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Rouge et Blanc, ou le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

La France affranchit: Lettres du roi Louis le Hutin (1305)

27 Mars 2008 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #France

Lettres publiées le 3 juillet 1305 par le roi Louis le Hutin:

 

 

" Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, etc. Comme selon le droit de nature chacun doit naistre franc ; et par aucune usages ou coustumes, qui de grande ancienneté ont été introduites et gardées jusques cy en nostre royaume, et par aventure pour le meffet de leurs prédécesseurs, moult de personnes de nostre commun peuple, soient encheües en lien de servitudes et de diverses conditions, qui moult nous desplait. Nous considérants que nostre royaume est dit, et nommé le royaume des Francs, et voulants que la chose en vérité soit accordant au nom, et que la condition des gents amende de nous en la venüe de nostre nouvel gouvernement. Par délibération de nostre grand conseil, avons ordené et ordenons, que gereraument, par tout nostre royaume, de tant comme il peut appartenir à nous et à nos successeurs, telles servitudes soient ramenées à franchises ; et à tous ceux qui de ourine, ou ancienneté, ou de nouvel par mariage ou par residence de lieus de serve condition, sont encheües ou pourraient eschoir en liens de servitudes, franchise soit donnée à bonnes et convenables conditions. "

 

Cité par M. le vicomte de Chateaubriand : Analyse raisonnée de l’histoire de France, Ledentu, Paris, 1834.

 

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Larguez les amarres !

24 Mars 2008 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #Exploration

POC-voyage-labrador-copie-1.JPGPierre-Olivier Combelles, carnets de voyage canadiens, 1990

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"Le temps a laissié son manteau / De vent, de froidure et de pluye..."

19 Mars 2008 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #Lettres

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Charles d'Orléans et Marie de Clèves



Charles d'Orléans (1394, Paris – 1465, Amboise), dernier poète courtois, fils de Louis, duc d'Orléans, frère de Charles VI. Duc à treize ans en 1407 lorsque son père fut assassiné par les Bourguignons, il se lia aux Armagnacs pour obtenir la condamnation des meurtriers de son père (1414). En 1415, il fut pris à Azincourt et conduit en Angleterre, où il dut rester prisonnier pendant 25 ans.
Libéré contre rançon en 1440, il retourna dans son pays, se maria avec Marie de Clèves, se retira à Blois, où il tint une cour littéraire et accueillit Villon, entre autres. Son fils, Louis XII, futur roi de France, naquit en 1462.
En Angleterre, il cultiva son talent littéraire, écrivant des ballades, rondeaux et complaintes en français et en anglais. Ses poésies furent éditées par Clément Marot, sur ordre de François Ier (1515 – 47).


Rondeau LXIII


Le temps a laissié son manteau
De vent, de froidure et de pluye,
Et s'est vestu de brouderie,
De soleil luyant, cler et beau.


Il n'y a beste, ne oiseau,
Qu'en son jargon ne chante ou crie:
Le temps a laissié son manteau
De vent, de froidure et de pluye.


Rivière, fontaine et ruisseau
Portent, en livrée jolie,
Gouttes d'argent d'orfèvrerie,
Chascun s'abille de nouveau:
le temps a laissié son manteau.


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Général Leonid Ivashov: la crise globale

19 Mars 2008 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles

Dans un article intitulé " Hourra pour la crise globale " publié le 26 janvier sur le site de la Fondation de la culture stratégique (fondsk.ru), le général russe Leonid Ivashov, ancien directeur du département international du ministère russe de la défense et président de l’Académie des problèmes géopolitiques, aborde la crise qui frappe l’économie américaine et mondiale.
Les idées qu'il énonce ci-dessous sont évidemment le résultat d'une vaste réflexion qui englobe de nombreux champs, et le départ d'une action politique de portée universelle..

Extrait :

" Aujourd’hui, ce ne sont pas les philosophes, poètes, musiciens ou explorateurs de mondes lointains qui donnent le ton à la vie des gens, mais plutôt les financiers et les hommes d’affaires. Le gain matériel, l’argent, le luxe et le pouvoir sont devenus les codes fondamentaux de la majorité des gens.
" Le dualisme physique-spirituel de l’être humain se réduit, de plus en plus, à sa seule composante "corps". Un tel être humain, cependant, n’est ni utile à la nature, ni acceptable pour Dieu. Par conséquent, il est condamné à disparaître. Car l’homme a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, alors que son existence physique est assurée par ses liens avec le monde végétal et animal et avec la nature inorganique.
" Le modèle d’être contemporain, basé sur l’idéologie du monétarisme, doit être remplacé par un être spirituel cognitif. Ceci ne peut être fait qu’en passant par le fourneau d’une crise du système financier et économique mondial, dans laquelle la crise elle-même sert à priver l’oligarchie mondiale de son pouvoir. " 

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L'Europe vue par l'O.N.U.

12 Mars 2008 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles

"Un rapport de l'O.N.U. de 2001 préconise l'installation en Europe de 159 millions d'immigrés d'ici 2005, ce qui aurait pour effet la submersion des populations nationales. Souvenons-nous que la dénatalité et la décadence romaines entraînèrent les invasions barbares."

Aymeric Chauprade*, Constantes et changements dans l'histoire, Ellipses, Paris, 2003.

*Aymeric Chauprade est professeur de Géopolitique à l'Ecole de Guerre.


Voici donc comment l'O.N.U. voit l'Europe:

- Un état fédéral incluant les pays méditerranéens et l'Afrique, en remplacement des états nationaux
- Une population afro-européenne, en remplacement des populations autochtones blanches
- L'Islam comme première religion, en remplacement du christianisme
- L'anglais sommaire et l'arabe comme langues principales, en remplacement des langues européennes.

Ajoutons que les dirigeants européens élus appliquent les directives de l'O.N.U.

 

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Antoine de Rivarol (1753-1801) : quelques citations

10 Mars 2008 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #Lettres


Le temps est le rivage de l'esprit ; tout passe devant lui, et nous croyons que c'est lui qui passe.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.8, Le Livre Club du Libraire, 1962)

L'homme, dans sa maison, n'habite pas l'escalier, mais il s'en sert pour monter et pénétrer partout ; ainsi l'esprit humain ne séjourne pas dans les nombres, mais il arrive par eux à la science et à tous les arts.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.9, Le Livre Club du Libraire, 1962)

L'esprit est le côté partiel de l'homme ; le coeur est tout.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.13, Le Livre Club du Libraire, 1962)

L'homme qui dort, l'homme ivre, c'est l'homme diminué.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.13, Le Livre Club du Libraire, 1962)

Il y aura toujours deux mondes soumis aux spéculations des philosophes : celui de leur imagination, où tout est vraisemblable et rien n'est vrai, et celui de la nature où tout est vrai sans que rien paraisse vraisemblable.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.14, Le Livre Club du Libraire, 1962)

Les corps politiques recommencent sans cesse ; ils ne vivent que de remèdes.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.24, Le Livre Club du Libraire, 1962)

La raison se compose de vérités qu'il faut dire et de vérités qu'il faut taire.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.27, Le Livre Club du Libraire, 1962)

L'imprimerie est l'artillerie de la pensée.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.29, Le Livre Club du Libraire, 1962)

Les peuples les plus civilisés sont aussi voisins de la barbarie que le fer le plus poli l'est de la rouille. Les peuples, comme les métaux, n'ont de brillant que les surfaces.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.30, Le Livre Club du Libraire, 1962)

Il faut attaquer l'opinion avec ses armes : on ne tire pas des coups de fusil aux idées.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.34, Le Livre Club du Libraire, 1962)

Dieu est la plus haute mesure de notre incapacité : l'univers, l'espace lui-même, ne sont pas si inaccessibles.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.36, Le Livre Club du Libraire, 1962)

Un peu de philosophie écarte de la religion, et beaucoup y ramène.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.36, Le Livre Club du Libraire, 1962)

La philosophie ne répond que des individus, mais la religion répond des masses.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.37, Le Livre Club du Libraire, 1962)

C'est un terrible luxe que l'incrédulité.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.38, Le Livre Club du Libraire, 1962)

Celui qui n'a qu'un désir ou qu'une opinion est un homme à caractère.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.40, Le Livre Club du Libraire, 1962)

L'orgueil est toujours plus près du suicide que du repentir.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.41, Le Livre Club du Libraire, 1962)

Il y a quelque chose de plus haut que l'orgueil, et de plus noble que la vanité, c'est la modestie ; et quelque chose de plus rare que la modestie, c'est la simplicité.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.41, Le Livre Club du Libraire, 1962)

L'avare est le pauvre par excellence : c'est l'homme le plus sûr de n'être pas aimé pour lui-même.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.42, Le Livre Club du Libraire, 1962)

Le mépris doit être le plus mystérieux de nos sentiments.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.42, Le Livre Club du Libraire, 1962)

On ne pleure jamais tant que dans l'âge des espérances ; mais, quand on n'a plus d'espoir, on voit tout d'un oeil sec, et le calme naît de l'impuissance.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.42, Le Livre Club du Libraire, 1962)

En général, l'indulgence pour ceux qu'on connaît est bien plus rare que la pitié pour ceux qu'on ne connaît pas.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.43, Le Livre Club du Libraire, 1962)

L'envie qui parle et qui crie est toujours maladroite ; c'est l'envie qui se tait qu'on doit craindre.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.44, Le Livre Club du Libraire, 1962)

" Quand je me demande, dit Montaigne, d'où vient cette joie, cet aise, ce repos que je sens lorsque je vois mon ami, c'est que c'est lui, c'est que c'est moi ; c'est tout ce que je puis dire. " Et Pythagore n'a-t-il pas dit très excellemment encore : " Quand je suis avec mon ami, je ne suis pas seul, et nous ne sommes pas deux. " Enfin Cicéron, en parlant de l'amitié, l'appelle une nécessité, et Aristote une âme en deux corps.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.44, Le Livre Club du Libraire, 1962)

On sait par quelle fatalité les grands talents sont, pour l'ordinaire, plus rivaux qu'amis ; ils croissent et brillent séparés, de peur de se faire ombrage : les moutons s'attroupent et les lions s'isolent.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.45, Le Livre Club du Libraire, 1962)

Si la pauvreté fait gémir l'homme, il bâille dans l'opulence. Quand la fortune nous exempte du travail, la nature nous accable du temps.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.46, Le Livre Club du Libraire, 1962)

Un bon esprit paraît souvent heureux, comme un homme bien fait paraît souvent adroit.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.47, Le Livre Club du Libraire, 1962)

Pour le riche ignorant, le loisir est sans repos, le repos sans charmes, et le temps, trésor de l'homme occupé, tombe comme un impôt sur le désoeuvrement. Le savant se cherche, et le riche s'évite.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.47, Le Livre Club du Libraire, 1962)

L'homme passe sa vie à raisonner sur le passé, à se plaindre du présent, à trembler pour l'avenir.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.48, Le Livre Club du Libraire, 1962)

Les opinions, les théories, les systèmes, passent tour à tour sur la meule du temps, qui leur donne d'abord du tranchant et de l'éclat, et qui finit par les user.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.49, Le Livre Club du Libraire, 1962)

La parole est la pensée extérieure, et la pensée est la parole intérieure.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.50, Le Livre Club du Libraire, 1962)

La grammaire étant l'art de lever les difficultés d'une langue, il ne faut pas que le levier soit plus lourd que le fardeau.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.51, Le Livre Club du Libraire, 1962)

L'imprimerie est à l'écriture ce que l'écriture avait été aux hiéroglyphes : elle a fait faire un second pas à la pensée ; ce n'est vraiment qu'à l'époque de cette invention que l'art a pu dire à la nature : " Ton exubérance et tes destructions ne m'épouvantent plus. J'égalerai le nombre de livres au nombre des hommes, mes éditions à tes générations, et mes bibliothèques, semées sur toute la surface du globe, triompheront de l'ignorance des barbares et du temps. "
(Maximes, pensées et paradoxes, p.54, Le Livre Club du Libraire, 1962)

[...] par sa nature, l'homme ne veut que deux choses, ou des idées neuves ou de nouvelles tournures : il exprime l'inconnu clairement pour se faire entendre, et il relève le connu par l'expression pour se faire remarquer.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.56, Le Livre Club du Libraire, 1962)

Le talent est un art mêlé d'enthousiasme. S'il n'était qu'art, il serait froid ; s'il n'était qu'enthousiasme, il serait déréglé : le goût leur sert de lien.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.58, Le Livre Club du Libraire, 1962)

La parole est le vêtement de la pensée, et l'expression en est l'armure.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.59, Le Livre Club du Libraire, 1962)

Les idées sont comme les hommes : elles dépendent de l'état et de la place qu'on leur donne.
(Maximes, pensées et paradoxes, p.59, Le Livre Club du Libraire, 1962)

Le genre humain est comme un fleuve qui coule du nord au midi ; rien ne peut le faire rebrousser contre sa source.
(De l'universalité de la langue française, p.76, Le Livre Club du Libraire, 1962)

[...] c'est la prose qui donne l'empire à une langue, parce qu'elle est tout usuelle : la poésie n'est qu'un objet de luxe.
(De l'universalité de la langue française, p.86, Le Livre Club du Libraire, 1962)

[...] sensation et raisonnement, voilà de quoi tout l'homme se compose : l'enfant doit sentir avant de parler, mais il faut qu'il parle avant de penser. [...] si la parole est une pensée qui se manifeste, il faut que la pensée soit une parole intérieure et cachée. L'homme qui parle est donc l'homme qui pense tout haut et, si on peut juger un homme par ses paroles, on peut aussi juger une nation par son langage.
(De l'universalité de la langue française, p.87, Le Livre Club du Libraire, 1962)

Ce qui n'est pas clair n'est pas français.
(De l'universalité de la langue française, p.113, Le Livre Club du Libraire, 1962)

Il est bon de ne pas donner trop de vêtements à sa pensée ; il faut, pour ainsi dire, voyager dans les langues, et, après avoir savouré le goût des plus célèbres, se renfermer dans la sienne.
(De l'universalité de la langue française, p.121, Le Livre Club du Libraire, 1962)

Le langage est la peinture de nos idées [...]
(De l'universalité de la langue française, p.122, Le Livre Club du Libraire, 1962)
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Louis XVII

9 Mars 2008 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #France

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Nous avons tous à rendre un culte au roi Louis XVII, un culte de réparation et de reconnaissance. La vraie survivance de cet enfant mort en pardonnant à ses bourreaux, comme Jésus sur la Croix, exhalant son âme dans un élan d'amour à la voix de sa mère, est dans le salut de la France, qui se lèvera bientôt par l'intercession de « la plus pure victime sacrée de l'ignominie révolutionnaire, victime d'expiation au Sacré-Cœur pour les Rois ses ancêtres, rebelles aux appels du Ciel, annonciatrice de pardon et de résurrection pour cette maison de France, prédestinée entre toutes les dynasties de la terre pour rendre au Christ son héritage et l'étendre enfin aux limites de l'univers » 
Abbé Georges de Nantes

 

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Le sol de France affranchit celui qui le touche

9 Mars 2008 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #France

Le décret de 1848 sur l'abolition de l'esclavage se contentera d'étendre "au colonies et possessions de la République" le principe que "le sol de France affranchit celui qui le touche", principe énoncé en 1135 par le roi Louis VI le Gros, confirmé par Louis X le Hutin dans un édit de  1315, et rappelé au XVIe siècle par un arrêt célèbre du Parlement de Bordeaux, aux termes duquel "France est terre et mère de liberté, et ne connaît aucuns esclaves": tout esclave qui touchait le sol français était ipso facto libéré.

Extrait de : Signac et Lettres/Une exposition/Benjamin Franklin à Paris, par Marcel Signac, RIVAROL N°2848 du 7 mars 2008

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La noblesse française vient de la charrue

6 Mars 2008 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles

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La grande faculté de la France, une de ses facultés maîtresses, aurait dit Taine, c’est de reconstituer sans cesse une classe moyenne qui, elle-même, engendre toutes les aristocraties. A la base se trouve une classe paysanne, ancienne et dure, qui crée constamment de la richesse, et qui, par la plus réelle des richesses, celle du sol fécondé par le travail, s’élève constamment. Un vieux proverbe de la noblesse française disait : " Nous venons tous de la charrue. " C’est encore vrai de nos jours pour toutes nos espèces d’aristocratie, y compris celle de l’intelligence. Vingt millions de paysans forment l’humus dont se nourrit sans cesse ce qui fait la France. Vingt millions de paysans qui ont deux passions, celle de l’épargne et celle de l’ordre, sont les garanties de toutes nos renaissances. Quelles que soient nos plaies financières, politiques ou sociales, on peut compter que le paysan français, par son labeur aussi régulier qu’opiniâtre, rétablira l’équilibre et aura raison de tout.
Jacques Bainville, " L’avenir de la civilisation " in La Revue universelle du 1er mars 1922, republié dans " Heur et malheur des Français ", Nouvelle Librairie Nationale, Paris, 1924. 



"En un demi-siècle, la France a perdu 95% de ses paysans. L'actuelle Europe vingt millions."
Petrus Agricola: Salon de l'Agriculture 2008: un avant-goût de l'inflation mondiale des prix. RIVAROL N° 2849 du 14 mars 2008.

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SUPERIORITE DE L’AGRICULTURE DANS LA SOCIETE

par le Vicomte Louis de Bonald 
 
L'or est devenu la divinité extérieure et sensible des sociétés commerçantes et républicaines, qui sont aussi plus riches en général que les sociétés catholiques. Mais le commerce n'est si fort en faveur dans les sociétés non constituées ou les républiques, que parce qu'il place l'homme à l'égard de son semblable, dans l'état sauvage, tel qu'il peut exister au sein des sociétés policées, et qu'il s'allie naturellement avec des gouvernements où les lois ne sont que les volontés particulières de l'homme dépravé. Cette assertion paraît un paradoxe ; venons à la preuve. Quel est le caractère de l'état sauvage ? C'est de placer les hommes, les uns à l'égard des autres, dans un état de guerre ou d'envahissement de la propriété : or le commerce, tel qu'il se pratique presque partout en Europe, est un envahissement réel de la propriété d'autrui ; et lorsqu'on voit le marchand n'avoir aucun prix réglé pour ses marchandises, le commerçant spéculer sans pudeur sur le papier empreint du sceau funeste de l'expropriation la plus odieuse, le négociant, quelquefois le plus accrédité, faire arriver en poste de la maison voisine des courriers haletants de sueur et de fatigue, pour répandre une nouvelle politique qui puisse hausser le prix des effets qu'il veut vendre, ou faire baisser le prix de ceux qu'il veut acheter, on a sous les yeux, réellement et sans métaphore, le spectacle hideux d'une bande de sauvages qui se glissent dans l'obscurité, pour aller enlever la chasse de leur ennemi, ou incendier son habitation. Je dis plus, et sans recourir à ces abus malheureusement trop communs, je soutiens que le commerce, même le plus honnête, place nécessairement les hommes, les uns à l'égard des autres, dans un continuel état de guerre et de ruse, dans lequel ils ne sont occupés qu'à se dérober mutuellement le secret de leurs spéculations, pour s'en enlever le profit, et élever leur commerce sur la ruine ou la diminution de celui des autres ; au lieu que l'agriculture, dans laquelle tous les procédés sont publics et toutes les spéculations sont communes, réunit les hommes extérieurs dans une communauté de travaux et de jouissances, sans diviser les hommes intérieurs par la crainte de la concurrence ou la jalousie du succès. Aussi l'agriculture doit-elle être le fondement de la prospérité publique dans une société constituée, comme elle y est la plus honorable et la plus utile des professions qui ne sont pas sociales ; et le commerce est, dans une société non constituée, le fondement de la fortune publique, comme il est, dans ces mêmes sociétés, la source de toute considération personnelle.
Louis-Auguste, Vicomte de Bonald, Théorie du pouvoir politique et religieux (1796): Deuxième partie: Sociétés religieuses, Livre II: Religion chrétienne ou constituée, 14. Observations générales sur les sociétés constituées et non constituées.
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