Mais où sont les neiges d'antan ?
"J'ai vu dans ma vie plusieurs édifices magnifiques, mais jamais aucun plus beau ni plus riche [...]. L'intérieur de ce parc est rempli de forêts, de lacs, de ruisseaux, de pâturages et de lieux de chasse, et au milieu s'élève l'édifice avec ses créneaux dorés, ses ailes couvertes de plomb, ses pavillons, ses terrasses et ses corridors [...]. Nous partîmes de là émerveillés, ou, pour mieux dire, ébahis [...].
Jérôme Lippomano, ambassadeur vénitien (1557)
Dites-moi où, n'en quel pays,
Est Flora la belle Romaine,
Archipiades, ni Thais,
Qui fut sa cousine germaine,
Écho parlant quand bruit on mène
Dessus rivière ou sus étang,
Qui beauté eut trop plus qu'humaine.
Mais où sont les neiges d'antan ?
Où est la très sage Hélois,
Pour qui châtré fut et puis moine
Pierre Esbaillart à Saint Denis ?
Pour son amour eut cette essoyne.
Semblablement où est la reine
Qui commanda que Buridan
Fut jeté en un sac en Seine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?
La reine Blanche comme lys
Qui chantait à voix de sirène,
Berthe au grand pied, Bietris, Alis,
Haremburgis qui tint le Maine,
Et Jeanne la bonne Lorraine
Qu'Anglais brulèrent à Rouen ;
Où sont-ils, où, Vierge souv'raine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?
Prince, n'enquerrez de semaine
Où elles sont, ni de cet an,
Qu'à ce refrain ne vous ramène :
Mais où sont les neiges d'antan ?
Vladimir Arseniev (1872-1930) et Dersou Ouzala
L'explorateur russe Vladimir Arseniev (1872-1930)
Vladirmir Arseniev et le chasseur gold Dersou Ouzala.
Illustration tirée de l'ouvrage de Vladimir Arseniev: La taïga de l'Oussouri - Mes expéditions avec le chasseur gold Dersou. Paris, Payot, 1939
"Au cours de l'année 1902, lors d'une mission que j'accomplissais à la tête d'une équipe de chasseurs, je remontais la rivière Tzimou-khé qui se jette dans la baie de l'Oussouri, près du village de Chkotovo. Mon convoi se composait de six tireurs sibériens et comportait quatre chevaux chargé s de bagages. L'objet de cette mission était l'étude pour les services de l'armée de la région de Chkotovo et l'exploration des cols du massif montagneux du Da-dian-chan où prennent leurs sources quatre fleuves: le Tzimou, le Maï-khé, la Daoubi-khé et le Léfou. je devais ensuite reveler toutes les pistes avoisinant le lac de Hanka et le chemin de fer de l'Oussouri." (p. 11)
[...]
"Comment t'appelles-tu ?" demandai-je à l'inconnu.
"Dersou Uzala", répondit-il.
Cet homme m'intéressait. Il avait quelquechose de particulier. parlant d'une manière simple et à voix basse, il se comportait avec modestie, mais sans la moindre bassesse...
Au cours de notre longue conversation, il me raconta sa vie. J'avais devant moi un chasseur primitif qui avait passé toute son existence dans la taïga. Il gagnait par son fusil de quoi vivoter, échangeant les produits de sa chasse contre du tabac, du plomb et de la poudre que lui fournissaient les Chinois. Sa carabine était un héritage qui lui venait de son père.
Il me dit qu'il avait cinquante-trois ans et que jamais il n'avait eu de domicile. Vivant toujours en plein air, ce n'est qu'en hiver qu'il s'aménageait une "yourte" provisoire, faite soit en racine, soit en écorce de bouleau. Ses souvenirs d'enfance les plus reculés, c'étaient la rivière, une hutte, un bûcher, ses parents et sa petite soeur. (p. 21)
Vladimir Arseniev. La taïga de l'Oussouri. Mes expéditions avec le chasseur gold Dersou. Traduit du russe par le prince Pierre P. Wolkonsky. Payot, Paris, 1939.
La cantilène de Sainte Eulalie (878)
Les fils du diable
+ "Vous êtes les fils du diable, leur disait Jésus-Christ, et vous voulez accomplir les désirs de votre père; il fut homicide dès le commencement, et il ne demeura pas dans la vérité: quand il dit des mensonges, c'est de lui-même qu'il parle, parce qu'il est menteur et père du mensonge." +
Jean, VIII, 44
Louis XIII consacre la France à Notre Dame de l'Assomption
Au coeur de la France
Je me représentais un château du temps de Henri IV avec ses toits pointus couverts d'ardoises et sa face rougeâtre aux encoignures dentelées de pierres jaunies, une grande place verte encadrée d'ormes et de tilleuls, dont le soleil couchant perçait le feuillage de ses traits enflammés. Des jeunes filles dansaient en rond sur la pelouse en chantant de vieux airs transmis par leurs mères, et d'un français si naturellement pur, que l'on se sentait bien exister dans ce vieux pays du Valois, où, pendant plus de mille ans, a battu le coeur de la France.
Gérard de Nerval, Les filles du feu, Adrienne.