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Le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

Requête d'Isabelle Romée, mère de Jeanne d'Arc, à N.D. de Paris (1455)

29 Mai 2009 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #France



Le 7 novembre 1455, Isabelle Romée, assistée de ses fils (le procès-verbal définitif, remarquons-le, ne mentionne que Pierre), allait présenter elle-même le rescrit pontifical aux commissaires désignés par le pape dans la nef de Notre-Dame de Paris où se trouvait aussi l'inquisiteur Jean Bréhal. Audience extraordinairement émouvante, car la vieille paysanne était escortée de tout un groupe d'habitants d'Orléans, joignant leur plainte à la sienne, et bientôt cette nef de Notre-Dame où la foule s'écrasait s'emplit d'un tel tumulte que les commissaires durent se réfugier en hâte dans la sacristie, entraînant avec eux Isabelle et son entourage.
L'émotion de la foule, on la partage à la lecture de la requête de la vieille paysanne, telle que les procès-verbaux nous l'ont conservée:

"J'avais une fille, née en légitime mariage, que j'avais munie dignement des sacrements de baptême et de confirmation et avais élevée dans la crainte de Dieu et le respect de la tradition de l'Eglise, autant que le permettaient son âge et la simplicité de sa condition, si bien qu'ayant grandi au milieu des champs et des pâturages elle fréquentait beaucoup l'église et recevait chaque mois, après due confession, le sacrement de l'Eucharistie, malgré son jeune âge, et se livrait aux jeûnes et aux oraisons avec grande dévotion et ferveur, pour les nécessités alors si grandes où le peuple se trouvait et auxquelles elle compatissait de tout son coeur; pourtant, bien qu'elle n'ait jamais pensé, conçu ou fait quoi que ce soit qui l'écartât de la foi ou la contredît, certains ennemis... l'ont fait traduire en procès de foi... et... malgré ses récusations et appels, tant tacites qu'exprimés, sans qu'aucun secours ait été donné à son innocence, en un procès perfide, violent et inique, sans l'ombre de droit... l'ont condamnée de façon damnable et criminelle, et l'ont fait mourir très cruellement par le feu... pour la damnation de leur âme et en notoire, infâmant et irréparable dommage porté à moi, Isabelle, et aux miens..." (Quicherat, II, 82)

Régine Pernoud, Jeanne d'Arc par elle-même et par ses témoins. Seuil, 1962 (page 315).

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