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Jean Herbert: Entretien avec Jean Varenne
Jean Herbert: Entretien avec Jean Varenne
(Revue Question DE. No 6. 1er Trimestre 1975)
Depuis plus de trente ans, Jean Herbert se consacre à la rédaction d’ouvrages qui visent à mieux faire connaître l’hindouisme aux Occidentaux et tout particulièrement aux Français. Son maître livre, Spiritualité hindoue, reste irremplaçable comme introduction à cet univers spirituel dont le prestige même est, souvent chez nous, facteur de méconnaissance. Si on le complète par son Introduction à l’Asie où la spécificité hindoue se trouve intégrée au reste de l’Asie, on a en main un trousseau de clés permettant d’ouvrir toutes les portes de ce qu’il est convenu d’appeler la Sagesse orientale. D’autres ont certes œuvré dans la même direction, mais ce qui fait l’originalité de Jean Herbert, c’est qu’il a toujours voulu présenter l’Inde (et l’Asie) vivante : c’est le spiritualisme hindou contemporain qu’il présente par priorité, même s’il le replace dans le développement de la Tradition. C’est pourquoi il est aussi connu comme directeur de la célèbre collection « Spiritualités vivantes », chez Albin Michel, où il a donné la parole aux maîtres modernes, de Râmakrishna à Aurobindo en passant par Râmdâs et Ananda Moyî. C’est lui qui a « révélé » le zen aux Français en traduisant, avec René Daumal et d’autres, les Essais sur le bouddhisme zen, de D.T. Suzuki, dont l’impact fut considérable. Il est enfin celui qui a donné accès au monde fermé du shintô japonais grâce à des ouvrages comme Les dieux nationaux du Japon ou Aux sources du Japon : le shintô.
Jean Varenne. Le public français vous connaît non seulement comme auteur de livres à succès sur les spiritualités asiatiques, mais aussi comme directeur d’importantes collections vouées à l’édition en notre langue de maîtres contemporains, principalement hindous. Qu’est-ce qui vous a conduit à ce genre d’activité ?
Jean Herbert. C’est essentiellement parce que j’ai été frappé par le fait que les élites spirituelles d’Orient et d’Occident ne se connaissaient pas du tout au début de ce siècle. A cette époque, les Orientaux ne se doutaient même pas qu’il y avait en Occident une spiritualité quelconque, et les Occidentaux, les chrétiens en particulier, n’imaginaient pas qu’il pût en exister une en dehors du christianisme, sauf ce qu’il était convenu d’appeler avec condescendance les « mystiques naturelles ». Quant à moi, ayant découvert à travers certains livres de Romain Rolland qu’il y avait des grands maîtres de spiritualité dans certains pays d’Orient, et en particulier en Inde, j’ai pensé que ce serait une œuvre utile que de les faire connaître à l’élite occidentale et c’est pour cela que je me suis mis à publier leurs œuvres dès que j’ai eu les moyens de le faire.
J. V. En dehors de la lecture de Romain Rolland, des circonstances particulières vous ont-elles permis de connaître directement de telles œuvres ?
J. H. Eh bien, c’est tout à fait accidentellement que je suis arrivé en Inde au cours d’un voyage qui me ramenait d’Extrême-Orient en Occident. J’ai été orienté, sans savoir pourquoi (mais le hasard n’existe pas), sur l’âshram du Shrî Aurobindo. Avant d’y arriver, je n’avais même jamais entendu son nom et donc ne savais pas du tout qui il était. Or j’ai rencontré en lui un homme qui m’a passionnément intéressé et dont les œuvres m’ont paru et me paraissent encore de première importance dans le mouvement spirituel contemporain. A cette époque, j’avais déjà eu accès aux œuvres de Râmakrishna et de Vivekânanda. Il y avait là tout un ensemble qu’il m’a semblé urgent de faire connaître directement, c’est-à-dire en laissant la parole à ces maîtres eux-mêmes.
J. V. Avez-vous pu rencontrer d’autres maîtres qu’Aurobindo ?
J. H. Oui. J ai eu le privilège invraisemblable de pouvoir m’asseoir non seulement aux pieds de Shrî Aurobindo, comme je viens de vous le dire, mais également de Râmana Maharshi, du Swami Râmdâs et de Ma Ananda Moyî, et d’autres encore qui ont bien voulu m’accueillir et me communiquer leur enseignement soit oralement, soit en m’autorisant à traduire leurs œuvres.
J. V. N’êtes-vous pas également responsable de l’introduction en France du bouddhisme zen, puisque c’est vous qui y avez fait connaître l’œuvre de Suzuki ?
J. H. Là encore il y a quelque chose d’apparemment fortuit à l’origine puisqu’il s’agissait d’une simple commande qui m’avait été faite. Pourtant, à lire Suzuki je me suis rendu compte qu’il y avait là une autre source d’enrichissement extraordinaire, même sur le plan intellectuel. Mais je vous avouerai que je ne me doutais pas à l’époque que ce travail pourrait conduire un jour à la formation de groupes d’Occidentaux tentant de pratiquer en Europe les techniques du zen et du za-zen. Je dois dire d’ailleurs que par Suzuki j’ai été conduit à m’interroger sur le bouddhisme en général, ce qui m’a permis de constater que cette discipline présentait des aspects très divers dans le monde contemporain, un peu à la façon du christianisme qui diffère tant chez les calvinistes que chez les orthodoxes ou les catholiques, par exemple. C’est pourquoi je n’ai pas voulu m’en tenir au zen et j’ai publié quelques œuvres relevant des bouddhismes birman, chinois ou cinghalais, afin surtout de permettre aux Occidentaux de comprendre que le zen, sous sa forme japonaise, n’est pas tout le bouddhisme, loin de là. Soit dit en passant, cela m’a valu les critiques que vous imaginez, car le public souhaite instinctivement pouvoir vous étiqueter une fois pour toutes : ayant publié, avec des préfaces sympathiques, Aurobindo ou Râmakrishna, j’étais sûrement converti à l’hindouisme !
J. V. Puisque vous mentionnez cette équivoque autour de votre nom, permettez-moi de vous demander si vous pensez qu’il est bon que des Occidentaux pratiquent telle ou telle discipline orientale.
J. H. Mon opinion est formelle à cet égard et elle est négative. J’adopte entièrement sur ce point l’attitude de Gandhi qui s’opposait absolument à toute conversion religieuse. Il peut, certes, y avoir des cas exceptionnels où une conversion à l’hindouisme, à l’islam ou au christianisme se justifie, mais cela ne peut rester justement que l’exception qui confirme la règle. Pour ma part, le fait de communier spirituellement avec Shrî Aurobindo ou Râmana Maharshi ne m’a pas empêché de continuer à me considérer personnellement comme chrétien. Tout au contraire, il faut chercher dans l’étude des spiritualités ou des religions orientales un approfondissement de la religion dans laquelle on est né ou des conceptions philosophiques et spirituelles auxquelles on adhérait avant d’avoir commencé cette étude. Ce n’est pas parce que l’on pratique le hatha-yoga que l’on doit se convertir à l’hindouisme et je pense qu’une discipline comme le zen peut être adoptée par des chrétiens sans inconvénient.
J. V. Ainsi donc vous pensez que pratiquer le yoga ou le zen peut apporter quelque chose à l’Occidental moderne ?
J. H. Vous savez bien que les gens qui pratiquent de telles disciplines se comptent par dizaines de milliers dans l’Europe actuelle, et j’en connais beaucoup qui en ont été profondément enrichis non seulement sur le plan physique, mais également sur les plans intellectuel, philosophique et spirituel. Mais, sincèrement, je ne pense pas que ce soit une raison pour faire abstraction de ce qui constitue notre atavisme culturel. La richesse de nos traditions est telle qu’elle se compare sans difficulté à ce qu’offre l’Orient. Y renoncer, c’est-à-dire renoncer à ce trésor que nous avons reçu par notre éducation et qui constitue notre milieu culturel serait une perte irrémédiable. Il y a lieu, en ce domaine comme en tant d’autres, non pas de repartir de zéro, mais d’apprendre à utiliser (et le yoga ou le zen peuvent nous y aider) ce que nous avons reçu pendant nos années de formation et de l’approfondir, de l’enrichir.
Ouvrages principaux de Jean Herbert Aux éditions Albin Michel
L'enseignement de Râmakrishna (1942)
Aux sources du Japon, le shintô.
Les dieux nationaux du Japon.
Introduction à l’Asie.
La mythologie hindoue, son message.
Spiritualité hindoue.
Le yoga de Shri Aurobindo.
Le yoga de l’amour.
Le bouddhisme en Asie au XXe siècle (Tartas).
Ce que Gandhi a vraiment dit (Stock).
Maîtres spirituels hindous édités par Jean Herbert
Citons, entre autres (tous chez Albin Michel, collection Spiritualités vivantes ») :
Shrî Aurobindo : la Vie divine (4 volumes).
Râmana Maharshi : Enseignement.
Gandhi : Lettres à l’ashram.
Vivekânanda : Entretiens et causeries.
Ma Ananda Moyî : Enseignement.
Râmdâs : Carnets de pèlerinage.
Râmakrishna : Enseignement.
15 août: Fête de l'Indépendance de l'Inde (15 août 1947)
La tendance de la civilisation indienne est d'élever l'être moral, celle de la civilisation occidentale est de propager l'immoralité. Cette dernière est sans Dieu, la première est fondée sur la croyance en Dieu. En comprenant et en croyant ainsi, il incombe à tout amoureux de l'Inde de s'accrocher à la vieille civilisation indienne, comme un enfant s'accroche au sein de sa mère.
Gandhi, Hind Swaraj
https://pocombelles.over-blog.com/2024/03/m.k.gandhi-hind-swaraj-ou-l-autonomie-de-l-inde-1833.html
15 août 1947
78e anniversaire de l’indépendance de l’Inde.
(Bloomberg 15/08/2024). Le Premier ministre Narendra Modi a une nouvelle fois appelé au remplacement des lois indiennes fondées sur la religion par un code civil uniforme, une initiative qui a été dénoncée par certains groupes minoritaires comme une couverture pour son programme nationaliste. Actuellement, les questions de mariage, de divorce, d'adoption et d'héritage sont régies par de multiples lois religieuses et coutumières. Un code civil uniforme effacera toute pratique religieuse indépendante dans la mise en œuvre de ces lois et les regroupera sous un même parapluie - une mesure qui, selon les critiques, fait partie de la poussée sociale majoritaire de Modi.
Seyyed Ali Khamenei: La dignité réside dans la connaissance et la conscience, tout comme la soumission réside dans l'ignorance et l’humiliation.
10-2- La dignité réside dans la connaissance et la conscience, tout comme la soumission réside dans l'ignorance et l’humiliation
Même aujourd'hui, partout où l'humanité souffre dans le monde - que ce soit au niveau politique, militaire ou économique - si vous recherchez les racines, vous les trouverez dans l'ignorance. Cela signifie que les gens ne savent pas ou n'ont pas les connaissances nécessaires, ou qu'ils ont des connaissances mais se sont vendus à vil prix. Ils ont accepté les humiliations et ont accepté d’être méprisés. L'Imam Sadjad (as) et l’Imam Ali (as) - selon ce qui a été rapporté - ont dit : « Si tu dois vendre ton existence et ton identité, leur seul prix est le paradis divin ». Si tu les vends pour moins que cela, tu es un perdant. Même le monde entier ne peut compenser la bassesse et les humiliations. Tous ceux, dans le monde, qui se sont soumis au pouvoir des puissants et ont accepté l’humiliation – les savants, les politiciens, les militants politiques et sociaux, et les intellectuels – l’ont fait parce qu'ils ne connaissaient pas leur propre valeur. L'honneur ne consiste pas à s'asseoir sur le trône ou à être président. Parfois, une personne, sur le trône, se vante avec arrogance et opprime des milliers de personnes, alors qu’elle est, en même temps, l’esclave d’une autre puissance et captive de ses désirs.
Seyyed Ali Khamenei
Déclaration lors des sermons de la prière du vendredi, 14 avril 2000
Source: https://french.khamenei.ir/news/13324
Le lotus (padma), un des emblèmes de Vishnou
Dans le Vishnou Purana, au début des temps, Brahma est décrit comme ayant été créé à l'intérieur d'un lotus s'épanouissant à partir du nombril de Vishnou. Le padma (lotus) occupe donc une place importante dans le récit de la cosmogonie Vaishnava, où Brahma reçoit de Vishnou l'instruction de commencer à générer l'univers et le reste de la création. Le lotus est considéré comme une représentation du dharma, la loi cosmique, ainsi que comme l'incarnation de la pureté, puisqu'il s'élève depuis le fond marin ou aquatique impur en direction du soleil.
Le Sūtra du Lotus (sanskrit : Saddharma Puṇḍarīka Sūtram, Sūtra sur le Lotus blanc du vrai Dharma, chinois : 妙法蓮華經, "l'Écrit de la fleur de lotus du beau dharma") est l'un des Mahāyāna sūtras bouddhistes les plus influents et les plus vénérés.
Consulter aussi
Yaksha Prashna (Mahabharata) : https://pocombelles.over-blog.com/2024/01/yaksha-prashna.html
Illustration japonaise représentant des lotus blancs dans le chapitre 25 : « La porte universelle » du Sutra du Lotus. Texte inscrit par Sugawara Mitsushige, période Kamakura, vers 1257, Metropolitan Museum of Art, New York.
" 298. - (...) Ceux-là seuls jouissent de la vraie béatitude et du vrai plaisir qui, profitant de l'expérience des autres, se gardent des convoitises et des richesses et recherchent leur refuge aux pieds de lotus de Dieu. (...)
Râmakrishna
In: L'enseignement de Râmakrishna, par Jean Herbert et al. Albin Michel, coll. Spiritualités vivantes, Paris, 1942.
Un ermite au bord d'un lac avec des lotus et des grues, dans les montagnes. Détail d'une peinture indienne.
La roue est le symbole principal de Dharma, associé au Soleil dans la cosmogonie indo-européenne. Le lotus et la roue sont tous les deux des cercles rayonnants. "Dharmo Rakshati Rakshitah" ( धर्मो रक्षति रक्षितः): "Le Dharma protège ceux qui le protègent." (Mahabharata). Le Logos hellénico-chrétien est le Dharma.
Imran Khan: Pourquoi l'Occident a soif de matérialisme et pourquoi l'Orient s'en tient à la religion
Celui qui entretient de bonnes relations avec Dieu, Dieu veillera à ce que de bonnes relations s’établissent entre lui et les autres.
Imam Ali (Paix sur Lui), Nahj al-Balaghah
« Je suis la ville de la connaissance et Ali est sa porte. » Hadith du prophète Mahomet (SAWS)
Pourquoi l'Occident a soif de matérialisme et pourquoi l'Orient s'en tient à la religion
Par Imran Khan
Mon, 2002-01-14 03:00
Ma génération a grandi à une époque où l'emprise coloniale était à son apogée. Nos aînés avaient été esclaves et avaient un énorme complexe d'infériorité à l'égard des Britanniques. L'école que j'ai fréquentée était semblable à toutes les écoles d'élite du Pakistan. Bien qu'elles soient devenues indépendantes, elles produisaient, et produisent toujours, des répliques des élèves des écoles publiques plutôt que des Pakistanais.
J'ai lu Shakespeare, ce qui était bien, mais pas Allama Iqbal - le poète national du Pakistan. Le cours d'études islamiques n'était pas pris au sérieux et, lorsque j'ai quitté l'école, j'étais considéré comme faisant partie de l'élite du pays parce que je parlais anglais et que je portais des vêtements occidentaux.
Même si je criais régulièrement "Pakistan Zindabad" lors des activités scolaires, je considérais ma propre culture comme arriérée et ma religion comme dépassée. Dans notre groupe, si quelqu'un parlait de religion, priait ou portait la barbe, il était immédiatement considéré comme un mollah.
En raison du pouvoir des médias occidentaux, nos héros étaient des stars de cinéma ou des pop stars occidentales. Lorsque je suis allé à Oxford, déjà chargé de ce fardeau, les choses n'ont pas été plus faciles. À Oxford, non seulement l'Islam, mais toutes les religions étaient considérées comme des anachronismes.
La science avait remplacé la religion et si une chose ne pouvait être prouvée logiquement, elle n'existait pas. Toutes les choses surnaturelles étaient confinées au cinéma. Des philosophes comme Darwin, qui, avec sa théorie de l'évolution à peine ébauchée, avait prétendument réfuté la création de l'homme et de la femme, étaient lus et révérés.
En outre, l'histoire de l'Europe reflète sa terrible expérience de la religion. Les horreurs commises par le clergé chrétien à l'époque de l'Inquisition ont laissé un impact puissant sur l'esprit occidental.
Pour comprendre pourquoi l'Occident tient tant à la laïcité, il faut se rendre dans des endroits comme Cordoue, en Espagne, et voir les appareils de torture utilisés pendant l'Inquisition espagnole*. De même, la persécution des scientifiques, considérés comme hérétiques par le clergé, a convaincu les Européens que toutes les religions étaient régressives**.
Cependant, le facteur le plus important qui a éloigné les gens comme moi de la religion était l'islam sélectif pratiqué par la plupart de ses prédicateurs. En bref, il y avait une énorme différence entre ce qu'ils pratiquaient et ce qu'ils prêchaient. En outre, au lieu d'expliquer la philosophie qui sous-tend la religion, on mettait trop l'accent sur les rituels.
Je pense que les humains sont différents des animaux. Alors que ces derniers peuvent être dressés, les humains ont besoin d'être intellectuellement convaincus. C'est pourquoi le Coran fait constamment appel à la raison. Le pire, bien sûr, a été l'exploitation de l'Islam à des fins politiques par divers individus ou groupes.
C'est donc un miracle que je ne sois pas devenu athée. La seule raison pour laquelle je ne le suis pas était la puissante influence religieuse que ma mère exerçait sur moi depuis mon enfance. Ce n'est pas tant par conviction que par amour pour elle que je suis resté musulman.
Cependant, mon Islam était sélectif. Je n'acceptais que les parties de la religion qui me convenaient. Les prières étaient limitées aux jours de l'Aïd et occasionnellement aux vendredis, lorsque mon père insistait pour m'emmener à la mosquée avec lui.
Dans l'ensemble, j'étais en bonne voie pour devenir un Pukka Brown Sahib. Après tout, j'avais les bonnes références en termes d'école, d'université et, surtout, d'acceptabilité dans l'aristocratie anglaise, ce pour quoi nos sahibs bruns donneraient leur vie. Alors, qu'est-ce qui m'a amené à faire un "lota" sur la culture des Sahibs bruns et à devenir un "desi" ?
Cela ne s'est pas fait du jour au lendemain.
Tout d'abord, le complexe d'infériorité dont ma génération avait hérité a progressivement disparu au fur et à mesure que je devenais un athlète de classe mondiale. Deuxièmement, je me trouvais dans une situation unique, celle de vivre entre deux cultures. J'ai commencé à voir les avantages et les inconvénients des deux sociétés.
Dans les sociétés occidentales, les institutions étaient fortes alors qu'elles s'effondraient dans notre pays. Cependant, il y a un domaine dans lequel nous étions et sommes toujours supérieurs, c'est celui de la vie familiale. J'ai commencé à réaliser que c'était là la plus grande perte de la société occidentale. En essayant de se libérer de l'oppression du clergé, ils ont supprimé Dieu et la religion de leur vie.
Si la science, quels que soient ses progrès, peut répondre à de nombreuses questions, il en est deux auxquelles elle ne pourra jamais répondre : D'une part, quel est le but de notre existence et, d'autre part, qu'advient-il de nous lorsque nous mourons ?
C'est ce vide qui, selon moi, a donné naissance à la culture matérialiste et hédoniste. Si c'est la seule vie possible, il faut faire du foin pendant que le soleil brille - et pour cela, il faut de l'argent. Une telle culture ne peut qu'engendrer des problèmes psychologiques chez l'être humain, car il y a un déséquilibre entre le corps et l'âme.
Par conséquent, aux États-Unis, qui ont fait preuve du plus grand progrès matérialiste tout en accordant de nombreux droits à leurs citoyens, près de 60 % de la population consulte des psychiatres. Pourtant, étonnamment, la psychologie moderne n'étudie pas l'âme humaine. La Suède et la Suisse, qui offrent le plus de bien-être à leurs citoyens, ont également les taux de suicide les plus élevés***. L'homme ne se contente donc pas nécessairement d'un bien-être matériel et a besoin de quelque chose de plus.
Étant donné que toute moralité trouve ses racines dans la religion, l'immoralité s'est progressivement développée depuis les années 70, une fois la religion supprimée. Son impact direct s'est fait sentir sur la vie familiale. Au Royaume-Uni, le taux de divorce est de 60 %, tandis qu'on estime à plus de 35 % le nombre de mères célibataires. Le taux de criminalité augmente dans presque toutes les sociétés occidentales, mais le fait le plus troublant est l'augmentation alarmante du racisme. Alors que la science tente toujours de prouver l'inégalité de l'homme (une étude récente a montré que les Noirs américains sont génétiquement moins intelligents que les Blancs), seule la religion prêche l'égalité de l’homme.
Entre 1991 et 1997, l'immigration totale en Europe a été estimée à environ 520 000 personnes, et des attaques à caractère raciste ont eu lieu un peu partout, en particulier en Grande-Bretagne, en France et en Allemagne. Au Pakistan, pendant la guerre d'Afghanistan, nous avons accueilli plus de quatre millions de réfugiés et, malgré la grande pauvreté de la population, il n'y a pas eu de tensions raciales.
Dans les années 80, une série d'événements m'a rapproché de Dieu, comme le dit le Coran : "Il y a des signes pour les gens qui comprennent". L'un d'entre eux était le cricket. Plus j'étudiais ce jeu, plus je le comprenais, plus je me rendais compte que ce que je considérais comme un hasard était en fait la volonté d'Allah. Un schéma qui est devenu plus clair avec le temps. Mais ce n'est qu'avec les « Versets sataniques » de Salman Rushdie que ma compréhension de l'Islam a commencé à évoluer.
Les personnes qui, comme moi, vivaient dans le monde occidental ont subi de plein fouet les préjugés anti-islamiques qui ont suivi la réaction des musulmans à ce livre. Deux choix s'offraient à nous : combattre ou fuir. Comme j'étais convaincu que les attaques contre l'islam étaient injustes, j'ai décidé de me battre. C'est alors que j'ai réalisé que je n'étais pas équipé pour le faire, car ma connaissance de l'islam était insuffisante. C'est ainsi que j'ai commencé mes recherches, qui ont été pour moi la période de ma plus grande illumination. J'ai lu des érudits comme Ali Shariati, Muhammad Asad, Iqbal, Gai Eaton et, bien sûr, j'ai étudié le Coran.
Je vais essayer d'expliquer, de la manière la plus concise possible, ce que signifie pour moi "découvrir la vérité". Lorsque le Coran s'adresse aux croyants, il dit toujours : "Ceux qui croient et font de bonnes œuvres". En d'autres termes, un musulman a une double fonction, l'une envers Dieu et l'autre envers ses semblables.
Pour moi, le plus grand impact de la croyance en Dieu a été de perdre toute peur des êtres humains. Le Coran libère l'homme de l'homme lorsqu'il dit que la vie et la mort, le respect et l'humiliation relèvent de la compétence de Dieu, de sorte que nous n'avons pas à nous incliner devant d'autres êtres humains.
De plus, comme il s'agit d'un monde transitoire où nous nous préparons à l'éternel, je me suis libéré des prisons que je m'étais imposées, telles que la vieillesse (une telle malédiction dans le monde occidental que les chirurgiens plastiques s'en donnent à cœur joie), le matérialisme, l'ego, le qu'en-dira-t-on et ainsi de suite. Il est important de noter que l'on n'élimine pas les désirs terrestres. Mais au lieu d'être contrôlé par eux, on les contrôle.
En suivant la deuxième partie de la croyance en l'islam, je suis devenu un meilleur être humain. Plutôt que d'être égocentrique et de vivre pour soi, j'estime que puisque le Tout-Puissant m'a tant donné, je dois à mon tour utiliser cette bénédiction pour aider les moins privilégiés. C'est ce que j'ai fait en suivant les principes fondamentaux de l'islam plutôt qu'en devenant un fanatique armé d'une kalachnikov.
Je suis devenu un être humain tolérant et généreux qui éprouve de la compassion pour les défavorisés. Au lieu de m'attribuer le succès, je sais qu'il est dû à la volonté de Dieu, et j'ai donc appris l'humilité au lieu de l'arrogance.
De même, au lieu de l'attitude snob de Brown Sahib à l'égard des masses, je crois en l'égalitarisme et je m'insurge contre l'injustice faite aux faibles dans notre société. Selon le Coran, "l'oppression est pire que le meurtre". En fait, ce n'est que maintenant que je comprends la véritable signification de l'Islam : si vous vous soumettez à la volonté d'Allah, vous aurez la paix intérieure.
Grâce à ma foi, j'ai découvert en moi une force dont je ne soupçonnais pas l'existence et qui a libéré mon potentiel dans la vie. J'ai l'impression qu'au Pakistan, nous avons un Islam sélectif. Il ne suffit pas de croire en Dieu et de suivre les rituels. Il faut aussi être un bon être humain. J'ai le sentiment que certains pays occidentaux présentent des caractéristiques bien plus islamiques que nous, au Pakistan, notamment dans la manière dont ils protègent les droits de leurs citoyens ou, en l'occurrence, leur système judiciaire. En fait, certaines des meilleures personnes que je connaisse vivent dans ces pays.
Ce que je n'aime pas chez eux, c'est leur double standard dans la manière dont ils protègent les droits de leurs citoyens mais considèrent les citoyens d'autres pays comme étant d'une certaine manière inférieurs à eux en tant qu'êtres humains, par exemple en déversant des déchets toxiques dans le tiers-monde, en faisant de la publicité pour des cigarettes qui ne sont pas autorisées en Occident et en vendant des drogues qui sont interdites en Occident.
L'un des problèmes auxquels est confronté le Pakistan est la polarisation de deux groupes réactionnaires. D'un côté, il y a le groupe occidentalisé qui voit l'Islam avec des yeux occidentaux et qui n'a pas de connaissances suffisantes sur le sujet. Il réagit vivement à toute tentative d'imposer l'Islam dans la société et ne veut qu'une partie sélective de la religion. À l'autre extrême, il y a le groupe qui réagit à cette élite occidentalisée et qui, en essayant de devenir un défenseur de la foi, adopte des attitudes intolérantes et moralisatrices qui sont contraires à l'esprit de l'Islam.
Ce qu'il faut faire, c'est entamer d'une manière ou d'une autre un dialogue entre les deux extrêmes. Pour ce faire, le groupe auquel est consacrée la plus grande partie de nos ressources éducatives dans ce pays doit étudier correctement l'Islam.
Qu'ils deviennent des musulmans pratiquants ou qu'ils croient en Dieu est un choix entièrement personnel. Comme le dit le Coran, "il n'y a pas de contrainte en religion". Cependant, ils doivent s'armer de connaissances pour lutter contre l'extrémisme. Ce n'est pas en faisant la sourde oreille à l'extrémisme que l'on résoudra le problème.
Le Coran qualifie les musulmans de "nation du milieu", et non d'extrême. Le Saint Prophète (que la paix soit sur lui) a reçu l'ordre de simplement transmettre le message et de ne pas se préoccuper de savoir si les gens se convertissaient ou non.
En outre, il nous est demandé de respecter les autres religions, leurs lieux de culte et leurs prophètes. Il convient de noter qu'aucun missionnaire ou armée musulmane ne s'est jamais rendu en Malaisie ou en Indonésie. Les gens se sont convertis à l'Islam en raison des principes élevés et du caractère irréprochable des commerçants musulmans. À l'heure actuelle, les pires publicités pour l'Islam sont les pays où l'Islam est sélectif, en particulier lorsque la religion est utilisée pour priver les gens de leurs droits. En fait, une société qui respecte les principes fondamentaux de l'Islam est forcément libérale.
Si la classe occidentalisée du Pakistan commence à étudier l'Islam, elle pourra non seulement aider la société à lutter contre le sectarisme et l'extrémisme, mais aussi lui faire prendre conscience que l'Islam est une religion progressiste. Ils seront également en mesure d'aider le monde occidental en articulant les concepts islamiques. Récemment, le prince Charles a reconnu que le monde occidental pouvait apprendre de l'Islam. Mais comment cela peut-il se produire si le groupe qui est le mieux placé pour projeter l'Islam tire ses attitudes de l'Occident et considère l'Islam comme rétrograde ? L'Islam est une religion universelle et c'est pourquoi notre Prophète (que la paix soit sur lui) a été qualifié de miséricorde pour toute l'humanité. (Internews)
Imran Khan
Traduit de l'anglais par Rouge et Blanc
Source: https://www.arabnews.com/node/217634
* NDLR: Le problème du christianisme, c'est bien sûr son exclusivisme ("le Christ est le SEUL Fils de Dieu"), même si plusieurs conciles ont arrêté qu'on ne pouvait pas forcer quelqu'un à se convertir, le reste concernant Dieu. Mais il semble que l'Inquisition ait été créée et a servi pour réprimer surtout les abus dans le domaine civil (l'usure notamment). Son image a été déformée par la "Légende noire" anglaise contre l'Espagne.
** Idem: En Occident, l'Église n'a jamais été contre la science, au contraire. D'autres raisons ont pu expliquer des mesures prises contre des savants. Faut-il rappeler l'expression d'un révolutionnaire français (St Just ou Robespierre ): "La République n'a pas besoin de savants" ?
*** De plus en plus de pays occidentaux tolèrent ou dépénalisent l'euthanasie et bien sûr aussi l'avortement. https://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9gislation_sur_l%27euthanasie_et_le_suicide_assist%C3%A9_par_pays
"Il y a dans la Révolution française un caractère satanique qui la distingue de tout ce qu'on a vu et peut-être de tout ce qu'on verra...il n'y a plus de prêtres, on les a chassés, égorgés, avilis; on les a dépouillés. Et ceux qui ont échappé à la guillotine, aux buchers, aux poignards, aux fusillades, aux noyades, à la déportation, reçoivent aujourd'hui l'aumône qu'ils donnaient jadis. Les autels sont renversés, on a promené dans les rues des animaux immondes sous des vêtements des pontifes. Les coupes sacrées ont servi à d'abominables orgies. Et sur ces autels que la foi antique environne de chérubins éblouis, on a fait monter des prostituées nues."
Joseph de Maistre, Considérations sur la France, 1796.
Le Mahatma Gandhi et l'Ahimsâ
"Ses parents appartenaient à l'école Jaïn de l'Hindouisme, dont un des grands principes est l'Ahimsâ*, qu'il devait victorieusement affirmer dans le monde. "
* Ahimsâ: A privatif, Himsa, faire du mal. Non-injure à toute vie, Non-violence. Un des plus anciens principes de la religion hindoue, particulièrement affirmé par Mahâvira, fondateur du Jaïnisme, par Buddha, ainsi que par les champions du culte de Vishnou, qui eut beaucoup d'influence sur Gandhi.
" Pour les Jaïnistes, l'amour plus que l'intelligence est la voie qui mène à Dieu. Le père du Mahâtma n'attachait aucun prix à l'argent, et en laissa peu aux siens, ayant presque tout dépensé en charité."
Romain Rolland, Vie du Mahatma Gandhi.
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Extrait du Ramcharitamanas de Tulsidas
C'est cela et cela seulement
est la vraie religion-
Servir ses frères :
C'est le péché par excellence,
Faire du mal à ses frères :
Dans une telle foi se trouve le bonheur,
Sans elle, c'est la misère et la douleur :
Heureux celui qui ne s'écarte pas
De ce droit chemin :
Heureux celui qui vit
En servant Dieu sans relâche :
en portant les fardeaux des autres,
Et ainsi seulement,
La vie, la vraie vie, est accessible :
Rien n'est difficile pour celui qui, se débarrassant de lui-même,
ne pense qu'à ceci-
Comment puis-je servir mes semblables ?