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Rouge et Blanc, ou le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

L'Argentine malade des pesticides de Monsanto

30 Octobre 2013 , Rédigé par Béthune

Argentine link health problems to Monsanto agrochemicals

 

By MICHAEL WARREN and NATACHA PISARENKO

The Associated Press

Sunday, October 20, 2013
(Published in print: Monday, October 21, 2013)

 

http://www.concordmonitor.com/home/8991746-95/argentines-link-health-problems-to-monsanto-agrochemicals

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Encore quelques scolies de Nicolas Gomez Davila

26 Octobre 2013 , Rédigé par Béthune

2002. Le cynisme n'est pas une marque de subtilité, mais d'impuissance.

2017.L'équivoque de la Révolution française n'est pas l'exception à la règle.

Les révolutionnaires sont seulement les troupes légères qui dégagent le terrain, la bourgeoisie est l'infanterie de ligne qui l'occupe.

On appelle bourgeoisie toute classe révolutionnaire possédante.

1883. Devant les esprits vraiment grands nous ne nous sentons jamais humiliés, mais mystérieusement en accord.

1878. L'homme croit que quelque chose  peut durer, parce que, enfant, il voit tout durer.

1862. Un pays industrialisé est un pays où les rivières ne noient pas, mais empoisonnent, celui qui s'y baigne.

1827. Dans quelque société qu'il naisse, l'écrivain est toujours un étranger.

La propriété des instruments de production est la seule garantie de la liberté. Disons, même si c’est excessif : qui n’a pas de terre, n’a pas de liberté (traduction: Philippe Billé)

(107) Prêche-t-on les vérités dans lesquelles on croit, ou les vérités dans lesquelles on croit que l’on doit croire ?

(221) Le premier pas de la sagesse consiste à admettre, avec bonne humeur, que nos idées peuvent très bien n’intéresser personne.

(230) En ce siècle de foules transhumantes qui profanent tout lieu illustre, le seul hommage qu’un pèlerin respectueux puisse rendre à un sanctuaire vénérable est de ne pas le visiter.

(237) Dénigrer le progrès est trop facile. J’aspire à la chaire d’arriération méthodique.

(258) La résistance est inutile quand tout se conjure dans le monde pour détruire ce que nous admirons.

 Il nous reste toujours, cependant, une âme intègre pour contempler, pour juger, et pour mépriser.

(352) Une société aristocratique est celle où le désir de la perfection personnelle est l’âme des institutions sociales.

(408) Le journalisme consiste à écrire exclusivement pour les autres.

(432) La civilisation moderne : cette invention d’ingénieur blanc pour roi nègre.

(444) La messe peut être célébrée dans des palais, ou des chaumières, mais pas dans des quartiers résidentiels.

(p 65) La propriété des instruments de production est la seule garantie de la liberté. Disons, même si c’est excessif : qui n’a pas de terre, n’a pas de liberté.

(p 101) L’adolescence obtient sans avoir désiré, la jeunesse désire et obtient, la vieillesse commence par désirer sans obtenir et finit par désirer désirer.

(p 169-170) Ceux qui croient trouver des arguments contre le catholicisme, et contre la religion en général, dans tous ces récits de vies de saints, évidemment malades et proches de certaines formes lugubres de démence, méconnaissent que rien ne justifie mieux la religion que ce singulier pouvoir de faire fructifier ces existences misérables, au lieu de les livrer à la triste stérilité d’un traitement scientifique dans une clinique aseptisée.

(p 172) Percevoir, contempler et connaître sont les degrés du plaisir.

(p 185-186) La campagne française comble de joie l’économiste impénitent. Richesse de la terre, incomparable fécondité du sol, et surtout admirable et minutieuse culture du terrain, qui ne laisse pas se perdre le plus petit recoin.

Ce spectacle m’accable. Malgré la beauté et la diversité dont la nature a doté ces paysages, l’homme a su leur imposer une monotonie énervante.

Les rectangles implacables des différentes cultures se succèdent docilement et s’étendent jusqu’à l’horizon. Les arbres alignés se cachent les uns derrière les autres, à égale distance, et font défiler leurs rangs au passage de l’automobile, avec un geste précis et mécanique de gymnaste. Si, tout à coup, nous trouvons un petit bois, il n’est pas difficile de deviner quel rôle pratique remplit cet apparent morceau de liberté oublié sur un sol soumis. Et les vignobles, les vignobles aux mystiques sarments, qui ont fini par envahir le paysage de leur sévérité industrielle.

Bientôt nous éprouvons le désir d’une pièce de terre stérile et libre, d’une terre préservée du labeur humain.

Cette campagne française fait pitié. Terre soumise et servile.

Nature que l’homme a asservie. Sol dompté, incapable de se révolter, plus semblable à une usine alimentaire qu’à la campagne rustique et sacrée que l’homme habitait jadis.

La richesse de la Pomone mythique se transforme en un immense entrepôt de grains et de légumes. La campagne de France n’est pas un jardin, c’est un potager.

Devant ce gigantesque déploiement d’aliments, je ne rêve que de landes stériles, de pitons glacés, de la tiède forêt de mes rivières andines.

Je ne sais d’où me vient cette répulsion. Sobriété innée, goût d’une certaine austérité janséniste, ou modération inévitable d’un ressortissant de pays pauvre? Ah! vieux terrains marécageux de Port-Royal, friches de Castille, ah! mes âpres collines.

Ce que la campagne française met en évidence, c’est la victoire définitive du paysan.

La tâche entreprise le 4 août 1789 et qu’illuminent de leurs feux symboliques les archives féodales incendiées, est enfin accomplie.

Terre entièrement cultivée, dans ses vallées et sur ses coteaux, sur les rives de ses fleuves, dans les étroits jardins de ses maisons comme dans ses vastes plaines, terre sur laquelle veille un immense amour paysan pour le sol qui le nourrit et le fait vivre. Ces lourdes moissons, ces feuillages lustrés, ces pampres qui préparent les grossesses de l’automne, sont l’effort implacable de millions de vies avides et laborieuses. Des vies qui, du matin au soir, travaillent sans relâche le sol qui enfin leur appartient et que plus rien ne protège de leur convoitise séculaire.

Un immense peuple d’insectes s’est répandu sur le sol de la France. Sa sueur le féconde et l’enrichit.

Ces champs exhalent comme la vapeur de la sueur paysanne.

Sur ces terres lumineuses, sur ces horizons doux et purs, sur la lente et molle courbe de ses collines, sur ce paysage d’intelligence et de grâce, de discrétion et de lucidité, règne une démocratie paysanne.

(209) L’écrivain réactionnaire doit se résigner à une célébrité discrète, puisqu’il ne peut plaire aux imbéciles.

(115) Le barbare ne fait que détruire ; le touriste profane.

(99) Dépeupler et reboiser – première mesure civilisatrice.

(72) Depuis l’invention de la radio, même l’analphabétisme ne protège plus le peuple contre l’invasion des idéaux bourgeois.

(71) Il y a de fausses théologies, mais il n’y a pas de fausses religions.

     La piété païenne d’un Xénophon, par exemple, brûle un encens acceptable au vrai Dieu.

(50) La révolution est une possibilité historique permanente.

     La révolution n’a pas de causes, mais des occasions dont elle profite.

(46) Ce que l’on a appelé droite, en ce siècle, n’a été qu’un cynisme opposé à l’hypocrisie de la gauche.

(183) La magnificence de la cathédrale gothique cherche à honorer Dieu, la pompe du baroque jésuitique à attirer le public.

(103) Le catholicisme, même pour le non-catholique, est plus qu’une secte chrétienne.

     Le catholicisme est la civilisation du christianisme.

(31) Ce que dit le réactionnaire n’intéresse jamais personne.

     Ni quand il le dit, car cela semble absurde ; ni au bout de quelques années, car cela semble évident.

(25) Dans les époques aristocratiques, ce qui a de la valeur n’a pas de prix ; dans les époques démocratiques, ce qui n’a pas de prix n’a pas de valeur.

(12) Mourir en exil est la garantie que l’on n’a pas été tout à fait médiocre.

 

(19) La lecture est une drogue inégalable car elle nous permet d’échapper, plus qu’à la médiocrité de nos vies, à la médiocrité de nos âmes.

 

Nicolás Gómez Dávila, Extraits de Notas (1954) et de Escolios I (1977) et des tomes 2  et 1 de Nuevos Escolios (1986). Traduction : Philippe Billé.

Source : http://davila.canalblog.com/

 

 

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Le palais de la reine

26 Octobre 2013 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles

"L'aigle qui mangeait des singes" est un film documentaire du réalisateur britannique Fergus Beeley sur la Harpie, un rapace qui chasse les singes en Amazonie. Ce film est une merveille. La Harpie est certes un oiseau extraordinaire mais le personnage principal du film, est-ce bien la Harpie, reine majestueuse de la forêt amazonienne, ou plutôt l'arbre gigantesque qui lui sert de palais, sorte de Versailles multicentenaire qui abrite une multitude d'autres espèces animales et végétales ?

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Devenir un avec la nature

17 Octobre 2013 , Rédigé par Béthune

"Voyageurs parmi les fleuves et les montagnes"

Peinture de Fan Kuan (范寬 990-1030)

 

Peintre des Song du Nord, Fan-kuan passa le reste de sa vie en ermite dans les montagnes du Shanxi. Dans l'univers asiatico-pacifico-américain, les montagnes sont le séjour des esprits.

Cette peinture célèbre est l'illustration du principe taoïste: "Devenir un avec la nature" (天人合一).

Source: http://www.theepochtimes.com/n2/arts-entertainment/chinese-painting-of-the-weekfan-kuan-5330.html

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Le vieil arbre, séjour et symbole du dieu du sol (Chine/Asie)

17 Octobre 2013 , Rédigé par Béthune

A huge tree on the walk down to the Temple.  Again, it is covered in the black and white cloth to keep spirits in.

Un arbre sacré à Bali.

Source: http://osio-china.com/tag/vacation/

Remerciements à la sympathique famille anglaise qui a mis ses intéressants souvenirs de vacances sur internet.

 

 

"Même en ville, le dieu du sol était souvent représenté par un vieil arbre. La longévité est en Chine le bien suprême, preuve de la vitalité. C'est pourquoi un vieil arbre symbolise parfaitement ce dieu qui incarne la vie du sol - et ses réseaux souterrains d'eau vivifiante. Ici, l'arbre d'un dieu du sol de quartier où ses sont rassemblés d'autres cultes locaux.

 

John Lagerwey, Le continent des esprits - La Chine dans le miroir du taoïsme. Maisonneuve & Larose, coll. Voyages intérieurs. 1993.

 

N.B. Cette citation est la légende d'une photographie d'un arbre, p. 30. Les illustrations ci-dessus et ci-dessous proviennent d'autres sources, sur internet. POC.

 

土地公

Dieu de la Terre, en chinois

 

http://www.forest.gov.tw/public/Data/51199102853.jpg

Arbre sacré (Taiwan)

Source: http://www.chinahistoryforum.com/index.php?/topic/23859-worshipping-of-tree-godspirit-in-taiwan/

 

 

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Jean Dorst: Avant que Nature meure (1965)

15 Octobre 2013 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #France, #Nature, #Jean Dorst, #Philosophie, #Sciences

Jean Dorst: Avant que Nature meure (1965)

Extraits:

1/4) Le déséquilibre du monde moderne (Avant-propos, le 23 mars 1964)

Si l’on envisage l’histoire du globe, l’apparition de l’homme prend aux yeux des biologistes la même signification que les grands cataclysmes à l’échelle du temps géologique. A l’époque contemporaine la situation atteint un niveau de gravité inégalé. Tous les phénomènes auxquels l’homme est mêlé se déroulent à une vitesse accélérée et à un rythme qui les rend presque incontrôlables. L’homme dilapide d’un cœur léger les ressources non renouvelables, ce qui risque de provoquer la ruine de la civilisation actuelle. Les ressources renouvelables, celles que nous tirons du monde vivant, sont gaspillées avec une prodigalité déconcertante, ce qui est encore plus grave : l’homme peut se passer de tout, sauf de manger. Il manifeste un véritable culte à l’égard de la technique que nous croyons dorénavant capable de résoudre tous nos problèmes sans le secours du milieu dans lequel ont vécu des générations nombreuses. Beaucoup de nos contemporains estiment de ce fait qu’ils sont en droit de couper les ponts avec le passé. Le vieux pacte qui unissait l’homme à la nature a été brisé. Nous sommes néanmoins en droit de nous interroger sur la valeur universelle d’une civilisation technique appliquant aux esprits et à la matière des lois dont le bien-fondé n’a été vérifié que dans des cas particuliers.

Il est d’ailleurs symptomatique de constater que l’homme dépense de plus en plus de son énergie et de ses ressources pour se protéger contre ses propres activités et contre leurs effets pernicieux, à se protéger contre lui-même au fond ; l’Homo sapiens a besoin d’être protégé contre l’Homo faber. L’homme doit respecter un certain équilibre et se soumettre à certaines lois écologiques qui font véritablement partie de la constitution de la matière vivante elle-même.

2/4) L’homme contre la nature

Une large partie du globe demeurait pratiquement intacte à l’époque des grandes découvertes. L’équilibre primitif se trouve compromis dès que l’homme dispose de moyens techniques quelques peu perfectionnée et dès que la densité de ses populations dépasse un certain seuil. Au cours de l’expansion accélérée des peuples européens à travers le globe, des vagues d’hommes se succédèrent à la conquête des richesses mondiales, exploitant à outrance les terres demeurées vierges ou presque. Si la destruction quasi totale du bison est sans nul doute l’épisode le plus tragique de toute l’histoire des rapports de l’homme avec la faune dans le Nouveau Monde, elle ne fut hélas pas la seule.

La survie et la prospérité de l’ensemble des communautés biotiques terrestres dépendent en définitive de la mince strate qui forme la couche la plus superficielle des terres. Il existe une érosion accélérée consécutive à une mauvaise gestion du sol dont l’homme est l’unique responsable. La morphogenèse anthropique affecte gravement la fertilité par perte de substances et par transformation de la structure physique, chimique et biologique des sols. L’homme a même empiété sur des terres marginales, sans vocation agricole, et dont l’équilibre ne peut être assuré que par le maintien des biocénoses naturelles. Il y a eu déboisement, perturbations dans le régime des fleuves, destruction des habitats aquatiques, abus des insecticides, déchets de la civilisation technique à l’assaut de la planète, pollution des mers et de l’atmosphère, pollution radioactive, pillage des ressources des mers…

Même si l’homme décide de suivre aveuglément les bergers modernes, il a le devoir de prendre une assurance et de ne pas rompre tous les liens avec le milieu dans lequel il est né. Il faut chasser de notre  esprit les concepts selon lesquels la seule manière de tirer profit de la surface du globe est une transformation complète des habitats et le remplacement des espèces sauvages par quelques végétaux et animaux domestiques. La conservation de la nature sauvage doit être défendue par d’autres arguments que la raison et notre intérêt immédiat. Un homme indigne de la condition humaine n’a pas à envisager uniquement le côté utilitariste des choses.

3/4) L’explosion démographique du XXe siècle

Le Seigneur a dit : « croissez et multipliez… » - Oui, mais il n’a pas dit par combien ! L’humanité a réussi à se débarrasser de la plupart des freins à sa prolifération. La poussée démographique, tempête qui modifie entièrement l’équilibre des forces et qui menace nos moyens même de subsistance, dépasse tous les autres problèmes qui paraissent de ce fait mineurs. Comme le souligne un rapport des Nations unies (1958), si le rythme actuel d’accroissement se poursuivait encore pendant 600 ans « le nombre des êtres humains serait tel que chacun d’aurait plus qu’un mètre carré à sa disposition. » Il faut reconnaître qu’en dépit de quelques erreurs, provenant notamment du développement du machinisme qu’il n’avait pas prévu, Malthus (Essay on the Principle of Population, 1798) avait raison. Pour le naturaliste, l’accroissement actuel des populations humaines a les caractères d’une véritable pullulation. Etres humains doués de raison, proportionnant leur expansion aux moyens de subsistance, ou créatures proliférantes, dégradant leur propre habitat, il nous appartient de choisir ce que nous voulons être.

Nous sommes parfaitement conscients du fait que les rendements agricoles ont été considérablement augmentés depuis les premières ères de l’humanité. Mais il faut tenir compte du fait que les difficultés de répartition des denrées entre les différentes fractions de population ne disparaîtront pas facilement, sans doute même jamais. S’il n’y a qu’un monde à beaucoup de points de vue, notamment celui du biologiste, il y en a plusieurs sur le plan économique. Aussi est-il sage que chacune des fractions de l’humanité proportionne son expansion démographique à ses ressources propres.

L’extension des villes se fait souvent au détriment d’excellentes terres agricoles. Aucune des grandes agglomérations ne peut, et ne pourra jamais plus constituer une communauté humaine. La vie des citadins est devenue une vie en commun, puis une existence concentrationnaire. Les hommes ont dorénavant à choisir entre un encasernement dans des « boîtes à loger » ou l’hébergement dans de petites maisons individuelles implantées de plus en plus loin de leur lieu de travail. L’énergie dilapidée en pure perte dépasse toute évaluation. Même si l’homme arrive à se sustenter, les problèmes psychologiques posés par son grouillement demeureront entiers. Le bien-être matériel de l’humanité, mais aussi sa dignité et sa culture, sont compromis dans leurs fondements.

Un premier moyen de régulation est l’émigration. Or cela n’est plus guère possible à l’heure actuelle car toute la planète est strictement compartimentée et coupée de barrière. Un deuxième procédé est l’augmentation du taux de mortalité. Certaines sociétés primitives éliminent les vieillards, tandis que d’autres préconisent l’infanticide. C’est impossible à envisager dans le cas de l’humanité évoluée. Le troisième procédé consiste à une diminution du taux de natalité. Aucune religion, aucune morale et aucun préjugé ne doivent nous en empêcher. Le jour où les peuples se jetteront les uns contre les autres, poussés par des motifs en définitive écologiques, cela serait-il plus hautement moral que d’avoir maintenu les populations humaines en harmonie avec leur milieu ?

4/4) Vers une réconciliation de l’homme et de la planète

Une confiance aveugle en notre technicité nous a poussés à détruire volontairement tout ce qui est encore sauvage dans le monde, et à convertir tous les hommes au même culte de la mécanique. Notre ambition est de faire des Pygmées et des Papous des adeptes de notre civilisation « occidentale », convaincus que la seule manière de concevoir la vie est celle des habitants de Chicago, de Moscou ou de Paris. Les historiens du futur décriront peut-être la civilisation technique du XXe siècle comme un cancer monstrueux qui a failli entraîner l’humanité à sa perte totale. L’homme est apparu comme un ver dans un fruit, comme une mite dans une balle de laine, il a rongé son habitat en sécrétant des théories pour justifier son action.

Certains philosophes ne craignent pas d’affirmer que l’humanité fait fausse route. S’il ne nous appartient pas de les suivre, nous pouvons néanmoins affirmer avec tous les biologistes que l’homme a fait une erreur capitale en croyant pouvoir s’isoler de la nature et ne plus respecter certaines lois de portée générale. Il y a depuis longtemps divorce entre l’homme et son milieu. Il convient, même si cela coûte à notre orgueil, de signer un nouveau pacte avec la nature nous permettant de vivre en harmonie avec elle. Quelle que soit la position métaphysique adoptée et la place accordée à l’espèce humaine, l’homme n’a pas le droit de détruire les autres espèces.

Il faut avant tout que l’homme se persuade qu’il n’a pas le droit moral de mener une espèce animale ou végétale à son extinction, sous prétexte qu’elle ne sert à rien. Nous n’avons pas le droit d’exterminer ce que nous n’avons pas créé. Un humble végétal, un insecte minuscule, contiennent plus de splendeurs et de mystères que la plus merveilleuse de nos constructions. Le Parthénon ne sert à rien, Notre-Dame de Paris est complément inutile, en tout cas mal placé. On demeure confondu devant la négligence des technocrates qui laissent subsister des monuments aussi désuets et anachroniques alors qu’on pourrait faciliter la circulation et aménager des parkings. L’homme pourrait refaire dix fois le Parthénon, mais il ne pourra jamais recréer un seul canyon, façonné par des millénaires d’érosion patiente, ou reconstituer les innombrables animaux des savanes africaines, issues d’une évolution qui a déroulé ses méandres sinueux au cours de millions d’années, avant que l’homme ne commence à poindre dans un obscur phylum de Primates minuscules.

La nature ne sera en définitive sauvée que par notre cœur.

 

Jean Dorst

Avant que Nature meure, Pour que Nature vive. Réédition par Robert Barbault. Hommage d'Yves Coppens (Delachaux et Niestlé/Muséum national d'Histoire naturelle)

 

Jean Dorst (1924-2001), ornithologue, naturaliste et écologue, ancien Directeur du Muséum national d'Histoire naturelle puis du Laboratoire Mammifères-Oiseaux du Muséum, membre de l'Institut, devant le fameux ouvrage "The Birds of America" de John James Audubon, à la Bibliothèque centrale du Muséum. Capture d'écran du film "Grandeur Nature" de l'expédition en voilier de Pierre-Olivier Combelles dans le sillage de J.J. Audubon sur la Côte-Nord du Québec en 1989. Jean Dorst présida la soutenance du Diplôme d'Etudes Doctorales de Pierre-Olivier Combelles sur "Le Voyage de John James Audubon au Labrador en 1833 et sa contribution à l'histoire naturelle de la Côte-Nord du Québec" en 1997, au Muséum national d'Histoire naturelle de Paris.

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La Tasmanie déboisée au napalm

14 Octobre 2013 , Rédigé par Béthune

Aborigènes d'Australie enchaînés

 

Je vois maintenant que nous assistons à une révolution de la terre elle-même. Et ce qu'on peut voir partout, ce sont les manifestations de cette révolution; les armes atomiques, la dévastation de la flore et de la faune. Peut-être que la terre n'a plus besoin de l'homme et qu'il ne lui est peut-être plus nécessaire.
Ernst Jünger (Journal)

El hombre moderno trata a la naturaleza como un demente a una idiota.

Nicolas Gomez Davila

 

A l'insu des touristes, les forêts  primaires de  Tasmanie, explorées et décrites pour la première fois par les marins et scientifiques français au XVIIIe siècle*, sont coupées à blanc puis "nettoyées" au napalm pour replanter des cultures industrielles. Toutes la flore et la faune sont détruites, irrémédiablement.  90% du bois coupé part au Japon pour faire de la pâte à papier.

Honte au Gouvernement fédéral d'Australie, honte au Gouvernement de l'Etat de Tasmanie, honte au gouvernement du Japon!

 

http://www.regardsurlemonde.fr/blog/en-tasmanie-deforestation-sauvage-au-napalm

Reportage vidéo sur Dailymotion:http://www.dailymotion.com/video/x4v625_tasmanie-deforestation-au-napalm_animals

Un autre reportage de la Wilderness Society qui montre le déboisement des forêts d'eucalyptus par la firme Gunns Ltd: http://www.youtube.com/watch?v=btePjTYkiKs&list=PL001B0CC209076FCC

 

* "Whereas the English explored the unknown continent of Australia to colonise it, the French came here for discovery and science rather than colonisation. Because the French had a more scientific bent to their travels, they tended to have more scientists onboard than the English expeditions.

"The French ships which weren't establishing colonies actually had better expertise in agriculture and horticulture than the colonists did," said Dr Clode."

The French connection; early French explorers in Tasmania, By Carol Raabus and Annie Warburton: http://www.abc.net.au/local/stories/2008/04/29/2230849.htm

L'expédition de d'Entrecasteaux à la recherche de La Pérouse: http://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9dition_d%27Entrecasteaux

 

Sauvages du Cap de Diemen préparant leur repas, by Jean Piron, 10 May 1793, with friendly fraternisation in action. Engraving by Jacques Louis Copia, 1764-1799, in Atlas pour servir a la relation du voyage a la recherché de la Perouse, Paris: Chez Dabo, 1817, Plate 5. National Library of Australia

 

Rappelons que la population aborigène de la Tasmanie (appelée autrefois Terre de Van Diemen) a été entièrement détruite, directement (Black War) ou indirectement (maladies infectieuses) par les Anglais au XIXe siècle. Elle était estimée entre 5000 et 10.000 personnes avant la colonisation.

L'avocat Jacques Vergès le rappelle fort justement, à la minute 3:17,  dans cette entrevue consacrée au racisme et au colonialisme, phénomènes bien actuels: http://www.youtube.com/watch?v=Lfj1QWsMu1I

Les Anglo-Saxons agissent donc de la même manière envers la nature et les forêts primitives qu'envers les populations aborigènes: ils les font disparaître. Qui sont les sauvages ?

 

Tasmanie, la forêt primaire brûlée au Napalm

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Aïmaï, Sokuin

14 Octobre 2013 , Rédigé par Béthune

 

Le professeur Masahiko Fujiwara est un mathématicien japonais. Il appartient à une famille d'écrivains très connue au Japon. En 2006, il a publié un livre qui a eu un énorme retentissement au Japon: Kokka no Hinkaku (La Dignité de la Nation / de l'Etat), vendu à plus de 2,6 millions d'exemplaires. Il remettait en cause l'occidentalisation et l'américanisation du Japon, responsables entre autres, du militarisme japonais à partir de la première guerre sino-japonaise (1894-1895)*. Il a été immédiatement attaqué dans les médias occidentaux, surtout étatsuniens, car en Europe on n'a pratiquement pas parlé du livre, la remise en cause de l'hégémonie étatsunienne et de la "Raison marchande"** étant taboue.

Dans son livre, il parle des deux vertus qui régissaient l'ancienne société japonaise: aïmaï (le sens poli et humain, l'effort de comprendre l'autre) et sokuin (la compassion pour autrui).

Le Pr. Fujiwara écrit: "Ce n'est pas la puissance économique ni militaire qui peut donner un sentiment de fierté du pays aux Japonais, c'est plutôt sa culture et son histoire. Il faut renforcer l'apprentisage de la langue japonaise dès l'école primaire pour que les enfants aiment lire. Notamment, la compassion ("sokuin") ne peut être enseignée que par l'étude de la littérature".

Il ajoute: "Le coeur reste plus important que la raison, la langue japonaise est donc bien plus importante que l'anglais, et le "bushido" est bien plus important que la démocratie".

Un auteur français a pu écrire justement: "Le Japon est passé d'une société "aïmaï" fondée essentiellement sur l'art et la morale (l'époque des samouraï) à une société "moderne" basée sur la science et la raison (l'époque des "Businessmen") depuis l'ouverture du pas sur le reste du monde vers 1860. Mais la construction de la société japonaise de façon scientifique a pris toute son ampleur à partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale. En effet, le Japon vaincu par la supériorié scientifique des étrangers (grâce à l'arme atomique) s'et résigné à faire de la science son nouveau maître. Le pire ennemi est ainsi devenu le meilleur disciple du développement industriel et commercial du monde auprès des Etats-Unis."

 

* Et des atrocités commises par les Japonais au cours des guerres qui ont suivi, comme ces 200.000 femmes chinoises, coréennes et philippines enrôlées de force dans les bordels de l'armée nippone durant la Seconde Guerre mondiale, et dont le scandale est toujours bien présent: http://www.europe1.fr/International/Le-maire-d-Osaka-justifie-les-esclaves-sexuelles-1516515/

** Selon le sinologue et philosophe suisse Jean-François Billeter, c'est la "Raison marchande " apparue en Occident à la Renaissance qui régit depuis le monde moderne et qui est la principale cause de tous ses maux.

 

 

Couverture du livre Kokka no Hinkaku

 

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Ronsard: Contre les bûcherons de la forêt de Gastine

13 Octobre 2013 , Rédigé par Béthune

Chênes rouvres des la Forêt de Rambouillet. Le rouvre peut vivre entre 500 et 1000 ans. C'était l'arbre sacré des Gaulois. Photo: Pierre-Olivier Combelles (2009).

 

 

Ecoute, Bûcheron, arrête un peu le bras!
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas:
Ne vois-tu pas le sang, lequel dégoutte à force
Des Nymphes qui vivaient dessous la duré écorce?
Sacrilège meurtrier, si on pend un voleur
Pour piller un butin de bien peu de valeur,
Combien de feux, de fers, de morts et de détresses
Mérites-tu, méchant, pour tuer des Déesses?
Forêt, haute maison des oiseaux bocagers,
Plus le cerf solitaire et les chevreuils légers
Ne paîtront sous ton ombre, et ta verte crinière
Plus du soleil d'été ne rompra la lumière,
Plus l'amoureux pasteur sur un tronc adossé,
Enflant son flageolet à quatre trous percé,
Son mâtin à ses pieds, à son flanc sa houlette,
Ne dira plus l'ardeur de sa belle Janette.
Tout deviendra muet; Echo sera sans voix;
Tu deviendras campagne et, en lieu de tes bois,
Dont l'ombrage incertain lentement se remue,
Tu sentiras le soc, le coutre et la charrue;
Tu perdras ton silence, et haletants d'effroi
Ni Satyres ni Pans ne viendront plus chez toi.
Adieu, vieille forêt, le jouet de Zéphyre,
Où premier j'accordai les langues de ma lyre,
Où premier j'entendis les flèches résonner
D'Apollon, qui me vint tout le coeur étonner;
Où premier admirant la belle Calliope,
Je devins amoureux de sa neuvaine trope,
Quand sa main sur le front cent roses me jeta
Et de son propre lait Euterpe m'allaita.
Adieu, vieille forêt, adieu têtes sacrées,
De tableaux et de fleurs autrefois honorées,
Maintenant le dédain des passants altérés,
Qui, brûlez en été des rayons éthérés,
Sans plus trouver le frais de tes douces verdures,
Accusent vos meurtriers et leur disent injures.
Adieu, chênes, couronne aux vaillants citoyens,
Arbres de Jupiter, germes Dodonéens,
Qui premiers aux humains donnâtes à repaître!
Peuples vraiment ingrats, qui n'ont su reconnaître
Les biens reçus de vous, peuples vraiment grossiers
De massacrer ainsi nos pères nourriciers!
Que l'homme est malheureux qui au monde se fie!
O Dieux, que véritable est la Philosophie
Qui dit que toute chose à la fin périra
Et qu'en changeant de forme une autre vêtira;
De Tempé la vallée un jour sera montagne
Et la cime d'Athos une large campagne,
Neptune quelquefois de blé sera couvert;
La matière demeure, et la forme se perd.

 

Pierre de Ronsard, Elégies

 

Si Maximilien de Béthune, duc de Sully, l'ami des arbres, était encore premier ministre et si la France était encore le royaume d'un peuple libre et fier, nul doute que tous les enfants apprendraient par coeur ce poème à l'école.

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Laurent Louis parle de sa rencontre avec Etienne Chouard

11 Octobre 2013 , Rédigé par Béthune

Le député indépendant belge parle de sa rencontre avec l'économiste français Etienne Chouard. Deux hommes soucieux de vérité et de justice, qui honorent nos deux pays.

Vidéo:http://www.dailymotion.com/video/xxdfc0_interview-laurent-louis-suite-a-sa-rencontre-avec-etienne-chouard-2-fevrier_news

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