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Le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste
Articles récents

Le projet de ligne ferroviaire Atlantique-Pacifique Brésil-Pérou

4 Juin 2015 , Rédigé par POC

Entre deux océans. La Chine, le Pérou et le Brésil conduiront une étude de faisabilité la partie marquée en rouge du tracé actuellement sous étude reliant par un ligne ferroviaire de 5300 km, l’Atlantique au Pacifique.

Entre deux océans. La Chine, le Pérou et le Brésil conduiront une étude de faisabilité la partie marquée en rouge du tracé actuellement sous étude reliant par un ligne ferroviaire de 5300 km, l’Atlantique au Pacifique.

Les routes tueront la nature et, avec elle les derniers hommes qu'elle a sauvés jusqu'à aujourd'hui de la civilisation, les derniers hommes libres.

Jean Gabus*, Sous les tentes lapones, Editions Victor Attinger, Neuchâtel (1936)

* 1908-1992, ancien directeur du Musée d'Ethnographie de Neuchâtel.

Je voudrais rappeler une thèse qui est bien ancienne, mais qui est toujours oubliée et qu'il faut rénover sans cesse, c'est que l'organisation industrielle, comme la « post-industrielle », comme la société technicienne ou informatisée, ne sont pas des systèmes destinés à produire ni des biens de consommation, ni du bien-être, ni une amélioration de la vie des gens, mais uniquement à produire du profit. Exclusivement.
Jaqcues Ellul, Le bluff technologique 1988; seconde édition 2004, Hachette, coll. Pluriel, p. 571.

 

Entrevue de Dennis Small (EIR/Executive Intelligence Review/Lyndon La Rouche) avec le Dr. Liu Youfa, diplomate chinois, ancien vice-président de l’Institut chinois des études internationales (CIIS), au sujet du projet de ligne ferroviaire Atlantique-Pacifique Brésil-Pérou et du BRICS: http://www.solidariteetprogres.org/liu-youfa-reve-chinois-benefice-mutuel.html,.

Trancription française de Solidarité & Progrès (Jacques Cheminade), mouvement politique dont nous ne partageons absolument pas le libéralisme; libéralisme qui est aussi celui de EIR, ce Cheval de Troie des pseudo "anti-système".

Ce projet est étonnamment similaire à celui de la Conquête de l'Ouest au XIXe siècle: soif de l'or et du profit, construction du chemin de fer, invasion par les étrangers d'une autre race, destruction des Aborigènes, spoliation de leurs terres, remplacement des cultures traditionnelles par la Civilisation, destruction de la nature (forêts, bisons) remplacée par des villes, des routes et d'immenses monocultures, au nom du soit-disant "Progrès".

Rappelons, ou apprenons à ceux qui ne le sauraient pas, que les indiens d'Amazonie (chasseurs-pêcheurs-cueilleurs nomades sur un vaste territoire, vivant en petites sociétés égalitaires) étaient appelés avec respect et vénération par ceux des Andes (cultivateurs et éleveurs sédentaires, partiellement urbanisés, avec un gouvernement monarchique): Ñaupa machu: c'est à dire les "ancêtres vénérables". Les exterminer, comme détruire la Pachamama, la "Terre-Mère" aurait été impossible, inimaginable pour eux. C'est pourtant ce qui se passe aujourd'hui, dans notre époque maudite.

P.O.C.

Le Dr Liu Youfa, diplomate, ancien vice-président de l’Institut chinois des études internationales (CIIS) et les chasseurs d'une tribu amazonienne du Brésil.  Autre pays, autre continent, autre culture, autre pensée, autre physique, autre milieu naturel (un bureau dans un gratte-ciel d'une mégapole chinoise d'un côté et la forêt amazonienne de l'autre), autres intérêts et objectifs (le profit): il n'y a rien en commun entre le Dr. Liu Youfa et les Aborigènes d'Amazonie. C'est un extra-terrestre pour eux, à l'apparence humaine, un monstre maléfique plutôt car à priori les extra-terrestres sont gentils, mais il est clair que ce qu'il veut entraînera leur destruction et celle de l'Amazonie. Illlustration: montage à partir d'une photographie par Sebastião Salgado (FUNAI).

Le Dr Liu Youfa, diplomate, ancien vice-président de l’Institut chinois des études internationales (CIIS) et les chasseurs d'une tribu amazonienne du Brésil. Autre pays, autre continent, autre culture, autre pensée, autre physique, autre milieu naturel (un bureau dans un gratte-ciel d'une mégapole chinoise d'un côté et la forêt amazonienne de l'autre), autres intérêts et objectifs (le profit): il n'y a rien en commun entre le Dr. Liu Youfa et les Aborigènes d'Amazonie. C'est un extra-terrestre pour eux, à l'apparence humaine, un monstre maléfique plutôt car à priori les extra-terrestres sont gentils, mais il est clair que ce qu'il veut entraînera leur destruction et celle de l'Amazonie. Illlustration: montage à partir d'une photographie par Sebastião Salgado (FUNAI).

La "selva": forêt primaire amazonienne. Selon le botaniste tropicaliste Francis Hallé, 70% de la biodiversité terrestre se trouverait dans la canopée, à 70 m de hauteur.

La "selva": forêt primaire amazonienne. Selon le botaniste tropicaliste Francis Hallé, 70% de la biodiversité terrestre se trouverait dans la canopée, à 70 m de hauteur.

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Le barrage géant de Belo Monte condamne les Indiens du Brésil

4 Juin 2015 , Rédigé par Béthune

Je vois maintenant que nous assistons à une révolution de la terre elle-même. Et ce qu'on peut voir partout, ce sont les manifestations de cette révolution; les armes atomiques, la dévastation de la flore et de la faune. Peut-être que la terre n'a plus besoin de l'homme et qu'il ne lui est peut-être plus nécessaire.
Ernst Jünger (Journal)

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L’Organisation International du Travail (OIT), affirme que le gouvernement brésilien manque à ses devoirs concernant les droits fondamentaux des peuples indigènes.

L’OIT affirme qu’en ne consultant pas les Indiens sur la construction du méga-barrage de Belo Monte, le Brésil viole la Convention 169 de l’OIT relative aux droits des peuples indigènes et tribaux, que le pays a ratifiée.

Belo Monte sera la troisième plus grand barrage au monde. Le gouvernement brésilien a autorisé la construction de celui-ci malgré la condamnation unanime des Indiens, des communautés riveraines, de scientifiques, du ministère public brésilien et de la Commission interaméricaine des droits de l’homme.

Le projet de méga-barrage avait été initié par l’ancien président Lula Da Silva, et c’est son successeur Dilma Rousseff en personne, ancienne ministre de l’Énergie et actuelle présidente du Brésil, qui a imposé le démarrage du chantier en janvier 2012 malgré la forte opposition.

Les populations d’Indiens isolées —qui tirent leur subsistance, leur alimentation et leur médecine uniquement de la forêt qui sera détruite par la construction du barrage— subiront les plus graves conséquences.

Le barrage implique la création d’un lac artificiel de 500 km2, qui engloutira le territoire du peuple Kayapo. Pour fonctionner durant la saison sèche, il aura besoin d’un réservoir nécessitant de submerger une zone supplémentaire de 6 140 km2, inondant les territoires des peuples Araweté, Igarapé Ipixuna, Koatinemo, Arara, Kararaô, et Cachoeira

Au total 20 000 à 40 000 Indiens seront contraints d’ici 2015 de quitter leur habitat. Lorsque les Indiens sont expulsés de leurs terres, ils finissent souvent au bord d’une route ou dans des réserves surpeuplées où la violence, la malnutrition, la maladie et le suicide sont monnaie courante, indique l’ONG Survival. Ayant peu d’immunité face aux maladies extérieures, l’afflux de migrants pendant la construction du barrage met leur vie en danger.

Le Ministère public brésilien et la Commission interaméricaine des droits de l’homme ont ordonné au gouvernement de suspendre la construction du barrage tant que les droits des Indiens ne seront pas respectés, mais le chantier continue avec le consentement des plus hautes autorités brésiliennes.

Les organisations de défense des droits des peuples autochtones dénoncent le risque de génocide des peuples indiens du Brésil, dont le gouvernement multiplie les atteintes aux droits fondamentaux en violation de ses obligations nationales et internationales [1]

Les Amérindiens du bassin de Xingu sont victimes d’une véritable guerre économique parce que les sous-sols des terres où ils vivent recèlent des richesses convoitées par des multinationales, notamment le Niobium, un minerai utilisé pour la fabrication d’aciers hautement résistants utilisés dans la fabrication de pipelines. Alors qu’il est présenté comme un projet visant à alimenter la population brésilienne en électricité, le méga-barrage est en réalité principalement destiné à fournir l’énergie nécessaire à l’extraction de bauxite dans l’État du Pará et à sa transformation en aluminium pour l’exportation. En d’autres termes, les Indiens du Brésil sont sacrifiés par le gouvernement de Dilma Rousseff au profit d’une économie spéculative globale, dont les profits ne bénéficieront pas aux Brésiliens.

[1]
- Les droits des peuples autochtones inscrits dans la Constitution brésilienne.
- La Convention de l’OIT relative aux peuples indigènes et tribaux (1989) ratifiée par le Brésil en 2002.
- La mesure conservatoire 382/10 accordée en 2011 par la Commission interaméricaine des droits de l’homme en adoptant des mesures concrètes, notamment pour protéger la vie, la santé et l’intégrité physique des membres des communautés indigènes du bassin du Xingu en isolement volontaire, pour protéger l’intégrité culturelle de ces populations ainsi que leurs terres ancestrales contre les intrusions et l’occupation par des non-autochtones et contre l’exploitation ou la détérioration de leurs ressources naturelles.

Source de cet article: http://www.voltairenet.org/article173567.html

Sur le même sujet: Belo Monte, le barrage géant du Brésil qui a vaincu les Indiens

LE MONDE | 24.04.2014 à 13h47 •   Par Nicolas Bourcier (Altamira (Brésil) Envoyé spécial)

http://www.lemonde.fr/planete/visuel/2014/04/24/sur-le-chantier-du-barrage-de-belo-monte_4406467_3244.html

La Funai, l’organisme public [brésilien] chargé de la protection des indigènes, s’avère sous-dimensionnée pour répondre aux besoins. « Je ne sais pas ce qui est le plus important pour les Indiens, s’il faut une télé ou des graines de manioc. La Funai, elle, le sait, et nous fournit les listes. Mais ils n’ont que vingt-deux fonctionnaires »
(1989) L'indienne kayapo Tuira menace de sa machete l'envoyé du gouvernement brésilien José Antonio Muniz Lopes dans une réunion sur le projet du barrage Belo Monte : « Nous n’avons pas besoin de votre barrage. Nous n’avons pas besoin d’électricité, elle ne nous donnera pas notre nourriture. Vous êtes un menteur ! »

(1989) L'indienne kayapo Tuira menace de sa machete l'envoyé du gouvernement brésilien José Antonio Muniz Lopes dans une réunion sur le projet du barrage Belo Monte : « Nous n’avons pas besoin de votre barrage. Nous n’avons pas besoin d’électricité, elle ne nous donnera pas notre nourriture. Vous êtes un menteur ! »

Lances en croix plantées dans le sol en Amazonie. C'est une déclaration de guerre. C'est la raison pour laquelle les Indiens ont pris au début la croix chrétienne comme un signe d'hostilité. Image: AIDESEP.

Lances en croix plantées dans le sol en Amazonie. C'est une déclaration de guerre. C'est la raison pour laquelle les Indiens ont pris au début la croix chrétienne comme un signe d'hostilité. Image: AIDESEP.

Diego Rivera: Indian warrior (1931) - MoMa.

Diego Rivera: Indian warrior (1931) - MoMa.

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Les requins sont chez eux dans la mer, pas nous (Paul Watson/Sea Shepherd)

1 Juin 2015 , Rédigé par POC

Visuel de Geoffroy Galliot

Communiqué de Paul Watson du 22 Avril dernier:

TUER LES REQUINS, C'EST TUER NOS ENFANTS. Il faut que les tueurs de requins de la Réunion se décident: ou bien ils veulent un océan sain et la biodiversité marine, ou bien ils préfèrent un égout sans vie, avec des vagues stériles où ils puissent surfer.

Il faut qu’ils décident si leurs enfants auront un océan qui leur permettra de vivre, ou bien un océan qui viendra lécher les rivages de leur mort prématurée.

Il y a sur toute la planète une culture du surf qui respecte l’écologie marine et qui reconnaît que les surfeurs font partie de cet océan vivant et magnifique.

Une petite poignée de surfeurs de la Réunion ainsi que la Fédération Française de surf sont en train de salir la réputation des surfeurs du monde entier en lançant un pogrom absurde contre les requins.

Appeler à l’élimination des requins, c’est comme appeler à l’élimination des arbres. Qu’il s’agisse de perdre des requins ou de perdre des arbres, les deux ont des conséquences extrêmement sérieuses.

Les requins, en tant que super prédateurs, ont modelé l’évolution dans les mers depuis plus de 400 millions d’années. Chaque poisson dans la mer a vu sa vitesse, son comportement, son camouflage, façonnés par les requins. Eliminer les requins dans la mer, ce serait comme éliminer les abeilles dans les champs, ou les éléphants dans la savane.

La solution aux attaques de requins est simple. Si vous avez peur des requins, n’allez pas dans des eaux où l’on sait que vivent des requins. C’est chez eux, pas chez nous.

Il serait aussi avisé d’éviter les plages où on été placés des panneaux d’avertissement sur les dangers liés à la présence de requins.

Si quelqu’un va se promener dans la jungle du Belize et qu’il se fait attaquer par un jaguar, est-ce pour cela qu’il faudra abattre tous les jaguars?

Chaque année, il y a plus d’accidents mortels dus à des hippopotames, à des éléphants, à des crocodiles, à des autruches. Est-ce une raison suffisante pour tuer ces ces animaux?

Et maintenant, la réserve marine nationale de la Réunion est menacée. Un cocktail molotov a été placé devant les bureaux de la Réserve, ses employés sont menacés, harcelés par les mêmes personnes qui détestent les requins. Ils exigent que le gouvernement français ferme la réserve marine et réduise à néant plus de trente ans de travail de protection des écosystèmes récifaux et la seule chance de retrouver un jour un équilibre avec un retour à une vie récifale normale, seule garantie de maintenir à distance des requins bouledogue qui autrement continueront de venir du large.

Car faut il le rappeler, la Réunion est une ile ouverte sur l’océan indien et les requins tués seront irrémédiablement remplacés par d’autres… jusqu’à ce qu’il n’ y en est plus. Est ce là que nous allons en arriver?

La conséquence directe de l’élimination des requins, c’est la réduction de la biodiversité, et la réduction de l’interdépendance a pour conséquence la limitation de la capacité de charge, entraînant à son tour une altération de l’écosystème océanique partout où l’on élimine les requins. Il y a tout un enchaînement de stades qui conduisent à la mort de l’océan, et ce n’est pas l’héritage que nous devrions laisser à nos enfants pour la simple raison qu’un petit groupe de personnes à la pensée purement anthropocentrique craint les requins et veut les détruire.

J’espère que le gouvernement français ne cèdera pas à des exigences d’un tel degré d’hystérie. La France s’est engagée pour l’avenir de notre planète et pour la protection des écosystèmes marins, qui dépassent largement les exigences de groupes d’intérêts particuliers.

Je compte parmi mes amis quelques-uns des plus grands surfeurs du monde, des hommes comme Kelly Slater, David Rastovich et Laird Hamilton, et des femmes comme Stephanie Gilmore. J’ai nagé, surfé et plongé avec les requins toute ma vie durant, qu’il s’agisse de requins tigres, de requins marteaux ou de grands blancs. Chaque grand surfeur que j’ai rencontré respecte les requins en tant qu’habitants estimés de l’environnement où naissent les vagues magiques que nous surfons.

L’océan appartient aux requins, aux tortues, aux dauphins et aux poissons. Nous sommes leurs hôtes, et lorsque nous leur rendons visite c’est à nous de nous adapter à eux. C’est ainsi que nous préservons la nature, et en préservant la nature, nous préservons l’humanité.

Nous ne pouvons pas vivre sur une planète dont l’océan est mort, et éliminer les requins met en branle toute une série de conséquences qui ne laissent rien présager de bon pour notre avenir.

Les requins abattus la semaine dernière lors d’une tuerie revancharde n’avaient fait de mal à personne. Tuer au hasard n’est pas la réponse. Un océan où les hommes seraient pleinement en sécurité est un océan stérile et aucun des vrais surfeurs que je connais ne surferait la vague d’un océan qui se meurt.

http://www.seashepherd.fr/france/

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La poésie chinoise (Paul Demiéville)

1 Juin 2015 , Rédigé par POC

Paul Demiéville: Anthologie de la poésie chinoise (extrait de l'introduction). In: Lévy Roger. Paul Demiéville. Choix d'études sinologiques (1921-1970), Politique étrangère, 1975, vol. 40, n° 1, pp. 99-101.

Paul Demiéville: Anthologie de la poésie chinoise (extrait de l'introduction). In: Lévy Roger. Paul Demiéville. Choix d'études sinologiques (1921-1970), Politique étrangère, 1975, vol. 40, n° 1, pp. 99-101.

La poésie chinoise (Paul Demiéville)
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La sagesse

1 Juin 2015 , Rédigé par POC

"La sagesse, c'est dire des choses vraies et agir selon la nature en écoutant sa voix:"

Héraclite d'Éphèse, Fragment 112.

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在 遊 山

28 Mai 2015 , Rédigé par 石 樹

Yeou: excursion en montagne. Photo: 石 樹

Yeou: excursion en montagne. Photo: 石 樹

Une grotte dans la montagne du Ciel,

Séjour des esprits.

Chapelle gravée d'ex-voto; rainures et cupules, par les chasseurs préhistoriques, nos lointains ancêtres.

La grotte t'accueille parce qu'elle est vide et paisible.

Si ton coeur et ton esprit ne sont pas vides et paisibles, comment pourrais-tu accueillir l'Autre ?

 

石 樹

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Les loups du Mercantour et du Québec-Labrador

26 Mai 2015 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles

Image extraite du documentaire TV "Les loups du Mercantour"

Image extraite du documentaire TV "Les loups du Mercantour"

"La crainte du loup apparaît avec la christianisation. On a été élevés dans une religion de l'agneau. Le loup et l'agneau, cela ne fait pas très bon ménage..."

"Refuser le loup, c'est refuser le diable, c'est refuser la femme, c'est refuser la nature, c'est refuser l'hérétique, c'est refuser tout ce qu'on ne veut pas, quoi !"

"Le loup est là; ça me suffit. Même si je ne le vois pas."

Cette femme très sympathique, intéressante et sensée (en plus d'être une montagnarde et une naturaliste aguerrie), qui fait des recherches sur le comportement des loups dans le Mercantour, filmée et interviewée dans le documentaire télévisé Les Loups du Mercantour, c'est Geneviève Carbone, ancienne élève de mon collègue et voisin au Bâtiment de la Baleine, le Pr. Raymond Pujol, qui occupait la chaire d'Ethnozoologie au Laboratoire d'Ethnobiologie-Biogéographie du Muséum.

http://www.dailymotion.com/video/x9fnw6_les-loups-du-mercantour_animals

"L'homme est un loup pour l'homme": on peut se demander quelle est la valeur réelle de cette célèbre formule de l'Antiquité (Plaute)* quand on sait que les loups ont une vie sociale extrêmement importante, raffinée, ritualisée, hiérarchisée, où la communication intense permet de résoudre pacifiquement les conflits.  Les loups ne détruisent pas systématiquement leurs semblables et la nature qui les entoure par la bombe atomique, l'agent orange, la pollution, l'esclavage, les camps de concentration, la torture, la misère organisée, etc. Comme tous les prédateurs et Grands prédateurs (le tigre), il exerce un rôle bénéfique sur la nature.

Si l'homme moderne était vraiment un loup pour l'homme, il serait infiniment meilleur et moins méchant et nuisible qu'il ne l'est.

Cette formule est donc fallacieuse car elle prête au loup des défauts et un caractère maléfique qui n'appartiennent en réalité qu'à l'homme, cette espèce dominée par la folie de l'orgueil: l'hybris, la démesure**.

C'est pour cette raison que l'homme a fait du loup son bouc émissaire.

Pierre-Olivier Combelles

Naturaliste, ancien membre du Laboratoire d'Ethnobiologie-Biogéographie du Muséum national d'Histoire naturelle.

* "Homo homini lupus".  Comédie Asinaria (La Comédie des Ânes, vers 195 av. J.-C).

** http://fr.wikipedia.org/wiki/Hybris

 

Sur la relation entre la langue, la culture et la vie dans la nature chez les Montagnais-Naskapi d'autrefois: "Eka takushameshkui": "Ne mets pas tes raquettes sur les miennes" (Alexis Joveneau, O.M.I., 1926-1991) http://pocombelles.over-blog.com/article-eka-takushameskui-ne-mets-pas-tes-raquettes-sur-les-miennes-alexis-joveneau-o-m-i-1926-1991-111383105.html

Geneviève Carbone

Geneviève Carbone

Empreinte de loup ("maikan eshinatakushit")  sur un sentier emprunté traditionnellement par les Montagnais de La Romaine (Innuat de Ulamen Shipit) à travers la toundra à tourbières et krummholz. Basse Côte-Nord du Québec, août 1993. Photo: Pierre-Olivier Combelles.

Empreinte de loup ("maikan eshinatakushit") sur un sentier emprunté traditionnellement par les Montagnais de La Romaine (Innuat de Ulamen Shipit) à travers la toundra à tourbières et krummholz. Basse Côte-Nord du Québec, août 1993. Photo: Pierre-Olivier Combelles.

 Les Indiens Montagnais-Naskapi (Nutshimiu-Innuat: les hommes de l'intérieur des terres et de la forêt) nomment le loup´"maikan" ou "meikan". Ils ne le chassent pas, ne le craignent pas et ne le haïssent pas (cela va ensemble) et ils n'ont jamais cherché à l'exterminer, contrairement à l'homme blanc et aux peuples d'éleveurs. Il faut préciser que les Montagnais-Naskapi sont (ou plutôt étaient, car ils sont sédentarisés depuis 1950) un peuple de chasseurs migrateurs et qu'à l'instar des autres Amérindiens et Inuit du Subarctique et de l'Arctique d'Amérique du nord, ils n'ont jamais domestiqué le caribou, contrairement aux nomades de Sibérie et de Laponie. Les Montagnais m'ont dit que le loup connaît la langue des Indiens, depuis si longtemps qu'il vit à côté d'eux, chassant les mêmes gibiers... Dessin fait par les vieux chasseurs montagnais de La Romaine dans le dictionnaire illustré montagnais-français "Eukun eshi aiamiast ninan ute Ulamen-Shipit" réalisé et publié en mai 1978 par le Comité culturel des Montagnais de La Romaine en collaboration de toute la population de La Romaine (Québec) et sous la direction de feu le Père Alexis Joveneau, O.M.I., curé des Indiens de La Romaine. Photo et archives de Pierre-Olivier Combelles.

Les Indiens Montagnais-Naskapi (Nutshimiu-Innuat: les hommes de l'intérieur des terres et de la forêt) nomment le loup´"maikan" ou "meikan". Ils ne le chassent pas, ne le craignent pas et ne le haïssent pas (cela va ensemble) et ils n'ont jamais cherché à l'exterminer, contrairement à l'homme blanc et aux peuples d'éleveurs. Il faut préciser que les Montagnais-Naskapi sont (ou plutôt étaient, car ils sont sédentarisés depuis 1950) un peuple de chasseurs migrateurs et qu'à l'instar des autres Amérindiens et Inuit du Subarctique et de l'Arctique d'Amérique du nord, ils n'ont jamais domestiqué le caribou, contrairement aux nomades de Sibérie et de Laponie. Les Montagnais m'ont dit que le loup connaît la langue des Indiens, depuis si longtemps qu'il vit à côté d'eux, chassant les mêmes gibiers... Dessin fait par les vieux chasseurs montagnais de La Romaine dans le dictionnaire illustré montagnais-français "Eukun eshi aiamiast ninan ute Ulamen-Shipit" réalisé et publié en mai 1978 par le Comité culturel des Montagnais de La Romaine en collaboration de toute la population de La Romaine (Québec) et sous la direction de feu le Père Alexis Joveneau, O.M.I., curé des Indiens de La Romaine. Photo et archives de Pierre-Olivier Combelles.

Les immensités sauvages de la péninsule du Québec-Labrador: le lac Kahakaukamakaht ("lac étroit"), sur la chaîne des lacs Coacoachou (Basse Côte-Nord du Québec). Lacs, rivières, taïga, toundra, tourbières et monts érodés par les anciens glaciers. J'y entendais parfois le chant lointain et musical des loups. Photo: Pierre-Olivier Combelles (1992) (1993)

Les immensités sauvages de la péninsule du Québec-Labrador: le lac Kahakaukamakaht ("lac étroit"), sur la chaîne des lacs Coacoachou (Basse Côte-Nord du Québec). Lacs, rivières, taïga, toundra, tourbières et monts érodés par les anciens glaciers. J'y entendais parfois le chant lointain et musical des loups. Photo: Pierre-Olivier Combelles (1992) (1993)

Caribous du Québec-Labrador. Image tirée du film "Mouchouanipi" de Pierre Perreault. Le caribou (Rangifer tarandus) était la proie préférée des Indiens et des loups.

Caribous du Québec-Labrador. Image tirée du film "Mouchouanipi" de Pierre Perreault. Le caribou (Rangifer tarandus) était la proie préférée des Indiens et des loups.

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"Exister, c'est résister". Quelques pensées de Jacques Ellul (1912-1994)

26 Mai 2015 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles

"Exister, c’est résister".

Devise de Jacques Ellul.

Résister en premier lieu « à la sollicitation du milieu social ». Jacques Ellul, L’Illusion politique, 1965, 3e édition 2004, La Table ronde, p. 297. La formule figure sur la page d'accueil du site de l'Association Internationale Jacques Ellul

 

« Rien de ce que j’ai fait, vécu, pensé ne se comprend si on ne le réfère pas à la liberté ».

Jacques Ellul, À temps et à contretemps, Entretiens avec Madeleine Garrigou-Lagrange, Paris, Le Centurion, 1981, p. 162.

 

"Le christianisme est la pire trahison du Christ."
Jacques Ellul, Les successeurs de Marx, cours professé à l’IEP de Bordeaux, 2007, La Table Ronde, p. 153


"Dans l’État communiste, l’homme ne reçoit pour idéal que la production économique et son accroissement. Toute liberté individuelle est supprimée pour la production sociale. Tout le bonheur de l’homme est résumé en deux termes: d’une part « produire plus », d’autre part « le confort".
Jacques Ellul et Bernard Charbonneau, Directives pour un manifeste personnaliste, texte dactylographié édité par les groupes d'Esprit de la région du Sud-ouest ; reproduit en 2003 dans les Cahiers Jacques-Ellul no 1, « Les années personnalistes », p. 68


"Je voudrais rappeler une thèse qui est bien ancienne, mais qui est toujours oubliée et qu'il faut rénover sans cesse, c'est que l'organisation industrielle, comme la « post-industrielle », comme la société technicienne ou informatisée, ne sont pas des systèmes destinés à produire ni des biens de consommation, ni du bien-être, ni une amélioration de la vie des gens, mais uniquement à produire du profit. Exclusivement."
Jaqcues Ellul, Le bluff technologique 1988; seconde édition 2004, Hachette, coll. Pluriel, p. 571.

 

Source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Ellul

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Baisaô, le vieil homme qui vendait du thé

24 Mai 2015 , Rédigé par POC

Baisaô, le vieil homme qui vendait du thé

« Au pied des collines de Narabi ga Oka vit un homme appelé Baisaô. Il a plus de quatre-vingts ans, en voyant sa tête toute blanche on pourrait croire qu'elle est coiffée de plantes d'armoise tout en désordre. Sa barbe est fort longue et descend plus bas que ses genoux. Portant dans un coffre les instruments nécessaires pour faire du thé, il le fait infuser et le sert aux gens dans les lieux remarquables des monts et des forêts alentour, là où sources et pierres sont pures. Il n'opère aucune distinction entre les personnes de rang important et celle du vulgaire et ne demande jamais s'il sera ou non rétribué pour cela. Il narre avec une douce lenteur les diverses histoires du monde. Ainsi, les gens le trouvent disponible, facile d'accès et éprouvent de la sympathie pour lui. Connu d'une foule de personnes, nonobstant le passage des ans, il ne montre jamais le moindre signe de colère, et tout le monde le tient en grande estime et révérence. Lorsqu'on lui demande quelles sont ses origines, il se contente de répondre : "Je suis un homme des provinces de l'Ouest". Par la suite, un samurai au service du seigneur de Hasuike, dans la province de Hizen, très au fait de sa vie, devait raconter les faits suivants : "Cet homme est le disciple le plus éminent du maître zen Kerin, le supérieur du monastère du Ryûshin-ji. En sa onzième année, il entra en religion, et, sous la houlette de Kerin, il lut les Entretiens et étudia le zen. Passé vingt ans, il pérégrina dans les diverses provinces, et, à travers ses rencontres de maîtres éminents, tels Gekkô en la province d'Ôshû ou Duzhuan de l'école Ôbaku, il raffina sa connaissance de la Voie, puis s'en revint dans les régions de l'Ouest net se retira dans les parages les plus reculés du mont Tonnerre, en la province de Tsukushi. Pour son lever et son coucher, il se tenait dans l'ombre des pins, assis sur les mousses, et il n'avait pour toute nourriture que du blé réduit en poudre qu'il conservait dans une besace qu'il portait toujours avec lui. Pour boisson, l'eau des vallées qu'il puisait lui servait à humecter sa gorge. Il passa ainsi, en méditation assise, tout un été, puis s'en revint à son monastère où il servit Kerin comme de par le passé. Il n'était pas ignorant des enseignements de son école, mais il ne voulut pas reprendre la succession du monastère qu'on lui avait confiée. A la mort de son maître, il remit la charge de l'établissement à son disciple Daichô, et disparut sans qu'on puisse savoir en quel lieu. Mais, aujourd'hui, il vit retiré ici. Il a laissé pousser ses cheveux et il se vêt de vieux vêtements élimés n'ayant l'apparence ni d'un moine, ni d'une personne du vulgaire. Comme je le connaissais au préalable, je lui demandais le pourquoi de son comportement ; il me répondit : 'Ma sagesse et ma vertu sont bien insuffisantes. Dussé-je porter l'habit monastique et recevoir ainsi les dons des gens me considérant digne d'éloge, j'en serai tout contrit de honte, c'est pourquoi j'ai choisi de prendre l'apparence d'un laïc. Depuis toujours, je fus pauvre et, ayant traversé ces dernières années en me contentant de vendre du thé pour vivre, je n'ai jamais eu la moindre envie de prendre femme ou de manger du poisson. Mon coeur jamais ne s'est attaché aux choses de ce monde flottant, j'ai pérégriné et erré sans me fixer en nul lieu précis. Mais, à la capitale, nombreux sont les endroits où la forme des monts,le cours des rivières retiennent mon coeur, c'est pourquoi, sans que j'y puisse mais, mes pas s'y sont arrêtés" ».

Yochiguri monogatari.

In: Lachaud Francois. Le vieil homme qui vendait du thé. Excentriques de Kyōto au XVIIIe siècle. In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 149e année, N. 2, 2005. pp. 629-654.

 

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L'otium literatum selon Pétrarque

24 Mai 2015 , Rédigé par POC

La fontaine de la Sorgue. Dessin de la main de Pétrarque, avec la légende: "Transalpina solitudo mea jocundissimo".

La fontaine de la Sorgue. Dessin de la main de Pétrarque, avec la légende: "Transalpina solitudo mea jocundissimo".

Marc Fumaroli à propos de l'idéal de l'existence lettrée tel que le définit Pétrarque (« Académie, Arcadie, Parnasse : trois lieux allégoriques du loisir lettré », dans L'École du silence, Paris, 1994, p. 22. Voir également Le Loisir lettré à l'âge classique, Genève, 1996.) in: Lachaud Francois. Le vieil homme qui vendait du thé. Excentriques de Kyōto au XVIIIe siècle. In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 149e année, N. 2, 2005. pp. 629-654.

Marc Fumaroli à propos de l'idéal de l'existence lettrée tel que le définit Pétrarque (« Académie, Arcadie, Parnasse : trois lieux allégoriques du loisir lettré », dans L'École du silence, Paris, 1994, p. 22. Voir également Le Loisir lettré à l'âge classique, Genève, 1996.) in: Lachaud Francois. Le vieil homme qui vendait du thé. Excentriques de Kyōto au XVIIIe siècle. In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 149e année, N. 2, 2005. pp. 629-654.

Il n'existe aucun conflit entre son humanisme et son christianisme. La vrai foi manqua aux Anciens, c'est vrai, mais lorsqu'on parle vertu, le vieux et le nouveau monde ne sont pas en lutte.

Pier Giorgio Ricci, biographe de Pétrarque.

 

« Ici j’ai fait ma Rome, mon Athènes, ma patrie». Dans l'une de ses lettres à l'évêque de Cavaillon, Pétrarque explique les raisons de son amour pour la Vallis Clausa : « Exilé d'Italie par les fureurs civiles, je suis venu ici, moitié libre, moitié contraint. Que d'autres aiment les richesses, moi j'aspire à une vie tranquille, il me suffit d'être poète. Que la fortune me conserve, si elle peut, mon petit champ, mon humble toit et mes livres chéris ; qu'elle garde le reste. Les muses, revenues de l'exil, habitent avec moi dans cet asile chéri. »

« Aucun endroit ne convient mieux à mes études. Enfant, j'ai visité Vaucluse, jeune homme j'y revins et cette vallée charmante me réchauffa le cœur dans son sein exposé au soleil ; homme fait, j'ai passé doucement à Vaucluse mes meilleures années et les instants les plus heureux de ma vie. Vieillard, c'est à Vaucluse que je veux mourir dans vos bras. » (Familiarum rerum).

 « J'ai acquis là deux jardins qui conviennent on ne peut mieux à mes goûts et à mon plan de vie. J'appelle ordinairement l'un de ces jardins mon Hélicon transalpin, garni d'ombrages, il n'est propre qu'à l'étude et il est consacré à notre Apollon. L'autre jardin, plus voisin de la maison et plus cultivé, est cher à Bacchus. » (Pétrarque à Francesco Nelli, prieur de l'église des Saints-Apôtres à Florence).

Source: l'excellent article consacré à Pétrarque sur Wikipedia: http://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9trarque

L'otium literatum selon Pétrarque
Le jeune Cicéron lisant, fresque de Vincenzo Foppa de Brescia, datée vers 1464.

Le jeune Cicéron lisant, fresque de Vincenzo Foppa de Brescia, datée vers 1464.

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