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Rouge et Blanc, ou le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

De la forge à la maison de rondins traditionnelle: l'aventure d'une hache de charpentier en Suède, suivie de quelques réflexions

18 Août 2011 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles

 

 

Ce forgeron ("smide") suédois s'appelle Lars Enander. Il collabore avec la célèbre forge Gransfors Bruks, qui fabrique, entre autres, des haches parmi les meilleures du monde link 

Son adresse:

 

Lars Enander Smide

Tärnvägen 3, 824 33 Hudiksvall  (Suède)
0650-757 37

 

Dans cette vidéo, on voit le forgeron fendre le morceau de métal incandescent pour insérer le taillant fait dans un acier à haute teneur de carbone, très tranchant une fois la hache terminée, mais cassant. Le reste de la hache est fait dans un acier moins dur, plus souple et plus résistant aux chocs. C'est la technique du "sandwich", très utilisée par les forgerons traditionnels en Scandinavie (et au Japon) pour fabriquer des outils de grande qualité, les couteaux par exemple.

Les troncs employés pour la maison de rondins (log cabin) sont en pin sylvestre, l'essence la plus utilisée en Suède.

Il faut être fou pour ne pas comprendre qu'un outil, une arme, un objet usuel, un vêtement, une maison, sont l'expression de la culture d'un peuple, son âme, et sont adaptées à son mode de vie et à son habitat naturel. Les peuples doivent les  fabriquer eux-mêmes, avec les matériaux dont ils disposent, selon leurs coutumes et leurs traditions et pour leur usage particulier. Ainsi l'homme vit en harmonie, en intelligence avec la société et avec le monde qui l'entoure, et il manifeste sa puissance sur les choses, et en même temps sa soumission aux lois de la nature.

Que ces objets soient fabriqués artisanalement, à la main, ou industriellement, n'a qu'une importance secondaire.

La diversité des peuples doit se manifester dans leurs créations et dans leur mode de vie. Toute volonté d' uniformisation générale des peuples, que ce soit dans la race,  la langue, la pensée, la culture, le mode de vie, le gouvernement (ce qui n'a rien à voir avec les échanges et les influences nés des guerres, du commerce et des voyages au cours de l'histoire) est un crime contre ce qu'il y a de plus sacré. L'unification du monde, c'est la mort du monde.

Regardons la nature autour de nous: un cerf est-il semblable à un chevreuil, un loup à un renard, un écureuil à une martre, un merle à un pinson, un brochet à un goujon, une couleuvre à collier à une vipère aspic, un bouleau à un chêne, un lis martagon à une ancolie ? Chaque espèce est reconnaissable à son aspect, à sa voix, à son parfum, à son habitat, à ses moeurs, et perpétue ces caractères par sa descendance. 

Il doit en être ainsi des peuples et de leurs productions. De même qu'un Japonais n'est pas un Français et qu'un paysan suisse du Valais n'est pas un éleveur de moutons de Nouvelle-Zélande, une peinture de Fra Angelico n'est pas une peinture de Vermeer, une ligne de Madame de Sévigné n'est pas une ligne de Tolstoï, un haïku de Bashô n'est pas un poème de Charles d'Orléans, un kimono n'est pas un poncho aymara, une parole d'Agesilas n'est pas une parole de Platon, le Kalevala n'est pas l'Odyssée, une vieille chanson écossaise n'est pas un huayno d'Ayacucho, une maison basque n'est pas une ferme jurassienne, un drakkar viking n'est pas un boutre de la Mer Rouge, un kriss malais qui est vivant, qui a une âme et qui est une personne n'est pas un puukko finlandais ni un katana japonais ni une épée française du XVe siècle.

Voila pourquoi il faut défendre l'artisanat, l'industrie, l'économie nationales. Cette priorité n'a jamais empêché les échanges, qui ne doivent pas menacer l'existence et les intérêts de la nation.

Acheter dans un hypermarché de France, avec des euros, qui sont de la fausse-monnaie, et au son abrutissant de chansons industrielles en anglais, des vêtements stéréotypés fabriqués en Inde, de la vaisselle faite en Chine, et des fruits et légumes frais d'Espagne, du Maroc ou du Chili, c'est de l'auto-destruction. Pas seulement pour nous, mais aussi pour les Chinois, les Espagnols, les Marocains et les Chiliens qui sont employés, à bas prix,  mal nourris, mal vêtus et mal logés, pour les produire*. 

La production et la consommation doivent être d'abord nationales.

Ceux qui parlent au nom de l'Homme sont des menteurs, des voleurs et des criminels. Leurs armes ? La mondialisation, la démocratie, la "société ouverte", la dérégularisation des marchés, l'urbanisation comme seul mode de vie général, la tyrannie de l'argent et de l'usure, la grande distribution.

L'Homme n'existe pas et n'a jamais existé, sauf dans l'imagination des sophistes, des commerçants, des financiers et des politiciens pervertis.

Il n'existe que des personnes, des familles et des peuples.

Pierre-Olivier Combelles

 

*L'obsolescence programmée, moteur de la croissance. Un entretien lumineux avec le philosophe  Jean-Claude Michéa: https://www.youtube.com/watch?v=5r-tlZfGPW0

 

Kriss javanais


 

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