exploration
(Radio communautaire de Tête-à-la-Baleine (Québec): Pierre-Olivier Combelles évoque l'Île du Petit-Mécatina, sur la Côte-Nord du Québec
A bord du voilier Chantauvent de mon expédition, je revisite en 1989 l'Île du Petit-Mécatina où le peintre d'oiseaux John James Audubon avait abordé en 1833.
De retour en 1990 au Havre du Petit-Mécatina. On aperçoit en bas à droite mon Zodiac Mark IV Grand Raid et ma tente rose.
Écoutez ici l'émission:
Travaux de Pierre-Olivier Combelles au Labrador
Le chemin de la forêt: une exposition virtuelle de Pierre-Olivier Combelles
L’itinéraire d’un naturaliste, navigateur, écrivain et poète depuis la forêt de Rambouillet de son enfance versaillaise, vestige de la forêt des Carnutes et avant, des hommes préhistoriques du Mésolithique et du Paléolithique, jusqu’à la taïga du Labrador, partie de l’immense forêt de conifères du Subarctique qui ceinture tout le globe et abrite les descendants des chasseurs du Paléolithique, puis jusqu’au versant oriental des Andes, au-dessus de l’Amazonie. Un voyage dans l’espace et dans le temps, dans la nature sauvage comme parmi les hommes qui l’habitent ou qui l’habitaient. La découverte de la forêt, ce milieu primordial avec la mer, où les plantes, les animaux et les hommes vivent dans une interdépendance totale, en symbiose et en équilibre. Un cheminement initiatique d’évocations en évocations, pour comprendre que la forêt, comme la nature tout entière, est un secret qu’il faut beaucoup de temps et de patience pour connaître. Le chemin de la forêt est une Voie, au sens spirituel et asiatique.
Inspirée par ma grande exposition « Dans le sillage d’Audubon – A la découverte de la Basse Côte-Nord du Québec » itinérante en France dans les années 1990, une nouvelle création après presque trois décennies consacrées à l’exploration et à l’étude du Labrador puis à celles des Andes du Pérou et de la Bolivie.
Une exposition qui présente dans un décor naturel et en quatre dimensions mes photographies et mes textes ainsi que des dessins et des aquarelles des peintres naturalistes qui m’ont accompagné dans mes expéditions, des souvenirs, des documents (livres, cartes), des objets et des reconstitutions ethnographiques, dans un cheminement dans l’espace et dans le temps.
Pour en savoir plus:
(...)
«Les agents naturels de destruction ne suffisent plus à digérer les résidus de la civilisation technique. Inexorablement, les déchets distillent leurs poisons, stérilisent les terres, les airs, les mers et les fleuves. Déforestation, érosion, désertification, pollution et logiquement désertion.»
«… Les Etats-Unis nous en livrent un exemple. Après les exterminations massives et en grande partie irréversibles qui ont saccagé ce pays au XIXe siècle – l’anéantissement des Indiens et de leurs civilisations, celui de nombreuses espèces animales, des bisons entre autres, la ruine des terres – après et avant le chancre de l’érosion et la pollution grandissante….»
« Vous avez été saisi par la mystique de la forêt comme d’autres le sont de l’océan ou de la montagne ou même du désert. Chaque homme découvre le biotope de ses préférences, son asile en quelque sorte. Et la forêt, c’est l’arbre. Pour les Arabes, il est l’ennemi; et pour le Nordique, le décor… Ces forêts anciennes, notamment Africaines, vous aurez été en effet l’un des derniers sans doute à les avoir connues dans le détail. Nous savons qu’un jour viendra, peut-être peu éloigné, où il ne restera rien de tout cela. J’entends que dans peu, très peu de décennies, il n’y aura plus de grandes forêts en Afrique. Les Noirs et les puissantes compagnies européennes et américaines s’affairent actuellement à dévaster selon des coupes à blanc ce qu’il en reste. L’Afrique est mal partie, et vous le savez bien, pour cette raison avant toute autre. Ce qui demeure aussi inquiétant à nos yeux, ici même, c’est que le devenir des sciences de la Nature va de pair avec l’avenir de la Nature elle-même. Les pouvoirs publics en porteront la responsabilité essentielle; ils suivent le flot au lieu de le remonter. Une bonne partie des hommes s’habitue aux déserts et s’entend d’ailleurs fort bien pour les édifier.»
«En ce temps qui viendra, où tout sera calculé selon les normes des ordinateurs, ces rescapés de votre domaine et de vos enseignements écrits sauront donner aux archivistes de l’ère martienne les indications qui permettront de refaire aussi exactement que possible, selon des procédés rapides et à échelle réduite, les forêts de l’antique Amazone, de l’ancien Oubangui, du lointain Cambodge telles que André Aubreville les avait parcourues et décrites. Mais, cette fois, ce sera en matière plastique, bien entendu.»
(...)
Roger Heim: L'Angoisse de l'an 2000 (1973)
https://xochipelli.fr/2015/11/hommage-a-roger-heim-lecologiste-le-mycologue-le-psychonaute/
Thierry Meyssan (Réseau Voltaire):Le « Parti colonial » français n’a toujours pas digéré la perte de son Empire
Le président François Hollande place son quinquennat sous les auspices de Jules Ferry, le chantre du colonialisme français. Il choisit simultanément le général Benoît Puga comme chef de son état-major particulier. Ce dernier n’est pas un militaire comme les autres, mais un grognard du colonialisme ayant sauté sur Kolwezi (sur ordre du président Giscard d’Estaing), supervisé les travaux du Mur de séparation en Palestine, et déjà servi comme chef d’état-major particulier (pour le président Nicolas Sarkozy).
Contrairement à une idée répandue, les Français n’ont jamais été partisans de la colonisation, mais un groupe de pression, auto-proclamé « Parti colonial », est parvenu à utiliser leur armée pour se lancer à la conquête de débouchés économiques. Ce groupe de pression, réanimé par les présidents Valéry Giscard d’Estaing, François Hollande, Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron, a posé les éléments de la crise actuelle à Mayotte et en Nouvelle-Calédonie. Si la politique qu’ils ont imposée continue, les populations de ces territoires seront contraintes à la guerre pour retrouver leur dignité, comme ce fut le cas en Indochine et en Algérie.
Les deux France et la colonisation
Pour comprendre ce qui se passe, il faut garder en tête que la colonisation française n’a aucun rapport avec les formes de colonisation du Royaume-Uni, du Portugal, de l’Espagne ou des Pays-Bas. L’idéal républicain*, qui est celui de la France depuis le XVII°siècle (Henri IV est le premier monarque à s’être déclaré républicain), lui interdisait de coloniser exclusivement pour s’enrichir. Les chantres français du colonialisme prétendaient tous « faire œuvre de civilisation ». Par république, j’entends le fait de gouverner dans l’intérêt général et non dans celui d’une caste ou d’une classe sociale.
Du XVI° au XIX° siècle, la plupart des peuples colonisés ne disposaient ni de l’éducation des Européens, ni de leurs techniques. Certains souhaitaient combler ce fossé, d’autres, au contraire pensaient à l’exploiter. Tout au long de l’épopée coloniale, deux courant se combattaient en France, l’un pour l’émancipation, l’autre pour la colonisation. Cette bataille interne trouva son expression dans le débat parlementaire opposant le socialiste Jules Ferry au radical républicain Georges Clemenceau, le 31 juillet 1885 à l’Assemblée nationale.
Écoutons un instant le discours de Georges Clemenceau : « Les races supérieures ont sur les races inférieures un droit qu’elles exercent, et ce droit, par une transformation particulière, est en même temps un devoir de civilisation ». Voilà les propres termes de la thèse de Monsieur Jules Ferry et l’on voit le gouvernement français exercer son droit sur les races inférieures en allant guerroyer contre elles et les convertissant de force aux bienfaits de la civilisation. Races supérieures ! Races inférieures, c’est bientôt dit ! Pour ma part, j’en rabats singulièrement depuis que j’ai vu des savants allemands démontrant scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre franco-allemande [1870] parce que le Français est d’une race inférieure à l’Allemand. Depuis ce temps, je l’avoue, j’y regarde à deux fois avant de me retourner vers un homme et une civilisation, et de prononcer : homme ou civilisations inférieurs (…) Race inférieure, les Chinois ! avec cette civilisation dont les origines sont inconnues et qui paraît avoir été poussée tout d’abord jusqu’à ses extrêmes limites. Inférieur Confucius ! En vérité[...] on y peut voir des documents qui prouvent assurément que la race jaune [...]n’est en rien inférieure [à celle des Européens].
D’un point de vue économique, la colonisation française visait à trouver des débouchés pour exporter la production industrielle, tandis que la colonisation britannique visait, au contraire, à trouver des matières premières et à les mettre au service de l’industrie du Royaume-Uni.
D’un point de vue philosophique, la colonisation française a été justifiée par la théorie des races et de leur hiérarchie. Mais il était clair dès le début, qu’aucun Français ne pouvait y croire. Cet argument ressortait exclusivement de la communication politique. Au demeurant, à la différence des autres peuples coloniaux, les Français ont toujours tenté de comprendre la civilisation des pays où ils s’implantaient, et de se mélanger aux autres peuples. Au contraire, les Britanniques créaient des clubs exclusifs pour eux dans leurs colonies, tandis que les Allemands interdisaient les « mariages inter-raciaux » (1905).
Après la guerre franco-allemande de 1870, les nationalistes rêvaient de libérer l’Alsace-Moselle, dont, durant 48 ans, ils avaient recouvert de crêpe noire la statue qui orne la place de la Concorde. Au contraire, les partisans de la colonisation entendaient détourner les armées de leur mission de défense de la nation et en faire des « forces de projection », capables de conquérir de lointains horizons.
C’est pourquoi il est injuste aujourd’hui de juger la colonisation française comme un ensemble, qui serait bon ou mauvais en soi, car partout, les deux courants ont laissé leurs empreintes. Je me souviens avec émotion du président de l’Assemblée du Peuple syrien qui me fit visiter les bâtiments de son institution. Il m’expliqua d’abord qu’ils avaient été bombardés deux fois par le « Parti colonial » français. La première, en 1920, pour imposer le mandat de la SDN, la seconde en 1945, alors que la Syrie était indépendante depuis quatre ans et participait à la création des Nations unies. Après nous être inclinés devant le monument aux morts du parlement, le président me raconta l’histoire du jugement d’un leader révolutionnaire qui appelait à chasser l’occupant français. Devant le tribunal militaire, son avocat plaida que ce Syrien n’avait rien fait d’autre que son devoir patriotique, en pleine conformité avec l’idéal de la République française. Les jurés, désignés au hasard parmi les soldats français, décidèrent à l’unanimité de le libérer. Ce à quoi les généraux répondirent en les mutant dans d’autres colonies et en les plaçant en première ligne, dans l’espoir qu’ils tombent au champ d’honneur. Le président de l’Assemblée me fit alors part de ses réflexions : en définitive, beaucoup d’entre nous sont morts, victimes du « Parti colonial », mais vous aussi en France, vous avez payé le prix du même idéal qui nous anime tous deux. Par bien des égards, la colonisation française est une horreur, mais ce n’était pas la volonté de la France, puisque non pas un, mais la totalité des jurés qu’il avait cités, avaient fait cause commune avec les révolutionnaires syriens, et que le bombardement de 1945 fut une initiative du général Oliva-Roget à l’insu du gouvernement provisoire de Charles De Gaulle qui le limogera immédiatement.
Pourtant lorsque la décolonisation arriva, des militaires français qui venaient de libérer leur pays de l’occupation nazie, décidèrent de prolonger le rêve impérial. Le bombardement de Damas annonce les massacres de Haïphong (Indochine) et de Sétif (Algérie). Aussi livrèrent-ils des guerres atroces pour la grandeur de l’Empire. Ces hommes étaient convaincus qu’ils ne devaient pas abandonner les peuples conquis et partiellement intégrés dans la République. Leur engagement n’avait aucun rapport avec des partis politiques, certains étaient de droite, d’autres de gauche. Ils étaient juste incapables de penser du point de vue des peuples colonisés.
Ce blocage intellectuel se manifeste aujourd’hui encore à propos de la Nouvelle-Calédonie et de Mayotte. De nombreux Français sont incapables de penser le bien-fondé des indépendances. Le « Parti colonial » —qui n’a jamais été un parti politique, mais un lobby transpartisan— est toujours à l’œuvre. Pour convaincre les indécis, il lui suffit de cacher certaines pièces du puzzle. Mais, généralement, lorsqu’ils en sont informés, les Français prennent position pour les indépendances et s’excusent de ne pas les avoir soutenues jusque-là.
Les Français ont un vague souvenir du référendum national de 1988, approuvant les accords de Matignon. Ils savent qu’un processus de décolonisation avait été amorcé en Nouvelle-Calédonie et que, sous trente ans, les Kanaks décolonisés pourraient décider soit de rester au sein de la République, soit de devenir indépendants. L’idée qu’une fois éduqués, les peuples colonisés pourraient s’intégrer en pleine égalité au sein de la République figurait encore dans le texte de la Constitution jusqu’en 1995, sous le nom de « Communauté française » (Titre XII).
Les Français ne comprennent pas pourquoi une subite flambée de violence a coûté la vie à une dizaine de personnes et provoqué un milliard d’euros de dégâts.
La presse joue ici encore un rôle de propagandiste en masquant de nombreuses informations. Certes, par trois référendum locaux successifs, les Néo-Calédoniens ont rejeté leur indépendance. Le dernier (2021) l’a même rejeté à la majorité écrasante de 96,5 %. Certes, les indépendantistes ont massivement boycotté cette consultation, mais c’est, nous dit-on, parce qu’ils étaient sûrs de perdre. Pas du tout ! Ils ont demandé le report du scrutin d’abord d’un an, puis par esprit de compromis, de deux mois seulement. L’archipel était traversé par la pandémie de Covid-19. De nombreuses personnes âgées étaient mortes. Dans la culture kanak, un deuil d’un an est requis après chaque décès. Il était donc impossible aux indépendantistes de mener une campagne électorale dans cette période, de même qu’il était impossible pour leur peuple, durant ce deuil, de décider de son indépendance au sein ou à l’extérieur de la République. En définitive, ils proposèrent de réduire le report du scrutin de deux mois afin de pouvoir accomplir leurs rites funéraires. Le refus par le président Emmanuel Macron de tout arrangement a été perçu comme un refus de leur culture. Non seulement les indépendantistes ont donc boycotté ce référendum, mais avec eux presque tous les Kanaks. Ce n’était pas une question politicienne, mais culturelle. Le respect et la confiance qui avaient été forgés en trente ans ont été balayés en trois ans.
Comme si cela ne suffisait pas, le processus de l’Accord de Matignon prévoyait un transfert irréversible de certaines compétences de Paris à Nouméa. En outre, à l’issue du processus de décolonisation et des trois référendum locaux, le corps électoral néo-calédonien serait élargi aux personnes s’étant installées sur le territoire après 1988. Les partisans du rattachement à la République, ou pour être plus clair, les partisans de la colonisation, firent un forcing pour effectuer au plus vite ce réajustement. Démographiquement, les Kanaks sont en effet devenus minoritaires chez eux. Les « loyalistes » (sic) ont organisé diverses manifestations auxquelles les Kanaks ont répondu par des contre-manifestations réunisant deux fois plus de monde. Le président Emmanuel Macron a alors inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale et du Sénat la convocation des deux assemblées en Congrès pour inscrire dans la Constitution le nouveau corps électoral néo-calédonien. C’est ce qui a mis le feu aux poudres.
Les « loyalistes » et le président Emmanuel Macron sont donc les seuls responsables de l’arrêt du processus de décolonisation et des émeutes qui ont suivies. Le voyage éclair du président Macron en Nouvelle-Calédonie n’a pas apporté quoi que ce soit de nouveau. Au contraire, il a confirmé, par son absence de propositions, qu’il continuerait à ne pas écouter les Kanaks et à mépriser leur culture. Il est donc certain que la situation ne pourra que s’aggraver dans les trois prochaines années. Il est peu probable que le successeur d’Emmanuel Macron sera en mesure de réparer ses dégâts. Les États riverains considèrent tous que la Nouvelle-Calédonie gagnera son indépendance par la force. Aussi, pour protéger leurs ressortissants de la violence de la révolution qui vient de commencer, les ont-ils rapatriés.
La principale source de richesse de la Nouvelle-Calédonie, c’est l’exploitation du Nickel. Celle-ci est répartie entre deux sociétés, la SLN et Prony Ressources. Elles disposent d’une organisation à l’anglaise qui permet de masquer l’identité de leurs actionnaires. Avant l’accord de Matignon (1988), le secteur était entièrement contrôlé par les Rothschild, anciens employeurs d’Emmanuel Macron.Le cas de Mayotte est très différent dans la mesure où il n’y a pas de mouvement indépendantiste, mais une volonté des Comores de refaire leur unité comme la France avait refait la sienne en récupérant l’Alsace et la Moselle. Ce point, je l’indiquais plus haut, les partisans de la colonisation n’en voulaient pas.
En 1973, la France avait négocié un accord avec le président du Gouvernement du territoire, Ahmed Abdallah Abderamane. Il fut signé par le ministre de l’Outre-mer, le centriste Bernard Stasi. Paris s’engageait à organiser un référendum d’indépendance dans tout l’archipel et de ne pas les diviser.
Les Comores votèrent massivement pour leur indépendance, à l’exception de l’île de Mayotte. Les partisans de la colonisation firent alors valoir que l’article 53 de la Constitution de 1958 précise que « Nulle cession, nul échange, nulle adjonction de territoire n’est valable sans le consentement des populations intéressées ». Or, Mayotte a été achetée par la France avant le reste de l’archipel et la loi référendaire précisait que Paris appliquerait la volonté « des populations » et non pas de « la population ». Le président Valéry Giscard d’Estaing, qui avait été partisan de l’Algérie française, décida de séparer Mayotte de l’archipel. L’Union des Comores entra aux Nations unies, sans Mayotte. À l’époque presque tous les États-membres de l’Onu s’indignent du non-respect par la France de son engagement écrit de 1973.
Par la suite, le « Parti colonial », qui n’a pas plus digéré cette indépendance que les autres, tentera de récupérer le contrôle du reste de l’archipel. Les deux courants qui se sont affrontés à propos de la colonisation se combattirent à nouveau. Mais depuis la fin de l’indépendance de l’Algérie, le « Parti colonial » ne pouvait plus compter sur l’armée. Il s’appuya donc sur un ancien soldat passé au privé, le « mercenaire » Bob Denard. En définitive, le président Nicolas Sarkozy, en 2009, transforma Mayotte en département, comme cela était le cas de l’Algérie avant de son indépendance.
Aujourd’hui, l’afflux de Comoriens à Mayotte provoque des violences généralisées, alors qu’il n’y a pas de violence dans l’Union des Comores. D’un point de vue français, ces migrants sont illégaux, mais d’un point de vue comorien, ce sont les Français sur place qui sont illégaux. En 2023, le ministre de l’Intérieur, Gérard Darmanin, a déployé 1 800 policiers dans le cadre de l’opération Wuambushu (reprise en main). C’est un peu plus qu’aujourd’hui en Nouvelle-Calédonie. Pendant ce temps on scandait « Non à la France », « Non à la présence française à Mayotte » dans de grandes manifestations à Moroni.
Mayotte est nécessaire à l’armée française. Elle y stationne une unité de la Légion étrangère qui contrôle les îles Glorieuses (elles-mêmes territoire de Madagascar illégalement occupé par la France). Surtout, elle y dispose d’un centre d’interception électromagnétique connecté au réseau Échelon des « Cinq yeux » (Australie, Canada, États-Unis, Nouvelle-Zélande et Royaume-Uni).
C’est pourquoi les États qui souffrent de l’espionnage occidental soutiennent d’ores et déjà le rattachement de Mayotte à l’Union des Comores. C’est notamment le cas de la Russie et de la Chine.
Conclusion
Certains des territoires et départements d’Outre-Mer n’ont pas fait l’objet de colonisation, par exemple l’île de la Réunion était déserte avant de devenir propriété de la France. D’autres, comme la Guadeloupe et la Martinique ont été colonisés, puis décolonisés. La France peut donc les conserver de plein droit tant que les populations autochtones l’acceptent. Cependant, elle doit conserver à l’esprit que tout abandon des populations locales les poussera à exiger leur indépendance. C’est ce qui s’est passé en Nouvelle-Calédonie.
Dans d’autres cas, comme à Mayotte, la France a violé sa parole en divisant les Comores. Quelle que soit la suite des évènements, elle n’est plus chez elle et devra un jour restituer cette île à l’archipel dont elle l’a privée.
Thierry Meyssan
Source: https://www.voltairenet.org/article220933.html
* NDLR Et avant de devenir républicain, chrétien et catholique.
Sur le même sujet et sur le même blog
https://pocombelles.over-blog.com/2022/02/une-tragique-meprise.html
et, d'une manière générale:
https://pocombelles.over-blog.com/tag/exploration/
UNE TRAGIQUE MÉPRISE
"Le peintre russe, Louis Choris, embarqua le 17 juillet 1815 à bord du Rurick en compagnie du botaniste Aldebert von Chamisso pour un voyage dans le Pacifique, initié en Russie par le comte de Romanzov. Au cours d’une expédition à but scientifique qui passa par le Chili, les îles Sandwich, Radak et Aléoutiennes, le Kamtchatka, la Californie et Sainte-Hélène où était alors emprisonné Napoléon Bonaparte, il ne cessa de peindre les paysages tropicaux ou enneigés de ces contrées, la faune et la flore et « les traits caractéristiques, la couleur, en un mot, la physionomie de ces peuples » alors encore méconnus". https://booknode.com/voyage_dans_le_pacifique_03387389
Ariki maori. Les ariki etaient les Anciens et les chefs des Maori et des peuples du Pacifique. https://teara.govt.nz/en/tribal-organisation/page-5
« Il faut se souvenir de la proclamation au peuple toltèque de Quetzalcoatl, dieu et roi, en l’an mille de l’ère chrétienne: « Lorsque les temps seront accomplis, je reviendrai au milieu de vous par la mer orientale, accompagné d’homme blancs et barbus… » C’est la raison pour laquelle l’arrivée des Espagnols fut tenue pour miraculeuse, et Hernan Cortes salué comme le dieu en personne. »
Jacques Soustelle, Album de la vie quotidienne des Aztèques. Hachette, Paris, 1959, p. 6.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Soustelle
On raconte la même chose à propos des Incas du Pérou (appelé en quechua Tawantinsuyu: l’Empire des quatre côtés): une prophétie annonçait que le dieu Viracocha arriverait un jour sous la forme d’un homme blanc et barbu, marquant la fin d’un cycle et le commencement d’une nouvelle ère.
Comme au Mexique, « on » a expliqué la conquête espagnole comme la réalisation de ces prophéties. C’est ce que nous disent les chroniqueurs et les historiens, qui étaient des Blancs ou des métis (comme l’Inca Garcilaso de la Vega, auteur des Commentaires royaux sur le Pérou des Incas). De même que le dieu Viracocha a été présenté comme le messager du Christ chez les peuples précolombiens.
Cette interprétation justifiait à merveille la domination politique espagnole et le messianisme religieux de l’Église catholique. Aujourd’hui encore, elle sert les intérêts de la suprématie occidentale sur l’Amérique autochtone, c’est pourquoi elle est véhiculée par la recherche officielle. La vérité me semble être toute autre.
D’abord, comment les Européens pourraient-ils incarner Quetzalcoatl ou Viracocha et « revenir » alors qu’avant la Conquête, ils n’étaient jamais venus? Comme il s’agissait de temps anciens, fabuleux, les Mexicains et les Incas, tout à leur surprise devant l’apparition de ces hommes et animaux (les chevaux de guerre) extraordinaires, n’ont certainement pas eu le temps d’y réfléchir.
L’utilisation de cette prophétie par l’idéologie européenne a masqué la réalité: les « hommes blancs et barbus » dont parlaient les prophéties n’étaient pas les Européens, mais d’autres peuples qui, eux, étaient déjà venus en Amérique centrale et du sud, par la mer: les habitants des îles du Pacifique, qui avaient colonisé ces régions d’Amérique il y a très longtemps. Comme les Européens, ils avaient le teint clair, comme les Maori et leurs chefs portaient la barbe.
Ce retour aux origines, comme l’atterrissage de pirogues océaniennes sur les côtes du Pérou, avait sans doute motivé l’expédition aux Îles de l’Ouest de l’Inca Tupac Yupanki au XVe siècle, qui quitta le nord du Pérou à la tête d’une armada d’un millier de radeaux à destination de l’île de Pâques, où il laissa une garnison et un temple, et de l’île Mangareva. De retour dans son pays, il fit agrandir et embellir le temple de Pachacamac, au bord du Pacifique, au sud de Lima, et se lança à la conquête du Collasuyu (Bolivie actuelle).
La surprise et la radicalisation de la conquête, le caractère totalitaire de la domination occidentale, autant sur le plan politique que religieux, si contraire à la mentalité indigène, peuvent expliquer cette interprétation, devenue dogmatique. Elle a été renforcée, de plus, par un autre dogme: celui du peuplement de l’Amérique par des peuples venus du Nord et d’Eurasie, par le détroit de Béring. Celui-ci n’a pu être que marginal en comparaison du peuplement en provenance d’Asie et des îles du Pacifique, comme le prouve la multiplicité des similitudes culturelles, religieuses, linguistiques et techniques des deux côtés du Pacifique (1). Multiplicité tellement générale, que par son ampleur et sa profondeur, elle échappe au regard myope des « intellectuels » occidentaux spécialisés, qu’ils soient d’Europe ou d’Amérique, à l’exception de rares esprits indépendants comme le savant Paul Rivet (2) ou le marin et historien naval Éric de Bisschop (3). Un proverbe japonais dit: « Il ne faut pas parler de la mer à un crapaud ».
La méprise des peuples américains a été tragique et fatale. Ils ont confondu les Européens destructeurs avec les ancêtres civilisateurs. Des civilisations américaines, ils ne reste plus rien ou presque rien.
Cette destruction en trois temps, d’abord par la Conquête, puis par la Révolution et l’instauration de républiques franc-maçonnes, et aujourd’hui par le globalisme, semble obéir à une loi de la physique: dans l’Univers, la destruction est sans commune mesure plus rapide que la création. Un exemple: il ne faut que quelques dizaines de minutes à un employé ignorant et irresponsable équipé d’une tronçonneuse pour abattre un arbre géant de la forêt primaire amazonienne âgé de 700 ans et dont la canopée, à 70 m du sol, abrite une faune et une flore d’une extrême richesse, totalement inconnues de la science et même des peuples aborigènes qui vivent en bas depuis des siècles (4).
Si les peuples américains avaient compris que ces arrivants n’étaient pas les Anciens dont parlaient leurs prophéties, mais des imposteurs, ils auraient chassés et sans doute combattus à mort, et le résultat n’aurait pas été le même. Il semble en effet que la victoire des Conquistadores a été moins due à leur supériorité militaire ou autre qu’à cette ancienne croyance et à la confiance avec laquelle les Amérindiens les avaient accueillis à leur arrivée, ne se doutant pas que ces étrangers ne respecteraient rien, en particulier la protection traditionnelle pour les vassaux ou les vaincus, ne laissant derrière eux que mensonge, mort, destruction et corruption.
Pierre-Olivier Combelles
Hacienda Pitunilla (Parinacochas, Ayacucho, Pérou)
24 février 2022
1 « Na wai taua ? » Conférence de Pierre-Olivier Combelles au Muséum d’histoire naturelle de Lima pour le 461e anniversaire de l’Université Nationale Majeure de San Marcos, le 15 mai 2012.
2 https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Rivet
3 https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89ric_de_Bisschop
4 Voir les travaux du botaniste Francis Hallé et du « Radeau des cimes ».
Note. Un ami lecteur, Alain Sennepin https://europe-tigre.over-blog.com/ me signale avec raison l'adjectif "orientale" au sujet de la mer dans la prophétie de Quetzalcoatl et qui semble être en contradiction avec mon analyse. Je ne connais pas le texte espagnol original de cette prophétie rapportée par Soustelle, sans doute un chroniqueur espagnol. Il peut s'agir, de la part de ce chroniqueur ou historien, d'une erreur de compréhension et d'interprétation, involontaire ou volontaire. Les prophéties incaïques, elles, parlent simplement de "la mer" sans préciser laquelle. La question ne se posait guère d'ailleurs pour les habitants de la côte Pacifique de l'Amérique du sud. En revanche, ce que l'on peut à juste titre se demander, c'est si les peuples du Pacifique qui ont atterri sur les côtes d'Amérique (en pirogues de haute mer d'exploration et en radeaux de colonisation comme Tahiti Nui I et II, ceux qu'a construit Eric de Bisschop) avant la conquête espagnole avaient découvert et exploré les côtes atlantiques de l'Amérique et en particulier celles du Mexique. Tout cela est très intéressant mais ne doit pas nous faire perdre de vue l'essentiel qui est ceci: le peuplement ancien des Amériques et surtout de l'Amérique du sud et de l'Amérique centrale s'est fait principalement par le Pacifique, par la mer. D'Ouest en Est. Et ce que les peuples autochtones riverains du Pacifique ont en commun compte beaucoup plus que ce qui les sépare. L'Européisme est un puissant projecteur électrique qui voudrait nous faire oublier la lumière du Soleil. Avant la Conquête, les origines des habitants de l'Amérique étaient à l'ouest et c'est ce savait à mon avis l'Inca Tupac Yupanki.
Pierre-Olivier Combelles: Journal de bord du Lac Robertson (1992)
Rassemblement des Montagnais au Lac Robertson en octobre 1992, pour protester contre le projet de barrage d'Hydro Québec. Les tentes ont été installées dans la forêt, au bord du lac, pour plusieurs semaines. La neige ne va pas tarder à arriver. Photo: Pierre-Olivier Combelles.
Lisez la suite dans le nouveau numéro (année 2021) de la Revue d'Histoire de la Côte-Nord (Québec)
http://www.shcote-nord.org/wp/?page_id=435
https://www.lemanic.ca/2021/06/24/un-format-magazine-pour-ledition-2021-de-la-revue-dhistoire/
Et pour en savoir plus en attendant:
http://qlmagie.blogspot.com/2016/02/le-rassemblement-des-indiens-montagnais.html
Raffaele K. Salinari: Le vol de Gagarine il y a 60 ans
Raffaele K. Salinari: Le vol de Gagarine il y a 60 ans (extrait de Il Manifesto 11-4-2021)
par Raffaele K. Salinari
https://www.raffaelesalinari.it/2021/60-anni-fa-il-volo-di-gagarin-da-il-manifesto-11-4-2021/
Soixante années se sont écoulées depuis ce 12 avril 1961 où le cosmonaute Youri Gagarine s'est mis en orbite, au-delà de l'atmosphère, dans l'espace autour de la terre. Un exploit épique qui, outre les composantes technologiques et géopolitiques - en fait, c'était en pleine guerre froide - rappelle les exploits des anciens héros mythologiques. Tout d'abord, l'appellation de "cosmonaute", donnée par les Soviétiques à leurs explorateurs de l'espace, faisait directement référence au Cosmos, image de l'immensité dont la sensibilité antique a tiré, non par hasard, également le mot "cosmesis", c'est-à-dire la fabrication continue d'une beauté qui se recrée elle-même. Le cosmonaute ne cherche donc pas à conquérir le Cosmos, mais il en explore les merveilles, l'ordre universel qu'il exprime, en s'y sentant intégré. À cette époque, l'élan propulseur de la Révolution d'Octobre était encore en cours, avec son besoin de promouvoir une Weltanschauung opposée à celle des États-Unis. En effet, le mot "astronaute", utilisé à la même époque par les USA, était d'une toute autre matrice, lançant, il faut le dire, un sens différent de l'approche stellaire, le sens d'un espace vide dans lequel naviguer pour atteindre ce qui compte : la matière, l'étoile, destination finale et lieu d'atterrissage du voyage. Mais, par-dessus tout et au-delà de tout, ce qui fait de Gagarine un personnage unique et insurpassable dans toute l'histoire de l'humanité, c'est son regard : pourquoi ? Eh bien, réfléchissons simplement à l'évidence qu'au siècle dernier, dans la modernité montante, ou plutôt peut-être au tout début de celle-ci, il y a eu un homme qui a vu de ses propres yeux ce que personne n'avait jamais regardé auparavant, qui a pu faire une expérience unique, non répétable : la Terre observée depuis l'espace, enfin toute entière, sans frontières ni divisions entre les peuples. Cet homme, c'est Youri Gagarine, le premier à avoir saisi Gaia dans son ensemble, sous sa forme réelle, en direct, d'en haut, dans tout son enchantement comme seuls les dieux de l'Antiquité avaient pu le faire jusqu'à ce moment. Ainsi, si le vol de Vostok, qui signifie "Est", où le soleil se lève et où la lumière de la connaissance, du moins pour ceux qui regardent dans cette direction symbolique, nous parle toujours en termes scientifiques et politiques, il y a, plus symbolique et donc plus profond, un aspect imaginaire et psychique de ce premier voyage orbital. Et en fait, la question la plus incertaine qui serpentait parmi les scientifiques soviétiques était précisément : Gagarine pourra-t-il supporter la vision de la Terre vue de l'espace ? Son esprit sera-t-il capable de supporter une image qu'aucun homme n'a jamais vue, qui n'a de place que dans le Mundus Imaginalis de l'humanité mais pas dans son expérience sensorielle ? C'est, entre autres, la raison pour laquelle le vol a été dirigé depuis la Terre au moyen d'un système complexe télécommandé et informatisé, mais laissant Gagarine libre de voir et d'être vu depuis sa planète natale. Il a été choisi avec un grand critère parmi les aspirants à cette place, et finalement il a été choisi parce qu'il avait vécu son enfance dans les grands espaces de la terre, où se cache l'esprit des choses, semblable à celui que, peut-être, il aurait trouvé là-haut. Et le cosmonaute soviétique ne trahira pas les attentes : en véritable héros, il fondera un nouveau mythe, celui de l'homme qui parvient à comprendre en lui-même l'immensité du Monde, sa beauté sans frontières, sa splendeur sans maîtres. C'est ainsi qu'il la décrit, en la regardant depuis le hublot de la capsule, à travers une véritable perspective parce que son regard n'était pas seulement canalisé depuis un seul point d'observation, mais surtout parce qu'il était comme attiré par l'essence lumineuse de Gaïa, focalisé vers son centre symbolique invisible. Dans la vision de Gagarine, Gaïa reprend ses pouvoirs sur le regard des hommes, le monde des Puissances qui l'a engendrée revient se manifester dans toute son éminence. La force de ces suggestions mythologiques est telle que dans les vols spatiaux, plus que dans toute autre activité humaine, on retrouve les noms d'anciennes divinités : des vecteurs comme Atlas-Agena aux programmes comme Mercure et Apollo. La vision de Gagarine, cosmonaute et non astronaute, non pas conquérant des étoiles mais vagabond des étoiles, a brillé peut-être pour une seule orbite, mais aussi grande que cette immensité cosmique que nous devrions encore, si nous étions sages, être capables de saisir même depuis la Terre.
Traduit de l’italien par Le Rouge et le Blanc.