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Rouge et Blanc, ou le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

jean dutourd

Rivarol par Jean Dutourd (extraits de la préface)

9 Février 2024 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #France, #Lettres, #Jean Dutourd, #Rivarol

Portrait présumé d'Antoine de Rivarol par Merlot. Musée des Beaux-Arts de Tours.

Portrait présumé d'Antoine de Rivarol par Merlot. Musée des Beaux-Arts de Tours.

Rivarol par Jean Dutourd (extraits de la préface)
Rivarol par Jean Dutourd (extraits de la préface)
Rivarol par Jean Dutourd (extraits de la préface)
Rivarol par Jean Dutourd (extraits de la préface)
Rivarol par Jean Dutourd (extraits de la préface)

Source: Je ne me rappelle pas où j'ai photographié les extraits de cette préface si intéressante, par endroits soulignée au crayon par moi,  ni pourquoi il n'y a pas tout. Cela doit  être dans "Les plus belles pages de Rivarol" par Jean Dutourd, paru au Mercure de France en 1963, texte qui a du être repris (ou le contraire ?) dans le Tableau de la littérature française (3 tomes), Gallimard, Paris. À vérifier ! En tous les cas, Dutourd avait compris et apprécié à sa juste valeur (comme Ernst Jünger) le génie de cet incomparable écrivain et penseur français.

POC

Rivarol par Jean Dutourd (extraits de la préface)
Rivarol par Jean Dutourd (extraits de la préface)

« Il conserva un amour fidèle pour les rois et pour Dieu ;
Il demeura un maître de l’éloquence et des choses de l’esprit. »

Rivarol par Jean Dutourd (extraits de la préface)
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Jean Dutourd: Les Serbes et la Serbie (L’esprit de contradiction, fondement de la vertu, discours à l'Académie française le jeudi 5 décembre 1996)

29 Mai 2023 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #Jean Dutourd, #Lettres, #Serbie

Jean Dutourd: Les Serbes et la Serbie (L’esprit de contradiction, fondement de la vertu, discours à l'Académie française le jeudi 5 décembre 1996)

SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE
le jeudi 5 décembre 1996

L’esprit de contradiction
fondement de la vertu

PRONONCÉ PAR

M. Jean DUTOURD
Directeur de la séance

PARIS PALAIS DE L’INSTITUT

(...)

Le tribunal international décerne des prix Nobel de crimes de guerre, des prix Nobel de crimes contre l’humanité, des prix Nobel de génocides, à des individus ou à des collectivités dont le tort principal est d’avoir déplu aux puissances qui régentent le monde et que celles-ci veulent écraser, mais avec des prétextes honorables. La vertu réellement vigilante ne doit pas se laisser égarer par ces procès qui ne sont pas fort différents dans le fond des procès de Moscou, lesquels étaient des copies des procès de Paris en 1793.

L’exemple le plus instructif de ces procès est celui que l’on fait aux Serbes de Bosnie, comme s’ils étaient les seuls coupables dans la guerre civile de Yougoslavie, alors que c’est eux, peut-être, qui ont été les plus éprouvés, que c’est ce peuple qui a connu le plus de tragédies dans son histoire ancienne et son histoire récente, et dont la bravoure, le sens de l’honneur semblent à peine de notre temps. Pourquoi avoir choisi les Serbes, pourquoi les avoir chargés de tous les péchés, les avoir accusés des plus impardonnables horreurs, alors qu’ils en ont plutôt moins commis que les autres et que, s’il leur est arrivé d’être un peu vifs, c’était plutôt par esprit de conservation ou légitime défense que par perversité ? Mais il est des gens, ai-je remarqué, à qui l’on impute à crime de ne pas vouloir mourir. Les Serbes sont de ceux-là : ils ont été empalés par les Turcs qui ont tâché, pendant quelques siècles, de les convertir à Mahomet et y ont échoué, ils ont été stérilisés par l’Empire austro-hongrois, massacrés par les Oustachis, bradés au communisme par la conférence de Yalta, décapités par le dictateur croate Tito et ils sont toujours là, persévérant dans leur être, continuant à maintenir en vie cette chose impalpable et infiniment précieuse qu’est une âme nationale. Les philosophes, les intellectuels, les humanitaires professionnels, les gouvernements, les Nations unies, le tribunal de La Haye, le monde entier pèsent sur les Serbes, les tuent ou les calomnient. Comment la justice ne se sentirait-elle pas contrainte de rejoindre leur camp ? Comment la vertu, fût-elle complètement aveugle, ne serait-elle pas aimantée vers eux, qui sont seuls contre l’univers et qui, de ce fait, ont forcément raison contre l’univers ?

Pourquoi les avoir choisis comme boucs émissaires, demandons-nous. Pour quelques-uns de ces motifs secrets que la vertu, si elle est vigilante et perspicace, doit rechercher jusqu’à ce qu’elle les ait, sinon identifiés, du moins entrevus. Le plus apparent de ces motifs est que les Serbes ne sont pas de bon ton, c’est-à-dire à la pointe de la mode politique de cette année. Ils ont trois vices, le premier étant de se trouver dans la situation de paysans défendant leur terre. Cela n’est point noble aux yeux de l’opinion mondiale qui exige que l’on se batte pour des idées et non pour des carrés de légumes ou pour quelque vieille chapelle en ruine. Leur second vice est qu’ils sont chrétiens, ce qui est un objet de dégoût pour la pensée occidentale, laquelle s’accommode assez bien du bouddhisme, de l’Islam, voire des superstitions animistes et, au nom des droits de l’homme, se prosternerait avec respect devant les grigris des sorciers, mais n’a pas la moindre pitié pour ceux qui se réclament de la Croix du Christ. Le troisième vice des Serbes, et probablement le plus impardonnable, encore qu’il ne soit jamais évoqué, est l’amitié étroite qu’ils ont toujours éprouvée à l’égard de la France, et que la France, jusqu’à un passé fort récent, leur a rendue. Avec nous, les Serbes ont gagné la guerre de 1914, cette guerre dont on ne parle plus, dont on efface fiévreusement les traces, ou que l’on travestit, afin que la contestable gloire d’avoir accouché du monde moderne revienne tout entière au puritanisme œcuménique.

Les Serbes ont été nos compagnons, nos frères d’armes. À ce titre, ils devraient nous être sacrés. Après quarante ans d’esclavage, leur premier mouvement a été de se tourner vers nous, de renouer l’ancienne alliance. La vertu aurait dû nous pousser à embrasser leur cause, même si elle n’était pas meilleure que celle des autres belligérants, à nous mettre aveuglément à leurs côtés, sans écouter les accusations dont on les chargeait.

Ceux qui se sont érigés en juges de la Serbie ont été plus clairvoyants; il ne leur a point échappé qu’en condamnant ce peuple, cette nation qui tentait de survivre et s’y prenait comme elle pouvait, c’est à la France qu’ils portaient indirectement leurs coups ; ils espéraient qu’ils ne trouveraient pas chez nous assez de vertu pour que nous fussions solidaires de nos vieux camarades et leur calcul, malheureusement, a été juste. Il y a toujours ici un parti de l’étranger ou, si l’on préfère, un parti du reniement, qui est parfois le plus fort et, lorsque c’est le cas, nous entraîne dans des actions ou des attitudes que nous regrettons bien, après que la vertu a réintégré notre cœur.

(...)

Source: https://www.academie-francaise.fr/lesprit-de-contradiction-fondement-de-la-vertu-seance-publique-annuelle

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