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Rouge et Blanc, ou le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste
Articles récents

Louis XIV: l'idée de vertu des princes

26 Novembre 2007 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #France, #Histoire

 
Louis-XIV-par-Coysevox-Choeur-ND-de-Paris.jpg

Le grand roi Louis XIV soumis au Christ
Marbre sculpté par Coysevox au soir de sa vie
Choeur de Notre-Dame de Paris
(extrait de: Pierre du Colombier: Notre-Dame de Paris, mémorial de la France. Plon, Paris, 1966)



" Les Princes, en qui l’éclat de leur naissance et l’honnêteté de leur éducation ne produit d’ordinaire que des sentiments nobles et généreux, ne peuvent laisser tellement altérer ces bons principes qu’il n’en demeure toujours quelque impression dans leur esprit. Cette idée de vertu, quelque effacée qu’elle puisse être par la corruption du temps, donne pourtant toujours aux plus mauvais une espèce de répugnance pour le vice. Leurs cœurs, formés de bonne heure aux lois de l’honneur, s’en font une si forte habitude qu’ils ont peine de la corrompre entièrement, et le désir de la gloire qui les anime les a fait passer en beaucoup de choses par-dessus le penchant de leur intérêt ".


Louis XIV, Mémoires 

Choeur-ND-de-Paris.jpg
Choeur de Notre-Dame de Paris
A gauche, Louis XIV par Coysevox. A droite, on devine la statue de Louis XIII. 
Derrière le maître-autel, la Pieta de Nicolas Coustou, mise en place en 1714-1715.
Pierre du Colombier: Notre-Dame de Paris, mémorial de la France
Plon, Paris, 1966

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La vocation du naturaliste-explorateur, par Alexandre de Humboldt

25 Novembre 2007 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #Exploration, #Sciences

poppig2.jpeg


"Le désir que nous avons de contempler certains objets ne dépend pas seulement de leur grandeur, de leur beauté et de leur importance: il se rattache, dans chacun de nous, aux émotions fortuites de notre jeunesse, à nos premières préférences pour telle ou telle occupation, à l’impatience qui nous fait tendre vers les choses lointaines et rechercher les accidents d’une vie agitée. Ces désirs prennet d’ailleurs d’autant plus de force qu’il y a moins de chances de les voir jamais s’accomplir. Le voyageur jouit par avance du moment où la Croix du Sud et les Nuées de Magellan qui tournent autour du pôle Antarctique, où les neiges du Chimborazo et les colonnes de fumée qui s’échappent des volcans de Quito s’offriront pour la première fois à ses regards sur l’océan Pacifique, Les jours qui réalisent de tels voeux marquent dans la vie des époques dont le souvenir est ineffaçable; ils excitent en nous des sentiments dont la raison n’a pas à exprimer la vivacité. Dans l’impatience où j’étais d’embrasser l’océan Pacifique du haut de la chaîne des Andes entrait pour quelque chose l’intérêt avec lequel j’avais écouté, étant encore enfant, le récit de l’expédition accomplie par Vasco Núñez de Balboa, l’heureux aventurier qui, devançant Francisco Pizarro, et Francisco Pizarro, et le premier des Européens, put contempler des hauteurs de Quaregua, dans l’isthme de Panama, la partie orientale de la mer du Sud. Les rives couvertes des roseaux de la mer Caspienne, à l’endroit où je la vis pour la première fois, ne sont assurément pas pittoresques; et cependant cet aspect me causa d’abord un vif plaisir, parce que je me souvenais que dans mon enfance, lorsque je parcourais des yeux une carte de géographie, la forme de cette mer intérieure m’avait particulièrement attiré. Les sentiments éveillés en nous par les premières impressions de l’enfance et par les hasards qui naissent des relations de la vie deviennent souvent, lorsqu’ils prennent dans la suite une direction plus sérieuse, l’occasion de travaux scientifiques et d’expéditions lointaines." 
Alexandre de Humboldt

Relation historique du Voyage aux régions équinoxiales du Nouveau Continent, fait en 1799, 1800, 1801, 1802, 1803 et 1804 par A. de Humboldt et A. Bonpland, réd. Par A. de Humboldt, 3 vol. Paris, 1825.
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Concino Concini, alias Polichinelle

24 Novembre 2007 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #France, #Histoire


Dialogue entre Concino Concini, Maréchal d’Ancre, et François de Capestan. La scène se passe à Paris, à l’hôtel du maréchal d’Ancre, durant la minorité de Louis XIII.
 
- Monsieur de Capestan, je ne sais que peu de choses sur vous, sinon que vous êtes courageux et que vous vous battez bien. Vous êtes de bonne mais de petite noblesse. Devenez mon ami et je ferai de vous l’un des plus grands seigneurs du royaume.
- Qu’attendez-vous de moi, Monsieur le maréchal ?
- Peu de choses, à vrai dire, peu de choses pour le moment. Promenez-vous dans Paris, dites du mal de moi et vous aurez bientôt de nombreux amis. Vous serez sans doute admis très vite au sein de la conjuration.
- Vous voulez que je conspire contre vous ?
- (rire) Ne faites pas semblant de ne pas comprendre. C’est par vous que je serai renseigné sur mes ennemis ; c’est grâce à vous que je mettrai au pas cette noblesse orgueilleuse et chimérique. Vous voyez, c’est simple.
- C’est simple, en effet. Vous m’avez dit, Monsieur le maréchal, que j’étais de petite mais de bonne noblesse. Bonne : en effet. Car si humbles soient mes origines, je ne crois pas qu’un seul de mes ancêtres aurait accepté de devenir un espion ; et me faire une telle proposition, c’est insulter un Capestan.
- Capestan.. c’est " Capitan " qu’il faudrait dire, le Capitan de la comédie italienne dont le sabre est de bois et qui a besoin qu’on lui tire les oreilles ! je vous propose votre grâce et vous me répondez avec insolence ! Laissez-moi rire, monsieur le Capitan !
- Capitan ! Eh bien soit, je ramasse Capitan et ce nom dérisoire, je l’adopte, car il n’est pas de nom qu’on ne puisse porter sur le chemin de l’honneur ; mais sachez que la bassesse et la lâcheté ont toujours fait d’un nom, même très haut placé, le synonyme de Polichinelle.
- L’insolence est un luxe qui peut coûter très cher, Monsieur. Elle me divertit beaucoup. Mais tout le monde n’est pas comme moi (rire), méfiez-vous !
 
" Le Capitan ", un film d'André Hunebelle (1960) avec Jean Marais, d’après le roman de Michel Zévaco . Réédition en DVD: René Chateau.


CONCINI (Concino), aventurier italien (Florence ? - + Paris 1617). Fils d'un notaire florentin et petit-fils de de ministres du grand-duc de Toscane, il réussit à se glisser dans la suite de Marie de Médicis quand elle vint épouser Henri IV. Son mariage avec Léonora Galigaï, fille de la nourrice de la reine, lui assura les bonnes grâces de cette dernière et, après la mort du roi, tous les profits du pouvoir. Il eut successivement le gouvernement d'Amiens, la lieutenance générale de la Picardie, puis celle de la Normandie. Maréchal d'Ancre, il fut nommé premier gentilhomme de la Chambre du roi et, en 1613, créé maréchal de France sans avoir jamais combattu. Pendant trois ans, il fut réellement Premier ministre du royaume. En 1616, il évaluait sa fortune à 7 millions. Par le traité de Loudun (1616), dû à l'habileté de sa femme, il désarma momentanément ses ennemis, Condé et les grands seigneurs. Mais il restait impopulaire du fait de son origine étrangère, de son élévation trop rapide et, surtout, de son avidité notoire. L'influence prise sur Louis XIII par Charles d'Albert de Luynes lui fut fatale. Le jeune roi ordonna son arrestation. Vitry, capitaine des gardes du roi, chargé de l'arrestation, lui fracassa la tête d'un coup de pistolet (Grand Larousse encyclopédique, Paris, 1960).

GALIGAI (Eleanora Dori, dite), femme de Concini, maréchal d'Ancre (Florence v. 1576-Paris 1617). Sans doute fille naturelle d'un gentilhomme florentin, compagne d'enfance de Marie de Médicis, elle la suivit en France lorsque Marie y vint épouser Henri IV; elle épousa Concini (1601) et fut nommée dame d'atours de la reine (1602). Elle était hystérique et avait un pouvoir incroyable sur Marie de Médicis. Après la mort de son mari, elle fut arrêtée, poursuivie pour lèse-majesté et sorcellerie, et décapitée (Grand Larousse encyclopédique, Paris, 1960).

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La famille, cellule naturelle de toute population

24 Novembre 2007 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles

La famille est la cellule naturelle de toute population humaine ou animale. Tout peuple est une association de familles. La famille est hiérarchique. Celui ou ceux qui gouvernent (le père, la mère) n'ont pas été choisis ni élus par leurs enfants. De même, le gouvernement du peuple est hiérarchique. Celui qui gouverne ne peut être élu que par ses semblables (la noblesse). Pas par les sujets. La famille est donc la forme naturelle du pouvoir politique. C'est pour cette raison qu'à  la tête de l'Etat, il doit y avoir une famille, primus inter pares d’autres familles, et non un individu. Encore moins un(e) célibataire ou un(e) divorcé(e), car la fonction et la justification de celui qui gouverne est la protection et la conservation du groupe: famille ou peuple

Toute famille, en effet est régie dans la forme monarchique par le mâle le plus âgé, de sorte qu’il en est de même pour les extensions de la famille en raison de la parenté de leurs membres (Aristote, Politique, I, 2. Traduction J. Tricot, Vrin, Paris, 2005.)

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Mais où sont les neiges d'antan ?

31 Octobre 2007 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #France

"J'ai vu dans ma vie plusieurs édifices magnifiques, mais jamais aucun plus beau ni plus riche [...]. L'intérieur de ce parc est rempli de forêts, de lacs, de ruisseaux, de pâturages et de lieux de chasse, et au milieu s'élève l'édifice avec ses créneaux dorés, ses ailes couvertes de plomb, ses pavillons, ses terrasses et ses corridors [...]. Nous partîmes de là émerveillés, ou, pour mieux dire, ébahis [...].

Jérôme Lippomano, ambassadeur vénitien (1557)

 

      Ballade des dames du temps jadis

 

Dites-moi où, n'en quel pays,
Est Flora la belle Romaine,
Archipiades, ni Thais,
Qui fut sa cousine germaine,
Écho parlant quand bruit on mène
Dessus rivière ou sus étang,
Qui beauté eut trop plus qu'humaine.
Mais où sont les neiges d'antan ?

Où est la très sage Hélois,
Pour qui châtré fut et puis moine
Pierre Esbaillart à Saint Denis ?
Pour son amour eut cette essoyne.
Semblablement où est la reine
Qui commanda que Buridan
Fut jeté en un sac en Seine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?

La reine Blanche comme lys
Qui chantait à voix de sirène,
Berthe au grand pied, Bietris, Alis,
Haremburgis qui tint le Maine,
Et Jeanne la bonne Lorraine
Qu'Anglais brulèrent à Rouen ;
Où sont-ils, où, Vierge souv'raine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?

Prince, n'enquerrez de semaine
Où elles sont, ni de cet an,
Qu'à ce refrain ne vous ramène :
Mais où sont les neiges d'antan ?
        François Villon
 
 
 
 
Ballade
 
 
France, jadis on te soulait* nommer,
En tous pays, le trésor de noblesse,
Car un chacun pouvait en toi trouver
Bonté, honneur, loyauté, gentillesse,
Clergie, sens, courtoisie, prouesse.
Tous étrangers aimaient te suivre.
Et maintenant vois, dont j'ai déplaisance,
Qu'il te convient maint grief mal soustenir,
Très chrétien, franc royaume de France.
Sais-tu d'où vient ton mal, à vrai parler ?
Connais-tu point pourquoi es en tristesse ?
Conter le veux, pour vers toi m'acquitter,
Ecoute-moi et tu feras sagesse.
Ton grand orgueil, glotonnie, paresse,
Convoitise, sans justice tenir,
Et luxure, dont as eu abondance,
Ont pourchacié vers Dieu de te punir,
Très chrétien, franc royaume de France.
Ne te veuilles pourtant désespérer,
Car Dieu est plein de merci, à largesse.
Va-t'en vers lui sa grâce demander,
Car il t'a fait, déjà piéça, promesse
(Mais que fasses ton avocat Humblesse)
Que très joyeux sera de te guérir;
Entièrement mets en lui ta fiance,
Pour toi et tous, voulut en croix mourir,
Très chrétien, franc royaume de France...
Et je, Charles, duc d'Orléans, rimer
Voulus ces vers au temps de ma jeunesse ;
Devant chacun les veux bien avouer,
Car prisonnier les fis, je le confesse ;
Priant à Dieu, qu'avant qu'aie vieillesse,
Le temps de paix partout puisse avenir,
Comme de coeur j'en ai la désirance,
Et que voie tous tes maux brief finir,
Très chrétien, franc royaume de France !
 
 
Charles d’Orléans (1394-1465)
 
(*) avait l'habitude
 
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Vladimir Arseniev (1872-1930) et Dersou Ouzala

28 Octobre 2007 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #Exploration, #Russie

 

 

L'explorateur russe Vladimir Arseniev (1872-1930)

 

Vladirmir Arseniev et le chasseur gold Dersou Ouzala.

Illustration tirée de l'ouvrage de Vladimir Arseniev: La taïga de l'Oussouri - Mes expéditions avec le chasseur gold Dersou. Paris, Payot, 1939

 

"Au cours de l'année 1902, lors d'une mission que j'accomplissais à la tête d'une équipe de chasseurs, je remontais la rivière Tzimou-khé qui se jette dans la baie de l'Oussouri, près du village de Chkotovo. Mon convoi se composait de six tireurs sibériens et comportait quatre chevaux chargé s de bagages. L'objet de cette mission était l'étude pour les services de l'armée de la région de Chkotovo et l'exploration des cols du massif montagneux du Da-dian-chan où prennent leurs sources quatre fleuves: le Tzimou, le Maï-khé, la Daoubi-khé et le Léfou. je devais ensuite reveler toutes les pistes avoisinant le lac de Hanka et le chemin de fer de l'Oussouri." (p. 11)

[...]

 

"Comment t'appelles-tu ?" demandai-je à l'inconnu.

"Dersou Uzala", répondit-il.

Cet homme m'intéressait. Il avait quelquechose de particulier. parlant d'une manière simple et à voix basse, il se comportait avec modestie, mais sans la moindre bassesse...

Au cours de notre longue conversation, il me raconta sa vie. J'avais devant moi un chasseur primitif qui avait passé toute son existence dans la taïga. Il gagnait par son fusil de quoi vivoter, échangeant les produits de sa chasse contre du tabac, du plomb et de la poudre que lui fournissaient les Chinois. Sa carabine était un héritage qui lui venait de son père.

Il me dit qu'il avait cinquante-trois ans et que jamais il n'avait eu de domicile. Vivant toujours en plein air, ce n'est qu'en hiver qu'il s'aménageait une "yourte" provisoire, faite soit en racine, soit en écorce de bouleau. Ses souvenirs d'enfance les plus reculés, c'étaient la rivière, une hutte, un bûcher, ses parents et sa petite soeur. (p. 21)

Vladimir Arseniev. La taïga de l'Oussouri. Mes expéditions avec le chasseur gold Dersou. Traduit du russe par le prince Pierre P. Wolkonsky. Payot, Paris, 1939.

 

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La cantilène de Sainte Eulalie (878)

23 Octobre 2007 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #Lettres, #France, #Histoire

 
" Ce poème français se donne comme une transposition romane des hymnes d'église (ou séquences ) en latin.
Il a été composé à l'abbaye de Saint-Amand près de Valenciennes peu après 878, date à laquelle on a découvert les reliques de la sainte.
Il raconte l'histoire d'une jeune fille martyre qui souhaite conserver sa virginité et sa foi dans le Christ plutôt que de succomber au diable (diaule) et à la déchéance morale.
Le texte comprend vingt-neuf vers rythmiques construits sur l'alternance de temps forts et de temps faibles."
 
 
Le manuscrit se trouve à la Bibliothèque municipale de Valenciennes: 150 (olim 143) fol.141v
 
 
 
Buona pulcella fut Eulalia.
Eulalie était une bonne jeune fille.
Bel avret corps, bellezour anima.
Elle avait le corps beau et l'âme plus belle encore.
Voldrent la veintre li Deo inimi,
Les ennemis de Dieu voulurent la vaincre;
Voldrent la faire diaule servir.
Ils voulurent lui faire servir le Diable.
(5) Elle no'nt eskoltet les mals conselliers
Elle n'écoute pas les mauvais conseillers
Qu'elle De o raneiet, chi maent sus en ciel,
qui lui demandent de renier Dieu qui demeure au ciel là-haut,
Ne por or ned argent ne paramenz
Ni pour de l'or, ni pour de l'argent, ni pour des bijoux
Por manatce regiel ne preiement.
Ni par la menace ni par les prières du roi.
Niule cose non la pouret omque pleier
Rien ne put jamais la faire plier ni amener
(10)La polle sempre non amast lo Deo menestier.
La jeune fille à ne pas aimer toujours le service de Dieu.
E por o fut presente de Maximiien,
Et pour cette raison elle fut présentée à Maximien
Chi rex eret a cels dis soure pagiens.
Qui était en ces temps-là le roi des païens .
Il li enortet, dont lei nonque chielt,
Il lui ordonna, mais peu lui chaut,
Qued elle fuiet lo nom chrest iien.
De renoncer au titre de chrétienne.
(15)Ell'ent adunet lo suon element:
Elle rassemble sa force.
Melz sostendreiet les empedementz
Elle préfère subir la torture plutôt
Qu'elle perdesse sa virginitét;
Que de perdre sa virginité.
Por os furet morte a grand honestét.
C'est pourquoi elle mourut avec un grand honneur.
Enz enl fou lo getterent com arde tost.
Ils la jetèrent dans le feu pour qu'elle brûlât vite.
(20)Elle colpes non avret, por o nos coist
Elle n'avait pas commis de faute, aussi elle ne brûla point.
A czo nos voldret concreidre li rex pagiens.
Le roi païen ne voulut pas accepter cela.
Ad une spede li roveret tolir lo chieef.
Avec une épée, il ordonna de lui couper la tête.
La domnizelle celle kose non contredist:
La jeune fille ne protesta pas contre cela.
Volt lo seule lazsier, si ruovet Krist.
Elle veut quitter le monde; elle prie le Christ.
(25)In figure de colomb volat a ciel.
Sous la forme d'une colombe, elle s'envole au ciel.
Tuit oram que por nos degnet preier
Prions tous qu'elle daigne intercéder pour nous,
Qued auuisset de nos Christus mercit
Afin que le Christ ait pitié de nous
Post la mort et a lui nos laist venir
Après la mort et nous laisse venir à lui
Par souue clementia
Par sa clémence.
 
 
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Les fils du diable

1 Octobre 2007 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #Ile de France

+ "Vous êtes les fils du diable, leur disait Jésus-Christ, et vous voulez accomplir les désirs de votre père; il fut homicide dès le commencement, et il ne demeura pas dans la vérité: quand il dit des mensonges, c'est de lui-même qu'il parle, parce qu'il est menteur et père du mensonge." +

Jean, VIII, 44

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Louis XIII consacre la France à Notre Dame de l'Assomption

1 Octobre 2007 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #religion, #France, #Histoire

Le 10 février 1638, le roi de France, Louis XIII (1601-1643), pour proclamer sa reconnaissance ainsi que celle de tout son royaume à Marie, après la naissance d'un héritier -le futur Louis XIV- et pour lui prouver sa confiance absolue, formule un vœu de consécration de lui-même, de sa famille et de la France, à Notre Dame de l'Assomption. Ce vœu a été publié sous la forme de l'édit dont voici le texte intégral :
 
"Dieu qui élève les rois au trône de leur grandeur, non content de nous avoir donné l'esprit qu'il départ à tous les princes de la terre pour la conduite de leurs peuples, a voulu prendre un soin si spécial et de notre personne et de notre Etat, que nous ne pouvons considérer le bonheur du cours de notre règne, sans y voir autant d'effets merveilleux de sa bonté, que d'accidents qui nous pouvaient perdre.
Lorsque nous sommes entrés au gouvernement de cette couronne, la faiblesse de notre âge donna sujet à quelques mauvais esprits d'en troubler la tranquillité; mais cette main divine soutint avec tant de force la justice de notre cause, que l'on vit en même temps la naissance et la fin de ces pernicieux desseins. En divers autres temps, l'artifice des hommes et la malice du diable ayant suscité et fomenté des divisions non moins dangereuses pour notre couronne que préjudiciables au repos de notre maison, il lui a plu en détourner le mal avec autant de douceur que de justice. La rebellion de l'hérésie ayant aussi formé un parti dans l'Etat, qui n'avait d'autre but que de partager notre autorité, il s'est servi de nous pour en abattre l'orgueil, et a permis que nous ayons relevé ses saints autels en tous les lieux où la violence de cet injuste parti en avait ôté les marques.
Quand nous avons entrepris la protection de nos alliés, il a donné des succès si heureux à nos armes, qu'à la vue de toute l'Europe, contre l'espérance de tout le monde, nous les avons rétablis en la possession de leurs Etats dont ils avaient été dépouillés. Si les plus grandes forces des ennemis de cette couronne, se sont ralliées pour conspirer sa ruine, il a confondu leurs ambitieux desseins pour faire voir à toutes les nations que, comme sa providence a fondé cet Etat, sa bonté le conserve et sa puissance le défend.
Prenant la très sainte et très glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre Etat, notre couronne et nos sujets
Tant de grâces si évidentes font que pour n'en différer pas la reconnaissance, sans attendre la paix, qui nous viendra de la même main dont nous les avons reçues, et que nous désirons avec ardeur pour en faire sentir les fruits aux peuples qui nous sont commis, nous avons cru être obligés, nous proternant aux pieds de sa majesté divine que nous adorons en trois personnes, à ceux de la Sainte Vierge et de la sacrée croix, où nous vénérons l'accomplissement des mystères de notre rédemption par la vie et la mort du Fils de Dieu en notre chair, de nous consacrer à la grandeur de Dieu par son Fils rabaissé jusqu'à nous et à ce Fils par sa Mère élevée jusqu'à lui ; en la protection de laquelle nous mettons particulièrement notre personne, notre Etat, notre couronne et tous nos sujets pour obtenir par ce moyen celle de la Sainte Trinité, par son intercession et de toute la cour céleste par son autorité et exemple, nos mains n'étant pas assez pures pour présenter nos offrandes à la pureté même, nous croyons que celles qui ont été dignes de le porter, les rendront hosties agréables et c'est chose bien raisonnable qu'ayant été médiatrice de ces bienfaits, elle le soit de nos actions de grâces.
A ces causes, nous avons déclaré et déclarons que prenant la très sainte et très glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre Etat, notre couronne et nos sujets, la suppliant de nous vouloir inspirer une sainte conduite et défendre avec tant de soin ce royaume contre l'effort de tous ses ennemis, que, soit qu'il souffre le fléau de la guerre, ou jouisse de la douceur de la paix que nous demandons à Dieu de tout notre cœur, il ne sorte point des voies de la grâce qui conduisent à celles de la gloire. Et afin que la postérité ne puisse manquer à suivre nos volontés en ce sujet, pour monument et marque immortelle de la consécration présente que nous faisons, nous ferons construire de nouveau le grand autel de l'Eglise cathédrale de Paris avec une image de la Vierge qui tienne en ses bras celle de son précieux Fils descendu de la Croix et où nous serons représentés aux pieds du Fils et de la Mère comme leur offrant notre couronne et notre sceptre.
Exhortons pareillement tous les archevêques et évesques de notre royaume et néanmoins leur enjoignons de faire célébrer la même solennité en leurs églises épiscopales et autres églises de leur diocèse
Nous admonestons le sieur archevêque de Paris et néanmoins lui enjoignons que tous les ans le jour et fête de l'Assomption, il fasse faire commémoration de notre présente déclaration à la grand'messe qui se dira en son Eglise cathédrale et qu'après les vêpres du dit jour, il soit fait une procession en la dite Eglise à laquelle assisteront toutes les compagnies souveraines et le corps de ville, avec pareille cérémonie que celle qui s'observe aux processions générales les plus solennelles; ce que nous voulons aussi être fait en toutes les églises tant paroissiales que celles des monastères de la dite ville et faubourgs et en toutes les villes, bourgs et villages du dit diocèse de Paris.
Exhortons pareillement tous les archevêques et évesques de notre royaume et néanmoins leur enjoignons de faire célébrer la même solennité en leurs églises épiscopales et autres églises de leur diocèse; entendant qu'à la dite cérémonie les Cours de Parlement et autres compagnies souveraines et les principaux officiers de ville y soient présents ; et d'autant qu'il y a plusieurs épiscopales qui ne sont pas dédiées à la Vierge, nous exhortons les dits archevesques et évesques en ce cas de lui dédier la principale chapelle des dites Eglises pour y être faite la dite cérémonie et d'y élever un autel avec un ornement convenable à une action si célèbre et d'admonester tous nos Peuples d'avoir une dévotion particulière a la Vierge, d'implorer en ce jour sa protection afin que sous une si puissante patronne notre royaume soit à couvert de toutes les entreprises de ses ennemis, qu'il jouisse largement d'une bonne paix ; que Dieu y soit servi et révéré si saintement à la dernière fin pour laquelle nous avons été créés ; car tel est notre plaisir.
 
Louis,
 
par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre"
 
 
Lors de la proclamation du vœu de Louis XIII, la Reine Anne d'Autriche son épouse, est enceinte depuis deux mois. Le 5 septembre 1638, elle accouche d'un garçon que l'on prénomme Louis-Dieudonné et qui deviendra Louis XIV. Quant à la fête de l'Assomption, le 15 août, elle est officiellement, depuis le voeu de Louis XIII, une fête nationale française.
 
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Au coeur de la France

1 Octobre 2007 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #Ile de France, #France, #Lettres

Je me représentais un château du temps de Henri IV avec ses toits pointus couverts d'ardoises et sa face rougeâtre aux encoignures dentelées de pierres jaunies, une grande place verte encadrée d'ormes et de tilleuls, dont le soleil couchant perçait le feuillage de ses traits enflammés. Des jeunes filles dansaient en rond sur la pelouse en chantant de vieux airs transmis par leurs mères, et d'un français si naturellement pur, que l'on se sentait bien exister dans ce vieux pays du Valois, où, pendant plus de mille ans, a battu le coeur de la France.

Gérard de Nerval, Les filles du feu, Adrienne.

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