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Rouge et Blanc, ou le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste
Articles récents

It is dangerous for tohunga Pakeha to share tapu knowledge with tutuaa

16 Février 2014 , Rédigé par Béthune

 

Io, Io-matua-kore, Io-taketake, Io the parentless, Io the root foundation of all things.

 

The Reverend Maori Marsden tells of a discussion he held with some of his elders on his return from the Second World War. He was talking about the war and in particular about the atom bomb. One elder asked him to explain the difference between the atom bomb and an ordinary bomb. Maori Marsden took the word hihiri, which means pure energy, and to quote Maori: "Here I recalled Einstein's concept of the real world behind the natural world as being comprised of 'rythmical patterns of pure energy', and said to him that this was essentially the same concept. He then exclaimed "Do you mean to tell me that the Pakeha scientists (tohunga Pakeha) have managed to rend the fabric (kahu) of the universe?" I said "Yes." "I suppose they shared their knowledge with the tutuaa (politicians)?" "Yes." "But do they know how to sew (tuitui) it back together again?" "No!" "That's the trouble with sharing such 'tapu' knowledge. Tutuaa will always abuse it".

 

This story gives some insight into the Maori understanding of Io as well as one explanation of why the knowledge of Io has been held by a few and not disclosed to everybody.

(...)

http://homepages.ihug.co.nz/~dominic/io-writn.html

 

Profitez-en pour lire cet article de sortirdunucleaire.org sur les essais nucléaires francais au Sahara et dans le Pacifique: http://www.sortirdunucleaire.org/Consequences-des-essais-nucleaires

Et faire connaissance avec Moruroa e tatou, l'association des anciens travailleurs et victimes de Moruroa et Fangataufa, sites des essais nucléaires francais dans le Pacifique: http://www.moruroaetatou.com/

 

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L'animal règne sur l'espace, l'arbre sur le temps (Francis Hallé)

16 Février 2014 , Rédigé par Béthune

http://blog.radeau-des-cimes.org/wp-content/uploads/2013/12/A-la-recherche-de-la-biodiversit%C3%A9.jpg

 

A l’occasion de la sortie de «Il était une forêt», rencontre avec le botaniste Francis Hallé, spécialiste de la forêt tropicale

Francis Hallé a défriché un continent inconnu, la canopée. A bord du «Radeau des cimes», une nacelle gonflable, il a exploré le dernier étage de la forêt, un écosystème vierge abritant une biodiversité phénoménale. Le botaniste et biologiste a changé notre regard sur les plantes en révélant leur «radicale altérité» dans des livres passionnants (Architecture des plantes, Plaidoyer pour l’arbre…) et alerté sans répit l’opinion sur la disparition accélérée des forêts tropicales. Son combat se poursuit avec Il était une forêt.

Le rendez-vous a lieu devant le jardin intérieur d’un grand hôtel lausannois, trois palmiers et bambous frileux. Une jungle? «Plutôt l’exemple de notre volonté de domestiquer la nature, rectifie doucement Francis Hallé. Un mélange de plantes d’Asie et d’Amérique. Mais c’est mieux que rien, non?»

 

La Temps: Au premier plan d’«Il était une forêt», vous dessinez tranquillement dans la jungle. Sans crainte des insectes et des reptiles?

Francis Hallé : C’est un des buts du film: débarrasser les forêts de l’étiquette «enfer vert». Pour la plupart des Européens, la forêt tropicale est moche, inutile, dangereuse, inintéressante.

Alors, si on peut sortir du fric en la détruisant, pourquoi se priverait-on? Faire un dessin prend une bonne heure. C’est une façon de se rapprocher du temps de l’arbre – un être terriblement mobile mais sur une échelle qui n’est pas celle de l’être humain. Je ne cours aucun danger. Quand on s’habitue à ce milieu, on éprouve un sentiment de plénitude étonnant. J’ai besoin des forêts comme antidote aux contraintes de la vie contemporaine: le bruit, la vitesse, le béton, le bitume, la bagnole, le fric…

– D’où vient la mauvaise réputation des forêts tropicales?

– Ce sont des séquelles de l’époque coloniale. L’explorateur se faisait d’autant plus mousser qu’il disait revenir de régions dangereuses. Toute une littérature coloniale s’ingénie à noircir le tableau. Dans les films d’aventures exotiques, on entre dans la forêt avec une arme à la main. Chaque mètre se gagne à coups de machette. On a grandi dans l’idée du défrichage considéré comme un progrès. Dans les années 50 et 60, les coupeurs de bois en Afrique étaient les champions du développement. On les félicitait.

– La première leçon de la forêt, c’est de l’accepter…

– Oui. Apprécier l’altérité. Un arbre, c’est une forme de vie irréductible à ce qu’on peut apprendre de l’animal ou de l’être humain. Une autre forme de vie, sans queue ni tête, qui peut passer mille ans sans bouger.

– L’arbre a-t-il conscience d’être?

– Bonne question. Certains éléments vont dans ce sens. Par exemple, les arbres timides qui s’arrêtent de pousser à un mètre de leur voisin. Ils ne sont pas démunis de conscience, du moins de sensibilité. On sait à présent que les arbres sont sensibles à la marée, à l’arrivée des tremblements de terre. Ils se défendent contre leurs agresseurs: peut-on se défendre sans avoir conscience d’être? Conscience, je ne sais pas, mais sensibilité, sans aucun doute.

– Dans «Le Seigneur des Anneaux», Tolkien prête conscience aux arbres…

– Oui. Mais, comme pour Avatar, j’éprouve des sentiments partagés à l’égard d’une biodiversité qui n’est pas la nôtre, comme si la nôtre avait démérité, était moins belle que celle de Cameron ou Tolkien. Or notre biodiversité est supérieure aux biodiversités imaginaires. Cameron fait voler des animaux marins. Ce n’est pas faire preuve de tellement d’imagination… J’ai pourtant beaucoup aimé le film.

– «Il était une forêt» réussit à harmoniser le temps de l’homme et le temps de l’arbre à travers des animations…

– Comme on n’avait pas le budget pour rester un siècle dans la forêt, il fallait ces animations pour montrer que les plantes sont mobiles. C’est une question d’échelle. L’animal règne sur l’espace, l’arbre sur le temps. Il en résulte que celui qui domine le temps est aussi le maître de celui qui ne domine que l’espace. Ces êtres vivants qui n’ont pas d’œil et pas de cerveau sont les maîtres. Cela bouleverse notre philosophie. Les animaux sont comme le laquais qui sert le thé à une vieille dame immobile. Les animaux sont manipulés. Ils sont actifs dans la pollinisation, dans la dispersion des fruits, mais vous conviendrez que la sexualité de la plante n’est pas leur problème…

– Si on prolonge votre métaphore, le laquais est en train d’assassiner la vieille dame…

– Oui. C’est trop facile d’assassiner une vieille dame qui ne bouge pas. C’est une question de civilisation. Ces forêts que j’ai vu disparaître au cours de ma vie démontrent à l’évidence que nous manquons de la civilisation nécessaire pour les préserver. C’est terrifiant. Je suis horrifié par le manque de conscience collective. C’est un bien commun, cette Terre – les forêts, mais aussi les récifs coralliens, les fonds sous-marins…

– En supposant qu’on arrive à vivre sur une planète où la biodiversité s’est effondrée, on perdra une dimension symbolique…

– Oui. Il n’est pas certain que l’homme disparaisse réellement, mais des sources d’imagination, de spiritualité, de poésie, d’esthétique, d’activité artistique tariront effectivement. Nous vivrons dans une poubelle, c’est terrifiant, terrifiant…

– Comment se fait-il qu’on ne connaisse pas mieux la biodiversité, ce grouillement de vie, cette imbrication incessante des formes animales et végétales…

– J’ai beaucoup réfléchi à cette question. Lorsqu’on est enfant, on s’intéresse aux bestioles, on s’y projette. Un enfant est passionné par les animaux. Et ses parents lui disent: «Touche pas ça, c’est dangereux, c’est laid, c’est sale.» Alors l’enfant arrête. Ce n’est pas une tendance intrinsèque à l’être humain de trouver la biodiversité répugnante. C’est une mauvaise influence.

– Le film peut-il susciter une prise de conscience?

– C’est certainement un de nos objectifs. Je le compare souvent avec Le Monde du silence du commandant Cousteau. Quand j’étais gamin, il a ouvert mes yeux sur les beautés des fonds sous-marins. Mes collègues océanographes me disent que ce film a lancé leur métier. Je crains malheureusement que ce soit un peu tard pour les forêts primaires.

– Peut-on encore freiner le massacre?

– Les gens qui s’occupent d’exploitation des bois ne nous écoutent pas. Nous sommes sur deux planètes différentes, nous sur la planète Terre, eux sur la planète fric. Rien d’autre ne les intéresse. Je constate que la vitesse des coupes de bois s’accélère. Parce qu’il n’en reste presque plus et que la conscience de la population penche du côté de l’écologie. Alors ils mettent les bouchées doubles. Au Gabon, le viol de la forêt est monstrueux, monstrueux! Pendant le tournage, toutes les cinq minutes nous entendions rugir les tronçonneuses et tomber les arbres…

– Y a-t-il une solution?

– La solution tient en un mot: agroforesterie. Et, pour une fois, les modèles agricoles n’iraient pas des pays riches vers les pays pauvres. Nous sommes les héritiers de l’Empire romain. Les Romains nous ont mis en tête qu’il y a la forêt et l’agriculture, et aucune compatibilité entre les deux. Dans une école de foresterie, vous n’aurez pas un mot sur l’agriculture, dans un lycée agricole, pas un mot sur les forêts. Par le biais de la colonisation, on a introduit ce clivage dans les pays tropicaux. Fort heureusement, certains ont résisté. J’ai été frappé par la côte ouest de Sumatra. C’est un spectacle incroyable. De grandes forêts primaires, où tout est utile. Le seul travail consiste à récolter. De temps en temps, pour cultiver une plante qui nécessite la pleine lumière, vous faites tomber un arbre et vous avez de la lumière pendant quatre ans, ensuite ça se rebouche. Dans la mosaïque, il y aura toujours un site favorable aux plantes de lumière. Ces agroforêts sont admirables et assurent un niveau de vie enviable. C’est notre espoir, et je suis très heureux de voir que la législation européenne s’est modifiée en faveur de l’agroforesterie.

 

Source de cet article: http://www.letemps.ch/Page/Uuid/49c54426-4bce-11e3-b94d-6f22d06ff129/Lanimal_r%C3%A8gne_sur_lespace_larbre_sur_le_tempsemos

 

Une remarque: si, comme dit Francis Hallé, l'arbre (métaphore du végétal) est le maître du temps et de ceux qui vivent dans l'espace (les animaux), comment peut-on l'assassiner ? Comment des forêts primaires entières, avec toute la biodiversité, peuvent être détruites par l'homme ? Il y a là une contradiction. L'homme n'est qu'un détail dans l'histoire de la nature. Les plantes ont vécu des millions d'annés sans lui et lui survivront. Mieux vaut sans doute écrire comme Ernst Jünger:

"Je vois maintenant que nous assistons à une révolution de la terre elle-même. Et ce qu'on peut voir partout, ce sont les manifestations de cette révolution; les armes atomiques, la dévastation de la flore et de la faune. Peut-être que la terre n'a plus besoin de l'homme et qu'il ne lui est peut-être plus nécessaire."(Journal) - P.O.C.

 

Site du Radeau des Cimes où vous pourrez prendre connaissance de la nouvelle mission au Laos: http://blog.radeau-des-cimes.org/

http://www.letemps.ch/Facet/print/Uuid/34c30468-d817-11e1-b6c7-87316167502b/Une_Etoile_pour_explorer_la_canop%C3%A9e_du_Laos

http://www.mediapeps.org/option-future/francis-halle-repart-expedition-canopee-au-laos-a-la-decouverte-de-nouvelles-especes/

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Au-delà de la ligne de l'horizon marin (Joseph Conrad)

15 Février 2014 , Rédigé par Béthune

" Au-delà de la ligne de l'horizon marin, le monde n'existait pas plus pour moi qu'il n'existe pour les mystiques qui se réfugient au sommet des hautes montagnes. Je parle ici de cette vie intérieure, qui renferme ce que nous réservent de meilleur et de pire les profondeurs essentielles de notre être, et où l'homme doit vivre seul sans renoncer pourtant à tout espoir d'un commerce avec ses semblables."

 

Joseph Conrad, Le miroir de la mer, Note de l'auteur. Trad. par G. Jean-Aubry, Gallimard, 1946.

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Sujata Mohapatra danse l'Odissi (Pallavi)

14 Février 2014 , Rédigé par Béthune

http://www.youtube.com/watch?v=N4hbtDs5bpY

 

"Odissi, also known as Orissi (Oriya: ଓଡ଼ିଶୀ oṛiśī), is one of the eight classical dance forms of India. It originates from the state of Odisha, in eastern India. It is the oldest surviving dance form of India on the basis of archaeological evidences.[1][2] The classic treatise of Indian dance, Natya Shastra, refers to it as Odra-Magadhi. 1st century BCE bas-reliefs in the hills of Udaygiri (near Bhubaneswar) testify to its antiquity. It was suppressed under the British Raj, but has been reconstructed since India gained independence. It is particularly distinguished from other classical Indian dance forms by the importance it places upon the Tribhangi (literally: three parts break), the independent movement of head, chest and pelvis[3][4] and upon the basic square stance known as Chauka or Chouka that symbolises Lord Jagannath. This dance is characterised by various Bhangas (Stance), which involves stamping of the foot and striking various postures as seen in Indian sculptures. The common Bhangas are Bhanga, Abanga, Atibhanga and Tribhanga."

 

Extrait de Wikipedia en anglais: http://en.wikipedia.org/wiki/Odissi

 

Sujata Mohapatra danse ici une autre forme d'Odissi, le Magalacharan, une action de grâces au dieu Ganesha: http://www.youtube.com/watch?v=1wX5yHh6DHc

 

Shiva, dieu de la Danse, incarnation de l'énergie cosmique. Dans sa main droite supérieure, iltient le tambourin, représentant la musique. Dans sa main gauche supérieure, il tient une langue de feu. Les gestes de ses autres mains traduisent l'équilibre éternel de la vie et de la mort.

Légende provenant du livre de Hubert Reeves: Patience dans l'azur (Seuil, 1981-88).  Source de l'illustration: Wikipedia.

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Jean Dorst: Avant que nature meure

13 Février 2014 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #France, #Jean Dorst, #Muséum national d'histoire naturelle, #Nature, #Philosophie, #Sciences

Jean Dorst consultant l'ouvrage de John James Audubon, "The Birds of America" à la Bibliothèque centrale du Muséum national d'Histoire naturelle, à Paris (1989)

Photo: Pierre-Olivier Combelles

Magazine de Pierre ichac (22 mai 1965). Document audio de l'INA:

http://www.ina.fr/audio/PHD94029036

"Magazine de Pierre ICHAC. Aujourd'hui, les conséquences nocives du progrès sur la Nature à l'occasion de la sortie du livre de Jean DORST "Avant que nature meure". Avec Jean DORST, auteur de l'ouvrage, vice-président de l'Union Internationale de Conservation de la Nature, et professeur de Zoologie au muséum d'Histoire Naturelle et le Professeur Roger HEIM, directeur du Muséum National d'Histoire Naturelle, auteur de la préface. - A 1'47 : Roger HEIM présente ce livre qu'il qualifie de "grand livre". Pour lui nous sommes à l'aube de cette prédiction dramatique. Il espère que ce livre permettra de stopper ce "naufrage de la nature". Enumère les problèmes posés par ce livre : surpopulation, destruction de la biodiversité, abus des produits chimiques, conservation des sols. - A 3'12 : Jean DORST explique ce qui l'a amené à écrire cet ouvrage. Tout d'abord la constatation de la dévastation de la nature à travers son expérience personnelle : la régression des espèces animales ou végétales. Le problème des habitats inadaptés aux besoins, de la surpopulation, de la pénurie alimentaire. Globalement c'est le problème de la conservation des ressources naturelles et de leur exploitation rationnelle. La nécessité de préserver l'équilibre naturel. Evoque le déséquilibre profond du psychisme humain comme responsable du non respect des lois naturelles. - A 4'52 : Jean DORST donne des exemples concrets de problèmes : usure des sols, de l'abus des produits chimiques contre les insectes, danger de leur accumulation dans les sols, pollutions diverses et traitement des déchets (risques de cancers). - A 9'20 : Conclusion de Pierre ICHAC (citation d'une phrase de Jean DORST) dépendance de l'homme à son milieu. Homme et création forment un tout."

La philosophie de Jean Dorst, par Serge Clavero: http://dtwin.org/WordDD/2012/07/24/la-philosophie-de-jean-dorts/

Remarquable article qui contient un long extrait en PDF du livre La force du vivant (1979) de Jean Dorst.

Jean Dorst: Avant que nature meure
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"The world is ill " (Shaman Davi Kopenawa Yanomami)

10 Février 2014 , Rédigé par Béthune

"The governments take all the rich resources from the land and destroy the land of the indigenous people."

 

"History is repeating itself. Thousands of miners have come back," he told the Guardian in London this week. "They are repairing and expanding the old airstrips. The cattle ranchers are coming in, cutting down the forest. They are coming with planes and helicopters, guns and machines and rafts. They bring malaria and destroy the rivers. We are warning the world that without your help the Yanomami people will die.

"The error of the whites is to take the riches of the land. You only want to take the riches. But the land is sacred. If the Yanomamai die the shamans will disappear and the governments will continue to take the land. You are worried about climate change. It is arriving. The rains come late, the sun behaves in a strange way. The world is ill. The lungs of the sky are polluted. We know it is happening.

"We are shamans. We care for the planet, the sun, the moon, the darkness and the light. Everything that exists we look after. You cannnot go on destroying nature. We will all die, burned and drowned, and that is the Yanomamai word."

Shaman Davi Kopenawa Yanomami

(Haut-Amazone, Brésil, près de la frontière du Venezuela)

 

The Guardian - Environment: http://www.theguardian.com/environment/2009/jun/13/davi-yanomami

 

Présentation du livre de Davi Kopenawa et de Bruce Albert sur le site de Jean Malaurie, fondateur et directeur de la prestigieuse collection Terre Humaine:

http://www.jean-malaurie.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=98&Itemid=45

 

Le livre :

Un grand chaman et porte-parole des Indiens Yanomami offre dans ce livre un récit exceptionnel, à la fois témoignage autobiographique, manifeste chamanique et cri d´alarme contre la destruction de la forêt amazonienne. Il y relate à la première personne son histoire hors du commun et ses méditations de chaman face au contact prédateur de la frontière blanche à laquelle son peuple se trouve confronté depuis les années soixante. Ce livre a été écrit à partir de ses paroles, recueillies en langue yanomami, par un ethnologue auquel le lie une très longue amitié.

Trois partie composent l´ouvrage: “Devenir autre” retrace sa vocation de chaman depuis l´enfance jusqu´à son initiation à l´âge adulte. Elle décrit par ailleurs toute la richesse d´un savoir cosmologique séculaire acquis grâce à l´usage de puissants hallucinogènes. “La fumée du métal” relate, à travers son expérience personnelle, souvent dramatique, l´histoire de l´avancée des Blancs dans la forêt – missionnaires, ouvriers routiers, chercheurs d´or –, et leur cortège d´épidémies, de violences et de destructions. Enfin, “La chute du ciel” rapporte son odyssée pour dénoncer la décimation de son peuple lors de voyages en Europe et aux États-Unis. Émaillé de visions chamaniques et de méditations ethnographiques à propos des Blancs, ce récit débouche sur un appel prophétique qui annonce la mort des chamans et la chute du ciel pour dénoncer la dévastation de la forêt amazonienne par l´absurde avidité de ceux qu´il nomme “le Peuple de la Marchandise”.

Des traductions du livre en portugais et en allemand sont d’ores et déjà annoncées.

 

Les auteurs :

Davi Kopenawa : chaman et porte-parole des Indiens Yanomami du Brésil, est né en 1956 dans une communauté isolée du nord amazonien où presque toute sa famille meurt d´une violente épidémie de rougeole lorsqu´il a onze ans lors. Vingt ans plus tard, des milliers de chercheurs d´or envahissent le territoire yanomami et c´est cette fois tout son peuple qui est menacé d´extinction. Pour empêcher cette tragédie annoncée, il s´engage dans une lutte sans répit qui lui fera parcourir le monde et le fera reconnaître comme l’un des plus grands défenseurs de l´Amazonie et de ses premiers habitants. Il recevra en 1988 le Global 500 Award des Nations Unies et en 1989 le Right Livelihood Award considéré comme le “Prix Nobel alternatif”. Il sera décoré en 1999 de l´Ordre du Rio Branco par le Président de la République brésilien et recevra em 2008 une mention d´honneur spéciale du prestigieux Prix Bartolomé de Las Casas octroyé par le gouvernement espagnol pour la défense des droits des peuples autochtones des Amériques.

            Bruce Albert : docteur en anthropologie de l´Université de Paris X, né en 1952 au Maroc, directeur de recherche à l´IRD (Paris), est un fervent défenseur de la culture et des droits des Yanomami du Brésil avec lesquels il travaille – et chez lesquels il séjourne très régulièrement – depuis 1975. L´ONG qu´il a co-fondée au Brésil en 1978 (la CCPY) a étroitement secondé Davi Kopenawa dans son combat, jusqu´à obtenir du gouvernement brésilien, en 1992, la reconnaissance légale du droit d´occupation exclusif des Yanomami sur un territoire de forêt tropicale plus vaste que le Portugal (la Terra Indígena Yanomami). Au-delà de ses recherches ethnographiques il a continué à travailler depuis lors au service de divers projets sanitaires, éducatifs et environnementaux implantés en territoire yanomami.

 

 

 

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Aux arbres citoyens !

9 Février 2014 , Rédigé par Béthune

Sur la base d’estimations erronées de l’inventaire forestier national, l’Etat français a engagé une politique forestière fondée sur une augmentation irréaliste et dangereuse des volumes de bois coupés en forêt (+40% d'ici 2020).

Cette politique productiviste s’accompagne d’une réduction drastique du nombre de gardes-forestiers dans le cadre de la réforme des politiques publiques (RGPP)

L’objectif est de répondre à des équilibres réfléchis uniquement en terme financier, et à fournir sous prétexte d’économie verte de nouveaux usages industriels, notamment au travers de gros projets industriels et énergétiques, sans que nous soyons capables d’en mesurer les conséquences à long terme (économiques comme écologiques).

Or, la forêt française est un patrimoine riche et fragile.

La biodiversité animale et végétale, l'impact positif de la forêt sur le climat, la qualité de l'eau et de l'air, ainsi qu’une optimisation du rôle économique et social des espaces forestiers, exigent une gestion durable, prudente et concertée, respectant l’ensemble de ces fonctions.

L'activité économique et l’outil industriel doivent s'adapter à la ressource en bois disponible, et non l'inverse. La stratégie économique de valorisation du bois doit se réfléchir sur les atouts des forêts françaises, pas sur un modèle mondialisé où la France n’a aucune chance de lutter, pour des raisons forestières comme de coût du travail.

La gestion des forêts est une affaire de long terme.

Nous ne pouvons laisser brader ce patrimoine emblématique transmis par nos prédécesseurs sans réagir. Nos enfants nous le reprocheraient.

Nous exigeons:

-L'abandon du projet gouvernemental de surexploitation de la forêt française,

- Une évaluation région par région, de la biodiversité forestière et du rôle de la forêt concernant la protection du Climat, de l’Air et des ressources en Eau, ainsi que son rôle économique, socioculturel, et des mesures concrètes pour protéger ces services.

-Des moyens humains et financiers pour un service public de la forêt assurant l'équilibre de ces diverses fonctionsforestières : économiques, sociales et environnementales, notamment dans le cadre du contrat de plan Etat-ONF 2012-2016 en discussion cet été, mais également pour une gestion durable des forêts privées,

 -L’abandon des projets pharaoniques de centrales à biomasse, pour privilégier les projets de maîtrise de l’énergie et de production locale et raisonnée de bois-énergie.

Aux arbres citoyens !

 

COLLECTIF SOS FORETS: http://sosforets.wordpress.com/

SOS FORETS - PETITION NATIONALE : http://www.petitions24.net/sos_forets_-_petition_nationale

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La face cachée de la France (Louis Pauwels)

8 Février 2014 , Rédigé par Béthune

Chêne foudroyé du site mésolithique des Vindrins nov 201

Le chêne foudroyé de Donar-Thor

 

Un arbre sacré est mort cet hiver sous les tronçonneuses. C’était le magnifique « chêne de la Drêche ». Il s’élevait à Cagnac-les-Mines, en Occitanie. Sa symbolique païenne ne lui avait pas donné la chance d’être classé, comme ceux de Saint-Vincent-de-Paul, dans les Landes, ou comme l’ormeau de Saint-Jean. Surnommé lou maridaire — le marieur —, le chêne de la Drêche protégeait depuis des temps immémoriaux les jeunes fiancés. Ceux-ci venaient encore, à l’âge du béton et de la télévision, lui demander de protéger leur amour.

On découvre, près de cet arbre, comment les cultes païens furent annulés et utilisés par les évangélistes : un sanctuaire dédié à la Vierge Marie s’élève à moins de cent mètres du géant abattu. La statue de la Vierge y aurait été trouvée miraculeusement par des bergers. De fait, il s’agissait de drainer vers Marie les antiques dévotions à l’arbre et de canaliser l’élan religieux ancestral au profit de la foi chrétienne. « Notre-Dame-de-la-Drêche » capte ainsi les foules venues implorer le chêne sacré…

« Les religions nées en Orient à l’abri des palmes, note Jacques Le Goff dans sa Civilisation de l’Occident médiéval, se font jour en Occident au détriment des futaies, refuge des génies païens, que moines, saints et missionnaires abattent impitoyablement. »

Ces cultes forestiers demeurent cependant vivaces : « forêts de piliers » des cathédrales gothiques, comme si les voûtes ogivales entendaient se substituer aux futaies septentrionales. Et le chêne de saint Louis est un mythe de récupération du paganisme. Aujourd’hui, la mentalité qui fait naître les préoccupations écologiques procède d’une résurgence du vieux fonds païen. La campagne de propagande « Un arbre, un enfant » nous ramène 2000 ans en arrière, quand un nouvel arbre correspondait à un nouvel enfant.

Besoin d’enracinement : la nouvelle coutume actualise les symboles anciens qu’exprimait, par exemple, ce proverbe allemand : « Si tu as planté un arbre, construit une maison et élevé un enfant, tu as bien occupé ta vie. »

Les saints chrétiens, frères jumeaux des dieux païens

Au fil de l’Histoire, les arbres sacrés des carrefours furent remplacés par des croix. Et d’abord par des statues chrétiennes nichées dans leurs troncs. Que sont ces calvaires ? Ce sont les tombes des génies païens, les sculptures des arbres sacrés abattus et dont une croix tente d’abolir à jamais le souvenir dans la conscience collective. Cependant, moins violents que les Pères conciliaires ou les prédicateurs, et surtout plus proches du peuple, les prêtres de campagne ont compris que le polythéisme est la forme instinctive du sentiment religieux populaire. Aussi ont-ils multiplié les saints qui, bien souvent, étaient les frères jumeaux des dieux et des héros du folklore local.

La cathédrale du Mans, chef-d’œuvre gothique, s’érige à partir d’une pierre levée. Encastré sur les piliers centraux du monument, érodé par les siècles qui le drapèrent de replis minéraux, ce menhir authentique comporte un trou. La tradition veut que les femmes désirant la grossesse y glissent le doigt. De nos jours encore, bien des visiteuses accomplissent furtivement ce rituel de fécondité qui appartient à la symbolique des âges préchrétiens.

Victor Duruy signale que « Constantin composa, pour être récitée le dimanche, une prière qui pouvait à la fois satisfaire les adorateurs de Mithra, de Sérapis, du Soleil et du Christ ». Premier pas vers l’assimilation. Mais, en 392, Théodose met le paganisme hors la loi. Premier pas vers la répression.

Désormais, tout est en place pour un déroutant chassé-croisé entre les traditions chrétiennes et les rites païens. Faisant rouler les dés de l’Histoire, la civilisation occidentale va jouer des deux mentalités. Mais, ce qui subsiste si fortement, alors même que pour nous le christianisme s’est avéré impuissant à se défaire du passé occidental, montre bien que les racines indo-européennes n’ont jamais pu être extirpées complètement.

En France, une commune sur huit porte le nom d’un saint

Les traces sont partout : on note, en 1616, la présence dans l’île de Sein de trois femmes qui enseignent le culte solaire, en dépit de l’évangélisation de saint Guénolé. Et il est probable que la plupart des « ermites » vénérés en Bretagne furent des transpositions à peine voilées de druides et sages païens. Le culte rendu dans certaines régions de France aux « pierres magiques », douées de pouvoirs guérisseurs : en fait, ces pierres sont des haches néolithiques. Ailleurs, on relève la persistance des noms préchrétiens, prégaulois ou même préindo-européens dans la toponymie. Cependant, on fit référence aux martyrs chrétiens pour exorciser les lieux marqués par le paganisme, jusqu’à faire de la France un pays dont une commune sur huit porte un nom de saint.

Les traces du culte solaire

Mais partout, le passé resurgit avec la vigueur des bafoués. Sous les griffes des excavateurs qui creusent les parkings et tracent les autoroutes. Sur les photos aériennes prises lors de la sécheresse de l’été 1976, où apparaissent clairement les milliers de villas gallo-romaines oubliées en pleins champs, sous quelques centimètres de terre, les oppida gaulois et les « forts » néolithiques. « Les Français vivent sur une cathédrale engloutie », dit Aimé Michel, qui signale la persistance de rites solaires dans les mariages de sa région (Alpes de Haute Provence) et dans les sculptures traditionnelles des meubles. Et même de mystérieux soleils à la place du Christ sur les calvaires.

La marque « solaire »  — et tout ce qui est qualifié de « diabolique » — constitue le sûr moyen de déceler les permanences païennes. La célèbre Farce de maître Pathelin voit encore le drapier jurer par « le soleil qui roye ». Le Lucifer chrétien réunit diableries et mythes solaires. Lucifer est celui qui « porte la lumière » : lucem fero. Son « bouc puant » est l’image négative du bouc de Thor et de Pan. Le « chaudron maudit » des sorcières remplace celui où les druides préparaient les pharmacopées traditionnelles. Saint Hubert, « patron des grandes chasses », et son cerf ont pris la place du dieu gaulois Cernunnos. Les « sabbats » au cœur des forêts sombres se font sur les lieux favoris de la spiritualité païenne, et les attributs des « horribles sorcières » — négatif des « belles déesses » — restent le corbeau (animal d’Odin) et la chouette (oiseau de sagesse d’Athéna).

Du paganisme indo-européen au panthéon gréco-latin

Pour Jean-Jacques Hatt, professeur à l’université de Strasbourg II, « le cycle des fêtes païennes reste marqué dans notre calendrier, et les mythes gaulois ont longtemps fait partie des structures socio-religieuses les mieux enracinées de notre peuple ».

Le panthéon gréco-latin n’est qu’une partie du paganisme indo-européen : il reste encore de grandes traces du paganisme celte, germanique, védique (indo-aryen), indo-iranien, hittite, etc., qui descendent d’un fonds commun supérieur aux paganismes « individuels ». Ce paganisme gréco-latin a cédé au christianisme. Mais ce vieux fonds commun fut plus coriace. Les régions germaniques, celtiques, nord-ibériques et gauloises non romaines ont longtemps résisté à l’évangélisation. Les campagnes rebelles ont d’ailleurs donné leur nom à cette résistance : les pagani (paysans) sont restés les incroyants païens, de même que les Heiden (païens) allemands se tenaient dans die Heide (la lande) et priaient hors des villes.

Certaines minorités ethniques, plus cohérentes, plus ancrées dans leurs coutumes, dans leur langue ou dans leur sentiment national, ont mieux résisté que d’autres : leur folklore est aujourd’hui le plus riche et plus « parlant » sur l’ère préchrétienne. C’est le cas des Basques et de leurs « superstitions », des Gallo-celtiques du centre de la France (Auvergne, Bourbonnais, Nivernais, Berry) dont les rites ont été tirés de l’oubli par George Sand, ou des Celtes armoricains.

La richesse symbolique des fêtes christianisées

Un petit voyage au long de l’année suffit à faire éclater la force de la tradition païenne.

La Toussaint a pris la place du Samain, fête des Morts celtique. Vient ensuite le 13 décembre, la Sainte-Lucie, dont le nom évoque la lumière — lux — et qui est curieusement fêtée en Alsace : une jeune fille vêtue de blanc se promène en ville, couronnée de bougies, une clochette à la main et couverte de rubans multicolores. Le symbolisme est évident. (Les Suédois, hélas ! ont aujourd’hui transformé cette célébration en kermesse, avec concours de beauté dans le style américain, cadeaux des commerçants, etc.) .

La fête de l’Annonce à Marie, neuf mois avant Noël, au jour de l’équinoxe de printemps, était déjà fêtée à Rome, comme la fête de l’Annonce à la déesse Cybèle de la renaissance de son fils Attis. Rome fêtait, le 25 décembre, la grande fête du Natalis Soli invicti où l’on allumait des feux de joie pour la naissance du dieu-soleil. René Laurentin écrit : « Cette naissance du Christ, dont les Evangiles ne disent pas un mot, l’Eglise l’a située au solstice d’hiver. Le symbole cosmique du solstice d’hiver popularise et vulgarise à la fois la fête de Noël. »

Tous les symboles actuels de Noël sont marqués du sceau païen : la bûche, en bois de chêne (force) ou d’arbre fruitier (fécondité), est ornée de symboles qui la rattachent aux plus anciennes traditions. Aujourd’hui, elle est devenue une simple composante gastronomique du repas de Noël, bien que les petits lutins de plastique qui l’accompagnent fassent référence aux gnomes et aux trolls, âmes des ancêtres.

Le sapin de Noël vient, lui aussi, des vieux rites européens. C’est la survivance populaire de l’arbre sacré Yggdrasil, figurant dans les pays du Nord l’axe de la vie universelle. En 1935, l’Osservatore Romano condamnait encore le sapin de Noël comme « coutume païenne ». Mais il faut noter que la tradition latine a elle-même transmis le souvenir des feuillages toujours verts qui décoraient Rome au moment des Saturnales de décembre. Le gui et le houx forment, avec le laurier, le cyprès et toutes les plantes à feuillage persistant, la décoration traditionnelle des maisons à l’époque de Noël. On connaît — grâce à Astérix ! — le rôle du gui dans les rites druidiques. On connaît moins celui du houx : il protégeait les jeunes mariés à Rome. L’expression « Au gui l’an neuf » serait la transmission déformée de la phrase eghin-an-ut, en gaulois : « le blé germe », souvenir d’une ancienne fête solaire gauloise (là encore, on trouve un rite de fécondité). Le personnage du Père Noël est inexplicable dans la perspective chrétienne. Celui de saint Nicolas également. Passé à nous sous la forme d’un « bonhomme Noël » distributeur de cadeaux, son origine nordique éclate dans sa représentation traditionnelle : un traîneau tiré par des rennes, alors que l’âne gris de saint Nicolas peut être considéré comme une réminiscence de Sleipnir, le cheval magique d’Odin-Wotan.

Le nom lui-même de Noël qui lui est associé porte la marque païenne : ce serait un dérivé du vieux nordique yol, qui signifie « roue » — wheel en anglais — et parfois « fête ». On voit donc que la richesse symbolique de la fête de Noël, la minutie de ses rites imperméables à toute explication chrétienne nous entraînent fort loin de la symbolique chrétienne : dans nos origines très antérieures, dans notre fonds païen qui, pour avoir résisté deux mille ans, s’avère comme notre enracinement central.

L’Epiphanie a, elle aussi, une double origine païenne, grecque et égyptienne. Le 6 janvier était en Grèce l’Epiphaneia de Dionysos. On mangeait alors un gâteau rituel de forme ronde. A Rome, le 9 janvier, on mangeait également un gâteau spécial. En Egypte, on fêtait, le 6 janvier, la réapparition du « nouveau soleil », jour où le dieu Râ répandit sur la Terre un breuvage qui fit perdre à la déesse Sehkmet ses désirs de vengeance et d’extermination de l’humanité.

La fête des Rois, elle, s’est greffée sur les traditions du « simulacre de royauté » et du « roi de fantaisie » des Saturnales romaines. Au Moyen Age, on élisait encore le « roi du vin » et on célébrait la « fête des Fous ». Les autorités ecclésiastiques se préoccupaient d’ailleurs beaucoup de ces fêtes parodiques, dans lesquelles l’inconscient populaire, marqué par le paganisme, donnait libre cours à ses inclinations. Interdites, ces fêtes ont fini par se mélanger avec le Carnaval.

La Chandeleur, qui marque pour les chrétiens la fête de la Purification de la Vierge, est l’ancienne fête païenne des lumières. A Rome, on fêtait le 2 février la déesse Cérès, au cours des rites purificateurs et fécondants des Lupercales. Les Celtes célébraient la fête d’Imboc, fête de l’eau lustrale tombée du ciel sous forme de rosée, qui a fini par être transformée en eau bénite. Autre rite celtique de purification et de fécondation, on fêtait, le 1er février, le champ de l’or — Chandeleur ? — en l’honneur de la germination et de la levée des graines.

Avec le Carnaval, on voit se dessiner une fête subversive dédiée au retour des dieux interdits. La cérémonie parisienne du Bœuf-gras et de la Reine des reines rappelle nettement la hiérogamie d’Esus et de la déesse-mère succédant au sacrifice des taureaux, que l’on retrouve sur l’autel des Saintes et sur le fameux pilier des Nautes du musée de Cluny, à Paris.

Un grand pôle de l’année païenne : le solstice d’été

Enfin, autre grand pôle de l’année païenne, le solstice d’été s’est transformé en fête de la Saint-Jean. Nos ancêtres n’adoraient pas le soleil pour lui-même, mais pour son symbole. Le grand rôle de l’élément solaire dans leurs croyances est attesté par l’intérêt qu’ils portaient aux mouvements astronomiques : Stonehenge et Externstein sont là pour nous le rappeler. Pour l’Eglise, placer au solstice d’été la fête de saint Jean-Baptiste permettait de canaliser, pour l’édification des nouveaux fidèles, un rite encore très beau, chargé de symboles religieux adaptables mais encore — et toujours — indéracinables. Interdits par saint Eloi en 763, les feux de la Saint-Jean étaient si populaires qu’ils ont fini par s’imposer. Aujourd’hui, dans toute la France, on assiste à une renaissance des feux de solstice, avec le concours de toute la population qui se sent poussée par un instinct irrationnel mais tenace.

Preuve singulière de l’extrême enracinement des solstices : la fête de la Saint-Jean-des-Bêtes, connue dans les pays d’Oc comme en Bretagne. Il s’agit d’enfumer les animaux de la ferme avec des herbes spéciales, ou de les faire passer dans les cendres encore chaudes d’un feu préparé la veille de la Saint-Jean. C’est un dédoublement du solstice originel, qui associait les animaux, alors que le christianisme les exclut. C’est aussi un sentiment du caractère clandestin des solstices, de leur différence par rapport aux feux de la Saint-Jean : il ne faut pas être vu pour les célébrer et, souvenir de l’interdit d’abord jeté sur les feux sacrés, les hommes eux-mêmes se « purifient » dans la fumée.

L’Occident : retour aux sources

Ainsi, toute la vie du chrétien obéit aux rythmes du païen antique. Le revêtement religieux cache le cœur païen toujours vivace. Renier le passé, c’est perdre le sens du présent et déshériter le futur. Cependant, nous assistons aujourd’hui, avec la profonde crise de l’Eglise et la remise en cause générale des valeurs, à une nouvelle recherche de l’enracinement. Ce renouveau du sens de l’enracinement, l’intérêt porté aux recherches archéologiques, les tentatives de résurrection des cultures assoupies, la nouvelle vigueur des parlers régionaux, tout cela signifie que des forces longtemps enfouies remuent la mentalité collective. L’Occident, à la veille d’une nouvelle ère, remonte confusément vers ses sources pour aller y purifier son avenir.

L. Pauwels

La Face cachée de la France (Seghers)

 

A lire également:

Le culte de Sol Invictus, "Soleil invaincu", par Catherine Salles: http://lam.mithra.free.fr/doc/le_culte_de_sol_invictus.pdf

 

Le bois sacré par Paul Sérusier

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Le film d'épouvante américain (David Simon/Ragemag)

5 Février 2014 , Rédigé par Béthune

"Ainsi aux États-Unis, on assiste à un film d’épouvante. On observe une réduction du revenu familial, on constate un abandon des services publics basiques comme l’éducation, une éducation publique qui fonctionne correctement, j’entends. On voit les classes populaires traquées en raison d’une supposée guerre contre les drogues dangereuses (war on dangerous drugs) qui n’est en fait qu’une guerre contre les pauvres, qui nous a fait devenir la plus grande prison de l’histoire de l’humanité, aussi bien du point de vue du nombre absolu de gens incarcérés dans des prisons américaines, qu’au niveau du pourcentage de détenus parmi la population. Aucun autre pays sur la surface du globe n’incarcère autant de gens, surtout au rythme où nous le faisons. Nous sommes devenus différents de l’idée que nous avions du rêve américain, tout cela à cause de notre incapacité à partager, à envisager ne serait-ce qu’une impulsion socialiste."

 

Lisez l'article complet sur le site RAGEMAG: http://ragemag.fr/david-simon-the-wire-amerique-traduction-discours-64271/

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Charte pour la préservation de l'environnement nocturne

4 Février 2014 , Rédigé par Béthune

 

Société Astronomique de France
Association Française d'Astronomie
Société d'Astronomie Populaire
Astro-club de France
Association Nationale Sciences Techniques et Jeunesse

 

SAUVONS LA NUIT

 

Depuis un milliard d'années, la VIE sur Terre était réglée par l'alternance du jour et de la nuit.

En quelques dizaines d'années, cet équilibre naturel a été rompu par la prolifération anarchique d'un éclairage urbain trop agressif et mal réparti.

Il est donc urgent d'arrêter les nuisances qui en résultent:

1. - La disparition du ciel étoilé
2. - La perturbation de la vie naturelle nocturne (respiration des végétaux, déplacement, migration et nourriture des animaux nocturnes)
3. - L'éblouissement néfaste à la sécurité routière
4. - La surconsommation qui épuise les ressources énergétiques de notre planète

Nous proposons:

* - que l'éclairage soit limité aux stricts besoins
* - que les types de lampadaires soient mieux étudiés et que soient modifiés ou remplacés les éclairages les plus nocifs qui éclairent tout azimut (ex: globes lumineux)
* - que la durée d'éclairement soit adaptée aux besoins
* - que les lampes sodium basse-pression soient généralisées
* - que soient entreprises des campagnes d'information et de sensibilisation
* - que la règlementation existante soit précisée et appliquée
* - que les éclairages des monuments et les enseignes publicitaires soient éteints à partir de 23h en hiver et 0h en été.

Cette charte s'inscrit sur un point précis dans l'objectif global énoncé par la pétition pour les droits des générations futures de la Fondation Cousteau.

Elle est soutenue par plus de 100.000 astronomes amateurs français.


PERSONNALITÉS QUI SOUTIENNENT CETTE CHARTE

H. REEVES
Astrophysicien
COMMANDANT COUSTEAU
J. KOVALEVSKY
Académie des Sciences
EVRY SCHATZMANN
Académie des Sciences

 

 

Source: Association nationale pour la protection du ciel nocturne: http://www.astrosurf.com/astrocdf67/B_dossier_pollution_lumineuse.htm

 

Mantet (Pyrénées-Orientales) champion des villages sans pollution lumineuse: http://www.la-clau.net/info/8935/mantet-champion-des-villages-epargnes-par-la-pollution-lumineuse-8935

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