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Le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

Mais où sont les neiges d'antan ?

31 Octobre 2007 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #France

"J'ai vu dans ma vie plusieurs édifices magnifiques, mais jamais aucun plus beau ni plus riche [...]. L'intérieur de ce parc est rempli de forêts, de lacs, de ruisseaux, de pâturages et de lieux de chasse, et au milieu s'élève l'édifice avec ses créneaux dorés, ses ailes couvertes de plomb, ses pavillons, ses terrasses et ses corridors [...]. Nous partîmes de là émerveillés, ou, pour mieux dire, ébahis [...].

Jérôme Lippomano, ambassadeur vénitien (1557)

 

      Ballade des dames du temps jadis

 

Dites-moi où, n'en quel pays,
Est Flora la belle Romaine,
Archipiades, ni Thais,
Qui fut sa cousine germaine,
Écho parlant quand bruit on mène
Dessus rivière ou sus étang,
Qui beauté eut trop plus qu'humaine.
Mais où sont les neiges d'antan ?

Où est la très sage Hélois,
Pour qui châtré fut et puis moine
Pierre Esbaillart à Saint Denis ?
Pour son amour eut cette essoyne.
Semblablement où est la reine
Qui commanda que Buridan
Fut jeté en un sac en Seine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?

La reine Blanche comme lys
Qui chantait à voix de sirène,
Berthe au grand pied, Bietris, Alis,
Haremburgis qui tint le Maine,
Et Jeanne la bonne Lorraine
Qu'Anglais brulèrent à Rouen ;
Où sont-ils, où, Vierge souv'raine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?

Prince, n'enquerrez de semaine
Où elles sont, ni de cet an,
Qu'à ce refrain ne vous ramène :
Mais où sont les neiges d'antan ?
        François Villon
 
 
 
 
Ballade
 
 
France, jadis on te soulait* nommer,
En tous pays, le trésor de noblesse,
Car un chacun pouvait en toi trouver
Bonté, honneur, loyauté, gentillesse,
Clergie, sens, courtoisie, prouesse.
Tous étrangers aimaient te suivre.
Et maintenant vois, dont j'ai déplaisance,
Qu'il te convient maint grief mal soustenir,
Très chrétien, franc royaume de France.
Sais-tu d'où vient ton mal, à vrai parler ?
Connais-tu point pourquoi es en tristesse ?
Conter le veux, pour vers toi m'acquitter,
Ecoute-moi et tu feras sagesse.
Ton grand orgueil, glotonnie, paresse,
Convoitise, sans justice tenir,
Et luxure, dont as eu abondance,
Ont pourchacié vers Dieu de te punir,
Très chrétien, franc royaume de France.
Ne te veuilles pourtant désespérer,
Car Dieu est plein de merci, à largesse.
Va-t'en vers lui sa grâce demander,
Car il t'a fait, déjà piéça, promesse
(Mais que fasses ton avocat Humblesse)
Que très joyeux sera de te guérir;
Entièrement mets en lui ta fiance,
Pour toi et tous, voulut en croix mourir,
Très chrétien, franc royaume de France...
Et je, Charles, duc d'Orléans, rimer
Voulus ces vers au temps de ma jeunesse ;
Devant chacun les veux bien avouer,
Car prisonnier les fis, je le confesse ;
Priant à Dieu, qu'avant qu'aie vieillesse,
Le temps de paix partout puisse avenir,
Comme de coeur j'en ai la désirance,
Et que voie tous tes maux brief finir,
Très chrétien, franc royaume de France !
 
 
Charles d’Orléans (1394-1465)
 
(*) avait l'habitude
 
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