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Rouge et Blanc, ou le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste
Articles récents

Le Sarasara profané, Parinacochas est livrée au pillage et à la destruction

27 Mai 2014 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles

le-volcan-sarasara-et-des-vigognes-au-premier-plan.jpg

Le volcan Sarasara. Au premier plan et un peu plus loin, des troupeaux de vigognes.

Photo: Pierre-Olivier Combelles, 2002.

 

Le site incasique de Incahuasi (ou Incawasi) avec la lagune de Parinacochas et le volcan Sarasara à l'arrière-plan. Photo: Pierre-Olivier Combelles (Wikipedia)

 

Le volcan Sarasara au sommet enneigé domine le paysage et la lagune de Parinacochas, dans les Andes méridionales du Pérou (département d'Ayacucho). Les gens du pays ne veulent pas y monter car c'est pour eux le domaine des esprits ou des dieux de la montagne (Apus) et des morts.

Vivant dans la région depuis 2004 (hacienda Pitunilla, près de Chumpi*), je me suis souvent rendu au bord de la lagune Parinacochas (du quechua parihuana: flamant rose et cocha: vaste étendue d'eau), où se trouve le hameau et les vestiges incasiques de Incawasi**, mais, malgré ma curiosité, je me suis toujours retenu d'explorer le volcan, dont mes amis paysans me parlaient avec respect et crainte. Avec raison.

En 1996, une expédition dirigée par l'archéologue étasunien Johan Reinhard et l'archéologue péruvien José Antonio Chávez explora le sommet et découvrit, avec des restes de constructions, la momie d'une fillette et des offrandes: statuettes masculine et féminine, de vigogne, de lama, etc***. Elles provenaient d'un sacrifice humain propiatoire (capacocha) au temps des Incas. Les vestiges furent transportés au Museo de Santuarios Andinos à Arequipa****.

Au nom de la science et de l'archéologie, l'homme moderne a violé, profané une montagne sacrée, séjour des dieux. Elle a été dépouillée de ses offrandes religieuses qui ont été déplacées dans un lieu profane par excellence, un Musée. C'est un sacrilège.

Aujourd'hui, la province est bouleversée par le développement de l'industrie minière (extractivisme). En 2012, la mine à ciel ouvert d'or et de cuivre Breapampa (Newmont-Buenaventura) a commencé son exploitation au sommet de la montagne qui domine le village de Chumpi, à une vingtaine de kilomètres au nord. C'est le "château d'eau" qui irrigue tout le pays. Le traitement du minerai se fait au cyanure, comme partout au Pérou.

La lagune de Parinacochas, l'une des plus vastes des Andes et qui abrite d'importantes colonies d'oiseaux (flamants roses, foulques géants), est menacée par des concessions minières. La pionnière de l'ornithologie au Pérou, Maria Koepcke (1924-1971), avait souhaité la convertir en parc national pour la protéger. 

L'admirable lac Junín ou lac Chinchaycocha, dans les Andes centrales du Pérou, que j'ai visité à maintes reprises dans les années 1990 et 2000 au cours de mes recherches sur la maca (Lepidium meyenii Walpers), le plus vaste des Andes après le lac Titicaca, est aujourd'hui pollué par les déchets de la mine de Cerro de Pasco. La faune et la flore finissent de disparaître. Ce lac était en principe une "aire naturelle protégée" par l'Etat.

La lagune de Parinacochas subira-t-elle le même sort ?

La destruction de la nature et les malheurs qui en sont la conséquence sont le châtiment de sa désacralisation par l'homme moderne. Le volcan Sarasara et les offrandes au dieux ont été profanés. Il n'y a plus ni religion, ni prêtres, ni soldats, ni lois pour les garder. N'étant plus sacrée, la Terre devient la proie de l'appétit sans limite des hommes follement guidés par l'argent et par leurs passions: la richesse matérielle, la puissance, l'ambition, la gloire.

Les dieux protégeaient les hommes et la nature. Sans eux, ce sont les hommes qui risquent fort de disparaître.

 

Pierre-Olivier Combelles

 

* http://fr.academic.ru/dic.nsf/frwiki/1341321

**http://fr.wikipedia.org/wiki/Province_de_Parinacochas#mediaviewer/Fichier:Le_volcan_Sarasara_et_le_lac_Parinacochas._Vue_des_hauteurs_d%27Incawasi.jpg

*** Film de J. Reinhard: Ice Mummies- Frozen in Heaven : link

**** link

 

Comme l'homme fait partie de la nature, l'esprit de l'homme fait partie de l'Esprit de la Nature.

由于人是性的一部分,人的精神是性之灵的一部分

Yóuyú rén shì Xìngzhì de yībùfèn, rén de jīngshén shì Xìngzhì zhī líng de yībùfèn

Pierre-Olivier Combelles

 

Pierre-Olivier Combelles et ses amis de Huallwa 2012

Pierre-Olivier Combelles (à droite sur la photo) avec ses amis paysans de Huallwa,en face de Pitunilla, en décembre 2012 (fin de la saison sèche dans les Andes). La lagune de Parinacochas et le volcan Sarasara se trouvent à une dizaine de kilomètres derrière la montagne à l'arrière-plan.

 

La lagune Parinacochas menacée

 

Captures d'écran du film de Johan Reinhard: Ice Mummies - Frozen in Heaven

Source: http://www.youtube.com/watch?v=P8rFff0BFyQ

 

Sarasara vue du lac depuis le sommet Reinhard

La lagune Parinacochas vue du sommet du Sarasara.

 

Vigogne en or capacocha Sarasara Reinhard

Vigogne en or découverte au sommet du Sarasara

 

lama argent capacocha Sarasara Reinhard

Lama en argent

 

llama en spondyle capacocha Sarasara Reinhard

Lama en coquillage marin (Spondylus)

 

statuette capacocha Sarasara Reinhard

Statuette masculine

 

statuette feminine capacocha Sarasara Reinhard

Statuette féminine

 

momie capacocha Sarasara Reinhard

Momie de la fillette sacrifiée au cours du capacocha (sacrifice humain propiatoire aux dieux ou esprits de la montagne) au sommet du Sarasara.

Ernesto Cardenal: Homenaje a los Indios americanos. Tahuantinsuyu.

Ernesto Cardenal: Homenaje a los Indios americanos. Tahuantinsuyu.

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Deux pensées d'Héraclite d'Ephèse

26 Mai 2014 , Rédigé par Béthune

Orion

Source: Wikipedia

 

 

83 - Où l'homme a son séjour ne sont pas enfermées les maximes de la sagesse, mais là où est le dieu.

150 - l'âme est une étincelle d'essence stellaire.

 

 

Héraclite, fils de Blyson ou, selon d'autres, d'Héraconte, naquit à Ephèse. La LXIXe olympiade [504-501 av. J.-C.] marqua son acmê.

Diogène Laërce

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Terre-mère (Chef indien Smohalla/Mircea Eliade)

25 Mai 2014 , Rédigé par Béthune

Historic photo of Indians dancing at a rodeo

Wanampum People: Photo by Burrell courtesy of Nez Perce National Historical Park, NEPE 1605.

Source: http://www.rosebudvineyards.com/wanapum-tribe-makes-national-geographic/

 

Un Prophète indien, Smohalla, chef de la tribu Wanapum, refusait de travailler la terre. Il estimait que c'était un péché de blesser ou de couper, de déchirer ou de griffer "notre mère commune" par des travaux agricoles. Et il ajoutait: "Vous me demandez de labourer le sol ? Irai-je prendre un couteau pour le plonger dans le sein de ma mère ? Mais alors, lorsque je serai mort, elle ne me reprendra plus dans son sein. Vous me demandez de bêcher et d'enlever des pierres? Irai-je mutiler ses chairs pour arriver à ses os ? Mais, alors, je ne pourrai plus entrer dans son corps pour naître de nouveau. Vous me demandez de couper l'herbe et le foin et de le vendre et de m'enrichir comme les Blancs ? Mais comment oserais-je couper la chevelure de ma mère*?"

Ces paroles ont été prononcées il y a moins d'un siècle, mais elles nous arrivent de très loin. L'émotion que l'on ressent à les entendre tient surtout à ce qu'elles nous révèlent, avec une fraîcheur et une spontanéité incomparables, l'image primordiale de la Terre-Mère.

* James Mooney, "The Ghost Dance religion and the Sioux Outbreak of 1890"(Annual Report of the Bureau of American Ethnology. XIV, 2, Washington, 1896, p. 641-1136), p. 721, 724.

 

Mircea Eliade, Le sacré et le profane. Gallimard, Paris, 1965. Chapitre III: La sacralité de la Nature et la religion cosmique.

 

Smohalla, fondateur de la religion des rêveurs, a vu le jour entre 1815 et 1820; il faisait partie des Sokulks, une petite tribu des Nez-Percés habitant près de Priest Rapids sur la rivière Columbia à l'est de l'Etat de Washington. Smohalla se distingua comme guerrier et commença à prêcher vers 1850. Il a constamment rejeté la civilisation de l'homme blanc et ses enseignements. La religion des rêveurs était un retour à des concepts indigènes, particulièrement à ceux de la Douce Mère la Terre qui font du rêve l'unique source du pouvoir surnaturel. La doctrine dont quelques détails sont révélés dans la déclaration qui suit, attira beaucoup d'adeptes. Au nombre des plus dévots "rêveurs" on doit compter Chef Joseph et ses Nez-Percés.

Pieds nus sur la terre sacrée. Textes rassemblés par T.C. McLuhan. Denoël, 1974.

 

 

This was in the 2014 March edition of National Geographic Magazine.  The caption reads, “Destiny Buck, of the Wanapum tribe, rides her mare, Daisy, in the yearly Indian princess competition in Pendleton, Oregon. Embraced first for war, hunting, and transport, horses became partners in pageantry and a way to show tribal pride.”

Source: http://www.rosebudvineyards.com/wanapum-tribe-makes-national-geographic/

 

Magnifique collection de photographies anciennes d'Indiens d'Amperique du Nord: http://www.pinterest.com/dazifarm/native-americans/

 

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San-shin, l'Esprit des Montagnes

22 Mai 2014 , Rédigé par Béthune

Minhwa (peinture) coréenne représentant un Dieu (Esprit) des Montagnes (San-shin), dont le tigre est le messager.

 

En Asie comme dans l'Amérique préhispanique, les montagnes étaient et sont toujours pour les "peuples de la terre" aborigènes, le séjour des dieux, des esprits et des morts. En Corée, on les nomme "San-Shin". Les "yama-no-kami" ou "yamagami" sont l'équivalent au Japon.

Parmi les cultes que l'on rend àla montagne, il y a les cairns, petites "pagodes" de pierres amoncelées par les pélerins qui, normalement, doivent apporter leur pierre depuis le bas de la montagne. Nous retrouvons ce culte, sous la même forme, dans les Andes où l'on voit sur les cols, d'innombrables "apachetas" avec traces d'offrandes, de libations d'alcool.

(à suivre)

 

 

Site internet de David Mason: http://www.san-shin.org/

Ancient Spiritual Forest Culture of the Baekdu-daegan Range
booklet distributed at a U.N. Conference,  October 2011: http://issuu.com/hikekorea/docs/kfs_booklet_final_standard_size/1

Sur les cairns dans les montagnes de Corée: http://koreamosaic.net/PhotosHTML/CountryPhotos/Korea/k_cairn.htm

 

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Les Barricades mystérieuses de Rochefort

17 Mai 2014 , Rédigé par Béthune

Epée de La Fayette

 

Une réplique de l'Hermione, la frégate qui mena La Fayette en Amérique, a été construite à Rochefort sur Mer, ville qui abrite une des plus anciennes loges maçonniques de France. La mâture est installée, mais le bateau est invisible, caché derrière des barricades mystérieuses qui suscitent la colère du public.

https://fr-fr.facebook.com/Hermione.Rochefort.Fregate.De.La.Honte

L'Hermione devrait paraît-il traverser l'Atlantique en 2015 pour se rendre à New York. 

http://www.sudouest.fr/2013/12/11/feu-vert-pour-la-traverseeavis-aux-volontaires-temeraires-1255850-1504.php

Pour célébrer la signature du TAFTA, l'inique traité de libre-échange entre les Etats-Unis et l'Union Européenne qui livrera les peuples et la nature à la voracité des financiers, des multinationales et des politiques corrompus ?

Une exposition "La franc-maçonnerie et les voyages" était visible à Rochefort en 2012:

http://poitou-charentes.france3.fr/info/l-hermione-la-fayette-et-les-franc-macons-74980627.html

 

Méditez ces événements en (ré)écoutant les Barricades mystérieuses de François Couperin, interprétées ici au piano par Georges Cziffra:

http://www.youtube.com/watch?v=1lvBZhXEJXY

 et au clavecin (instrument pour lequel elles avaient été écrites è l'époque) par Scott Ross (1951-1989): http://www.youtube.com/watch?v=Hj33HliB5v0

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Strategic and passionate King of Scotland Robert I the Bruce betrayed by Mel Gibson in Braveheart

15 Mai 2014 , Rédigé par Béthune

For as long as one hundred of us shall remain alive, we shall never in any wise consent submit to the rule of the English,, for it is not for glory we fight, nor riches, or for honour, but for freedom alone, which no good man loses but with his life.

King Robert Bruce of Scotland

"In the struggle for independence over the English, Robert the Bruce was the strategic and passionate patriot King of Scotland that grabbed his axe and fought against the English for the freedom of Scotland. Behind him marched thousands of Scottish patriots. He was the leader Scotland deserved and needed.

I wanted to make this documentary about King Robert I the Bruce of Scotland, because after the release of Mel Gibson's Braveheart movie, his name has been dramatically weakened as many took for a fact everything that was displayed in the movie. However, although a beautiful film about William Wallace, it his highly suggestive and historically inacurrate at some points. For example, Wallace never invaded England and captured York. Also, most importantly, Robert never betrayed Wallace. Robert simply stayed quiet during his rebellion because he argued that political power and recognition from other Kingdoms was necissary to truly establish Scotland as a Kingdom again. Braveheart displays Robert as a weak, uncertain and flimsy charachter, when in history, he was far from it. This was the man that truly led Scotland to victory. He deserves more honor and fame and its a shame that his name has been covered with dust."

Source et vidéo: http://www.youtube.com/watch?v=3fCsWL3S4Bs

 

Ce n'est pas la première fois que Mel Gibson se prête à une grave désinformation politique:

"Dans les années 1980, Hollywood tourna un film avec Mel Gibson accréditant la version officielle de Suharto que le 30 septembre 1965 était un coup d'état communiste. Sélectionné à Cannes, le film rapporte plus de 10 millions de dollars au box office américain (0,2 pour The Act of Killing...)."

http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/indonesie-30-09-65-un-des-plus-157448

 

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ALBA GU BRATH

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Le traité transatlantique, un typhon qui menace les Européens (Lori M. Wallach/Le Monde diplomatique)

15 Mai 2014 , Rédigé par Béthune

Engagées en 2008, les discussions sur l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne ont abouti le 18 octobre. Un bon présage pour le gouvernement américain, qui espère conclure un partenariat de ce type avec le Vieux Continent. Négocié en secret, ce projet ardemment soutenu par les multinationales leur permettrait d’attaquer en justice tout Etat qui ne se plierait pas aux normes du libéralisme.

(...)

L’impérieuse volonté de soustraire le chantier du traité américano-européen à l’attention du public se conçoit aisément. Mieux vaut prendre son temps pour annoncer au pays les effets qu’il produira à tous les échelons : du sommet de l’Etat fédéral jusqu’aux conseils municipaux en passant par les gouvernorats et les assemblées locales, les élus devront redéfinir de fond en comble leurs politiques publiques de manière à satisfaire les appétits du privé dans les secteurs qui lui échappaient encore en partie. Sécurité des aliments, normes de toxicité, assurance-maladie, prix des médicaments, liberté du Net, protection de la vie privée, énergie, culture, droits d’auteur, ressources naturelles, formation professionnelle, équipements publics, immigration : pas un domaine d’intérêt général qui ne passe sous les fourches caudines du libre-échange institutionnalisé. L’action politique des élus se limitera à négocier auprès des entreprises ou de leurs mandataires locaux les miettes de souveraineté qu’ils voudront bien leur consentir.

Il est d’ores et déjà stipulé que les pays signataires assureront la « mise en conformité de leurs lois, de leurs règlements et de leurs procédures » avec les dispositions du traité. Nul doute qu’ils veilleront scrupuleusement à honorer cet engagement. Dans le cas contraire, ils pourraient faire l’objet de poursuites devant l’un des tribunaux spécialement créés pour arbitrer les litiges entre les investisseurs et les Etats, et dotés du pouvoir de prononcer des sanctions commerciales contre ces derniers.

L’idée peut paraître invraisemblable ; elle s’inscrit pourtant dans la philosophie des traités commerciaux déjà en vigueur. L’année dernière, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a ainsi condamné les Etats-Unis pour leurs boîtes de thon labellisées « sans danger pour les dauphins », pour l’indication du pays d’origine sur les viandes importées, ou encore pour l’interdiction du tabac parfumé au bonbon, ces mesures protectrices étant considérées comme des entraves au libre-échange. Elle a aussi infligé à l’Union européenne des pénalités de plusieurs centaines de millions d’euros pour son refus d’importer des organismes génétiquement modifiés (OGM). La nouveauté introduite par l’APT et le TTP, c’est qu’ils permettraient aux multinationales de poursuivre en leur propre nom un pays signataire dont la politique aurait un effet restrictif sur leur abattage commercial.

Sous un tel régime, les entreprises seraient en mesure de contrecarrer les politiques de santé, de protection de l’environnement ou de régulation de la finance mises en place dans tel ou tel pays en lui réclamant des dommages et intérêts devant des tribunaux extrajudiciaires. Composées de trois avocats d’affaires, ces cours spéciales répondant aux lois de la Banque mondiale et de l’Organisation des Nations unies (ONU) seraient habilitées à condamner le contribuable à de lourdes réparations dès lors que sa législation rognerait sur les « futurs profits espérés » d’une société.

(...)

Suite de l'article très détaillé de Lori M. Wallach publié en novembre 2013 bpar Le Monde diplomatique: http://www.monde-diplomatique.fr/2013/11/WALLACH/49803

 

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Deux histoires du "Phoque" de Bathurst Inlet (Knud Rasmussen)

13 Mai 2014 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles

Le trait caractéristique des Kitdlinermiut, c'est leur vivacité, leur humeur allègre, leur exubérance qui va parfois jusqu'au sans-gêne.

(à suivre)

 

 

Knud Rasmussen, Du Groenland au Pacifique - Deux ans d'intimité avec les tribus d'esquimaux inconnus. Traduit du Danois par Cécile Lund et Jules Bernard. Préface de Joëlle Robert-Lamblin. Editions du Comité des travaux historiques et scientifiques (1994).

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Why Greens should be Politically Incorrect (Pourquoi les Verts devraient être politiquement incorrects) par Aidan Rankin

13 Mai 2014 , Rédigé par Béthune

Wigwam Montagnais-Naskapi du Québec-Labrador (Innu) en hiver

Photographie ancienne.

A disturbing new trend is beginning to emerge in 'First World' cities and indigenous communities alike. It is a trend that challenges education's true meaning. For, around the world, books are disappearing from school shelves.

This is not due to financial cutbacks, but outbreaks of 'political correctness'. Teachers remove from library shelves books about military heroes, explorers, hunters and conquerors, on grounds of 'imperialist', 'racist' or 'sexist' attitudes, thus contributing to the alienation and delinquency of their male pupils, and a wider alienation of their school from the community it serves. By imposing this form of censorship, 'progressive' educators weaken local cultures, rather than supporting them by adding new layers of knowledge. Their work becomes counter-educational. It undermines confident traditions, but puts nothing in their place except a void filled by cynicism, nihilism and a sense of grievance.

One example is a school in Labrador, Canada, where hunting is condemned by modern, Western-educated teachers, despite the fact that the children are Innu, a sub-Arctic people who have long thrived on sustainable hunting, and revere the animals they hunt.

The Innu do not present their society as an ideal one, but it has evolved legitimately. They have developed over centuries of life as nomadic herdsmen their own social system, their own law and their own view of man's place in the universe, which worked very successfully until a larger, more arrogant culture started to impose its will. In the past, the main threat to Innu identity came from missionaries, then from administrators who assumed that it was always better for people to 'settle down' and live in houses, or shop in supermarkets instead of hunting in 'remote' areas better designated for mining or military bases. Now, it comes from 'progressive' western educators, campaigners and, ironically, spokesmen for the values of 'freedom' and 'rights'.

In the supposedly developed world, the desire by liberal, western elites to impose a uniform pattern on society has created new social divisions. It has produced fragmented communities whose troubles are akin to those of conquered 'natives'. Within Innu settlements, alcoholism, family breakdown and domestic violence are now endemic, and suicide rates the highest in the world. Further north, the Inuit, who have recaptured a measure of self-government, have been reduced to welfare dependency by 'environmentalist' attacks on hunting and trapping.

The thinking behind the original forcible settlement of the Innu was inspired by the false belief that history is a straight line of 'progress', moving inevitably forward, riding roughshod over local peculiarities and distinctive cultures, leading us towards ever-larger units of government and an ever more global culture. It is this vision of historical inevitability which ecological politics, to have any meaning, should challenge. Too often, however, ecologists ally themselves with the progressive supremacists. They claim to oppose the globalisation of the economy, yet champion the globalisation of culture.

Green politics should be culturally conservative. This does not mean it should be 'right-wing' in the conventional sense. It means that it should include a critique of the idea of progress, a wish to restore natural equilibrium to economics, social organisation and humanity's relationship with the planet. High Tories and utopian socialists once found common ground in opposing the excesses of the Industrial Revolution. Similarly today, a bond can be forged between small-conservatives who value tradition over change, small business over large corporations, and socialists who value local communities over centralised governments, co-operation over centralised planning.

The true ecologist need not be a political animal at all, for his views should reflect the practical wisdom of ordinary people. He should believe, with Aristotle, that political institutions evolve organically and that there should be limits to the size of states. With Edmund Burke, the French Revolution's critic, he should believe that 'rights' have little meaning without cultural roots, and that the only real social contract is 'a partnership not only between those who are living, but between those who are dead and those who are yet to be born'.

The mistake made by many modern Greens is to ally themselves less with those who wish to conserve traditional ways of life, and more with those who wish to impose a 'politically correct' fundamentalism that gives economic globalisation its cultural underpinning. PC fundamentalists deny that human communities evolve naturally in different ways. Whether leftists or neo-liberals, they place abstract rights before accumulated wisdom.

Like previous totalitarian movements, modern political correctness thrives on ritual denunciation. Those who reject the idea that male and female roles are interchangeable are 'sexist', those who believe in a strong defence policy are 'militaristic', those who oppose the free movement of labour and capital are 'xenophobic'.

Ecologists who accept today's politically correct definitions of 'progress' are acting against the underlying logic of Green politics. For the whole point of being Green is to conserve cultures, to recognise that human diversity is part of 'biodiversity'. Green politics should be proud to be politically incorrect, and to challenge the tyranny of universal progress.

Source: The Ecologist, June 2000.

http://www.wermodandwermod.com/newsitems/news081220111420.html

 

Aidan Rankin was born in 1966 in Melbourne, Australia, but returned to the UK with his parents in 1972. He spent his childhood in Hampshire and North London (where he served five years imprisonment at boarding school). He has an MA in Modern History from Oxford University and a PhD in Political Science from the London School of Economics. The latter took him to South America, where he was based in Montevideo studying the transition to democracy in Uruguay, with some comparative material from Argentina, Chile and Brazil. He has since worked as press officer for Survival International, the NGO that campaigns for indigenous peoples, lectured and run a research programme at the LSE and worked as News Editor for Jain Spirit.
Aidan has contributed articles and reviews to numerous publications, including The Guardian, The Times Literary Supplement, The Times, The New Statesman, Spectator, The Independent, The Daily Telegraph, New Vision, Insight (Journal of the Theosophical Society) and Next Future (Sri Aurobindo Society). He is the winner of the Literati Award for Excellence for contributions to the European Business Review. Aidan is a trained stress management consultant and is on the National Council of the Theosophical Society.
Aidan became interested in spiritual issues because he realised that the social sciences, political science in particular, only scratched the surface of the human predicament and that a more rounded approach was needed. His most recent book,
Healing Wisdom from India, brings the spiritual and political worlds together and transcends traditional boundaries within both.
Aidan lives in South-West London with his partner Brian.

Source: http://www.o-books.com/authors/aidan-rankin

 

"Like most people in the Western world, I’d had little or no exposure to Shinto, the ancient, traditional spirituality of Japan. It was never included in my mental list of wisdom traditions and, I am now ashamed to say, if I thought about it at all I’d dismissed it as merely a set of rituals that Japanese people traditionally observed out of habit rather than conviction. How wrong I was.

The author traces the history of this ancient tradition (whose origins date back  and astounding 16,000 years) and introduces its key concepts of Kami (creative energy), Kannagara (going with the flow) and Musubi (organic, sustainable growth). But Shinto cannot be reduced to simplistic terms. When you try to put these concepts into rational boxes, as I was doing at first, they jump out again, switch boxes. Eventually I realised they can only be understood properly at an intuitive, ‘aha!’ level. It occurs to me that Shinto is a lot like water. You can drink it, bathe in it and use it for a hundred and one different purposes but you can never actually grasp it. Just when you think you’ve understood it, it shape-shifts again, trickling out through your clutching fingers. And that’s because, like life itself, it never stops growing, moving changing, adapting…which is why it is still alive and well after so many millennia.

I had just finished reading this book when the devastating  earthquake and tsunami struck Japan. People here were marvelling at the way the Japanese people handled this tragedy. Was it stoicism? Far from it. It was Shinto in action: flowing with what happens: staying grounded: staying deeply tuned to Nature, tempestuous aspects and all. Like a rooted tree, bending in the wind. Saying ‘yes’ to life.

As Rankin says, “Shinto is a life-affirming faith that embraces tradition and innovation equally and helps us to reconnect with nature. It is a spiritual pathway for our time.”

Reviewed by Marian Van Eyk McCain http://greenspirit.org.uk/bookreviews/2011/11/shinto-a-celebration-of-life-by-aidan-rankin/

Vidéo d'une entrevue avec Aidan Rankin au sujet de son livre "Shinto, a Celebration of Life": http://www.youtube.com/watch?v=OnaK8r42TiQ

Masala Tour: entrevue du Dr. Atul K. Shah avec Aidan Rankin, auteur des livres: "Shinto, a Celebration of Life", "The Jain Path - Ancient Wisdom for the West" and "Many-Sided Wisdom - A New Politics of the Spirit" : http://www.youtube.com/watch?v=ZmcAQTMOSGU

Review of the Jain Path, by Aidan Rankin. By Michael T. Caley, The Trumpeter (Journal of Ecosophy, University of Athabasca, Canada), Vol. 23, N°2 (2007): http://trumpeter.athabascau.ca/index.php/trumpet/article/view/974/1376

 

Green Karma, by Aidan Rankin. Originally printed in the JANUARY- FEBRUARY 2008 issue of Quest magazine. Citation: Rankin, Aidan. “Green Karma.” Quest  96.1 (JANUARY- FEBRUARY 2008): 17-20. http://www.theosophical.org/publications/1268

 

Symbole officiel du Jaïnisme représentant la Cosmographie jaïne et sa devise : Parasparopagraho Jivanam (« les vies se doivent un mutuel respect »). La paume de la main représente la non-violence, le réconfort moral et la compassion

Symbole Jaïn ; le svastika est un symbole majeur du jaïnisme. Ici, les points bleus entre les branches du svastika représentent les quatre mondes : en haut à gauche, le monde des hommes ; en haut à droite, le monde des dieux ; en bas à gauche, le monde des animaux et des plantes ; en bas à droite, le monde des démons : seul le monde des hommes est ouvert à la délivrance, grâce aux trois joyaux (en vert) du jaïnisme (vision juste, connaissance juste, conduite juste), qui permet d'accéder à la libération du cycle des réincarnations (le candra-bindue : en jaune).

 

symbole bouddhiste, The Three Jewels

Les Trois Joyaux, (sanskrit : triratna ; pâli : tiratana ; chinois : sānbǎo 三宝) est le terme commun au jaïnisme, à l'hindouisme et au bouddhisme, désignant des trois qualités indissociables que sont l'Éveil ou Curiosité (jué 觉), la Droiture ou Sagesse ou Équité (zhèng 正) et l'Altruisme (jìng 净), sans lesquels aucune civilisation ne saurait naître ni perdurer. (...)

Présentés aussi sous la forme "Apprendre, Comprendre et Partager", ils sont le pendant positif des Trois Poisons (sanskrit : triviṣāṇi ; chinois : sāndú 三毒; japonais : sandoku 三毒) L'Ignorance (ou Obscurantisme), l'Intolérance (ou Colère, Xénophobie, Orgueil) et l'Avidité (ou Cupidité, Convoitise, Égoïsme, Jalousie).

 

Source: Wikipedia ( articles "Jaïnisme" et "Trois Joyaux")

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ja%C3%AFnisme

 

L'Irlandais R.H. Edmund Burke (1729-1797), auteur des immortelles

Reflections on the Revolution in France (1790).

 

« The only thing necessary for the triumph of evil is for good men to do nothing »  ( La seule chose nécessaire au triomphe du mal est l'inaction des gens de bien).

« Dans une nation de galanterie, dans une nation composée d'hommes d'honneur et de chevalerie, je crois que dix mille épées seraient sorties de leurs fourreaux pour la venger (la Reine) même d'un regard qui l'aurait menacée d'une insulte ! Mais le siècle de la chevalerie est passé. Celui des sophistes, des économistes et des calculateurs lui a succédé : et la gloire de l'Europe est à jamais éteinte ».

Edmund Burke

 

 

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Avez-vou lu Douguine ? (Claude Bourrinet)

12 Mai 2014 , Rédigé par Béthune

C'est rare de trouver, sous une plume francaise, un texte à la fois intelligent, profond et réaliste comme celui de Claude Bourrinet sur l'écrivain russe Alexandre Douguine, penseur de l'Eurasisme:

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2013/week08/index.html

 

Extraits:

 

(...) "Or, affirme Douguine avec réalisme, c’est de là qu’il faut partir. De la postmodernité.

Qu’est-ce que peut nous apporter la postmodernité ? D’un point de vue « scientifique » et philosophique, elle est déconstruction théorétique des sociétés. À la suite des penseurs du « soupçon » comme Marx, Nietzsche, Freud, le structuralisme de grands anthropologues tels que Lévi-Strauss ou Foucault, a démontré que la notion de progrès n’était qu’un mythe, à proprement parler une mystification visant à légitimer l’hégémonie universelle de l’Occident, et qu’il n’existait pas, dans l’absolu, de « civilisations » inférieures, ou supérieures. Pire, ou mieux ! ce que l’on appelle « pensée », ou « raison », n’est qu’une construction relative, redevable de la philosophie hellénique, laquelle a « oublié », comme le démontre Heideggger, ce grand penseur capital, auquel se réfère Douguine, l’être, en promulguant la métaphysique occidentale."

(...)

Il va sans dire que toute une panoplie idéologique, comme le projet nationaliste, devient obsolète. Reprenant les analyses de Carl Schmitt, Douguine approfondit le concept de « Grand espace », d’ « Empire », et, particulièrement, d’eurasisme.

Nous, Français, nous sommes nécessairement influencés, lorsque nous abordons la notion d’Empire, par l’épopée napoléonienne, de la même façon d’ailleurs que les Allemands peuvent l’être par le troisième Reich. En Russie, l’équivalent d’un grand ensemble homogène, centralisé, autoritaire et exclusif serait la Russie de Pierre le Grand, lequel ne fit qu’imiter l’Occident. Or, l’empire nationaliste n’est que l’hypertrophie de la nation, donc une manifestation de la modernité, au même titre que l’individu, l’État calculateur, machiavélien et « scientifique », et que la science galiléenne et cartésienne. La preuve est que son expression la plus pure fut la grande révolution de 1789, révolution bourgeoise par excellence.

L’eurasisme, en tant que concept, pour Douguine, ne se cantonne pas à un territoire donné, comme la Russie et ses satellites européens et asiatiques. C’est une « Idée », presque au sens platonicien, générique, qui sert de concept opératoire pour penser les phénomènes postmodernes dans la dimension géopolitique et sociétale. En effet, dans sa course à l’abîme, l’Évangile des temps contemporains, prétendant porter le Bien, mais engendrant misère, désespoir et destruction, rencontre des résistances. Le noyau d’où partit l’expansion moderne, l’Europe, déplacé dans cette terre « purifiée » ethniquement, matrice de la pire utopie de l’histoire, les États-Unis d’Amérique, a été confronté durant deux ou trois siècle à une périphérie, qu’il s’agissait de « civiliser », c’est-à-dire de domestiquer, d’exploiter, d’aliéner, voire de génocider. Cependant, cette « périphérie » n’était rien, aux yeux des « civilisateurs », qu’un terrain vierge de culture, peuplé de sous-hommes, de sauvages ou de barbares.

(...)

En effet, nous sommes devant un dilemme : être ou ne pas être. En arrimant l’Europe au vaisseau libéral amiral, l’oligarchie européenne a choisi le néant historique, la domesticité ou la complicité, et, pire, la « culture » de la destruction, la « destructivité » néo-libérale. Autrement dit, c’est un suicide, à tous les sens du terme. Il est évident que nous ne sommes pas Russes, bien que les Slaves aient souvent été très proche de notre cœur. Le projet eurasiatique nous met en demeure de réagir, et d’être. C’est une urgence, un devoir, un destin. Être de « bons Européens », comme disait Nietzsche… N’est-il pas trop tard ? Existe-t-il, ce substrat populaire, encore présent en Russie (pour combien de temps, peut-être ?), ce projet politique, autre que celui, vicié à la base, des bureaucrates de Bruxelles, et, surtout, cette spiritualité, cette métaphysique, cette théologie, cette liaison existentielle entre la terre et le ciel, les éléments du territoire, les rêves, les élans, qui se sont manifestés en Iran, qui soudent encore, par l’Orthodoxie, le peuple russe (sans qu’une cœxistence soit impossible avec d’autres spiritualités, d’autres ethnies), ou qui fortifient la foi des musulmans ? Car, s’inspirant du mystique iranien Sohravardî, Douguine nous rappelle que c’est en Orient que le Soleil se lève, et qu’en Occident, il se couche. Échapperons-nous à cette fatalité pour retrouver un destin historial ?

 

Ecoutez Tapiola, la dernière grande oeuvre symphonique de Sibelius sur le Dieu des Forêts: http://www.youtube.com/watch?v=Yy0_zqEOp4A

 

Sibelius_Tapiola_Jarvi_JP.jpg

 

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2013/week08/index.html

 

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