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Rouge et Blanc, ou le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

La poésie pure

18 Avril 2016 , Rédigé par POC

[...] Mais il a ceci de particulier, de divin que sa précision elle-même a pour but unique d’ouvrir, aussi grandes que possible, les portes du mystère. Précision honteuse de soi, inquiète, bégayante, opposée à la précision satisfaite, triomphante, définitive de la prose. La lecture poétique commence au point précis où s’achèverait la lecture prosaïque. l’intellect volontiers exigerait du langage commun des perfections et des puretés qui ne sont pas en sa puissance… je rejetais non seulement les lettres mais encore la philosophie presque tout entière parmi les choses vagues et les choses impures auxquelles je me refusais de tout mon coeurj’étais fort de mon désir infini de netteté. c’est ici la tentation à son paroxysme ; le « grand refus » du don poétique sur le point d’être consommé ; l’« intellect » narguant la fine pointe de l’âme ; la prose elle-même bafouée comme encore trop semblable à la poésie.

Valéry accepte le silence, il se tait parce que la parole humaine, et même celle des philosophes, n’atteint pas à cette clarté définitive, à cette précision absolue où il voit le souverain bien ; le poète se tait, ou, du moins, incline au silence, parce que les mortelles précisions de la parole humaine réduisent, déforment, limitent, dégradent les réalités mystérieuses, indéfinissables que l’inspiration lui a permis d’entrevoir, de sentir, de toucher presque. Pour le poète, la prose est impure parce qu’elle est trop précise ; pour Valéry, parce qu’elle ne l’est pas assez. [...]

Henri Brémond: La poésie pure: Éclaircissements (2013) - IV. Valéry ou le poète malgré lui.

http://obvil.paris-sorbonne.fr/corpus/critique/bremond_poesie-pure/body-6

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Pierre de Ronsard: Sonnet à Marie

17 Avril 2016 , Rédigé par POC

Platanthera chlorantha. Photo: Pierre-Olivier Combelles

Platanthera chlorantha. Photo: Pierre-Olivier Combelles

Je vous envoie un bouquet que main

Vient de trier de ces fleurs épanouies ;

Qui ne les eût à ce vêpres cueillies,

Chutes à terre elles fussent demain.

 

Cela vous soit un exemple certain

Que vos beautés, bien qu’elles soient fleuries,

En peu de temps cherront, toutes flétries,

Et, comme fleurs, périront tout soudain.

 

Le temps s’en va, le temps s’en va, ma dame

Las ! le temps, non, mais nous nous en allons,

Et tôt serons étendus sous la lame ;

 

Et des amours desquelles nous parlons,

Quand serons morts, n’en sera plus nouvelle.

Pour c’aimez-moi cependant qu’êtes belle.

 

Pierre de Ronsard

Second livre des Amours

L'escalier du Primatice à Fontainebleau.

L'escalier du Primatice à Fontainebleau.

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Marjorie Blamey

17 Avril 2016 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles

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http://www.telegraph.co.uk/gardening/gardenprojects/3313303/A-natural-eye-for-flora-and-fauna.html

Marjorie Blamey est devenue célèbre en raison de la beauté et de la précision de ses illustrations de fleurs. Après avoir été actrice puis photographe, elle s'installa en Cornouailles, s'occupa d'élevage pendant vingt ans et ne commença à peindre les fleurs qu'en 1965. Elle a illustré de nombreux livres et notamment The Illustrated Flora of Britain and Northern Europe (La Flore illustrée d'Europe Occidentale, Arthaud) et le Guide complet des fleurs de montagne - Alpes. Pyrénées. Apennins. Vosges. Jura. Massif central (Delachaux et Niestlé).

https://en.wikipedia.org/wiki/Marjorie_Blamey

Les chers livres de Marjorie Blamey de ma bibliothèque, toujours consultés, toujours admirés pour la beauté de leurs illustrations. Photo: Pierre-Olivier Combelles.

Les chers livres de Marjorie Blamey de ma bibliothèque, toujours consultés, toujours admirés pour la beauté de leurs illustrations. Photo: Pierre-Olivier Combelles.

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HRH The Prince of Wales: Show your love for the English garden

17 Avril 2016 , Rédigé par POC

English Tourism Week, which runs from March 5-13, has chosen the English Garden as its theme for this year. Here the Prince of Wales, who is its Patron, sets out the case for taking holidays in flood-hit areas of Britain to help get rural economies back on their feet, which also provides an opportunity to enjoy some of the best gardens the country has to offer.

I have had a particular passion for gardening ever since I first moved to Highgrove 36 years ago and began to create the gardens there. I have also been fortunate enough to visit, and be inspired by, many of this country’s greatest gardens. They lie at the heart of some of the most glorious parts of the English countryside and merge seamlessly into it. Spending time in such incredibly beautiful places raises the spirits and leaves indelible memories.

So, I could not be more pleased that English Tourism Week, of which I happen to be Patron, has chosen 2016 to be the Year of the English Garden. [...]

Visionnez ici l'entrevue avec le Prince de Galles sur le site du Telegraph:

http://www.telegraph.co.uk/gardening/12183266/Show-your-love-for-the-English-garden.html

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Sauver le monde (Jean-Claude Michéa, "L'enseignement de l'ignorance"))

17 Avril 2016 , Rédigé par POC

"D'un côté, bien sûr, nous découvrons chaque jour davantage que le "mouvement qui abolit les conditions existantes" - autrement dit le capitalisme - conduit l'humanité à un monde écologiquement inhabitable et anthropologiquement impossible. Mais de l'autre, nous prenons également conscience qu'il ne sera possible de s'opposer à ce mouvement historiquement suicidaire - ce qui veut dire, tout simplement, de sauver le monde - que si, et seulement si, les générations qui viennent acceptent de reprendre cette résistance à leur compte."

Jean-Claude Michéa, L'enseignement de l'ignorance, Climats-Flammarion (1999-2006), p. 65.

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Après les milices à Sivens, les milices en Lozère … un état de « droit » qui parait bien inégalitaire ! (Naturalistes en lutte)

16 Avril 2016 , Rédigé par POC

Les agressions « autorisées » des lobbies « anti-environnement » se multiplient. Depuis les bonnets rouges, les milices de Sivens, et il y a quelques semaines, en Lozère, dans l’Allier, le 9 novembre 2015, les gendarmes ont délibérément laissé des éleveurs en colère saccager les bureaux d’une association plaidant la cause du loup (l’ALEPE) ».

Suite de l'article ici: https://naturalistesenlutte.wordpress.com/2015/12/24/apres-les-milices-a-sivens-les-milices-en-lozere-un-etat-de-droit-qui-parait-bien-inegalitaire/

Compte-rendu du saccage des locaux de l'association ALEPE sur son site: http://lozere.alepe.over-blog.com/2015/11/saccage-a-l-alepe.html

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Le virus Ebola et la politique de dépopulation mondiale par la ploutocratie capitaliste (Servando Gonzalez)

14 Avril 2016 , Rédigé par poc

Ebola: A Conspiratorial Analysis


By Servando Gonzalez
November 13, 2014


http://www.intelinet.org/sg_site/articles/sg_ebola.html

 

Servando Gonzalez, is a Cuban-born American writer, historian, semiologist and intelligence analyst. He has written books, essays and articles on Latin American history, intelligence, espionage, and semiotics. Servando is the author of Historia herética de la revolución fidelista, Observando, The Secret Fidel Castro: Deconstructing the Symbol, The Nuclear Deception: Nikita Khrushchev and the Cuban Missile Crisis and La madre de todas las conspiraciones: Una novela de ideas subversivas, all available at Amazon.com.

He also hosted the documentaries Treason in America: The Council on Foreign Relations and Partners in Treason: The CFR-CIA-Castro Connection, produced by Xzault Media Group of San Leandro, California, both available at the author's site at http://www.servandogonzalez.org.

His book, Psychological Warfare and the New World Order: The Secret War Against the American People is available at Amazon.com. Or download a .pdf copy of the book you can read on your computer, iPad, Nook, Kindle or any other tablet. His book, OBAMANIA: The New Puppet and His Masters, is available at Amazon.com. Servando's book (in Spanish) La CIA, Fidel Castro, el Bogotazo y el Nuevo Orden Mundial, appeared last year, and is available at Amazon.com and other bookstores online.

His most recent book, I Dare Call It treason: The Council on Foreign Relations and the Betrayal of the America, juste appeared and is available at Amazon.com and other bookstores online.

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L'anneau d'or de Jeanne d'Arc donné par elle à Anne de Laval, veuve de du Guesclin

10 Avril 2016 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles

Jeanne d'Arc et Bertrand du Guesclin

22 Août 2011 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles

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L'histoire de Jeanne d'Arc, la plus grande sainte française et celle du connétable Bertrand du Guesclin, le plus grand soldat français, sont liées par un anneau d'or: celui qu'offrit la Pucelle à Jeanne de Laval, la veuve de du Guesclin.

 

"A Loches encore, Jeanne reçut une lettre de la veuve de Bertrand du Guesclin, remariée ansuite au sire de Laval. C'était sans doute pour recommander ses deux petits-fils, Guy et André de Laval, qui étaient en route pour rejoindre le corps expéditionnaire. Jeanne répondit à la noble dame et lui fit présent d'un anneau d'or... , anneau précieux qui unissait la pensée de la vierge guerrière au souvenir du grand connétable.

Le samedi, 4 juin [1429], la Pucelle abandonna la résidence de Loches afin de se rendre à Selles-en-Berry, où le roi venant de Chinon  ne devait pas tarder à la retrouver. Elle rencontra le jour même, dans cette ville, un héraut chargé par les Orléanais de la renseigner sur les mouvements des troupes anglaises. Le lendemain, Charles VII quittait Saint-Aignan et faisait mander à l'héroïne de s'avancer au devant de lui à quelque distance de Selles-en-Berry.

Une importante missive écrite de Selles par les seigneurs de Laval à leur mère et à leur aïeule nous dépeint parfaitement ce qui se passait autour du roi de France. En voici un passage:

 

Mes très redoutées Dames et Mères,

 

Le lundi, je quittai le roi pour venir à Selles-en-Berry, à quatre lieues de Saint-Aignan. La Pucelle y était déjà arrivée, et le roi la manda au-devant de lui. D'aucuns m'ont dit qu'elle avait fait cela en ma faveur et afin que je la visse.

La Pucelle fit très bon accueil à mon frère et à moi; elle était armée de toutes pièces, sauf la tête; elle tenait une lance en main.

A notre arrivée à Selles, j'allai la voir à son logis. Elle vit venir du vin: "Je vous en ferai bientôt boire à Paris", me dit-elle. Son fait, ses actions, la voir, l'entendre, sont choses toutes divines.  Cette merveilleuse jeune fille a quitté Selles, ce lundi (6 juin), à l'heure des Vêpres, pour aller à Romorantin, avançant de trois lieues ses avant-postes; elle était accompagnée du maréchal de Boussac, d'un grand nombre d'hommes d'armes et de personnes de la commune. Elle était armée tout en blanc, sauf la tête; elle avait en main une petite hache. Je la vis monter à cheval sur un grand coursier noir, qui se démenait très fort à la porte de son logis et ne la laissait pas se mettre en selle: "Menez-le, dit-elle alors, à la croix qui se trouve devant l'église, sur le chemin." Aussitôt elle arriva à le monter, et le cheval ne bougea pas plus que s'il avait été lié; puis elle se tourna vers la porte de l'église toute proche et dit avec une douce et claire voix de femme:"Vous, prêtres et gens d'église, faites des processions et des prières à Dieu." Elle se remit ensuite sur son chemin en faisant à ses hommes ce commandement: "Allez de l'avant, allez de l'avant !" Un gracieux page portait son étendard ployé, elle-même tenait en main sa petite hache. Un de ses frères, arrivé depuis huit jours, partit avec elle; il portait également une armure d'acier poli.

Aujourd'hui lundi, Monseigneur d'Alençon est arrivé à Selles avec une grande troupe; j'ai joué à la paume avec lui et j'ai gagné la partie.

On dit ici que Monseigneur le connétable vient avec six cents hommes d'armes et quatre cents hommes de trait, que Jean de la Roche vient aussi et que le roi n'a pas eu depuis longtemps autant de troupes que maintenant. Jamais on alla plus volontiers en guerre qu'en cette occasion. Mon cousin de Rais doit arriver ici aujourd'hui et augmenter ma compagnie. Quoi qu'il en soit, ce que nous avons amené est déjà bien présentable; le seigneur d'Argenton est un des principaux officiers que j'y ai mis. Je suis très content des rapports que j'ai avec lui, mais il y a si peu d'argent à la cour que je ne puis espérer aucun secours ni aucun appui pour le moment. Aussi, vous, Madame ma mère, qui avez mon sceau, ne craignez pas de vendre ma terre, de l'hypothéquer, ou bien trouvez un autre moyen plus convenable de nous secourir. le salut, la vie, l'honneur de nos personnes sont engagés: si nous ne procurons pas de ressources, n'ayant pas de solde à donner, nous demeurerons seuls..

Quand je rendis visite, en son logis, à la Pucelle, elle me dit que, trois jours avant mon arrivée, elle vous avait envoyé à vous, mon aïeule, un petit anneau d'or, mais que c'était bien peu de chose; si elle l'avait pu, elle vous eût fait plus riche présent à cause de l'honneur qu'elle vous porte.

    Vos humbles fils,

                                                                                        Guy et André de Laval

 

In: Histoire admirable de la bienheureuse Jeanne d'Arc, par Mgr. H. Debout, Paris, Maison de la Bonne Presse, 1909.

Repris de ma publication passée: http://pocombelles.over-blog.com/article-jeanne-d-arc-et-bertrand-du-guesclin-82167892.html

 

http://www.lefigaro.fr/culture/2016/04/08/03004-20160408ARTFIG00321-anneau-de-jeanne-d-arc-l-angleterre-declare-la-guerre-a-philippe-de-villiers.php

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L'assassinat du Président John F. Kennedy (Servando Gonzalez)

10 Avril 2016 , Rédigé par Béthune

Norman Rockwell: Portrait of John F. Kennedy

Norman Rockwell: Portrait of John F. Kennedy

[...]

The assassination of President John F. Kennedy

In January 20 1961, John F. Kennedy (not a CFR member) was inaugurated President of the United States. His inaugural address was a patriotic call for advancing America socially and economically. In it, he challenged the Soviets to use the “wonders of science” for economic progress and space exploration instead of militarism.

As soon as he got into the White House, Kennedy began an aggressive program to “get America moving again,” (not too different to Trump’s current “Make America great again”) and declared that the 1960s would be the decade of development, stressing the importance of creating an abundant and growing supply of cheap energy.

Unfortunately, however, Kennedy ignored that the CFR conspirators had already decided that the 1960s would be the decade that would mark the beginning of energy scarcity, deindustrialization and non-development in America. Soon after, his own Secretary of State Dean Dusk (CFR), as well as Chester Bowles (CFR) and other CFR agents in the State Department and in the White House, publicly expressed their displeasure with the new policies.

The CFR conspirators’ irritation with Kennedy grew to a point that in July 1962 LIFE magazine featured an unusual exchange of letters between CFR honcho David Rockefeller and President Kennedy. In his critical letter, David showed his hostility to JFK by pointing to the president’s economic policies as the source of the country’s problems.
The true reasons, however, were because after he was sworn in as president Kennedy ignored the National Security Council’s structure. Then, after the Bay of Pigs debacle he not only fired CIA Director Allen Dulles, a senior CFR conspirator, but also told some close friends that he wanted to smash the CIA “into a thousand pieces and scatter [it] to the winds.”

Finally, he made what probably were his two biggest mistakes.

The first one was authorizing the Secretary of the Treasury to issue currency backed by the U.S. Treasury Department, not the Federal Reserve Bank. After Kennedy was assassinated, one of the first measures taken by President Lyndon Johnson after he was sworn was to order the recall and destruction of the bills.

Kennedy’s second biggest mistake was that, contrary to his CFR advisors’ opinion, he began taking measures to end the war in Vietnam. On October 11, 1963, he ordered his National Security Advisor McGeorge Bundy (CFR) to implement plans to withdraw 1,000 U.S. military personnel by the end of the year. This was believed to be the first step to a complete withdrawal of American troops from Vietnam

Firing Allen Dulles and mentioning that he wanted to smash the CIA into a thousand pieces was a slap in the Rockefellers’ face and JFK knew it. That was his not-so-subtle way of telling them that he was the one in command — or so he believed. Ignoring the NSC, and later creating his own Ex-Comm (Executive Committee of the NSC) during the Cuban missile crisis was another direct attack on the Rockefeller’s power. Finally, just the fact that he signed an Executive Order authorizing the U.S. Treasury Department to print bills backed by the U.S. government, not by the Federal Reserve Bank, and ordering the withdrawal of troops from Vietnam, were serious transgressions the CFR conspirators would never tolerate.

As several authors have shown, everything indicates that the main suspects for the assassination of President Kennedy were the Wall Street bankers and oil magnates whose interests JFK had been attacking.[12] According to Professor Donald Gibson, evidence indicates that from an unwitting tool of the CFR conspirators, after the Bay of Pigs[13] JFK turned himself into one of their strongest enemies.[14]

This explains why the one who got destroyed was not the CIA, but John F. Kennedy.

[...]

Servando Gonzalez

Extrait de: http://www.intelinet.org/sg_site/articles/sg_killing_trump.html

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A qui profite Panama Papers ? Les USA, l'Hyper paradis fiscal ?

10 Avril 2016 , Rédigé par Béthune

On ira tous au paradis fiscal
par Myret Zaki*

http://www.horizons-et-debats.ch/index.php?id=4887

 

«Il est évident que seuls les Etats puissants se donnent le droit de récupérer, par les moyens qu’ils jugent bons, les recettes fiscales qui leur échappent, tout en prospérant grâce à l’évasion fiscale qu’ils offrent sur leur propre territoire aux ressortissants d’autres pays.»
C’est un extrait du livre «Le secret bancaire est mort, vive l’évasion fiscale», paru il y a six ans. Il est présomptueux de se citer soi-même. Mais force est de constater que cet ouvrage, qui prédisait que les Etats-Unis récupéreraient la clientèle internationale des banques suisses, offrait une analyse réaliste.
Ces dernières années, il y a eu débat incessant en Suisse: les attaques américaines contre le secret bancaire relèvent-elles d’une guerre économique, ou d’un juste combat visant à éradiquer l’évasion fiscale, chez les banques américaines en tête? Nos contradicteurs soutenaient sincèrement que Washington adopterait sans faillir les standards mondiaux d’échange d’informations fiscales. Ils envisageaient sérieusement qu’un marché de plus de 15?000 milliards de dollars d’avoirs défiscalisés – à l’aide de structures anglo-saxonnes pour l’essentiel – se régulariserait d’un coup de baguette réglementaire magique. Ils doivent aujourd’hui déchanter.

«The new Switzerland», c’est ainsi que l’agence Bloomberg appelle les Etats-Unis, baptisés désormais «plus grand paradis fiscal au monde». Alors que les banques suisses ont payé 5 milliards d’amendes pour avoir aidé des clients américains à évader le fisc, la perte réelle est la migration de la clientèle internationale en direction du paradis fiscal bien plus sûr et plus stable que sont les Etats-Unis.
Bloomberg évoque un mouvement de fond des avoirs privés des juridictions telles que la Suisse, les Bahamas, les Caïmans, les îles Vierges, les Bermudes vers les Etats-Unis, qui offrent une vraie confidentialité, parfaitement décomplexée. Quel Etat, en effet, rappellerait à l’ordre Washington? En Suisse également, des firmes conseillent à leurs clients, suisses et internationaux, de transférer leurs avoirs outre-Atlantique, que ce soit au Nevada, au Wyoming ou au Dakota du Sud.
C’est pragmatique: les Etats-Unis ont réussi à se dispenser des nouveaux standards de transparence qu’ils ont eux-mêmes contribué à édicter, tels que Fatca, une loi américaine, ou le standard international de l’échange automatique d’informations de l’OCDE, dont Washington n’est pas signataire.
Malgré le refus de signer ces conventions, les Etats-Unis ne se retrouvent pas pour autant sur la liste noire de l’OCDE. Dès lors, pourquoi s’en priveraient-ils? La seule limite légale est que les firmes américaines n’ont pas le droit de promouvoir activement l’aide à l’évasion fiscale.

A ce jour, dissimuler son identité grâce à des structures américaines opaques est simple comme bonjour: si un riche Mexicain ouvre un compte dans une banque américaine au nom d’une société des îles Vierges, seul le nom de la société sera transmis aux îles Vierges, sans que le nom de l’ayant droit véritable du compte soit jamais transmis au Mexique.
Si un résident de Hongkong souhaite échapper au radar des autorités chinoises, il lui suffit de mettre ses avoirs dans une société LLC (Limited Liability Company) du Nevada, détenue par un trust de ce même Etat, ce qui lui garantira qu’aucun document fiscal susceptible d’être échangé avec Hongkong ne sera généré aux Etats-Unis. Qui dit mieux? Une certitude: les avoirs privés étrangers placés dans des banques en Suisse sous forme de titres ont fondu de moitié entre 2007 et 2015, passant de 1109 à 516 milliards de francs, selon la Banque nationale suisse (BNS).
Encore des doutes sur la raison (fiscale) du plus fort? •

* Myret Zaki est née au Caire en 1973 et vit depuis 1981 à Genève. En 1997, elle fait ses débuts dans la banque privée genevoise Lombard Odier Darier Hentsch & Cie. Puis, dès 2001, elle dirige les pages et suppléments financiers du quotidien «Le Temps». En octobre 2008, elle publie son premier ouvrage «UBS, les dessous d’un scandale» qui raconte comment la banque suisse est mise en difficulté par les autorités américaines dans plusieurs affaires d’évasion fiscale aux Etats-Unis et surtout par la crise des subprimes. Elle obtient le prix de Journaliste Suisse 2008 de «Schweizer Journalist». En janvier 2010, Myret Zaki devient rédactrice en chef adjointe du magazine Bilan. Cette année-là, elle publie «Le Secret bancaire est mort, vive l’évasion fiscale», où elle expose la guerre économique qui a mené la Suisse à abandonner son secret bancaire. En 2011, elle publie «La fin du dollar» qui prédit la fin de la monnaie américaine à cause de sa dévaluation prolongée et de la dérive monétaire de la Réserve fédérale. En 2014, Myret Zaki est nommée rédactrice en chef de Bilan. Elle est favorable au protectionnisme en temps de guerre économique et considère le libre-échange comme une utopie.

Source: Bilan du 24/2/16; www.bilan.ch/myret-zaki/redaction-bilan/ira-paradis-fiscal

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