"Légalisation du cannabis – qui en profite?" par Jürg Barben (Horizons et Débats)
Ce qui était à peine imaginable il y a 40 ans est une réalité aujourd’hui: alors qu’aux Etats-Unis la marihuana est toujours considérée comme une drogue illégale sur le plan fédéral, 30 Etats américains l’ont admise pour des indications médicales et dix pour la consommation récréative.1 Après l’Uruguay (2014), le Canada a annoncé la légalisation du cannabis récréatif.2 Et cela a été entrepris malgré les effets nocifs sur la santé connus depuis de longues années et un apport thérapeutique mineur.3–7 Depuis mi-2016, les produits du cannabis contenant moins de 1% de THC sont légalement accessibles en Suisse. Déjà 580 entreprises ont investi dans le commerce légal du chanvre et cet engouement a rapporté pour la première fois aux caisses de l’Etat 15 millions de francs en 2017.8
Aux Etats-Unis s’est déjà développée, attirée par des gains chiffrés en milliards, une impressionnante industrie du cannabis.9 Elle a beaucoup appris de l’industrie du tabac.10, 11 Dans les Etats américains, où la marihuana est légale, les ventes ont atteint 8 milliards de dollars l’an passé et, pour l’année 2025, le produit de la vente est estimé à 24 milliards.1 Suite à cela, ces Etats ont encaissé 745 millions de dollars d’impôts, qui s’élèveront à 4,3 milliards pour 2025 selon les estimations. Cependant – à l’instar de l’épidémie du tabagisme –, ces gains ne couvriront pas les coûts engendrés (coûts de santé directs, pertes de gains, coûts sociaux) à l’avenir.
Le nombre de consommateurs de cannabis âgés de plus de 12 ans est estimé aux Etats-Unis à 22 millions, dont seulement 10% l’utilisent pour des raisons médicales. Le quota des fumeurs de cannabis dans la population a augmenté de 6,2% en 2002 à 8,3% en 2015.12 Le nombre de personnes dépendantes fut estimé en 2014 à 2,7 millions, étant donné qu’en moyenne 9% des consommateurs développent une dépendance à la substance. Ce pourcentage s’élève cependant à 17% si la consommation débute dans l’adolescence, et à 20–50% si la consommation est quotidienne.1 Depuis 1992, le contenu moyen de Δ9-tétrahydrocannabinol (THC), la substance psychoactive la plus importante de la plante de cannabis, a augmenté de 3% à 12% en 2012; la teneur de THC dans l’huile de cannabis concentrée peut même atteindre 75%.1, 13, 14
«Pour obtenir sa légalisation, le cannabis fut banalisé intentionnellement, et un petit nombre de personnes en font une affaire extrêmement lucrative.»
Dans un rapport circonstancié, Tracking the money that’s legalizing marijuana and why it matters, la National Families in Action (NIFA) documente pour la première fois de manière détaillée les flux d’argent engagés ces 20 dernières années dans les votes sur la légalisation du cannabis aux Etats-Unis.15 Il apparaît également que la lutte pour l’admission du cannabis selon des indications médicales a été utilisée uniquement comme étape préliminaire en vue d’une légalisation ultérieure complète. Depuis 1996, les trois milliardaires George Soros, Peter Lewis et John Sperling ont contribué ensemble pour 80% de l’argent utilisé dans les votes des différents Etats de l’Amérique du Nord. Déjà en 1992, George Soros, ayant fait sa fortune en tant que spéculateur financier, a fait don de 15 millions de dollars pour promouvoir la campagne de légalisation du cannabis pour des raisons médicales. Plus tard seulement, il a utilisé son Open Society Foundation pour une légalisation complète (d’abord en Uruguay).16 Les deux autres milliardaires Peter Lewis et John Sperling ont fait fortune dans l’industrie des assurances pour l’un et dans celle de l’éducation à but lucratif pour l’autre (for-profit education movement); ils sont les deux décédés depuis. Tous les trois ont vu la médicalisation du cannabis comme une première étape nécessaire sur la voie de la légalisation complète. En 1993, Richard Cowen, directeur de la National Organization for the Reform of Marijuana Laws (NORML), déclara sans ambiguïté lors d’une conférence de presse: «The key to it [full legalization] is medical access. Because, once you have hundreds of thousands of people using marijuana medically, under medical supervision, the whole scam is going to be blown. The consensus here is, that medical marijuana is our strongest suit. It is our point of leverage, which will move us towards the legalization of marijuana for personal use».15
«Depuis mi-2016, les produits du cannabis contenant moins de 1% de THC sont légalement accessibles en Suisse.»
Les données scientifiques établies en faveur du cannabis en tant que médicament sont rares; une recherche scientifique systématique de bonne qualité, notamment des études prospectives randomisées en double aveugle, n’existent guère.7 En 1975, le Nabilon – un dérivé complètement synthétique du THC – fut breveté par la firme Eli Lilly en tant que tranquillisant et antiémétique. Il fut admis ensuite contre l’anorexie et la cachexie des patients souffrant du sida, et comme antiémétique contre les nausées et les vomissements secondaires aux traitements cytostatiques et par irradiation dans le cadre des traitements des cancers. Dronabinol est le deuxième médicament contenant du THC admis pour les mêmes indications. Son administration médicale est également permise en Suisse au moyen d’une autorisation spéciale de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Son principe actif est administré principalement sous forme d’une solution admise pour lutter contre le manque d’appétit et les nausées des maladies graves, et contre les fortes douleurs et la spasticité.
L’effet de ces deux médicaments cependant est mineur, réalisable sans problèmes par d’autres médicaments. En 2017, les National Academies of Sciences (NAS) américaines ont publié le texte le plus complet sur le cannabis: The Health Effects of Cannabis and Cannabinoids: The Current State of Evidence and Recommendations for Research.12 Les NAS ont scruté 10 700 abstracts sur le sujet. Elles arrivent à la conclusion que l’efficacité des cannabinoïdes est uniquement prouvée dans les cas de nausées induites par la chimiothérapie, de la cachexie en relation avec le sida, partiellement dans les cas de douleurs chroniques et des spasmes musculaires de la sclérose en plaques. En même temps, les NAS soulignent que le cannabis augmente le risque d’accidents de la circulation, qu’il représente un risque d’intoxication chez les enfants et qu’il augmente le risque de développer une schizophrénie ou d’autres psychoses, ainsi que celui des angoisses. Le rapport des NAS indique également que la consommation de cannabis engendre une diminution de l’attention et de la mémorisation ainsi que de la capacité d’apprendre.
Un travail récent rend attentif sur l’effet néfaste du cannabis sur le développement du cerveau in utero et des nouveaux-nés, raison pour déconseiller vivement sa consommation aux femmes enceintes et lors de l’allaitement.17
«On déconseille vivement la consommation de cannabis aux femmes enceintes et lors de l’allaitement.»
La légalisation du cannabis à des fins récréatives ouvre des possibilités pour son commerce dont les conséquences ne sont guère prévisibles actuellement.10,11 Les débats sur comment contenir par de nouvelles mesures de régulation les problèmes sanitaires engendrés vont lier des ressources financières et juridiques considérables.14 L’industrie de la marihuana pourrait prendre la même voie empruntée par l’industrie du tabac: celle-ci a développé dans le siècle passé avec la cigarette le parfait applicateur de la drogue nicotine et a, par des campagnes de publicité et de promotion perfides, élargi le nombre de fumeurs de cigarettes dans la population de 1% en 1880 à 50% dans les années 1950.10,18,19 Comme pour le tabac, la légalisation du cannabis va être suivi par une kyrielle de problèmes de santé et de sécurité, ainsi que par des conséquences financières jamais connues pour les personnes touchées – et ceci sur le plan individuel et sociétal, tandis qu’un petit nombre va s’enrichir par le commerce du cannabis.14,20 Outre l’alcool, le cannabis va constituer à l’avenir un problème de sécurité dans les lieux de travail et dans la circulation routière. La longue demi-vie du THC se répercutera sur la qualité du travail, mais aussi sur l’incidence des accidents et de la mise en danger de la vie d’autrui. A cause de sa liposolubilité, le THC se dépose dans le tissu adipeux, il se mobilise encore après plusieurs heures par la circulation du sang et il se trouve dans les urines même plusieurs jours après la consommation.6 Il s’y ajoute un nombre croissant de jeunes gens qui, suite au «syndrome du manque de motivation», interrompent leurs études ou leur apprentissage, nécessitant leur prise en charge par les œuvres sociales d’institutions étatiques ou autres et ayant besoin d’un accompagnement à long terme.3,13,21–23
Outre les produits biologiques du cannabis, on est confronté depuis les années 80 à l’augmentation constante de la production de cannabinoïdes synthétiques par d’innombrables laboratoires actuellement à peine contrôlables et ayant conduit à de nombreux décès.24,25 A l’heure actuelle, il est spécialement à la mode chez les adolescents de «vapoter» des cannabinoïdes à l’aide de cigarettes électroniques modernes à fonctions multiples, ce qui est devenu particulièrement populaire en France.26
«Les NAS ont scruté 10 700 abstracts sur le sujet.»
Comparable à celui du tabac, le marché du cannabis se base également sur le commerce d’une substance addictive, dont les conséquences physiques et psychiques sont bien connues. Pour obtenir sa légalisation, le cannabis fut banalisé intentionnellement, et un petit nombre de personnes en font une affaire extrêmement lucrative.13 Après les premiers succès obtenus sur le plan de l’épidémie mondiale du tabagisme grâce à la Convention cadre de l’OMS pour le contrôle du tabagisme (CCLAT, www.fctc.org), on est en train de créer une nouvelle épidémie par la légalisation du cannabis, dont les suites sont difficilement prévisibles.10 Pour cette raison, plusieurs sociétés médicales, comme par exemple la Deutsche Gesellschaft für Pneumologie ou l’American Thoracic Society, ont attiré l’attention sur les dangers de la consommation de cannabis par une prise de position et un rapport.7,27 •
1 Haffajee RL, MacCoun RJ, Mello MM. Behind Schedule – Reconciling Federal and State Marijuana Policy. N Engl J Med. 2018; 379(6): 501–4.
2 Felder K. Kanada – eine Grossmacht im Cannabis-Geschäft. «Neue Zürcher Zeitung» du 16/5/18; p. 26.
3 Taeschner KL. Cannabis – Biologie, Konsum und Wirkung. 4. erweiterte Auflage. Deutscher Ärzte-Verlag; 2005.
4 Volkow ND, Baler RD, Compton WM, Weiss SR. Adverse health effects of marijuana use. N Engl J Med. 2018; 370(23): 2219–27.
5 Hall W, Degenhardt L. Adverse health effects of non-medical cannabis use. Lancet. 2009; 374(9698): 1383–91.
6 Schuurmans MM, Befruia N, Barben J. Factsheet 1: Cannabis. Primary and Hospital Care – Allgemeine Innere Medizin. 2016; 16(20):384–6.
7 Kreuter M, Nowak D, Ruther T, Hoch E, Thomasius R, Vogelberg C, et al. Cannabis-Position Paper of the German Respiratory Society (DGP). Pneumologie. 2016; 70(2): 87–97.
8 Friedli D. Cannabis bringt Millionen ein. NZZ am Sonntag, 8/4/18; p. 9.
9 Grundlehner W. Cannabis benebelt die Investoren. «Neue Zürcher Zeitung» du 27/6/17; p. 29.
10 Richter KP, Levy S. Big marijuana – lessons from big tobacco. N Engl J Med. 2014; 371(5): 399–401.
11 Barry RA, Hiilamo H, Glantz SA. Waiting for the opportune moment: The tobacco industry and marijuana legalization. Milbank Q. 2014; 92(2): 207–42.
12 National Academies of Sciences. The Health Effects of Cannabis and Cannabinoids: The Current State of Evidence and Recommendations for Research. 2017. nap.edu/24625
13 Yazdi K. Die Cannabis-Lüge – Warum Marihuana verharmlost wird und wer daran verdient. Berlin: Schwarzkopf-Verlag; 2018.
14 Kilmer B. Recreational Cannabis – Minimizing the Health Risks from Legalization. N Engl J Med. 2017; 376(8): 705–7.
15 Rusche S. Tracking the Money That’s Legalizing Marijuana and Why It Matters. 2017. http://www.nationalfamilies.org/ survey_report.html
16 Monsanto plant gentechnisch verändertes Marihuana. Deutsche Wirtschaftsnachrichten. 17 décembre 2013. https://deutsche-wirtschafts-nachrichten.de/2013/12/17/monsanto-plantgentechnisch-veraendertes-marihuana/
17 Jansson LM, Jordan CJ, Velez ML. Perinatal Marijuana Use and the Developing Child. JAMA. 2018; Jul 16 [Epub ahead of print].
18 Barben J. Tabaklobby und Kinderfänger – wie cool ist rauchen wirklich. Teil 1: Tabakepidemie, Werbung und Manipulation. Schweiz Med Forum. 2011; 11:370–5.
19 Barben J. Tabaklobby und Kinderfänger – wie cool ist rauchen wirklich. Teil 2: Passivrauchen und Strategien der Tabakindustrie. Schweiz Med Forum. 2011; 11:389–93.
20 Rusche S, Sabet K. What Will Legal Marijuana Cost Employers? 2017. www.nationalfamilies.org/reports/What_Will_Legal_Marijuana_Cost_Employers--Complete.pdf
21 Lynskey M, Hall W. The effects of adolescent cannabis use on educational attainment: a review. Addiction. 2000; 95(11): 1621–30.
22 Bray JW, Zarkin GA, Ringwalt C, Qi J. The relationship between marijuana initiation and dropping out of high school. Health Econ. 2000; 9(1): 9–18.
23 Horwood LJ, Fergusson DM, Hayatbakhsh MR, Najman JM, Coffey C, Patton GC, et al. Cannabis use and educational achievement: findings from three Australasian cohort studies. Drug Alcohol Depend. 2010; 110(3): 247–53.
24 Trecki J, Gerona RR, Schwartz MD. Synthetic Cannabinoid-Related Illnesses and Deaths. N Engl J Med. 2015; 373(2): 103–7.
25 Adams AJ, Banister SD, Irizarry L, Trecki J, Schwartz M, Gerona R. «Zombie» Outbreak Caused by the Synthetic Cannabinoid AMB-FUBINACA in New York. N Engl J Med. 2017; 376(3): 235–42.
26 Pourchez J, Forest V. E-cigarettes: from nicotine to cannabinoids,the French situation. Lancet Respir Med. 2018; 6(5): e16. doi: 10.1016/S2213-2600(18)30069-9.
27 Douglas IS, Albertson TE, Folan P, Hanania NA, Tashkin DP, Upson DJ, et al. Implications of Marijuana Decriminalization on the Practice of Pulmonary, Critical Care, and Sleep Medicine. A Report of the American Thoracic Society Marijuana Workgroup. Ann Am Thorac Soc. 2015; 12(11): 1700–10.
Source: Schweizerische Ärztezeitung – Bulletin Des Médecins Suisses – Bollettino Dei Medici Svizzeri 2018;99(48):1710–1712
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Sur le même sujet et dans le même numéro de la revue suisse Horizons et Débats:
La paille et la poutre: la répression en Chine et en France (Bruno Guigue)
(...)
"Si l’on accrédite la relation des faits par l’ONG américaine - c’est mon postulat initial - , il est tout aussi clair que la répression, en République populaire de Chine, frappe un nombre extrêmement limité de personnes. Les trente incarcérations et les vingt condamnations qu’a connues la Chine en 2017 sont à comparer, par exemple, avec la répression qui frappe les Gilets Jaunes depuis novembre 2018. Avec 8 500 arrestations, 1 800 condamnations pénales, 200 incarcérations et 110 blessés graves dont 19 personnes énuclées, le bilan de la répression policière et judiciaire qui s’est abattue sur ce mouvement populaire est impressionnant. La population chinoise représentant vingt fois celle de la France, il suffit d’appliquer ce ratio pour avoir une idée de ce que donnerait la répression d’un mouvement analogue en Chine : des dizaines de milliers d’arrestations, 36 000 condamnations pénales et 2 000 blessés graves. Avec les chiffres fournis par Amnesty International, on en est très loin ! La France se targue d’être une « démocratie » et fait la leçon aux Chinois, mais on y arrête des milliers de manifestants, on en mutile des dizaines et les tribunaux envoient en prison des centaines de personnes. Vingt condamnations transforment un pays d’un milliard 410 millions d’habitants en dictature totalitaire, 1 800 condamnations dans un pays de 67 millions d’habitants lui valent le titre de démocratie exemplaire. Comprenne qui pourra !"
Bruno Guigue
Source: https://www.palestine-solidarite.org/analyses.bruno_guigue.260219.htm
"La crise globale", par le général Leonid Ivashov
Les idées qu'il énonce ci-dessous sont évidemment le résultat d'une vaste réflexion qui englobe de nombreux champs, et le départ d'une action politique de portée universelle..
Prochain accident nucléaire : les radionucléides que nous mangerons et respirerons (Pierre Fetet: Fukushima Blog)
En 2011, je m’interrogeais sur les radionucléides de Fukushima et le fait que Tepco ne communiquait que sur l’iode 131 : la réponse était qu’il fallait laisser croire qu’un accident nucléaire était un problème à court terme ; en effet, l’iode 131 ayant une demi-vie de 8 jours, on n’en verrait plus la trace au bout d’environ 80 jours. Ce qui permettait à Thierry Charles (IRSN) d’affirmer aux médias sans sourciller que les Japonais évacués allaient pouvoir revenir chez eux au bout de trois mois (Le Monde, 11 avril 2011).
On a facile à comprendre pourquoi l'industrie nucléaire civile et militaire ne communique pas sur l’ensemble des radionucléides : il faut laisser les masses dans l'ignorance... Pas de recherche des radioéléments, pas d’étude épidémiologique, pas de problème !
Dernièrement, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a demandé au gouvernement nippon « de se débarrasser de l’eau stockée à Fukushima » (Reuters, 13 novembre 2018), c'est-à-dire en rejetant le poison dans le Pacifique. Près d’un million de tonnes d’eau contaminée sur le site de la centrale de Fukushima 8 ans après le début de la catastrophe, ça fait tache ! Cette injonction de l’organisme international fait ainsi l’affaire du gouvernement de Shinzō Abe car, au niveau de la com’, les JO de 2020 doivent être nickel.
Et pourtant, le problème est loin d’être réglé. L’eau contaminée, dont le traitement est très difficile – on se rappelle qu’Areva s’était fait jeter par Tepco en 2014 pour incompétence en la matière – contient une infinité de radioéléments qu’on ne sait pas ou qu’on ne veut pas éliminer (comme le tritium). Seuls une soixantaine de radionucléides ont été plus ou moins bien extraits de cette soupe mortelle qui peut encore en contenir plus d’une centaine.
J’édite ce billet d’une part pour que personne ne reste dans l’ignorance de ce que s’apprêtent à accomplir Tepco et le gouvernement japonais, de concert avec l’AIEA, et d’autre part pour rappeler qu’un accident nucléaire grave provoque généralement un nuage radioactif composé de centaines de radionucléides. Pour la prochaine catastrophe, personne ne pourra plus ignorer non plus la longue liste de ces éléments que nous allons plus ou moins inhaler et ingérer, sous la forme de nanoparticules, selon la distance où nous serons du point de rejet. Et si la contamination est trop élevée, on change les normes : en Europe, c’est le vieux traité Euratom qui fixe à huis clos les niveaux de radioactivité autorisés dans les aliments en cas de catastrophe nucléaire.
J’ai retrouvé une partie de cette liste de radionucléides (Cf. illustration en haut de page) dans un rapport du CEA de 1980, « Irradiation externe pendant et après le passage d’un nuage radioactif », publié quelques mois avant un accident de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux (qu’EDF avait tenu secret à l’époque). Ce rapport mentionne les 276 radionucléides qui semblent être les plus importants (sic) lors d'un rejet radioactif d'une installation nucléaire. Mais, comme le cérium 144 dont on peine à connaître l’impact sanitaire, la plupart de ces éléments ne sont pas suffisamment étudiés.
Bien évidemment, comme me l’a suggéré un lecteur, il faudrait retirer de cette liste les produits de fission de très courtes et courtes périodes (Cf. tableau ci-dessous) car, si les rejets se produisent plusieurs heures après l’accident comme à Fukushima, ils ont alors complètement disparu. Toutefois, les premiers liquidateurs de Tchernobyl, pompiers et employés de la centrale qui ont éteint les incendies des toits des réacteurs, ont été exposés à une grande partie du cocktail du tableau. A chaque accident sa spécificité. A noter enfin qu’en cas d’explosion atomique de nature militaire, l’ensemble des produits de fission sont aussi présents dans les retombées de court terme, notamment quand les explosions ont lieu à très basse altitude, voire au sol, comme lors des premiers tests de bombe H dans le Pacifique, d’où l’irradiation massive des équipages des 992 thoniers japonais qui pêchaient autour de Bikini.
Pierre Fetet
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En savoir plus
Accident nucléaire en Europe: que mangerons-nous ? (Vivre après Fukushima)
Niveaux Maximaux Admissibles de contamination radioactive dans les aliments en cas d’accident nucléaire (Dossier de la Criirad)
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Pour mémoire, les accidents et catastrophes nucléaires (niveaux 4 à 7 sur l’échelle INES)
1952 : Chalk River
1957 : Kychtym
1957 : Windscale
1969 : Lucens
1969 : Saint-Laurent-des-Eaux
1977 : Bohunice
1979 : Three Mile Island
1980 : Saint-Laurent-des-Eaux
1986 : Tchernobyl
1987 : Goiânia
1999 : Tokaï-Mura
2006 : Fleurus
2011 : Fukushima
? : ...
Source de cet article: http://www.fukushima-blog.com/2019/02/prochain-accident-nucleaire-les-radionucleides-que-nous-mangerons-et-respirerons.html
Homenaje a Xochipilli desde los Andes peruanos, en primavera. Voyage au royaume des fleurs.
Xochipilli "Príncipe de las flores" (del nahuatl "xochitl": flores y "pilli": príncipe, señor) era una divinidad azteca protectadora de las flores, de la primavera, del amor, de los artes, de la poesia, de la música y de la juventud. Su culto era relacionado tamvién con el Juego de Pelota. Escultura (Museo Nacional de Antropología de México).
Echinopsis peruvianus ("paqpa"). Sus enormes flores tienen un poderoso perfume de vanilla y de lirio.Pitunilla ex Costa Rica.
¿A dónde iremos
donde la muerte no exista?
Más, ¿por esto viviré llorando?
Que tu corazón se enderece:
aquí nadie vivirá para siempre.
Aun los príncipes a morir vinieron,
los bultos funerarios se queman.
Que tu corazón se enderece:
aquí nadie vivirá para siempre.
Nezahualcóyotl, rey de Texcoco, Mexico (1402-1472)
Corryocactus brevistylus (uchu, pitunilla) con flores suavemente perfumadas. Un perfume de una frescura exquisita que no se puede definir... Camino corto de Costa Rica a Chumpi.
Amo el canto del cenzontle,
pájaro de las cuatrocientas voces.
Amo el color del jade,
y el enervante perfume de las flores,
pero lo que más amo es a mi hermano,
el hombre.
Nezahualcoyotl, rey (tlatoani) de Texcoco (Mexico), 1402-1472
En vain, tu saisis ton teponaztli fleuri,
Tu jettes à poignées les fleurs,
Elles se flétrissent !
...Ô mes amis, cette terre nous est seulement prêtée.
Il faudra abandonner les beaux poèmes.
Il faudra abandonner les belles fleurs.
C'est pourquoi je suis triste en chantant pour le Soleil.
Nezahualcoyotl, rey (tlatoani) de Texcoco (Mexico), 1402-1472)
¿Es que en verdad se vive aquí en la tierra?
¡No para siempre aquí!
Un momento en la tierra,
si es de jade se hace astillas,
si es de oro se destruye,
si es plumaje de ketzalli se rasga,
¡No para siempre aquí!
Heliotropum arborescens ("Mamachapa tojallne"), les larmes de la Ste. Vierge, au parfum délicat et capiteux.
En un lugar remoto e escondido de Pitunilla, hay un rosal silvestre. Sus flores tienen una fragancia unica, maravillosa. Nunca en mi vida, en ninguna otra parte del mundo, he encontrado rosas con un perfume tan profundo, tan suave, tan exquisito.
Con flores escribes…
Con flores escribes, Dador de la vida,
Con cantos das color,
Con cantos sombreas
A los que han de vivir en la tierra.
Después destruirás a águilas y tigres,
Sólo en tu libro de pinturas vivimos,
Aquí sobe la tierra.
Con tinta negra borrarás
Lo que fue la hermandad,
La comunidad, la nobleza.
Tú sombreas a los que han de vivir en la tierra.
Nezahualcoyotl, rey (tlatoani) de Texcoco (Mexico), 1402-1472)
"¿A dónde iremos donde la muerte no exista?" (Nezahualcoyotl). Papillon Monarque migrateur mort parmi les fleurs de jasmin tombées à terre. La vie est éphémère comme un papillon;une fleur et un parfum.
Bas-relief aztèque. L'arbre fleuri avec des oiseaux, symbole de la poésie ( exprimé en natuatl parle binôme in xochitl in cuicatl, "la fleur, le chant" ou "lechant fleuri") chez les Aztèques. Illustration provenant de l'ouvrage de Jacques Soustelle: "Album de la vie quotidienne des Aztèques" (Hachette, 1959)
Fotos de Pierre-Olivier Combelles.
Hacienda-reserva natural Pitunilla (ex Costa Rica), Chumpi (Prov. Parinacochas, . dept. Ayacucho). Andes sureños del Perú , vertiente Pacífico (2700-3000 msnm.)
Diciembre 2018-Enero del 2019.
APN: Fujifilm X100T
Agradecimientos a Illapa.
Sobre Xochipilli, Nezahualcoyótl y la poesia azteca:
https://es.wikipedia.org/wiki/Xochipilli
https://arqueologiamexicana.mx/mexico-antiguo/las-flores-en-la-poesia-nahuatl
http://pocombelles.over-blog.com/2018/03/sur-cette-terre-seulement-pretee.nezahualcoyotl.html
http://pocombelles.over-blog.com/2015/07/tlatoani.html
Sur les Aztèques, les fleurs et leurs jardins:
"The Aztec city of Tenochtitlan had many flower gardens. Flower gardens were grown in courtyards, on roofs and in vast fields. Specifically, the nobility considered creating and curating gardens a pleasurable hobby. In this, they were helped and accompanied by expert gardeners. Extant historical sources reveal that the rulers and nobility of the Tenochtitlan city had lush-green gardens with a rich variety of flowers at the time of the Spanish conquest. So treasured were these gardens that waterways were made all the way to the homes of the nobility so that they could easily water their plants."
https://aztecsandtenochtitlan.com/aztec-civilisation/aztec-flowers/
Merci à Aurélie Jehanno pour son titre: "Voyage au royaume des fleurs".
« Ce n’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont raison. » (Coluche)
(...) "C’est ce qu’illustre en outre très bien et très tristement l’interview du président du Syndicat national des gynécologues-obstétriciens (Syngof), le docteur Bertrand de Rochambeau, au micro du Quotidien le 11 septembre dernier, face à la journaliste Valentine Oberti [5]. Monsieur de Rochambeau déclarait : « Nous ne sommes pas là pour retirer des vies. » La journaliste Valentine Oberti avait alors réagi, en bonne féministe qui se respecte et se devait dès lors d’exonérer sur le champ la légitimité sacro-sainte de ce « droit fondamental » des femmes à l’IVG : « Mais quand vous dites “retirer une vie,” un enfant à naître n’est pas une vie au sens juridique. Ce n’est pas un homicide de faire un[e] IVG. » Réponse du président du Syngof : « Si Madame. » Réponse conditionnée d’Oberti, inculquée de culture relativiste et de méchanceté arbitraire, inconsciemment ou pas : « Non, au sens du Code pénal, c’est pas ça, c’est faux. Ça, c’est un argument […] Toutes les femmes, j’en suis une, ne considèrent pas qu’avoir un embryon dans le ventre, c’est une vie. » Comme si la considération des femmes (ou de quiconque), c’est-à-dire le sentiment aperceptif ou l’opinion des gens, déterminait de quelque manière le statut ontologique et l’humanité de l’embryon… Quelle folie et quelle absurdité, tant philosophique que factuelle et scientifique ! Et monsieur de Rochambeau, de lui rétorquer : « Et bien ça, c’est SON opinion. Moi, en tant que médecin, je ne suis pas forcé d’avoir votre opinion ; et si je ne l’ai pas, la loi me protège, et ma conscience aussi. » Il faisait en cela référence, à bon droit, à la clause de conscience qui permet aux gynécologues de refuser la pratique de l’extermination in utero. L’interview du docteur Rochambeau avait à peine été diffusée sur la chaîne TMC, qu’une pétition exigeant le retrait de cette clause de conscience des médecins circulait déjà sur les réseaux sociaux... N’en doutez pas un instant, la police de l’opinion arbitraire et de la tyrannie sentimentale se tient aux aguets jour et nuit. Telle est la belle démocratie occidentale, ou dictature de l’opinion du plus grand nombre. Un certain Coluche nous avait pourtant mis en garde, par des propos d’une pertinence rare :
« Ce n’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont raison. »
Lisez l'intégralité de l'article de Sébastien Renault L'argent du sang intra-utérin (Gros sous et eugénisme sous couvert de vertu féministe):
http://plumenclume.org/blog/432-l-argent-du-sang-intra-uterin
Merci à Maria Poumier
Sur le même sujet et sur le même blog:
Lorsque Marguerite Yourcenar parlait des femmes et du féminisme:
Na wai taua ? (Chala, Pérou, 2019)
COOK, Captain James. - Vue de l'Isle d'Ulietéa avec une double Pirogue et un hangar où les Insulaires retirent leurs bâtiments de mer. [Tome III Pl. 5.]
Assis sur les rochers qui dominent le baie, je contemple l'Océan Pacifique. Des pélicans, des goélands et des cormorans circulent entre les îlots et la côte. Pas une seule barque en mer, pas un bateau de pêche. Toute la vie, l'activité humaine est concentrée à terre, sur le rivage, dans cette petite ville de Chala, poussiéreuse et fébrile qui s'étend de part et d'autre de la Panaméricaine, entre le désert et la mer. Le Pacifique étend ses immensités grises et bleues jusqu'à l'horizon. Il y a des centaines d'années, des milliers d'années, des pirogues de haute mer, des radeaux de bambous sont venus des îles lointaines de l'ouest, poussés par les vents et les courants. Des hommes qui parlaient un autre langage ont débarqué sur ces plages, ont exploré les terres et ont vécu ici. Certains sont restés, d'autres sont repartis. Leur souvenir a disparu de la mémoire des gens. Des mots sont restés: "qowe", le cochon d'Inde ("kioré" en maori, pour le rat qui était consommé de la même manière), "pututo", la conque ("pututara", en maori) et une infinité d'objets, de techniques, de caractères culturels. Depuis la conquête espagnole, le Pérou ne regarde plus vers l'ouest, vers ses origines maritimes, mais vers l'est, vers l'Europe qui a brisé son destin.
Pierre-Olivier Combelles
Chala (Pérou), janvier 2019
La grande plage de Chala où les vagues terminent leur long voyage à travers le Pacifique. Février 2019.
Chien sans poils et sans voix ("perro chino") à Chala. Cette race sélectionnée depuis des temps immémoriaux par les peuples d'Asie et du Pacifique était destinée à être rôtie et consommée, comme c'est toujours le cas en Asie du Sud-est. Au Pérou, comme dans d'autres pays d'Amérique centrale et du sud (Mexique par exemple), il est élevé depuis les temps préhispaniques, mais aujourd'hui les gens ont oublié pourquoi et il n'est plus qu'un animal de compagnie un peu étrange.
De l'autre côté du Pacifique, à plus de 3000 milles à l'ouest de la côte du Pérou: la Polynésie... "Mahina - Faré à la Pointe Vénus (Tahiti). Photographie par Adolphe Sylvain.
La France, une démocratie qui crève les yeux, par Djamel Labidi
Texte de l'affiche à gauche: "Nous vivons dans un monde où ceux qui gagnet 100.000 euros par mois persuadent ceux qui en gagnet 1800 que tout va mal à cause de ceux qui vivent avec 535 euros. Et ça marche."
"En France, le pouvoir s'efforce de centrer l'attention sur la question de la violence en lieu et en place des revendications du mouvement des «Gilets jaunes» et de leur signification politique et sociale.
Il s'ensuit, peu à peu, une inversion totale dans laquelle les victimes font figure de coupables, dans une répression qui s'est faite de plus en plus dure, et qui a même pris un caractère de masse, avec des milliers d'arrestations et des centaines de victimes. Des élites médiatico-politiques proches du pouvoir, apparemment si logiques en «temps normal «, se mettent tout à coup à produire des arguments qui laissent perplexes. «Les victimes n'auraient pas du être là», ou bien «elles sont elles- mêmes des casseurs». D'autres parlent de «dommages collatéraux inévitables». Dommages collatéraux, tiens une expression déjà entendue à propos d'autres peuples. Comme le monde est petit et comme tout se tient. Aucune compassion pour les victimes. Des hommes et des femmes souvent âgés, qui ont pris des risques et ont sacrifié leur vie sur les ronds points, sont presque condamnés pour leur... imprudence. Des jeunes dont la vie a basculé, mutilés à vie, une main, un pied arrachés, un œil crevé, ont droit à quelques mots de circonstances rapides: «Bien sûr nous le déplorons», «Un blessé est toujours un blessé de trop» etc.. Sont-ce les mêmes élites si prompts à dénoncer les atteintes aux droits de l'homme mais...ailleurs. Naufrage de la raison Mais une fois ces mots de compassion rapidement prononcés, il est rappelé, que «les policiers aussi ont des blessés» sans d'ailleurs jamais que la nature de ces blessures ne soit précisée où les preuves n'en soient données. Les armes utilisées sont le fusil LBD 40 (le Flash-Ball), qui tire des grosses balles de caoutchouc avec une vitesse et une force d'impact considérables, et la grenade GLI-F4 (dite de «désencerclement») qui contient 25 grammes de TNT et projette de petits éclats sur des dizaines de mètres. Ces armes sont qualifiées pudiquement d' «outils» nécessaires à la sécurité des forces de l'ordre lors des manifestations. Le pouvoir et ses porte- paroles médiatiques et intellectuels se seront, depuis le début de la crise et des manifestations, indignés avec force de tout amalgame entre violences policières et violence des manifestants, déclarant que la violence policière est quant à elle légitime.. Naufrage de la raison. Car en fait, c'est ceux qui s'indignent qui mettent ainsi sur le même plan policiers et manifestants. Le monopole de la violence par l'Etat puise sa légitimité dans la protection des citoyens. Les policiers, mais aussi les forces armées, sont des métiers où on prend des risques, y compris celui de sa vie, justement pour protéger les citoyens. Ici la logique est inversée et l'usage des LBD et autres armes est donc justifié pour éviter des risques aux policiers... au risque pour les citoyens d'être mutilés. Mis au même niveau, policiers et manifestants sont alors considérés comme deux groupes qui s'affrontent, avec des blessés de part et d'autre, pantins gesticulant les uns contre les autres dans un combat absurde, dont la raison disparait, et où la responsabilité du pouvoir est alors absoute, dissoute derrière l'argument de la violence. Et pourtant, chaque policier, chaque soldat vous le dira: dans tout combat auquel il participe, dans le désordre et la fureur d'une bataille, il ne voit rien, il n'a aucune vue d'ensemble, seul voit clair le donneur d'ordres, le commandement, et ici la décision est politique. Autres signes inquiétants pour un Etat de droit, les forces de l'ordre avancent masquées, cagoulées, comme si elles faisaient un mauvais coup, comme si elles craignaient le peuple, et devaient cacher leur visage, et cela au moment même où «la loi anticasseurs» en discussion à l'Assemblée nationale française prévoit des condamnations contre les manifestants masqués. On peut se demander pourquoi en France, actuellement, malgré les condamnations aussi bien de l'opinion française que de l'opinion internationale, le gouvernement tient tant à utiliser des moyens aussi cruels contre les manifestations des «Gilets jaunes». L'argument que ces armes sont des «armes intermédiaires» devrait en réalité être pris à la lettre. En effet, ces armes permettent de faire peur, et donc d'empêcher que les manifestations prennent plus d'ampleur, tout en évitant le prix politique de la mort de manifestants. En cela elles sont effectivement «intermédiaires». Mais c'est jouer avec le feu : une telle stratégie apparait, peu à peu, d'autant plus cruelle, d'autant plus cynique qu'elle fait fi d'une valeur essentielle: celle de l'intégrité humaine. Il n'est pas bon de continuer à tirer sur la foule comme au 19me siècle, même avec des Flash-Ball. Dans un tel contexte, l'incident Benalla prend inévitablement un sens nouveau autant qu'inattendu. La grande violence dont a fait preuve le 1er mai dernier contre des manifestants cet homme, si proche alors du Président français, ne serait- elle pas révélatrice des tendances profondes de celui-ci en matière de gestion de l'ordre. La violence est aussi un argument pour demander aux «Gilets jaunes» d'arrêter les manifestations afin de participer au «Grand débat national» lancé par le Président Macron. La contradiction est manifeste. Ce grand débat est du aux gilets jaunes. Pourquoi alors chercher à étouffer leur mouvement ou le réprimer. Au contraire, il y a toutes les raisons de n'utiliser d'autres armes que le dialogue avec eux. Comment leur reprocher leur défiance envers ce débat alors que le mouvement est en lui-même la manifestation, et le résultat de la défiance envers les pouvoirs qui se sont succédé depuis des décennies en France et envers le fonctionnement des institutions. On peut noter d'ailleurs que ce « Grand débat» est le contraire de ce qu'est le mouvement des «Gilets jaunes». C'est un mouvement social. Il veut rassembler la société autour de trois au quatre revendications économiques et politiques essentielles, communes à la grande majorité des français : pouvoir d'achat, augmentation du SMIG, rétablissement de l'impôt sur la fortune (ISF), justice fiscale, Référendum d'initiative citoyenne (RIC), tandis que ce «Grand débat national» atomise, émiette les Français dans une infinité de revendications individuelles, catégorielles et locales bien difficiles à traiter dans un tel cadre. Aux dernières nouvelles, le Conseil d'Etat français, saisi par la ligue des droits de l'homme française et les avocats de blessés lors des manifestations, a validé la poursuite de l'utilisation des LBD-40 et des grenades GLI-F4, causes de nombreuses blessures et mutilations. Il se serait probablement grandi en les interdisant comme c'est le cas dans tous les pays européens. Ces «armes intermédiaires» vont donc continuer à maintenir l'ordre. Pour ceux qui pourraient en douter, «la démocratie crève les yeux en France». C'est ce qui était écrit sur une pancarte d'un manifestant «Gilets jaunes» ce Samedi 2 février à Paris." Djamel Labidi
Professeur- Docteur (Alger)
Source: Le Quotidien d'Oran
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