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Le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

Nicolás Gómez Dávila, un moraliste marrane, comme son maître, l'humaniste catholique Michel de Montaigne ?

27 Septembre 2009 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #Lettres

" La société libre n'est pas celle qui a le droit d'élire ceux qui la gouvernent, mais celle qui élit ceux qui ont le droit de la gouverner ". 
Nicolás Gómez Dávila  ("Escolias para un texto implicito")

 

Belle formule, belle pensée aristocratique, mais qui soulève quand même quelques objections.

A première vue, il s’agit d’une simple opposition entre la démocratie, qu'il déteste, et l’aristocratie.

Mais Nicolás Gómez Dávila  écrit " élit ".

Objection: dans la vie, choisit-on ceux qui ont le droit de nous gouverner ?

 

1) Un père de famille est-il élu par ses enfants pour avoir le droit de les gouverner ? Doit-il être choisi par eux ? Non, évidemment. Un père de famille gouverne ses enfants parce qu’il est le père. Sa nature crée son droit. On appelle aussi cela le droit divin, surtout lorsque le père ou la mère reconnaissent qu’ils secondent l’œuvre de Dieu et qu’ils obéissent à son autorité supérieure. La force crée le droit. Le droit n’est pas la justice.

 

2) Une société est une association, c'est à dire un groupement de personnes physiques ou morales qui s’unissent volontairement afin de défendre certains intérêts ou  de poursuivre certains buts, et seulement dans cette finalité. Les membres d'une société élisent ceux qui vont la diriger. C'est pourquoi une famille n'est pas une association ni une société, un peuple non plus, ni même une nation (cf Bonald), car ses membres n'en font pas partie par choix, mais parce qu'ils sont nés dans cette condition.

3) Toute élection est un choix entre égaux en droits.

 

Nicolás Gómez Dávila  écrit aussi : "libre".

"Libre" rime donc pour lui avec "élection". " La société libre est celle qui élit "… Il place la liberté dans le choix, dans l’élection, et donc dans l’égalité. De qui ? De ceux qui ont le droit de gouverner et qui ne peuvent être la totalité du peuple, mais une partie, c'est à dire l'aristocratie.

S'il donne au terme "société" son sens courant, moderne (et erroné) de "peuple", pourquoi n'a t-il pas quand même écrit: "La société n'est pas celle qui a le droit d'élire ceux qui la gouvernent, mais celle qui obéit à ceux qui ont le droit de la gouverner ?"
Pour Nicolas Gomez Davila, un enfant qui obéit à son père qu’il n’a pas choisi, un sujet qui obéit à son seigneur ou à son roi,  un chrétien qui obéit à son Seigneur Jésus-Christ, Dieu fait homme, sont-ils vraiment libres ?
Pour lui, peut-on, doit-on servir librement une autorité supérieure légitime que l'on n'a pas choisie?
Il semblerait que non.
Sa "scolie" n'est-elle pas un sophisme, finalement ?

Qui est vraiment Nicolas "Gomez" "Davila", l'aristocratique Montaigne colombien du XXe siècle ? Un marrane ?


"Je n'ai jamais reçu bien quelconque de la libéralité des rois, non plus que demandé ni mérité, et n'ai reçu nul paiement des pas que j'ai employé à leur service (...) Je suis, Sire, aussi riche que je me souhaite" (Montaigne)

 

Béthune

 

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