La reine de France
Portrait par Martin van Meytens, vers 1767. Marie-Antoinette Josèphe Jeanne de Habsbourg-Lorraine (en allemand, Maria Antonia Josepha Johanna von Habsburg-Lothringen), archiduchesse d’Autriche, princesse impériale, princesse royale de Hongrie et de Bohême, (née le 2 novembre 1755 à Vienne – morte le 16 octobre 1793 à Paris), fut la dernière reine de France et de Navarre (1774–1792), épouse de Louis XVI, roi de France et de Navarre. Fille de l'empereur François Ier du Saint-Empire, et de Marie-Thérèse d'Autriche, reine de Hongrie et de Bohême, était par son père, arrière-petite-fille de Philippe, duc d’Orléans, frère de Louis XIV, donc une lointaine descendante des rois de France Henri IV et Louis XIII.
"Il n'y a maintenant seize ou dix-sept ans que je n'ai vu la reine de France. C'était à Versailles, elle était encore la Dauphine, et certes il n'eut jamais vision plus délicieuse sur cette terre qu'elle semblait à peine toucher. Elle ne faisait alors que paraître sur l'horizon, pour orner et égayer la sphère élevée où elle commençait de se mouvoir - scintillante comme l'étoile du matin, brillante de vie, de splendeur et de joie. Ah! Quel bouleversement! Quel coeur me faudra t-il pour rester insensible à tant de grandeur suivie d'une telle chute ! Que j'étais loin d'imaginer, lorsque plus tard je la voyais mériter la vénération et non plus seulement l'hommage d'un amour distant et respectueux, qu'elle en serait un jour réduite à cacher dans son sein l'arme qui la préserverait du déshonneur; je ne pouvais croire que je verrais de mon vivant tant de désastres s'abattre sur cette princesse, au milieu d'un peuple composé d'hommes d'honneur et de chevaliers! J'aurais cru que dix mille épées bondiraient hors de leurs fourreaux pour la venger ne fût-ce que d'un regard qui aurait pu l'insulter. - Mais l'âge de la chevalerie est passé. Celui des sophistes, des économistes et des calculateurs lui a succédé; et la gloire de l'Europe est éteinte à jamais.
(à suivre)
R.H. Edmund Burke, Réflexions sur la Révolution de France. Hachette Littératures, 1989, pp. 95-96.
La famille royale en promenade en gondole sur le Grand Canal de Versailles. Tableau par Georges Roux, au Théâtre Montansier à Versailles. Devant le tableau: Pierre-Olivier Combelles. Photographie prise pour un article de P.O. Combelles sur la Flottille de Versailles dans la revue L'Année Bateaux-Magazine (1987).
György Cziffra: https://fr.wikipedia.org/wiki/Gy%C3%B6rgy_Cziffra
Vers la fin de l'Amazonie ?
Je vois maintenant que nous assistons à une révolution de la terre elle-même. Et ce qu'on peut voir partout, ce sont les manifestations de cette révolution; les armes atomiques, la dévastation de la flore et de la faune. Peut-être que la terre n'a plus besoin de l'homme et qu'il ne lui est peut-être plus nécessaire.
Ernst Jünger (Journal)
El hombre moderno trata a la naturaleza como un demente a una idiota.
Nicolás Gómez Dávila
Au lieu de contrôler l'environnement de la planète pour le bénéfice de la population, peut-être devrions-nous contrôler la population pour assurer la survie de notre environnement.
David Attenborough
Quand le tigre n'est plus là, les singes sont les rois de la montagne.
Proverbe chinois.
Le monde vulgaire s'éveille difficilement;
Il ne s'arrête jamais dans sa poursuite des choses matérielles.
Mais l'homme parfait regarde au loin;
Il retourne à la nature.
Xi Kang (223-262), un des Sept Sages de la Forêt de Bambous (竹林七賢)
David Hill est l'auteur de la rubrique: Environment-Andes to Amazonia dans le journal anglais THE GUARDIAN. Avec régularité, il nous informe de la situation de l'environnement en Amérique du sud, synthétisant de nombreuses informations sur cette vaste partie du monde en proie au "développement".
Cet article paru en 2014 est inspiré d'un rapport de l'anthropologue Paul E. Little: Mega-Development Projects in Amazonia: A geopolitical and socioenvironmental primer qu'on trouvera ici dans son intégralité: http://www.dar.org.pe/archivos/publicacion/145_megaproyectos_ingles_final.pdf
The unprecedented boom in the planning and construction of large-scale projects in Amazonia of infrastructure and natural resource extraction – referred to here as “mega- development projects” – is being led by the expansion of global capitalism (including China’s communist capitalism)and its search for new resources. This expansion is generating socioenvironmental impacts with grave consequences for indigenous peoples and local communities which depend upon the Amazonian forest for their sustenance.
Paul E. Little.
Pour le botaniste tropicaliste Francis Hallé, 70% de la diversité naturelle terrestre se trouve dans les forêts tropicales humides (primaires), spécialement dans la canopée. Les Tropiques sont l'origine et le laboratoire de la vie, sur la terre comme dans les mers. Ils sont dévastés aujourd'hui par le libéralisme (ou le "le capitalisme global" comme l'appelle Paul Little) et la surpopulation. Non pas des aborigènes, mais de l'extérieur.
P.-O.C.
412 hydroelectric dams will be built across the Amazon basin and its headwaters if current plans are fulfilled, it was announced on 25 April in Lima, potentially leading to the "end of free-flowing rivers", contributing to "ecosystem collapse", and causing huge social problems.
Of the 412 dams already in operation, under construction or proposed, 256 are in Brazil, 77 in Peru, 55 in Ecuador, 14 in Bolivia, six in Venezuela, two in Guyana, and one each in Colombia, French Guyana and Surinam, said anthropologist Paul Little at the launch of the English version of his report Mega-Development Projects in Amazonia: A geopolitical and socioenvironmental primer.
According to Little, 151 of the 412 dams involve five of the six main rivers that drain into the Amazon after birthing in the Andes.
"The construction of many large-scale dams in the vast headwaters region of the Amazon Basin – encompassing parts of Bolivia, Peru, Ecuador and Colombia – will produce critical changes in continental water flows, with little knowledge of the ecological consequences of this policy," the report states. "This new wave of dam building in the headwaters of the Basin is a "hydrological experiment" of continental proportions, yet little is known scientifically of pan-Amazonian hydrological dynamics, creating the risk of provoking irreversible changes in rivers."
The report, co-authored and circulated by Peruvian NGO DAR, divides "mega-development projects" into two kinds: 1) infrastructure, such as the transport and electricity sectors, which in turn includes hydroelectric dams and 2) extractive, such as oil, gas and mining. The focus is on the number of current projects, the larger global financial, regional and geopolitical contexts, and the potential social and environmental impacts. It states:
The weight of these socioenvironmental impacts is distributed in an extremely unequal manner. The majority of the benefits derived from the construction of megadevelopment projects accrue to economic and political actors external to Amazonia, such as large multinational corporations, the administrative apparatus of national governments and financial institutions. The majority of negative impacts of these same mega-development projects are borne by indigenous peoples, who suffer from the invasion of their territories, and local communities, which suffer from the proliferation of serious social and health problems. (...)
Suite de l'article de David Hill: http://www.theguardian.com/environment/andes-to-the-amazon/2014/may/06/more-400-dams-amazon-headwaters
The Tamshiyacu plantation in northern Peru where it is alleged a United Cacao subsidiary illegally cleared primary rainforest. Photograph: Environmental Investigation Agency
Amazon rainforest
Andes to the Amazon
David Hill
Saturday 18 April 2015 00.38 BST
Can Peru stop ‘ethical chocolate’ from destroying the Amazon?
NGOs allege illegal deforestation of primary rainforest to plant cacao and oil palm
Cattle-ranching, logging, mining, highways, hydroelectric dam projects, oil and gas, soy, oil palm. . . These are what first come to mind to many people when thinking about how the Amazon is being destroyed, but what about chocolate too?
NGO Environmental Investigation Agency (EIA) released a report on 7 April mainly about monoculture oil palm plantations, which it describes as a “major new threat to Peruvian forests.” The report, Deforestation by Definition, focuses on the Romero Group, Peru’s “largest economic actor”, and what it calls the “Melka Group”, a network of 25 companies recently established in Peru and controlled by businessman Dennis Melka, a major player in the destructive oil palm industry in Malaysia.
According to EIA, two “Melka Group” companies have illegally deforested an estimated “nearly 7,000 hectares” of mainly primary rainforest in Peru over the last three years, and others have acquired at least 456 “rural properties” and requested the government set aside another 96,192 hectares.
(...)
Suite de l'article: http://www.theguardian.com/environment/andes-to-the-amazon/2015/apr/17/can-peru-stop-ethical-chocolate-destroying-amazon
Thanks, David !
P.-O.C.
"Changeons le système, pas le climat !" Manifestation à Lima lors de la COP20 (décembre 2013). Source: http://www.bastamag.net/Changeons-le-systeme-pas-le-climat
"Les grandes forêts primaires des tropiques – celles qui n’ont jamais été modifiées par l’homme – ont pratiquement disparu, il n’en reste que des lambeaux. Leur dégradation constitue une perte irréparable, car elles sont le sommet de la diversité biologique de notre planète.
Voici près de cinquante ans que le botaniste Francis Hallé les arpente et les étudie, et presque autant de temps qu’il appelle à les sauver. Dans cet ouvrage, il nous propose de les découvrir en sa compagnie. Paradoxalement, les descriptions scientifiques classiques ne suffisant pas à rendre compte de ces formations végétales grandioses, il préfère s’appuyer sur le témoignage des sens et nous convier à une promenade, dans un sous-bois d’abord, puis sur la canopée. Les arbres et les lianes occupent, comme il se doit, une place majeure dans ce livre, mais l’on y croise aussi animaux et herbes, mousses et champignons, algues et bactéries… qui tous témoignent des passionnantes stratégies du vivant sous ces latitudes, que Francis Hallé sait rendre accessibles à tous, même aux non-spécialistes.
Cependant, la découverte des forêts primaires serait incomplète sans l’exploration du versant sombre et tragique de leur histoire : l’exploitation effrénée du bois, les cultures de rente, l’appropriation des ressources naturelles locales par de grandes multinationales issues de pays riches et souvent aidées par ceux-ci, dans une démarche typiquement coloniale.
Les ravages sont aujourd’hui si avancés qu’aucun gouvernement ne pourrait arrêter ni même ralentir la déforestation. Seul un large mouvement de l’opinion publique pourrait, peut-être, y parvenir. Tel est donc le but de cet ardent plaidoyer : non seulement rendre leur vrai visage aux forêts tropicales, suggérer des pistes d’étude et de mise en valeur de leurs ressources, mais surtout susciter l’engagement de tous ceux qui souhaitent voir respectés les derniers fragments de ces somptueuses forêts." http://www.actes-sud.fr/catalogue/botanique/plaidoyer-pour-la-foret-tropicale
Visionnez la conférence de Francis Hallé sur les forêts primaires tropicales à l'Université Inter-âges de Versailles le 23 janvier 2015: http://www.yvesbonis.fr/2015/02/decouvrez-les-forets-primaires-conference-de-francis-halle-2015/
Une passionnante conférence, très pédagogique, très vivante comme toujours, dans laquelle Francis Hallé résume ce que sont les forêts primaires de la zone équatoriale, zone de majeure biodiversité, et norme réelle en matière de biodiversité terrestre ou marine. 100 espèces d'arbres à l'hectare...
Et pour en savoir plus sur les forêts tropicales humides:
A Place Out of Tropical: Tropical Rainforests and the Perils They Face - information on tropical forests, deforestation, and biodiversity
By Rhett Butler
Francis Francis Hallé montrant une coupe de la forêt primaire tropicale. La majorité des espèces se trouve à l'étage de la canopée, au sommet (en noir sur le dessin). Quand ils déboisent les forêts tropicales, les hommes qui coupent à la tronconneuse les arbres de 70 m de haut ne réalisent pas ce qu'ils font. Capture d'écran de la vidéo prise par Yves Bonis lors de la conférence à Versailles le 23 janvier 2015.
Pour que la forêt secondaire (en bas) devienne la forêt primaire (en haut), il faut 700 ans. Ce qui a "secondarisé" la forêt, c'est l'exploitation des espèces commerciales (bois précieux). Conférence de Francis Hallé à Versailles (2015)
"De la viande pour le Roi, du vin pour l'Eglise": l'agriculture européenne vue par Masanobu Fukuoka
(...) "Several years ago, I travelled around Europe. It seemed to me that Europe was very nice and beautiful, with lots of nature preserved. But three feet under the surface I felt desert slowly coming in. I kept wondering why. I realized it was the mistake they made in agriculture. The beginning of the mistake is from growing meat for the king and wine for the church. All around, cow, cow, cow, grape, grape, grape. European and American agriculture started with grazing cows and growing grapes for the king and the church. They changed nature by doing this, especially on the hill slopes. Then soil erosion occurs. Only the 20% of the soil in the valleys remains healthy, and 80% of the land is depleted. Because the land is depleted, they need chemical fertilizers and pesticides. United States, Europe, even in Japan, their agriculture started by tilling the land. Cultivation is also related to civilization, and that is the beginning of the mistake. True natural farming uses no cultivation, no plow. Using tractors and tools destroys the true nature. Trees’ biggest enemies are the saw and ax. Soil’s biggest enemies are cultivation and plowing. If people don’t have those tools, it will be a better life for everything.
Since my farm uses no cultivation, no fertilizer, no chemicals, there are many insects and animals living there within the farm. They use pesticide to kill a certain kind of pest, and that destroys the balance of nature. If we allow it to be completely free, a perfect nature will come back." (...)
Greening The Desert - Applying natural farming techniques in Africa. An Interview With Masanobu Fukuoka, by Robert and Diane Gilman. Originally published in Autumn 1986 on page 37. Copyright (c)1986, 1997 by Context Institute: http://www.context.org/iclib/ic14/fukuoka/
Les fées de la prairie
Orchis pourpre (Orchis purpurea), une Orchidée sauvage. Détail d'une photographie par Gérard La Ferté prise dans une prairie naturelle d'Auffargis (Yvelines, Parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse) menacée par un projet immobilier.
Le biologiste, moraliste et académicien Jean Rostand (1894-1977) a écrit un jour : « Je n'ai jamais eu besoin de voyager. J'ai toujours trouvé assez d'exotisme dans mon petit jardin pour me dépayser». Pour découvrir la faune et la flore sauvages, pour admirer les étoiles, nul n'est besoin de quitter Auffargis. Dans les forêts, les prairies et les jardins qui nous entourent, mille espèces sont là pour nous rappeler que nous ne sommes pas seuls au monde. Même si les animaux paient un tribut toujours plus lourd à la circulation automobile. Même si les populations d'oiseaux diminuent sans cesse à cause des pesticides répandus dans les champs et de la pollution chimique, sonore, lumineuse et électro-magnétique*.
C'est pourquoi nous ne parlerons pas des tristes champs des environs, ou presque pas, dans cette nouvelle chronique, mais plutôt des prairies, comme celles qui bordent notre village entre la rue Creuse, la rue de Saint Benoît et la forêt. Prairies où courent les enfants, où volent les papillons, où chantent les grillons, où fleurissent les belles orchidées, où paissent les chevreuils le soir et où brament les cerfs en automne. Prairies menacées par des projets immobiliers...
Cette année, fin septembre, un jeune et vigoureux six-cors y avait établi ses quartiers avec son petit troupeau de biches. On l'entendait bramer le soir à coups brefs et entrecoupés, répondant à d'autres cerfs invisibles dans la forêt environnante, du côté des Vindrins et du ru des Vaux de Cernay.
Caché dans la haie de chênes de la rue Creuse, mes jumelles nocturnes à la main, j'ai regardé les cerfs sortir de la forêt, se faufiler prudemment, tête basse, le long de la lisière, émerger du brouillard pour s'avancer dans la prairie au fur et à mesure que la nuit s'épaississait.
Les biches broutaient tranquillement l'herbe. Le six-cors bramait à côté d'elles puis disparaissait. Dans les bois on entendait alors les bruits furieux des branches brisées et des chocs sourds : les cerfs qui se battent, se poursuivent ou qui attaquent violemment les arbustes avec leurs bois, déchiquetant les branches.
La nuit était maintenant là, les étoiles brillaient dans le ciel, voilées par endroits par le brouillard. Les Pléiades prenaient leur envol à l'est comme un cerf-volant scintillant, comme une broche de diamants agrafée sur le manteau de la nuit. L'automne, les Pléiades et Cernunnos étaient de retour dans notre forêt de Rambouillet, vestige de l'antique forêt des Carnutes...
Pierre-Olivier Combelles (Octobre 2014)
Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis. TAM TAM N°20 (décembre 2014). Bulletin de l'association Auffargis-Environnement.
* Voir par exemple les rapports de la Société d'Études ornithologiques de France (SEOF) à ce sujet : http://seofalauda.wix.com/seof.
Cernunnos était peut-être aussi Dis Pater, le dieu-père des Gaulois dont parle César dans la Guerre des Gaules. Détail du chaudron de Gundestrup (récipient cultuel), Ier siècle av. J.-C.
Poésie
"Mais plus que mode de connaissance, la poésie est d'abord mode de vie - et de vie intégrale. Le poète existait dans l'homme des cavernes, il existera dans l'homme des âges atomiques parce qu'il est part irréductible de l'homme. De l'exigence poétique, exigence spirituelle, sont nées les religions elles-mêmes, et par la grâce poétique, l'étincelle du divin gît à jamais dans le silex humain. Quand les mythologies s'effondrent, c'est dans la poésie que trouve refuge le divin; peut-être même, son relais. Et jusque dans l'ordre social et l'immédiat humain, quand les Porteuses de pain de l'antique cortège cèdent le pas aux Porteuses de flambeaux, c'est à l'imagination poétique que s'allume encore la haute passion des peuples en quête de clarté.
Saint-John Perse. Discours de Stockholm pour la réception du Prix Nobel de Poésie, 10 décembre 1960.
http://www.fondationsaintjohnperse.fr/html/Souffle_HS1_Discours.pdf
Les Inuit du Nunavik et les Montagnais contaminés par les polluants
Enfants montagnais de la Basse Côte-Nord du Québec. Rassemblement de protestation des Montagnais contre le projet de harnachement du Lac Robertson (Basse Côte-Nord), octobre 1992. Photo: Pierre-Olivier Combelles.
Les enfants inuits du Nunavik, tout comme les enfants montagnais de la Basse et Moyenne-Côte-Nord, ont des taux de BPC quatre fois plus élevés que les enfants blancs du Sud du Québec.
La nouvelle guerre froide
Des polluants émis à des milliers de kilomètres de l'Arctique menacent la vie traditionnelle et la santé des Inuits.
par Jean Hamann
"Dans les années 1950, au plus fort de la Guerre froide, les Inuits ont vu surgir sur leur territoire un étrange réseau de 58 radars pointés vers le ciel du Nord. Connu sous le nom de ligne DEW (Distant Early Warning), ce système de défense militaire servait d'avant-poste pour détecter toute invasion aérienne venant du pôle et menaçant la sécurité de l'Amérique. On imagine sans peine l'étonnement et le malaise des Inuits devant ces radars, symboles d'un conflit auquel ils étaient étrangers mais dont ils auraient pu devenir les premières victimes.
Aujourd'hui, la Guerre froide et la ligne DEW appartiennent au passé mais une nouvelle menace plane sur le peuple inuit. Cette fois, l'ennemi vient du Sud, par ciel et par mer, et il frappe au coeur même de leur culture: l'alimentation traditionnelle. Ses attaques silencieuses aux BPC* et autres contaminants ont une efficacité telle que les Inuits du Québec et du Groenland peuvent revendiquer le triste titre de populations les plus contaminées au monde, révèlent les travaux de l'Unité de recherche en santé publique du Centre de recherche du CHUL (URSP).
(...)
D'abord estomaqué, Éric Dewailly a rapidement trouvé une explication à ces surprenants résultats. «J'ai mis la main sur des études montrant que plusieurs animaux de l'Arctique accumulent des polluants dans leurs graisses et leurs viscères. Ces polluants se concentrent à chaque maillon de la chaîne alimentaire. Au sommet de celle-ci se retrouvent des carnivores à longévité élevée tels que l'ours blanc, le béluga, le morse, le narval et le phoque, tous des animaux qui figurent encore aujourd'hui au menu des Inuits. Les contaminants accumulés dans l'organisme des femmes qui consomment ces gibiers sont libérés lors de l'allaitement.» L'ampleur du problème que le chercheur venait de soulever lui sauta instantanément aux yeux: toutes les populations qui pratiquaient la chasse de subsistance risquaient d'être exposées à de dangereuses doses de polluants industriels. La distance n'avait plus d'importance."
Suite de l'article sur Contact (Hiver 1999), le magazine des diplômés et des partenaires de l'Université Laval (Québec): http://www.scom.ulaval.ca/contact/hiver99/art_06.html
* (NDLR) Les polychlorobiphényles (PCB), aussi appelés biphényles polychlorés (BPC), ou encore parfois improprement dits « pyralènes » (du nom commercial d'un produit de Monsanto à base de PCB autrefois très utilisé en Europe dans les transformateurs) forment une famille de 209 composés aromatiques organochlorés dérivés du biphényle.
Ils sont industriellement synthétisés, et chimiquement proches des polychloroterphényles, polychlorodibenzo-furanes et des dioxines.
L'ultime vérité
"L'ultime vérité ?
- Le chant d'un pêcheur qui s'éloigne dans les roseaux."
Wang Wei, Réponse au magistrat Tchang. In: La montagne vide. Anthologie de la poésie chinoise IIIe-XIe siècle. Traduite et présentée par P. Carré et Z. Bianu. Albin Michel, Paris, 1987.
Pierre-Joseph Proudhon: la place de la femme dans le société
Pierre-Joseph Proudhon
La Pornocratie
Ed. Kontre Kulture
Présentation d'Alain Soral
Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) est un journaliste, économiste et sociologue français qui se qualifiait lui-même d’anarchiste. Issu d’un milieu très modeste, il ira au collège grâce à une bourse, puis après avoir travaillé comme correcteur, fondera une petite imprimerie qui publiera son premier essai sur la grammaire. En 1838, il gagne un concours offrant une pension lui permettant de reprendre des études d’économie. En 1840, il publie Qu’est-ce que la propriété ? qui lui vaut une rapide notoriété. En 1846, après une courte relation avec Marx, il rompt avec lui qui, à sa Philosophie de la misère, répondra par Misère de la philosophie. Viscéralement hostile à toute violence, il soutient les insurgés de 1848, mais désapprouve l’action révolutionnaire et pense que la transformation de la société doit être avant tout morale.
Élu à l’Assemblé constituante, il s’oppose à la fermeture des Ateliers nationaux destinés à fournir du travail aux chômeurs parisiens, tout en rappelant que la charité ne résout pas la question sociale. En 1849, il tente de mettre en place, sans succès, une Banque du Peuple accordant des crédits à très faible taux d’intérêt et émettant des « billets d’échange » pour remplacer la monnaie basée sur l’or. Parallèlement, il participe à différents journaux qui seront tous successivement condamnés et fermés, et sera emprisonné de 1849 à 1852 pour délit « d’offense au président de la République ».
Conscient des contradictions nécessairement engendrées par tout système économique, très critique envers le capitalisme sans pour autant adhérer aux thèses du socialisme qu’il considère au mieux comme une utopie, au pire comme un système autoritaire, il cherche une troisième voie qu’il nommera « anarchie positive » ou « fédéralisme autogestionnaire ». Sa phrase, « la propriété, c’est le vol » est restée célèbre ; pourtant, elle ne donne pas la mesure exacte de sa conception de la propriété qui est la principale de ces contradictions éternelles sur lesquelles s’appuie toute la réflexion proudhonienne. Ainsi dira-t-il aussi : « La propriété, c’est la liberté », selon qu’il songe aux propriétaires oisifs ou aux travailleurs, le travail étant la seule source légitime de la propriété.
Ce n’est qu’assez tard dans sa vie qu’il s’intéressera à la question de la place de la femme dans la société, dans son livre la Justice, dans lequel il concluait au couple androgyne comme unité sociale, sans toutefois attribuer une valeur équivalente aux deux parties qui la constituent. Cette thèse lui attira de nombreuses critiques, parmi lesquelles celles de deux femmes écrivains. C’est à elles que Proudhon s’adresse en rédigeant La Pornocratie, qu’il n’aura pas le temps de terminer avant sa mort, et dans lequel il précise sa vision organique d’une société reposant sur la dualité des sexes. Pour lui, sans dualité des sexes, point de mariage, sans mariage point de familles, sans familles, point de société et finalement : « L’égoïsme pur, la guerre civile et le brigandage. » Car l’unité, le un, l’individu n’existe pas : tout est constitué de sous-parties liées entre elles par une relation d’interdépendance. Il démontre ainsi pourquoi une société dans laquelle seul compte l’individu – qui lui-même n’est guidé que par ses intérêts et ses jouissances – aboutit, exactement comme une société dans laquelle seul compte le groupe, mais par des voies différentes, au même résultat, à savoir la tyrannie.
À l’heure de l’apologie d’un mariage sans dualité des sexes, aboutissement logique d'un libéralisme prônant les vertus de l’addition des égoïsmes particuliers, il est bon de relire ce qui sonne aujourd’hui comme une prophétie :
- Communauté, promiscuité, confusion des sexes ;
- Dégradation de l’homme qui s’effémine ;
- Dégradation de la femme qui se prostitue ;
- Dissolution du corps social qui tombe en tyrannie et sodomie.
Cet ouvrage inachevé est ici suivi des notes et pensées que l’auteur n’a pas eu le temps de mettre en forme pour le terminer.
Alain Soral
http://www.kontrekulture.com/produit/la-pornocratie
Le yin seul ne peut donner naissance; le yang seul n'atteint pas son but.
Proverbe chinois
Algunas escolias de Nicolás Gómez Dávila
Philippe Billé a été le premier Français à traduire et à publier sur internet* les écrits de Nicolas Gomez Davila**. Tous ceux qui ont eu la surprise de découvrir au début des années 2000 ce fin et intelligent écrivain moraliste colombien, frère moderne de Montaigne par la plume et le sang (ce qui désigne le territoire et la tour-librairie d'où il parle), lui doivent reconnaissance.
Nicolas Gomez Davila excelle à décrire le monde contemporain dans lequel nous vivons, mais il ne cherche jamais à expliquer les causes de ce qu'il critique. C'est pourquoi il doit être compris aussi entre les lignes: c'est le "texte implicite" (texto implicito), titre de son oeuvre.
«Pour le progressiste moderne, la nostalgie constitue l’hérésie suprême».
"En ce siècle de foules transhumantes qui profanent tout lieu illustre, le seul hommage qu’un pèlerin respectueux puisse rendre à un sanctuaire vénérable est de ne pas le visiter."
"Pour le lecteur des historiens antiques, la guerre moderne est chose familière.
La guerre totale est la guerre que l’humanité a toujours connue.
Parvenir à soumettre la guerre, pendant quelques siècles, à certaines exigences morales et esthétiques, fut une entreprise miraculeuse et fragile.
L’homme actuel frémit devant les mêmes horreurs que l’humanité millénaire a contemplées avec une résignation angoissée."
"Les mémoires et les maximes semblent être des genres nettement aristocratiques."
"La civilisation moderne : cette invention d’ingénieur blanc pour roi nègre. "
"La civilisation est tout ce que l’université ne peut pas enseigner."
"La résistance est inutile quand tout se conjure dans le monde pour détruire ce que nous admirons.
Il nous reste toujours, cependant, une âme intègre pour contempler, pour juger, et pour mépriser."
"La messe peut être célébrée dans des palais, ou des chaumières, mais pas dans des quartiers résidentiels."
"L’ineptie et la niaiserie du verbiage épiscopal et pontifical nous troubleraient, nous vieux chrétiens, si nous n’avions heureusement appris, depuis tout petits, à dormir pendant le sermon."
"Dieu a inventé les outils, le diable les machines."
"La magnificence de la cathédrale gothique cherche à honorer Dieu, la pompe du baroque jésuitique à attirer le public."
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* Studia davilana: link
** Escolios a un texto implícito (2 volumes, Bogotá, Instituto Colombiano de Cultura, 1977), Nuevos escolios a un texto implícito (2 volumes, Bogotá, Procultura, Presidencia de la República, Nueva Biblioteca Colombiana de Cultura, 1986), et enfin Sucesivos escolios a un texto implícito (Santafé de Bogotá, Instituto Caro y Cuervo, 1992; Barcelona, 2002).
The Death Of The Pacific Ocean (Yoichi Shimatsu)
Otarie (Otaria flavescens) morte sur la plage Lobos marinos, au bord du Pacifique, à une centaine de km au sud de Lima (Pérou). Photo: Pierre-Olivier Combelles, mai 2012. Cette année-là, un grand nombre d'animaux marins ont été trouvés morts sur les côtes du Pérou: otaries, petits cétacés, oiseaux marins. L'hécatombe continue: en janvier 2014, des centaines de dauphins sont trouvés morts sur les plages du Pérou (http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/southamerica/peru/10618536/Scientists-baffled-after-400-dead-dolphins-wash-up-on-Perus-beaches-p.html) et en novembre de la même année, 500 otaries sur une plage de Ancash, toujours au Pérou (http://www.rpp.com.pe/2014-11-23-policia-ecologica-halla-500-lobos-marinos-muertos-en-playa-de-ancash-noticia_744515.html). Bien entendu on peut accuser la pollution du littoral par les rejets des grandes villes côtières comme Lima (10 millions d'habitants), les produits chimiques de l'agriculture et de l'élevage industriels sur la côte, la contamination par les mines (mercure, cyanure, etc.) des rivières des Andes qui se jettent dans le Pacifique, les explosions sismiques sous-marines de l'exploration pétrolière, la sur-exploitation des ressources halieutiques et en particulier de l'anchois ("anchoveta", le poisson-fourrage). Mais le facteur "Fukushima" ne peut être écarté. De toutes façons, il s'inscrit dans l'ensemble des nuisances à l'environnement qui sont la conséquence du "développement" des pays riverains du Pacifique (Amérique du nord, Amérique centrale, Amérique du sud, Asie, Océanie) qui pratiquent la même économie libérale et qui sont liés par de multiples traités de libre-échange, actuels ou en cours (TPP).
If some evil genius, a modern-day Captain Nemo, were to plan the extermination of life on Earth, there could hardly be a better spot for hatching this nefarious plot than Fukushima.
Yoichi Shimatsu
The Death Of The Pacific Ocean
Fukushima Debris Soon To Hit American Shores
By Yoichi Shimatsu
Exclusive To Rense.com
Hong Kong-Based Environmental Consultant
Former General Editor Japan Times Weekly In Tokyo
12-16-11
"An unstoppable tide of radioactive trash and chemical waste from Fukushima is pushing ever closer to North America. An estimated 20 million tons of smashed timber, capsized boats and industrial wreckage is more than halfway across the ocean, based on sightings off Midway by a Russian ship's crew. Safe disposal of the solid waste will be monumental task, but the greater threat lies in the invisible chemical stew mixed with sea water.
This new triple disaster floating from northeast Japan is an unprecedented nuclear, biological and chemical (NBC) contamination event. Radioactive isotopes cesium and strontium are by now in the marine food chain, moving up the bio-ladder from plankton to invertebrates like squid and then into fish like salmon and halibut. Sea animals are also exposed to the millions of tons of biological waste from pig farms and untreated sludge from tsunami-engulfed coast of Japan, transporting pathogens including the avian influenza virus, which is known to infect fish and turtles. The chemical contamination, either liquid or leached out of plastic and painted metal, will likely have the most immediate effects of harming human health and exterminating marine animals.
The toxic mess won't stop at the shoreline. Many chemical compounds are volatile and can evaporate with water to form clouds, which will eventually precipitate as rainfall across Canada and the northern United States. The long-term threat extends far inland to the Rockies and beyond, affecting agriculture, rivers, reservoirs and, eventually, aquifers and well water." (...)
Suite ce cet article sur Rense.com: http://www.rense.com/general95/death.htm
Fou varié (Sula variegata) mort sur la plage de Lobos marinos, au bord du Pacifique, à une centaine de km au sud de Lima. L'oiseau était en état d'inanition. De très nombreux Fous ont été trouvés morts cette année-là sur les côtes péruviennes, sans explications officielles satisfaisantes. Em 2014, les oiseaux continuaient à mourir en grand nombre (http://www.rpp.com.pe/2014-06-21-lambayeque-piqueros-mueren-en-playas-de-santa-rosa-y-puerto-eten-noticia_702038.html) . Photo: Pierre-Olivier Combelles, mai 2012.
Les rochers de la Playa Lobos Marinos à une centaine de km au sud de Lima, au bord du Pacifique. On peut y observer, outre des otaries, des fous variés, des pélicans thage, des sternes inca, des becs-en-ciseaux, des cormorans, des goélands, des dauphins et la rare loutre de mer. Photo: Pierre-Olivier Combelles (mai 2012).
Ruines du temple de Pachacamac au bord du Pacifique, près de Lima. Il fut agrandi par l'Inca Tupac Yupanki à la fin du XVIe siècle, après sa grande expédition à l'Ile de Pâques, en hommage à Mamacocha (en quechua: mama: mère et cocha: lac, mer), l'Esprit-Divinité féminine des eaux et de la Mer, épouse du Dieu Viracocha. La mer (comme la montagne) était un espace sacré pour les Préhispaniques. Comment auraient-ils imaginé qu'on puisse un jour les piller, les détruire et les souiller ? Photo: Pierre-Olivier Combelles (2012).
Après un long voyage et de nombreux détours dans le Pacifique nord, le long de la Californie, à travers l'Equateur et autour du Pacifique sud, une partie des eaux du courant japonais Kuroshio finit par se mêler au Courant de Humboldt. La radioactivité de Fukushima a-t-elle touché les côtes du Pérou ?