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Rouge et Blanc, ou le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

Taonga

18 Mars 2024 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #Ethnologie, #Philosophie

Taonga: pour les Māori d'Aotearoa (Nouvelle-Zélande), ce mot désigne les éléments matériels ou immatériels du patrimoine culturel ou naturel (territoire, cosmos) māori, qui sont sacrés: la langue, la religion, les coutumes, la terre, les rivières, certaines plantes, etc.

Je pense qu'il devrait en être ainsi ailleurs, comme en France. La désacralisation du naturel et du culturel, dont la conséquence est un matérialisme général et absolu, est la première raison des maux du monde moderne.

Ce que j'ai vu aussi au cours de ma déjà longue vie (69 ans en 2024), de mes voyages et de mes séjours de longue durée dans des pays et des contrées très éloignés de la France, c'est l'uniformisation du monde moderne, des peuples et même des sexes. Le "American Way of Life" poussé à un point extrême. Pour les peuples aborigènes de l'Amazonie,  l'uniformisation, l'UN, c'est la mort*, comme l'a très bien rapporté l'ethnologue Pierre Clastres dans son livre lumineux "La société contre l'État".

Comme naturaliste, comment pourrais-je imaginer une Nature qui serait faite d'une seule espèce d'arbres, de plantes, d'animaux ? Une méga-plantation de palmiers à huile au Brésil ou en Indonésie est-elle une forêt naturelle ? Certes non. D'ailleurs, il n'y a pas une forêt naturelle, mais des forêts naturelles, en fonction de leur emplacement sur la planète. Chacune a ses caractéristiques: son altitude, sa latitude, ses arbres, ses plantes, ses champignons, ses animaux (mammifères, oiseaux, insectes), etc. Aucune ne ressemble à une autre.

Il en est de même des peuples jusqu'au XXe siècle. Avant, tous étaient différents, chacun ayant son territoire, son habitat, sa langue, ses coutumes, son habillement, son système de gouvernement, sa religion, son alimentation, etc. La nature, les peuples sont DIVERSITÉ et TERRITORIALITÉ. Ce qui relie la diversité des hommes, des peuples, du vivant, du cosmos, c'est l'universalité du  Logos, c'est-à-dire Dieu, le Verbe, l'Atman des hindouistes. La "Tour de Babel" qu'une oligarchie perverse et possédée par l'hubris prétend imposer (mégapoles multi-ethniques, gouvernement mondial) à cette diversité et à cette territorialité naturelles en l'uniformisant, est une monstruosité.

Ceci est une collection de citations glanées au cours de mes lectures et choisies en fonction de mes goûts et de mes intérêts personnels. Je l'avais publiée dans la rubrique "Pages permanentes" de mon blog, il y a pas mal d'années:

https://pocombelles.over-blog.com/taonga.html

Ces citations reflètent ce que je pense  moi-même, car elles expriment pour moi la vérité, la réalité et sont un reflet de "Dharma", l'ordre du monde. Comme a écrit le moraliste colombien Nicolás Gómez Dávila: "La vérité n'est pas relative, ce sont les opinions sur la vérité qui sont relatives". Le Logos, je le répète, est universel.

J'ajouterai pour terminer que cet article "Taonga" comme ce blog créé en 2007 n'ont d'autre but que d'apporter une contribution à l'intelligence collective. Car si chaque être (un homme, un arbre, une plante, un animal quels qu'ils soient etc.), a sa propre intelligence, celle-ci est une partie de l'intelligence collective universelle. L'intelligence individuelle et  l'intelligence universelle permettent de combattre le Mal, celui des "parasites" qui essaient de diviser l'être et la société pour les avilir, les exploiter ou les détruire.

Pierre-Olivier Combelles

* https://pocombelles.over-blog.com/2024/03/alexandre-solkjenitsyne-ce-que-signifie-l-egalite.preface-au-livre-d-igor-schafarevich-le-phenomene-socialiste.html

Ainsi en est-il du grand réveil, la mort, après lequel on dit de la vie, ce ne fut qu'un long rêve. Tchouang tseu, Zhuangzi (Chap. II)

Ainsi en est-il du grand réveil, la mort, après lequel on dit de la vie, ce ne fut qu'un long rêve. Tchouang tseu, Zhuangzi (Chap. II)


La France d’aujourd’hui n’est qu’un accident dans la France de toujours.

Pierre-Olivier Combelles

La pensée remonte les fleuves.
C.F. Ramuz

Celui qui ne sait pas d'où il vient ne peut savoir où il va car il ne sait pas où il est. En ce sens, le passé est la rampe de lancement vers l'avenir.
Otto de Habsbourg-Lorraine (20 nov. 1912-4 juillet 2011)
 
Seul un peuple fort peut envisager l'avenir avec confiance.
Maréchal Mannerheim (1882-1946), Mémoires
 
Une race qui reprend intérêt à son histoire ancestrale ainsi qu'orgueil et fierté de son passé, est une race qui renaît, une race qui peut regarder l'avenir avec confiance.
Eric de Bisschop, Cap à l'Est  - Première expédition Tahiti Nui / Tahiti - Santiago du Chili (6 novembre 1956-28 mai 1957). Paris, Plon, 1961.
 
Il faudrait tirer encore quelque chose de la noblesse. Puisqu’elle n’a plus la direction de la politique ni de l’armée, et n’est même plus un modèle du savoir-vivre, qu’elle justifie du moins son existence dans le service des Muses.
Ernst Jünger
 
Lorsque le monde est en paix, un homme de bien garde son épée à son côté.
Sun Tzu
 
Le critère du politique, c'est la définition de l'ennemi.
Carl Schmitt
 
S'il n'espère pas l'inespérable, il ne parviendra pas à le trouver.
En terre inexplorée, nul passage vers lui ne s'ouvre.

Héraclite d'Ephèse, Fragment 19.
 
La majeure partie de la philosophie politique depuis Platon s'interpréterait aisément comme une série d'essais en vue de découvrir les fondements théoriques et les moyens pratiques d'une évasion définitive de la politique.
 Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne, Calmann-Lévy, 1983, p. 285.
 

El mundo moderno no será castigado. Es el castigo.
 
El hombre moderno trata al universo como un demente a un idiota.
 
Después de ver el trabajo explotar y arrasar el mundo, la pereza parece madre de las virtudes.
 
 Les riches ne sont inoffensifs que là où ils sont exposés au dédain d’une aristocratie.
 
Il n'est jamais trop tard pour rien de vraiment important.

 
Nicolás Gómez Dávila
 

Both Aymara and Mäori refer to the past as the time before us and the future as the time behind us.
In Mäori, the phrase i ngā wā o mua, literally the time before us refers to the idea that tikanga, correct traditions [from tika, correct] are handed to us from the past as part of an unbroken chain which, if we take the time to follow it, will lead us all the way back to the creation. The past is not a mystery, it is something that we can see, whereas the future, which is yet to come, is unpredictable, and as hard to see as something behind us. 
In Aymara, qhipa pacha translates as behind time, which to speakers of English seems like the past, but which to the Aymara translates as the future, whereas nayra pacha, front time, refers to the past. In Aymara this understanding of time has even affected the body language of its speakers - Aymara speakers will often gesture forwards when talking about the back and point backwards when talking about the future.

The Selchie Warrior

http://selchieproductions.tumblr.com/post/9975207172/both-aymara-and-m%C3%A4ori-refer-to-the-past-as-the
 
 
Mai ke kai, mai ke' ola;
Mai ke kai, mai ke kupuna.
(From the sea comes life;
From the sea came los ancestors)

Hawaiian proverb
 
 
Ainsi en est-il du grand réveil, la mort, après lequel on dit de la vie, ce ne fut qu'un long rêve.
Tchouang tseu, Zhuangzi (Chap. II)
 
Your life has a limit but knowledge has none. If you use what is limited to pursue what has no limit, you will be in danger. If you understand this and still strive for knowledge, you will be in danger for certain! If you do good, stay away from fame. If you do evil, stay away from punishments. Follow the middle; go by what is constant, and you can stay in one piece, keep yourself alive, look after your parents, and live out your years.
Zhuangzi, III. Trad. Watson Burton

Si l'on s'attache à la voie de l'antiquité pour diriger l'existence d'aujourd'hui, on peut connaître l'origine primordiale; cela s'appelle démêler le fil de la Voie.
(Chapitre XIV)
TAO TÖ KING, LE LIVRE DE LA VOIE ET DE LA VERTU
Texte chinois établi et traduit avec des notes critiques et une introduction
par J. J.-L. DUYVENDAK (1889-1954)

Étudie seulement pour ton plaisir, ou la connaissance suffit à me satisfaire.
Tsukubaï (réceptacle d'eau de source) du Ryôan-ji de Kyoto
 
Personne ne cherche à tirer profit de son savoir; au contraire c'est un devoir des sages de partager ce savoir. Ils se sentiraient honteux de le monnayer, noblesse et sagesse obligent.
Michel Peissel, Les Royaumes de l'Himalaya.
 
Évidemment c'est un problème, l'argent, c'est le problème de tous ceux qui sont venus après le Sakodo*. Ca ne sert plus à rien de savoir attraper les phoques, il faut apprendre à attraper l'argent. Mais ce n'est pas le plus facile, car il faut changer quelque chose dans son coeur et renier tout ce que pensaient les vieux. Pour entrer dans le cycle de l'argent et espérer posséder un jour les nouvelles techniques, il faut mourir à soi-même et à ce que furent les siens. (p. 103)

* C'est dans le monde dangereux dont les Inuit par leurs techniques, pendant des siècles, ont triomphé, et qu'ils avaient conçu comme un ordre stable et équilibré que fit irruption le premier Européen en 1884. le Sakodo (comme on nomme Gustave Holm à Amassalik, d'un mot signifiant: celui qui a beaucoup d'armes et d'outils), messager de cette richesse occidentale qui s'accroît de la course accélérée et triomphale où l'entraîne le déséquilibre permanent de son système. (p. 65)
Robert Gessain, Ammassalik ou la civilisation obligatoire, Flammarion, Paris, 1969.
 
Les nombreuses maladies qui sévissent ailleurs, surtout dans les Cours, ne frappent ici que ceux que l'âge a déjà marqués. La jalousie ne jette pas ici ses regards obliques. La domination sur le prochain ne s'exerce pas, le noble ne règne sur aucun domaine. Les rois eux-mêmes ne troublent pas la paix du peuple par des affiches et des décrets, car ici le vice ne se manifeste pas encore. Le dur labeur qui fait les esclaves des grands et des petits est chose inconnue.
Carl von Linné, préface de sa Flora laponnica, 1737 (à propos des Lapons)
 
Il est indispensable de reconnaître qu'il n'existe plus de solution de continuité entre le monde « primitif » ou « arriéré » et l'Occident moderne. Il ne suffit plus, comme il suffisait il y a un demi-siècle, de découvrir et d'admirer l'art nègre ou océanien ; il faut redécouvrir les sources spirituelles de ces arts en nous-mêmes, il faut prendre conscience de ce qui reste encore de « mythique » dans une existence moderne, et qui reste tel, justement parce que ce comportement est, lui aussi, consubstantiel à la condition humaine, en tant qu'il exprime l'angoisse devant le Temps.
Mircea Eliade, Les Mythes du monde moderne (1953)
 
He who has seen life in his more original form will never forget what he has seen, and once he has left the infinite plains the memory becomes a shining revelation to him from which he can never tear himself away again. He has become an individual with double life, something of him has remained in the wilderness.
Kai Donner, Among the Samoyeds (1911-13) 1926
 
Cette vie solitaire, en des lieux si sauvages, a créé un type d'homme très particulier. Le trappeur d'Extrême-Orient est un homme physiquement solide et moralement sain, aguerri par une lutte pénible contre une nature primitive. Un grossier matérialisme s'unit en lui avec un amour puissant de la taïga, et le fatalisme avec le rêve. Il est sans crainte devant la vie et sans crainte devant la mort. Par son contact intime et permanent avec la nature, il est devenu poète, mystique et philosophe, participant à la fois de la nature du sauvage et de celle du penseur.

Nicolas Baïkov. Les bêtes sauvages de la Mandchourie. Traduit du russe par Gustave Welter. Payot, Paris, 1939.

Comme l'homme fait partie de la nature, l'esprit de l'homme fait partie de l'Esprit de la Nature*.
Pierre-Olivier Combelles
* Nature: Cosmos. "Esprit de la Nature": Atman, "l'Âme universelle" de l'hindouisme.

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