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Reynald Sécher: Guerres de Vendée - Du génocide au mémoricide. Soljenitsyne: Discours de Vendée (25 septembre 1993)
C'est la première fois dans l'histoire de l'humanité que l'on tue les gens non pas pour ce qu'ils ont fait, mais pour ce qu'ils sont.
Reynald Sécher
Discours d’Alexandre Soljenitsyne, le samedi 25 septembre 1993, aux Lucs-sur-Boulogne, pour l’inauguration de l’Historial de Vendée .
Monsieur le président du Conseil général de la Vendée, chers Vendéens,
Il y a deux tiers de siècle, l’enfant que j’étais lisait déjà avec admiration dans les livres les récits évoquant le soulèvement de la Vendée, si courageux, si désespéré. Mais jamais je n’aurais pu imaginer, fût-ce en rêve, que, sur mes vieux jours, j’aurais l’honneur d’inaugurer le monument en l’honneur des héros et des victimes de ce soulèvement.
Vingt décennies se sont écoulées depuis : des décennies diverses selon les divers pays. Et non seulement en France, mais aussi ailleurs, le soulèvement vendéen et sa répression sanglante ont reçu des éclairages constamment renouvelés. Car les événements historiques ne sont jamais compris pleinement dans l’incandescence des passions qui les accompagnent, mais à bonne distance, une fois refroidis par le temps.
Longtemps, on a refusé d’entendre et d’accepter ce qui avait été crié par la bouche de ceux qui périssaient, de ceux que l’on brûlait vifs, des paysans d’une contrée laborieuse pour lesquels la Révolution semblait avoir été faite et que cette même révolution opprima et humilia jusqu’à la dernière extrémité.
Eh bien oui, ces paysans se révoltèrent contre la Révolution. C’est que toute révolution déchaîne chez les hommes, les instincts de la plus élémentaire barbarie, les forces opaques de l’envie, de la rapacité et de la haine, cela, les contemporains l’avaient trop bien perçu. Ils payèrent un lourd tribut à la psychose générale lorsque le fait de se comporter en homme politiquement modéré – ou même seulement de le paraître – passait déjà pour un crime.
C’est le XXème siècle qui a considérablement terni, aux yeux de l’humanité, l’auréole romantique qui entourait la révolution au XVIIIème. De demi-siècles en siècles, les hommes ont fini par se convaincre, à partir de leur propre malheur, de ce que les révolutions détruisent le caractère organique de la société, qu’elles ruinent le cours naturel de la vie, qu’elles annihilent les meilleurs éléments de la population, en donnant libre champ aux pires. Aucune révolution ne peut enrichir un pays, tout juste quelques débrouillards sans scrupules sont causes de mort innombrables, d’une paupérisation étendue et, dans les cas les plus graves, d’une dégradation durable de la population.
Le mot révolution lui-même, du latin revolvere, signifie rouler en arrière, revenir, éprouver à nouveau, rallumer. Dans le meilleur des cas, mettre sens dessus dessous. Bref, une kyrielle de significations peu enviables. De nos jours, si de par le monde on accole au mot révolution l’épithète de «grande», on ne le fait plus qu’avec circonspection et, bien souvent, avec beaucoup d’amertume. Désormais, nous comprenons toujours mieux que l’effet social que nous désirons si ardemment peut être obtenu par le biais d’un développement évolutif normal, avec infiniment moins de pertes, sans sauvagerie généralisée. II faut savoir améliorer avec patience ce que nous offre chaque aujourd’hui. II serait bien vain d’espérer que la révolution puisse régénérer la nature humaine. C’est ce que votre révolution, et plus particulièrement la nôtre, la révolution russe, avaient tellement espéré.
La Révolution française s’est déroulée au nom d’un slogan intrinsèquement contradictoire et irréalisable : liberté, égalité, fraternité. Mais dans la vie sociale, liberté et égalité tendent à s’exclure mutuellement, sont antagoniques l’une de l’autre! La liberté détruit l’égalité sociale – c’est même là un des rôles de la liberté -, tandis que l’égalité restreint la liberté, car, autrement, on ne saurait y atteindre. Quant à la fraternité, elle n’est pas de leur famille. Ce n’est qu’un aventureux ajout au slogan et ce ne sont pas des dispositions sociales qui peuvent faire la véritable fraternité. Elle est d’ordre spirituel.
La liberté et l’égalité s’excluent mutuellement. Et, en guise de fraternité, la Convention pratiqua le génocide !…
Au surplus, à ce slogan ternaire, on ajoutait sur le ton de la menace : « ou la mort», ce qui en détruisait toute la signification. Jamais, à aucun pays, je ne pourrais souhaiter de grande révolution. Si la révolution du XVIIIème siècle n’a pas entraîné la ruine de la France, c’est uniquement parce qu’eut lieu Thermidor. La révolution russe, elle, n’a pas connu de Thermidor qui ait su l’arrêter. Elle a entraîné notre peuple jusqu’au bout, jusqu’au gouffre, jusqu’à l’abîme de la perdition. Je regrette qu’il n’y ait pas ici d’orateurs qui puissent ajouter ce que l’expérience leur a appris, au fin fond de la Chine, du Cambodge, du Vietnam, nous dire quel prix ils ont payé, eux, pour la révolution. L’expérience de la Révolution française aurait dû suffire pour que nos organisateurs rationalistes du bonheur du peuple en tirent les leçons. Mais non ! En Russie, tout s’est déroulé d’une façon pire encore et à une échelle incomparable.
De nombreux procédés cruels de la Révolution française ont été docilement appliqués sur le corps de la Russie par les communistes léniniens et par les socialistes internationalistes. Seul leur degré d’organisation et leur caractère systématique ont largement dépassé ceux des jacobins. Nous n’avons pas eu de Thermidor, mais – et nous pouvons en être fiers, en notre âme et conscience – nous avons eu notre Vendée. Et même plus d’une. Ce sont les grands soulèvements paysans, en 1920-21. J’évoquerai seulement un épisode bien connu : ces foules de paysans, armés de bâtons et de fourches, qui ont marché sur Tanbow, au son des cloches des églises avoisinantes, pour être fauchés par des mitrailleuses. Le soulèvement de Tanbow s’est maintenu pendant onze mois, bien que les communistes, en le réprimant, aient employé des chars d’assaut, des trains blindés, des avions, aient pris en otages les familles des révoltés et aient été à deux doigts d’utiliser des gaz toxiques. Nous avons connu aussi une résistance farouche au bolchévisme chez les Cosaques de l’Oural, du Don, étouffés dans les torrents de sang. Un véritable génocide.
En inaugurant aujourd’hui le mémorial de votre héroïque Vendée, ma vue se dédouble. Je vois en pensée les monuments qui vont être érigés un jour en Russie, témoins de notre résistance russe aux déferlements de la horde communiste. Nous avons traversé ensemble avec vous le XXème siècle. De part en part un siècle de terreur, effroyable couronnement de ce progrès auquel on avait tant rêvé au XVIIIème siècle. Aujourd’hui, je le pense, les Français seront de plus en plus nombreux à mieux comprendre, à mieux estimer, à garder avec fierté dans leur mémoire la résistance et le sacrifice de la Vendée.
Alexandre SOLJÉNITSYNE
Tolstoï, la désobéissance civile et la non-violence, par Marjolaine Jolicoeur
"Celui qui se voue corps et âme à ses semblables passe à leurs yeux pour un bon à rien, un égoïste, mais celui qui ne leur voue qu’une parcelle de lui-même est salué des titres de bienfaiteur et philanthrope."
H.D. Thoreau, La désobéissance civile.
(...)
Après avoir étudié le bouddhisme, l’hindouisme et discuté avec des anarchistes, le Sermon sur la montagne est pour Tolstoï une révélation. Selon lui les disciples de Jésus vivent en parfaite contradiction avec l’injonction « tu ne tueras point », autant quand ils vont à la guerre, à la chasse ou tuent des animaux pour leur chair. Toutes les violences sont interdépendantes et pour Tolstoï, « tant qu’il y aura des champs de bataille, il y aura des abattoirs ». Si Tolstoï se trouve des affinités avec le christianisme primitif, il reste cependant un chrétien anarchiste en marge de tous dogmes, rituels ou hiérarchies. Tout comme H.D.Thoreau dont il fera traduire en russe le texte sur la « Désobéissance civile », Tolstoï considère que la finalité des pouvoirs en place – l’état, l’armée, l’église – est de maintenir les humains dans la soumission, dans une forme d’hypnose dont il faut s’éveiller. Désobéir, ne plus coopérer, résister mais sans violence. Seule notre conscience individuelle est capable de nous guider pour mettre fin à la tyrannie de la loi du plus fort. « Notre vie doit être une friction contraire qui arrête la machine. », comme l’écrit H.D. Thoreau.
(...)
Source et article complet: https://liberationanimale.com/2010/07/19/vegetalisme-ethique-leon-tolstoi/
Paul Aram Bazirguïan et Général Georges Zarapoff : deux membres distingués de ma famille, d'origine étrangère et au service de la France
"Je n'ai pas honte d'honorer le sang des miens."
(Antigone à Créon)
Sophocle: Antigone
Général Georges Zarapoff (capture d'écran de la vidéo de la Mairie de Paris sur les militaires de Libération-Nord)
Général d'aviation Constantin Etienne Georges Zarapoff
Né le 1er janvier 1878 (Paris 17e), décédé le 7 mars 1945 à Buchenwald (Allemagne).
Né d'une très ancienne famille princière arménienne, mari de mon arrière grand-tante Marie-Paule née Merle (sa mère était la soeur de mon arrière grand-mère Lefebvre).
Chef de l'armée secrète "Libération"
Mort au camp de concentration Buchenwald (Allemagne) en mars 1945
Plaque commémorative apposée sur sa maison, au 74 rue Raynouard, Paris XVIe.
https://www.aerosteles.net/stelefr-paris-zarapoff
Vidéo: les militaires de Libération-Nord: http://www.dailymotion.com/video/xtvsd1_les-militaires_webcam
Page qui lui est consacrée (avec un portrait) sur le site du Musée de la Résistance: http://www.museedelaresistanceenligne.org/media.php?media=2387
Voir aussi: http://museedelaresistanceenligne.org/media2387-Colonel-Georges-Zarapoff
Libération-Nord: http://www.liberation-nord.org/resistance/liberation-nord_et_armee_secrete.php
Source: https://ta-patrie.monsite-orange.fr/file/c3cbefd8aa250273ba72d621edb171fa.pdf
Notice sur le général Georges Zarapoff:
Georges Zarapoff est issu d'une très ancienne famille de princes arméniens, installée en France au XIXe siècle.
Il est né à Paris le 1er janvier 1878.
Il devient officier d'artillerie et participe à la Grande Guerre dans l'aviation. Bien qu'à la retraite, il reprit du service en 1939.Ses pseudos furent "Aymon", "Allard", et, en 1940, "Arnault".
Il prend la direction de l'organisation militaire. C'est avec Christian Pineau qu'il élabore le premier plan d'organisation des groupes paramilitaires de Libération-Nord. En mars-avril 1943, Zarapoff entre en rapport avec les missions envoyées en France par de Gaulle pour mettre au point la coordination des mouvements de Résistance, tant au point de vue civil que militaire.
Dans le cadre de la mesure "Arquebuse-Brumaire", il est présenté le 12 mars 1943 par Jean Gosset, l'adjoint de Cavaillès, sous le pseudo d'"Aymon" à Passy et Brossolette. Il est alors invité à participer de manière active à l'organisation de l'Armée Secrète, à l'instar des autres chefs militaires de zone Nord.
D'après François Marcot, La Résistance et les Français : Lutte armée et maquis, colloque international de Besançon, 15-17 juin 1995.
Source: https://museedelaresistanceenligne.org/media2387-Colonel-Georges-Zarapoff
Remerciements à Madame Christine Moitié pour m'avoir communiqué ces informations.
Pierre-Olivier Combelles en compagnie de sa grand-tante Marie-Paule Zarapoff sur le parvis de l'Hôtel de Ville de Versailles, au début des années 1980, lors d'un rassemblement de la famille Lefebvre.
Paul Aram Bazirguïan
31 décembre 1887 (Nancy) - 1971 (Meudon)
Epoux de ma grand-tante Yvonne Renauld (1900-1985), fille de mon arrière grand-tante Marie Lucie Renauld, née Steinmetz.
Son père, le général-ministre Charles Bazirguïan, né à Téhéran de mère française et de père arménien d'origine caucasienne, était conseiller intime du Shah de Perse au temps de la dynastie des Khadjars. Il installa le télégraphe en Perse.
Sa mère, "Tante Palmire" était champenoise. Orpheline, elle avait été envoyée à 15 ans chez un parent français résidant à Téhéran, où elle arriva au terme d'un voyage rocambolesque: en train jusqu'à Constantinople, puis à cheval jusqu'à Téhéran, une escorte militaire perse étant venue l'attendre à la frontière.
Paul Aram Bazirguïan était très connu et respecté dans la communauté arménienne française. Croix de guerre 1914-18 avec étoile de bronze (pour actes de bravoure). Très cultivé, patriote, royaliste, mélomane, il possédait une belle bibliothèque. La devise qui figure sur son ex-libris est : Mihi dedit Armenia patrem matremque Gallia. Dubium montanus lucemque Socrates. Il avait commencé à apprendre le persan ancien.
Quand j'habitais ville d'Avray, j'allais souvent rendre visite à ma tante Yvonne chez elle à Meudon. Elle habitait un appartement dans un élégant immeuble moderne entouré d'arbres. L'oncle Paul, son mari, était décédé depuis déjà de nombreuses années. Quand elle dut vendre la belle bibliothèque que son mari lui avait léguée, elle me réserva un certain nombre de livres que j'ai conservés. Ils portent l'ex-libris de l'oncle Paul. Je naviguais aussi souvent en croisière, à la voile, dans la Manche avec sa fille Myriam et son mari Michel Labutte qui avaient un bateau à Deauville. D'abord un Folkboat, assez gîtard, puis un Westerly plus confortable, avec lesquels ils allaient aussi en Angleterre. Je garde un excellent souvenir de cette famille charmante, amicale, polie, pour laquelle la culture avait une grande valeur, et de la nostalgie aussi car rien ne l'a remplacée. C'est d'ailleurs grâce à elle que, la seule fois de ma vie, un libraire m'offrit un livre. C'était dans le Quartier Latin, près du Boulevard Saint Germain, je suis entré dans la librairie orientaliste Samuelian. Je parcourais les rayons et j'entrai avec la conversation avec Madame Samuelian. Quand je lui parlai de mon grand-oncle Paul Samuelian, elle m'en dit le plus grand bien, qu'il était un homme très respecté dans la communauté arménienne française et quand elle évoqua le génocide des Arméniens, que j'ignorais (j'avais une vingtaine d'années à l'époque), elle m'offrit le livre de Vidal-Naquet, que j'ai conservé.
Pierre-Olivier Combelles
https://gw.geneanet.org/bridget06?lang=fr&n=bazirguian&oc=0&p=paul+francois+aram
Lien généalogique:
https://gw.geneanet.org/bridget06?lang=en&p=marie+jeanne+eugenie&n=bazirguian
Voir aussi, sur ce blog: Les Portugais, par Paul Bazirguian
Général Charles Bazirguïan (Constantinople 1844- Nice 1929), père de Paul Aram Bazirguïan. Collection et photo: Famille Bazirguian.
- Charles Bazir, Babadjoun, Charlot BAZIRGUÏAN, Grand-croix Catherine de Russie décoration scientifique en or 1844-1929
-
militaire sur les frontières de la Russie, Membre fondateur d'une école arménienne à Téhéran, Conseiller au Ministère des Télégraphes de Perse de 1862 à 1907 auprès du roi Mozaffer-ed-Dîn-Châh
-
Source: https://gw.geneanet.org/bridget06?lang=en&p=paul+francois+aram&n=bazirguian
Un libraire français:
M. Jonathan Devaux
Librairie À LA DEMI-LUNE
30660 Gallargues le Montueux
est en possession d'un ouvrage de la bibliothèque de mon arrière-grand-oncle Paul Bazirguian, sur lequel figure un texte magnifique écrit de sa main à Nancy, en 1944. Il a eu la gentillesse de prendre contact avec moi via mon blog et de m'envoyer ces photos, que voici:
En feuilletant dans ma bibliothèque un volume des Fables de La Fontaine provenant de mon arrière-grand-oncle Paul, j'ai retrouvé cette citation manuscrite au bas de la fable du Berger et la mer: un vers de Saadi en persan et sa traduction française...
Annotation manuscrite de Paul Bazirguian sur une page d'un beau livre d'André Petit, provenant de la bibliothèque de mon oncle.
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