L'homme est-il la mesure de toutes choses ?
St François d'Assise parlant aux oiseaux
L'homme est-il la mesure de toutes choses ? comme le prétendait Protagoras, sophiste grec du Ve siècle avant J.-C. ? L'homme n'est qu'une espèce parmi les centaines de milliers qui habitent la planète appelée "Terre". Si l'homme est la mesure de toutes choses, alors le chêne, qui vit dix siècles, l'est aussi, comme le papillon, qui ne vit que quelques semaines, ou comme l'éphémère, qui ne vit que quelques jours. L'orchidée Platanthera chlorantha, à l'exquis parfum, qui fleurit en ce moment sur les talus forestiers d'Ile de France, le bouvreuil à la gorge pivoine parmi les chatons d'un saule en fleur un matin de printemps, le rouge-queue noir qui pousse son cri grinçant du faîte d'un toit, le chamois, la salamandre tachetée, le lichen Rhizocarpon geographica qui tapisse de jaune et noir les rochers nordiques, l'Ericacée Kalmia polifolia dont les délicates fleurs rose foncé décorent la toundra, le bélouga, l'orang-outang, le brochet, le lézard vert, la libellule, etc., chacune des espèces vivantes, animale ou végétale, est la mesure de toutes choses, comme le sont aussil'air, l'eau ou le feu. Pour ne parler que de notre planète Terre, car nous faisons partie du système solaire, qui fait-lui même partie de la Galaxie de la Voie Lactée, qui fait elle-même partie du Super-amas de la Vierge, et il n'y a aucune raison de penser que la vie n'existe pas ou n'ait pas existé ailleurs dans l'univers.
Dire que l'homme est la mesure de toutes choses est donc une affirmation irréaliste, illusoire et orgueilleuse de la part de l'homme, ou plutôt de quelques-uns de ses représentants, et qui a pour effet de le séparer de la nature et du cosmos et de légitimer son pouvoir despotique sur les autres êtres vivants et sur le délicat équilibre, comme le climat, qui unit ce qui est.
Cette pensée humaniste et moderne, typiquement occidentale, s'oppose à la pensée cosmique, sauvage et typiquement asiatique, elle-même héritière de la pensée préhistorique. Elle est d'autant plus absurde et folle que, lorsqu'un homme meurt, son corps se décompose et se (re) transforme en une chaîne infinie d'autres êtres vivants, les plus variés, tandis que son esprit se fond dans l'Esprit de la nature, qui anime toutes choses.
Car
Comme l'homme fait partie de la nature, l'esprit de l'homme fait partie de l'Esprit de la Nature.
由于人是性质的一部分,人的精神是性质之灵的一部分
Yóuyú rén shì Xìngzhì de yībùfèn, rén de jīngshén shì Xìngzhì zhī líng de yībùfèn*
La mort est une renaissance, aussi bien physique que spirituelle.
L'Humanité n'existe donc pas, sinon dans notre imagination. Chaque être humain n'est être humain que l'espace de quelques années ou dizaines d'années. De même que l'homme actuel n'est qu'une étape dans une longue évolution qui l'a fait naître dans l'océan global, devenir un petit mammifère de la canopée puis hominidé bipède. Evolution exprimée en raccourci dans celle de l'embryon et du foetus humain, Nous sommes ainsi appelés à redevenir arbre, insecte, oiseau, poisson, mammifère, plante, nématode, bactérie, dans une suite ininterrompue de métamorphoses et, à y bien réfléchir, nous devrions nous sentir plus proches de tous nos autres frères naturels que des autres hommes. Car qui est plus différent d'un homme qu'un autre homme ? Les arbres, les insectes, les oiseaux, les poissons, les mammifères sauvages, les plantes, les nématodes, les bactéries, humblement, ne se comportent pas comme si chacun d'eux était "la mesure du monde". Ils appartiennent aux écosystèmes qui forment la nature. "Le Grand Ensemblier", comme disait l'institutrice Isabelle dans Intermezzo de Giraudoux...
L'affirmation de Protagoras est donc contraire à toute vraie sagesse. La vraie sagesse consiste à aimer la nature plus que l'homme.
Pierre-Olivier Combelles
*P.O.C.
Image contre langage (Jean-Claude Paye)
À travers l’étude des lois et des « affaires terroristes », cet essai articule critique juridique, politique et concepts de la psychanalyse. Il porte sur l’annulation de la fonction du langage au profit du règne de l’image.
La langue de la lutte « antiterroriste » opère un renversement de l’ordre juridique et politique. La mise en scène de l’abandon des droits de la défense ou de la fin de la séparation des pouvoirs en atteste. Cette monstration nous engage dans une transformation plus profonde, celle d’une mutation de l’ordre symbolique de la société, de ce qui fait de nous des « parlêtres ».
Un individu devient terroriste, non pas pour avoir commis un acte déterminé, mais parce qu’il est montré comme tel. L’image du terrorisme est englobante. Elle dissout le caractère séparateur du langage. L’acte et l’organisation terroristes n’acquièrent une matérialité que comme objets du regard du pouvoir
Le fait que l’annulation de nos libertés prenne la forme de la loi nous indique qu’il s’agit avant tout d’obtenir notre consentement, de promouvoir la participation des citoyens à leur abandon. La loi est renversée en son contraire. Elle devient suppression de toute limite à la volonté de puissance du pouvoir.
Extrait de l'avant-propos
L'objectif de ce livre ne se limite pas à mettre en lumière le bouleversement de l'ordre de droit. Le travail a déjà été effectué en grande partie dans un ouvrage précédent. De telles analyses, basées sur l'étude objective des textes, sont actuellement difficilement recevables car il n'y a plus de séparation entre l'observation et le regard. Nous vivons dans une époque où la référence aux faits relève de la «théorie du grand complot». Tout ce qui donne un point de vue ou dévoile des événements qui pourraient ébranler le rapport d'amour, de fusion entre l'individu et la Mère symbolique, l'État maternel, doit être expulsé du champ de la vision. Le problème n'est donc pas seulement de réaffirmer la primauté des faits, mais de leur construire un espace, afin de les rendre inscriptibles, c'est-à-dire, saisissables, non pas par la conscience, par la faculté de juger, mais recevables par l'inconscient, par ce qui permet à la conscience d'émerger.
Pour ce faire, il faut rétablir la fonction du langage qui consiste à représenter le réel. Ainsi, les concepts de la psychanalyse s'avèrent indispensables. Au moment où l'on nous intime de nous taire et de nous abandonner à la machine jouissante, la psychanalyse nous montre qu'il n'y a d'homme que parlant. Promouvoir le principe de réalité, construire un discours qui rétablit la primauté de l'objectivité sur le sentiment et l'émotion, ne suffit plus. En même temps que de construire une analyse du réel, il est nécessaire de rétablir les conditions pour que la parole émerge et puisse être entendue.
La décomposition du rapport social est telle que l'installation d'une structure politique démocratique passe par le rétablissement d'un ordre symbolique, de ce qui fait de nous des êtres humains. Ce ne sont pas uniquement nos libertés qui sont attaquées, mais ce qui nous constitue en tant que sujets, des êtres de désir susceptibles de s'inscrire dans le devenir... Le niveau imaginaire, ce qui organise le lien social, est détruit. Il n'y a plus de cran d'arrêt au circuit pulsionnel. Nous sommes installés dans une matrice psychotique et non plus dans une structure névrotique, où l'individu n'est plus un être parlant, mais est parlé, procréé par l'autre et où le virtuel se confond avec le réel. Nous sommes également insérés dans des rapports interindividuels relevant de la perversité, qui nous intiment de jouir de cette psychose, qui font de nous des machines jouissantes.
Dans un tel contexte, fournir les armes de la critique et assurer la critique de ces armes ne suffit plus, car nous ne sommes plus dans le langage. Nous n'avons plus les mots pour dire, pour opposer une critique et ainsi, dans un même mouvement, déterminer qui est l'ennemi, tout en nous construisant comme sujet social.
(...)
L'auteur : Jean-Claude Paye
Jean-Claude Paye est sociologue. Il est connu grâce à un grand nombre d'articles, dans des revues internationales ou des quotidiens francophones (dont Le Monde Diplomatique, Libération, L'Humanité, Mediapart, etc.) portant sur le bouleversement du droit pénal, induit par la "lutte antiterroriste". Il s'est d'abord intéressé aux réformes de la police et de la justice en Belgique. Il en est sorti un premier livre : Vers un Etat policier en Belgique (EPO, 1999). Le côté international de ses travaux sur la mutation du juridique a été confirmé par le livre La Fin de l'Etat de droit (La Dispute, 2004), et par Global War on Liberty (TELOS Press, USA, 2007). Ces ouvrages ont été traduits dans les principales langues européennes. Il vit à HUY, en Belgique, et contribue régulièrement au Réseau Voltaire.
Source: Réseau Voltaire: http://www.librairie-voltairenet.org/index.php?id_product=78&controller=product
Article: Le droit états-unien s'impose sur le territoire européen, par Jean-Claude Paye (Réseau Voltaire): http://www.voltairenet.org/article184067.html
Humilité et noblesse (Peirol d'Auvergne)
Quand noblesse devient humble, humilité s'ennoblit.
Peirol d'Auvergne, troubadour (mort dans les années 1220)
http://en.wikipedia.org/wiki/Peirol
Quant Amors Bonhoure (Peirol d'Auvergne) : http://www.dailymotion.com/video/xac673_troubadour-peirol-d-auvergne-quant_music
Se "regonfler" contre un chêne (Henri Vincenot)
Chêne foudroyé qui a survécu. Forêt de Rambouillet (Yvelines)
Photo: Pierre-Olivier Combelles
« Si jamais tu es patraque, me disait le grand-père Sandrot, mets-toi le dos contre un beau chêne de futaie (chêne sauvage qui a poussé tout seul) ou un « moderne » de belle venue (chêne qui a été planté). Colle-toi les talons, les fesses, le dos et le « creuteu » (la partie postérieure du crane, l'occiput) contre le tronc, tourné vers le sud, la paume des mains bien à plat sur l'écorce, et restes-y aussi longtemps que tu pourras…une heure, si tu en a la patience : Guari ! Regonflé à péter que tu seras ! Regonflé de quoi ? Regonflé de vie, garçon ! Et c'est facile à comprendre : l'arbre suce sa vie dans la terre, ça remonte par ses racines et par son tronc, et il la suce aussi dans le ciel par ses feuilles, et ça descend par ses branches. Ca circule dans les deux sens, tu comprends ? Et toi tu te requinques au passage ! C'est comme ça qu'ils se regôgnaient nos anciens ! ».
Henri Vincenot (La Billebaude, Gallimard Folio N° 1370, p. 139)
Chênes rouvres en automne. Forêt de Rambouillet (Yvelines)
Photo: Pierre-Olivier Combelles
Etienne Chouard: L'abandon de la création monétaire, la dette publique, l'intérêt de la dette et l'impôt sur le revenu...
Vidéo: https://www.youtube.com/watch?v=33Fq51TVohs
Coup d'oeil sur la bibliothèque d'Etienne Chouard: https://www.youtube.com/watch?v=vpQ-TxbZgnA
Etienne Chouard va jusqu'au fond des choses avec une une rigueur, une droiture, une honnêteté, une simplicité, une clarté totales, mais il reste, semble-t-il, dans le cercle de la civilisation occidentale. Je ne vois pas de livres sur l'Asie, sur l'Océanie, l'Amérique précolombienne, etc.
Plutarque a dit des choses très profondes sur l'argent à propos de Sparte, mais c'est dans le livre du médecin et ethnologue Robert Gessain, Ammassalik ou la civilisation obligatoire (Flammarion, Paris, 1969) qu'on trouve la réflexion la plus juste et la plus profonde à ce sujet:
Site internet d'Etienne Chouard: http://etienne.chouard.free.fr/
Nouveau site internet d'Etienne Chouard: http://chouard.org/blog/
Entretien avec le mouvement Colibris (juillet 2012): "Il n'y a qu'un seul lance-flammes: le suffrage universel, qui donne le pouvoir aux plus riches" " Pour voter les lois, c'est les citoyens: c'est cela la démocratie" "Ce n'est pas aux hommes au pouvoir d'écrire les règles du pouvoir" "La cause, c'est notre impuissance politique" (E. Chouard) : http://vimeo.com/60549492
En vrac: pépites de pensées récoltées par Etienne Chouard: http://etienne.chouard.free.fr/Europe/En_Vrac.pdf
Pieds nus sur la terre sacrée (Chef Luther Standing Bear)
Le Lakota était empli de compassion et d'amour pour la nature. Il aimait la terre et toutes les choses de la terre, et son attachement grandissait avec l'âge. Les vieillards étaient - littéralement- épris du sol et ne s'asseyaient ni ne se reposaient à même la terre sans le sentiment de s'approcher des forces maternelles. La terre était douce sous la peau et ils aimaient à ôter leurs mocassins et à marcher pieds nus sur la terre sacrée. Leurs tipis s'élevaient sur cette terre dont leurs autels étaient faits. L'oiseau qui volait dans les airs venait s'y reposer, et la terre portait sans défaillance, tout ce qui vivait et poussait. Le sol apaisait, fortifiait, lavait et guérissait.
C'est pourquoi les vieux Indiens se tenaient à même le sol plutôt que de rester séparés des forces de vie. S'asseoir ou s'allonger ainsi leur permettait de penser plus profondément, de sentir plus vivement; ils contemplaient alors avec une plus grande clarté les mystères de la vie et ils se sentaient plus proches de toutes les forces vivantes qui les entouraient...
Ces relations qu'ils entretenaient avec tous les êtres sur la terre, dans le ciel ou au fond des rivières étaient un des traits de leur existence. Ils avaient un sentiment de fraternité envers le monde des oiseaux et des animaux qui leur gardaient leur confiance. La familiarité était si étroite entre certains Lakotas et leurs amis à plumes ou à fourrure, que, tels des frères, ils parlaient le même langage.
Le vieux Lakota était un sage. Il savait que le coeur de l'homme éloigné de la nature devient dur; il savait que l'oubli du respect dû à ce qui pousse et à ce qui vit amène également à ne plus respecter l'homme. Aussi maintenait-il les jeunes gens sous la douce influence de la nature.
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L'homme qui s'est assis sur le sol de son tipi, pour méditer sur la vie et son sens, a su accepter une filiation commune à toutes les créatures et a reconnu l'unité de l'univers; en cela, il infusait à son être l'essence même de l'humanité. Quand l'homme primitif abandonna cette forme de développement, il ralentit son perfectionnement.
Chef Luther Standing Bear. Land of the Spotted Eagle. Boston: Houghton Mifflin, 1933.
In: T.C. McLuhan, Pieds nus sur la terre sacrée, Denoël, Paris, 1974.
Alfred de Vigny: La mort du loup
Invité d'Arthur Dreyfus sur France-Inter le mardi 27 mai 2014, dans un entretien captivant*, Gilles Boeuf, Président du Muséum national d'Histoire naturelle citait ou plutôt récitait le fameux poème d'Alfred de Vigny que tous les élèves des écoles francaises apprenaient autrefois par coeur. La première moitié. Car l'autre, comme le soulignait Gilles Boeuf, est une condamnation sans appel de la condition de l'homme moderne.
*http://www.franceinter.fr/emission-encore-heureux-gilles-boeuf
I
Les nuages couraient sur la lune enflammée
Comme sur l'incendie on voit fuir la fumée,
Et les bois étaient noirs jusques à l'horizon.
Nous marchions sans parler, dans l'humide gazon,
Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes,
Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes,
Nous avons aperçu les grands ongles marqués
Par les loups voyageurs que nous avions traqués.
Nous avons écouté, retenant notre haleine
Et le pas suspendu. -- Ni le bois, ni la plaine
Ne poussait un soupir dans les airs ; Seulement
La girouette en deuil criait au firmament ;
Car le vent élevé bien au dessus des terres,
N'effleurait de ses pieds que les tours solitaires,
Et les chênes d'en-bas, contre les rocs penchés,
Sur leurs coudes semblaient endormis et couchés.
Rien ne bruissait donc, lorsque baissant la tête,
Le plus vieux des chasseurs qui s'étaient mis en quête
A regardé le sable en s'y couchant ; Bientôt,
Lui que jamais ici on ne vit en défaut,
A déclaré tout bas que ces marques récentes
Annonçait la démarche et les griffes puissantes
De deux grands loups-cerviers et de deux louveteaux.
Nous avons tous alors préparé nos couteaux,
Et, cachant nos fusils et leurs lueurs trop blanches,
Nous allions pas à pas en écartant les branches.
Trois s'arrêtent, et moi, cherchant ce qu'ils voyaient,
J'aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient,
Et je vois au delà quatre formes légères
Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères,
Comme font chaque jour, à grand bruit sous nos yeux,
Quand le maître revient, les lévriers joyeux.
Leur forme était semblable et semblable la danse ;
Mais les enfants du loup se jouaient en silence,
Sachant bien qu'à deux pas, ne dormant qu'à demi,
Se couche dans ses murs l'homme, leur ennemi.
Le père était debout, et plus loin, contre un arbre,
Sa louve reposait comme celle de marbre
Qu'adorait les romains, et dont les flancs velus
Couvaient les demi-dieux Rémus et Romulus.
Le Loup vient et s'assied, les deux jambes dressées
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.
Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris,
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris ;
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante
Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu qui traversaient sa chair
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
Jusqu'au dernier moment où le chien étranglé,
Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.
Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.
Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang ;
Nos fusils l'entouraient en sinistre croissant.
Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.
II
J'ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,
Me prenant à penser, et n'ai pu me résoudre
A poursuivre sa Louve et ses fils qui, tous trois,
Avaient voulu l'attendre, et, comme je le crois,
Sans ses deux louveteaux la belle et sombre veuve
Ne l'eût pas laissé seul subir la grande épreuve ;
Mais son devoir était de les sauver, afin
De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,
A ne jamais entrer dans le pacte des villes
Que l'homme a fait avec les animaux serviles
Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,
Les premiers possesseurs du bois et du rocher.
Hélas ! ai-je pensé, malgré ce grand nom d'Hommes,
Que j'ai honte de nous, débiles que nous sommes !
Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,
C'est vous qui le savez, sublimes animaux !
A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse
Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse.
- Ah ! je t'ai bien compris, sauvage voyageur,
Et ton dernier regard m'est allé jusqu'au coeur !
Il disait : " Si tu peux, fais que ton âme arrive,
A force de rester studieuse et pensive,
Jusqu'à ce haut degré de stoïque fierté
Où, naissant dans les bois, j'ai tout d'abord monté.
Gémir, pleurer, prier est également lâche.
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
Dans la voie où le Sort a voulu t'appeler,
Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler. "
Alfred de Vigny (1797-1863)
Ecoutez le poème récité par Gérard Philippe:
SURVIVAL: connaissez-vous la face cachée du Brésil ?
‘Nous les Indiens, sommes comme des plantes. Comment pouvons-nous vivre sans notre sol, sans notre territoire?’(Marta Guarani)
(Marta Guarani)
Brésil: ce mot évoque le carnaval, Copacabana et la Coupe du monde de football.
Mais si l'on gratte un peu la surface, on découvre alors sa face cachée, bien plus sombre : l'image que l'on se fait du Brésil élude en effet le traitement révoltant qu’il réserve à ses premiers habitants.
Ses stades de football sont construits sur les terres des Indiens et ses nouvelles sources de financement émanent de leur expropriation et de la spoliation de leurs terres.
Le Brésil est sur le point d’attenter une nouvelle fois aux droits des peuples indigènes en s’appropriant les territoires qu'ils étaient parvenus à conserver.
Les fantômes de la Coupe du monde
Lorsque les premiers Européens débarquèrent au Brésil en 1500, quelque 10 millions d’autochtones vivaient sur cette terre. Au terme de cinq siècles de meurtres, tortures, épidémies et exploitation qui ont ravagé leur population, celle-ci chuta dans les années 1950 à son taux le plus bas jamais atteint : elle ne comptait plus que 100 000 personnes.
L’éminent sénateur et anthropologue Darcy Ribeiro estimait qu’au siècle dernier une tribu disparaissait tous les deux ans et il prédisait une extinction totale des Indiens d’ici 1980. On estime à 1 500 le nombre de tribus ayant disparu depuis l’an 1500.
Pour certains autres groupes, leur taille a été tellement réduite qu’ils ne comptent même plus les 11 membres nécessaires pour composer une équipe de football :
5: Tribu Akuntsu (Etat de Rondônia)
4: Tribu Juma (Etat d’Amazonas)
3: Tribu Piripkura (Etat de Rondônia)
2: Indiens de la rivière Tapirapé (Etat de Maranhão). (L’un d’eux étant probablement décédé aujourd’hui)
1: ‘Le dernier de sa tribu’/ ‘l’homme dans le trou (Etat de Rondônia)
Lisez la suite sur le site de Survival France: http://www.survivalfrance.org/coupedumonde
Indiens du Brésil: http://www.survivalfrance.org/peuples/bresil
Jeune Guarani. Photo par Claude Lévi-Strauss
Etienne Chouard : L'Union Européenne est un piège fasciste et antisocial
Visionnez la vidéo sur You Tube: https://www.youtube.com/watch?v=7EhbGQUoy5o
Et réécoutez Etienne Chouard expliquer magistralement la "crise" économique et le mécanisme de la création monétaire, de la dette publique et des intérêts qui en découlent (les "biens fertiles" comme dit Attali: l'usure): https://www.youtube.com/watch?v=GrihOt79upQ
Le Message.org: http://www.le-message.org/
Terres de schiste (Grégory Lassalle / Les Amis de la Terre-France)
Sa sortie le 13 mai 2014 a été accompagnée de la sortie d'un rapport d'enquête "Repousser les limites".
France, 2011 : suite à la mobilisation citoyenne, une loi est votée, interdisant la fracturation hydraulique sur le territoire français, avec notamment pour conséquence l'abrogation du permis dit de Montélimar, qui avait initialement été accordé à Total. Mais rien n'empêche cette entreprise d'aller exploiter les gaz et huiles de schiste ailleurs, en Europe et dans le monde.
Second opérateur de gaz en Argentine, Total acquiert avant toutes les autres grandes multinationales du secteur, des permis de gaz non conventionnels dans la province de Neuquén en Patagonie, y compris au sein d'une aire naturelle protégée. Le bassin de Vaca Muerta, qui s'étend sur 30 000 km 2 devient vite le nouvel eldorado des compagnies pétrolières telles que Chevron, YPF, Shell, Apache : l'Argentine serait le troisième pays mondial en terme de réserves potentiellement exploitables de gaz et pétrole de schiste.
Accaparement de terres, répression... les populations, notamment les communautés Mapuche et les petits paysans, qui souffrent déjà des impacts de décennies d'exploitation conventionnelle de pétrole et gaz se retrouvent piégées par la compagnie nationalisée et les majors étrangères. Le gouvernement a donné son accord sans les consulter. La résistance commence.
.....
La sortie du documentaire Terres de schiste a lieu à l'occasion de la présence à Paris de deux représentants des communautés affectées en Argentine, venus demander des comptes à Total, qui tiendra son assemblée générale d'actionnaires le vendredi 16 mai. L'occasion aussi d'interpeller le gouvernement français sur la nécessité de reconnaître la responsabilité légale des maisons-mères des multinationales sur les activités de leurs filiales et sous-traitants à l'étranger.
Ils se rendront ensuite aux Pays-Bas (siège de Shell), en République Tchèque, Hongrie et Pologne, puis en Espagne.
Grégory Lassalle avait déjà réalisé un premier film sur les méfaits des multinationales à l'étranger: "Des dérives de l'art aux dérivés du pétrole" sur l'entreprise pétrolière franco-britannique Perenco au Guatemala...et au Musée du Quai Branly: http://www.dailymotion.com/video/xss12k_l-entreprise-de-petrole-perenco-au-guatemala-et-au-quai-branly_news
Site internet du film: http://terresdeschiste.fr/fr/accueil/
Visionnez la bande-annonce sur VIMEO : http://vimeo.com/92919698