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Le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

islam

Vatican: Les Chrétiens inspirés par le message de l'Ayatollah Khamenei sur Jésus-Christ

10 Janvier 2025 , Rédigé par Le Fil d'Ariane Publié dans #Chiisme, #Christianisme, #Iran, #Islam, #Religion

Vatican: Les Chrétiens inspirés par le message de l'Ayatollah Khamenei sur Jésus-Christ

Une plaque contenant l’extrait des discours du Guide suprême de la Révolution islamique sur le prophète Jésus (que la paix soit sur lui) a été remise au Pape François.

Ces déclarations, élégamment écrite sur une belle et exquise tablette* par l'Institut de recherche culturelle de la Révolution islamique et traduites en italien, ont été présentées par le Dr Mokhtari, l'ambassadeur de la République islamique d'Iran au Vatican, lors d'une rencontre personnelle avec le Pape François. Le Pape a chaleureusement accueilli la tablette, exprimant sa profonde gratitude. Il a souligné que cette tablette contient des points importants et significatifs qui pourraient avoir un impact et une influence pour les adeptes de la foi chrétienne.

Au cours de cette rencontre, le Pape François a fait part de ses préoccupations concernant la situation dans la région, en particulier les agressions du régime sioniste contre la Palestine. Il a souligné qu'il recherchait activement des mises à jour sur les nouvelles, les circonstances et les développements dans la région au quotidien par l'intermédiaire de son représentant en Palestine.

Le texte de cette plaque, qui a été traduit en italien, est le suivant :
 

"Si Jésus était parmi nous...

La valeur de Jésus, le Messie, parmi les musulmans n’est sans aucun doute pas inférieure à la valeur que lui attribuent les chrétiens croyants.
Ce grand messager divin a traversé avec zèle toutes les années de son existence pour s'opposer à l'injustice, à l'arrogance et à la corruption de ceux qui, avec l'argent et le pouvoir, avaient réduit les gens aux chaînes, les guidant vers l'enfer du monde d’ici-bas et de l’au-delà.
Depuis son enfance, ce grand messager a enduré de nombreuses difficultés, étant donné que Dieu lui a confié dès son plus jeune âge la mission de prophète.
L’espoir est que les disciples du Messie et tous ceux qui connaissent sa magnificence et son excellence spirituelle seront inspirés par lui et le suivront.
Si aujourd'hui Jésus, le Messie (psl), était parmi nous, il ne perdrait pas un instant pour lutter contre les dirigeants mondiaux de l'injustice et de l'arrogance, et il ne tolérerait jamais la faim et le déplacement de ces milliards de personnes victimes de l’exploitation, de la guerre, de la corruption et de l’agression provoquées par les grandes puissances.
Aujourd’hui, ceux qui croient en ce grand prophète, c’est-à-dire les chrétiens et les musulmans, doivent adopter les enseignements et les voies des prophètes pour établir un ordre mondial digne, en diffusant des vertus basées sur les enseignements de ces grands maîtres de l’humanité.
Ceux qui défendent la Vérité et rejettent les puissances qui s'y opposent peuvent se proclamer disciples de Jésus (psl), et l'espoir est que les chrétiens et les musulmans, partout dans le monde, appliqueront ce grand enseignement du Messie dans leur vie et leur action. »

* Il est à noter que cette plaque sera gardée au musée historique du Vatican.

french.khamenei.fr

Source: https://fr.irna.ir/news/85710629/Pape-Les-Chr%C3%A9tiens-inspir%C3%A9s-par-le-message-de-l-Ayatollah-Khamenei

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Paul Craig Roberts: La chute de la Syrie expliquée

9 Janvier 2025 , Rédigé par Le Fil d'Ariane Publié dans #Syrie, #Israël, #Islam, #Iran, #Irak, #Russie, #USA, #Politique, #Guerre, #Paul Craig Roberts, #Poutine, #Terrorisme, #Thierry Meyssan

9 janvier 2025

La chute de la Syrie expliquée

Paul Craig Roberts

Je me suis plaint de la difficulté à comprendre la disparition soudaine de la Syrie.  Ni les médias occidentaux ni les médias russes ne fournissent un récit crédible. Récemment, je suis tombé sur l'article de Finian Cunningham, « Syria after 13 years of US State terrorism », sur le site de la Strategic Culture Foundation. https://strategic-culture.su/news/2024/12/10/syria-after-13-years-of-us-state-terrorism-what-do-you-expect/ Ce site est souvent difficile d'accès, car Washington le considère stupidement comme de la désinformation russe.

À première vue, l'effondrement soudain de la Syrie donne l'impression que les alliés de la Syrie, la Russie et l'Iran, pourraient avoir vendu la Syrie.  Cette perception pourrait prévaloir au détriment de la Russie et de l'Iran en tant qu'alliés fiables, mais la véritable explication est que les années de sanctions économiques et commerciales imposées par l'Occident à la Syrie, les années de guerre par procuration de Washington contre la Syrie, l'occupation étrangère des provinces pétrolières et céréalières de la Syrie par les forces militaires américaines et turques, privant ainsi le gouvernement de revenus, ont vidé l'économie syrienne de sa substance et laissé l'armée syrienne mal payée pour ses services. La Syrie, écrit Cunningham, est tombée dans « une guerre d'usure qui a duré 13 ans » et dont toutes les victimes des deux côtés étaient arabes. Le peuple syrien, privé de nourriture, de médicaments et de carburant, dont plus de la moitié de la population a été déplacée, a souffert d'une forte inflation et d'une monnaie détruite, et n'a plus été en mesure de résister.

J'ai contacté Finian, un journaliste international que je connais depuis des années et j'ai appris beaucoup de choses qui me permettent de fournir une explication de la destruction de la Syrie.

Je commence par retirer mes soupçons de perfidie russe et iranienne dans l'effondrement de la Syrie que j'ai exprimés dans de récentes chroniques et dans l'interview de Nima https://www.youtube.com/live/NfxD_4DhxFo sur Dialogue Works.  M. Cunningham reconnaît que la Russie et l'Iran ont commis une erreur stratégique fatale en repoussant les forces mandataires américaines et en interrompant le conflit avant de vaincre de manière décisive les terroristes mandataires de Washington et de forcer les quelques troupes américaines qui contrôlaient les champs pétrolifères à quitter la Syrie.  M. Cunningham m'a convaincu que la Russie et l'Iran ont été véritablement pris de court par l'effondrement soudain de la Syrie, ce qui indique peut-être une défaillance des services de renseignement et une impréparation, mais pas une perfidie.

Treize années de sanctions américaines et européennes et de guerre par procuration, ainsi que l'occupation américaine et turque des provinces pétrolières et céréalières de la Syrie, ont privé l'État de ses recettes d'exportation, laissant la population aux prises avec les pannes d'électricité et l'hyperinflation, et les soldats appauvris et démoralisés.  L'arrêt du conflit avant la défaite totale des mandataires américains et l'expulsion de la Turquie et de Washington de la Syrie signifie que la lutte épuisante de plusieurs années n'a pas été payante pour la Syrie.  Pour des raisons qui leur sont propres, Poutine et l'Iran voulaient que les combats cessent, et ils se sont arrêtés avant que la Syrie ne tire le moindre bénéfice de la défaite de l'armée mandataire de Washington.  Les provinces pétrolières et céréalières sont restées aux mains de l'ennemi. La guerre s'est donc arrêtée trop tôt et la victoire a été vaine.  

La capacité d'Assad à gouverner a été paralysée par la corruption arabe normale et une bureaucratie égoïste. En outre, Assad a été attiré par les Saoudiens et les cheiks pétroliers avec de fausses promesses de normalisation des relations des Syriens alaouites avec les Arabes sunnites. Cela a poussé Assad à prendre ses distances avec ses alliés russes et iraniens dans l'espoir d'accélérer la promesse de normalisation qui rendrait la Syrie unifiée.

En effet, Assad, Poutine et l'Iran ont perdu de vue l'objectif de gagner la guerre de manière décisive et se sont égarés dans un « processus de paix » et l'accord inutile d'Astana, tout comme Poutine s'est réfugié dans l'accord de Minsk qui a été utilisé par l'Occident pour créer une grande armée ukrainienne, avec laquelle le conflit de Poutine dure maintenant depuis trois ans.

Les « insurgés » du HTS/al Qaeda/ISIS, mandataires de Washington, ont également été étonnés de voir la Syrie s'effondrer sans combattre.  Les anciens terroristes ont été rebaptisés démocrates.  Assad est resté jusqu'à ce qu'il devienne évident que la Syrie n'avait plus la volonté de se battre, après quoi il est parti chercher asile à Moscou.  

Les années de lutte de l'épouse d'Assad contre un cancer récurrent ont peut-être épuisé sa volonté de consacrer sa vie à assurer la gouvernance d'une population dans laquelle la division entre sunnites et alaouites rendait impossible l'unité nécessaire à une nation. La désunion des Arabes a fait d'eux une proie facile pour les dirigeants étrangers. Les néoconservateurs sionistes américains, étroitement alliés à Israël, ont presque atteint leur objectif de renverser sept pays, même si cela leur a pris plus de cinq ans.

La disparition de la Syrie a laissé l'Iran, musulman mais pas arabe, isolé et le Hezbollah privé de réapprovisionnement.  Cela a supprimé la pression sur le gouvernement israélien et a conféré au criminel Netanyahou la couronne de père fondateur du Grand Israël.  L'incapacité de la Russie et de l'Iran à prévoir les conséquences stratégiques négatives pour eux, au lieu de s'égarer dans de faux accords de paix, indique un manque de jugement stratégique. Ils n'ont pas vendu la Syrie.  Ils n'ont tout simplement pas compris l'importance de la Syrie pour eux. Les deux pays sont désormais prêts à être attaqués en permanence, car ils constituent des obstacles à l'hégémonie de Washington et d'Israël.

L'armée terroriste que Washington a lâchée sur la Syrie est un atout pour Washington. Cunningham explique :

« La principale faction d'insurgés est Hayat Tahrir al-Sham (HTS), dirigée par Mohammed al-Jawlani. HTS est une organisation terroriste internationalement proscrite que même les États-Unis désignent officiellement comme un groupe hors-la-loi. La tête de son chef est mise à prix par le département d'État pour un montant de 10 millions de dollars. [Washington aurait supprimé cette prime].

« Mais dans le jeu de rôles de la guerre par procuration des États-Unis, HTS et son chef sont des atouts pour Washington. Depuis 2011, les Américains et leurs partenaires de l'OTAN ont utilisé Al-Qaïda, ISIS, le Front Jabhat al Nusra (plus tard HTS) avec des lignes d'armes et de combattants en provenance de Libye, de Turquie et du monde entier pour descendre en Syrie et y infliger des horreurs. Les médias occidentaux ont propagé la mascarade en qualifiant cyniquement les terroristes mandataires de « rebelles modérés ». La base militaire d'Al Tanf, dans le sud de la Syrie, gérée par le Pentagone, est censée former des « rebelles modérés » alors qu'en réalité, ce sont des extrémistes djihadistes qui sont armés.

« La semaine dernière seulement, avant la poussée finale sur la capitale syrienne, Damas, Al-Jawlani, le commandant du HTS, s'est vu accorder une interview/plateforme à une heure de grande écoute par CNN, la chaîne d'information américaine, pour réhabiliter son image en tant que leader de type homme d'État au lieu d'être un terroriste recherché. Al-Jawlani affirme que l'époque où lui et son organisation étaient associés à ISIS et Al-Qaïda est révolue depuis longtemps. Et CNN et d'autres médias occidentaux font de leur mieux pour rendre cette affirmation plausible. Ah, quelle fin heureuse ! »

Les fins heureuses sont ce dont se délectent les masses insouciantes et sans cervelle qui composent la civilisation occidentale.  Vous pouvez être certain que ce n'est pas la vérité, mais bien d'autres fins heureuses qui vous attendent. Même le génocide des Palestiniens sera transformé en fin heureuse.

Traduit de l'américain par Le Fil d'Ariane

Source: https://www.paulcraigroberts.org/2025/01/09/the-fall-of-syria-explained/

NDLR:

Parmi ses nombreux mérites, Paul Craig Roberts a celui de reconnaître quand il s'est trompé. Il y a bien sûr un parti capitaliste et pro-occidental en Iran et cela n'est pas pour autant que l'on peut globalement accuser le pays de perfidie et d'avoir livré les dirigeants de Al Qods, ceux du Hezbollah et la Syrie à leurs ennemis. C'est ce qui rend ce nouvel article et surtout celui de Finian Cunningham dont il s'inspire, si intéressant et important. Surtout quand on sait que le Français qui se présente comme le spécialiste de référence du Moyen-Orient dans les médias alternatifs et cela depuis au moins deux décennies, Thierry Meyssan, propage avec insistance la responsabilité de l'Iran dans ces événements. Surtout depuis qu'il est rentré de Syrie en France il y a trois ans paraît-il; la France où, selon ses propres dires, il était auparavant menacé de mort... Que s'est-il donc passé pour qu'il redevienne persona grata ? Thierry Meyssan a également une confiance absolue dans les grandes institutions internationales, devenues mondialistes, et aussi dans les régimes de gauche comme celui de Maduro au Vénezuela ou celui d'Evo Morales en Bolivie (qui n'est plus président de ce pays) dont on peut connaître l'extrême corruption voire la perversité avec un minimum d'informations et d'honnêteté. Je n'ai jamais entendu dire par Thierry Meyssan qu'il s'était trompé sur quoi que ce soit. Tout cela est bien étrange.

Paul Craig Roberts: La chute de la Syrie expliquée
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Discours intégral du Président de la Syrie Bachar al-Assad, le 11 novembre 2024, prononcé lors du Sommet extraordinaire arabe et islamique qui s’est tenu à Riyad pour discuter des répercussions de l’agression israélienne continue sur les territoires palestiniens et le Liban et des développements dans la région.

15 Novembre 2024 , Rédigé par Le Fil d'Ariane Publié dans #Président Bachar Al-Assad, #Syrie, #Palestine, #Liban, #Islam, #Israël, #Le Coran

 

« Ne tuez pas un innocent, une femme, un vieillard, un enfant, ne brûlez pas d’arbre, n’inondez pas de semences, ne détruisez pas de maisons et craignez Dieu.» 

(Bukhârî 315)

Discours intégral du Président de la Syrie Bachar al-Assad, le 11 novembre 2024, prononcé lors du Sommet extraordinaire arabe et islamique qui s’est tenu à Riyad pour discuter des répercussions de l’agression israélienne continue sur les territoires palestiniens et le Liban et des développements dans la région.

Discours intégral du Président de la Syrie Bachar al-Assad, le 11 novembre 2024, prononcé lors du Sommet extraordinaire arabe et islamique qui s’est tenu à Riyad pour discuter des répercussions de l’agression israélienne continue sur les territoires palestiniens et le Liban et des développements dans la région.

(( Son Altesse le Prince Mohammed bin Salman, Prince héritier du Royaume d’Arabie saoudite, Altesses, Majestés et Excellences,

Je n’aborderai pas les droits inaliénables et historiques des Palestiniens ni la nécessité impérative de les défendre fermement, ni la résilience des peuples libanais et palestinien et notre devoir de les soutenir urgemment et immédiatement, ni la légitimité de leur résistance dans chacun des deux pays, qui incarne honneur, dignité et noblesse, par les accomplissements et sacrifices réalisés par ses dirigeants intègres et ses combattants courageux. Je ne parlerai pas non plus de la brutalité nazie des occupants sionistes, de leurs crimes, de leur entité factice, ni de la transformation du soutien occidental en un partenariat direct et affiché avec les crimes de ce régime, car cela n’ajoutera rien à ce que savent déjà la majorité des Arabes, des musulmans, et même bien d’autres à travers le monde aujourd’hui.

Quant à notre sommet : il y a un an, nous nous sommes réunis pour commenter, exprimer notre condamnation et notre indignation, mais depuis un an, le crime continue. Sommes-nous ici pour évoquer le passé révolu et ses événements, ou bien pour infléchir le cours de l’avenir et son horizon ? L’an dernier, nous avons insisté sur la fin de l’agression et la protection des Palestiniens, mais le résultat un an après est des dizaines de milliers de martyrs et des millions de déplacés en Palestine et au Liban. En 2002, le monde arabe a proposé une initiative de paix ; la réponse fut davantage de massacres contre les Palestiniens.

En 1991, nous avons, en tant qu’Arabes, décidé de jouer le jeu de la (prétendue) « bonne volonté » américaine en participant au processus de paix de Madrid. Pourtant, notre paix a été détournée en une excuse pour leurs guerres et une légitimation de leurs colonies, ce qui ne révèle pas une erreur de vision mais plutôt une incapacité à préparer des outils adéquats : notre outil est le langage, le leur est le meurtre. Nous parlons, ils agissent ; nous offrons la paix, et nous récoltons le sang.

Conserver les résultats actuels exige de maintenir les mêmes moyens ; cependant, modifier ces résultats — ce que nous visons tous — suppose de remplacer les moyens et mécanismes que nous n’avons cessé d’utiliser, et qui n’ont cessé de démontrer leur caractère obsolète et inefficace. Si nous nous entendons sur les principes avancés, comment les transformer en actions et résultats concrets ? Nous devons pour cela fixer des objectifs clairs, définir les résultats escomptés, choisir les outils à notre disposition nécessaires pour les atteindre, et définir la partie ciblée par ces mesures pour passer des intentions aux actes, des projets aux réalisations, des déclarations aux réalités.

Certes, les droits du peuple palestinien nous semblent à tous l’objectif évident auquel nous devons œuvrer, mais quelle est la valeur de ces droits dans leur ensemble si les Palestiniens ne jouissent même pas le droit le plus fondamental d’entre eux, à savoir le droit à la vie ? Quelle valeur peut avoir n’importe quel droit accordé où que ce soit dans le monde, dans quelque domaine que ce soit, à des cadavres ? S’il est important de revendiquer tous les droits légitimes, la priorité immédiate doit être de stopper les massacres, l’extermination et le nettoyage ethnique. Quant aux moyens, j’estime que nous les possédons collectivement — aux niveaux populaire et officiel, entre pays Arabes et musulmans, au niveau des États et des peuples. Ce qu’il nous faut, c’est la décision de les utiliser si l’entité refuse de se conformer à ce qui a été énoncé dans la déclaration et convenu, et un tel refus est ce à quoi nous nous attendons. Il faudra alors évaluer nos options : allons-nous nous indigner encore ? Condamner ? Faire appel à la communauté internationale ? Ou allons-nous recourir à la rupture des liens (diplomatiques et/ou économiques), ce qui est le strict minimum ? Quel est notre plan d’actions concrètes ?

Sans cela, cette extermination continuera, et nous en deviendrons des complices indirects. Nous ne faisons pas face à un État au sens juridique du terme, mais à une entité coloniale hors-la-loi ; nous ne faisons pas face à un peuple au sens civilisationnel du terme, mais à des gangs de colons plus proches de la barbarie que de l’humanité.

Dire que le problème réside dans ce gouvernement extrémiste et irrationnel ou dans un peuple traumatisé par les événements du 7 octobre dernier est incorrect. Tous œuvrent avec une mentalité et une idéologie communes, malade de violence sanguinaire, malade d’une illusion de supériorité (raciale), déchirée entre une haine apparente du nazisme et une adoration (à ses tenants et aboutissants) intégrée en elle-même.

Telles sont les cibles de notre réunion d’aujourd’hui, telles sont les véritables questions, et les questions dictent les moyens ; les moyens, eux, sont la clé de la réussite. C’est là l’essence de notre rencontre aujourd’hui, et j’espère qu’elle sera couronnée de succès et que nous prendrons les bonnes décisions, pour éviter de s’adresser à des voleurs avec le langage de la loi, à des criminels avec celui de la morale, et à des bourreaux avec celui de l’humanité. Que nos bonnes intentions ne soient pas une fois de plus le point de départ et l’encouragement à de nouvelles morts infligées aux peuples palestinien et libanais, qui paient le prix des bonnes intentions et de mécanismes absents depuis des décennies.

Que la paix soit sur vous.))

Source: https://french.almanar.com.lb/3116346

Discours intégral du Président de la Syrie Bachar al-Assad, le 11 novembre 2024, prononcé lors du Sommet extraordinaire arabe et islamique qui s’est tenu à Riyad pour discuter des répercussions de l’agression israélienne continue sur les territoires palestiniens et le Liban et des développements dans la région.

Nord de Gaza – Le nettoyage ethnique s’aggrave : Israël expulse 100.000 Palestiniens en 24 heures

Au moins 100 000 Palestiniens ont été contraints de quitter le nord de la bande de Gaza au cours des dernières 24 heures, a rapporté l’ONU le 15 novembre, alors que les conditions déjà catastrophiques continuent de s’aggraver en raison des frappes aériennes incessantes d’Israël et de son refus de répondre aux demandes d’acheminement de l’aide.
« Le chaos, la souffrance, le désespoir, la mort et la destruction dans le nord de la bande de Gaza sont une réalité quotidienne alors que l’accès est au plus bas », a déclaré Jens Laerke, porte-parole du Bureau de coordination de l’aide humanitaire des Nations unies (OCHA), qui s’est adressé aux journalistes à Genève plus tôt ce matin.
Tous les indicateurs à Gaza montrent que « nous allons dans la mauvaise direction », a ajouté M. Laerke.
« Les déplacements ont atteint leur paroxysme et il est pratiquement impossible d’acheminer l’aide sur place », a-t-il averti.
Le personnel travaillant sur le terrain à Gaza a déclaré à M. Laerke que les efforts de l’ONU pour acheminer l’aide étaient « étouffés ».
« L’un de mes collègues a décrit la situation comme étant, du point de vue humain d’un travailleur humanitaire, ce qu’il est, [que] lorsque vous êtes confronté à une telle situation, vous avez envie de sauter. Vous voulez sauter et faire quelque chose. Mais il a ajouté que nos jambes sont cassées ; on nous demande de sauter, mais nos jambes sont cassées. Voilà ce qu’il en est à l’heure actuelle ».
« Israël » cherche actuellement à mettre en œuvre le plan dit des généraux en déplaçant de force des centaines de milliers de Palestiniens de leurs maisons dans les villes de Jabalia, Beit Lahia et Beit Hanoun, au nord de Gaza, tout en affamant ou en tuant tous ceux qui restent.
Un reportage récent de la chaîne de télévision israélienne Channel 12 a montré des Palestiniens affamés et assoiffés fuyant par l’un des « points de drainage » de l’armée israélienne à Jabalia. Au point de drainage, les soldats enlèvent les hommes et certains garçons, affirmant qu’ils sont membres du Hamas, tandis que les femmes et les enfants terrifiés s’enfuient, emportant tout ce qu’ils peuvent.
Le « correspondant pour les affaires palestiniennes » de Channel 12, Ohad Hemo, « interviewe » ensuite des femmes et des enfants désespérés et terrorisés pour solliciter des commentaires anti-Hamas alors qu’ils marchent dans un paysage post-apocalyptique.
 
Sources :  The Cradle, Arrêt sur Info.

https://french.almanar.com.lb/3119096

 

Capture d'écran

Capture d'écran

"It was a persistent act, persistent targeting of civilians day after day." British surgeon Prof. Nizam Mamode, close to tears, shared a heartbreaking account with the International Development Committee, recounting the horrors he witnessed in Gaza by Israeli occupation forces.

Source: https://x.com/MintPressNews/status/1856429428022341936

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L'Emir Abd el Kader: « prince parmi les saints, et saint parmi les princes »

15 Novembre 2024 , Rédigé par Le Fil d'Ariane Publié dans #Emir Abd el Kader, #Algérie, #France, #Colonialisme, #Guerre, #Islam, #Spiritualité, #Soufisme, #Ibn Arabi

Râmakrishna. In: Jean Herbert: "L'enseignement de Râmakrishna", Albin Michel, coll. Spiritualités vivantes, Paris, 1942.

Râmakrishna. In: Jean Herbert: "L'enseignement de Râmakrishna", Albin Michel, coll. Spiritualités vivantes, Paris, 1942.

Mon cœur est devenu capable de toutes les formes :
                     
            il est un pâturage pour les gazelles et un couvent pour les moines chrétiens,
                     
            et un temple pour les idoles et la Ka'bah des pèlerins
                     
            et les tables de la Torah et le livre du Coran.
                     
            Je suis la religion de l'Amour : quel que soit le chemin que prennent les chameaux de l'Amour,
                     
            c'est ma religion et ma foi

Ibn Arabi

Ibn 'Arabi avec des disciples. Miniature persane, fin du XVIe siècle. Bodleian Library, Oxford

Ibn 'Arabi avec des disciples. Miniature persane, fin du XVIe siècle. Bodleian Library, Oxford

L'Emir Abd el Kader: « prince parmi les saints, et saint parmi les princes »
L'Emir Abd el Kader: « prince parmi les saints, et saint parmi les princes »

De la docte ignorance

“Et ils n’ont pas mesuré Allah à sa juste mesure”
(Coran 6: 91)

Ce verset signifie: ils n’ont pas proclamé la Grandeur de Dieu comme il conviendrait, selon ce qu’exige Son essence et ce qui est dû à Sa majesté; et cela leur est d’ailleurs impossible: il n’est pas au pouvoir de l’être contingent d’y parvenir; sa prédisposition essentielle (isti’dad) ne le lui permet pas.

Le pronom de la troisième personne du pluriel dans “Et ils n’ont pas mesuré” englobe tous les anges, les Esprits éperdus d’amours et, en dessous d’eux, les djinns et les hommes, y compris les Envoyés, les prophètes et les saints. Plus encore: il englobe jusqu’à l’intellect premier, l’Esprit de sainteté, qui est le premier des êtres créés et le plus proche des Rapprochés.

En effet, celui qui proclame la grandeur le fait à la mesure de la connaissance qu’il a de celui dont il proclame la grandeur. Or aucun être créé – qu’il soit de ceux dont les connaissances sont le fruit de la raison ou de ceux dont les connaissances proviennent des théophanies- ne connaît véritablement Allah, c’est-à-dire ne Le connaît tel qu’Il Se connaît Lui-même. Comment l’être fini pourrait-il connaître Celui qui est exempt de toute relation ou limitation? La plus savante des créatures au sujet d’Allah (i.e. le Prophète), elle-même, ne dit-elle pas: “Gloire à Toi ! Nous ne Te connaissons pas comme il conviendrait de Te connaître. Aucune louange ne T’embrasse. Tu es tel que Tu T’es loué Toi-même et ce qui est en Toi est hors d’atteinte de moi.”

Toutes les espèces de l’univers Le glorifient, et chacune affirme Sa transcendance à l’égard de ce que les autres professent à Son sujet: ce que l’un affirme, c’est précisément ce que nie l’autre. Cela vient de ce que tous sont voilés, quel que soit le degré qu’ils aient atteint. Celui qui professe la pure transcendance est voilé, celui qui professe la pure immanence est voilé, et voilé aussi celui qui professe les deux à la fois. Celui qui professe qu’II est absolu est voilé, et de même celui qui Lui attribue des limitations, et de même encore celui qui nie et ceci et cela. Quiconque Lui assigne un statut est voilé, dans une mesure que déterminent son rang et sa place auprès de Dieu: car il y a autant de voiles différents que de voilés. Et qu’on n’objecte pas que ce que je viens de dire est aussi une manière de Lui assigner un statut, car je répondrai que ce que j’ai dit ne procède pas de moi. C’est Lui-même qui l’a affirmé en disant: “Et leur science ne L’embrasse pas” (Cor. 20: 110); “Et Allah vous met en garde contre Lui-même” (Cor. 3: 28), nous dispensant par là de chercher à atteindre ce qui est inaccessible. Ses Envoyés nous ont dit la même chose. Lorsqu’il s’agit de l’Essence d’Allah, l’univers entier est stupide. Il n’est pas jusqu’au Plérôme suprême (al-mala’ al-a’la) qui ne soit en quête de Lui. Or on ne cherche que ce qui est absent là où on le cherche!

Cette quête n’a pas de terme; la connaissance de Dieu n’a pas de terme. Il ne peut être connu: n’est connaissable que ce qui procède de Lui, en tant qu’effet de Ses noms, non Son ipseité. C’est pourquoi l’ordre suivant fut donné à celui-là même qui, pourtant, détient la science des Premiers et des Derniers (i.e. le Prophète): “Dis: Seigneur, augmente-moi en science!” (Cor. 20: 114). Et il ne cesse de le dire, en tout état, toute station, tout degré, en ce monde, dans le monde intermédiaire et dans l’au-delà.

Cela étant, ce qui s’impose à nous, c’est de nous attacher fermement à la voie de la foi, d’accomplir les oeuvres prescrites et de suivre l’exemple de celui qui nous a apporté la Loi. Ce qu il a dit, nous le disons aussi, pour nous conformer à son exemple et comme simple interprète de sa parole- car c’est lui qui le dit, et non nous. Et ce qu’il a tu, nous le taisons- tout en appliquant la législation sacrée et les peines légales, et en attendant la mort.

Mawqif 359

Source: https://iqbal.hypotheses.org/6462

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Où va ce monde ? Avec Tariq Ramadan & Youssef Hindi

8 Novembre 2024 , Rédigé par Le Fil d'Ariane Publié dans #Tariq Ramadan, #Youssef Hindi, #France, #Islam, #Mondialisme, #Politique, #Histoire, #Religion, #Révolution française

Comme le souligne Youssef Hindi, la Révolution française a opéré un changement politique mondial, en Occident comme dans le reste du monde, comme chez les peuples musulmans. Les systèmes de gouvernement traditionnels (monarchie, noblesse, clergé) ont été abolis ou presque par le capitalisme et le communisme, le matérialisme et le règne exclusif de l'argent. Ce monde occidental et occidentalisé est en crise. Il débouche aujourd'hui sur une tyrannie folle, suicidaire, tournée contre l'homme, contre la société, contre la Nature et contre Dieu. Remplaçant l'hégémonie occidentale, cette tyrannie est celle du mondialisme, "la gouvernance mondiale" d'inspiration israélienne, poursuivant l'abolition des frontières, des états-nations, des peuples, des cultures, des religions et même des sociétés et des familles naturelles, pour tout fondre dans une "Tour de Babel" de Sodome et Gomorrhe, symbolisée en particulier par le bâtiment du Parlement européen à Strasbourg.

Par quoi allons-nous remplacer l'hégémonie occidentale et la "gouvernance mondiale" ? Telle est la véritable question que pose implicitement Youssef Hindi, face à un Tariq Ramadan qui pontifie et fait la sourde oreille.

Le Fil d'Ariane

 

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A la recherche du Christ dans un génocide télévisé et un appel au Saint-Siège, par Myriam Charabaty

6 Novembre 2024 , Rédigé par Le Fil d'Ariane Publié dans #Catholicisme, #Christianisme, #Islam, #Israël, #Palestine, #Vatican

A la recherche du Christ dans un génocide télévisé et un appel au Saint-Siège, par Myriam Charabaty

A la recherche du Christ dans un génocide télévisé et un appel au Saint-Siège

Par Myriam Charabaty

Source : Al Mayadeen English

11 Oct 2024 18:24

Il ne s'agit pas de blâmer mais d'appeler à la justice, en exhortant l'Église à invoquer la doctrine de la guerre juste contre le génocide en cours en Palestine et l'agression dans le monde arabe, en s'alignant sur la croyance que le Christ se tiendrait aux côtés des opprimés.

Depuis des décennies, nous, chrétiens arabes, sommes aux côtés de la Résistance parce qu'elle a sauvegardé notre existence - nos églises, nos clochers, nos familles, nos prêtres, nos religieuses, nos croix et notre patrimoine. Nous avons soutenu la Résistance islamique dans la région et nous nous sommes sentis abandonnés par l'Église catholique et sa hiérarchie. Nos églises se transforment en musées parce que les gens ne trouvent plus de réponses à leurs besoins fondamentaux. Cela ne signifie pas pour autant que les chrétiens renoncent à leur foi, mais qu'ils s'interrogent sur le rôle de l'Église en ces temps difficiles.

Ce n'est pas le moment de blâmer ou d'accuser le Saint-Siège. Il ne s'agit pas d'un acte d'accusation rendant l'Église responsable de la mort de milliers d'Arabes. Il s'agit plutôt de l'appel d'un chrétien arabe, motivé non pas par le désespoir mais par une demande de justice. Un appel fondé sur la conviction que si Jésus-Christ, le Fils de Dieu, était présent aujourd'hui, il se tiendrait sans aucun doute aux côtés des peuples opprimés du monde arabe.

La libération, et non le choc des religions : Révéler la vraie nature du conflit

La libération de la Palestine est souvent présentée à tort par la propagande occidentale comme un conflit mené par des « Arabes islamistes », terme utilisé de manière péjorative pour décrire les mouvements de résistance comme étant fondés sur une idéologie et un code de conduite islamiques globaux qui menacent « Israël » pour son identité juive.

Cependant, depuis l'opération « Al-Aqsa Flood », la véritable nature de la lutte est devenue indéniablement claire, révélant qu'elle est beaucoup plus complexe et non réductible à de simples récits religieux ou sectaires. Le conflit transcende les étiquettes simplistes et reflète des dimensions politiques, sociales et historiques plus profondes qui mettent en lumière une réalité plus large.

Israël » n'est pas un “pays juif” et les Arabes, principalement les mouvements de résistance qui ont émergé au cours des dernières décennies, ne sont pas non plus des “islamistes barbares” qui ont l'intention de détruire l'héritage chrétien et juif en Palestine, au Levant ou dans l'ensemble du monde arabe.

Comme décrit dans un article précédent, « Israël » en tant qu'entité sert d'État barrière et de mandataire américain le plus avancé dans ce que l'on appelle le Moyen-Orient occidental. Sa prétendue identité juive a été démentie par des milliers de Juifs des mondes arabe et islamique, sans parler de ceux qui, dans le monde occidental, ont renoncé au sionisme et aux actions d'« Israël » depuis des décennies.

Soit chrétien, soit sioniste : L'archevêque Atallah

Cela revient à tracer la ligne de démarcation entre le sionisme, en tant que projet politique, et le judaïsme en tant que groupe religieux. Dans ce contexte, nous pouvons souligner que le sionisme n'est pas seulement un projet politique juif comme l'Occident a essayé de le dépeindre sous le slogan que l'antisionisme est de l'antisémitisme, un argument démenti par de nombreux rabbins juifs avant d'être objectivement démenti au niveau académique et politique. En outre, le sionisme est institutionnalisé depuis près d'un siècle, incorporant en son sein des écoles chrétiennes qui sont devenues par la suite des églises chrétiennes sionistes.

L'archevêque arabe de Sébaste, du patriarcat grec orthodoxe d'Al-Qods, a publiquement invalidé le « sionisme chrétien » dans un message publié sur Facebook : « Il n'existe pas de sioniste chrétien. On est soit chrétien, soit sioniste ».

Sans trop s'attarder sur le récit qui présente la guerre contre la Palestine comme purement religieuse, il est important de réaffirmer que cette guerre a pour but la libération des Arabes et des Palestiniens. En outre, il s'agit même d'une lutte dans laquelle toutes les sectes religieuses du monde arabe sont impliquées, car leur existence collective et leur avenir sont liés dans une unité de voie et de destin.

Cela étant dit, l'argument avancé par les sionistes chrétiens autoproclamés pour défendre « Israël » s'estompe dans le contexte politique de la défense du sionisme et de l'abandon du christianisme.

Ce qui est significatif cependant, c'est qu'au cours des derniers mois, la doctrine de la guerre juste a une fois de plus été mise au premier plan des discussions sur le rôle du Saint-Siège, l'organe central de l'Église catholique, dans le cadre d'un génocide en cours.

Un argument en faveur de la doctrine de la guerre juste

Alors que la guerre génocidaire de l'occupation israélienne contre le peuple palestinien - principalement dans la bande de Gaza, mais aussi en Cisjordanie - se poursuit avec des conséquences dévastatrices, et que les agressions soutenues et parfois dirigées par les États-Unis contre le Liban, la Syrie, l'Irak et le Yémen se poursuivent, il est devenu de plus en plus urgent pour les chrétiens d'invoquer la doctrine de la guerre juste.

Cette doctrine sert de cadre moral pour évaluer la légitimité d'une action militaire, en soulignant la nécessité d'une réponse conforme aux principes de justice, de proportionnalité et de défense des peuples opprimés menacés par une action militaire grave.

Le Catéchisme de l'Église catholique énonce quatre conditions essentielles pour qu'une guerre soit considérée comme juste, ce que l'on appelle le jus ad bellum. Premièrement, le préjudice infligé par l'agresseur à une nation ou à un groupe de nations doit être significatif, durable et certain. Deuxièmement, toutes les autres possibilités de résolution du conflit doivent avoir été épuisées ou s'être révélées impraticables et inefficaces. Troisièmement, l'effort de guerre doit avoir des chances raisonnables de succès. Enfin, le recours à la force militaire ne doit pas entraîner des dommages et des désordres plus importants que ceux qu'il vise à prévenir ou à éliminer. Ces conditions visent à garantir que tout recours à la guerre est une solution de dernier ressort et qu'il est entrepris de manière à minimiser les dommages et à faire respecter la justice.

Pour justifier l'invocation de la doctrine de la guerre juste, nous devons évaluer de manière critique si le conflit génocidaire contre la Palestine et le monde arabe au sens large est non seulement important, mais aussi durable et certain. Nous devons affronter la réalité : résister à l'agression actuelle entraînera inévitablement des dommages plus importants pour l'agresseur, mais ces dommages seront-ils évalués à un niveau plus élevé que la dévastation catastrophique actuellement infligée à notre peuple ?

C'est particulièrement urgent dans un ordre mondial qui fait souvent preuve d'une patience alarmante à l'égard de la souffrance des personnes de couleur tout en montrant beaucoup moins de tolérance à l'égard de la situation des personnes blanches ayant des racines européennes et nord-américaines. Parmi les nombreuses questions à aborder, il y aurait cette forme spécifique de double standard qui a historiquement miné notre peuple arabe et les peuples du Sud.

Cette évaluation doit mettre en balance l'impact profond et durable du conflit et les conséquences potentielles d'une prise de position, en veillant à ce que la réponse soit conforme à l'impératif moral de minimiser les souffrances supplémentaires.

L'appel à l'invocation de cette doctrine intervient alors que le monde assiste au génocide le plus télévisé de l'histoire, qui a ouvertement cherché à nettoyer ethniquement les Arabes de Palestine, d'abord dans la bande de Gaza, où plus de 42 000 Palestiniens ont été enregistrés comme martyrs, avec des dizaines de milliers de blessés, piégés sous les décombres, et des familles qui n'ont plus personne pour enregistrer leurs décès.

Peu après, la guerre s'est étendue à la Cisjordanie avec l'expansion des colonies. Les incursions de l'armée d'occupation israélienne dans plusieurs villes sont devenues plus violentes et plus de 11 200 Palestiniens ont été arrêtés en l'espace d'un an, rien qu'en Cisjordanie. En Cisjordanie, les forces d'occupation israéliennes ont également tué des centaines de personnes par des tirs de snipers, des raids aériens, des assassinats, des béliers et bien d'autres moyens violents.

En Palestine également, il ne faut jamais oublier les camps de concentration israéliens où des hommes, des femmes et des enfants palestiniens sont maltraités, battus, violés, torturés psychologiquement et physiquement, privés de nourriture et d'eau pendant des jours, négligés sur le plan médical et blessés d'une manière que l'esprit ne peut pas toujours comprendre.

Cela ne s'arrête pas là, puisqu'avec le lancement de la guerre de l'occupation israélienne contre le Liban sous divers prétextes, de nombreux colons et dirigeants de l'occupation israélienne ont fait allusion à la nécessité de réoccuper le Liban, la Syrie, la Jordanie, l'Égypte et même l'Arabie Saoudite. La dernière en date est la déclaration du ministre des finances de l'occupation israélienne qui, interrogé dans un documentaire sur la question de savoir si « Israël » est censé s'étendre au-delà du Jourdain, a répondu que c'était « absolument » l'objectif à long terme. « Israël », a déclaré le ministre des finances, est censé s'étendre “de Jérusalem [al-Quds] à Damas”.

Au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen, le nombre de martyrs a également dépassé les milliers, tout comme le nombre de blessés. Et tout cela après 70 ans de négociations, de manifestations pacifiques et même la signature d'un accord d'Oslo censé protéger le peuple palestinien.

Tout cela sous les yeux du monde entier. L'Église catholique a tenté de mettre fin à la guerre, mais n'y est malheureusement pas parvenue.

Les peuples arabes opprimés, toutes confessions confondues, en Palestine, en Syrie, au Liban, en Irak et au Yémen, ont dénoncé le sionisme. Ils ont proclamé qu'ils résisteraient à cette oppression et qu'ils refuseraient d'être tués et éliminés de leur terre en silence et sans faire de bruit. Voilà ce qu'est la Résistance dans cette région.

Au début de l'année, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État du Vatican, s'adressant à des journalistes au sujet de la guerre en Palestine occupée, a souligné que « la guerre n'est jamais une guerre juste ». Il a abordé les débats en cours sur le concept de « guerre juste », notamment en termes de défense, en déclarant : « Nous savons qu'il y a beaucoup de discussions aujourd'hui sur le concept de “guerre juste” en tant que guerre de défense. Cependant, avec les armes disponibles aujourd'hui, ce concept est devenu très difficile, et je crois qu'il n'y a pas de position définitive, et que ce concept est en train d'être revu ».

On peut se poser la question : L'armement moderne ne continue-t-il pas à mutiler les corps des Arabes opprimés ? Cet arsenal de pointe n'a-t-il pas, pendant des décennies, coûté la vie à notre peuple - le peuple arabe - au nom de la domination militaire, de l'expansion des marchés et des intérêts capitalistes qui placent la vie des populations non blanches au second plan par rapport au profit et au luxe ?

Pour la défense des Arabes, alors que les chrétiens arabes se sentent abandonnés : Saint-Siège, nous espérons que vous nous entendez aussi

L'Occident accuse souvent les vrais islamistes - ceux qui ont pris les armes en tant que combattants de la liberté pour défendre tous les Arabes, indépendamment de leur religion ou de leur appartenance ethnique - d'être une menace pour le christianisme. Pourtant, où étaient les chrétiens tout au long de cette lutte ? La communauté chrétienne mondiale nous a-t-elle tourné le dos, à nous, chrétiens arabes ? Et pour quelle raison ? Pour défendre l'influence impériale des États-Unis et l'occupation israélienne ? Est-ce là le point où la poursuite de la justice est transformée en soutien à un ordre mondial injuste ?

En l'an 2000, le pape Jean-Paul II s'est tenu à l'autel de la basilique Saint-Pierre de Rome et a présenté des excuses historiques, décrites par The Guardian comme un effort pour « purifier l'âme de l'Église catholique romaine » pour 2000 ans de « violence, de persécution et de maladresses ».

Aujourd'hui, l'Église a une nouvelle occasion de réparer une autre injustice historique en invoquant la doctrine de la guerre juste pour défendre les opprimés et les persécutés du monde arabe. Une telle déclaration pourrait, à mon avis, non seulement offrir à l'Église une chance d'expier ses erreurs passées dans cette région, mais aussi favoriser le renforcement des liens entre chrétiens et musulmans.

Alors que le monde est en transition vers un nouvel ordre potentiel, fondé sur ce que l'on pourrait décrire comme un système de valeurs centré sur Dieu, cette position réaffirmerait que l'Église de Jésus-Christ n'a pas abandonné ceux qui sont le plus dans le besoin, non seulement pour les peuples du monde arabe, mais aussi pour tous les peuples du Sud.

Voici mon commandement : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis.

Jean (15:12-13)

Traduit de l'anglais par Le Fil d'Ariane

Source: https://english.almayadeen.net/news/politics/looking-for-christ-in-a-televised-genocide-and-a-call-to-the

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L'inscription en arabe coufique de la cathédrale de Palerme: "Louange à Dieu, le souverain du ciel et de la terre..."

30 Octobre 2024 , Rédigé par Le Fil d'Ariane Publié dans #Histoire, #Europe, #Frédéric II de Hohenstaufen, #Moyen-Âge, #Sicile, #Islam, #Catholicisme, #Christianisme, #Jacques Benoist Méchin, #Le Coran, #Laurent Guyénot, #Saint Empire Romain Germanique

Jacques Benoist-Méchin: Frédéric II de Hohenstaufen ou le rêve excommunié

Jacques Benoist-Méchin: Frédéric II de Hohenstaufen ou le rêve excommunié

La cathédrale de Palerme

La cathédrale de Palerme

La colonne portant l'inscription en arabe coufique (le coufique est un style calligraphique arabe)

La colonne portant l'inscription en arabe coufique (le coufique est un style calligraphique arabe)

Détail de l'inscription

Détail de l'inscription

Le Saint Coran; Sourate VII, v. 52.

Le Saint Coran; Sourate VII, v. 52.

Le tombeau de Frédéric II dans la cathédrale de Palerme, parmi les Hauteville. « Le soleil du monde s'est couché, qui brillait sur les peuples, le soleil du droit, l'asile de la paix » (Lettre de son fils, le futur roi Manfred Ier de Sicile, à un autre de ses fils, le roi Conrad IV, le lendemain de sa mort). Photo:  José Luiz Bernardes Ribeiro / Wikipedia

Le tombeau de Frédéric II dans la cathédrale de Palerme, parmi les Hauteville. « Le soleil du monde s'est couché, qui brillait sur les peuples, le soleil du droit, l'asile de la paix » (Lettre de son fils, le futur roi Manfred Ier de Sicile, à un autre de ses fils, le roi Conrad IV, le lendemain de sa mort). Photo: José Luiz Bernardes Ribeiro / Wikipedia

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Jean Herbert: Le rôle de la spiritualité dans le monde moderne

26 Septembre 2024 , Rédigé par Sudarshan Publié dans #Bouddhisme, #Catholicisme, #Christianisme, #Hindouisme, #Islam, #Jean Herbert, #Religion, #Sri Aurobindo, #Râmakrishna, #Spiritualité, #Sikhisme, #Taoïsme, #Shintoïsme

Jean Herbert ((1897-1980)

Jean Herbert ((1897-1980)

(Extrait de La Tolérance, colloque Swâmi Vivekananda. Edition Etre Libre 1963)

Texte intégral de la conférence donnée au Palais des Beaux-arts à l’occasion du Centenaire Vivekânanda.

Depuis bien des années déjà, et avec une insistance croissante, des personnes beaucoup plus qualifiées que moi, dans tous les milieux, nous mettent en garde contre le danger mortel auquel l’humanité est exposée du fait d’un déséquilibre toujours plus accentué entre le progrès matériel, scientifique, technique, d’une part, et la stagnation morale, pour ne pas dire le recul moral, d’autre part.

On en a longuement élucidé les causes et dépeint les effets. Bien des vérités ainsi dégagées sont devenues des lieux communs. Il n’est que d’en tenir compte, si nous voulons survivre honorablement. Mon propos n’est pas de les répéter ici.

Ce que je voudrais faire avec vous, c’est essayer de dégager quelques grandes lignes de l’évolution qui s’opère actuellement en fait dans l’attitude de l’humanité envers les problèmes religieux et spirituels, ou, en termes plus vastes, envers ce qui détourne l’homme du souci de ses intérêts exclusivement matériels et immédiats. Au moment où la plus haute autorité de la communauté chrétienne la plus importante envisage, avec tout le sérieux qu’exige la gravité des problèmes soulevés, d’éventuelles réformes dans divers domaines, il peut ne pas être inopportun d’élargir un peu le champ de l’étude pour voir les tendances qui se manifestent dans le reste du monde, leurs origines, leur nature, leurs buts, leurs effets.

Dans un monde qui a toujours été en évolution, il serait surprenant que l’attitude de l’homme envers les problèmes religieux et spirituels soit restée constante.

Les théologiens de toutes les grandes confessions envisagent cette évolution de façon assez simpliste. Pour à peu près toutes les religions, qu’il s’agisse de celles réputées nées avec le peuple qui les pratique, comme le Judaïsme, l’Hindouisme, le Shintô, ou de celles qui ont un fondateur, comme le Bouddhisme, le Christianisme, l’Islam, il existe en effet une Vérité, complète et définitive, qui a jadis été révélée à un peuple ou à un homme, et qui ne souffre aucune discussion, qui n’est susceptible d’aucune amélioration.

Sur le plan théorique, il n’y a qu’à la confesser; sur le plan pratique, il suffit de l’appliquer. Et tous ceux qui ne sont pas au sein de cette religion particulière sont ou bien en dehors du peuple élu, c’est-à-dire des hommes de seconde zone, s’il s’agit de religions nées avec le peuple, ou bien, s’il s’agit de religions révélées, des incroyants. Dans le premier cas, il n’y a pas évolution. Dans le second, il y a passage brutal de l’erreur à la Vérité, avec cette réserve toutefois que l’erreur peut comporter des degrés différents, et que l’on peut aussi retomber de la Vérité dans l’erreur.

Pour l’historien de la vie religieuse, le problème se présente différemment. Pour lui, il y a, dans chaque groupe humain, des périodes de religiosité intense et des périodes de désaffection à l’égard de la religion. De ce point de vue, il est courant de dire du monde moderne que Dieu y tient de moins en moins de place, que les valeurs spirituelles y sont en baisse, et que le matérialisme gagne. C’est un fait qu’avec les révolutions successives de 1793 et de 1917, avec les conceptions nouvelles de nos savants, avec notre souci croissant du confort matériel, le Christianisme, par exemple, a perdu depuis deux siècles un terrain considérable et ne l’a pas compensé par des acquisitions nouvelles. C’est un fait aussi que le Bouddhisme et le Taoïsme ont très probablement essuyé un échec tragique en Chine.

C’est un fait encore que, sous l’influence envahissante du matérialisme occidental, des éléments importants de l’élite, dans la plupart des autres pays, marquent une certaine désaffection à l’égard de leur propre religion. Vue sous cet aspect, l’évolution actuelle aurait donc un caractère nettement régressif.

II y a cependant d’autres manières d’envisager les choses. Celle en particulier que nous révèlent, dans l’Inde, la fois la tradition et l’observation directe.

Quant à la tradition, elle veut qu’à l’origine les textes sacrés fondamentaux, les Védas, aient comporté 100.000 versets, mais qu’au début de chacun des âges par lesquels passe l’humanité, ils aient dû être abrégés et simplifiés pour être mis à la portée de la faculté réduite qu’avaient les hommes d’appréhender les vérités spirituelles. Plus récemment, à un stade où la vérification par les textes nous est possible, nous voyons que l’on est passé successivement de la simple invocation ayant une valeur magique, les Védas, à des sortes de paraboles hermétiques, les Upanishad, à des techniques, les yogas, à des mythes longuement détaillés dans les Purânas et finalement à des exposés philosophiques discursifs. Il s’agirait donc d’un processus de mentalisation progressive de l’humanité, en particulier dans son attitude envers les problèmes religieux.

Lorsqu’on constate le rôle décisif que notre civilisation occidentale moderne attribue à la raison, maintenant seule habilitée à discriminer entre le vrai et le faux, le bien et le mal, l’utile et le nuisible, on est fort enclin à penser que nous sommes parvenus à un stade de mentalisation extrêmement poussée, qui explique en partie le rôle plus effacé que notre société accorde à la religion et à la spiritualité.

Deux autres facteurs essentiels ont sans nul doute joué: d’abord les possibilités d’élévation toujours plus rapide de notre niveau de vie sur le plan matériel, ce qui nous soumet à des tentations sans précédent dans l’histoire de l’humanité, et ensuite un sentiment croissant de solidarité sociale, dont ce n’est pas ici le lieu d’analyser les causes.

Voyons comment les différents milieux préoccupés de religion et de spiritualité ont réagi à ces changements, et ont tenté une relance.

Et d’abord les religions depuis longtemps établies.

D’une part, il s’est constitué ou consolidé des groupes farouchement conservateurs, qui nient toute nécessité d’évoluer et qui n’admettent aucun compromis. Nous en voyons un exemple frappant dans certains groupes juifs qui font actuellement beaucoup parler d’eux en Israël — dans certains groupes chrétiens, comme les Témoins de Jéhovah, les Adventistes du septième jour, qui, de ce fait, entrent parfois en conflit avec les gouvernements des divers pays — dans certaines sectes musulmanes qui, en Arabie Saoudite, en Mauritanie, au Pakistan, détiennent le pouvoir temporel, soumettent la société à des règles traditionnelles, et se refusent à séparer la religion de la politique, sans beaucoup se soucier des conséquences qui peuvent en résulter.

« Il n’est pas vrai de dire, » — écrivait récemment Sir Mohamed Iqbal, l’inspirateur du Pakistan moderne, — « … que l’Eglise et l’État sont deux aspects de la même chose; 1’Islam constitue une seule réalité… ». En 1896, les musulmans ont encore converti à la pointe de l’épée l’importante population des Kafirs d’Afghanistan quelque cent mille âmes !

D’autre part, il s’est constitué au sein de ces grandes familles religieuses des groupes numériquement plus importants qui, sans s’écarter de leurs dogmes fondamentaux et sans pouvoir être taxés d’hérésie ou d’hétérodoxie, admettent la nécessité d’une évolution pour que leur religion reste adaptée à la vie moderne et y conserve une place aussi prééminente que possible. C’est évidemment la position qu’a adopté le Concile du Vatican actuellement en cours. C’est ce que font aussi dans l’Inde les néo-védântistes, dans l’Asie du Sud-Est les néo-bouddhistes, au Japon les néo-shintoïstes.

En dehors même de leur travail intérieur, la plupart de ces groupes se livrent à une œuvre de prosélytisme intense et souvent agressif. Les bouddhistes engagent des actions missionnaires énergiques en Europe et en Amérique, les chrétiens et les musulmans en Afrique et en Asie. D’autres encore, dont nous parlerons plus tard.

Il en est résulté un certain nombre de conversions d’une religion à une autre. Quel que soit le profit qu’en aient retiré individuellement les intéressés, il faut reconnaître que sur le plan de la société dans son ensemble, les conséquences n’en ont pas été heureuses.

Dans les rares cas de conversion massive de toute une population, conversions que dans les temps modernes seul l’Islam a réussies, la religion nouvelle a dû s’adapter dans une mesure considérable et assimiler une large mesure des coutumes et croyances de celle à laquelle elle se substituait. Et le résultat a pu en être satisfaisant.

Mais dans tous les autres cas, où seule une petite minorité a été convertie, la situation de celle-ci est souvent tragique. Déracinée de ses traditions, isolée et suspecte dans son propre pays, conduite comme tous les récents convertis à une intransigeance sauvage et agressive, elle constitue dans son milieu un dangereux élément de discorde, et souvent même de lutte fratricide, qui n’est nullement créateur : l’estime pour la religion nouvelle.

Par ailleurs, des sortes de coalitions sont tentées entre les grandes religions pour faire front contre l’athéisme, ou même contre les religions moins puissantes. Le mouvement abramique, qui groupe juifs, chrétiens et musulmans, n’en est qu’un exemple.

Enfin, nous assistons actuellement, en Occident, en islam, en Orient, à un véritable pullulement de sectes nouvelles, dont certaines déjà extrêmement puissantes, qui ou bien prétendent rester dans le cadre de leur religion d’origine, quitte à y être anathémisées par les groupes plus traditionnels, ou bien prétendent opérer une synthèse de plusieurs religions déjà existantes, ou bien même prétendent innover complètement.

Voyons s’il est possible de dégager certains caractères communs à ces divers mouvements modernes.
Je crois d’abord que l’on peut noter une certaine désaffection à l’égard des problèmes purement théologiques. Si ceux-ci, chez les chrétiens, n’ont sans doute jamais intéressé qu’un petit nombre de spécialistes, ils ont pendant de nombreux siècles passionné l’Inde, le Tibet, l’Islam, au point d’y fournir des sujets de conversation courante, souvent fort animée. On peut dire qu’un peu partout les divergences d’ordre purement dogmatique entre les sectes passent à l’arrière-plan des préoccupations religieuses. Même dans les sectes nouvelles, comme le Tenri japonais, qui ont une théologie extrêmement détaillée et doctrinaire, les adeptes les plus fidèles s’en soucient en réalité fort peu.

Comme ces querelles étaient beaucoup plus créatrices de frictions et d’animosité que source d’inspiration, on ne peut que s’en féliciter, sur le plan pratique tout au moins.

Une autre transformation qui affecte sans doute beaucoup plus les masses est une désaffection à l’égard du mythe et un oubli du symbolisme.

Jusqu’à une époque toute récente, le mythe est resté un des principaux moyens d’enseignement religieux. Non seulement il retient l’attention et frappe l’imagination mieux que les meilleurs films de cinéma, mais la multiplicité de ses interprétations légitimes permet de l’appliquer à tous les domaines de la pensée, du sentiment et de l’action. Si dans le Christianisme, qui n’est doté que d’une mythologie très pauvre — d’ailleurs presque totalement empruntée au Judaïsme — il a occupé une place plus restreinte que dans les autres religions, l’abondante hagiographie catholique et orthodoxe y a largement suppléé. Or, notre souci croissant de rationalisme étroit nous interdit de concilier la croyance au mythe avec les théories actuelles de la science occidentale. Et comme c’est à ces dernières que l’Occident, et à sa remorque, bien qu’avec un certain retard, tout le reste de l’humanité, accorde une confiance de plus en plus aveugle, les hommes rejettent les mythes.

Cette tendance est encore accentuée par les exégèses dites historiques auxquelles on soumet maintenant les textes les plus sacrés, leur retirant ainsi toute valeur spirituelle. Chez nous, j’en citerai seulement pour preuves certaine traduction récente de la Bible, par ailleurs fort intéressante, dans laquelle on attribue à quelques-unes des plus belles paraboles du Livre de Daniel la valeur de récits historiques présentés frauduleusement sous forme de prophétie.

Plus frappante encore est l’interprétation historique que nos savants donnent actuellement, dans les Ecritures sacrées orientales, aux mythes présentant la lutte des Forces du Bien contre les Forces du Mal. Dans l’Inde les dieux sont devenus les Aryens et les démons les Dravidiens. Et de même en Perse, au Japon et ailleurs.

Les mêmes raisons n’expliquent sans doute pas pourquoi les hommes ont pratiquement oublié le symbolisme religieux. Parmi les gens qui assistent à une messe catholique, combien savent encore ce que représentent les divers éléments architecturaux d’une église, les vêtements sacerdotaux, les déplacements du prêtre officiant, etc.? L’exemple le plus frappant que j’aie rencontré de cette perte du sens symbolique se situe au Japon. Les prêtres shintoïstes, lorsqu’ils sont en costume sacerdotal, portent un sceptre shaku, dont la position est minutieusement fixée pour toutes les circonstances. Le symbolisme de ce sceptre est remarquablement riche : la courbe de sa partie supérieure, qui représente le ciel, doit reproduire la courbe du crâne du prêtre particulier qui l’utilise, la courbe de la partie inférieure, qui représente la terre, doit reproduire la courbe du talon du même prêtre, et le prêtre doit le fabriquer de ses propres mains. Le shaku symbolise donc à la fois l’union entre le ciel et la terre et l’identité entre le macrocosme et le microcosme. Or, aujourd’hui, il est extrêmement difficile de trouver des prêtres qui en aient connaissance. C’est dans un grand magasin qu’ils commandent leurs shaku, faits en série, et lorsque ceux-ci se cassent, on les jette et on en commande d’autres…

En compensation, pourrait-on dire, en contrepartie de cette perte du mythe et du symbole, on doit relever les efforts faits dans certaines religions pour prouver que les auteurs des textes les plus sacrés connaissaient déjà ce qui a fait l’objet des découvertes les plus récentes de notre science. Ce sont sans doute les néo-bouddhistes qui ont témoigné dans ce sens de la plus grande activité et aussi de la plus grande ingéniosité. Ils démontrent avec volubilité que les théories de nos physiciens d’avant-garde étaient déjà parfaitement familières aux disciples du Bouddha d’il y a 2.500 ans. Et il ne manque pas d’hindous pour nous expliquer que dans le Râmayâna, il est fait expressément mention de l’utilisation des avions.

Moins téméraires, mais sans doute plus instructifs peuvent être les rapprochements entre les Ecritures sacrées des divers peuples et le domaine dans lequel s’engage notre toute jeune science de la psychologie, car les anciens, et plus particulièrement les Hindous de l’antiquité en savaient probablement beaucoup plus long que nous sur la psychologie individuelle et collective, et plus encore sur ce que mon regretté collègue et ami, le Professeur Charles Baudouin, appelait la psychagogie. Le Professeur Jung s’est engagé dans cette voie, mais ce n’est, espérons-le, qu’une première ébauche d’une recherche sérieuse. Et il faut souhaiter que cette interprétation, à la fois légitime et fructueuse, des textes sacrés, ne nous fasse pas oublier qu’ils comportent aussi d’autres interprétations tout aussi légitimes et peut-être également fructueuses.

Quoi qu’il en soit, le rejet du mythe et l’oubli du symbole que nous constatons actuellement, à des degrés divers, un peu partout dans le monde constituent une lourde perte.
Parallèlement à cela, nous sommes aussi témoins d’un sérieux relâchement des disciplines. Je n’ai pas besoin de citer les tendances qui se font jour dans ce sens au sein du monde catholique, et dont certaines ont obtenu la sanction des plus hautes autorités, ou semblent en voie de l’obtenir dans un avenir prévisible.

Dans de nombreuses communautés de l’Islam, on boit ouvertement de l’alcool, en dépit des strictes règles coraniques. Dans l’Afrique noire, récemment convertie à l’Islam, la tendance s’accentue de renoncer aux sévères cérémonies initiatiques — cérémonies auxquelles, soit dit en passant, nombre de psychiatres européens accordent actuellement une grande valeur pour assurer l’équilibre intérieur de l’individu. Et ce qui les remplace n’est guère plus que la répétition plus ou moins automatique des cinq prières quotidiennes rituelles.

Dans l’Hindouisme, l’interdiction faite aux moines et aux brahmanes de quitter le sol sacré de l’Inde est tombée en complète désuétude, le végétarisme enjoint aux hautes castes est enfreint de plus en plus ouvertement. Sous l’influence du réformisme outrancier que pratique le Gouvernement Nehru, toute la structure morale qui avait pour fondement le système des castes (qui constitue un élément essentiel de l’hindouisme) s’effrite rapidement.

Dans toute l’Asie d’outre-Islam, les pèlerinages traditionnels, bien qu’ils soient de plus en plus fréquentés, en raison notamment de l’amélioration dans les moyens de transport, prennent une allure de plus en plus touristique et de moins en moins dévotionnelle.

Au Japon, les périodes de purification auxquelles doivent se soumettre prêtres et laïcs avant les cérémonies religieuses s’abrègent rapidement. Celles qui duraient un mois sont fréquemment ramenées à une semaine, celles d’une semaine à une journée, etc.

Mais, ce qui est encore plus caractéristique, c’est le peu d’exigences dont témoignent, à l’égard de leurs membres, les sectes nouvelles qui obtiennent le plus grand succès.

Pour prendre encore des exemples au Japon, dans le Byakkô-koseikai, fondé il y a peu d’années, et qui compte déjà plus d’un million de membres, dont une élite intellectuelle et religieuse considérable, le seul devoir des fidèles consiste à répéter, d’un cœur léger et sans effort, une prière spéciale pour la paix en battant des mains d’une certaine façon, de manière à créer une « lumière blanche » qui chasse tout le mal. Le Seïcho-no-ye, fondé il y a trente ans, et qui compte déjà trois millions de membres, n’impose en fait à ses fidèles aucune discipline particulière. Le Tenri-kyô, fondé vers la fin du siècle dernier, et qui a déjà acquis une très grande puissance économique et même politique, donne pour but suprême la joie dans la vie; les services divins y sont appelés services gais — et par conséquent rédempteurs. Le but de la cérémonie la plus typique, je cite « … est non seulement de reproduire la joie de la Création, joie à laquelle nous aspirons, mais aussi d’invoquer la protection de Dieu notre parent en chantant les louanges de Sa grâce illimitée… ».

Parallèlement à ce relâchement des disciplines, nous constatons dans certains secteurs — il est vrai assez limités — des recrudescences de la dévotion émotive. C’est sans doute dans ce cadre qu’il faut envisager, au sein du catholicisme, le développement rapide du culte marial, de celui adressé au Sacré-Cœur de Jésus, etc.

Cette dévotion revêt une forme particulière dans nombre de sectes nouvelles, un peu partout dans le monde. Les fondateurs de ces sectes sont le plus souvent réputés avoir eu des rapports directs et intimes avec la Divinité et aussi avoir reçu des révélations, et il est par conséquent normal qu’ils soient, à des degrés certes fort divers, l’objet d’une vénération qui fait parfois plus que frôler l’adoration, sinon la déification.

En Occident, dans des groupes tels que la Science Chrétienne, la Société Théosophique, les Anthroposophes, il est déjà extrêmement rare de trouver des études, si braves soient-elles, où ne soient citées les paroles inspirées du fondateur, tout comme il doit arriver bien rarement qu’un prédicateur chrétien ne cite pas quelques passages des Evangiles.

En Asie et en Afrique, les choses vont beaucoup plus loin.

En Afrique, les sectes musulmanes récentes voient dans le chef de la secte, presque toujours un descendant du fondateur, une sorte de prophète infaillible, à qui est due une obéissance absolue. J’ai assisté récemment au Sénégal à la fête annuelle de la grande confrérie — toute récente — des Mourides, et le chef du gouvernement, entouré des plus hautes personnalités du pays, se comportait envers lui au moins comme des catholiques envers le pape.

Dans l’Inde, des temples leur sont élevés et on leur attribue facilement une naissance miraculeuse; on les incorpore dans la liste des avatars de Vishnou. Parfois même, comme dans le cas de Râmakrishna, on estime que c’est encore insuffisant : ses disciples zélés expliquent que les trois plus grandes incarnations divines dans l’histoire du monde sont le Bouddha, le Christ et Râmakrishna lui-même et qu’ils éclipsent tous les autres.

Cette dévotion émotionnelle, qu’elle soit dirigée vers Dieu ou vers un homme considéré comme un messager de Dieu, constitue évidemment un facteur non négligeable de développement spirituel, et il est intéressant de voir que, selon Râmakrishna, je le cite : « … Pour cet âge de fer, ce qui convient le mieux, c’est la communion avec Dieu par l’amour, la dévotion et l’abandon de soi ».

Néanmoins, dans l’ensemble, ce qui semble le caractère le plus important de la tendance spirituelle à notre époque, c’est que nous nous intéressons moins à Dieu et davantage à notre prochain.

Cette évolution est en quelque sorte régulière et périodique dans l’Inde. On y voit à toutes les époques et de nos jours encore surgir de grands sages, là où on les attend le moins, et ils créent autour d’eux des foyers d’intense spiritualité, tournés exclusivement vers Dieu et dans lesquels on semble se désintéresser totalement des problèmes de ce monde. Mais dès la mort du maître, l’orientation change rapidement. Ses disciples, tout en conservant un souci très vif de la vie spirituelle, se préoccupent toujours davantage de son application pratique dans la société humaine. Moins de quarante ans après sa mort, les disciples de l’étonnant mystique que fut Râmakrishna se consacraient presqu’entièrement à la création d’écoles, de foyers d’étudiants, de dispensaires et d’hôpitaux, jouaient un rôle considérable dans les secours aux sinistrés après les grandes catastrophes, etc. A peine l’étonnant yogin et philosophe que fut Shrî Aurobindo était-il mort que son ashram devenait avant tout un centre universitaire. Si l’on veut trouver des foyers de pure spiritualité, il faut en trouver qui soient encore tout neufs.

Mais ce que nous voyons de nos jours dans le monde entier, ce n’est pas une transformation en quelque sorte cyclique et fragmentaire, c’est une évolution massive sans grand espoir de retour. L’amour du prochain, la philanthropie, la solidarité humaine au sein de groupes plus ou moins nombreux passent au premier plan. La moralité prend le pas sur la spiritualité.

Elle s’y est à peu près entièrement substituée dans le monde communiste. Dans l’Inde, le disciple le plus fidèle et le plus authentique de Gandhi, Vinoba, s’occupe de réformes agraires. Au Japon, les parcs qui entourent les temples shintoïstes sont utilisés comme terrains de jeux pour les enfants, et un groupe important et influent de jeunes grands-prêtres s’oriente vers une action sociale intense dans les domaines de l’éducation, de l’agriculture, de la vie familiale.

Ce qui d’ailleurs est parfaitement conforme à l’enseignement de Jésus et de Saint Paul.

C’est également en rapport avec ce souci de solidarité sociale que se situe l’injonction faite aux membres des divers groupes religieux de travailler activement dans l’intérêt du prochain. Une des principales injonctions des Mourides sénégalais est « Qui travaille prie ».

Ce souci du bonheur du prochain sur cette terre s’accompagne malheureusement, chez la plupart de nos contemporains, d’un souci encore plus vif de leur propre bonheur. Vivekânanda disait déjà qu’il ne pouvait guère apprécier un Dieu qui lui offrirait un fauteuil dans le Ciel mais ne pouvait pas lui fournir un strapontin sur cette terre. C’est maintenant l’attraction principale qu’offrent le plus souvent les sectes nouvelles, soit au sein des anciennes religions, soit en dehors d’elles, et c’est une des raisons principales de leur succès.

Par ailleurs, comme je le rappelais au début, l’accès plus facile et plus généralisé au confort matériel crée pour un nombre croissant d’hommes et de femmes une forte tentation d’en jouir intensément pendant qu’il dure et de ne plus guère penser à autre chose, aux rapports avec le Divin, à ce qui se passera après la mort et ainsi de suite. En sens diamétralement opposé opère cependant la terreur que nous inspirent les découvertes récentes de la science et les conséquences qu’elles peuvent entraîner pour nous dès un avenir fort proche. Il en résulte une perte de confiance, sinon en la valeur abstraite de l’intellect, du moins en l’utilisation de plus en plus exclusive qu’en fait le monde occidental moderne. C’est cette méfiance seule qui peut expliquer la vague actuelle de certaines sectes comme le Bouddhisme Zen sous sa forme japonaise, où l’on enseigne moins à dépasser le mental, comme le font tous les mystiques, qu’à le rejeter purement et simplement. En tous cas, cette terreur dont nous sommes saisis contribue puissamment à ramener les hommes à leur religion traditionnelle. Et en fin de compte cet attrait pour les jouissances qu’apporte le progrès matériel et les dangers dont nous menace ce même progrès s’équilibrent-ils peut-être en ce moment dans une certaine mesure.

Une des formes que prend fréquemment l’appât matériel tendu par les religions nouvelles est l’offre de guérison matérielle, soit dans le domaine de la santé physique, soit dans celui des rapports humains, soit même dans celui de la réussite professionnelle ou financière.

Certains groupes, comme la Science Chrétienne, vont jusqu’à voir dans cette harmonie de la vie matérielle une sorte de critérium d’authenticité de la vie spirituelle. La plupart des autres groupes, il faut le reconnaître, n’y voient qu’une conséquence.

Dans les groupes chrétiens qui vivent de façon si intense, si passionnée, chez les nègres d’Amérique, que ce soit au Sud des Etats-Unis ou au Brésil, la guérison des maladies par la prière et les incantations est presque une affaire de routine.

Disons en passant qu’en Afrique et en Asie, les guérisons physiques opérées dans le cadre du catholicisme, à Lourdes par exemple, ne se sont jamais heurtées au scepticisme qui les a accueillies dans beaucoup de milieux occidentaux, scientifiques ou autres. Ce dont on a été surpris, en ce qui concerne Lourdes tout au moins, c’est qu’elles ne portent que sur une proportion aussi infime des pèlerins.

En dehors de la chrétienté, ces guérisons ont toujours été admises comme normales, mais maintenant elles passent de plus en plus au premier plan.

Au Japon, le Kurozumi-kyô, qui date du XIXe siècle, en fait un article de foi; le Seicho-no-ie, dont nous avons déjà parlé, comporte dans sa brève profession de foi la phrase suivante : « Nous triomphons de toutes les souffrances et de toutes les peines de l’humanité, y compris la maladie ». On pourrait multiplier les exemples à l’infini.

Sur un plan plus doctrinal et d’application pratique moins immédiate, il est remarquable de constater que la plupart des sectes nouvelles, en dehors naturellement du Christianisme toujours exclusif, s’efforcent de réaliser une synthèse entre plusieurs conceptions religieuses antérieures et prétendent y être parvenues.

Dans certains pays, comme l’Inde, cette tendance était déjà fort marquée, mais restait essentiellement dans le sein de l’Hindouisme. En Extrême-Orient, on constatait un autre phénomène, c’est que chaque individu pratiquait volontiers plusieurs religions simultanément, sans que cela créât aucun problème : Bouddhisme et Shintô au Japon, Bouddhisme, Taôisme et Confucianisme en Chine et dans l’Asie du Sud-Est, avec un mélange de Chamanisme un peu partout. Mais il ne s’agissait que d’une juxtaposition, même en Chine, bien que certains éminents orientalistes aient pu grouper sous le nom unique d’Universisme chinois, les diverses religions qui florissaient dans ce pays. Chaque religion conservait malgré tout pour l’individu son caractère propre, ses propres temples, ses propres rites, son propre clergé. Les cas de véritable synthèse étaient rares et n’étaient l’apanage que de groupe; relativement peu nombreux. Comme cas typique, on peut probablement citer, en Islam, les Nusaïri du Liban, les Alaouites de Syrie, les Druses, dans l’Inde quelques petites tribus. Dans le passé, le seul exemple important que je connaisse de véritable synthèse et fusion entre deux religions différentes est celui des Sikhs.

Depuis un siècle environ, ces exemples se multiplient de façon étonnante. En Islam, le fondateur de la puissante et toujours plus nombreuse secte des Ahmadiyyas, Mirzâ Ghulâm Ahmad, mort en 1908, se donnait à la fois comme successeur de Mahomet, réincarnation du Christ et avatar de Vishnou. De son côté le Bahaïsme, né à la fin du XIXe siècle, se présente comme l’aboutissement et le complément nécessaire de toutes les anciennes croyances. Et je crois bien que certains disciples d’Inayat Khan ne seraient pas loin d’en dire autant de l’enseignement qu’ils suivent.

Dans l’Inde, la Société théosophique présente une synthèse de toutes les grandes religions, y compris celles qui sont mortes depuis de nombreux siècles.

Au Viêtnam, le Caodaïsme, autour duquel se rassemble une partie considérable de la population, groupe dans son enseignement les techniques de l’extase chamanique, le culte des esprits, le Confucianisme, le Taoïsme, le Bouddhisme et le Catholicisme.

En Chine, nous trouvons toute une série de sectes pour la plupart nées aux environs de 1915 ou 1920, le T’ungshan She, « Société de la Bonté », qui adore simultanément Confucius, Lao-Tse et le Bouddha; le Tao Yuan, « Société de la Voie » et l’Ikouan Tao, « Voie de l’Unité toute pénétrante », qui y ajoutent encore les symboles chrétiens et musulmans, le Wu-shan She, « Société pour l’intuition du bien », qui y surajoute encore le Judaïsme, etc.

En Corée, le Tong-hak, né il y a un siècle, et qui prit une importance telle que le gouvernement crut devoir se livrer contre lui à d’impitoyables persécutions, fait une synthèse du Confucianisme, du Bouddhisme et du Taoïsme.

Au Japon, depuis longtemps déjà, le Ryôbu-Shintô mêlait inextricablement Bouddhisme et Shintô, le Ritôshiuchi Shintô et le Mito-gaku faisaient une synthèse du Shintô et du Confucianisme, en rejetant le Bouddhisme. Plusieurs sectes importantes, comme le Yoshida Shintô, le Shin-gaku, le Suiga Shintô fondaient les trois religions en une seule. C’est cette dernière tendance que l’on retrouve chez les principales sectes récentes, qui y mêlent volontiers encore certains aspects du Christianisme, comme la Science Chrétienne, et aussi la psychanalyse, la biologie, etc.

On pourrait naturellement s’attendre à ce que cette puissante vague de syncrétisme aboutit dans la pratique à une tolérance toujours croissante, et à ce que les sectes nouvelles résultant de ces synthèses entretinssent non seulement entre elles, mais avec les religions plus anciennes qu’elles ont assimilées, des rapports de la plus cordiale fraternité. Malheureusement, il n’en est rien. Et à la réflexion cela se comprend. D’une part, chacune de ces sectes a conscience d’avoir réussi ce qui n’avait jamais été effectué dans l’histoire du monde, de s’être élevée au-dessus du sectarisme étroit qui avant elle séparait et opposait artificiellement les églises, et il ne peut en résulter qu’un complexe de supériorité à l’égard de tout ce qui les a précédées. Quant aux autres sectes engagées sur la même voie, elles constituent les concurrents les plus redoutables dans la clientèle à laquelle elles s’adressent.

Et chacune se livre volontiers à un prosélytisme effréné. « Quiconque sauve autrui est lui-même sauvé », proclame le Tenri-kyô japonais, et il est bien clair que pour lui sauver est synonyme de convertir.

On se trouve donc dans cette situation paradoxale où plus une secte récente prétend par son enseignement à une synthèse universelle, plus elle se montre intolérante envers les autres groupes religieux, anciens ou modernes.

Enfin, dans les religions qui jusqu’ici non seulement ne faisaient aucun prosélytisme, mais même refusaient d’admettre de nouveaux convertis, comme l’Hindouisme et le Shinto, on voit maintenant paraître des mouvements à prétention mondiale. Alors que naguère on ne pouvait être hindou que si l’on était né dans une des castes de l’Inde, le néo-védântisme, qu’apportent en Occident des moines de l’ordre de Râmakrishna et d’autres encore, prétend coiffer toutes les autres religions, et autour de ses missionnaires, les fidèles se groupent nombreux, qui récitent des prières hindoues, pratiquent des rites hindous, s’inspirent des Ecritures Sacrées de l’Inde. Au Japon, où les rapports de famille entre dieux et hommes de la terre japonaise forment l’essentiel du Shintô, et où l’on ne peut donc pas être shintôiste si l’on n’est pas japonais, il existe maintenant un néo-shintôisme, parfois appelé Kotonarisme, qui prétend à une universalité mondiale.

Comment pourrait-on résumer toutes ces constatations?

Dans l’ensemble, et sauf de notables exceptions, l’homme religieux semble maintenant moins préoccupé d’adorer Dieu et plus soucieux de secourir son prochain. D’autre part, la plus grande liberté de pensée assurée par la diffusion de l’enseignement et ce que l’on appelle les moyens de communication de masse, font qu’un nombre croissant d’hommes ne trouvent plus dans les religions traditionnelles sous leur forme orthodoxe et classique, la nourriture exacte dont ils ont besoin et qu’ils puissent assimiler; c’est la raison principale du pullulement actuel des nouvelles sectes. Enfin le rapprochement rapide des peuples qu’opère la facilité des communications permet des confrontations beaucoup plus fréquentes et massives qu’elles ne l’étaient naguère, et crée ainsi un besoin nouveau.

Les « Parlements des Religions » ou d’autres rencontres parées d’un titre moins pompeux mais visant au même but, toutes ces rencontres provoquées sous n’importe quel prétexte, et qui ne sont d’ailleurs pas inutiles, font apparaître le caractère accessoire des oppositions doctrinales et créent chez ceux qui les suivent un désir de synthèse. Mais chaque groupe fait son propre cocktail et se sent parfaitement certain de détenir la seule recette valable, ce qui finalement crée peut-être plus d’antagonisme que ces synthèses n’en estompent.

Faut-il donc dire qu’il y a progrès ou régression ? Là, je crois qu’il appartient à chacun de nous de donner la réponse. Dans l’évolution complexe, profonde, rapide à laquelle nous assistons actuellement, certains aspects sont heureux d’un certain point de vue, et d’autres regrettables. Mais les points de vue, heureusement, diffèrent selon les observateurs.

Lorsqu’autrefois je faisais des conférences aux Etats-Unis, on me faisait grief de ne pas les terminer en disant à mon auditoire ce qu’il devait penser et croire. En Europe, nous tenons heureusement au privilège de former, chacun pour soi, nos propres conclusions. J’espère donc que vous ne m’en voudrez pas si je termine sur un point d’interrogation.

Jean Herbert

Source: https://www.revue3emillenaire.com/blog/le-role-de-la-spiritualite-dans-le-monde-moderne-par-jean-herbert/

Jean Herbert naît à Paris le 27 juin 1897 d'un père protestant et d'une mère catholique.
Il se détourne cependant de cet héritage chrétien pour s'intéresser aux philosophies orientales.
Après un premier intérêt pour le Bouddhisme, c'est une rencontre avec Shrî Aurobindo, maître hindouiste, qui lui révèle une voie qui répond à ses attentes spirituelles et qui marque le début d'une nouvelle orientation dans sa vie et sa carrière.
Il développe dès lors une connaissance approfondie de l'Hindouisme et de la pensée orientale.
Jean Herbert mène ainsi de front diverses activités, toutes vouées cependant à une meilleure connaissance de l'homme et à faciliter la communication entre les être humains. Interprète à la Société des Nations, notamment, traducteur des œuvres de grands maîtres de la sagesse orientale, auteur de nombreux ouvrages sur l'Hindouisme ("Spiritualité hindoue"), mais aussi sur le Japon et sur l'Asie, Jean Herbert a apporté un éclairage nouveau sur la pensée orientale en Occident.
Il décède le 21 août 1980 à Genève.

[D'après: Josette Herbert, "Un auteur et son œuvre: Jean Herbert (1897-1980)", in Les carnets du yoga, no 5, mai 1979, pp. 2-15, url: http://lemondeduyoga.org/la-vie-du-yoga/un-auteur-et-son-oeuvre-jean-herbert-1897-1980/

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L’île magique, par Israël Adam Shamir

25 Septembre 2024 , Rédigé par Rouge et Blanc Publié dans #Israël Adam Shamir, #Palestine, #Israël, #Russie, #Politique, #Religion, #Christianisme, #Islam, #Lettres, #Communisme, #Saint Alexandre de la Neva

L’île magique, par Israël Adam Shamir


Par DOC MetaTV / 18 septembre 2024

https://meta.tv/lile-magique-par-israel-adam-shamir/


La Russie se voit attaquée par les États-Unis et leurs mandataires. C’est une situation très triste, car la Russie est nécessaire au développement de l’humanité. Mais la Russie n’est pas seulement en difficulté sur le plan extérieur. L’autre jour, une procession avec la Sainte Croix a eu lieu le long de la perspective Nevski en mémoire de saint Alexandre de Neva. Tout de suite, de nombreux soi-disant « gauchistes » ont attaqué les participants : « Vous êtes tous des fascistes ! Comme les nazis et pire ! » Dans ma vie, j’ai vu ce rejet violent de la foi chrétienne à de nombreuses reprises, et voici mes réflexions sur le sujet :

Je ne sais pas comment la postérité se souviendra de ma modeste contribution à l’étude de la « pensée antibourgeoise mondiale », mais je vais essayer de la décrire de la manière la plus brève possible pour mes contemporains. Comme vous, cher lecteur, j’ai la chance de vivre à une époque intéressante, une époque qui a démenti les prévisions optimistes de Marx et vérifié la Révélation de saint Jean le Théologien. J’ai vu l’effondrement de l’Union soviétique (pendant ces années cruciales, j’étais correspondant israélien à Moscou), l’effondrement du socialisme, la montée du néolibéralisme et du mondialisme, l’émergence d’un espace médiatique unifié, l’ascension d’Israël comme troisième puissance nucléaire du monde, la montée des Juifs, la lutte désespérée du peuple palestinien pour sa vie et sa dignité, la destruction de l’environnement naturel et le début de la troisième guerre mondiale de l’Amérique, d’abord avec le monde islamique, puis avec la Russie. Ma tâche est devenue de relier les points entre ces phénomènes apparemment dissemblables et de voir comment les résultats influent sur le destin du monde. Pour ce faire, j’avais besoin d’un nouveau récit.

Je vais vous donner un exemple. Woody Allen, le réalisateur new-yorkais, a sorti un film inhabituel à ses débuts, Lily la tigresse (1966). Il n’a pas tourné une seule image, mais a pris un film japonais de troisième ordre et l’a re-doublé, en y ajoutant une bande son complètement différente. Le résultat était un scénario original superposé sur une pellicule existante, une nouvelle interprétation du film original. Si vous avez déjà regardé un film étranger dans une langue inconnue à la télévision en commençant par le milieu, vous avez dû faire face à une tâche similaire, en essayant de deviner l’intrigue et de comprendre ce que vous avez vu. C’est une tâche similaire à la réinterprétation d’événements historiques à partir des connaissances supplémentaires et de la perspective augmentée d’une époque ultérieure. Les événements singuliers sont pour ainsi dire fixés dans le béton, mais ils peuvent être reliés entre eux de manière originale. Chaque conteur propose son interprétation, et le consensus historique choisit le récit qui décrit le mieux la réalité. Ainsi, il y a plus de trente ans, deux récits se sont heurtés en Russie : le récit soviétique russe et le récit néolibéral occidental. Le récit occidental a gagné, c’est-à-dire que pendant un certain temps, Woody Allen a réussi à convaincre le spectateur russe de la justesse de sa version des événements. Avec un changement de paradigme aussi simple, le peuple russe a permis qu’un terrible pillage ait lieu et les richesses de la Russie ont pris la fuite à l’étranger, laissant derrière elles des usines vides et transformant notre grande patrie en une puissance de second ordre. Ce coup d’État historique s’est déroulé presque sans effusion de sang. La démolition contrôlée de la Russie a prouvé que la maîtrise du récit donne la maîtrise du monde. Celui qui peut re-raconter le film devient ex post facto son réalisateur.

Il semblerait que je n’aie rien inventé, en la matière. La lutte des idées a toujours existé. En 1917, ce n’est pas l’Armée rouge qui a gagné, mais une « découverte scientifique » : l’idéologie internationale du communisme. Depuis, une vague ininterrompue de science industrielle n’a cessé de conquérir les grands esprits du monde. Cela n’aurait pas pu se produire tant qu’il existait une société saine, tant que les gens communiquaient entre eux et discutaient librement des questions urgentes. Malheureusement, les technologies que nous utilisons ont été conçues pour éliminer les penseurs originaux. Jamais auparavant les médias n’ont été aussi concentrés entre les mains d’un si petit nombre, à l’échelle mondiale, au point que chacun d’entre nous se trouve enveloppé dans un cocon de réalité virtuelle alternative. En Occident, d’abord en Amérique et ensuite en Russie, une société de désunion totale a émergé, dans laquelle les gens se forment uniquement sur la base de la télévision et des médias grand public. Les empires médiatiques transnationaux ont complètement pris le contrôle de tout le discours public et ont convaincu des milliards de personnes que le « mode de vie américain » (le néolibéralisme) leur apporte le bonheur.

Depuis les hautes tours de contrôle qui leur permettent de dominer le monde, les maîtres des médias déterminent ce que les gens savent et ce dont ils parlent dans une société fragmentée et qui fragmente activement. Ils décident de ce que les gens pensent et dans quel cadre historique. Mes vieux camarades Noam Chomsky, Edward Herman et d’autres auteurs ont beaucoup écrit sur cette fabrication scientifique du consentement. J’ai moi aussi remarqué cette étonnante puissance invisible, une sorte de vaste montagne magnétique qui interfère activement dans la vie intérieure de nombreux pays. Partout, les médias poursuivent la même ligne : ils s’opposent au nationalisme et à la tradition, et poussent plutôt vers une « société multiculturelle », vers une démocratie libérale – c’est-à-dire vers une société d’émiettement, dans laquelle il leur est plus facile d’agir. À une exception près : dans le cas de l’État juif, ils soutiennent le chauvinisme, le séparatisme, l’apartheid, c’est-à-dire une société insulaire de solidarité culturelle. Partout ailleurs, ils sont en faveur des wokes, mais en Israël, ils sont en faveur des skinheads.

Autre exception intéressante : les fondateurs du communisme croyaient que la religion était intrinsèquement liée à la société de classes, au service des élites dirigeantes. Or, contrairement aux postulats des sciences sociales communistes, le capital transnational est systématiquement dirigé contre la religion, et en particulier contre la religion chrétienne. N’est-ce pas intéressant de constater que les deux choix qui nous sont proposés (communisme international ou néolibéralisme transnational) s’opposent à l’Église ? Les trois branches anciennes, souvent rivales, du christianisme sont constamment attaquées : le catholicisme occidental, l’orthodoxie byzantine et l’islam (une forme particulière du christianisme oriental monophysite). À une exception près : le judaïsme est intouchable. Non seulement l’attaque orchestrée contre toutes les religions a épargné le judaïsme, mais en Occident, une nouvelle forme de judaïsme triomphaliste a émergé, l’Holocaustienté, dont le temple principal se trouve au centre de Washington DC. Ce culte de la mort pervertit la religion chrétienne : la mort des Juifs est assimilée à la Passion du Christ, et la création de l’État d’Israël correspond à la Résurrection.

Mais c’est là que s’arrête la similitude. Le christianisme n’est pas protégé par la loi, et dans les rues de Paris et de New York, on peut voir des affiches avec des croix imbriquées dans des symboles nazis. Le culte de l’Holocauste est strictement protégé par la loi. Les enseignants ne sont pas autorisés à emmener leurs enfants à l’église du coin, mais l’excursion au mausolée local de l’Holocauste est obligatoire dans le programme scolaire de l’État. Le racisme scientifique n’est plus à la mode, mais les gens savent quelles races ont un statut privilégié et lesquelles n’en ont pas. À Moscou, on refuse de louer des appartements aux Caucasiens, à New York aux Noirs, et en Europe, l’opposition aux immigrants musulmans se développe. Les derniers vestiges du racisme scientifique demeurent dans le cœur des responsables gouvernementaux, ce qui permet à Biden de bombarder le Yémen comme s’il le désinfectait. Mais l’antisémitisme, autrefois considéré comme une simple forme de racisme, n’a pas seulement été interdit, il a pris la place unique qu’occupaient autrefois « l’antisoviétisme » en Union soviétique et « l’anti-américanisme » en Amérique. Pour moi, fils d’Esther et de Joseph, cela pourrait être flatteur, certes, mais cela me pousse à m’interroger sur les raisons qui se cachent derrière une exception aussi évidente qu’anormale.

La destruction de l’environnement naturel, de notre douce Terre, est devenue une autre caractéristique étrange du monde moderne. Partout, les nouveaux maîtres du monde empoisonnent les rivières, abattent les forêts et rendent la Terre inhabitable. En utilisant la terminologie du scientifique russe Lev Gumilev, nous pouvons dire que le paysage anthropique (créé par l’homme) remplace de plus en plus résolument les paysages naturels de la planète. La Terre est pillée, défigurée, puis recouverte d’une urbanisation galopante. Avec la mort de l’esprit, l’attaque coordonnée contre la foi, la profanation de l’art et de l’amour et le rejet de la fraternité humaine, la mort de la nature souligne l’essence apocalyptique derrière les actions de nos dirigeants mondiaux. Nous pouvons maintenant voir que l’histoire culmine et débouche sur une crise existentielle. Dans ces moments critiques, l’histoire elle-même doit être réinterprétée pour expliquer la réalité actuelle.

L’interprétation marxiste classique de l’histoire soutenait que la domination sur les moyens de production déterminait la position des classes. Elle affirmait que les propriétaires d’usines décidaient, contre les intérêts des travailleurs, de l’orientation de la société. Mais les inventions étonnantes des financiers néolibéraux internationaux, qui utilisent des produits dérivés et des instruments financiers secondaires à la place des travailleurs, ont considérablement réduit le pouvoir des moyens de production. Chaque dollar contribuant à la valeur d’une usine peut désormais être gonflé 99 fois grâce à l’utilisation d’outils financiers secondaires qui se vendent sur les marchés internationaux. Mais la valeur de ces gadgets financiers dépend en grande partie de leur réputation telle qu’elle est jugée par la presse internationale. Dans une telle situation, le rôle principal et décisif passe des mains des travailleurs et des propriétaires d’usines aux maîtres du discours, c’est-à-dire les propriétaires des médias de masse, les journalistes de premier plan, les professeurs d’université, les experts – tous soutenus de manière sélective par le capital financier international.

Selon la théorie classique, ils devraient servir en premier lieu les intérêts des propriétaires d’usines et en second lieu ceux de leurs ouvriers, mais nous pouvons tous constater qu’ils ne servent qu’eux-mêmes. Ils se comportent davantage comme des envahisseurs étrangers ou même des extraterrestres. Ils font preuve d’un degré de souveraineté inégalé dans l’histoire de l’humanité. Le travail en usine est de loin préférable à ce qu’ils vendent, ce qui n’est rien de moins que Le Meilleur des mondes de Huxley. Alors que les marxistes luttaient pour les moyens de production, nous luttons aujourd’hui pour les idées, en fait pour l’esprit et l’âme des gens. Les libres penseurs se livrent à des empoignades avec les maîtres du discours, nos nouveaux adversaires. Ce combat virtuel n’est pas moins réel que les manifestations populaires d’autrefois. Le pouvoir du boycott est toujours entre les mains d’individus, et maintenant (grâce au reconditionnement et à la financiarisation des produits) ils ont 99 fois plus de pouvoir qu’auparavant. Les anomalies que nous avons notées ci-dessus pointent vers le talon d’Achille de nos adversaires : Israël. Ainsi, bien qu’ils continuent à nous induire en erreur et à dresser des écrans de fumée, la question juive est de nouveau à l’ordre du jour.

Pour expliquer cette conclusion paradoxale, nous pouvons considérer la théologie comme la forme première de l’idéologie. Le christianisme, avec sa quête spirituelle et son culte terrestre de la Vierge Marie, avec l’idée de fraternité humaine exprimée dans la communion, malgré ses concessions aux pouvoirs en place, est une idéologie de solidarité parfaitement positive et humaniste. Le judaïsme, en revanche, la religion du paysage créé par l’homme, de l’élection des élus, du rejet de l’impératif catégorique, représente la théologie qui sous-tend le néolibéralisme. Les chrétiens voient les gens comme des voisins, les juifs comme des outils de l’empire. L’exceptionnalisme israélien, le statut élevé du culte de l’Holocauste et la position prééminente de la finance internationale sont tous des symptômes d’une maladie moderne qui pointe vers une cause particulière.

J’ai vécu une bonne partie de ma vie en Israël, ce minuscule État du Moyen-Orient. Au début, j’écrivais depuis l’arrière-pays et mes histoires portaient sur le sous-développement, le racisme contre les autochtones et la haine croissante des « goyim ». Mais nos problèmes locaux n’intéressaient personne jusqu’à une époque récente. Aujourd’hui, cependant, Israël se trouve au centre des événements mondiaux. Pour des raisons que nous examinerons dans un prochain livre, il y a eu un enchevêtrement des forces compradores en Russie, des forces impérialistes-capitalistes en Amérique, de leurs alliés en Europe et des partisans de l’apartheid en Palestine. Par conséquent, mon front de bataille personnel, la lutte contre l’apartheid en Palestine, est devenu simultanément la ligne de front du combat contre les compradores russes et contre l’impérialisme américain dans sa nouvelle forme de mondialisme à la mode. Cet entrelacement de forces est un nœud historique extraordinaire, et en le tranchant, nous mettrons fin à la brutalité du capitalisme mondial.

La Palestine est devenue l’île magique des contes de fées russes, où se trouvent un coffre en fer enchaîné aux branches d’un vieux chêne, et un œuf dans le coffre, et dans cet œuf, une aiguille et à la pointe de cette aiguille, la vie de l’Éternel Ennemi, l’Esprit même du Capitalisme international qui nous tue. Soudain, nous découvrons que nous avons à notre portée une méthode sûre pour éliminer l’Ennemi d’un seul coup, sans grandes batailles ni effusion de sang. La démocratie en Palestine telle qu’elle était envisagée à l’origine par le Mandat pour la Palestine. La transformation de l’État d’apartheid en un pays d’égalité et de démocratie, voilà qui fera trembler le sol sous les pieds de notre ennemi. Il est vrai que l’idée de démocratie a été détournée, par une ruse de notre ennemi pour écraser le monde avec un capitalisme vautour néolibéral, mais il n’y a rien de fondamentalement mauvais dans la volonté du peuple. Elle peut et doit être retournée contre l’ennemi.

Sur cette île magique de Palestine, berceau du christianisme, se trouve la source de la vie spirituelle de la Russie et de l’Occident. Même si l’Occident peut aujourd’hui considérer Israël comme un porte-avions ou le Moyen-Orient comme une immense station-service, les liens entre la Russie et la Palestine sont encore vivaces. De Palestine est venue l’orthodoxie, qui unit toujours Moscou et Jérusalem. La population indigène de Nazareth et de Bethléem professe la même foi que Riazan et Kostroma. Moscou, la Troisième Rome, qui succède à Byzance, continue d’accomplir sa mission historique importante de défense de l’orthodoxie, de protectrice du peuple indigène de Palestine. Le peuple russe s’en souvenait au XIXe siècle lorsqu’il collectait ses roubles et construisait des églises et des écoles en Terre sainte. Les Russes soviétiques s’en souvenaient aussi lorsqu’ils protégeaient les Palestiniens du génocide progressif d’Israël. Depuis lors, un médecin palestinien sur deux et un prêtre palestinien sur deux parlent russe.

Le lien entre les nations chrétiennes et la Palestine est plus qu’un vestige de l’histoire. Le christianisme est l’une des grandes idéologies de solidarité du monde. Comme le communisme, il met en avant la quête de spiritualité et de fraternité sur terre. Comme le communisme, le christianisme n’a jamais atteint ses nobles idéaux. La religion et l’idéologie ont souffert des pontes et des carriéristes. Toutes deux ont perdu le respect de la société éduquée. Mais la foi chrétienne, comme le communisme, est comme Antée : la défaite la fait renaître. Il nous suffit de desserrer l’emprise mortelle des avides de pouvoir, d’expulser ceux qui ont fait de leur adhésion au Parti communiste ou de leur Sainte Croix un moyen de gagner de l’argent, et de faire revivre le royaume de l’esprit ! Ayant vécu dans les deux pays, j’ai pu constater que la Russie orthodoxe et la Russie soviétique se distinguaient toutes deux par leur spiritualité élevée et invincible.

Les partisans de l’apartheid en Palestine se sont donné une tâche sinistre : couper les racines du christianisme. C’est pourquoi ils ont assiégé l’église de la Nativité, détruit d’anciennes églises byzantines, brûlé les Évangiles et expulsé les croyants chrétiens. Ils avaient provoqué un exode massif de Juifs russes d’Union soviétique vers Israël. Les organisateurs voulaient faire d’une pierre deux coups : saper l’Union soviétique par la fuite paniquée des intellectuels et en même temps renforcer leur pouvoir en Terre sainte. Mais leurs calculs se sont retournés contre eux. Le séparatisme du judaïsme répugne à tous les hommes de bonne volonté. Bien que l’appareil d’État d’Israël s’oppose officiellement et brutalement aux chrétiens, l’esprit russe a montré qu’il ne pouvait pas rester longtemps séparé du Christ. Ce n’est pas sans raison que les églises orthodoxes de Lydda et de Jaffa, vidées après l’expulsion des Palestiniens, sont à nouveau débordantes de croyants. De nombreux anciens Russes ont retrouvé le chemin de la Terre sainte de l’Esprit. L’État séparatiste d’Israël est confronté à une inversion de la « crise des conversos »1, où les troisième et quatrième générations refusent de haïr, de torturer et de voler leurs voisins. Aucun royaume juif n’a jamais duré plus de 80 ans. Il existe une limite naturelle au séparatisme.

L’histoire n’est pas terminée et les immigrants israéliens peuvent jouer un rôle positif en Palestine s’ils prennent conscience de leur fraternité avec le peuple palestinien. La Palestine est comme une corde tirée par deux camps opposés. Si l’esprit de fraternité l’emporte, la Troisième Rome se dressera comme telle ; si l’esprit d’élection l’emporte, le Talon de Fer régnera sur le monde. L’avenir est imprévisible car l’humanité se trouve à la croisée des chemins de l’histoire. Si nous tournons dans un sens, nous perdons notre cheval ; si nous tournons dans l’autre, nous perdons notre âme. Le rôle que la Russie est destinée à jouer dans cette bataille décisive est étonnamment grand. Comme l’a souligné Mackinder, elle est le pivot du monde. Mais tant que la Vierge Blanche de l’Intercession s’élèvera sur le cours clair de la rivière Nerli, tant que le Mausolée Rouge se dressera sous le mur crénelé du Kremlin, tant que les bouleaux continueront de bruisser sur la rivière Oka, la Russie sera invincible – et dès lors invincible sera son humble sœur, le pays des oliveraies, des vignes et des sources, la patrie terrestre du Christ et de la Mère de Dieu – la Palestine.

C’est pour cela que l’ennemi tente de déclencher une guerre mondiale – pour détruire la Russie, la chrétienté et l’humanité. À nous de les arrêter, tout de suite !

Source : https://www.unz.com/ishamir/the-magic-island

1 En 1449, l’Espagne a connu une mobilisation populaire contre les juifs ayant adopté la religion catholique sous la contrainte, mais conservant vivace un esprit hostile aux autochtones et à la chrétienté. Un siècle plus tard, naissaient au sein de familles en partie d’origine juive « converse » le poète Frère Luis de León, les saints Jean de la Croix, Thérèse d’Avila, et bien d’autres. (MP)

Saint Alexandre de la Neva (Alexandre Nevsky)

Saint Alexandre de la Neva (Alexandre Nevsky)

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Ali Shariati: Norouz ; Déclaration de la vie et de l'éternité des Iraniens - Un bref discours sur le Nouvel An persan

7 Septembre 2024 , Rédigé par Sudarshan Publié dans #Ali Shariati, #Norouz, #Iran, #Philosophie, #Islam

Norouz ; Déclaration de la vie et de l'éternité des Iraniens

Un bref discours sur le Nouvel An persan

Ali Shariati
                           
   

 

            Il est difficile de dire quelque chose de nouveau sur Norouz. Norouz est une fête nationale et tout le monde sait ce qu'est une fête nationale. Norouz est célébré chaque année, et on en reparle chaque année. Beaucoup de choses ont été dites à ce sujet, et vous avez entendu beaucoup de choses à ce sujet. Alors, n'y a-t-il pas lieu d'en parler une fois de plus ?

Bien sûr que si ! Ne renouvelons-nous pas Norouz chaque année ? Alors entendons nous aussi en parler à plusieurs reprises. Il est ennuyeux et même absurde de répéter un texte scientifique ou littéraire. La sagesse rejette la répétition, mais les sensations l'accueillent. La nature aussi aime la répétition, et les sociétés en ont besoin.

La nature est essentiellement faite de répétition. Norouz est une belle histoire répétitive dans laquelle la nature, les sensations et la société sont toutes engagées, sans jamais se lasser ni s'ennuyer.

Norouz, qui a été pendant de longs siècles le maître et le plus gracieux de toutes les cérémonies nationales dans le monde, conserve son existence jeune, forte et vivante, parce que ce n'est pas une cérémonie imposée, artificielle ou politique.

C'est la cérémonie de l'univers, le jour du bonheur de la terre et l'anniversaire du soleil et des cieux. Le jour glorieux où chaque phénomène naturel évolue, fleurit et se résout, rempli de la douce anxiété de nombreux « départs ».

Les cérémonies nationales des autres cultures encouragent souvent les hommes et les femmes à quitter leurs ateliers, leurs fermes, leurs déserts, leurs ruelles et leurs rues, leurs jardins et leurs pâturages, et à se rassembler dans des salles sous les plafonds, derrière des portes fermées.

Ils se réunissent dans des lieux tels que les bars, les dancings, les caves, les saloons et les maisons... dans des endroits chauffés au gaz, éclairés par des ampoules, remplis de fumée, embellis par des couleurs artificielles, décorés de fleurs et d'ornements en papier ou en plastique, parfumés avec des parfums ou des herbes à brûler... Norouz, au contraire, saisit gentiment la main des gens et les entraîne joyeusement avec lui hors de leur petit environnement dans les chambres, derrière les portes fermées, sous les plafonds, parmi les grands bâtiments et les pavés de ciment dans et autour des villes, dans les vastes pâturages glorieux, les zones vertes et la large et aimable étreinte de la nature, où tout le monde se sent libre et en liesse.

Le soleil printanier les réchauffe et illumine leur journée, la gloire d'assister au renouvellement de la création et d'eux-mêmes les enthousiasme, le vent et la pluie printanière dessinent magnifiquement de nouvelles scènes qui sont déjà ornées de bourgeons fleuris de différentes couleurs et parfumées de l'odeur de la pluie :

    « L'odeur de la pluie, l'odeur de la menthe verte, l'odeur de la terre. Et l'odeur des branches qui sont mouillées par la douce pluie de printemps et qui brillent de propreté »...

Norouz est l'occasion de se remémorer de nombreux souvenirs. Des souvenirs de la relation entre l'homme et la nature, qui se renouvelle chaque année. Cet enfant oublieux de la nature qui s'est tellement engagé dans des affaires artificielles et des engagements préprogrammés, qu'il a même totalement oublié sa propre mère adorable.

Il est maintenant rappelé dans les bras de sa mère aimante par le charme magique de Norouz. Là, ils célèbreront ensemble ces heureuses retrouvailles.

L'enfant insouciant découvrira sa propre origine dans les bras bienveillants de sa mère, et le visage de la mère s'épanouira en retrouvant son enfant perdu, versera des larmes de bonheur pour cette heureuse occasion, pleurera de joie dans les tonnerres du printemps, redeviendra jeune et beau une autre fois, et brièvement, comme le prophète Jacob (AS), qui retrouva la vue après avoir senti l'odeur de la chemise de Joseph (AS), se verra accorder une vue perçante pour voir son cher enfant une fois de plus.

Plus notre civilisation artificielle et technique deviendra complexe ou lourde, plus le besoin de retrouvailles et de retour à l'étreinte de la nature se fera sentir.

Ainsi, contrairement aux traditions qui vieillissent et deviennent incompétentes, voire inutiles avec le temps, Norouz rajeunit, s'embellit et se renforce avec le temps, et ce parce que Norouz est une troisième voie pour réconcilier les deux côtés de la longue conscience culturelle qui dure depuis l'ère de Lao-Tso et Confucius jusqu'aux jours récents de Roseau et Walter.

Norouz n'est pas seulement une bonne occasion de se détendre et d'être heureux, c'est un besoin vital de la société et une nourriture spirituelle vitale pour une nation.

Qu'est-ce qui peut égayer les cœurs froids, dans un monde sombre, basé sur des changements constants, des révolutions, des séparations et des pertes, des désintégrations et des dissolutions, où la seule chose qui soit stable et jamais sujette au changement est le renouvellement constant et l'instabilité ?

Qu'est-ce qui peut rendre une nation invulnérable sur le chemin cruel du chariot du temps, qui détruit tout sur son passage, brise et écrase tout pilier et démolit toute base ?

Aucune nation ne se forme en l'espace d'une nuit, d'une génération ou même de deux. Une nation peut être décrite comme la chaîne continue de nombreuses générations que le temps, cette épée impitoyable et irréfléchie de la nature, sépare de leurs liens physiques au cours de leur histoire.

Malheureusement, nous ne pouvons pas avoir une correspondance bilatérale avec nos ancêtres, ceux qui ont formé le sol de notre nation.

L'horrible et profonde vallée de l'histoire est creusée. Les longs siècles creux ont creusé un fossé infranchissable entre eux et nous. Seules nos traditions, qui s'expriment à l'abri du regard acéré du cruel bourreau du temps, peuvent gentiment nous prendre par la main et nous transporter spirituellement de l'autre côté de cette terrifiante vallée, nous réconciliant ainsi avec notre glorieux passé, nos ancêtres.

C'est dans la sainteté de ces traditions que nous pouvons sentir leur présence à nos côtés aujourd'hui, et les célébrations de Norouz comptent parmi les plus stables et les plus gracieuses de ces traditions.

Chaque fois que nous célébrons Norouz, c'est comme si nous participions à toutes les célébrations de Norouz observées sur cette terre depuis le début de cette cérémonie. C'est le moment où toutes les pages noires et blanches de l'histoire de notre ancienne nation se tournent l'une après l'autre devant nos yeux curieux, et nous assistons avec impatience à leurs événements.

Croire que notre nation a toujours célébré Norouz dans notre patrie éveille dans nos esprits ces idées excitantes que... « Bien sûr, chaque année, même la triste année où Alexandre a peint la façade de ce pays en rouge avec le noble sang de notre nation, par les longues flammes qui brûlaient le beau palais de Persépolis, là, la même année, nos ancêtres opprimés ont dû célébrer Norouz plus sérieusement et plus pieusement, au milieu de leurs chagrins.

C'est ainsi que Norouz a été chèrement célébré au cours de ces tristes années, et de toutes les années similaires. Une raison de se réjouir malgré toutes les misères ».

Il n'a jamais été une excuse pour être « négligent, bon marché et oublieux », mais un prétexte pour annoncer la vive détermination de notre nation à être et à continuer à être et à maintenir des liens forts avec un passé glorieux, que le facteur temps et les envahisseurs de différentes races ont toujours essayé, en vain, d'effacer de la scène de l'existence.

Norouz a toujours été si cher. Pour les religieux zoroastriens, pour les vieillards sagaces de l'histoire ancienne, pour les musulmans, pour les musulmans chiites et pour les personnes parlant le persan dans le monde entier.

Tout le monde a considéré Norouz comme une fête bien-aimée et en a parlé avec sympathie.

Même les philosophes et les scientifiques considèrent Norouz comme « le premier jour de la création, lorsque Ahoura-Mazda (Dieu, dans la mythologie des anciens Perses) a créé l'univers en six jours, et a été occupé jusqu'au sixième jour lorsque cette tâche a été accomplie, et c'est pourquoi le premier jour de Farwardin (le premier mois iranien de l'année) est appelé Hourmazd et le sixième jour, “le jour saint”.

Quelle belle histoire ! Plus belle encore que la réalité elle-même ! Chaque être humain ne ressent-il pas honnêtement que le premier jour du printemps est le premier jour de la création, répété une nouvelle fois ?

Si Dieu a fixé un début à la vie sur terre, ce jour devait sans doute être le jour de Norouz. Le printemps a toujours été la première saison de l'année. Dieu n'a jamais dû faire de l'été, de l'hiver ou de l'automne la première saison de l'année.

La première herbe sur terre a certainement commencé à pousser le premier jour du printemps, les rivières ont dû commencer à couler à ce moment-là, et les bourgeons à fleurir, ce qui signifie que Norouz a toujours été le premier jour du printemps, en même temps que le renouvellement de la création.

L'« âme » a certainement été créée en cette saison. Le premier arc de l'amour a dû frapper un cœur le premier jour, et le soleil s'est levé pour la première fois le même jour, marquant le début de l'horloge de l'univers.

L'Islam, qui a effacé toutes les discriminations et les couleurs du racisme et du tribalisme, et qui a changé la forme de nombreuses traditions, a au contraire poli la belle façade de Norouz. Il a approuvé cette glorieuse tradition, permettant à cette jeune pousse de continuer à grandir et à se renforcer, maintenant avec un soutien fort et doux, à l'abri de l'extinction dans les premiers jours de l'introduction de l'Islam aux Iraniens.

Les deux grands événements que sont la désignation de l'imam Ali (AS) comme héritier spirituel du prophète, le jour d'Al Qadir, et son élection comme calife des musulmans et émir de tous les croyants (Amir-ol Mu'menin) ont tous deux eu lieu le jour de Norouz, ce qui constitue une excellente coïncidence !

Ainsi, l'amour, la piété et la croyance des musulmans iraniens dans le droit et la sainteté de l'imam Ali (AS) sont devenus le point d'appui de Norouz. Cette célébration glorieuse, qui avait commencé sa vie avec l'âme et l'amour anciens d'une nation, était maintenant doublement fortifiée par l'esprit saint d'une grande religion, l'Islam.

Une tradition nationale se mêlait ainsi à la piété religieuse et au nouvel amour fort qui avait germé dans le cœur de ce peuple, devenant plus saint. À l'époque de la dynastie des Saffavides, cette tradition est même devenue une tradition chiite établie, pleine de piété et de croyances pures, désormais complétée par des prières spéciales.

Comme le révèlent les livres d'histoire, « une année, lorsque Norouz et Ashoura (le dixième jour du mois lunaire de Moharram, lorsque l'imam Hussein (AS) et ses disciples ont été martyrisés à Karbala, l'un des événements les plus tristes de l'histoire des chiites ; une fête de deuil) ont coïncidé, le shah des Saffavides a passé ce jour à pleurer l'imam Hussein (AS) et a célébré le jour suivant comme Norouz ! ».

Norouz, qui est vieux et sur lequel la poussière de nombreux siècles s'est déposée, a vu les hymnes des moqan (clercs des adorateurs du soleil) l'appeler et l'aimer, les psaumes sacrés des zoroastriens dans leurs temples du feu lui être adressés, les murmures de l'Avesta lui donner des noms sacrés, et les rimes célestes d'Ahourmazd, le louer personnellement et secrètement à ses oreilles.

Depuis lors, elle est louée par les versets sacrés du Coran et les paroles d'Allah lui-même. Des salats spéciales (prières islamiques, similaires aux prières quotidiennes à cinq temps) ont été conçues pour Norouz, ainsi que des prières spéciales à réciter le jour de Norouz et au moment du passage à l'année suivante.

Tout cela était associé à l'amour de l'imam Ali (AS) et de son gouvernement juste dans le chiisme. Cette approche a injecté du sang frais dans les veines de cette vieille tradition, qui a vécu une longue vie avec tous nos ancêtres depuis les temps anciens, et a égayé les moments de chacun d'entre nous, avec un amour tendre et profond, toujours très sincère.

La principale prophétie de Norouz est de nettoyer les taches de tristesse et de désespoir sur les cœurs de cette nation, qui a souvent été trahie et même poignardée par derrière, et d'insuffler l'âme de la jubilation dans le cadavre de cette terre et de son peuple.

Mais ce n'est pas tout. Norouz est chargé de renforcer les liens entre la génération actuelle et tous nos sages ancêtres du passé d'une part, et de renforcer les liens de ces derniers avec mère nature d'autre part.

Par-dessus tout, Norouz renforce les liens d'unité entre les Iraniens d'aujourd'hui, qui gardent le souvenir amer des invasions de toutes sortes, des cruautés des ennemis intérieurs et extérieurs, des bourreaux qui ont fait de leurs têtes des minarets et qui ont massacré de nombreuses générations.

Il fait fondre la glace épaisse des murs qui nous séparent des étrangers de notre nation et sème les graines d'un lien de parenté, de chair et de sang. Il comble ainsi les profonds fossés de l'oubli qui séparent souvent les cœurs des différents groupes de la nation s'ils n'avaient pas été remplis de la gentillesse de Norouz.

Et nous, dans ces moments heureux, nous allumons à nouveau le feu sacré Ahouraian de Norouz, et au plus profond de notre conscience, nous foulons les déserts frappés par la mort noire des siècles passés, et nous nous préparons à célébrer Norouz avec tous les hommes et les femmes qui ont célébré autrefois cette glorieuse cérémonie nationale sur cette terre. Leur noble sang coule dans nos veines, nos cœurs battent joyeusement avec lui et leurs âmes reprennent vie dans nos corps sous le ciel clair de l'Iran.

Ainsi, nous proclamons fièrement notre existence vivante en tant que nation sage et heureuse, debout au milieu des vents violents des incidents horribles qui sont capables de déraciner n'importe quel arbre solide, mais pas celui de notre nation.

Nous annonçons que nous sommes vivants et que nous poursuivrons notre fière existence sur cette terre jusqu'à la fin des temps, même en ce siècle sombre où nos ennemis, et en particulier l'Occident usurpateur, sont farouchement déterminés à nous rendre étrangers à notre propre culture, afin que nous soyons leurs esclaves obéissants, sans aucune personnalité propre sur laquelle compter.

Renouvelons donc notre alliance avec tous nos ancêtres et avec toutes les différentes races de notre nation, ainsi qu'avec notre mythologie dans cette intersection historique du temps, des croyances et des traditions.

Empruntons-leur le précieux héritage de l'amour et promettons d'en être les fidèles héritiers. Promettons, en tant que nation, de ne jamais mourir, ni d'obéir à d'autres cultures, parce que nos racines sont profondément ancrées dans la riche culture de l'humanité, la piété des religions et la noblesse d'une ancienne nation qui se dresse sur le grand passage de l'histoire et sur la scène de l'univers tout entier.

Traduit de l'anglais par Rouge et Blanc.

Source: https://shariati.com/english/norooz.html

Représentation artistique d'une célébration de Norouz dans l'Empire moghol sous le règne de Jahangir, reproduite dans l'Album de Saint-Pétersbourg de l'Académie des sciences de Russie.

Représentation artistique d'une célébration de Norouz dans l'Empire moghol sous le règne de Jahangir, reproduite dans l'Album de Saint-Pétersbourg de l'Académie des sciences de Russie.

Dans son Shahnameh, le poète du Xe siècle Ferdowsi raconte un récit fictif de la mort de Darius III, où Darius blessé, la tête bercée sur la cuisse d'Alexandre le Grand, demande à Alexandre d'épouser Roxane, afin que leurs enfants puissent défendre Nowruz et maintenir la flamme de Zoroastre allumée :

    Sa mère l'appela Roxana la belle ; le monde trouva joie et réconfort auprès d'elle. ... D'elle, peut-être, naîtra un être glorieux qui renouvellera le nom de l'audacieux Esfandiyār, le sage. Cette flamme sacrée de Zoroastre, il l'ornera ; Les écritures du Zend et de l'Avesta, il les portera dans ses mains. La fête de Sadeh, ce rite auspicieux qu'il gardera ; La splendeur de Nowruz et les temples de feu profonds.
    - Ferdowsi

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