Enfant, je savais donner...
"Enfant je savais donner ; j'ai perdu cette grâce en devenant civilisé. Je menais une existence naturelle, alors qu'aujourd'hui je vis de l'artificiel. Le moindre joli caillou avait de la valeur à mes yeux ; chaque arbre était un objet de respect. J'admire aujourd'hui, avec l'homme blanc, un paysage peint dont la valeur est estimée en dollars ! C'est ainsi que l'indien est reconstitué, comme des pierres naturelles qui, réduites en poudre sont reformées en blocs artificiels pour aller construire les murs de la société moderne."
Chiyesa, écrivain indien.
A smoky day at the Sugar Bowl - Hupa, 1923.
Photographie de Edward S. Curtis (+1952)
Library of Congress
Insecticide firms in secret bid to stop ban that could save bees Last-ditch lobbying to sway vote in Brussels to halt use of killer nerve agents (The Observer)
Last-ditch lobbying to sway vote in Brussels to halt use of killer nerve agents
Damian Carrington
The Observer, Sunday 28 April 2013
Europe is on the brink of a landmark ban on the world's most widely used insecticides, which have increasingly been linked to serious declines in bee numbers. Despite intense secret lobbying by British ministers and chemical companies against the ban, revealed in documents obtained by the Observer, a vote in Brussels on Monday is expected to lead to the suspension of the nerve agents.
Bees and other insects are vital for global food production as they pollinate three-quarters of all crops. The plummeting numbers of pollinators in recent years has been blamed on disease, loss of habitat and, increasingly, the near ubiquitous use of neonicotinoid pesticides.
The prospect of a ban has prompted a fierce behind-the-scenes campaign. In a letter released to the Observer under freedom of information rules, the environment secretary, Owen Paterson, told the chemicals company Syngenta last week that he was "extremely disappointed" by the European commission's proposed ban. He said that "the UK has been very active" in opposing it and "our efforts will continue and intensify in the coming days".
(...)
Suite de l'article: link
L'inoubliable hymne de Princesse Mononoke (Joe Hisaishi)
Minute 5:10: l'inoubliable aria chantée par Masako Hayashi
Haritsumeta yumi no
Furueru tsuru yo
Tsuki no hikarini zawameku
Omae no kokoro
Togisumasareta
Yaiba no utsukushii
Sono kissaki ni yoku nita
Sonata no yokogao
Kanashimi to iraki ni
Hisomu makoto no kokoro
Wo shiru wa mori no sei
Mononoke-tachi dake
Mononoke-tachi dake...
Le son si tremblant d'un bel arc
Relâchant sa flèche en l'air
Et perçant la lumière de tous les astres
C'est ce dont ton cœur est fait
La magnificence d'une lame
Travaillée au plus haut point
Son allure est semblable au bout d'une arme
A la rage qui vit dans tes mains
Tu contemples souvent la colère
Et la tristesse, elles te sont comme des soeurs
Mais ceux qui savent de quoi vit ton cœur
Sont les esprits de la forêt
Sont les esprits de la forêt
Remerciements à Alain Sennepin qui m'a fait connaître ce film et Hayao Miyazaki
Otan économique et/ou G-2 géopolique ? par Alfredo Jalife-Rahme
Le projet de Barack Obama de créer une Zone de libre-échange transatlantique ne doit pas être envisagé du seul point de vue économique. Il s’agit de donner une identité capitaliste et de souder les Etats membres de l’OTAN. De ce point de vue, ce projet est un moyen de prolonger la prééminence des États-Unis en leur arrimant l’UE. A contrario, c’est une déclaration de guerre au reste du monde en général et aux BRICS en particulier.
La suite de l'article sur le site Réseau Voltaire: link
L'esprit de la terre hait l'homme blanc (Wintus de Californie)
Portrait de vieille femme Wintu par Edward S. Curtis
Les Blancs se moquent de la terre, du daim ou de l'ours. Lorsque nous, Indiens, chassons le gibier, nous mangeons toute la viande. Lorsque nous cherchons les racines, nous faisons de petits trous. Lorsque nous construisons nos maisons, nous faisons de petits trous. Lorsque nous brûlons l'herbe à cause des sauterelles, nous ne ruinons pas tout. Nous secouons les glands et les pommes de pin des arbres. Nous n'utilisons que le bois mort. L'homme blanc, lui, retourne le sol, abat les arbres, détruit tout. L'arbre lui dit: "Arrête, je suis blessé, ne me fais pas mal." Mais il l'abat et le débite. L'esprit de la terre le hait, il arrache les arbres et les ébranle jusqu'à leurs racines. Il scie les arbres. Cela leur fait mal. Les Indiens ne font jamais de mal, alors que l'homme blanc démolit tout. Il fait exploser les rochers et les laisse épars sur le sol. La roche dit: "Arrête, tu me fais mal." Mais l'homme blanc n'y fait pas attention. Quand les Indiens utilisent les pierres, ils les prennent petites et rondes pour y faire leur feu... Comment l'esprit de la terre pourrait-il aimer l'homme blanc ?... Partout où il la touche, il laisse une plaie.
Paroles d'une vieille femme Wintu (Indiens de Californie) tirées du livre de Dorothy Lee "Freedom and Culture"; Prentice Hall, Englewood Cliffs, New Jersey, 1959. In: "Pieds nus sur la terre sacrée". Textes rassemblés par T.C. MacLuhan. Photos de Edward S. Curtis. Traduit de l'américain par Michel Barthélémy, Denoël, 1974.
Koskimo faisant du feu. Edward Curtis (1914)
Source: link
Les peuples qui n’ont pas d’histoire n’ont pas d’avenir (Cdt Pierre-Henri Bunel, France))
Source: Horizons et Débats N°13, !er avril 2013 link
Il y a dix ans, commençait une opération d’agression de l’OTAN contre un peuple fier et libre, le peuple serbe. Ce drame intervenait avec la complicité d’une partie des opinions publiques abusées par la propagande de l’OTAN et de ses satellites!
Pour avoir pris part à une action qui visait à empêcher une telle forfaiture, c’est de l’intérieur d’une prison française que j’ai suivi tous les épisodes de cet événement qui frappera d’opprobre ses coupables pour une longue période de l’histoire. J’ai ressenti devant ce crime annoncé un double sentiment de honte et de fierté.
D’abord la honte: celle de voir mon pays s’engager volontairement dans cette trahison. Une trahison envers lui-même d’abord, parce que les raisons invoquées ne reposaient sur rien, parce que participer à cette infamie ne pouvait pas servir le peuple français et enfin, et c’est peut-être le plus grave de l’affaire, parce que nos dirigeants trahissaient ainsi une amitié traditionnelle fondée sur l’héritage de l’histoire.
En bombardant Belgrade, comme l’avaient fait les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, les «alliés» ne pouvaient que ternir fortement leur image pour les temps à venir.
Mais j’ai aussi ressenti un sentiment de fierté. J’avais appris à connaître le peuple serbe pendant mon déploiement en Bosnie-Herzégovine. Certes, la situation des Serbes de Bosnie-Herzégovine était difficile, mais ils ont toujours fait montre de loyauté à leur parole dans tout ce que les forces d’occupation leur demandaient. Il ne s’agissait pas de basse «collaboration» mais de respect de la parole donnée, entérinée par la signature du diktat de Dayton. Ils sont les seuls à avoir fait preuve de tant de courage et de loyauté en cette période qui était déjà fort peu glorieuse pour les complices de l’OTAN.
Et dans ma prison parisienne, je ne pouvais que ressentir un sentiment d’amitié envers les Serbes injustement frappés pour avoir voulu défendre leur existence, leur culture et leur liberté. Pour avoir défendu leurs droits les plus élémentaires, en somme. J’ai été fier de voir ces patriotes se masser sur les ponts sous les bombardements pour servir de boucliers humains à leur patrie bien aimée.
Au cours de ma détention, j’ai reçu de nombreux témoignages de sympathie venant des Serbes de France, mais aussi de Serbie. J’ai dans mon bureau une carte postale représentant des militaires serbes et français lors de la campagne des Balkans en 1918. Sur cette carte postale, il est écrit, en serbe: Srpski i francuski oficiri u I svetla skom ratu et, en français dans une cartouche «Merci, mon commandant Pierre-Henri Bunel! La Serbie prie le Dieu pour toi en ce mars 1999. Il s’agit de la carte n° 188 des Editions Francophiles 1999 et porte la signature du professeur Branko Vasiljevic.
Lorsqu’en 2003, mes amis Yves Bataille et Mila Aleckovic m’ont invité à venir à Belgrade, et que le directeur des Editions Gutenberg Galaksija, M. Mile Bavrlic, a bien voulu éditer en serbe mon livre «Nato Crimes» [Crimes de guerre à l’OTAN], j’ai enfin pu venir rendre visite à ce pays que j’aime tant et rencontrer les héros qui ont résisté aux bombes tueuses.
J’ai aussi pu franchir la rivière Ibar qui coule en direction de Kosovska Mitrovica, sous les regards haineux d’Albanais, mais sous la protection des Serbes restés sur la rive nord. J’ai alors mieux compris combien mon pays d’Ariège, dans les montagnes du Sud de la France, est proche de cette province du Sud de la Serbie. Proche par ses montagnes, proche par ses habitants qui sont eux aussi habitués au dur travail de l’agriculture de montagne, aux hivers rudes. Les gens de mon pays ont eu, eux aussi, à lutter contre des envahisseurs venus du Nord et le haut lieu de Montségur est pour nous autres Pyrénéens comme Kosovo Poljé pour la nation serbe.
Mais la forfaiture a continué avec l’acceptation par des satellites de Washington de l’indépendance de la province serbe du Kosovo et de la Métochie. Mais la France aussi a connu des périodes sombres de son histoire. Elle aussi s’est trouvée amputée de l’Alsace et de la Moselle par les hordes germaniques. De 1940 à 1945, elle aussi a été envahie. Et nous en sommes sortis.
Certes, on peut penser que la France est à nouveau sur une pente dangereuse. Mais, à elle comme à la Serbie, il reste un espoir. Les mêmes forces qui ont conduit à la mutilation de la Serbie et qui conduisent à la mutilation de la France, vont provoquer des insurrections et des révoltes dans nos deux pays. Mais il faut pour cela que la jeunesse serbe et la jeunesse française ne se laissent pas aveugler par les mirages de la société de consommation.
Les peuples qui n’ont pas d’histoire n’ont pas d’avenir. En revanche, ceux qui savent conserver leurs traditions, tout en prenant dans le modernisme des éléments positifs, ceux qui savent garder la conscience de ce qu’ils sont, de ce que les ont faits leurs pères, ceux-là ont de l’avenir.
L’évolution du monde prouve que les modèles que prônent nos ennemis sont éminemment fragiles, parce qu’ils reposent sur la mollesse et la paresse. Dans le monde qui se dessine, l’avenir sera à ceux qui sont durs à la tâche, modestes et pas compliqués. C’est notre devoir, à nous adultes de montrer le droit chemin à nos enfants. Guidés par nos dirigeants spirituels, mais à la force de notre énergie, il nous appartient de reprendre les rênes de nos destins.
Vous, les Serbes, êtes courageux, vous l’avez montré au cours de votre histoire et au moins depuis la Bataille du Champ des Merles – Kosovo poljé. Aujourd’hui, vous n’êtes pas seuls, même si vos frères des combats futurs sont encore opprimés et contraints au silence.
La foi en Dieu, en la patrie et la tradition est la source de l’avenir glorieux et de notre honneur.
Aujourd’hui, en ce dixième anniversaire de ces horreur qui auront bientôt une fin, je voudrais vous dire à tous mon amitié et l’amour que je vous porte.
Gloire et longue vie au peuple serbe!
Votre ami, votre frère,
Pierre-Henri Bunel
(Traduction Horizons et débats)
* Pierre-Henri Bunel, commandant des Forces armées françaises, à l’époque de l’opération d’agression de l’OTAN, il était représentant français auprès du comité militaire de l’OTAN à Bruxelles.
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Dix ans déjà!
Extrait des actes du Congrès intitulé «Nato Aggression. The Twilight of the West»
(Horizons et Débats N°13, 1er avril 2013)
La deuxième partie intitulée «Messages et discours de bienvenue» contient tous les messages de différents contacts, sous forme de discours de bienvenue ou de meilleurs vœux pour un travail couronné de succès lors de cette conférence vouée à la condamnation du crime d’agression, qui ne devrait jamais et nulle part se répéter, et qui ne devrait jamais tomber dans l’oubli. Nous avons obtenu 15 tels messages et discours de bienvenue. Ils nous sont parvenus du monde entier, de l’Inde, du Brésil, de la Palestine, de la Biélorussie ainsi que de la France et de la Grèce. Ils ont une signification et un poids durables. Ceux parmi nous auxquels la préparation et la mise en œuvre de la conférence et l’établissement de ces actes de Congrès ont été confiés, ressentent la plus profonde gratitude envers les auteurs de ces contributions. Ils ont exprimé leur soutien et leur compassion envers notre pays et notre Nation pour la souffrance à laquelle nous étions exposés et pour sa révolte héroïque contre l’adversaire incomparablement plus fort. Chacun de ces messages et discours de bienvenue est extrêmement important et précieux. Nous ne les comparons pas et ne les évaluons pas.
Après cette remarque, j’en choisirai un comme exemple, non pas parce qu’il est meilleur ou plus précieux que les autres, mais parce qu’il contient – pour nous et le monde entier qui pense de manière libérale – un symbolisme particulier. Il s’agit du message de Pierre-Henri Bunel, major de l’armée française, qui, à la veille de l’agression de l’OTAN en Serbie, a communiqué à un diplomate serbe ses connaissances sur certains aspects secrets des intentions criminelles de l’OTAN. Ainsi il a apporté là une contribution inestimable qui a permis de réduire le nombre des victimes serbes. Pour cette action héroïque, le brave major Bunel a passé quelque temps en prison. Nous pouvons mieux comprendre le sens de son message et l’éthique de son auteur en considérant le titre qu’il a donné à sa contribution: «Message au pays des héros qui ont résisté aux bombes tueuses». Ce message se passe de commentaires. C’est pourquoi il ne nous reste qu’à dire: nous vous remercions, courageux major. Votre action servira de modèle aux générations futures parce qu’elle montre comment l’honneur, la dignité et la lutte pour la justice peuvent surmonter toute peur et toute perte. •
(Traduction Horizons et débats)
Annexes
Conférence du Cdt Pierre-Henri Bunel sur l'américanisation et la globalisation: link
Le 8 avril 2009, le Club de la Cité recevait le Commandant Pierre-Henri Bunel à l'occasion d'une conférence portant sur l'américanisation et la globalisation. Ancien officier de renseignement, artilleur de formation, américaniste et arabisant, observateur de l'ONU en Israël-Palestine, ayant participé à la Guerre du Golfe (1990-1991) et à la Guerre de Bosnie (1995), il fut médiatisé un temps après été condamné à la prison ferme pour avoir transmis à un officier serbe les plans de frappe de l'OTAN sur la Serbie en 1998.
Le Cdt Pierre-Henri Bunel explique la naissance d'Al Qaida: link
Le
Commandant Pierre-Henri Bunel, Officier retraité de l'Armée de Terre et des Services de
renseignement (spécialiste de l'aire atlanto-arabe) nous explique ce que lui et ses collègues des Services savent du canularAl-Qaïda : l'histoire du prétendu groupe terroriste, la
chronologie, l'étymologie, les aires géographiques, etc...
Est abordé le problème des réseaux financiers
occultes et offshores, bras armés du terrorisme d'Etat.
L'entretien se termine avec les points de vue de
Bunel sur le scénario du Pentagone.
Date: Mercredi 9 Octobre 2002.
Invité: Pierre-Henry Bunel.
Emission: Le Libre Journal de Serge de Beketch.
Source: Radio Courtoisie (www.radiocourtoisie.net)
L'agression de la Yougoslavie par l'OTAN en 1999 a inauguré une nouvelle ère de guerres de conquête (Horizons et Débats)
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«L’agression de l’OTAN contre la Yougoslavie en 1999 était un modèle des nouvelles guerres de conquête»
«Interventions humanitaires» – prétexte pour le stationnement de troupes américaines
Interview de Živadin Jovanovic, ancien ministre des Affaires étrangères de la République fédérale de Yougoslavie, aujourd’hui président du Belgrade Forum for a World of Equals.
Extraits :
Vous avez mentionné l’encouragement à la paix comme l’une de vos affaires principales. Mais les peuples de votre région ont été les victimes de guerres au cours de la dernière décennie du XXe siècle.
C’est vrai. Les peuples de l’ex-Yougoslavie ont énormément souffert, d’abord lors des guerres civiles en Bosnie et en Croatie (de 1992 à 1995), puis suite à l’agression de l’OTAN (1999), suite aux sanctions et à l’isolation etc. Une grande partie de ces populations souffrent encore aujourd’hui. Pensez par exemple à la vie de presque un demi-million de réfugiés et d’expatriés qui vivent uniquement en Serbie, auxquels on ne permet pas de retourner dans leurs maisons en Croatie ou au Kosovo et Métochie. Les conséquences sont toujours douloureuses et le seront encore loin dans l’avenir. Que dire des conséquences des bombes à sous-munitions et des projectiles à l’uranium appauvri que l’OTAN a utilisés en 1999 et qui font encore de nombreuses victimes et le feront encore pendant des siècles. L’histoire apportera la preuve que les peuples d’ex-Yougoslavie ont été les victimes de la conception du Nouvel ordre mondial qui repose en réalité sur le pouvoir et l’exploitation.
(…)
Au lieu d’un Etat, il y en a maintenant six qui ne sont pas solides économiquement, des Etats marionnettes, et un septième qui sera créé prochainement. 18 gouvernements1, six armées, six services diplomatiques etc. La dette extérieure, en 1990 pour toute la RFSY de 13,5 milliards, a augmenté pour les six républiques ex-yougoslaves jusqu’en 2012 à environ 200 milliards d’euros! Quelques-uns parmi eux sont devenus totalement dépendants du point de vue financier. A qui a profité tout cela? Jusqu’en 1990, il n’y avait dans la région pas une seule base militaire étrangère. Aujourd’hui, il existe une série de bases militaires étrangères, avant tout des Etats-Unis, dont Camp Bondsteel est la plus grande d’Europe.2 Pour quoi faire? Pour servir qui? Presque 18 ans après les Accords de Dayton, la Bosnie n’est toujours pas en état de fonctionner; l’ancienne République yougoslave de Macédoine (FYROM, Former Yugoslav Republic of Macedonia) n’est pas en état de fonctionner, dix ans après les Accords cadre d’Ohrid et continue à être confrontée à des divisions et des tensions ethniques profondes. 14 ans après la Résolution 1244 du Conseil de sécurité de l’ONU, le statut du Kosovo et Métochie est toujours sans solution. Sali Berisha de Tirana et Hashim Thaci de Pristina plaident publiquement pour la création d’une soi-disant Grande Albanie. D’autres problèmes brûlants tel le chômage entre 30% et 70%, la pauvreté, des centaines de milliers de réfugiés et d’expatriés, la criminalité organisée internationale, dont le fond de commerce sont les organes humains, les drogues, les armes et les immigrants, donnent une image sombre et d’insécurité de la Yougoslavie.
Qui a donc réellement profité de la fragmentation de la Yougoslavie?
(…)
Vous avez mentionné l’intervention de l’OTAN. Comment la voyez-vous après 14 ans?
Mon opinion n’a pas changé. C’était illégal, criminel et une attaque immorale contre un Etat européen souverain. Illégal car elle a violé tous les principes fondamentaux du droit international, également de la Charte de l’ONU, de l’Accord d’Helsinki et de beaucoup d’autres conventions internationales. Elle a été exécutée sans mandat du Conseil de sécurité. Criminel aussi parce qu’elle s’est dirigée avant tout contre les populations et l’infrastructure civiles et que des armes interdites, par exemple des armes chimiques, des bombes à sous-munitions et des projectiles à l’uranium appauvri ont été utilisées. Immoral parce qu’elle a été basée sur de faux prétextes et des mensonges. Les dirigeants de l’OTAN sont responsables avant tout du meurtre d’environ 4000 personnes et d’environ 10 000 blessés, dont deux tiers des civils. Les dommages matériels directs s’élèvent à 100 milliards de dollars. L’agression de l’OTAN n’a pas apporté de solutions mais créé beaucoup de nouveaux problèmes. Elle a été une guerre de conquête et non pas une «intervention humanitaire».
Pourriez-vous préciser?
J’ai déjà mentionné quelques-unes des conséquences directes. Au sens plus large, il faut considérer que l’agression de l’OTAN a marqué un changement stratégique dans l’essence de l’Alliance: Elle a abandonné sa politique de défense et a introduit une politique offensive (agressive), tout en s’autorisant elle-même à intervenir à tout moment sur chaque point du globe. L’ONU, notamment le Conseil de sécurité, ont été court-circuités et le droit international et la justice violés.3
C’était la première guerre longuement préparée sur sol européen depuis la Seconde Guerre mondiale. C’était une démonstration du pouvoir des Etats-Unis en Europe, l’expansion vers l’Est, une justification pour les dépenses de l’OTAN, même après la dissolution du Pacte de Varsovie, et un précurseur pour des interventions futures (Afghanistan, Irak, Libye).
C’était une guerre octroyée et dirigée par une puissance extra-européenne avec la conséquence qu’elle restera pour longtemps sur le sol européen.
L’agression a aussi marqué un changement stratégique de la politique allemande depuis la Seconde Guerre mondiale. En participant activement à l’agression de l’OTAN contre la Serbie, l’Allemagne s’est écartée de sa propre Constitution et a ouvert tout grand la porte pour faciliter la militarisation et pour pouvoir jouer un rôle dans les combats bien loin de son propre territoire.
Aujourd’hui nous avons sur le sol européen plus de bases militaires qu’à l’apogée de la guerre froide. Après l’agression de l’OTAN contre la Serbie les bases militaires ont commencé à pousser partout. Comment s’expliquer la propagation de la démocratie et en même temps la propagation de bases militaires? Je n’ai jusqu’à présent pas trouvé d’explication convaincante. Il me semble que là quelque chose n’est pas en ordre.
(…)
Quelles sont les leçons qu’on peut tirer de l’agression de l’OTAN pour vous et pour le monde?
L’agression de l’OTAN contre la République fédérale de la Yougoslavie de 1999 a été un modèle des nouvelles guerres de conquête sous le slogan de l’«intervention humanitaire». C’était une guerre de conquête pour prendre à la Serbie ses provinces du Kosovo et Métochie et pour y stationner, pour des raisons stratégiques, des troupes des Etats-Unis. C’était un précédent et d’autres ont suivi. A mon avis, il est actuellement tout aussi inacceptable de vouloir exporter le système de société capitaliste qui repose uniquement sur la doctrine de Washington, comme cela a été le cas au cours des années 1960 concernant l’exportation du système socialiste, reposant sur la doctrine de Moscou. La liberté de choix devrait être le droit souverain de chaque pays. Il n’est pas juste de diviser les peuples comme si Dieu avait donné le droit à quelqu’un de décider de ce qui est bon pour toutes les autres nations du monde. L’histoire nous a appris, au moins en Europe, qu’une telle idéologie est la source d’un grand danger.
(…)