats (c’est-à-dire nous tous) ne peuvent plus financer les investissements publics qu’en empruntant à des acteurs privés, et en leur payant un intérêt.
* Ainsi que dans le Traité de Lisbonne, où cet article 104 devient l’article 123.
André-Jacques Holbecq et Philippe Derudder. La dette publique, une affaire rentable. Editions Yves Michel, 2008
Anilertunga !
"On dit que devenus vieux, se sentant un poids pour les leurs, les loups, les lions, les éléphants et d'autres - tous ceux qui vivent en bande et comptent les uns sur les autres - un beau soir, furtivement, sans mot dire, au détour d'une vallée, se glissent dans l'ombre, s'y enfoncent seuls, jusqu'à ce qu'ils aient trouvé la nuit... et la mort... En fin d'une journée, à la suite d'une chasse échevelée au cours de laquelle ils avaient été incapables de prendre le relais, ils avaient réalisé que leur présence était devenue un danger à la survie de la bande... et ils s'en étaient allés. Les Esquimaux, je l'ai déjà fait remarquer, font de même. Ils n'attarderont jamais les autres en s'attardant trop longtemps, tels cette vieille Komartak, que le P. Fallaize avait bien un peu prolongée en aidant les siens en cachette. Mais elle s'était aperçue du manège, bien sûr. Et un matin de sauvage tempête de neige, elle quitta l'igloo, et sans hâte aucune, tout naturellement, elle se faufila dehors, non sans sans dire "Anilertunga !" (Je sors un moment). En vérité elle sortait pour un bien long moment, pour toujours. On retrouva sa longue robe de peau accrochée à un rocher autour duquel le vent l'avait enroulée. Elle l'avait enlevée, suivant la coutume, pour que le froid gèle plus vite son sang, arrêtant la vie. Elle aussi s'était rendu compte qu'elle gênait à la communauté.. et "Anilertunga", je m'en vais."
Roger Buliard OMI, Inunuak - Mgr Pierre Fallaize, premier missionnaire et évêque des Esquimaux du cuivre. OPERA, Paris, 1972.
Lire à ce sujet l'admirable récit de Gabrielle Roy: "La rivière sans repos", que m'avait offert l'écrivain et poète québécois Pierre Morency, qui raconte l'histoire d'une vieille Esquimaude du Grand Nord canadien qui, soignée dans un hôpital de Montréal, retourne dans son pays et meurt en se jetant dans la mer, seule.
Sur Gabrielle Roy: http://fr.wikipedia.org/wiki/Gabrielle_Roy
Christian Vélot et le Monde selon Monsanto
LE MONDE SELON MONSANTO
http://www.youtube.com/watch?v=P_RhMe4iN8o
http://www.youtube.com/watch?v=kcLOywuRtcY&feature=related
Interviews de l'intelligent, honnête et courageux chercheur en biologie moléculaire à l'Université d'Orsay Christian Vélot
http://www.youtube.com/watch?v=x1ySOyz4neo&feature=related
http://www.youtube.com/watch?v=V4NIt8-uAGM&feature=related
http://www.youtube.com/watch?v=SQvJvu4pmSY&feature=related
André Bouny/Réseau Voltaire: L'Agent Orange continue à tuer au Viêt Nam
La guerre du Viêt Nam continue
L’Agent orange tue encore
par Silvia Cattori (Réseau Voltaire)
Au cours des guerres au Viêt Nam et en Irak, les Etats-Unis ont privé les mouvements de résistance de cachettes naturelles en détruisant les jungles et les palmeraies. Ils ont également utilisé cette technique en Amérique latine pour détruire les cultures dans les zones où les habitants soutiennent des guérillas. Pour conduire cette guerre chimique et environnementale, ils ont utilisé des défoliants industriels, principalement l’Agent Orange, fabriqué par Monsanto.
Ce produit toxique continue à tuer au Viêt Nam, où il était utilisé il y a plus de quarante ans, en Irak où il était pulvérisé il y a six ans, et en Colombie où un ses dérivés sont toujours utilisé. André Bouny a consacré sa vie à étudier cette forme de guerre au Viêt Nam et ses conséquences actuelles. Il vient d’y consacrer un ouvrage détaillé et répond aux questions de Silvia Cattori.
Extraits:
"André Bouny : La situation actuelle au Viêt Nam est tout simplement catastrophique. Il y a quelques jours seulement, la Vice-présidente de l’Assemblée nationale du Viêt Nam annonça que 4 millions de personnes étaient actuellement contaminées.
Cela peut paraître énorme, pourtant ces chiffres sont, en pourcentage, bien en deçà à ceux des vétérans sud-coréens qui ont porté l’affaire en justice, par exemple… Or ils n’ont pourtant pas été exposés d’une façon comparable à celle de la population vietnamienne qui s’y trouve encore ! Anciens combattants et civils confondus sont atteints de maladies incurables et de cancers, dans un pays où l’accès aux soins est difficile, quand il y en a.
Puis il y a les nouveau-nés, ceux qui viennent au monde avec des déformations monstrueuses, des absences partielles ou totales de membres, et/ou des déficiences mentales. Il en est de même au Laos et au Cambodge, pays qui manquent cruellement de moyens pour faire un état des lieux épidémiologique, à l’instar du Viêt Nam. Aux USA, au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Corée du Sud, comme autour des bases militaires américaines au Philippines où était stocké le poison, vétérans et civils qui furent exposés à l’Agent Orange développent les mêmes maux.
Sur l’environnement, la forêt tropicale disparue ne se régénère pas, et on ne sait pas redémarrer la forêt tropicale quand les sols érodés ont perdu leurs nutriments, générés par la forêt elle-même, lui permettant de croître et d’exister : c’est une situation inextricable et désespérante. Au Viêt Nam, des zones entières sont proscrites aux cultures ou interdites d’accès : ce sont les hots spots. Ces points chauds sont souvent d’anciennes bases militaires états-uniennes étalées sur des surfaces considérables - de véritables villes - où on stockait l’Agent Orange avant de le transvaser dans les avions ou des engins terrestres, et qui étaient largement défoliées alentours pour des raisons évidentes de sécurité, tout comme leurs environs.
En ce qui concerne les USA, le Canada, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, le problème touche plus particulièrement les vétérans et, à des degrés divers, les lieux où ont été expérimentés les agents chimiques - ou parfois fabriqués, comme en Nouvelle Zélande - lors d’essais pour leur mise au point. Le combat des vétérans de ces pays, malades et ayant aussi une descendance pareillement atteinte est davantage connu car, comparativement au Viêt Nam, ces pays bénéficient de structures de soins. Mais tout de même, le combat de ces vétérans de pays dits développés fut long et féroce avant d’obtenir la reconnaissance de liens de cause à effet entre l’Agent Orange et leurs afflictions. Et ces combats continuent de nos jours. Pour la plupart des vétérans, la reconnaissance et les dédommagements se font toujours attendre."
"André Bouny : Dans la littérature générée par la guerre du Viêt Nam, il arrive que cette arme chimique soit brièvement mentionnée, faisant rarement l’objet d’une page entière. Aux États-Unis existent des publications consacrées à l’Agent Orange, essentiellement en référence aux vétérans nationaux. En 2005, l’Association d’Amitié Franco-Vietnamienne publia en langue française une petite anthologie de 13 auteurs spécialisés. Côté cinéma, s’il existe bien quelques documentaires - souvent d’initiative personnelle - aucun long métrage n’a encore été consacré à ce thème. Le film le plus long sur le sujet -programmé sur une chaîne de télévision française - dure 75 minutes et est consacré aux procédures vietnamiennes en terre états-unienne.
Il y a certainement des raisons objectives, mais aussi irrationnelles, à cela : absence de budget pour une œuvre qui ne projetterait pas l’image d’une Amérique bienfaisante, autocensure visant à préserver un honneur blessé, ou à ne pas affoler ou révolter l’opinion publique devant des images insoutenables d’enfants-monstres. Le crime de l’Agent Orange peut resurgir à l’occasion de l’urgente préoccupation à préserver l’environnement qui n’échappe pas à un effet de mode. D’autre part, l’utilisation des congénères chimiques de l’Agent Orange dans les pesticides utilisés par l’agriculture industrielle mobilise les gens autour d’une alimentation qui fait peur souvent à juste titre, liant ainsi les pesticides aux ressources alimentaires actuelles ; à l’opposé, l’Agent Orange fut utilisé au Viêt Nam, au Laos, et au Cambodge, pour détruire les ressources vivrières d’hier. Refermé, ce cercle relie de façon indissociable Le Monde selon Monsanto, de Marie-Monique Robin ; Solutions locales pour un désordre global, de Coline Serreau ; et Agent Orange – Apocalypse Viêt Nam : un signe des temps."
"D’autre part, la façon dont je parle de la guerre du Viêt Nam dans cet ouvrage n’est pas celle contée par les manuels d’histoire occidentaux : la perspective est celle des Vietnamiens. En effet, de nombreux éléments trop peu connus, oubliés par amnésie sélective, voire inconnus, jalonnent la toile de fond. Je veux parler de la fausse attaque subie par les navires US dans le golfe du Tonkin qui permit de déclencher la guerre contre le Viêt Nam du Nord communiste et de tromper le Congrès états-unien, ou de la trame des guerres secrètes menées au Laos et au Cambodge dans la plus parfaite illégalité nationale et internationale, ou encore de l’inimaginable tonnage de bombes déversées lors de cette deuxième guerre d’Indochine, du nombre impensable de morts et de blessés, ou de l’embargo qui accrut les dommages de cette longue guerre d’Indépendance sur la population civile, la première victime d’un des derniers conflits postcoloniaux… Ce sont quelques exemples."
http://www.voltairenet.org/article165995.html
Reportage vidéo sur internet:
Agent Orange - Vietnam
http://www.youtube.com/watch?v=GJxb7CY13uc
Hadès, la mécanique orange (documentaire 2012):
http://www.youtube.com/watch?v=2MLbuGE9BJ4
Le principe dynastique (Dumézil)
"Le principe non pas simplement monarchique, mais dynastique, qui met le plus haut poste de l'État à l'abri des caprices et des ambitions, me paraissait, et me parait toujours, préférable à l'élection généralisée dans laquelle nous vivons depuis Danton et Bonaparte. L'exemple des monarchies du Nord (de l'Europe) m'a confirmé dans ce sentiment. "
Georges Dumézil, Entretiens avec Didier Eribon
L'homme sans dieu (Aristote)
"Sans la loi, l'homme n'est qu'une bête ou un dieu, plus exactement une bête qui se prend pour un dieu."
Aristote, cité par Marcel De Corte
Marcel De Corte: la "dissociété"
"Depuis la Révolution Française, l'Eglise est en porte à faux dans ce que l'on appelle la sociéé moderne. L'Ancien Régime écroulé n'a pas fait place à un autre régime: nous ne sommes plus en société, mais en "dissociété". Les communautés naturelles ou semi-naturelles à taille d'homme dont l'ensemble formait un vaste corps couronné par l'Etat, n'exercent plus aucune fonction proprement sociale ou politique.
On l'a dit mille fois, mais il faut le redire: il n'y a plus que l'Etat d'une part, les citoyens de l'autre."
Marcel De Corte, Diagnostic d'un progresssisme, in: Revue Itinéraires n°99 et 101.
Grippe A/H1N1 : véritable menace ou escroquerie du siècle? (Ria Novosti)
Une analyse de l'agence internationale d'informations russe. Elle est présentée "diplomatiquement" sous forme d'interrogation, mais la démonstration prouve qu'il s'agit bel et bien d'une escroquerie, comme toutes les personnes sensées et honnêtes l'avaient déjà compris.
De la beauté de la femme (Rivarol)
"La Vénus de Florence n'est qu'un marbre, mais ce marbre a la perfection. Une femme a des imperfections, mais elle a la vie et le mouvement: en sorte que la statue serait insupportable à cause de son immobilité, si elle n'avait la perfection des formes; et le femme ne serait qu'une mauvaise statue à cause de ses imperfections, si elle n'avait le charme que lui donnent la vie et le jeu des passions."
Rivarol
Le petit peuple (Igor Chafarévitch)
S'appuyant sur les travaux d'Augustin Cochin, Igor Chafarévitch analyse dans son lumineux ouvrage "Russophobie" la captation du pouvoir, dans les Etats et les systèmes politiques issus de la Révolution française, par un "petit peuple" tyrannique aux intérêts indépendants du "grand peuple" (majorité) qu'il est censé représenter.
"Les vues examinées dans les deux précédents chapitres se fondent en un système unique. Qui plus est, leur fondement est constitué par tout une philosophie de l'Histoire - une vision particulière du caractère du processus historique. Il s'agit en l'occurence de savoir si l'Histoire est un processus organique, comparable à celui de la croissance d'un organisme vivant qu'on appelle l'évolution biologique, ou si elle est consciemment construite par les hommes comme une sorte de mécanisme. En d'autres termes, la question est de savoir si une société est un organisme ou bien un mécanisme, si elle est morte ou vivante (1).
Selon le premier point de vue, c'est à la faveur d'une [lente] évolution que la société humaine se seraient constituées des "normes de comportement" (au sens large: des normes technologiques, sociales, culturelles, morales et religieuses). Ces "normes de comportement" ne sont, en règle générale, l'invention consciente de personne, elles sont apparues à la suite d'un processus très complexe dont chaque nouvelle étape se fonde sur toute l'histoire antérieure. L'avenir est le fruit du passé, de l'Histoire, et non de supputations. Pas plus qu'un nouvel organe chez un animal n'apparaît parce que celui-ci a préablement acquis la conviction de son utilité, aucune institution sociale nouvelle n'est créée consciemment, et dans un but précis.
Le second point de vue consiste à affirmer qu'une société est construite par les hommes d'une façon logique, d'après des critères d'utilité et sur la base de de résolutions prises à l'avance. Là, on est autorisé et bien souvent forcé d'ignorer les traditions historiques, le caractère des peuples, les systèmes de valeurs élaborés au cours des siècles (une parole de Voltaire semble typique à cet égard: "vous voulez avoir de bonnes lois? Brûlez les vôtres et faites-en de nouvelles")(2). En revanche, un rôle décisif est joué par ceux qui détiennent les connaissances et le savoir-faire requis. Ce sont les véritables créateurs de l'Histoire. C'est à eux qu'appartient la rude tâche d'élaborer des plans pour l'avenir afin d'y plier ensuite l'insaisissable élan de la vie. le peuple n'est plus qu'un matériau entre leurs mains. Tels des charpentiers travaillant le bois ou des ingénieurs coulant le béton armé, ils érigent avec ce matériau [vivant] une construction nouvelle dont le schéma a été préalablement élaboré. Il va de soi qu'une telle vision des choses creuse un véritable gouffre entre le "matériau" et les "créateurs". Ces derniers ne peuvent considérer le "matériau" comme leur semblable (cela entraverait leur travail): en revanche, ils sont tout à fait enclins à éprouver à son égard de l'antipathie, voire de l'irritation si ce "matériau" refuse de remplir son rôle. Le choix de l'une ou de l'autre de ces conceptions détermine deux morphologies différentes. Celui qui adopte le premier point de vue se considère comme une sorte d'auxiliaire et de collaborateur des puissances qui surpassent de loin ses limitations individuelles. Celui qui se sent attiré par la seconde conception peut être enclin à se prendre pour un créateur indépendant de l'Histoire, un démiurge, un petit dieu et, en fin de compte, un violeur car c'est en suivant une telle voie qu'on aboutit à une société privée de liberté, quelles que soient les vélléités démocratiques d'une telle idéologie.
(...) Ce phénomène social pourrait sans doute devenir plus intelligible pour nous si nous le remplaçons dans un cadre
historique plus vaste. Nous connaissons, en effet, au moins une situation historique où un phénomène semblable a été minutieusement et très clairement décrit
- il s'agit de la Grande révolution Française. Parmi les chercheurs qui se sont penchés sur cette période, l'un des plus intéressants, tant par l'originalité de ses idées que par son
extraordinaire érudition, est sans conteste l'historien français Augustin Cochin. Dans ses travaux (3), il a accordé une attention toute particulière à une
certaine couche sociale et intellectuelle qu'il a appelée le "Petit Peuple". D'après Cochin, un cercle restreint de personnes formées au sein de sociétés de
pensée, d'académies, de loges maçonniques, de clubs et de cellules a joué un rôle décisif dans le déroulement du processus révolutionnaire en France. Ces
cercles n'avaient d'autre environnement intellectuel et spirituel que le leur: ce fut un "Petit Peuple" au milieu du "Grand Peuple", voire même une sorte
d'"anti-peuple", puisque sa vision du monde était diamétralement contraire à celle du "Grand Peuple". On y forgeait un type d'homme entièrement
nouveau, enclin au renversement [des valeurs]: tout ce qui constituait les racines, l'"échine spirituelle" de sa nation devait lui sembler profondément
étranger: ainsi, il ne devait faire aucun cas de la foi catholique, du code de l'honneur, de la fidélité au souverain, de sa fierté historique, de
l'attachement aux usages et aux privilèges de sa province natale non plus que de son état ou de sa guilde. Les "sociétés" autour desquelles se groupait le
"Petit Peuple" se chargeaient de créer à l'intention de leurs membres une sorte d'univers clos à l'intérieur duquel se déroulait leur existence toute
artificielle. Par exemple, si dans le monde ordinaire, c'est l'expérience qui constituait le critère ultime en matière de jugement (l'expérience historique),
dans leur monde clos, c'était l'opinion générale. N'était réel que ce que les autres membres de la "société" tenaient pour tel, et de même pour ce qu'ils disaient et approuvaient. L'ordre naturel des choses se trouvait ainsi renversé: la doctrine n'était plus une conséquence [de l'expérience], mais sa cause. Le mode de
recrutement des ces "sociétés" obéissait à la maxime : "se libérer du poids mort", c'est-à-dire des gens soumis aux lois du "monde ancien", i.e. des gens d'honneur, de parole et de foi. C'est pour cette raison que toutes ces "sociétés" connaissaient des épurations périodiques (qui correspondent aux "purges "de notre
époque). Ceci dans le but de forger un "Petit Peuple" de plus en plus pur, pour marcher vers la "liberté", c'est-à-dire une libération de plus en plus grande
par rapport aux modes de penser du "Grand Peuple" qui n'étaient en l'occurence que des préjugés tels que le sentiment religieux ou monarchique, saisissables
seulement en vertu d'un contact spirituel [avec les réalités que ces mots recouvrent]. Ce processus purificateur se trouve illustré chez Cochin d'un bel
exemple, celui du "bon sauvage", très répandu dans la littérature de l'époque des "Lumières" avec le Prince persan de Montesquieu ou le Gourou de Voltaire,
etc. Il s'agit le plus souvent d'un individu possédant tous les accessoires matériels ainsi que toutes les connaissances théoriques offertes par la
civilisation, mais totalement privé de la compréhension de l'esprit qui anime tout cela, et c'est pourquoi tout le choque, tout lui paraîtstupide et
illogique. D'après Cochin, ce personnage n'a rien d'une fiction, il fait partie de la vie: cependant il n'habite pas les forêts de l'Ohaïo, on le trouve tout
simplement au sein des académies philosophiques et des loges maçonniques, il est l'image de l'homme [nouveau] qu'elles voulaient créer, être paradoxal pour
qui son environnement naturel équivaut au vide, tout comme ce même milieu représente pour d'autres le monde réel. Il voit tout mais ne comprend rien, et
c'est justement la profondeur de cette incompréhension qui fait toute la valeur du personnage. Après avoir entièrement parcouru le cursus éducatif offert à
lui, c'est une existence pleine de merveilles qui attend le jeune représentant du "Petit Peuple": toutes les difficultés de la vie réelle disparaissent pour
lui, tout lui semble alors simpleet clair, comme s'il était définitivement libéré des chaînes de la vie. Mais il y a l'envers de la médaille:
l'apprenti-sorcierne sait guère vivre en dehors de son milieu d'adoption, dans l'univers du "Grand Peuple" il suffoque tel un poisson hors de l'eau. Ainsi,
le "Grand Peuple" devient une menace pour l'existence du "Petit Peuple": c'est le début d'une lutte: les Lilliputiens tentent d'enchaîner Gulliver. D'après
Cochin, cette lutte traversa les années qui précédèrent la révolution ainsi que la période révolutionnaire elle-même. 1789-1794, c'était le quinquennat du
pouvoir du "Petit Peuple" sur le "Grand Peuple". Celui-ci ne reconnaissait de peuple que lui-même et ce sont ses propres droits qu'il a formulés dans les
fameuses "Déclarations". Ce fait explique cet apparent paradoxe, lorsque le "peuple vainqueur" se retrouva en minorité et les "ennemis du peuple" en majorité (cette affirmation revenait sans cesse dans la bouche des révolutionnaires).
Nous sommes là confrontés à une vsion du monde étonnamment proche de celle qui fait l'objet de notre analyse dans le présent travail. Elle consiste entre autres à ne considérer son histoire nationale que sous l'angle de l'échec, à la tenir tout entière pour une scène de boucherie: voyez toutes ces Henriade et Pucelle
d'Orléans... Il s'agit de rompre tout lien avec la tradition historique et cela par n'importe quel moyen: changements de noms des villes, du calendrier,
etc. L'idée prévaut que tout ce qui est raisonnable doit être emprunté à l'extérieur, en l'occurence à l'Angleterre: cette conviction inspire, entre autres,
les Lettres Philosophiques de Voltaire (qu'on appelle parfois Lettres anglaises). On estime en particulier devoir emprunter à un système
politique étranger - le parlementarisme anglais.Nous sommes d'avis que cette façon de voir les choses ne s'applique pas seulement à la Révolution Française mais il est susceptible d'éclairer un
ensemble de faits historiques beaucoup plus large. Chaque période de crise dans la vie d'un peuple voit apparaître un "Petit Peuple" porteur d'une idéologie
diamétralement opposée à celle de la majorité. Tous les éléments organiques de la structure sociale, les racines spirituelles de la nation, sa tradition
politique, ses principes moraux, son mode de vie original, tout cela est rejeté en bloc et traité comme un ramassis d'âneries, de préjugés grotesques et
malpropres destinés à être élagués sans compromis.
N'ayant plus de liens sprirituels avec son peuple d'origine, cette petite "élite" considère celui-ci comme un matériau: le travail sur ce matériau n'est plus qu'une question d'ordre TECHNIQUE sans rapport avec la moindre norme morale, dénuée de toute sympathie (le verbe grec sunpathéo signifie littéralement "souffrir avec" NdT), de toute pitié. Cochin fait observer que cette vision du monde trouve son expression dans le symbole fondamental du mouvement maçonnique (qui a joué un rôle important dans la préparation de la Révolution Française): la construction du Temple, où les individus ne sont que les pierres que l'on assemble mécaniquement en suivant le plan des "architectes". (chapitre IV: Le petit peuple)
Igor Chafarévitch
de l'Académie des Sciences de Russie
de l'Académie des Sciences et des Arts des USA
de l'Académie Nationale Américaine des Sciences
de l'Académie Léopoldine d'Allemagne
de l'Académie Nationale italienne des Lynx
de la British Royal Society of London
Ancien rapporteur au Comité des Droits de l'Homme en URSS
Lauréat du Prix Lénine
Lauréat du Prix Heinemann
La Russophobie. Traduit du russe par Alexandre Volsky et publié sous la direction de Christian Jansen. Editions Chapitre Douze SER (1993)
(1) C'est à Platon qu'appartient la comparaison du législateur avec un maître d'oeuvre. Il élabore le plan d'un Etat idéal dans la République et les lois. De son côté, Aristote considère l'Etat comme le résultat d'une évolution naturelle comparable à celle de
la famille (Cf.: Politique 1252a). Dans Culture de la Renaissance en Italie, J. Burckardt affirme qu'il était courant de penser, à l'époque de la
Renaissance, que l'Etat représentait une construction artificielle. La théorie du "contrat social" de Hobbes et de Rousseau est une belle illustration du
point de vue "constructiviste". En revanche, le point de vue qui considère un Etat comme une sorte d'"organisme" vivant a conduit certains à imaginer
une "physiologie sociale", une "anatomie sociale", voire d'appliquer la théorie de Darwin aux phénomènes sociaux: cf l'ouvrage de Karl Menger: Untersuchungen über die Sozialwissenschaften und der politischen Ökonomie.. Leipzig, 1883. De nos jours, le point de vue
"organiciste" est développé dans l'oeuvre de Hayek. De manière générale, ce sont les historiens qui soutiennent la théorie "organique", tandis que celles des
"mécanismes sociaux" appartiennent en propre aux sociologues et aux politiciens (par exemple l'expression d'"ingénierie sociale").
(2) Phrase retraduite du russe, l'auteur n'ayant fourni aucune indication quant à sa source. (NdT).
(3) Les sociétés de pensée et la démocratie, Paris 1921.