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Rouge et Blanc, ou le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

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Les Pléiades, ou "Qui ne dit mot consent"

24 Mars 2024 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #Pierre-Olivier Combelles, #Philosophie, #Religion, #Pléiades, #Lettres, #Politique

Les Pléiades, ou "Qui ne dit mot consent"

Broche précieuse dans le ciel nocturne, les Pléiades sont une constellation visible dans l'hémisphère boréal comme dans l'hémisphère austral. Situées à l'extrémité de la ligne imaginaire qui les relie à Aldébaran (Hyades), Orion et Sirius (alignement PAMS des marins), elles sont composées d'un amas lumineux d'où se détachent sept étoiles brillantes visibles à l’œil nu. Dans l'hémisphère boréal, elles sont situées en haut de cet alignement et dans l'hémisphère austral, en bas. Elles ont joué un rôle considérable dans les cultures et civilisations des peuples de la terre, depuis les âges les plus reculés, leur réapparition annonçant le début de l'année.

Les Pléiades sont aussi le titre d'un roman d'Arthur de Gobineau, diplomate orientaliste du XIXe siècle, dont les héros sont un cercle de jeunes hommes scintillants.

Les Pléiades qui m'ont accompagné tout au long de ma vie sont pour moi l'image et le symbole des vérités communes à tous les temps, qu'il ne faut pas taire et qu'il faut répéter si on les connaît, car "qui ne dit mot consent", comme ces sentences et ces pensées collationnées au fil de mes lectures depuis de longues années et que je mets à la disposition des lecteurs.

Pierre-Olivier Combelles

Sur les Pléiades, sur ce même blog:

https://pocombelles.over-blog.com/2017/12/la-fin-de-l-annee-et-le-retour-des-pleiades.html

https://pocombelles.over-blog.com/article-matariki-le-nouvel-an-maori-104902643.html

Les Pléiades, ou "Qui ne dit mot consent"

. Il faut donc suivre ce qui est commun, universel. Or, bien que le logos soit commun à tous, la plupart vivent comme si la pensée leur était possession particulière.

 . Une seule sagesse: savoir que la pensée gouverne tout à travers tout.

. Où l'homme a son séjour ne sont pas enfermées les maximes de la sagesse, mais là où est le dieu.

 . Les parleurs intelligents doivent trouver appui sur l'universel, comme la cité sur la loi, et avec plus de force encore. Car toutes les lois humaines se nourrissent d'une seule loi, la divine: puissance à son gré souveraine, suffisante partout et toujours victorieuse.

. Le combat est le père de tout, roi de tout. Les uns, il les produit comme des dieux, les autres comme des hommes. Il rend les uns esclaves, les autres libres.

. l faut savoir que la guerre est partout, que la lutte est justice, et que tout est en devenir par la lutte, selon l'ordre normal des choses.

. On ne peut pas entrer deux fois dans le même fleuve.

. Les âmes tuées par Arès sont plus pures que celles mortes de maladie.

. L’univers tout entier s'écoule comme un fleuve.

. La sagesse, c'est dire des choses vraies, et agir selon la nature ne écoutant sa voix.

. Les hommes qui aiment la sagesse doivent, en vérité, être au courant d'une foule de choses.

Héraclite d’Éphèse.

"Héraclite, fils de Blyson ou, selon d'autres, d'Héraconte, naquit à Ephèse. La LXIXe olympiade [504-501 av. N.S.J.C.] marqua son acmê" (Diogène Laërce)

 
Magna est veritas et praevalebit
(La vérité est grande et triomphera)
 
(Dicton des Anciens Romains)
 
Il n’y a d’homme complet que celui qui a beaucoup voyagé, qui a changé vingt fois la forme de sa pensée et de sa vie. Les habitudes étroites et uniformes que l’homme prend dans sa vie régulière et dans la monotonie de sa patrie sont des moules qui rapetissent tout. Pensée, philosophie, religion, caractère, tout est plus grand, tout est plus juste, tout est plus vrai chez celui qui a vu la nature et la société de plusieurs points de vue. Si mon esprit s’est agrandi, si mon coup d’œil s’est étendu, si j’ai appris à tout tolérer en comprenant tout, je le dois uniquement à ce que j’ai souvent changé de scène et de point de vue. Étudier les siècles dans l’Histoire, les hommes dans les voyages et Dieu dans la nature, c’est la grande école. Ouvrons le livre des livres ; vivons, voyons, voyageons. Le monde est un livre dont chaque pas nous tourne une page ; celui qui n’en a lu qu’une, que sait-il ?
Alphonse de Lamartine , Voyage en Orient

Dans une société en révolution, le défaut, ou, pour parler plus exactement, l'absence de pouvoir légitime, constitue tout homme qui en reconnaît l'autorité Ministre du pouvoir pour combattre l'erreur par ses écrits, et même la tyrannie par ses armes, dès qu'il peut le faire avec probabilité de succès. C'était à tous de conserver la société, c'est à chacun à la rétablir. D'ailleurs, l'homme qui combat pour la vérité est défendu par elle, et il a pour lui ce qu'il y a de plus fort au monde. les partisans des bonnes et vieilles maximes remplissent donc le plus saint des devoirs en restant en insurrection permanente, au moins de pensées et d'actions privées, contre ce que les tyrans et leurs esclaves appellent la loi, et qui n'est autre chose que des opinions absurdes, ou atroces, qu'un petit nombre d'hommes pervers a imposées à un grand nombre d'hommes faibles.
Louis-Gabriel-Ambroise, vicomte de Bonald (1754-1840), Du pouvoir et du devoir dans la société.

Peut-être même la plus grande supériorité de l'homme vertueux, c'est qu'il voit le vrai dans toutes les choses, parce qu'il en est comme la règle et la mesure.
Aristote, Éthique à Nicomaque (livre III, V, 5)
 
Les souverains ne doivent jamais oublier que, le peuple étant toujours enfant, le gouvernement doit toujours être père.
 Antoine de Rivarol
 
Quand le responsable est bon, les usages (ta nomina) sont respectés intégralement; quand il est mauvais, ils le sont imparfaitement.
Xénophon, Cyropédie.
 
Créon:  Et tu as l'audace de transgresser mes lois?

Antigone: C'est que Zeus ne les a point faites... La Justice qui siège parmi les dieux souterrains n'a pas établi de telles lois pour les mortels. Et je ne pensais pas que ton décret pût mettre la volonté d'un homme au-dessus de l'ordre des dieux, au-dessus de ces lois qui ne sont pas écrites et que rien ne peut ébranler. Car elles ne sont ni d'aujourd'hui ni d'hier. Nul ne sait leur commencement, elles régissent l'éternité...

(...)

Tirésias (à Créon) Soit. mais sache à ton tour que le soleil ne se lèvera pas deux fois sans qu'un corps issu de toi ait payé le prix des corps que tu tyrannises, toi qui enfermes dans l'intérieur de la terre un corps vivant et qui retiens hors de la terre le corps d'un mort... Tu troubles l'ordre des deux royaumes, tu empiètes sur le droit des dieux d'en bas. Ni toi ni le Ciel n'avez de pouvoir sur les morts. Ils ont leurs lois, ils ont leurs propres dieux. Hadès leur roi les défendra. En cet instant contre tes violences il déchaîne des Erinnyes. Elles dressent leurs pièges: le talion t'attend. Encore un peu et ton palais retentira de la clameur des hommes, des hurlements des femmes. Contre toi tu verras se dresser la colère des peuples, la haine des cités. Nul ne supportera que les morts n'aient d'autre sépulture que le ventre des bêtes. Nul, homme ou dieu, ne tolèrera près des autels la pestilence des charognes. Voilà ce que le prêtre vendu te prédit, voilà les flèches que l'archer Tirésias dirige contre toi. Je vise bien, et leur blessure déjà te brûle. Emmène-moi, petit garçon. L'heure est proche où cet homme n'insultera plus les vieillards et tiendra sa langue en paix.

Sophocle, Antigone.

La première loi de l'Histoire, c'est de ne pas dire ce qui est faux, et ensuite de ne pas craindre de dire ce qui est vrai.

Léon XIII


La beauté morale laisse un souvenir inoubliable à celui qui , même une fois, l'a contemplée. Elle nous touche plus que la beauté de la nature, ou celle de la science. Elle donne à celui qui la possède un pouvoir étrange, inexplicable. Elle augmente la force de l'intelligence. Elle établit la paix entre les hommes. Elles est, beaucoup plus que la science, l'art et la religion, la base de la civilisation.
Alexis Carrel, L'homme cet inconnu, p.189, Livre de Poche n° 445-6

Quiconque cherche sincèrement la vérité est, par le fait même, armé d'une terrible puissance. Dostoïevski


Quand l’individu perd tout intérêt pour le travail et les destinées de son pays, la vie devient un poids dénué de sens, la jeunesse cherche une issue à travers des flambées de violence irrationnelle, les hommes deviennent alcooliques ou drogués, les femmes cessent d’engendrer et le peuple se décime…
Telle est l’issue vers laquelle nous entraîne le " Petit Peuple ", qui travaille sans relâche à détruire tout ce qui sert à maintenir l’existence du " Grand Peuple ". C’est pourquoi la création d’une armure spirituelle protectrice est une question de survie nationale. Une telle tâche est à la mesure d’un peuple. Mais il y a une tâche bien plus modeste, et que nous ne pouvons mener à bien qu’individuellement : elle consiste à DIRE LA VÉRITÉ, proférer à haute et intelligible voix ce que d’autres ont voulu taire craintivement.

 Igor Chafarévitch, La Russophobie, traduit du russe par Alexandre Volsky, Éditions Chapitre Douze SER, 1993.


S'il ne suffit pas d'enseigner la morale pour qu'on la pratique, il est impossible qu'elle se pratique si on ne l'enseigne pas.
Etienne Gilson

"Studium philosophiae non est ad hoc quod sciatur quid homines senserint, sed qualiter se habeat veritas reorum: l'étude de la philosophie consiste à savoir non ce que les hommes ont pensé, mais ce qui est réellement [ou la vérité des choses]."
St Thomas d'Aquin, Commentaire sur le traité du Ciel et du Monde (Aristote), Livre I, leçon 22n n°8.
 
 
La noblesse est service (Bonald)
 
Ce sont des hommes de la nation, gentis homines, d'où est venu le nom de gentilshommes, parce qu'ils sont spécialement dévoués à son service; des notables, enfin, notabiles, d'où est venu, par contraction, le nom de notables, c'est-à-dire, des hommes remarquables entre les autres parce que ceux qui exercent une fonction sont nécessairement distingués de ceux au profit de qui cette fonction s'exerce.
Ainsi, le nobles ou notables sont les serviteurs de l'État, et ils ne sont pas autre chose: ils n'exercent pas un droit, ils remplissent un devoir; ils ne jouissent pas d'une prérogative, ils s'acquittent d'un service. Le mot service, employé à désigner les fonctions publiques, a passé de l'Évangile dans toutes les langues des peuples chrétiens, où l'on dit le service, faire son service, servir, pour exprimer que l'on est occupé dans la magistrature ou dans l'armée. Quand Jésus-Christ dit à ses disciples: "Que le plus grand d'entre vous ne soit que le serviteur des autres; - quel est le plus grand de celui qui sert ou de celui qui est servi ?" Il ne fait que révéler le principe de toute société, ou plutôt de toute sociabilité, et nous apprendre que tout dans le gouvernement de l'État, pouvoir et ministère, se rapporte à l'utilité des sujets, comme tout dans la famille, se rapporte au soin des enfants: que les grands ne sont réellement que les serviteurs des petits, soit qu'ils les servent en jugeant leurs différends, en réprimant leurs passions, en défendant, les armes à la main, leurs propriétés, ou qu'ils les servent encore en instruisant leur ignorance, en redressant leurs erreurs, en aidant leur faiblesse: le pouvoir le plus éminent de la société chrétienne ne prend d'autre titre que serviteur des serviteurs; et si la vanité s'offense à ces distinctions, la raison ne saurait méconnaître les services.

Louis-Auguste, vicomte de Bonald: Considérations sur la noblesse.

 
Plus il y aura de sang français ensemble, mieux cela vaudra.
Jeanne d'Arc

Tant qu’une aristocratie pure, c’est-à-dire professant jusqu’à l’exaltation les dogmes nationaux, environne le trône, il est inébranlable, quand même la faiblesse ou l’erreur viendrait à s’y asseoir ; mais si le baronnage apostasie, il n’y a plus de salut pour le trône, quand même il porterait saint Louis ou Charlemagne ; ce qui est plus vrai en France qu’ailleurs. Par sa monstrueuse alliance avec le mauvais principe, pendant le dernier siècle, la noblesse française a tout perdu ; c’est à elle qu’il appartient de tout réparer. Sa destinée est sûre, pourvu qu’elle n’en doute pas, pourvu qu’elle soit bien persuadée de l’alliance naturelle, essentielle, nécessaire, française du sacerdoce et de la noblesse.
Comte Joseph de Maistre, Du pape (1817)

Notre intention n'est pas, plus généralement, de nous en prendre aux coulisses de politique et de la technique, ni à leurs groupements. Elles passent, tandis que la menace demeure, et même revient plus vite et plus violemment. Les adversaires finissent par se ressembler, au point qu'il n'est plus difficile de deviner en eux des déguisements d'une seule et même puissance.Il ne s'agit pas d'endiguer ici et là le phénomène, mais de dompter le temps. On ne peut le faire sans souveraineté. Or, elle se trouve moins, dans nos jours, dans les décisions générales qu'en l'homme qui abjure la crainte en son coeur. Les énormes préparatifs de la contrainte ne sont destinés qu'à lui, et pourtant, ils sont voués à faire éclater son triomphe ultime. C'est ce savoir qui le rend libre. Les dictatures tombent alors en poussière. Là reposent les réserves, presque vierges, de notre temps, et non pas seulement du nôtre; c'est le thème de toute l'histoire et sa délimitation, ce qui la sépare, et des empires et des démons, et du simple événement zoologique. Les mythes et les religions en donnent un modèle qui se reproduit sans cesse, et sans cesse les Géants et les Titans dressent leur puissance accablante. L'homme libre les abat; il le peut, même s'il n'est pas toujours prince et Héraclès. Le caillou lancé par une fronde de pâtre, l'oriflamme portée par une vierge, une arbalète ont déjà suffi à cette tâche.

Ernst Jünger, Traité du rebelle, ou le recours aux forêts. Traduit de l'allemand par Henri Plard, Points Seuil/Christian Bourgois, 1981.
 
Le principe non pas simplement monarchique, mais dynastique, qui met le plus haut poste de l'État à l'abri des caprices et des ambitions, me paraissait, et me parait toujours, préférable à l'élection généralisée dans laquelle nous vivons depuis Danton et Bonaparte. L'exemple des monarchies du Nord (de l'Europe) m'a confirmé dans ce sentiment.
Georges Dumézil, Entretiens avec Didier Eribon
 
"Isumata'. Celui qui pense. C'est ainsi que, dans la tribu des Esquimaux du cuivre, on appelle l'évêque... Celui qui pense pour les autres: le chef.
Roger Buliard, OMI: Inunuak - Mgr Pierre Fallaize, premier missionnaire et évêque des Esquimaux du cuivre. O.P.E.R.A., 17, passage Pouchet, Paris XVIIe, 1972.
 
La vie est une toile d'araignée qui va des insectes jusqu'aux aigles dans le ciel. Et ce que nous faisons à un fil, nous le faisons à toute la toile. Ce sont ces liens que le monde doit apprendre à connaître et à voir afin de vivre comme il faut.
Red Crow

L'un des bienfaits [ironique: méfaits] de la Révolution est d'avoir livré la France aux hommes d'argent qui, depuis cent ans, la dévorent.
Anatole France

 Si l'on tait le passé, quand guérirons-nous la mémoire ?
 Alexandre Soljenitsyne, Deux siècles ensemble.
 
Nous appelons homme libre celui qui est à lui-même sa fin et n'est pas la fin d'autrui.
Aristote, Métaphysique
 
L'étude de la philosophie consiste à savoir non ce que les hommes ont pensé, mais ce qui est réellement.
(Saint Thomas d'Aquin, Commentaire sur le traité du Ciel et du Monde (Aristote), livre I, leçon 22, n° 8)
 
C'est la religion, en effet, qui, selon l'expression d'Henri Hubert « fait du groupe des peuples celtiques un peuple cohérent ». D'un bout à l'autre du monde celtique, depuis l'Irlande jusqu'à la vallée du Danube, jusque chez les Galates d'Asie Mineure, ce sont les mêmes dieux, les mêmes croyances en l'immortalité de l'âme, les mêmes mythes de l'au-delà qui préoccupent les peuples celtes et créent en eux un lien obscur, mais profond; ils se traduisent par des rites semblables, exaltant la vie que symbolisent les sources, les arbres, le gui toujours vert sur les chênes sacrés. Rites et croyances qui se sont propagés par les druides, à la fois hommes de science et hommes de la divinité dont le rôle est multiforme: éducation de la jeunesse, offrande des sacrifices, arbitrages entre les peuples ou tribus; ils sont les devins, les poètes, les magiciens, les prêtres, car religion et poésie ne font qu'un pour eux.
Quel rôle jouent au juste chez eux ces prêtres-poètes que leur peuple honore autant que les Romains leurs rhéteurs, leurs avocats, leurs politiciens ? Impuissant à le définir, César a pu seulement pressentir que leur pouvoir était immense parmi les Gaulois, « les plus religieux des hommes ».

Régine Pernoud, Le conquérant des Gaules, préface aux Commentaires de César sur la guerre des Gaules, Livre de Poche, 1961.
 
Les hommes du XVIIIe siècle ne connaissaient guère cette espèce de passion du bien-être qui est comme la mère de la servitude, passion molle, et pourtant tenace et inaltérable, qui se mêle volontiers et pour ainsi dire s'entrelace à plusieurs vertus privées, à l'amour de la famille, à la régularité des mœurs, au respect des croyances religieuses, et même à la pratique tiède et assidue du culte établi, qui permet l'honnêteté et défend l'héroïsme, et excelle à faire des hommes rangés et de lâches citoyens. ils étaient meilleurs et pires.
Les Français d'alors aimaient la joie et adoraient le plaisir; ils étaient peut-être plus déréglés dans leurs habitudes et plus désordonnés dans leurs passions et dans leurs idées que ceux d'aujourd'hui; mais ils ignoraient ce sensualisme tempéré et décent que nous voyons. Dans les hautes classes, on s'occupait bien plus à orner sa vie qu'à la rendre commode, à s'illustrer qu'à s'enrichir. Dans les moyennes mêmes, on ne se laissait jamais absorber tout entier dans la recherche du bien-être; souvent on en abandonnait la poursuite pour courir après des jouissances plus délicates et plus hautes; partout on plaçait en dehors de l'argent, quelque autre bien. "Je connais ma nation, écrivait en un style bizarre, mais qui ne manque pas de fierté, un contemporain: habile à fondre et à dissiper les métaux, elle n'est point faite pour les honorer d'un culte habituel, et elle se trouverait toute prête à retourner vers ses antiques idoles, la valeur, la gloire, et j'ose dire la magnanimité.

Alexis de Tocqueville, L'Ancien Régime et la Révolution.
 
Non seulement chacun a le droit de combattre pour la défense de son pays, mais c'est même un devoir sacré de le faire.

Sir Walter Scott, Histoire d'Écosse, Chapitre V, Histoire de Sir William Wallace. Trad. Defauconpret.
 
Le prince n'est pas né pour lui-même, mais pour les peuples qu'il doit conduire.
Bossuet, sermon pour le jour de Pâques 1680, devant Louis XIV.
 
Il y a peu de temps, un Indien nomade s'en alla proposer des paniers chez un homme de loi bien connu dans le voisinage. "Voulez-vous acheter des paniers ?" demanda t-il ? "Non, nous n'en avons pas besoin", lui fit-il répondu. "Eh quoi!" s'exclama l'Indien en s'éloignant, "allez-vous nous faire mourir de faim ?" Ayant vu ses industrieux voisins blancs si à leur aise, - que l'homme de loi n'avait qu'à tresser des arguments, et que par l'effet par l'effet d'on ne sait quelle sorcellerie il s'ensuivait argent et situation - il s'était dit: je vais me mettre dans les affaires: je vais tresser des paniers; c'est chose à ma portée. Croyant que lorsqu'il aurait fait les paniers il aurait fait son devoir, et qu'alors ce serait celui de l'homme blanc de les acheter. Il n'avait pas découvert la nécessité pour lui de faire en sorte qu'il valût la peine pour l'autre de les acheter, ou tout au moins de l'amener à penser qu'il en fût ainsi, ou bien de fabriquer quelque chose autre que l'homme blanc crût bon d'acheter. Moi aussi j'avais tressé une espèce de paniers d'un travail délicat, mais je n'avais pas fait en sorte qu'il valût pour quiconque la peine de les acheter. Toutefois n'en pensais-je pas moins, dans mon cas, qu'il valait la peine pour moi de les tresser, et au lieu d'examiner la question de faire en sorte que les hommes crussent bon d'acheter mes paniers, j'examinai de préférence celui d'éviter la nécessité de les vendre. L'existence que les hommes louent et considèrent comme réussie n'est que d'une sorte. Pourquoi exagérer une sorte au dépens des autres ?
Thoreau, Walden.

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