"Bornéo, une île dévastée" par André Vltchek
(...)
Bornéo est aujourd’hui synonyme d’exploitation minière et forestière, ainsi que de terribles plantations qui ont déjà cannibalisé la majeure partie de son territoire. Rien n’y est produit, tout en a été extrait.
Les gens perdent leurs terres. Ils perdent leur santé, voire la vie. Le monde est en train de perdre ses « poumons » – les forêts tropicales – ou plus précisément, il les a déjà perdus tout autour de cet archipel vampirisé.
Capitalisme dérégulé, corruption morale et financière, entreprises multinationales sans freins, c’est une triste, voire une horrible réalité du pays, qui a totalement perdu ses racines.
Bornéo, semble-t-il, vit ses derniers jours. Toute l’Indonésie est proche de la fin, mais il est considéré comme « politiquement incorrect » de le mentionner en Occident, en particulier dans les médias grand public. Après tout, l’Indonésie est en train de se ruiner pour que l’Occident puisse prospérer. C’était comme ça pendant le colonialisme, et c’est de nouveau comme ça depuis le coup d’État militaire soutenu par les États-Unis en 1965.
Je travaille fébrilement à Bornéo : je filme, j’écris et je photographie. D’autres sont à mes côtés, essayant de m’aider. Allons-nous accomplir quelque chose ? J’espère que nous le ferons. Il le faudra bien, sinon, ici et ailleurs, tout sera fini, privatisé, commercialisé et finalement détruit.
Je travaille également en Afghanistan, au Moyen-Orient et dans plusieurs pays d’Afrique en ruines. Tout ici, à Bornéo, semble extrêmement familier. Est-ce vraiment la paix qui règne ici ? J’en doute fort. Pour moi, cela ressemble à une guerre, à une guerre extrêmement brutale. Cela ressemble à une guerre de tous contre tous, une guerre des peuples contre la nature, contre tous les êtres vivants et toutes les espèces ; une guerre contre les forêts et les rivières, et même contre la vie elle-même.
On dirait un cauchemar néocolonialiste. C’était autrefois le plus bel endroit d’Asie, aujourd’hui il est meurtri, carbonisé et dans une douleur terrible. Mais il respire encore ; il est vivant. Et ce qui est vivant vaut toujours la peine de se battre pour le sauver.
Andre Vltchek
Source et texte complet: http://www.afrique-asie.fr/genie-plastique-dafrique/
André Vltchek: "Revolutionary Optimism, Western Nihilism". Review by David William Pear (The Guardian): https://off-guardian.org/2018/08/08/revolutionary-optimism-western-nihilism-by-andre-vltchek-a-book-review/
André Vltchek: Japon : Hashima – L’histoire brutale de l’île la plus hantée sur terre: http://www.afrique-asie.fr/japon-hashima-lhistoire-brutale-de-lile-la-plus-hantee-sur-terre/
La “crise des migrants” et le poids des structures, par Bruno Guigue
Mercredi 26 septembre 2018
Ce qu’il est convenu d’appeler « la crise des migrants » est un phénomène à multiples facettes, mais il est rarement étudié en profondeur. Le commentaire dominant décrit les flux de population et les dilemmes qu’ils entraînent, mais on se garde bien d’indiquer la puissance des mécanismes qui les produisent. On préfère commenter la conjoncture plutôt qu’analyser les structures. Comme s’il fallait enfouir sa tête dans le sable, le rapport de causalité entre pauvreté et migration est le parent pauvre d’une couverture de la crise qui privilégie les querelles franco-françaises entre « mondialistes » et « populistes ». Si l’on prend la peine de s’y attarder, pourtant, on voit que cette crise résulte d’un état du monde dont les pays riches sont bénéficiaires, qu’elle est l’effet visible de l’échange inégal et qu’on n’y comprend rien si l’on ignore le poids des structures.
Pour commencer l’analyse, on peut partir d’un paradoxe : curieusement, ceux qui s’indignent de « l’invasion migratoire » sur le sol français ne voient aucun inconvénient à ce que la France soit présente militairement dans onze pays africains et que ses entreprises y fassent la pluie et le beau temps. Cette attitude a quelque chose de fascinant, parce qu’elle traduit une vision du monde où certains jouissent de privilèges dont on se demande s’ils sont déterminés par la race, le climat ou la latitude. Les relations entre la France et ses anciennes colonies africaines, en effet, n’ont rien d’une collaboration idyllique entre des nations souveraines, et l’histoire coloniale a tissé un réseau multiforme de dépendances dont les Africains se seraient volontiers passés si on leur avait demandé leur avis avant de les coloniser.
Parce qu’elles relèvent des structures, ces dépendances multiples, contrairement à une certaine doxa néocoloniale, s’exercent toujours au présent. Leur principal effet est de vider de sa substance l’indépendance nationale chèrement acquise lors des combats de la décolonisation. Un pays dont le PIB est inférieur au chiffre d’affaires d’une entreprise française, par exemple, jouit d’une souveraineté nominale, et non d’une souveraineté réelle. Et lorsqu’il faut négocier un contrat d’exploitation minière, l’ancienne métropole exerce une influence exorbitante sur les décisions politiques locales. La France défend ses intérêts, dira-t-on, et c’est bien naturel. Mais la question se pose de savoir si l’influence française est respectueuse des intérêts de ses partenaires. Edouard Philippe en sait quelque chose. Le contrat entre le consortium nucléaire Areva et le gouvernement du Niger a été signé alors qu’il était responsable des relations publiques du groupe. Jugé scandaleusement léonin - au profit d’Areva -, cet accord fut dénoncé par de nombreuses organisations nigériennes et il contribua à l’effervescence qui conduisit à une nouvelle révolte touareg en 2012 dans toute la région sahélienne.
Cette révolte provoqua la décomposition du pouvoir malien jusqu’à un coup d’Etat militaire qui fut le prélude à l’intervention militaire de la France dans le cadre de l’opération Serval, en janvier 2013. Depuis cette date, la présence militaire française au Sahel a généré deux effets pervers : le discrédit de gouvernements locaux incapables d’assurer la sécurité des populations et la croissance exponentielle des attentats terroristes dans toute la région. En théorie, la présence militaire française était censée juguler la terreur. Dans les faits, elle a progressé au même rythme, l’une justifiant l’autre. C’est pourquoi de nombreux Africains se demandent, à juste titre, si l’intervention de la France n’est pas le problème au lieu d’être la solution, et si la terreur n’est pas un alibi justifiant une présence armée qui coïncide étrangement avec de solides intérêts miniers.
Bref, les discours officiels ont beau répéter qu’on n’est plus au temps des colonies, il y a davantage de militaires français en Afrique en 2018 qu’au lendemain des indépendances en 1960. Ce retour à une situation quasi-coloniale passe comme une lettre à la poste dans l’Hexagone. Sa coïncidence avec la crise des migrants a pourtant de quoi laisser perplexe, d’autant qu’elle s’accompagne d’une singulière corrélation que personne n’a relevée : les pays d’Afrique aujourd’hui les plus pauvres sont ceux où l’armée française est la plus présente. Actuellement, la France mène des opérations militaires dans quatre pays africains : le Mali, le Niger, le Tchad et la République centrafricaine. Or trois de ces pays ont l’indice de développement humain (IDH) le plus faible du continent. Il s’élève à 0,352 pour la Centrafrique, 0,353 pour le Niger et 0,396 pour le Tchad. Quant au Mali, avec 0,442, son IDH est supérieur à celui des pays précités, mais il est largement inférieur à celui de la plupart des pays africains.
On rappellera que l’indice du développement humain est un indice synthétique combinant le PIB/habitant, le taux de scolarisation et l’espérance de vie. Inventé pour l’ONU par l’économiste indien Amartya Sen, il permet de mesurer le niveau de développement global d’un pays. A titre d’exemple, l’IDH le plus élevé du continent africain est celui de l’Algérie (0,745), pays qui a conquis sa souveraineté de haute lutte en affrontant l’armée française durant la guerre de libération (1954-1962). A l’opposé, le pays ayant l’IDH le plus faible (0,352) est la République centrafricaine, où l’armée française est omniprésente. Même si la corrélation est frappante, la présence des troupes françaises n’explique pas la pauvreté. Mais les pays africains de l’aire francophone qui ne parviennent pas à décoller, manifestement, sont le terrain de jeu d’une puissance néo-coloniale qui les maintient dans la dépendance et corrompt leurs dirigeants pour en exploiter les ressources minières. La présence militaire française est à la fois le symbole de cette dépendance et l’instrument de sa perpétuation.
Les adversaires de l’accueil des migrants en France - et en Europe - soulignent que ces demandeurs d’asile n’ont rien de réfugiés politiques et qu’ils fuient la misère. Ce n’est pas faux, mais il faut ajouter que la politique des pays européens – dont la France – n’est pas étrangère à cette misère. On sait depuis les travaux du regretté Samir Amin combien les mécanismes de l’échange inégal forgés sous la colonisation ont été cyniquement perpétués au lendemain des indépendances. Qu’il s’agisse de l’extraversion de l’économie des pays du sud - vouée à la mono-exportation de matières premières ou de denrées agricoles - ou de la soumission des Etats au joug impitoyable de la dette publique - dénoncée avec justesse par Thomas Sankara - , ces mécanismes mortifères n’ont pas disparu. Au contraire, ils se sont amplifiés et raffinés avec le temps. Pour le monde développé - et pour la France qui a préservé en Afrique son « pré carré » -, la Côte d’Ivoire est un réservoir de cacao et le Niger un réservoir d’uranium. Le prix de ces marchandises est fixé par les rapports de force internationaux - les fameuses lois du marché -, et non par la philanthropie des puissances occidentales, encore moins par les autorités des deux Etats concernés.
Prétendre que les troupes françaises stationnent dans les pays du Sahel pour des motifs chevaleresques – « sauver la démocratie » ou « endiguer l’obscurantisme » - est parfaitement risible. Les dirigeants français se soucient fort peu du sort des milliers d’enfants africains contraints de travailler dans les plantations de cacao pour des planteurs pris à la gorge par des négociants qui imposent, à leur tour, les tarifs exigés par les trois multinationales qui se partagent le marché mondial du chocolat. Ils ne s’inquiètent pas davantage des équilibres fragiles de la société sahélienne où l’exploitation éhontée des gisements d’uranium sur des territoires utilisés par les Touaregs a jeté les ferments de la guerre civile, sans parler des effets catastrophiques de la destruction délibérée de l’État libyen. Les structures de l’échange inégal pèsent sur les populations africaines comme une damnation et les poussent à l’exil pour échapper à la misère. Et c’est en refusant de voir cette réalité aveuglante, en ignorant ce poids des structures héritées de l’ère coloniale, qu’on s’interdit de comprendre les ressorts économiques de la question migratoire.
Le drame, c’est que ces ressorts économiques, hélas, ne sont pas les seuls. Non seulement les pays du sud subissent les termes de l’échange inégal, mais ils font les frais de l’ingérence étrangère. Le cas le plus flagrant est la Syrie, où une guerre par procuration est orchestrée par les puissances occidentales alliées aux pétromonarchies du Golfe. Avant la guerre, la Syrie était un pays autosuffisant sur le plan alimentaire et en voie d’industrialisation, avec une population éduquée et bénéficiant d’un système de santé moderne. La « stratégie du chaos » y a importé des hordes de mercenaires dont le gouvernement syrien, au bout de huit ans de guerre (2011-2018), parvient à peine à se débarrasser. Destinée à abattre un Etat qui refusait d’obéir, l’intervention impérialiste a condamné à l’exil cinq millions de personnes. En France, ceux qui s’affligent de cet exode massif portent eux-mêmes la responsabilité de l’ingérence qui en est la cause. Avec des variantes, bien entendu : à droite, on s’indigne de l’invasion migratoire ; à gauche, on fait vibrer la corde humanitaire.
Mais la Syrie n’est pas un cas isolé. Les pays où menace la famine sont ceux d’où proviennent la plupart des réfugiés. Or la faim n’est pas une fatalité qui pèserait sur des contrées abandonnées des dieux. Dressée par l’ONU, la liste des pays où la situation alimentaire est la plus critique parle d’elle-même : le Yémen, le Nigéria, le Sud-Soudan. Dans ces pays, c’est l’intervention étrangère qui a provoqué le chaos. La guerre civile et le terrorisme y ont ruiné les structures étatiques, banalisant une violence endémique et provoquant l’exode des populations. Au Yémen, l’agression saoudienne sponsorisée par l’Occident a fait 10 000 morts depuis mars 2015. Elle a déclenché une monstrueuse épidémie de choléra et elle menace de famine 8 millions de personnes. Ce désastre humanitaire sans précédent n’a rien d’une catastrophe naturelle : comme le drame syrien, c’est une co-production des puissances occidentales et des pétromonarchies du Golfe.
Au Nigéria, la situation chaotique dans laquelle est plongé le nord-est du pays gangrène toute la région. Des millions de personnes, fuyant les violences du groupe Boko Haram, s’entassent dans des camps de réfugiés. Alimenté par la propagande saoudienne, le terrorisme défie cet Etat, le plus peuplé du continent, qui comptera 440 millions d’habitants en 2050. Depuis la calamiteuse destruction de la Libye par l’OTAN, l’Afrique sub-saharienne - incluant le Mali, le Niger, le Tchad et la République centrafricaine - est le terrain de chasse préféré des djihadistes. Au Sud-Soudan, la proclamation de l’indépendance, en 2011, a débouché sur une guerre civile où deux camps rivaux se disputent le contrôle des richesses énergétiques. Cet Etat sécessionniste enclavé, coupé du nord auquel l’opposa une interminable guerre civile, est le fruit de la stratégie américaine dans la région. Cette création artificielle visait à contrecarrer l’influence du Soudan, inscrit par Washington sur la liste des « Etats voyous ». Aujourd’hui, le Sud-Soudan est un champ de ruines : des dizaines de milliers de morts, trois millions de réfugiés, cinq millions de personnes qui souffrent de malnutrition.
Pour compléter ce sinistre tableau, il faudrait ajouter, bien entendu, le résultat catastrophique des invasions de la Somalie (1992), de l’Afghanistan (2001) et de l’Irak (2003) par les troupes de l’oncle Sam, avec leur moisson de massacres et de destructions à grande échelle au nom de la « démocratie » et des « droits l’homme ». Il faudrait aussi dresser le bilan des embargos meurtriers décrétés par un Occident vassalisé par Washington contre des pays qui refusent de lui obéir, de Cuba à l’Irak, de la Syrie à l’Iran et au Vénézuéla. L’embargo, c’est l’arme des riches contre les pauvres, l’instrument cynique des pays développés qui interdisent aux autres de se développer à leur tour en les coupant des circuits commerciaux et financiers internationaux. Avec la destruction par voie militaire et la déstabilisation par la terreur importée, l’étranglement économique par l’embargo est la troisième arme figurant dans la panoplie de l’ingérence occidentale. Les milliers de Vénézuéliens qui fuient aujourd’hui leur pays agressé par les puissances occidentales avec la complicité de la bourgeoisie locale sont les dernières en date des victimes de cette guerre économique menée par les dirigeants des pays riches contre les populations des pays pauvres.
Il suffit de regarder une carte pour voir que l’exode des miséreux de la planète est le fruit amer des politiques occidentales. La « crise des migrants » dont se repaissent les médias est une coproduction à laquelle participent trois séries d’acteurs : les prédateurs néo-coloniaux des pays d’accueil, les élites corrompues des pays d’origine et les mafias esclavagistes des pays de transit. Aucune explication mono-causale ne pourra exonérer les uns ou les autres de leur responsabilité. Mais tant que sévira l’échange inégal, le poids des structures contribuera à creuser l’écart entre les riches et les pauvres. On préfère généralement ignorer la partie immergée de l’iceberg, mais il serait temps de s’y intéresser. Les migrants sont les laissés-pour-compte d’un monde inégal, et la seule solution au problème est de faire en sorte qu’il le soit de moins en moins. La crise migratoire est un signal d’alarme. Elle rappelle l’urgence du développement pour des pays qui sont à la traîne parce qu’ils sont mal gouvernés, parce que les pays riches en pillent les ressources et parce qu’ils n’exercent qu’une souveraineté factice. La Chine, l’Inde, de nombreux pays d’Asie s’en sortent, au contraire, parce qu’ils ont rompu les chaînes de la dépendance.
En Europe, ni le rejet des migrants dont une certaine droite a fait son fonds de commerce, ni leur accueil à bras ouverts revendiqué par la gauche humanitaire ne constituent une solution au problème. L’idéologie identitaire et l’idéologie humanitaire sont les deux faces du dieu Janus, et elles expriment un aveuglement gémellaire. Elles se confortent mutuellement, nourrissant une surenchère stérile qui conduit tout le monde dans l’impasse. L’affrontement médiatique entre « mondialistes » et « populistes » est un théâtre d’ombres destiné à masquer les véritables enjeux de la crise et à occulter le poids des structures. Les identitaires ignorent les causes de l’inégalité du monde, tandis que les humanitaires ne voient pas qu’ils se contentent d’en gérer les effets. Or une addition de vues partielles permet rarement d’y voir clair, et il est vraiment urgent de dépasser cette fausse alternative.
Contre ce double aveuglement, il faut rappeler la formule de Spinoza : « Ni rire, ni pleurer, mais comprendre ». Pas plus que l’égoïsme, la compassion ne suffit à faire comprendre ce qui se déroule sous nos yeux. Stimulée par l’aiguillon de la misère, l’immigration de masse n’est dans l’intérêt de personne. Ce n’est ni une chance ni une calamité, mais un problème dont le Nord et le Sud sont co-responsables, et qu’il faut affronter en cessant d’en ignorer les causes. La question du sauvetage des naufragés ne devrait même pas se poser, tant la réponse est évidente. Mais l’éthique de la responsabilité doit relayer l’éthique de la conviction. La meilleure chose qu’on puisse souhaiter à ceux qui traversent la Méditerranée en cédant au mirage occidental est de contribuer au développement de leur pays. On sait très bien quels intérêts sert le discours sans-frontiériste : ceux qui exigent l’accueil massif des migrants entendent bénéficier grassement de cet échange inégal avec les pays du sud. Le patronat allemand, pour ne citer que lui, se réjouit de l’arrivée d’une main d’œuvre malléable qui constitue, selon la formule de Marx, « l’armée de réserve du capital ».
Non que la société idéale soit une société close et que la fermeture des frontières soit une solution au problème. Mais la souveraineté ne se monnaye pas. L’aspiration d’un Etat à conserver le contrôle de ses frontières est parfaitement légitime, et c’est d’ailleurs ce que font tous les Etats, sauf ceux de l’Union européenne qui ont accepté dans le cadre de « l’espace Schengen » de repousser ce contrôle aux frontières extérieures de l’Union - contradiction aujourd’hui devenue explosive, et dont il n’est pas sûr que l’UE sorte indemne. On ne peut s’en tirer à bon compte en stigmatisant ceux qui, en Italie ou en Hongrie, ont décidé de restreindre l’accès au territoire national. Comme disait Aristote, « on ne va tout de même pas délibérer pour administrer les affaires des Scythes », ce peuple lointain à qui les Grecs auraient trouvé ridicule de vouloir imposer quoi que ce soit. Lorsqu’on est pour la souveraineté, il faut l’être jusqu’au bout, et admettre qu’un Etat décide de ses affaires à sa façon, même si ce n’est pas la nôtre. Que chacun assume ses responsabilités, et les vaches seront bien gardées. Ce n’est pas l’Italie qui a décidé de détruire la Libye, ni de soutenir les terroristes en Syrie. La crise des migrants est le miroir des turpitudes occidentales, mais il faut reconnaître que Paris, Londres et Washington se taillent la part du lion. « Nos guerres, leurs morts », dit-on, et ce n’est pas faux. « Nos guerres, leurs réfugiés », faudrait-il ajouter. Ou mieux encore : « Nos guerres, nos réfugiés », car c’est chez nous qu’ils viennent dans le vain espoir d’un avenir meilleur.
Bruno Guigue
Source: http://www.palestine-solidarite.org/analyses.bruno_guigue.260918.htm
L'Espagne, par Ramón María del Valle-Inclán
Pour en savoir plus sur le grand homme qu'a été Valle-Inclán, carliste (Parti carliste) et Républicain:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ram%C3%B3n_Mar%C3%ADa_del_Valle-Incl%C3%A1n
"Le général de Castelnau, l’anti-Pétain que Macron aurait dû honorer" par Régis de Castelnau (9 novembre 2018)
« Parlons de moi, il n’y a que ça qui m’intéresse », disait Pierre Desproges. Cette citation me revient à l’esprit à ce moment où s’achève la commémoration du centenaire de la Très Grande guerre. Je mesure dans l’agitation qui accompagne cette marche vers le 11 novembre à quel point ce que nous vivons depuis maintenant un peu plus de quatre ans, me touche bien au-delà de ce que j’aurais imaginé. Cela entre en résonance de façon parfois douloureuse, toujours émouvante avec ce qui relève de l’intime, de l’enfance, de l’éducation et du rapport à la France.
Itinérance d’un enfant gâteux
Je m’en suis expliqué. Et à l’approche de ce 11 novembre 2018 qui allait clôturer ces quatre années de commémoration, je n’éprouvais pas l’envie ni le besoin d’intervenir à nouveau. Considérant que la façon dont ces commémorations étaient conduites était peut-être discutable – comment pouvait-elle ne pas l’être – mais que cela ne justifiait pas de participer à des débats ou des polémiques aussi justifiées soient-elles pour certaines. Pour ma part, la conviction de l’importance de la place de la tragédie dans la mémoire de notre peuple, me rassure sur les ressources de celui-ci. Et c’est là l’essentiel.
Mais il se trouve que l’actualité immédiate produit divers télescopages par lesquels la dimension et le vécu familial reviennent au premier plan. Emmanuel Macron, avec cette capacité presque grandiose à être systématiquement à côté de la plaque, a déclenché une réaction contre lui en forme de tsunami et transformé son « itinérance mémorielle » en chemin de croix. Faisant référence au « grand soldat », il a rendu au militaire Philippe Pétain un hommage du type de ceux de ses prédécesseurs. Il a reçu la foudre, et pour plusieurs raisons. Tout d’abord, sa parole de chef de l’État est complètement disqualifiée. Et sa faiblesse politique et son narcissisme l’empêchent de sortir de la nasse. Il pourrait dire : « Il fait jour à midi » que ce serait aussitôt une tempête qui lui répondrait : « non il fait nuit, à cause des heures sombres ». Ensuite, le problème Pétain est insoluble, car le séparer en deux parties, comme l’avait fait Charles de Gaulle, est aujourd’hui impossible. Sa place dans la mémoire collective est d’abord et avant tout celle de ce qu’il est, un traître antisémite.
D’un « grand soldat » l’autre
Pour ma part, Philippe Pétain est « la triste enveloppe d’une gloire passée portée sur le pavois de la défaite pour endosser la capitulation et tromper le peuple stupéfait », statuait Charles De Gaulle, le 18 juin 1941. Il est ensuite et aussi le traître qui fera délibérément le choix de l’ennemi y compris dans ses aspects les plus ignobles. Il n’y a qu’un tarif pour cette trahison, un poteau dans les fossés de Vincennes et 12 balles, fussent-elles symboliques comme ce sera le cas pour lui. Mais la question de ses mérites militaires dans la Première Guerre mondiale relève aujourd’hui du débat et de la recherche historique. Emmanuel Macron aurait dû éviter de se prendre pour De Gaulle et ne pas s’en mêler, mais nous savons désormais d’expérience qu’il ne comprend pas grand-chose.
Lorsque je parle du retour de la dimension familiale, je pense au surgissement dans l’opinion publique à ce moment de la figure de mon arrière-grand-père, Édouard de Castelnau, qui méritait plus que tout autre d’être élevé à la dignité de maréchal de France. Et ce surgissement se fait comme le symbole contraire de celui de Pétain. Claude Askolovitch (!) le résume très bien dans un tweet en forme de commentaire sur la polémique Pétain : « Pensée au général de Castelnau, qui sauva en 14 l’armée de Lorraine, qui perdit trois fils dans la Grande guerre, dont la République ne fît pas un maréchal car il était trop catholique, et qui condamna Pétain en 1940 et encouragea la Résistance. A propos de ‘grands soldats’… »
Et l’aspect étonnant de cette forme d’intronisation comme contre-modèle de celui qui l’avait nommé à Verdun le 23 février 1916, c’est qu’elle est absolument justifiée.
L’armistice du 11 novembre, une erreur nécessaire
Les historiens s’accordent à considérer à la fois sa stature, l’importance de son rôle, l’ampleur de ses sacrifices, et le caractère injuste de la mesquinerie politicienne dont il eut à souffrir. Mais il y a plus. On sait peu aujourd’hui, compte tenu de l’importance de cette fin des hostilités sonnée sur la terre de France en cette 11e heure du 11e jour du 11e mois de cette année 1918, que le 13 novembre la IIe armée française commandée par Édouard de Castelnau devait lancer en Lorraine l’offensive pour permettre de rentrer sur la terre de l’ennemi. Et le mettre complètement à genoux. Je suis de ceux qui pensent que l’armistice du 11 novembre était inévitable pour mettre fin au cauchemar, qu’il est difficile d’en faire le reproche à ceux qui l’ont voulu. Mais l’Histoire a montré ensuite, comme l’avait analysé Castelnau dès ce moment-là que c’était une erreur stratégique majeure. Son territoire inviolé, son armée rentrant à peu près en bon ordre, la légende du coup de poignard dans le dos pouvait naître en Allemagne et amener aux conséquences funestes que l’on sait. Vingt ans plus tard, cette erreur allait, en un sens, coûter les 60 millions de morts de la Deuxième Guerre mondiale. Entre les deux guerres, chaque fois qu’il appelait à la méfiance et à la vigilance vis-à-vis de l’Allemagne on le traita de Cassandre et de belliciste. Un parlementaire lui lancera même à la face : « Mon général, trois fils, ce n’est pas assez ? »
Lorsque surviendra l’effondrement de 1940, âgé de 90 ans, il désavouera l’armistice et l’instauration de l’État français, auquel il refusera son soutien. Deux de ses petits-fils et deux de ses petits-neveux en âge de porter les armes rejoindront, avec son approbation, les armées de la France combattante et participeront aux combats pour la Libération. Noël de Mauroy sera tué dans les Vosges en novembre 1944 ; Jean de Castelnau dans son char, en décembre, en rentrant dans Strasbourg ; Urbain de La Croix, le petit-fils orphelin qu’Édouard avait élevé, sera tué en janvier 1945 au passage du Rhin. Gérald de Castelnau, mon père, le dernier des quatre sera grièvement blessé. Eh oui, il faut croire que le destin avait décidé que pour le service de ce pays, trois fils ce n’était pas assez. Pendant ce temps, Philippe Pétain poursuivait jusqu’au bout, jusque tout en bas, le chemin de ses trahisons.
Macron l’amnésique
Alors, Édouard de Castelnau, l’anti-Pétain, le contre-exemple ? C’est l’évidence, et Claude Askolovitch l’avait bien vu, peut-être en partie involontairement. Voyez-vous, Monsieur le président de la République, une fois de plus vous avez voulu faire le malin, en étalant maladroitement votre absence de sens politique et votre ignorance historique. Mais la référence à ce « grand soldat » là, dont vous n’aviez probablement pas la moindre connaissance, n’apparaît pas seulement à cause de vos errances mémorielles, mais aussi à cause de ce que vous voulez faire à la France. Ce rappel intervient alors même que vous annoncez votre projet d’armée européenne avec l’Allemagne avec cette justification sidérante « pour faire face à la Russie qui est à nos frontières ». Pardon ? On rappellera pour mesurer l’inanité de cette formule que Paris et Moscou sont séparés par 2800 km et pas moins de quatre grands pays. Et pendant que vous vous moquez ainsi du monde, on apprend l’existence de discussions pour une mise en commun de la dissuasion nucléaire française et du partage du siège de la France au conseil de sécurité de l’ONU. Êtes-vous inconscient au point de faire ainsi de la France une cible privilégiée de la Russie, qui n’a rien demandé et qui ne nous menace en rien ? Pour faire plaisir à l’Allemagne avec laquelle nous avons des intérêts à ce point divergents. Vous entendez donc pousser encore un peu plus loin la soumission à l’Union européenne sous direction allemande ? Mettre en cause dans ces proportions l’indépendance de la France ?
Philippe Pétain trahissait sa patrie en promulguant ses ordonnances antijuives avant même que les Allemands l’aient demandé. Et il faisait tout pour mettre les ressources de son pays au service de l’Allemagne nazie dans la guerre immonde qu’elle menait. Il ne faut pas l’oublier, il avait un projet politique, celui d’une France abaissée dans une Europe dominée par l’Allemagne. Ce projet-là, et toute proportion gardée, ce serait donc aussi le vôtre ?
Mais ce sera non, Monsieur Macron ! Comment voulez-vous que nous l’acceptions ? Nous le refuserons d’abord parce que c’est l’intérêt de notre pays, et que vous êtes en train de l’abîmer et de lui faire prendre des risques inconsidérés. Mais nous le refuserons aussi parce que nous avons de la mémoire, et en particulier celle des sacrifices de ceux de 14-18 et de 39-45.
Et cela aussi nous oblige.
Régis de Castelnau
Avocat, ancien vice-Président du Syndicat des avocats de France, Président d'honneur de l'Association française des avocats conseils des collectivités, Auteur de nombreux ouvrages, dont "Le fonctionnaire et le Juge pénal"
(9 Novembre 2018)
Sur le même sujet:
Pétain, la vie d’un salaud et la persistance des ordures, par Jacques-Marie Bourget (10 novembre, 2018)
http://www.afrique-asie.fr/petain-la-vie-dun-salaud-et-la-persistance-des-ordures/
France-Maurice Audin: Du déni de réalité en guise de politique mémorielle, par René Naba
http://www.palestine-solidarite.org/analyses.rene_naba.160918.htm
Une anecdote sur la personnalité du général Edouard de Castelnau:
"Jamais après la guerre, le général de Castelnau ne s’élèvera contre ces détournements opérés au profit de la légende de Joffre ou de Pétain. Sans doute accordait-il beaucoup plus de valeur à ce témoignage qu’il recevra de la part de Jean Tocaben, jeune officier ayant combattu à Verdun et qui publie en 1920, un livre de souvenirs préfacé par André Tardieu57. Cet ouvrage contient une page vécue qui démontre bien l’image dont bénéficiait le général de Castelnau dans la troupe, chez les soldats du front : « Nous montions à Verdun. Nous pataugions dans les flaques de la route, lamentable troupeau. Une auto corne derrière nous, auto d’état-major, évidemment, limousine bien close où quelque officier fringant des bureaux va nous jeter à la face l’insulte des paquets de boue… Or il advint une chose insolite : la voiture, au lieu de rouler en trombe en nous éclaboussant, tardait à nous dépasser… Derrière moi, au lieu du piétinement mou de la horde, je percevais subitement comme l’ébauche d’une cadence. Qu’y avait-il donc ? Comme je tournais la tête, la voiture arrivait près de moi, roulant avec une lenteur inattendue, et, dans cette voiture, il y avait, debout, penché vers la portière ouverte, un général, la main au droit du képi à feuilles d’or, et surtout, la figure apitoyée, ses yeux portant sur nous un regard d’une tristesse infinie !… C’était le chef suprême après Joffre, Castelnau, le général aux trois fils morts, combattants comme nous, qui, de toute son âme, nous saluait… Je compris pourquoi mes hommes, d’eux-mêmes, rectifiaient l’allure et marquaient le pas. »
Source: https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89douard_de_Curi%C3%A8res_de_Castelnau
Georges Brassens parle de l'uniformisation de la langue française (INA)
" Georges BRASSENS s'entretient, à domicile, avec Jean-Pierre CHABROL. Il parle de la langue, de sa constitution, du danger de son uniformisation. On voit un photographe au début de l'entretien et plusieurs des photos qu'il a prises durant l'entretien (sur un extrait de chanson de BRASSENS). "
Visionnez ici la vidéo de l'INA: http://www.ina.fr/video/I04075258
Samain (Toussaint, Halloween)
La religion chrétienne n'a fait que christianiser les antiques fêtes celtiques, en leur faisant perdre leur sens cosmique, c'est-à-dire l'essentiel. L'homme occidental et prométhéen est culturellement séparé de l'univers qui l'entoure. C'est la source de tous ses maux et de ceux qu'il a infligés au monde.
POC
"Samain (Samhain en irlandais, Samhainn ou Samhuinn, Sauin en mannois), prononcé /ˈsɑːwɪn/, /ˈsaʊ.ɪn/, ou /ˈsaʊn/ est la première des quatre grandes fêtes religieuses de l’année celtique protohistorique, fêtée aux environs de notre 1er novembre. C'est aussi le nom d'Halloween et du mois de novembre dans les langues gaéliques. Elle vient après Lugnasad et avant Imbolc, et marque le début de la période sombre (pour les Gaels, l’année était composée de deux saisons : une saison sombre et une saison claire). C’est une fête de transition — le passage d’une année à l'autre — et d’ouverture vers l’Autre Monde, celui des dieux. Elle est mentionnée dans de nombreux récits épiques irlandais car, par définition, elle est propice aux événements magiques et mythiques. Son importance chez les Celtes est incontestable, puisqu’on la retrouve en Gaule sous la mention Tri nox Samoni (les trois nuits de Samain), durant le mois de Samonios (approximativement le mois de novembre), sur le calendrier de Coligny."
Extrait de Wikipedia: https://fr.wikipedia.org/wiki/Samain_(mythologie)
12e rapport alarmant du WWF sur la situation de la faune terrestre
Mammifères, oiseaux, poissons... sous la pression de l'homme, la Terre a vu ses populations de vertébrés sauvages décliner de 60 % de 1970 à 2014, annonce le Fonds mondial pour la nature (WWF) dans un bilan plus alarmant à chaque édition.
(...)
Le déclin de la faune concerne tout le globe, avec des régions particulièrement affectées, comme les Tropiques, selon le 12e rapport « Planète vivante », publié avec la Société zoologique de Londres et basé sur le suivi de 4000 espèces, pour un total de 16 700 populations distinctes.
Le 10e rapport faisait état de -52 % de 1970 à 2010. Rien ne semble freiner l'effondrement des effectifs, à -60 % désormais.
La zone des Caraïbes et de l'Amérique du Sud affiche un bilan « effrayant » : -89 % en 44 ans. La zone composée de l'Amérique du Nord et du Groenland s'en sort un peu mieux, avec une faune à -23 %. La vaste zone Europe, Afrique du Nord et Moyen-Orient est à -31 %.
Parmi les facteurs qui expliquent cette perte de biodiversité : la destruction des habitats, l'agriculture intensive, l'extraction minière et l'urbanisation. Toutes des pratiques qui poussent à la déforestation, à l'épuisement ou à l'artificialisation des sols.
(...)
Note: Bien sûr, ce rapport, comme tous les autres, ne concerne qu'un certain nombre d'espèces de grande taille, connues. En aucun cas il ne prend en compte la totalité des espèces sauvages vivant sur la terre, dont on ne connaît pas ou très mal la plupart, et qui évoluent sans cesse puisque la vie est un laboratoire de création et de disparition d'espèces permanent.
P.-O.C.
Ernst Jünger - Entretien avec Philippe Barlelet (France-Culture, 1993)
"La poésie, c'est l'art du réel."
Philippe Barlelet
"Coloniser, exterminer - Sur la guerre et l'Etat colonial" (Dr. Olivier Le Cour Grandmaison)
Dimanche 28 octobre 2018
Mohsen Abdelmoumen : Vous avez écrit « Coloniser. Exterminer ». D’après vous, l’Algérie a-t-elle été un laboratoire colonial ?
Dr. Olivier Le Cour Grandmaison : Oui, on peut effectivement considérer que l’Algérie a été une sorte de laboratoire pour l’élaboration d’un certain nombre de techniques de la guerre que l’on peut qualifier de guerre contre-révolutionnaire et de techniques répressives, notamment après la nomination de Bugeaud au poste de gouverneur général de l’Algérie en 1840. La nomination a pour objectif de mener à bien ce que les militaires et les responsables politiques de l’époque nomment déjà « la pacification de l’Algérie » et pour ce faire, le général Bugeaud va employer un certain nombre de méthodes de guerre et de techniques répressives parmi lesquelles les razzias dont il faut préciser qu’elles débouchent parfois sur la destruction de villages et d’oasis entiers, l’objectif étant d’expulser les populations « indigènes », comme on le dit à l’époque, et, comme cela se dit aussi très couramment, de procéder ainsi au refoulement des « Arabes », de les chasser des territoires qu’ils occupaient jusqu’à présent de façon à pouvoir faire en sorte que les Européens en général et les Français en particulier, les colons, puissent s’installer dans un environnement « pacifié ». Par ailleurs, on sait, et c’est parfaitement établi, que le général Bugeaud a également contribué à développer des techniques répressives comme l’internement administratif et la responsabilité collective qui vont être utilisés par la suite sous la IIIe République lors de la construction de l’empire entre 1881 et 1912 et enfin lors de la dernière guerre d’Algérie, à partir du 1er Novembre 1954 et jusqu’en 1962. Des officiers supérieurs de l’armée française vont rendre des hommages tout à fait officiels au général Bugeaud qu’ils considèrent comme un père fondateur des guerres coloniales.
Je trouve qu’il y a une similitude entre le sort du peuple algérien et celui des Amérindiens. Ne pensez-vous pas que les deux ont subi une extermination d’État ?
Il faut préciser tout d’abord que jusqu’en 1945, le terme « extermination » n’est pas du tout synonyme de « génocide » qui désigne les massacres de masse. Il est utilisé effectivement par des philosophes écrivains et par des écrivains, je pense en particulier à Tocqueville qui parle en effet d’extermination à propos des Indiens d’Amérique. Je pense à Émile Zola qui parle d’extermination à propos de la Commune de Paris. On peut et on doit d’ailleurs établir un parallèle, ce qui ne veut pas dire forcément que tout est similaire, mais effectivement entre les méthodes de conquête coloniale développées par la France en Algérie et le processus d’expansion de la démocratie américaine à l’Ouest des États-Unis, dans les deux cas en effet, les populations autochtones ont été refoulées, exterminées, c’est-à-dire massacrées en masse et privées de tout ou partie de leur territoire.
Tous vos ouvrages sont extrêmement intéressants et référentiels. Ainsi, dans votre livre La République impériale, vous évoquez le concept d’impérialisation des institutions. Que pouvez-vous nous dire à propos de ce concept ?
En ce qui concerne le concept d’impérialisation que j’ai forgé, il s’agissait pour moi de rendre compte des effets de la construction de l’empire sur la IIIe République, donc entre 1881 et 1912, sur les institutions à la fois politiques, académiques, et universitaires de la IIIe République, mais aussi sur les différentes sciences qui ont progressivement émergé et notamment ce qui va assez rapidement s’appeler les sciences dites « coloniales ». On s’aperçoit en effet que précisément parce que la France est devenue très rapidement la seconde puissance impériale du monde, il a fallu mettre en place un certain nombre d’institutions politiques et juridiques en métropole, dont la fonction est de gérer les territoires et les populations de l’empire, et il a fallu également développer un droit particulier, le droit colonial, et développer des sciences singulières et spécifiques, les sciences dites coloniales qui sont doublement coloniales, une première fois parce qu’elles prennent pour objet les colonies et les populations qui y vivent, et une seconde fois parce qu’au fond, ces sciences coloniales ont pour objectif d’aider les responsables de la IIIe République de mener à bien la gestion des populations indigènes, comme on le dit à l’époque.
(...)
Dans votre livre « De l’indigénat : Anatomie d’un monstre juridique », vous introduisez la notion de racisme d’État. Que pouvez-vous nous dire à propos de ce racisme d’État ?
En ce qui concerne le racisme d’État, il me paraît parfaitement établi d’une part dans le droit colonial qui est un droit de part en part raciste et discriminatoire, qui repose fondamentalement sur une représentation du genre humain hiérarchisée et sur la thèse – partagée par beaucoup – selon laquelle les peuples et les races inférieurs de l’empire ne sauraient être soumis à des dispositions démocratiques et républicaines équivalentes à celles qui sont établies en métropole. Et par ailleurs, pour revenir au Code de l’indigénat, on est parfaitement en droit et l’on peut considérer que l’un des monuments de ce racisme d’État, c’est évidemment le Code de l’indigénat auquel il faut ajouter le principe de la responsabilité collective appliqué jusqu’à la Libération, ainsi que l’internement administratif et toute une série de dispositions qui, une fois encore, sont des dispositions d’exception qui ont été votées par les parlementaires sous la IIIe République et qui ont perduré jusqu’à la Libération et n’ont été abolies qu’à ce moment-là.
Vous avez aussi écrit « L’empire des hygiénistes » dans lequel vous dites que même la science était mise au service du colonialisme. Pourquoi les scientifiques et les écrivains nous ont-ils refusé d’être des humains et d’avoir une histoire et une civilisation ?
Effectivement, pour beaucoup de contemporains de la IIIe République, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, qu’ils soient savants, ethnologues, historiens, responsables politiques, tous ou beaucoup d’entre eux partagent une même conviction qui est la suivante : les Arabes et les musulmans appartiennent certes à une civilisation mais à une civilisation qui est considérée non seulement comme inférieure mais également dangereuse, c’est pourquoi il est impossible de lui appliquer des dispositions institutionnelles, politiques et juridiques, équivalentes à celles qui valent en Europe. C’est pourquoi aussi il est nécessaire d’établir un État colonial que l’on peut et que l’on doit qualifier d’état d’exception permanent avec, évidemment, un certain nombre de dispositions juridiques qui sont cohérentes avec cet état d’exception permanent. Et donc, au cœur de l’ensemble de ces représentations et institutions, il y a cette conviction d’un genre humain hiérarchisé, les Arabes et les musulmans se trouvant dans une position intermédiaire, supérieure à ceux que l’on qualifie de « sauvages » – et l’incarnation la plus emblématique du sauvage à l’époque, c’est le noir – et évidemment inférieur aux Européens qui pensent occuper le sommet de la hiérarchie des races, des peuples, et des civilisations.
(...)
Lisez l'article complet sur le site palestine-Solidarité: http://www.palestine-solidarite.org/analyses.mohsen_abdelmoumen.281018.htm
"Le transhumanisme est-il l'avenir de l'humanité ?" par Chems Eddine Chitour
Le transhumanisme est-il l'avenir de l'humanité ?
© Chems Eddine Chitour
Vendredi 19 octobre 2018
Jean d'Ormesson (de l'Académie française)
Une nouvelle révolution est en train de se dérouler dans les laboratoires, une révolution sans bruit, sans médiatisation sans morts apparents mais qui est lourde de signification pour l'avenir de l'humanité. Les scientifiques parlent de supprimer les causes de la mort en « réparant » l'homme, mieux encore en « augmentant » ses capacités au-delà de ses capacités naturelles. Cette science : le transhumanisme est un tournant majeur dans la destinée humaine. Elle pose cependant des problèmes éthiques voire religieux.
Le transhumanisme est un mouvement intellectuel international prônant l'usage des sciences et des techniques afin d'améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains. Le transhumanisme considère certains aspects de la condition humaine tels que le handicap, la souffrance, la maladie, le vieillissement ou la mort subie comme inutiles et indésirables. La quête d'immortalité date de l'Épopée de Gilgamesh ou les quêtes de la fontaine de Jouvence et de l'élixir de longue vie, au même titre que tous les efforts ayant visé à empêcher le vieillissement et la mort, en sont l'expression. (...) Le biologiste Julian Huxley, semble être le premier à avoir utilisé le mot « transhumanisme ». En 1957, il définit le transhumain comme un « homme qui reste un homme, mais se transcende lui-même en déployant de nouveaux possibles de et pour sa nature humaine ».. (Encyclopédie Wikipédia)
« De ses débuts confidentiels dans la Californie des années 1990 à la profusion d'articles, de livres et de débats, le transhumanisme suscite rejets radicaux ou adhésions extrêmes, Car le transhumanisme, qui entend augmenter les capacités physiques et mentales de l'être humain, porte une utopie : le dépassement de la condition humaine. Le transhumanisme défend des projets parfois sidérant d'audace, comme prolonger la vie de plusieurs siècles, coloniser l'espace, doter l'homme de capacités sensorielles et cognitives bien au-delà de sa condition actuelle ou encore contrôler son état psychologique par un dopage permanent. Ces promesses ne constituent pas une simple confiance dans le progrès technologique. » (1)
« Souvent, le transhumanisme est perçu comme une spéculation sur le développement technologique, ce qu'il est, mais en partie seulement. Le transhumanisme nous appelle à prendre en main notre évolution pour nous libérer de « la loterie génétique », de la mortalité, des limites de nos capacités. Il s'agit ni plus ni moins que de changer l'homme, de révolutionner ses conditions biologiques pour le transformer, bref faire passer l'humanité à une étape nouvelle (et supérieure) de son évolution grâce à un effort technologique concerté et intense. Né à la fin des années 1980, le transhumanisme a réussi à inscrire à l'agenda mondial certaines de ses problématiques, son vocabulaire, sa vision du monde : l'homme augmenté, l'eugénisme libéral, le prolongévisme, la colonisation spatiale comme réponse à la crise climatique, autant de thématiques qui ne sont peut-être pas propres au transhumanisme mais que celui-ci porte et, surtout, unifie dans un projet global. Les transhumanistes annoncent une « révolution technologique » en cours, révolution pour laquelle ils proposent une pensée, une éthique, une psychologie. Aussi n'est-il pas surprenant que le transhumanisme inspire l'action de dirigeants de multinationales qui investissent des sommes considérables dans le développement de technologies correspondant aux utopies transhumanistes, Larry Page et Sergey Brin, Elon Musk, Peter Thiel, Mark Zuckerberg sont les plus médiatisés, les plus puissants sans doute » (1).
« En remettant en question l'idée que l'homme ait une nature définie, qu'il doive respecter les limites physiques de sa condition, que la mort soit un horizon indépassable pour toute construction sociale, le transhumanisme interroge des éléments structurants de l'expérience humaine. Par certaines de ses propositions les plus radicales, le transhumanisme pousse les positions éthiques classiques dans leurs retranchements, les amenant à se positionner en face de pratiques déjà effectives que l'on pourrait rapporter au transhumanisme (comme un certain eugénisme libéral, l'usage de médicaments pour des bien-portants à finalité d'augmenter leurs capacités, etc.).(…) Que veulent les transhumanistes ? Quelles sont leurs valeurs ? Quels sont les arguments de ses adversaires ? Chemin faisant, en débattant du transhumanisme, c'est de la place que prennent les technologies dans notre vie que nous discutons. Le détour en vaut donc la peine ! » (1)
« Le projet Human Body Version 2.0 a pour principal acteur Ray Arch Kurzweil, un archi-transhumaniste. Les objectifs sont clairement énoncés depuis un certain temps: Dans les décennies à venir, une mise à niveau radicale des systèmes physique et mental de notre corps, déjà en cours, utilisera des nanobots pour augmenter et finalement remplacer nos organes. Nous savons déjà comment prévenir la plupart des maladies dégénératives par la nutrition et la supplémentation; ce sera un pont vers la révolution émergente de la biotechnologie, qui à son tour sera un pont vers la révolution des nanotechnologies. D'ici 2030, l'ingénierie inverse du cerveau humain sera terminée et l'intelligence non biologique fusionnera avec notre cerveau biologique. En fait, il a déjà été annoncé que l'ingénierie inverse du cerveau humain était en bonne voie grâce à de nouvelles micropuces et à un logiciel associé. Et, bien qu'on ne s'attende pas à un recâblage complet du cerveau par les nanobots avant 2020, Phys.org a signalé que notre ADN avait été ciblé avec succès par des nanobots «pour la pharmacothérapie ou la destruction». Sur la base de nos connaissances actuelles, nous pouvons déjà toucher et sentir les moyens de réaliser chaque aspect de cette vision. Des chercheurs de l'Université de Columbia ont mis au point une flotte de nanorobots moléculaires capables d'administrer des médicaments à des cellules spécifiques et d'identifier les marqueurs génétiques à l'aide de marqueurs fluorescents»(1).
L'un des architectes du transhumanisme Ray Kurzweil, membre du conseil consultatif scientifique de la Lifeboat Foundation nous donne sa perception du futur celle d'un homme où aucun de ses organes n'est irremplaçable et même son imaginaire peut être modifié ( amélioré) ! Il écrit : »Dans les décennies à venir, une mise à niveau radicale des systèmes physique et mental de notre corps, déjà en cours, utilisera des nanobots pour augmenter et finalement remplacer nos organes. D'ici 2030, l'ingénierie inverse du cerveau humain sera terminée et l'intelligence non biologique fusionnera avec notre cerveau biologique. Le sexe a déjà été en grande partie séparé de sa fonction biologique. (…) Nous avons plusieurs méthodologies pour créer des bébés (…) Notre espèce a déjà augmenté l'ordre «naturel» de notre cycle de vie grâce à notre technologie: médicaments, suppléments, pièces de rechange pour pratiquement tous les systèmes de l'organisme et de nombreuses autres interventions. Nous avons déjà des appareils pour remplacer nos hanches, genoux, épaules, coudes, poignets, mâchoires, dents, peau, artères, veines, valves cardiaques, bras, jambes, pieds, doigts. Les systèmes destinés à remplacer des organes plus complexes (nos cœurs, par exemple) commencent à fonctionner. Au fur et à mesure que nous apprendrons les principes de fonctionnement du corps humain et du cerveau, nous pourrons concevoir des systèmes extrêmement supérieurs qui seront plus agréables, dureront plus longtemps et fonctionneront mieux, sans risque de panne, de maladie et de détérioration. Vieillissement » (2).
« Nous ne créerons pas tout à la fois la version 2.0 du corps humain. Ce sera un processus progressif, déjà bien engagé. (…) Les nanobots - des robots à la taille d'une cellule sanguine - fourniront les moyens de repenser radicalement notre système digestif et, accessoirement, à peu près tout le reste. Dans une phase intermédiaire, les nanobots situés dans le tube digestif et le sang extrairont intelligemment les nutriments précis dont nous avons besoin, demanderont des nutriments et des suppléments supplémentaires via notre réseau local sans fil et enverront le reste des aliments que nous consommons sur notre chemin. passé pour élimination. (…) En fin de compte, les nutriments individualisés nécessaires à chaque personne seront parfaitement compris (y compris les centaines de composés phytochimiques) et disponibles facilement et à peu de frais, de sorte que nous n'aurons pas besoin d'extraire les nutriments des aliments. (…) Cette technologie devrait être raisonnablement mûre d'ici les années 2020. Les nutriments seront introduits directement dans le sang par des nanobots métaboliques spéciaux. Les capteurs de notre circulation sanguine et de notre corps, utilisant la communication sans fil, fourniront des informations dynamiques sur les nutriments nécessaires à chaque instant. Un avantage important de la technologie des nanobots est que, contrairement aux simples médicaments et compléments nutritionnels, les nanobots possèdent une certaine intelligence. Ils peuvent suivre leurs propres inventaires et se glisser intelligemment dans notre corps de manière intelligente ». (2).
« Le cœur poursuit l'auteur est une machine remarquable, mais elle pose un certain nombre de problèmes graves. Bien que les cœurs artificiel commencent à fonctionner, une approche plus efficace consiste à se débarrasser complètement du cœur. Parmi les conceptions de Freitas figurent des substituts de cellules sanguines nanorobotiques qui fournissent leur propre mobilité. L'énergie sera fournie par des piles à combustible à l'hydrogène de taille microscopique. Integrated Fuel Cell Technologies, a déjà créé des piles à combustible de taille microscopique. Les respirocytes offrant un accès très étendu à l'oxygénation, nous serons en mesure d'éliminer les poumons en utilisant des nanobots pour fournir de l'oxygène et éliminer le dioxyde de carbone. (…) De même, les organes qui filtrent le sang pour détecter les impuretés, tels que les reins, peuvent également être remplacés par des services d'élimination à base de nanorobots » (2)
« Il ne reste plus qu'à présent le squelette, qui est une structure stable et nous avons déjà une compréhension raisonnable de son fonctionnement. (…). Des nanobots interconnectés permettront d'augmenter et, à terme, de remplacer le squelette. Remplacer des parties du squelette aujourd'hui nécessite une intervention chirurgicale douloureuse, mais le remplacer par des nanobots de l'intérieur peut être un processus progressif et non invasif. La version 2.0 du squelette humain sera très forte, stable et se répare d'elle-même. La peau, cependant, est un organe que nous voudrons garder, Nous pourrons en fin de compte améliorer la peau grâce à de nouveaux matériaux souples issus de la nanotechnologie qui offriront une meilleure protection contre les effets environnementaux physiques et thermiques » (2),
« La partie difficile -pour le moment- constituée par le cerveau fait l'objet de recherches intenses. Comme lu sur la publication suivante : « Le processus d'ingénierie inverse et de refonte englobera également le système le plus important de notre corps: le cerveau. Environ la moitié de notre code génétique étant consacré à sa conception. Considérer le cerveau comme un organe unique est une idée fausse. C'est en fait une collection complexe d'organes de traitement de l'information, interconnectés dans une hiérarchie complexe, et l'accident de notre histoire évolutive. Nous avons déjà des modèles mathématiques détaillés d'une vingtaine de dizaines de régions sur plusieurs centaines qui composent le cerveau humain. L'âge des implants neuronaux est également bien avancé » (3)
L'auteur décrit ensuite quelques avancées remarquables dans le cadre de la « réparation » de l'homme » Des chercheurs du MIT et de Harvard développent des implants neuronaux pour remplacer les rétines endommagées. Il existe des implants cérébraux destinés aux patients atteints de la maladie de Parkinson pour inverser les symptômes les plus dévastateurs de cette maladie. «Plutôt que de traiter le cerveau comme une soupe, en ajoutant des produits chimiques qui améliorent ou inhibent certains neurotransmetteurs», explique Rick Trosch, un médecin américain qui a contribué à ces traitements, «nous le traitons maintenant comme un circuit». Nous devenons rapidement plus intimes avec notre technologie. Les ordinateurs ont commencé comme de grosses machines distantes installées dans des salles climatisées et entretenues par des techniciens en revêtement blanc. Par la suite, ils se sont installés sur nos bureaux, puis sous nos bras et maintenant dans nos poches. Bientôt, nous les mettrons régulièrement dans nos corps et nos cerveaux. En fin de compte, nous deviendrons plus biologiques que biologiques. D'ici la fin de cette décennie, l'informatique disparaîtra comme une technologie distincte que nous devons emporter avec nous ». (3)
« D'ici 2030, l'électronique utilisera des circuits de la taille d'une molécule, l'ingénierie inverse du cerveau humain sera terminée Il est important de noter qu'une fois que l'intelligence non biologique a pris racine dans notre cerveau (un seuil que nous avons déjà franchi), elle va croître de manière exponentielle, tout comme le caractère accéléré des technologies basées sur l'information. Un cube d'un pouce de circuits de nanotubes (qui fonctionne déjà à plus petite échelle dans les laboratoires) sera au moins un million de fois plus puissant que le cerveau humain. D'ici 2040, la partie non biologique de notre intelligence sera beaucoup plus puissante que la partie biologique. Cependant, il fera toujours partie de la civilisation homme-machine, dérivée de l'intelligence humaine, c'est-à-dire créée par l'homme (ou des machines créées par l'homme) et basée au moins en partie sur l'ingénierie inverse du système nerveux humain. (3).
A quand un bébé à la carte, quasiment fabriqué de toute pièce ? Avec les progrès de la science et de la recherche médicale, la frontière qui nous sépare du spectre de l'eugénisme est de plus en plus ténue... Dans un avenir proche, le diagnostic pré-implantatoire, et bientôt l'utérus artificiel, vous permettront-ils de recourir à l'ectogenèse pour procréer d'une façon tout sauf naturelle, sans laisser de place au hasard, et de choisir le sexe de votre enfant, voire son QI ? Le futur sombre imaginé dans le film «Bienvenue à Gattaca» et le roman «Le Meilleur des Mondes» semble de plus en plus à notre portée » (4).
Dans le même ordre, d'une réécriture du destin de chaque être humain, cette publication va plus loin. On peut pratiquement commander le bébé que l'on veut. Il n'y a plus de loterie génétique ; Que se passerait-il si les parents en devenir avaient la possibilité de choisir à l'avance la combinaison de gènes que leur enfant hériterait ? La question est sortie du cadre de la science-fiction selon Hank Greely, professeur de droit à l'Université de Stanford. La science et la technologie sous-jacente progressent rapidement, il est maintenant temps d'examiner attentivement « quels changements légaux seraient nécessaires pour essayer de maximiser les avantages et minimiser les dommages de cette nouvelle approche reproductrice » (5)
« Le professeur Greely a exploré les implications juridiques, éthiques, et sociétales des biotechnologies émergentes dans un nouveau livre : « The end of sex and the future of human reproduction » (Harvard University Press, 2016), qui envisage un monde où la procréation ne commence plus dans la chambre à coucher, mais plutôt dans une boîte de Pétri d'une clinique médicale. Dans le livre, Greely raconte le scénario suivant : Un couple voulant un enfant, créerait cent embryons et recevrait un dossier sur l'ADN de chacun. Cela révélerait la présence de gènes favorisant l'apparition de graves maladies mortelles, ainsi que des marqueurs qui confèrent un risque accru de conditions moins graves. Mais cela pourrait aussi inclure des gènes pour des traits physiques, comme la couleur des yeux ou des cheveux, la taille et le type de corps. Mais également des marqueurs pour les traits comportementaux tels qu'une inclination pour le sport ou la musique. Les futurs parents sélectionneraient alors les embryons à implanter, sur la base des caractéristiques espérées. Le diagnostic préimplantatoire (DPI) qui consiste à l'extraction d'une seule cellule d'un embryon créé in vitro (FIV), et le dépistage de gènes malades ou des chromosomes anormaux est présent depuis 25 ans. Mais tôt ou tard, les scientifiques réussiront à faire des ovules humains viables et du sperme à partir de cellules souches pluripotentes induites (CSPi) provenant de la peau ou d'autres cellules somatiques, dit Greely. Cela permettra d'éliminer également la pression de l'horloge biologique au moins en termes de conception permettant ainsi aux femmes à repousser la formation d'une famille. » (5) *
Dans le même ordre on annonce une gestation réussie pour un agneau dans un utérus artificiel. Les humains pourraient être les prochains cobayes ? Les agneaux ont passé quatre semaines dans des utérus extracorporels sans le moindre problème apparent A l'intérieur de ce qui ressemble à un sac en plastique zippé branché à des tubes flexibles contenant du sang et d'autres fluides, huit fœtus de moutons ont poursuivi leur développement, quasiment comme ils l'auraient fait à l'intérieur du ventre de leurs mères. Si l'on en croit la nouvelle étude faisant ses premiers pas vers un utérus artificiel, pendant quatre semaines, les agneaux ont vu leurs poumons et cerveaux se développer, leur peau se couvrir de laine. Ils ont ouvert les yeux, gigoté, et appris à avaler » (6).
Pour le docteur Laurent Alexandre On manipulera les embryons pour optimiser nos enfants. La modification de l'ADN mettra fin à la loterie génétique. Aujourd'hui, 1 bébé français sur 30 est produit aujourd'hui par procréation médicalement assistée(CPMA). La place de l'intelligence artificielle (IA) dans la fabrication des bébés s'accroît d'année en année, et son potentiel de développement est vertigineux. Plusieurs étapes faisant appel à l'intelligence artificielle sont requises (…) nous allons cohabiter avec de nombreuses formes d'IA. Nous accepterons d'»augmenter» nos bébés pour qu'ils soient à la hauteur de ces intelligences artificielles. Déjà 50 % des jeunes Chinois souhaitent développer le QI de leurs bébés par manipulation génétique. La bataille entre transhumanistes et bioconservateurs a commencé » (7).
Faut-il refuser le progrès indéniable du fait que les fondements éthiques qui ont mis des millénaires à sédimenter sont remis en cause ? Il y a l'approche scientifique et l'approche religieuse. Du côté de la science Jacques Testart, directeur de recherche honoraire à l'INSERM. Citoyen vigilant, préoccupé des dérives de nos sociétés, s'affirme le défenseur têtu « d'une science contenue dans les limites de la dignité humaine » et de la démocratie réelle. Autant de prises de positions scientifiques et éthiques qu'il expose dans de nombreux« Les techniques du transhumanisme se forgent discrètement dans nos laboratoires et commencent à envahir notre quotidien. C'est que les marchands de confort et d'illusions rencontrent des intérêts industriels mais aussi des esprits réceptifs, surtout ceux des plus jeunes. Résister c'est d'abord informer et analyser mais c'est surtout produire un discours et des pratiques de déminage, c'est proposer des modes d'être au monde avec les autres qui refusent la performance et la compétition, c'est affirmer que l'humain vaut mieux que ce qu'il en parait trop souvent ». (8)
Devant les avancées de la science et l'aphonie des religions, l'humanité est ballotée entre une vision de l'immortalité que nous offre la science « ici bas et maintenant » et ce que nous promettent les religions dans « plus tard dans l'au-delà » Grégory Aimar nous parle de ce miroir aux alouettes dont il décrit toutes les tentations à portée de main : « « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme » écrivait Rabelais, il y a cinq siècles, dans Pantagruel. Nul doute que l'auteur aurait été très inspiré, aujourd'hui, par le mouvement transhumaniste. En effet, quoi de plus pantagruélique que l'appétit de ses adeptes ? Leur gloutonnerie va jusque-là : vouloir rendre l'être humain immortel, omniscient et omnipotent. Au menu de leur banquet, qui n'a rien de platonique : le rajeunissement de nos cellules pour prolonger nos vies et même la « fin de la mort », le remplacement de nos organes par des ersatz synthétiques censés être plus efficaces, l'amélioration de nos capacités intellectuelles et cognitives grâce à des implants cérébraux, une interconnexion permanente entre les humains « augmentés » et une super intelligence centrale qui possèderait l'ensemble des connaissances de l'humanité depuis la nuit des temps et qui, de plus, répondrait à nos besoins immatériels, émotionnels et psychologiques, qui encadrerait nos activités professionnelles et financières, mais aussi nos loisirs, nos déplacements, nos relations, et qui mesurerait nos performances dans tous ces domaines » (9)
« Pour ses apôtres, le transhumanisme n'est rien d'autre que la prochaine étape de l'humanité, incontournable, logique, évidente. Ce qui est certain, c'est qu'il est la prochaine étape du capitalisme et de nombreux investisseurs l'ont compris : Alphabet (Google), Microsoft et Facebook injectent des sommes colossales dans la recherche sur l'intelligence artificielle et les NBIC (Nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives). Et ces géants de la Silicon Valley ne sont pas les seuls : en Russie, en Chine et en Europe aussi, entreprises et milliardaires de tout bord investissent massivement dans ces domaines, avec toutes les questions qu'un tel engouement peut poser d'un point de vue sociétal. Ou plutôt qu'un tel engouement devrait poser car, pour le moment, les États et les citoyens sont loin de s'être emparés du sujet et c'est tout le problème. Les conséquences de ce projet de société sont innombrables, littéralement. Nous ne pouvons en mesurer la portée aujourd'hui et, surtout, nous n'en comprenons pas réellement les motivations ». (9)
« Voici un aperçu des questions qui se posent aujourd'hui : dans un monde aux ressources limitées, où trouver les quantités d'énergie et de matières premières nécessaires à cette explosion de la technologie ? Si les transhumanistes parviennent à l'immortalité, comment la croissance de la population mondiale sera-t-elle régulée ? Devrons-nous interdire les naissances ? Comment les personnes qui ne pourront pas « s'augmenter », pour des questions de moyens financiers, pourront-elles rivaliser avec ces « posthumains » sur le marché du travail ? A fortiori quand, parallèlement, se déroulera une robotisation effrénée de l'économie mondiale, réduisant encore le nombre de postes disponibles ? Quid des relations personnelles ? Les humains purement « biologiques » deviendront-ils des sous-citoyens, incapables d'entrer en relation avec leurs congénères hybrides dotés d'une plus grande intelligence, d'une force physique décuplée, d'une meilleure santé et d'une capacité de travail infinie ? L'asymétrie des interactions entre « bio » et « techno » engendrera-t-elle une scission profonde de l'humanité et l'exploitation des uns, abaissés au rang de primates, par les autres, élevés au statut de quasi-divinités ? » (9)
« Nous touchons là du doigt la question des motivations, voire des fondements de l'idéologie transhumaniste. Au-delà de la volonté d'améliorer la vie de chacun, de la rendre plus riche, plus intense et plus longue, outre les motivations financières, scientifiques et politiques, derrière la façade progressiste et libérale de ce mouvement, réside une croyance qui est avant tout religieuse et qui n'est jamais évoquée : l'athéisme. Le transhumanisme exerce en creux, à travers sa doctrine, un prosélytisme radical. L'illustration la plus flagrante de cette posture réside dans le projet de transférer la conscience humaine dans une machine, autrement appelé « téléchargement de l'esprit ». Ce dessein repose sur la croyance que notre conscience serait une propriété émergente de l'interaction entre les neurones : autrement dit, le cerveau produirait la conscience. À partir de là, il suffirait de copier l'activité cérébrale d'une personne et de la reproduire dans un ordinateur ou dans un corps artificiel pour « ressusciter » ladite personne. Sauf que le postulat d'une conscience émergente du cerveau n'a jamais été démontré et que prétendre le contraire relève de la promotion d'une religion matérialiste qui nie l'existence de l'âme et donc, in fine, de Dieu. Être athée n'est pas un problème, mais promouvoir l'athéisme sans le dire ouvertement, sous couvert de progrès scientifique, en est un. Compte tenu de l'accélération prodigieuse des performances en matière d'intelligence artificielle et des miracles qu'elle pourra bientôt accomplir omniprésence, omniscience, omnipotence à travers nos devices ou directement à travers les implants dans notre corps, nous pourrions vite nous retrouver à vivre sous l'autorité d'une divinité technologique et à mourir en elle, pour ressusciter en tant que copie. Une ultime question se pose alors : cette copie de notre personnalité sera-t-elle bien nous ?’ (9)
« Autrement dit, notre conscience actuelle vivra-t-elle réellement l'expérience du transfert et expérimentera-t-elle l'éternité sur un disque dur ? Ou bien allons-nous perdre le lien avec notre âme, qui pourrait être la vraie source de notre conscience selon d'autres croyances, et abréger une vie précieuse au profit d'une éternité factice ? Un Rabelais 3.0 posterait-il aujourd'hui sur son compte Facebook qu'une « science sans âme n'est que ruine de la conscience » pour accompagner la photo d'un chaton s'attaquant à une souris d'ordinateur ? Devant la puissance croissante déployée par la technologie et le pouvoir qu'en retirent ceux qui la contrôlent, rien n'est moins sûr. C'est pourquoi il incombe à chacun de nous, dès à présent, de répondre à ces questions et d'exprimer ce que nous voulons au menu de notre avenir car, plus que jamais dans notre société en quête de sens, la faim justifie les moyens. Le transhumanisme serait le vecteur de la promotion d'une religion matérialiste qui nie l'existence de l'âme et donc, in fine, de Dieu.. » ( ???) C'est peut-être le tour maintenant des technosciences d'écrire les textes sacrés qui vont guider l'humanité pendant quelques millénaires » (9).
L’homme a toujours essayé de lutter contre la maladie et chercher une forme de confort notamment en « réparant » une partie de lui-même pour atténuer la douleur Ainsi deux exemples nous permettent d’appréhender cette quête de l’homme depuis la nuit des temps. Le professeur Ali Belkadi écrit: « La propension au savoir rationnel est attestée en Algérie, il y a 7000 ans, durant l’ère néolithique dite de tradition capsienne, bien avant l’apparition des civilisations de Sumer, de Akkad ou celle de l’Egypte. Le site de Faïd Souar II, situé à 70km au sud-est de Constantine, a fourni en 1954 un crâne d’homo sapiens -ancêtre direct de l’homme moderne- dont le maxillaire dévoilait une prothèse dentaire. Cette originalité préhistorique annonciatrice de l’orthodontie est la seule du genre connue à ce jour dans le monde. (..) La mâchoire a subi l’avulsion de quatre incisives, selon l’usage bien établi chez les hommes d’Afalou-bou-Rhummel. La deuxième prémolaire supérieure droite de la femme préhistorique de Faïd Souar, a été remplacée par un élément dentaire fabriqué à partir de l’os d’une phalange qui a été finement taillé et lissé avant d’être réuni à l’alvéole. Ce qui lui donne l’apparence irréprochable d’une couronne dentaire conforme aux dents voisines.(..) La radiographie montre une grande proximité entre la paroi alvéolaire radiculaire du crâne et l’implant préhistorique. «Quelle précision dans ce travail pour ne pas faire éclater l’os!», écrivent Jean Granat et Jean-Louis Heim du Musée de l’homme à Paris, qui ajoutent: «Alors, les tentatives de greffes osseuses ou d’implantologie, réalisées par ce praticien d’alors, auraient 7000 ans!(...).» (10)
Graduellement pendant des millénaires l’homme s’est contenté « d’améliorer » sa condition ; notamment à l’occasion de guerres et toute une chirurgie traumatologique réparatrice a vu le jour avec des prothèses de plus en plus élaborées concomitamment au remplacement d’organes défectueux, reins, vésicules biliaires.. prothèses auditives.. .Dans la deuxième moitié du vingtième siècle les avancées de la science ont permit d’aller plus loin ce sera la greffe cardiaque déclinée de façon différentes. Présentement l’homme va plus loin il veut sortir de sa condition d’homme avec ses insuffisances ; Bienvenue dans la civilisation de l’Homme augmenté. Avec des performances plus importantes, il ne se contente plus d’améliorer sa vue , il invente des lunettes infra-rouge pour vois la nuit .. Rien ne s’oppose à sa quête de mieux être sauf qu’en s’attaquant au génome, il problématique la condition humaine apparemment avec des résultats notamment avec la découverte des CRISPC9 les fameux ciseaux qui peuvent réécrire le logiciel de la vie .
C'est un fait, la science bouscule d'une façon de plus en plus conquérante un certain nombre de «certitudes» avec lesquelles l'homme a vécues depuis l'avènement de l'humanité. On remarque que les sciences ne produisent plus seulement des visions du monde. Elles interviennent dans sa transformation. Ce faisant, elles sont tout autant cible qu'outil de formation de nos valeurs. Une question devient toutefois, de plus en plus récurrente: quelle est la définition de l'Humain? Après l'homme de plus en plus réparé, voici venir l'Homme augmenté avec un certain nombre d'additifs qui boostent son intelligence et ces ajouts nous font basculer dans l'homme machine, le cyborg. Que reste-t-il donc de son humanité? une tentative de greffe de tête humaine est envisagée !! «Dans une étude publiée il y a quelques jours par la revue Surgical Neurology International, le neurologue italien Sergio Canavero annonce qu'il est désormais possible de… greffer des têtes humaines. Pour être plus précis, si l'on considère que le cerveau, contenu dans le crâne, est le siège de la personnalité, de la conscience, et renferme ce qui rend chaque être humain unique, il vaudrait mieux parler de greffe de corps plutôt que de greffe de tête. L'auteur de l'étude écrit que les chirurgiens devront d'abord s'entraîner en réalisant des expérimentations sur des primates, voire sur des humains en état de mort cérébrale. Si tout avance comme sur des roulettes, la première greffe de tête humaine pourra avoir lieu dans deux ans assure Sergio Canavero.» (12)
Ou va l’humanité ? On remarque que les sciences ne produisent plus seulement des visions du monde. Elles interviennent dans sa transformation. Ce faisant, elles sont tout autant cible qu’outil de formation de nos valeurs. Une question devient toutefois de plus en plus récurrente : quelle est la définition de l’Humain ? Changer de corps, changer de tête, dans tout ça où est l’identité de l’Homme ? A partir du moment où nous partageons avec un exo cerveau, un exo squelette, en un mot avec la machine une partie de notre identité, il arrive un moment où même avec les avancées du bricolage du génome par une méthode, semble-t-il, très simple, la Crispc9, que reste-t-il de notre part d’humanité qui mit des milliers d’années à évoluer pour finalement se faire «doubler» par une machine qui fait de nous un cyborg mi-homme mi machine, une chimère qui, à un moment ou à un autre, cessera de vivre ou plus exactement de fonctionner ? (11)
La tentation de prolonger la vie, voire de rajeunir, va être bien grande, pour ceux qui en auront les moyens. Ceci combiné à l'allongement de la durée de la vie, la mécanisation du corps, et autres possibilités ne serait-ce pas considéré comme un premier pas vers «l'éternité»? La question est de savoir si la quête de l'immortalité à n'importe quel prix entre dans la mission du médecin ? En fait, dans la quête de l'éternité, la solution finale serait la «copie» de cerveau, soit en recréant la matière grise in-vitro, soit en simulant parfaitement son fonctionnement par un système logiciel et en copiant le «contenu» du cerveau dans ce système Le Human Brain Project, a pour objectif précisément de modéliser le cerveau.
Plus largement, les religions notamment révélées, devraient de mon point de vue montrer que la transcendance n'interdit pas d'aller vers la science notamment, pour réparer le corps, mais que l'existence de l'homme est un miracle non seulement en termes d'insufflation de la vie, mais même au vu des millions de contraintes physico-chimiques surmontées pour qu'il naisse. Il n'y a pas lieu pour les croyants, de tenter de se substituer au divin… De plus en plus les barrières éthiques sont de plus en plus dépassées au nom de la concurrence. Devant la science confucéenne qui a une autre vision de l'homme de sa présence sur Terre, les chercheurs n'ont pas d'état d'âme contrairement aux dernières digues qui commencent à sauter en Occident.
Cette course vers l'inconnu fait que l'homme ce tard venu à l'échelle des temps cosmiques se veut un destin semblable à celui de Prométhée qui voulait arracher le feu aux Dieux et dans son hubris, il risque de précipiter l'humanité vers le chaos car il fait des expériences en étant lui-même dans l'éprouvette ! Si l'humanité – telle que nous la connaissons depuis l’aube de la vie- disparait du fait du bricolage biologique, la Terre et l'Univers ne la pleureront pas ! Que représente en effet quelques millions d'années sur quelques 13,82 milliards d'années ! Un clin d'œil ! Jean Rostand avait raison d'écrire: " La science a fait de nous des Dieux avant d'être des hommes! " Pourtant la création de l’homme est pour nous un miracle ! Ne peut on pas s’auto-discipliner pour laisser à la création de l’homme son mystère et s’attaquer à d’autres causes autrement plus dangereuses pour la condition humaine je veux citer notamment les catastrophes anthropiques comme les changements climatiques, les guerres pour le toujours plus ? Ce serait le commencement de la sagesse… Amen !
Notes
1.https://iatranshumanisme.com/2018/09/25/transhumanisme-quel-avenir-pour-humanite%e2%80%89/
2.https://lifeboat.com/ex/human.body.version.2.0#nanobots
3.https://iatranshumanisme.com/2017/10/16/resister-au-transhumanisme-pourquoi-comment/
4.Fabien Soyez https://www.cnetfrance.fr/news/procreation-du-futur-bientot-des-bebes-a-la-carte-39861608.htm 14 décembre 2017
5.https://iatranshumanisme.com/2016/04/18/sommes-nous-a-vingt-annees-des-bebes-personnalises/
8.https://iatranshumanisme.com/2017/10/16/resister-au-transhumanisme-pourquoi-comment/
9.Grégory Aimar https://iatranshumanisme.com/2018/04/10/transhumanisme-une-nouvelle-religion/
10. Ali Farid Belkadi: A propos du youyou traditionnel Colloque Cread: Quels savoirs pour quelles sociétés dans un monde globalisé? Alger 8-11 novembre. 2007
11.Chems Eddine Chitour https://www.lesoirdalgerie.com/articles/2017/11/29/article.php?sid=220622&cid=41
12.Chems Eddine Chitour https://oumma.com/vers-nouvelle-humanite-hybride-lhomme-cyborg
Article de référence : http://www.lequotidien-oran.com/?news=5267815
Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique Alger
Source: http://www.palestine-solidarite.org/analyses.chems-eddine_chitour.191018.htm