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Rouge et Blanc, ou le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

Aristote: de l'usure

9 Mai 2009 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles

Mais, comme nous l'avons dit, l'art d'acquérir la richesse est de deux espèces : l'une est sa forme mercantile, et l'autre une dépendance de l'économie domestique ; cette dernière forme est nécessaire et louable, tandis que l'autre repose sur l'échange et donne prise à de justes critiques (car elle n'a rien de naturel, elle est le résultat d'échanges réciproques) : dans ces conditions, ce qu'on déteste avec le plus de raison, c'est la pratique du prêt à intérêt parce que le gain qu'on en retire provient de la monnaie elle-même et ne répond plus à la fin qui a présidé la création. Car la monnaie a été inventée en vue de l'échange, tandis que l'intérêt multiplie la quantité de monnaie elle-même. C'est même là l'origine du mot intérêt (1) : car les êtres engendrés ressemblent à leurs parents, et l'intérêt est une monnaie née d'une monnaie. Par conséquent, cette dernière façon de gagner de l'argent est de toutes la plus contraire à la nature.

 

(1) τόχος, signifiant à la fois enfant, petit (partus), et revenu de l'argent (foenus, usura).

 

 Aristote, Politique, Livre I, 10. Traduction par J. Tricot. Bibliothèque des textes philosophiques. Vrin, Paris, 2005.



Lire à ce sujet le remarquable article de Jüri Lina (Under the sign of the Scorpion):

http://www.scribd.com/doc/1882752/Juri-Lina-The-Fight-Against-Usury

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