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Rouge et Blanc, ou le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

Chemin de Croix, par le Révérend Père Guérard des Lauriers, Dominicain

25 Mars 2023 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #Catholicisme, #Mgr Guérard des Lauriers, #Religion

CHEMIN DE CROIX

PAR

LE  RÉVÉREND PÈRE GUÉRARD DES LAURIERS

DOMINICAIN

 

IERE STATION

Jésus est condamné à mort


« Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice » . Nul ne peut être condamné sans jugement, et c'est Vous Seigneur qui êtes jugé ! C'est le Créateur qui comparait devant sa créature. C'est le Verbe de Vérité qui vient faire la preuve, dans ce jugement, que tout homme est menteur6 ; c'est Celui à qui est remis tout le jugement7 qui reçoit humblement ce qu'Il possède absolument. Combien éclate l'erreur dans ce jugement du Dieu de Vérité, pour que soit ainsi rachetée toute erreur, toute injustice, tout mensonge.  Seigneur, donnez-moi votre lumière afin que je comprenne comment tout est faux dans votre  jugement et [com]bien Vous, Vous y êtes vrai. On vient Vous arrêter, on Vous entraine ; or c'est Vous qui donnez votre vie. « Personne ne me prend ma vie, Je la donne » . On Vous accuse de n’être qu'un homme et on montre par là qu'on Vous sait Dieu. On cherche des témoins contre Vous qui êtes le Témoin9 et en qui se fonde tout témoignage. Les témoins ne sont d'accord sur rien qui soit certain, mais seulement sur cette erreur qu'il faut Vous condamner, Vous le Véridique . On cherche Pilate Vous demande : « Qu'est-ce que la Vérité ? »12 sans demeurer dans cette attente humble et docile hors laquelle on ne peut saisir la vérité. Pilate se délivre de l'exigence de la vérité par une comédie : il demeure dans le monde du mensonge, étranger au royaume de la vérité qui n'est pas de ce monde . Pilate et Hérode se mettent d'accord, mais c'est sur une erreur; et c'est pour pouvoir demeurer, par la communauté de cette erreur, à l'abri des reproches de la Vérité.
On Vous condamne à mort et Vous êtes la Vie . Vous condamne parce qu'il est bon qu'un seul meure pour tout le peuple : et c'est Vous qui êtes la Vie , c'est Vous qui êtes condamné, Vous qui êtes venu pour que tous aient la vie en abondance . Et vos amis,vos apôtres, ceux qui devraient Ô Seigneur, Vous êtes jugé et condamné par les hommes, il n'y a pas un détail de votre jugement et de votre condamnation qui ne soit marqué au coin de la contradiction dont Vous êtes le signe sur la terre.

Mais c'est dans ce jugement des hommes que triomphe le jugement de Dieu ; c'est par ce jugement où toute Vérité est faussée, trahie, invertie que sont invités à se réjouir tous ceux qui ont faim et soif de la justice : parce que la force radieuse du jugement de Dieu triomphe dans la

5 Matt. V, 6.
6 Ps. CXV, 1.
7 Jo. V, 22.
8 Jo. X, 18.
9 Apoc. I, 5 ; XIX, 11.
10 Apoc. XIX, 11 ; Marc XII, 14 ; Matt. XXII, 16. 11 Jo, XIV, 6.
12 Jo. XVIII, 38.
13 Jo. XVIII, 36.
14 Jo. XIV, 6. Jo. XI, 50.
15 Jo. I, 10.
16 Jo. XIV, 6. Jo. XI, 50.
17 Jo. XV, 27.
18 Matt. XIII, 30.

être vos témoins, parce qu'ils sont avec Vous dès le commencement un non contre Vous, car seule leur parole eut été un vrai oui pour Vous : « qui n'est pas avec moi est contre moi. » , ils se taisent : leur silence est misérable faiblesse du jugement de l'homme, parce que la Lumière demeure elle-même dans les ténèbres qui ne le reçoivent pas. « Je convaincrai le monde au sujet du jugement, parce que le prince triomphe, en son jugement, de tout mensonge.

Pilate et Hérode qui s'entendent, et les témoins qui ne s'entendent pas, les jaloux et les cupides, les chefs et ceux qui les suivent, les amis et les ennemis, les timides, les lâches... tous rendent au fond d'eux-mêmes un témoignage qui est mensonge, tous sont avec Satan leur père, tous en ce mode est déjà jugé » . Oui, Seigneur, Verbe de Vérité, Satan le Père du mensonge est jugé dès le moment de votre jugement. Satan est partout en votre jugement, en toutes les manières qu'il a coutume d'emprunter pour demeurer parmi les hommes : aussi Satan est-il jugé en tout ce qu'il est. Réjouissez-vous, vous tous qui avez faim et soif de la justice, de cette justice qui n'est que le pur rayonnement de la Vérité, réjouissez-vous car le Verbe de Vérité qui seul n'est pas mensonge, sont là devant Vous, Seigneur : eux par leur mensonge, devant Vous qui êtes seul la Vérité . Et tous sont condamnés, tous sont convaincus au sujet du jugement22 : et la conviction que Vous développez en eux, c'est que leurs œuvres étant mauvaises , ils se jugent en tentant de Vous juger. Ainsi, Seigneur, Vous jugez, par leur jugement même, tous ceux qui jugent : ils reçoivent dans leur jugement même, le jugement de l'homme étant mensonge, leur propre condamnation.

Et Vous m'invitez, Seigneur, à me réjouir : béatitude de la justice, qui éclate dans la condamnation du jugement. Telle fut votre consolation, Seigneur, lorsque Vous Vous êtes trouvé, Vous seul, juste, devant le mensonge infini.

Seigneur, faites-moi entrer dans votre état, faites-moi heureux dans votre Béatitude, juste dans votre Justice, vrai dans votre Vérité. Ôtez de mon cœur et de mon esprit tout jugement qui n'est pas l'accueil infiniment docile de votre Lumière. Ce que Vous condamnez par l'état de votre jugement et de votre condamnation, ce n'est pas tel ou tel jugement, mais tout jugement qui ne se résout pas absolument en Vous, qui s'écarte si peu que ce soit de Vous. « Ne jugez pas ! »24 Comme je comprend bien cette parole en Vous contemplant devant vos juges, devant tous ceux qui Vous jugent... devant moi, car c'est bien moi qui Vous juge lorsque je ne reçois pas, virginalement, votre jugement qui est seul vrai. Chacun de mes péchés est un jugement contre Vous, et chacun de ces jugements formé par moi-même, en ne regardant que ma lumière à moi ou en ne regardant pas exclusivement votre lumière à Vous, chacun de ces jugements-là a été un péché.

Ô Seigneur, me voilà confondu devant Vous. Ô mensonge infini qui est en moi, ô Vérité infinie qui est en Vous ! Seigneur, mettez à l'intime de moi-même un esprit droit... un esprit qui suspende tout jugement puisque c'est à Vous que tout jugement est remis. Ô Seigneur, accordez-moi la joie de sentir tout le mensonge intime que je porte en moi, absorbé, dissous, détruit dans votre Vérité, joie de votre Vérité et de votre Justice, joie du rayonnement de votre Vérité et de votre Justice, joie d'être rassasié au plus intime de soi-même, par Vous dont j'ai faim et soif, par Vous, qui êtes Justice et qui êtes Vérité.

19 Jo. XVI, 8-11. 20 Jo. VIII, 44 b. 21 Jo. XIV, 16. 22 Jo. XVI, 8-11. 23 Jo. III, 19-20. 24 Matt. VII, 1.

Remerciements à Sodalitium

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