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Rouge et Blanc, ou le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

nicolas gomez davila

Nicolás Gómez Dávila (1913-1994) décrit la campagne française

22 Octobre 2023 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #Lettres, #Nicolás Gómez Dávila, #France

Les très Riches Heures du duc de Berry: Septembre

Les très Riches Heures du duc de Berry: Septembre

L’écrivain réactionnaire doit se résigner à une célébrité discrète, puisqu’il ne peut plaire aux imbéciles.

Nicolás Gómez Dávila (1913-1994)

 

(p 185-186) La campagne française comble de joie l’économiste impénitent. Richesse de la terre, incomparable fécondité du sol, et surtout admirable et minutieuse culture du terrain, qui ne laisse pas se perdre le plus petit recoin.

Ce spectacle m’accable. Malgré la beauté et la diversité dont la nature a doté ces paysages, l’homme a su leur imposer une monotonie énervante.

Les rectangles implacables des différentes cultures se succèdent docilement et s’étendent jusqu’à l’horizon. Les arbres alignés se cachent les uns derrière les autres, à égale distance, et font défiler leurs rangs au passage de l’automobile, avec un geste précis et mécanique de gymnaste. Si, tout à coup, nous trouvons un petit bois, il n’est pas difficile de deviner quel rôle pratique remplit cet apparent morceau de liberté oublié sur un sol soumis. Et les vignobles, les vignobles aux mystiques sarments, qui ont fini par envahir le paysage de leur sévérité industrielle.

Bientôt nous éprouvons le désir d’une pièce de terre stérile et libre, d’une terre préservée du labeur humain.

Cette campagne française fait pitié. Terre soumise et servile.

Nature que l’homme a asservie. Sol dompté, incapable de se révolter, plus semblable à une usine alimentaire qu’à la campagne rustique et sacrée que l’homme habitait jadis.

La richesse de la Pomone mythique se transforme en un immense entrepôt de grains et de légumes. La campagne de France n’est pas un jardin, c’est un potager.

Devant ce gigantesque déploiement d’aliments, je ne rêve que de landes stériles, de pitons glacés, de la tiède forêt de mes rivières andines.

Je ne sais d’où me vient cette répulsion. Sobriété innée, goût d’une certaine austérité janséniste, ou modération inévitable d’un ressortissant de pays pauvre? Ah! vieux terrains marécageux de Port-Royal, friches de Castille, ah! mes âpres collines.

Ce que la campagne française met en évidence, c’est la victoire définitive du paysan.

La tâche entreprise le 4 août 1789 et qu’illuminent de leurs feux symboliques les archives féodales incendiées, est enfin accomplie.

Terre entièrement cultivée, dans ses vallées et sur ses coteaux, sur les rives de ses fleuves, dans les étroits jardins de ses maisons comme dans ses vastes plaines, terre sur laquelle veille un immense amour paysan pour le sol qui le nourrit et le fait vivre. Ces lourdes moissons, ces feuillages lustrés, ces pampres qui préparent les grossesses de l’automne, sont l’effort implacable de millions de vies avides et laborieuses. Des vies qui, du matin au soir, travaillent sans relâche le sol qui enfin leur appartient et que plus rien ne protège de leur convoitise séculaire.

Un immense peuple d’insectes s’est répandu sur le sol de la France. Sa sueur le féconde et l’enrichit.

Ces champs exhalent comme la vapeur de la sueur paysanne.

Sur ces terres lumineuses, sur ces horizons doux et purs, sur la lente et molle courbe de ses collines, sur ce paysage d’intelligence et de grâce, de discrétion et de lucidité, règne une démocratie paysanne.

Nicolás Gómez Dávila, Extraits de Notas (1954) et de Escolios I (1977) et des tomes 2  et 1 de Nuevos Escolios (1986). Traduction : Philippe Billé.

Source: https://pocombelles.over-blog.com/page-5215767.html

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Nicolás Gómez Dávila: El amor al pueblo

28 Mai 2022 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #Lettres, #Nicolás Gómez Dávila, #Philosophie, #Politique

"El amor al pueblo es una vocación de aristócrata. El demócrata no lo ama solamente sino en período electoral."

Nicolás Gómez Dávila. Escolios a un texto implicito.

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Nicolás Gómez Dávila: L'homme

17 Avril 2022 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #Lettres, #Nicolás Gómez Dávila

"L'homme est un animal qui se croit un homme".

Nicolás Gómez Dávila

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