Destruction des forêts naturelles et peur de l'inconnu (Jacques Brosse)
La forêt francaise, morcelée, cultivée et exploitée (Massif forestier de Rambouillet). Photo: Pierre-Olivier Combelles
Pic noir. Aquarelle sur écorce de bouleau par Pierre-Olivier Combelles. Le pic noir, le plus grand des pics d'Europe, fait résonner son cri plaintif: Kieeeeeuuuuuuu ! et ses puissants tambourinements dans les vieilles forêts de chênes ou de conifères. Les anciens habitants de la Gaule vénéraient le dieu Picus, génie de la forêt.
« […] La forêt vierge, qui n'en a rêvé, au moins en sa jeunesse ? Peut-être n'est-ce qu'un jeu de l'imaginaire, un souvenir archaïque qui traînerait dans l'inconscient collectif, mais que raniment périodiquement les mythes et les contes, les romans de chevalerie et même les grands romanciers d'aventures, Jules Verne, dans Le Voyage au centre de la Terre (1864), ou Conan Doyle dans Le Monde perdu (1913) et aussi le cinéma,par exemple dans le film La Forêt d'émeraude (1985), qui exploitent, plus ou moins ingénieusement, le riche filon, la croyance en un état préhistorique de la nature qui survivrait intact dans des recoins encore inexplorés de la terre. On l'a vu encore à l'oeuvre récemment avec les témoignages controuvés au sujet du Yéti, « l'abominable homme des neiges » qui hanterait les solitudes « inviolées » de l'Himalaya.
Pourtant, cette forêt vierge existe encore, en Amazonie, en Malaisie, en Indonésie, en Papouasie, et même dans les montagnes reculées du nord-ouest canadien, où l'on dit qu'il faut « tuer l'arbre pour faire de la terre ». C'est cette forêt-là sur laquelle on s'acharne encore aujourd'hui. Depuis les grands défrichements monastiques du Moyen Âge jusqu'à ceux qui veulent percer la forêt amazonienne et dont l'inanité a été démontrée, puisque le terrain dénudé devient aussitôt stérile, la motivation demeure la même, la peur de l'inconnu, d'un inconnu qui ne peut être que menaçant.
Pour l'inconscient occidental, remarque Robert Harrison, la forêt reste « la frontière extérieure entre l'humain et le non humain ». Le non humain inquiète. Dans une forêt vierge, « le promeneur ne ferait que se perdre », note un forestier, « il y éprouverait l'angoisse de la solitude et le sentiment d'avoir irrémédiablement basculé hors du monde, de ses représentations anthropomorphiques habituelles, dans une nature cette fois authentique, mais devenue pour lui foncièrement inhospitalière ». C'est contre une telle angoisse que tentent de lutter certains forestiers qui écrivent : « Gérer la nature, c'est aussi prendre en compte les désirs des hommes, leur volonté de développement, mais aussi de domination. » Convoitise et peur vont de pair, puisque, dans les deux cas, on est conduit à attenter à l'ordre naturel, donc à la seule réalité. R. Harrison écrit encore : « La pulsion destructrice envers la nature a trop souvent des causes psychologiques qui dépassent l'envie de biens matériels ou le besoin de domestiquer l'environnement. Il y a trop souvent une rage délibérée et vengeresse à l'oeuvre dans l'agressivité contre la nature et ses espèces, comme si l'on projetait sur le monde naturel les intolérables angoisses de finitude qui rendent l'humanité otage de la mort. […]»
Jacques Brosse
"L'aventure des forêts en Occident".
Le lac Kahakaukamakaht, dans la taïga du Québec-Labrador, immense forêt primaire apparue lentement après la fonte de l'inlandsis il y a 10.000 ans et que l'homme rouge n'avait pas modifiée, en dehors des quelques sentiers de portage et emplacements de camps. Au premier et au second plan, des mélèzes (Larix laricina) multicentenaires, tordus par le froid et le vent. Photo: Pierre-Olivier Combelles
Jean-Louis Borloo a peur du noir
"L'Afrique, c'est à la fois un monde informé et un monde dans le noir."
Jean-Louis Borloo
Ancien ministre de l'Écologie (!), créateur de la fondation Énergies pour l'Afrique
Entrevue avec le JDD, 26 avril 2015 : http://www.lejdd.fr/Politique/Jean-Louis-Borloo-sur-l-immigration-L-Afrique-est-pour-l-Europe-un-relais-de-croissance-729724
"Il faut que toute l'Afrique ait accès à l'électricité"
Jean-Louis Borloo
Entrevue avec le JDD, 1er novembre 2015: http://www.lejdd.fr/Politique/Jean-Louis-Borloo-Il-faut-que-toute-l-Afrique-ait-acces-a-l-electricite-757863
A présent laissez-moi, je vais seul... (Saint-John Perse, Eloges)
Saint-John Perse tenant une mante religieuse. Photographie prise certainement dans son domaine des Vigneaux, sur la presqu'île de Giens.
XVIII
A présent laissez-moi, je vais seul.
Je sortirai, car j'ai affaire:un insecte
m'attend pour traiter. Je me fais joie
du gros oeil à facettes:anguleux,
imprévu, comme le fruit du cyprès.
Ou bien j'ai une alliance avec les pierres
veinées-bleu: et vous me laissez également,
assis, dans l'amitié de mes genoux.
Saint-John Perse, Eloges, Librairie Gallimard, 1953.
Samain
Samain était la grande fête de l'entrée dans l'hiver ( la nuit) chez les Celtes. Située à mi-chemin entre l'équinoxe d'automne et le solstice d'hiver, elle avait lieu début novembre, selon le calendrier lunaire, et durait trois jours. Après le culte aux héros puis aux morts, elle se prolongeait par des réjouissances, comme à l'accoutumée.
Beltaine, le 1er mai, marquait le retour de la lumière et le commencement de l'été
La fête de Samain a été christianisée vers 830 par le pape Grégoire IV (dédicace d'une chapelle de l'église Vaticane), devenant la Toussaint (1er novembre). L'Eglise l'a fait suivre plus tard par la fête des morts (Commémoration des fidèles défunts) le lendemain (2 novembre).
Pour en savoir plus:
J.-S. Bach: Cantate "Herz und Mund und Tat und Leben", BWV 147 (Nikolaus Harnoncourt)
Christine Schäfer, soprano Bernarda Fink, mezzo-soprano Ian Bostridge, tenor Christopher Maltman, baritone Arnold Schoenberg Choir Concentus Musicus Wien Conducts: Nikolaus Harnoncourt Live from the Kloster Melk, Benedictine Monastery in Austria, 2000. Thanks to ARv2 for uploading
Première partie
1. Chœur : Herz und Mund und Tat und Leben
2. Recitativo : Gebenedeiter Mund!
3. Aria : Schäme dich, o Seele nicht
4. Recitativo : Verstockung kann Gewaltige verblenden
5. Aria : Bereite dir, Jesu, noch itzo die Bahn
6. Chœur : Wohl mir, daß ich Jesum habe
Seconde partie
7. Aria : Hilf, Jesu, hilf, daß ich auch dich bekenne
8. Recitativo : Der höchsten Allmacht Wunderhand
9. Aria : Ich will von Jesu Wundern singen
10. Chœur : Jesu bleibet meine Freude
https://fr.wikipedia.org/wiki/Herz_und_Mund_und_Tat_und_Leben
J.-S. Bach: Concertos brandebourgeois 1-6, BWV 1046-1051 (Karl Richter, Orchestre de Munich)
Remerciements à Jardín del Epicuro pour l'avoir mis sur Youtube.