Louis XVI (Rivarol)
" Si Louis XVI était mort les armes à la main au 10 août, son sang eût bien autrement fécondé les lis. L'échafaud et le silence du peuple sont toujours flétrissants pour la nation, pour le trône, pour l'imagination même."
Rivarol
La noblesse (Louis de Bonald)
"Si la noblesse doit être fonction, elle ne doit pas être pouvoir; encore moins doit-elle être métier: donc elle ne doit pas commercer. Le désir d'acquérir des richesses est le désir d'en jouir; le désir de jouir est le désir de vivre; et le désir de vivre s'accorde mal avec une profession qui ordonne de ne compter la vie pour rien, et le devoir pour tout."
Louis de Bonald, Théorie de l'éducation sociale (1796).
Notes sur le film de David Suzuki: The Real Avatar
Notes prises au Pérou en septembre 2012 après avoir visionné le documentaire filmé de David Suzuki: The Real Avatar (mars 2011, un épisode de l'émission The Nature of Things) dans une version sous-titrée en espagnol: El Avatar verdadero que m'avait donnée Ramón Romero, conseiller juridique de l'IBC, l'Instituto del Bien Común, une ONG américaine. Ce film du réalisateur japonais canadien raconte les conflits dans l'Amazonie péruvienne entre les peuples indigènes Awajún, Wampis et Harakmbut , l'État péruvien et les multinationales.
Une anthropologue péruvienne parle dans le film d'un de ces peuples amazoniens:
"Ils vivent dans deux mondes: le monde de la forêt et le monde de l'eau."
"Ils respectent les animaux, parce qu'ils possèdent les âmes de leurs ancêtres. C'est pour cela qu'il existe une grande culture d'identification avec la faune et la flore."
"Pire que la destruction de la forêt et du milieu naturel, loes compagnies pétrolières ont divisé les tribus, les communautés. A présent, ils sont en guerre contre eux-mêmes:"
Un jeune chef amazonien, intelligent, demande dans le film: "Ils nous proposent le développement. Qu'est-ce que le développement ? Pour nous, c'est le développement intellectuel, cognitif:"

Des Indiens d'Amazonie ont planté dans la forêt deux lances en croix en signe de guerre pour marquer leur opposition à un projet extractiviste sur leur territoire. C'est la raison pour laquelle les croix chrétiennes plantées dans la forêt amazonienne par les missionaires ont été interprétées pendant longtemps comme des déclarations de guerre par les Indiens. POC. Photo: Marek Woloszko. Remerciements à l'AIDESEP.
Chronique de la lutte citoyenne en Corée du sud (Eric Bidet, Shin Yang Kim, 2008)
Le 10 juin, la population coréenne entre dans le 34e jour de rassemblement populaire. A Séoul, capitale du pays, on estime à plusieurs centaines de milliers les participants aux manifestations et les rassemblements sont relayés partout dans les grandes villes. Ceux qui ne peuvent pas y participer apportent un soutien selon leurs moyens. Un employé distribue de l’eau potable, un commerçant de matériel publicitaire fabrique des banderoles, un handicapé dispose des bougies sur sa véranda. C’est la mobilisation la plus importante depuis 1987, année charnière de la lutte qui a mobilisé un million de manifestants dans les quartiers de Séoul et qui a mis la fin à la dictature militaire. A la différence du ‘Printemps de Séoul’ dont le mouvement était dirigé par les syndicats étudiants et ouvriers, ce sont cette fois-ci des citoyens ordinaires, parents d’élèves avec leurs enfants et jeunes couples derrière des poussettes, lycéens et étudiants qui se rassemblent le soir après la journée de travail en portant la bougie à la main.
Le ‘Rassemblement des bougies’ a lieu chaque soir depuis le début du mois de mai pour protester contre l’importation de viande bovine américaine et le risque sanitaire qu’elle fait courir à la population coréenne. Les manifestants sont pacifiques mais bien déterminés à revenir dans la rue jusqu’à ce que le gouvernement retire et renégocie l’accord conclu à la hâte avec les Etats-Unis. Ils sont là parce qu’ils sont convaincus que le gouvernement ne les représente pas ou plutôt ne veut pas les représenter. Comme peut en témoigner cette courte chanson répétée par eux tout au long du rassemblement à partir de l’article premier de la constitution (‘La Corée du sud est une république démocratique. Tous les pouvoirs découlent de la population coréenne’), ils assument leur responsabilité de citoyens pour remettre en place le pouvoir démocratique sans victimes ni martyrs. Et ils sont en train d’écrire une nouvelle page de l’histoire des mouvements sociaux et de la démocratie en Corée du sud. [...]
http://www.journaldumauss.net/spip.php?page=imprimer&id_article=365
le développement massif de l'aliénation (Jean-Claude Michéa)
"De nos jours il devrait, au contraire, être devenu évident pour n'importe qui que le développement massif de l'aliénation trouve sa source véritable et ses points d'appui principaux dans la guerre totale que les industries combinées du divertissement, de la publicité et du mensonge médiatique livrent quotidiennement à l'intelligence humaine. El les capacités de ces industries modernes à contrôler le "temps de cerveau humain disponible", sont, à l'évidence, autrement plus redoutables que celles du policier, du prêtre ou de l'adjudant" [...]
Jean-Claude Michéa. La double pensée - Retour sur la question libérale. Champs/essais, Flammarion, 2008 (pp. 119-120).
Kestufé du wéékend ? Je défile à Notre-Dame des Landes !
j´accrois ma productivité, je réduis ma viscosité, j´optimiste ma mobilité. je gére mon capital santé, je booste ma combativité, je guette les opportunités. jeplanifie des mutations, j´optimise la distribution, je restructure laproduction. je négocie un plan social, je réduis la masse salariale, je licencie ches les mandaïs.
29 février 2016 / Nicolas de La Casinière et Isabelle Rimbert (Reporterre)

Organisé rapidement, devenu alternative au référendum, le blocage festif de la voie express bordant la Zad de Notre-Dame-des-Landes a été, samedi, un succès sans précédent. La résistance au projet d’aéroport est populaire et tenace.
Notre-Dame-des-Landes et alentour (Loire-Atlantique), reportage
Les glissières de la voie express n’ont jamais connu un tel ramdam. Le double cortège qui a envahi vers 10 h 30, samedi 27 février, les quatre voies de circulation de l’axe Nantes-Vannes s’est mué en rythme collectif obsédant. Le jeu de quelques coups de bâton sur ces barrières de sécurité a vite été repris, multiplié, amplifié par des milliers de tambourineurs qui s’en sont donné à cœur joie en trouvant un bâton ou une branche sur le terre plein-central ou les bas-côtés. Une énergie incroyable, courant, vibrant sur des kilomètres de profilé métallique, a rempli l’air comme un concert de techno artisanale inspiré par les Tambours du Bronx et une batucada prenante et enjouée. Certains y ont vu une « métaphore de l’action collective », sans chef d’orchestre, écrivant dans l’improvisation des boucles rythmiques, capable de désunir et de se reformer pour imposer un tempo combattif. La rumeur joyeuse et déterminée permettait à peine de se parler dans le cortège.
(...)
http://reporterre.net/Notre-Dame-des-Landes-le-pari-des-rebelles-est-gagne
L'homme a volé le feu aux dieux, mais il a volé l'argent au diable
L'homme a volé le feu aux dieux, mais il a volé l'argent au diable. L'argent détruit l'homme et détruit la nature qui a créé l'homme. Nul mieux n'a mieux exprimé cela que l'ethnologue Robert Gessain dans son livre "Ammassalik ou la civilisation obligatoire":
"Evidemment c'est un problème, l'argent, c'est le problème de tous ceux qui sont venus après le Sakodo*. Ca ne sert plus à rien de savoir attraper les phoques, il faut apprendre à attraper l'argent. Mais ce n'est pas le plus facile, car il faut changer quelque chose dans son coeur et renier tout ce que pensaient les vieux. Pour entrer dans le cycle de l'argent et espérer posséder un jour les nouvelles techniques, il faut mourir à soi-même et à ce que furent les siens. (p. 103)
* C'est dans le monde dangereux dont les Inuit par leurs techniques, pendant des siècles, ont triomphé, et qu'ils avaient conçu comme un ordre stable et équilibré que fit irruption le premier Européen en 1884. le Sakodo (comme on nomme Gustave Holm à Amassalik, d'un mot signifiant: celui qui a beaucoup d'armes et d'outils), messager de cette richesse occidentale qui s'accroît de la course accélérée et triomphale où l'entraîne le déséquilibre permanent de son système." (p. 65)
Robert Gessain, Ammassalik ou la civilisation obligatoire, Flammarion, Paris, 1969.
Les Etats-Unis testent le pouvoir du TTIP sur VW (Heberhard Hamer, Horizons et Débats)
Vice-président Biden a comparé avec l’OTAN ce que les Américains et leurs multinationales appellent «Accord de libre échange» (TTIP). Cet accord sert à soumettre l’Europe à la dominance économique américaine et à leurs intérêts. Il y a un aspect intérieur et un aspect extérieur:
- C’est depuis longtemps que le gang autour de Juncker à Bruxelles s’efforce de démanteler les Etats-nations européens et d’anéantir le pouvoir de leurs Parlements pour assurer le pouvoir dominant de la Commission européenne. Pour cette raison le bureau politique à Bruxelles ne négocie qu’en secret avec les Américains, en excluant les Etats-nations. Ceci contredit la clause de subsidiarité et de souveraineté de l’UE. Mais la centralisation est le programme principal de Juncker, appliquée pendant la crise financière en partant de l’union de la concurrence économique, en passant par l’union de la responsabilité, puis de l’endettement pour arriver à l’union financière. Et encore récemment en Pologne quand l’UE est intervenue contre la destitution d’agents américains dans la radiodiffusion nationale polonaise. Bruxelles ne tolère ni des opinions divergentes de gouvernements ou Parlements, ni la limitation de l’influence des Etats-Unis en Europe.
- Vers l’extérieur, TTIP sert, au profit de l’économie américaine (et de l’OTAN), à l’intensification de la guerre économique envers la Russie (sanctions, guerre du pétrole, guerre des monnaies). Selon la doctrine de Brzezinski, les Etats-Unis ne peuvent maintenir leur statut de puissance mondiale que s’ils contrôlent l’Europe, et ils ne peuvent dominer l’Europe que s’ils contrôlent l’Allemagne. Ceci non seulement sur le plan politique au sens des atlantistes, mais aussi sur le plan économique: la plupart des entreprises cotées au DAX sont sous tutelle américaine. Maintenant, tout cela doit être fusionné à l’aide du TTIP en un espace économique commun euro-atlantique, opposé à la Russie.
La prise du pouvoir économique et juridique en Europe à l’aide du TTIP est accompagnée d’attaques contre des bastions économiques avant tout allemands qui ne sont pas encore gérées par les Américains. Actuellement, c’est le tour de VW.
General Motors a essayé à deux reprises d’acquérir le «gros morceau VW» à l’aide de crédits illimités de la FED. La première fois la famille Porsche les a devancés. La deuxième fois ils ont échoué avec leur plainte contre le droit de Veto de la Basse-Saxe. Maintenant, ils tentent une troisième fois de saigner, voire de déprécier VW à l’aide d’autorités et d’avocats mandatés par eux aux Etats-Unis, pour après les racheter à bon marché.
Si VW essayait la même chose aux Etats-Unis, le gouvernement américain interviendrait immédiatement sous le prétexte de l’intérêt national et sécuritaire. Le vrai scandale concernant VW est que le gouvernement allemand ne défend pas VW et qu’il se sent visiblement obligé plutôt à la puissance américaine qu’aux 100?000 employés de VW.
Si nous tolérons que les Américains détruisent VW pour favoriser ses deux concurrents américains Ford et Opel (General Motors), l’Allemagne perdra un de ses phares dont l’éclairage rayonne loin au-delà de ses frontières. Ainsi, nous commençons à comprendre ce que les Américains entreprendront contre nos autres grandes entreprises et monopolistes du savoir-faire, à l’aide du droit américain sur sol allemand créé avec TTIP.
Il n’est donc pas étonnant qu’un gouvernement qui se tait face à la destruction de VW, soit tolérant envers, voire favorise activement, la prise de pouvoir des multinationales américaines sur l’économie allemande (TTIP). Une guerre d’anéantissement, telle que les Américains la mène contre VW, serait impossible pour les Allemands aux Etats-Unis et ne serait tolérée par aucun gouvernement ou congrès américain. On voit donc bien ce que vaut un accord entre un puissant (USA) et un impuissant (UE) conclu par un pouvoir mondial avec des fonctionnaires téléguidés par lui (Commission européenne). De plus, les fonctionnaires de l’organisation patronale représentent les intérêts des multinationales contre la grande majorité de ses membres qui sont des PME.
La teneur de la prise de pouvoir économique des Etats-Unis en Europe est bien illustrée par l’itinéraire et l’agenda d’Obama. Celui-ci inaugurera avec Mme Merkel la Foire de Hanovre pour «aligner la politique et l’économie sur l’accord TTIP». •
(Traduction Horizons et débats)
Pier Paolo Pasolini: "Je suis contre l'avortement"
« (…) Aujourd’hui la liberté sexuelle de la majorité est en réalité une convention, une obligation, un devoir social, une anxiété sociale, une caractéristique - à laquelle on ne peut renoncer - de la qualité de la vie du consommateur. En somme, la fausse libéralisation du bien-être a créé une situation aussi malsaine sinon plus, que celle du temps de la pauvreté.
(…) Autrefois le couple était béni, aujourd’hui il est maudit. Les conventions et les journalistes imbéciles continuent de s’attendrir sur "le bon petit couple" (comme ils disent abominablement) sans s’apercevoir qu’il s’agit là d’un pacte criminel. Et les mariages : autrefois, c’étaient des fêtes, et leur caractère d’institution – si stupide et sinistre – était moins fort du fait qu’il était institué par, précisément, un processus heureux et joyeux. Aujourd’hui, au contraire, les mariages ressemblent à de hâtifs rites funèbres. La cause de toutes les choses terribles que je suis en train de dire est claire : autrefois "l’espèce" devait lutter pour survivre et, par conséquent le nombre des naissances devait dépasser celui des décès. Aujourd’hui, par contre, "l’espèce", si elle veut survivre, doit s’arranger pour que le nombre des naissances ne dépasse pas celui des décès. Et donc : chaque enfant qui naissait autrefois, représentant une garantie de vie, était béni, tandis que chaque enfant qui naît aujourd’hui, contribuant à l’autodestruction de l’humanité, est maudit.
(…) Au cours de ces dix dernières années est intervenue la société de consommation, c’est-à-dire un nouveau pouvoir faussement tolérant qui a relancé le couple sur une très grande échelle, en privilégiant tous les droits de son conformisme. Mais ce qui intéresse un tel pouvoir, ce n’est pas un couple générateur d’enfants (prolétaires), mais un couple consommateur (petit-bourgeois) : il a donc in pectore l’idée de la légalisation de l’avortement (comme il avait déjà celle de la ratification du divorce. (…) »
Pier Paolo Pasolini: Je suis contre l'avortement. Article paru dans le Corriere della Sera, 19 janvier 1975. Repris en francais dans Les Écrits corsaires.
Source de cette citation:
https://blogs.mediapart.fr/alexis-flanagan/blog/011212/mariage-homosexuel-j-ai-relu-pasolini
Voir aussi: http://www.novaplanet.com/novamag/6069/les-ecrits-corsaires-de-pier-paolo-pasolini