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Jean Herbert: Entretien avec Jean Varenne
Jean Herbert: Entretien avec Jean Varenne
(Revue Question DE. No 6. 1er Trimestre 1975)
Depuis plus de trente ans, Jean Herbert se consacre à la rédaction d’ouvrages qui visent à mieux faire connaître l’hindouisme aux Occidentaux et tout particulièrement aux Français. Son maître livre, Spiritualité hindoue, reste irremplaçable comme introduction à cet univers spirituel dont le prestige même est, souvent chez nous, facteur de méconnaissance. Si on le complète par son Introduction à l’Asie où la spécificité hindoue se trouve intégrée au reste de l’Asie, on a en main un trousseau de clés permettant d’ouvrir toutes les portes de ce qu’il est convenu d’appeler la Sagesse orientale. D’autres ont certes œuvré dans la même direction, mais ce qui fait l’originalité de Jean Herbert, c’est qu’il a toujours voulu présenter l’Inde (et l’Asie) vivante : c’est le spiritualisme hindou contemporain qu’il présente par priorité, même s’il le replace dans le développement de la Tradition. C’est pourquoi il est aussi connu comme directeur de la célèbre collection « Spiritualités vivantes », chez Albin Michel, où il a donné la parole aux maîtres modernes, de Râmakrishna à Aurobindo en passant par Râmdâs et Ananda Moyî. C’est lui qui a « révélé » le zen aux Français en traduisant, avec René Daumal et d’autres, les Essais sur le bouddhisme zen, de D.T. Suzuki, dont l’impact fut considérable. Il est enfin celui qui a donné accès au monde fermé du shintô japonais grâce à des ouvrages comme Les dieux nationaux du Japon ou Aux sources du Japon : le shintô.
Jean Varenne. Le public français vous connaît non seulement comme auteur de livres à succès sur les spiritualités asiatiques, mais aussi comme directeur d’importantes collections vouées à l’édition en notre langue de maîtres contemporains, principalement hindous. Qu’est-ce qui vous a conduit à ce genre d’activité ?
Jean Herbert. C’est essentiellement parce que j’ai été frappé par le fait que les élites spirituelles d’Orient et d’Occident ne se connaissaient pas du tout au début de ce siècle. A cette époque, les Orientaux ne se doutaient même pas qu’il y avait en Occident une spiritualité quelconque, et les Occidentaux, les chrétiens en particulier, n’imaginaient pas qu’il pût en exister une en dehors du christianisme, sauf ce qu’il était convenu d’appeler avec condescendance les « mystiques naturelles ». Quant à moi, ayant découvert à travers certains livres de Romain Rolland qu’il y avait des grands maîtres de spiritualité dans certains pays d’Orient, et en particulier en Inde, j’ai pensé que ce serait une œuvre utile que de les faire connaître à l’élite occidentale et c’est pour cela que je me suis mis à publier leurs œuvres dès que j’ai eu les moyens de le faire.
J. V. En dehors de la lecture de Romain Rolland, des circonstances particulières vous ont-elles permis de connaître directement de telles œuvres ?
J. H. Eh bien, c’est tout à fait accidentellement que je suis arrivé en Inde au cours d’un voyage qui me ramenait d’Extrême-Orient en Occident. J’ai été orienté, sans savoir pourquoi (mais le hasard n’existe pas), sur l’âshram du Shrî Aurobindo. Avant d’y arriver, je n’avais même jamais entendu son nom et donc ne savais pas du tout qui il était. Or j’ai rencontré en lui un homme qui m’a passionnément intéressé et dont les œuvres m’ont paru et me paraissent encore de première importance dans le mouvement spirituel contemporain. A cette époque, j’avais déjà eu accès aux œuvres de Râmakrishna et de Vivekânanda. Il y avait là tout un ensemble qu’il m’a semblé urgent de faire connaître directement, c’est-à-dire en laissant la parole à ces maîtres eux-mêmes.
J. V. Avez-vous pu rencontrer d’autres maîtres qu’Aurobindo ?
J. H. Oui. J ai eu le privilège invraisemblable de pouvoir m’asseoir non seulement aux pieds de Shrî Aurobindo, comme je viens de vous le dire, mais également de Râmana Maharshi, du Swami Râmdâs et de Ma Ananda Moyî, et d’autres encore qui ont bien voulu m’accueillir et me communiquer leur enseignement soit oralement, soit en m’autorisant à traduire leurs œuvres.
J. V. N’êtes-vous pas également responsable de l’introduction en France du bouddhisme zen, puisque c’est vous qui y avez fait connaître l’œuvre de Suzuki ?
J. H. Là encore il y a quelque chose d’apparemment fortuit à l’origine puisqu’il s’agissait d’une simple commande qui m’avait été faite. Pourtant, à lire Suzuki je me suis rendu compte qu’il y avait là une autre source d’enrichissement extraordinaire, même sur le plan intellectuel. Mais je vous avouerai que je ne me doutais pas à l’époque que ce travail pourrait conduire un jour à la formation de groupes d’Occidentaux tentant de pratiquer en Europe les techniques du zen et du za-zen. Je dois dire d’ailleurs que par Suzuki j’ai été conduit à m’interroger sur le bouddhisme en général, ce qui m’a permis de constater que cette discipline présentait des aspects très divers dans le monde contemporain, un peu à la façon du christianisme qui diffère tant chez les calvinistes que chez les orthodoxes ou les catholiques, par exemple. C’est pourquoi je n’ai pas voulu m’en tenir au zen et j’ai publié quelques œuvres relevant des bouddhismes birman, chinois ou cinghalais, afin surtout de permettre aux Occidentaux de comprendre que le zen, sous sa forme japonaise, n’est pas tout le bouddhisme, loin de là. Soit dit en passant, cela m’a valu les critiques que vous imaginez, car le public souhaite instinctivement pouvoir vous étiqueter une fois pour toutes : ayant publié, avec des préfaces sympathiques, Aurobindo ou Râmakrishna, j’étais sûrement converti à l’hindouisme !
J. V. Puisque vous mentionnez cette équivoque autour de votre nom, permettez-moi de vous demander si vous pensez qu’il est bon que des Occidentaux pratiquent telle ou telle discipline orientale.
J. H. Mon opinion est formelle à cet égard et elle est négative. J’adopte entièrement sur ce point l’attitude de Gandhi qui s’opposait absolument à toute conversion religieuse. Il peut, certes, y avoir des cas exceptionnels où une conversion à l’hindouisme, à l’islam ou au christianisme se justifie, mais cela ne peut rester justement que l’exception qui confirme la règle. Pour ma part, le fait de communier spirituellement avec Shrî Aurobindo ou Râmana Maharshi ne m’a pas empêché de continuer à me considérer personnellement comme chrétien. Tout au contraire, il faut chercher dans l’étude des spiritualités ou des religions orientales un approfondissement de la religion dans laquelle on est né ou des conceptions philosophiques et spirituelles auxquelles on adhérait avant d’avoir commencé cette étude. Ce n’est pas parce que l’on pratique le hatha-yoga que l’on doit se convertir à l’hindouisme et je pense qu’une discipline comme le zen peut être adoptée par des chrétiens sans inconvénient.
J. V. Ainsi donc vous pensez que pratiquer le yoga ou le zen peut apporter quelque chose à l’Occidental moderne ?
J. H. Vous savez bien que les gens qui pratiquent de telles disciplines se comptent par dizaines de milliers dans l’Europe actuelle, et j’en connais beaucoup qui en ont été profondément enrichis non seulement sur le plan physique, mais également sur les plans intellectuel, philosophique et spirituel. Mais, sincèrement, je ne pense pas que ce soit une raison pour faire abstraction de ce qui constitue notre atavisme culturel. La richesse de nos traditions est telle qu’elle se compare sans difficulté à ce qu’offre l’Orient. Y renoncer, c’est-à-dire renoncer à ce trésor que nous avons reçu par notre éducation et qui constitue notre milieu culturel serait une perte irrémédiable. Il y a lieu, en ce domaine comme en tant d’autres, non pas de repartir de zéro, mais d’apprendre à utiliser (et le yoga ou le zen peuvent nous y aider) ce que nous avons reçu pendant nos années de formation et de l’approfondir, de l’enrichir.
Ouvrages principaux de Jean Herbert Aux éditions Albin Michel
L'enseignement de Râmakrishna (1942)
Aux sources du Japon, le shintô.
Les dieux nationaux du Japon.
Introduction à l’Asie.
La mythologie hindoue, son message.
Spiritualité hindoue.
Le yoga de Shri Aurobindo.
Le yoga de l’amour.
Le bouddhisme en Asie au XXe siècle (Tartas).
Ce que Gandhi a vraiment dit (Stock).
Maîtres spirituels hindous édités par Jean Herbert
Citons, entre autres (tous chez Albin Michel, collection Spiritualités vivantes ») :
Shrî Aurobindo : la Vie divine (4 volumes).
Râmana Maharshi : Enseignement.
Gandhi : Lettres à l’ashram.
Vivekânanda : Entretiens et causeries.
Ma Ananda Moyî : Enseignement.
Râmdâs : Carnets de pèlerinage.
Râmakrishna : Enseignement.
Un auteur et son œuvre : Jean Herbert (1897-1980) par Josette Herbert
"L’attrait exercé sur Jean Herbert par l’Hindouisme réside dans le fait que l’Hindouisme est une religion qui n’a pas de dogme. Elle admet n’importe quelle croyance et c’est précisément cette diversité qui implique une tolérance illimitée et plus qu’une tolérance, un respect pour les opinions d’autrui. Sur le plan des idées, l’Hindouisme propose, écrit-il:
1) Une conception du monde à la fois plus complète et plus cohérente que celles, souvent contradictoires, que nous apportent séparément, d’une part une compréhension étroite de notre enseignement religieux traditionnel et, d’autre part, nos théories scientifiques en constante évolution.
2) Plus généralement, une logique dans laquelle, au lieu de dilemmes et d’oppositions irréductibles, on envisage plutôt des complémentarités nécessaires.
3) Une connaissance de la psychologie humaine à la fois plus détaillée et mieux vérifiable que celle dont nous disposons actuellement en Occident.
4) Une conception statique et dynamique de l’âme humaine qui pourrait offrir une explication plus satisfaisante que la nôtre d’un certain nombre de phénomènes.
5) Une conception des rapports humains qui, sans être acceptable pour nous sous sa forme d’origine, peut nous amener à repenser certains des problèmes auxquels nous nous heurtons.
6) Une vision d’ensemble du divin qui élimine les contradictions entre les diverses écoles de pensée qui chez nous s’opposent. Et dans ce domaine, par conséquent, une attitude qui, dépassant la tolérance, va jusqu’au respect mutuel, attitude que nous aurions avantage à étendre à d’autres domaines.
7) Un mode de compréhension des mythes qui nous permet d’y puiser de précieux renseignements. […] "
Josette Herbert
Un auteur et son œuvre : Jean Herbert (1897-1980)
par Josette Herbert
Grâce à une connaissance très large et compréhensive de l’orient, et notamment de l’Inde, combinée à une grande ouverture d’esprit, Jean Herbert a réussi à ouvrir un peu plus l’occident aux philosophies orientales. La clarté de ses écrits, comme de ses conférences, témoigne de la justesse de sa pensée comme de ses talents de pédagogue.
« La vie de Jean Herbert -ou plus exactement les vies de Jean Herbert ,orientaliste, linguiste, interprète- ont une seule et même préoccupation: aider les gens à se comprendre mutuellement. « L’hindouiste, comme l’interprète -dit-il- se consacre à la découverte et à l’explication de l’être humain. En même temps, dans l’un et l’autre cas, il recherche l’établissement des relations humaines, s’efforçant d’en justifier la nécessité. » Ce ne sont pas des vies parallèles, elles s’imbriquent, se complètent pour donner ce personnage si étonnamment fort et complet qu’est Jean Herbert.
Jean Herbert est né à Paris le 27 juin 1897. De son père, Fernand Herbert, protestant de la Charente, professeur d’anglais à l’école des Sciences politiques de Paris et de sa mère, catholique de la Bourgogne, enseignante elle aussi, il hérite d’un remarquable don de pédagogue et de deux religions chrétiennes; d’une tendre grand-mère qui règne avec douceur et autorité sur la maison une forte dose de bon sens et un répertoire de dictons qu’il cite fréquemment. Au collège Chaptal, il est profondément influencé par le professeur de philosophie André Cresson -représentant de l’école positiviste- dont Jean Herbert dit aujourd’hui encore qu’il lui a appris à raisonner.
[…]
– Jusqu’à la guerre de 1939 il travaille pour la Société des Nations, pour plus de 100 organisations internationales. Il rencontre Briand, Stresemann, Barthou, Mussolini, Churchill.
Vers 1930, il constate que « les conférences internationales [n’aboutissent] pas à grand chose. Chaque délégué [s’attache] plus à défendre les intérêts du groupe qu’il [représente] qu’à rechercher une solution générale ». Dès 1931 il s’intéresse au Bouddhisme, il étudie le Pali et découvre Râmakrishna et Vivekânanda dans les écrits de Romain Rolland. Il passe quelque temps dans la Science chrétienne, qu’il a même pratiquée. Elle lui ouvre les yeux à la valeur ésotérique de la religion. Mais il finit par se fatiguer de l’intransigeance de ses membres.
Dégoûté également par le complexe de supériorité des Chrétiens, Catholiques et Protestants (fils d’un protestant et d’une catholique il avait été très tôt frappé par le fait que chacun croit posséder la seule vérité), il décide d’aller voir si les Bouddhistes possèdent la même vérité, auquel cas ce complexe de Supériorité des Chrétiens serait injustifié.
En 1933, à 36 ans, il part faire la tournée des pays bouddhistes, se plonge dans le Mahâyâna, mais s’aperçoit bientôt qu’une intransigeance très marquée existe d’une secte à l’autre. Encore une fois déçu, il décide de rentrer en faisant escale dans cette Inde dont Romain Rolland avait tant parlé. Chargé simplement de remettre une lettre à un artiste qui vivait à Pondichéry dans l’ashram d’Aurobindo, Jean Herbert pense n’y faire qu’une brève escale. Mais c’est la première rencontre avec Shrî Aurobindo: elle remonte à 1934, le maître a 62 ans. Il répond à la formation cartésienne de Jean Herbert qui est immédiatement séduit par la rigueur logique de la recherche spirituelle d’Aurobindo, par sa vision qui lui semble dépasser toutes celles vues jusqu’alors, par son expérience considérable de la vie dans le monde, par sa connaissance de l’Occident.
En 1935 Aurobindo accepte Jean Herbert comme disciple. Le nom qu’il lui donne, Vishvabandhu, « l’ami de tous », est tout un programme: il déclenche l’orientation de toute la vie de Jean Herbert et continue maintenant encore à prendre tout son sens. Selon la tradition hindoue, une initiation donne premièrement l’indication de la voie à suivre, deuxièmement la soif et troisièmement la force de le faire, force dont Jean Herbert est un symbole vivant et qui lui permet de continuer de remplir sa mission. Aurobindo demande a Jean Herbert de « traduire tous ses ouvrages en français et de les faire traduire dans d’autres langues ». Suivant l’enseignement du Maître, Jean Herbert pénètre de plus en plus profondément dans la connaissance de la sagesse orientale. […]
Séduit par la largeur de vues de l’Inde il en parle chaque fois que l’occasion s’en présente. […] « Je crois que l’Orient peut encore donner des leçons à l’Occident. Nous savons parfois être tolérants, la plupart du temps avec un sentiment de supériorité et de condescendance envers ceux qui ne pensent pas comme nous. Vous avez l’habitude -qui nous manque- de voir la même chose sous plusieurs angles différents, simultanément, y compris l’angle des Occidentaux. » […]
En 1937, Jean Herbert s’installe à Genève et continue à mener de front son travail d’interprète et son travail d’orientaliste. Au cours de plusieurs voyages dans l’Inde il séjourne aussi auprès de Ramana Maharshi, Swâmi Ramdas, Mâ Ananda Moyi, Swâmi Shivânanda, Nanga Bâba, dont il s’emploie à diffuser l’enseignement.
En 1939, mobilisé, il passe une année à Valence comme chef d’état-major d’un centre de formation de régiments d’artillerie lourde. Au moment de la débâcle on lui confie 2 000 jeunes Alsaciens qui venaient d’être mobilisés et qui risquaient d’être fusillés s’ils étaient pris par les Allemands. Il réussit à les amener jusqu’aux Pyrénées. Il revient dans le Midi où une amie hindoue, Mme Banerjee, met à sa disposition une petite maison qu’elle possède en pleine forêt dans les Maures; il y passe le reste de la guerre, plongé dans l’étude des textes sacrés hindous et dans l’enseignement des maîtres, jusqu’au jour de 1945 où un télégramme du Ministère des Affaires étrangères lui demande d’aller à San Francisco où les Alliés posent les bases des Nations Unies. […]
Jean Herbert suit ensuite la Commission préparatoire des Nations Unies et de l’UNESCO à Londres et, de là, avec la première avant-garde des Nations Unies, part pour New-York comme chef interprète.
Avant 1918, les interprètes internationaux n’étaient pas des professionnels mais des gens ayant une vaste culture générale et une connaissance approfondie d’une langue étrangère comme l’historien Paul Montoux, fondateur de l’Institut des hautes études internationales, ou Gaston Bergery, plus tard Ambassadeur de France.
Les besoins s’étant multipliés, il fallait créer et organiser la profession. Jean Herbert est appelé à créer de toutes pièces le corps d’interprètes de l’ONU. […]
Ses multiples travaux de linguistes ne l’empêchent toutefois pas de poursuivre son oeuvre d’orientaliste.
En 1947, à la suite d’une polémique dans les « Cahiers du Sud » où Jean Herbert s’en prenait violemment au professeur Masson-Oursel, de la Sorbonne, M. Sabatier, directeur des Editions Albin Michel, demande à Jean Herbert d’écrire un ouvrage sur l’Hindouisme. Ce sera « Spiritualité hindoue ». Il lui confie également la direction de la collection « Spiritualités vivantes » où les éditions Albin Michel reprennent peu à peu tous les livres que Jean Herbert avait publiés à son compte. Devant son succès considérable, la collection est étendue au Bouddhisme, puis à l’Islam. A l’heure actuelle elle comprend quelque 60 volumes, dont plus de 25 ont été réédités en livres de poche (plus d’un million d’exemplaires déjà distribués).
Il traduit, introduit en France les œuvres originales des grands sages de la fin du XIX° siècle et du début du XX° siècle, Au cours de ses voyages, il rencontre et reçoit directement les enseignements de sages d’autres religions, notamment D. T. Suzuki, l’ayatolla de Oum, le sheikh Mohammed at-Tadili, des chefs religieux bouddhistes, coréens, zen.
[…]
Vers 1960, les Japonais lui demandent de faire pour le Shintô ce qu’il a fait pour l’Hindouisme. Le petit ouvrage projeté se transforme en quatre volumes dont l’un est couronné par l’Académie française […]. Jean Herbert y consacrera 4 ou 5 ans et les traduira lui-même en anglais. Par la suite il publie encore sur le sujet deux petits volumes.
Du Shintô, Jean Herbert déclare avoir tiré un grand principe « Ici et maintenant ».
Depuis « Spiritualité hindoue », Jean Herbert est également l’auteur d’une quinzaine de volumes sur l’Hindouisme, d’un ouvrage d’introduction à l’Asie. Il dirige diverses collections sur l’orientalisme publiées par une demi-douzaine d’éditeurs dans autant de langues. Actuellement quelque 250 volumes ont parus. Il collabore avec le Grand Larousse Encyclopédique pour des sujets relatifs à l’Inde, la mythologie, etc.
Jean Herbert se plonge de plus en plus dans les études mythologiques. Pour lui « Un mythe est la description d’une certaine interaction entre deux ou plusieurs forces déterminées qui existent dans la nature . On n’inventepas plus un mythe que l’on n’invente le processus de germination d’une graine, mais on peut y découvrir des significations et des explications jusque-là insoupçonnées ». Avec au départ certaines clés reçues de Shri Aurobindo, il avance dans la compréhension des textes sacrés qu’il décortique et qui lui révèlent des trésors invraisemblables dans tous les domaines, spirituel, psychologique, etc. Il travaille avec cette minutie qui lui est propre: il établit des fiches, des glossaires, des index qui sont pour lui de précieux instruments de travail.
L’attrait exercé sur Jean Herbert par l’Hindouisme réside dans le fait que l’Hindouisme est une religion qui n’a pas de dogme. Elle admet n’importe quelle croyance et c’est précisément cette diversité qui implique une tolérance illimitée et plus qu’une tolérance, un respect pour les opinions d’autrui. Sur le plan des idées, l’Hindouisme propose, écrit-il:
1) Une conception du monde à la fois plus complète et plus cohérente que celles, souvent contradictoires, que nous apportent séparément, d’une part une compréhension étroite de notre enseignement religieux traditionnel et, d’autre part, nos théories scientifiques en constante évolution.
2) Plus généralement, une logique dans laquelle, au lieu de dilemmes et d’oppositions irréductibles, on envisage plutôt des complémentarités nécessaires.
3) Une connaissance de la psychologie humaine à la fois plus détaillée et mieux vérifiable que celle dont nous disposons actuellement en Occident.
4) Une conception statique et dynamique de l’âme humaine qui pourrait offrir une explication plus satisfaisante que la nôtre d’un certain nombre de phénomènes.
5) Une conception des rapports humains qui, sans être acceptable pour nous sous sa forme d’origine, peut nous amener à repenser certains des problèmes auxquels nous nous heurtons.
6) Une vision d’ensemble du divin qui élimine les contradictions entre les diverses écoles de pensée qui chez nous s’opposent. Et dans ce domaine, par conséquent, une attitude qui, dépassant la tolérance, va jusqu’au respect mutuel, attitude que nous aurions avantage à étendre à d’autres domaines.
7) Un mode de compréhension des mythes qui nous permet d’y puiser de précieux renseignements. […] »
Les carnets du yoga, n°5, mai 1979, pp. 2-15.
15 août: Fête de l'Indépendance de l'Inde (15 août 1947)
La tendance de la civilisation indienne est d'élever l'être moral, celle de la civilisation occidentale est de propager l'immoralité. Cette dernière est sans Dieu, la première est fondée sur la croyance en Dieu. En comprenant et en croyant ainsi, il incombe à tout amoureux de l'Inde de s'accrocher à la vieille civilisation indienne, comme un enfant s'accroche au sein de sa mère.
Gandhi, Hind Swaraj
https://pocombelles.over-blog.com/2024/03/m.k.gandhi-hind-swaraj-ou-l-autonomie-de-l-inde-1833.html
15 août 1947
78e anniversaire de l’indépendance de l’Inde.
(Bloomberg 15/08/2024). Le Premier ministre Narendra Modi a une nouvelle fois appelé au remplacement des lois indiennes fondées sur la religion par un code civil uniforme, une initiative qui a été dénoncée par certains groupes minoritaires comme une couverture pour son programme nationaliste. Actuellement, les questions de mariage, de divorce, d'adoption et d'héritage sont régies par de multiples lois religieuses et coutumières. Un code civil uniforme effacera toute pratique religieuse indépendante dans la mise en œuvre de ces lois et les regroupera sous un même parapluie - une mesure qui, selon les critiques, fait partie de la poussée sociale majoritaire de Modi.
"Je crois à la paternité bienveillante de Dieu et à la fraternité des hommes ... et vous, qu'est-ce que vous croyez ?"
On n'arrive pas à exprimer les choses les plus importantes et qui demeurent insaisissables.
Ella Maillart
Ella Maillart: La vie immédiate
https://pocombelles.over-blog.com/2019/10/ella-maillart-et-l-unite-du-monde.html
Entretien avec Vandana Shiva: Cultiver l'espérance face aux attaques sur le vivant (essentiel. news)
La gageure à notre époque est de séparer le bon grain de la vérité de l'ivraie de la propagande. En matière d'environnement, cela consiste à différencier l'écologie (de éco: demeure et logos: intelligence, science, esprit, discours), qui est la science des habitats et des relations des espèces entre elles et avec leur habitat, de l'écologisme et de l'idéologie capitaliste (faussement "verte"), totalitaire et malthusienne du "Changement climatique". Depuis la naissance de la Terre, la climat n'a pas cessé de varier; ses variations sont en grande partie naturelles car dues à celles de l'activité solaire et de l'axe de la Terre. La déforestation et l'érosion, conséquences des activités humaines surtout depuis la période industrielle, influent aussi beaucoup sur le climat. Il faut donc faire la part de tous ces facteurs, en sachant que ce qui guide la politique mondiale n'est pas la recherche de la vérité et du bonheur de tous mais seulement le pouvoir et le profit d'une oligarchie parasitaire.
POC
Sur ce thème, consulter notamment:
Jean Dorst: Avant que nature meure.
Jean Dorst: La force du vivant
Rachel Carlson: Silent Spring
Judith Shapiro: Mao's War Against Nature
Guillaume Sainteny: Climat: l'arbre qui cache la forêt
Akira Miyawaki: The Healing Power of Forests: The Philosophy behind Restoring Earth's Balance with Native Trees
Sur ce blog, lire aussi:
Ella Maillart et l'"unité du monde"
https://pocombelles.over-blog.com/2019/10/ella-maillart-et-l-unite-du-monde.html
Même Bloomberg le reconnaît...
La modélisation, c'est de l'anti-science.
Rapport du Forum économique mondial sur l'écart entre les hommes et les femmes ou l'état du Lit de Procuste de la Révolution mondiale
Ce qui n'est pas semblable ne peut pas être égal.
Aristote, Politique.
"Le rapport du Forum économique mondial sur l'écart entre les hommes et les femmes montre que la parité se fait attendre depuis 134 ans
La parité mondiale entre les hommes et les femmes est de 68,5 % et, au rythme actuel, la parité totale n'est pas attendue avant 2158. L'Inde se classe au troisième rang des pays d'Asie du Sud."
Source:
https://www.weforum.org/publications/global-gender-gap-report-2024/digest/
Céramique grecque illustrant le Lit de Procuste. Thésée tue le bandit Procuste qui racourcissait ou allongeait les passants pour les mettre de force à la mesure de son lit. La véritable mesure de toutes choses, et donc de l'homme, n'est pas l'homme comme prétendait le sophiste Protagoras, mais Dieu. Par son acte, Thésée a donc accompli la justice divine, "dharma"
Sri Aurobindo: Karmayoga, Dharma, Sanātana dharma
Sri Aurobindo: le yoga
Le yoga est la communion avec Dieu pour la connaissance, l'amour ou le travail. Le yogin se met en relation directe avec ce qui est omniscient et omnipotent en l'homme et en dehors de lui. Il est en harmonie avec l'infini, il devient un canal permettant à la force de Dieu de se déverser sur le monde, que ce soit par une bienveillance calme ou une bienfaisance active. Lorsqu'un homme s'élève en écartant de lui le bourbier du moi et qu'il vit pour les autres et dans les joies et les peines des autres ; - lorsqu'il travaille parfaitement, avec amour et zèle, mais qu'il se débarrasse de l'anxiété du résultat et qu'il n'est ni avide de victoire, ni effrayé par la défaite ; - lorsqu'il se débarrasse de la peur et de la haine, de la répulsion, du dégoût et de l'attachement, et qu'il travaille comme les forces de la nature, sans relâche, inévitablement, parfaitement ; - lorsqu'il s'élève au-dessus de la pensée qu'il est le corps, le cœur, l'esprit ou la somme de ces éléments et qu'il trouve son propre et véritable moi ; - lorsqu'il prend conscience de son immortalité et de l'irréalité de la mort ; - lorsqu'il fait l'expérience de l'avènement de la connaissance et qu'il se sent passif et que la force divine agit sans résistance à travers son esprit, sa parole, ses sens et tous ses organes ; - lorsqu'ayant ainsi abandonné tout ce qu'il est, fait ou a au Seigneur de tout, l'Amant et le Secours de l'humanité, il demeure en permanence en Lui et devient incapable de chagrin,- qui est le yoga. Le Pranayam et les Asans, la concentration, le culte, les cérémonies, les pratiques religieuses ne sont pas eux-mêmes du yoga, mais seulement un moyen d'y parvenir. Le yoga n'est pas non plus un chemin difficile ou dangereux, il est sûr et facile pour tous ceux qui se réfugient auprès du guide et de l'enseignant intérieur. Tous les hommes en sont potentiellement capables, car il n'y a pas d'obstacle à la pratique du yoga. Il n'y a pas d'homme qui n'ait pas la force, la foi ou l'amour développés ou latents dans sa nature, et n'importe lequel de ces éléments est un bâton suffisant pour le yogin. Tous ne peuvent pas, en effet, atteindre en une seule vie le plus haut niveau de cette voie, mais tous peuvent aller de l'avant ; et à mesure qu'un homme progresse, il obtient la paix, la force et la joie. Et même un peu de ce dharma délivre l'homme ou la nation d'une grande peur.
Source: Sri Aurobindo, "Essays from the Karmayogin" 1909 – 1910.
Traduit de l'anglais par Rouge et Blanc.
https://www.sriaurobindoashram.org/
Sanatana Dharma
"Le terme sanatana fait référence à ce qui est éternel et dharma est généralement considéré comme la loi ou l'ordre des choses. Ainsi, le terme Sanatana Dharma, tel qu'il a commencé à être formulé au 19e siècle, fait référence à une loi éternelle. Si l'on examine l'histoire du terme, on constate que le terme dharman est connu dès le Rig Veda, mais qu'il apparaît principalement en termes de maintien de l'ordre cosmique, ou rta ; sanatana n'apparaît pas dans le samhita védique. En tant que composé, le Sanatana Dharma apparaît pour la première fois dans le Mahavagga bouddhiste, la troisième partie du Suttanipata, où il est mentionné dans la section appelée Subhashita Suttam. Le texte est le suivant : Sacca ve amatā vācā asa dhammo sanantano, Saveca atthe ca dhamme ca āhu santo patihitā. La traduction se lit comme suit : "La vérité est la parole éternelle ; c'est la loi éternelle. C'est dans la vérité que se fondent la bonne parole, le but et la doctrine" (K.R. Norman, 2001 : 54).
Dans la grande épopée du Mahabharata, le terme apparaît à plusieurs reprises ; nous pouvons noter que l'usage "esa dharma sanatanah" est étrangement similaire à l'usage bouddhiste (asa dhammo sanatano) et révèle peut-être un dispositif culturel largement répandu sans signification religieuse spécifique, mais comme une affirmation de la validité des idées et des pratiques de la société. Invariablement, l'usage composé qui apparaît 157 fois dans le Mahabharata se rapporte à diverses pratiques, telles que fournir une réponse lorsqu'on est interrogé ou défendre la vérité ou même être hospitalier, et il indique la vision commune du monde de ceux à qui l'on s'adresse dans l'épopée, ainsi que la justification de certains comportements ou idées normatives - qu'elles soient personnelles, sociales ou religieuses - répandues dans la société.
En désagrégeant les termes, nous trouvons dharma mentionné environ 5 700 fois et sanatana environ 500 fois, mais il s'agit d'usages spécifiques qui ne correspondent généralement pas à l'usage composé, bien qu'il y ait des cas de substitution de sanatana par shaswat véhiculant la même signification (Vaishali Jayaraman, 2019 : 12-14). Même lorsqu'il est utilisé comme un composé, ce n'est pas toujours en termes de croyances religieuses ; un exemple est que dans la section sur le Rajadharma dans le Shanti Parvan, le devoir du roi d'assurer le bien-être de ses sujets est qualifié de SanatanaDharma ; dans le Vana Parvan, le roi est exhorté à ne pas être comme un ascète (bhaikshacarya) ou un shudra, mais à se comporter comme un kshatriya. Dans un exemple frappant du Sabha Parvan, Draupadi déplore que les Kauravas aient détruit le Sanatana Dharma par l'humiliation qu'elle a subie en public." (...)
R. Mahalakshmi
Traduit de l'anglais par Rouge et Blanc
"Dharma est souvent traduit par "devoir", "religion" ou "devoir religieux", mais sa signification est plus profonde et défie toute traduction anglaise concise. Le mot lui-même vient de la racine sanskrite "dhri", qui signifie "soutenir".
Bhavani Bharati par Sri Aurobindo
"Dans les révolutions incessantes du monde, alors que la roue de l'Éternel tourne puissamment dans ses cours, l'Énergie Infinie qui jaillit de l'Éternel et fait fonctionner la roue, apparaît dans la vision de l'homme sous divers aspects et sous des formes infinies. Chaque aspect crée et marque une époque. Elle est tantôt Amour, tantôt Connaissance, tantôt Renoncement, tantôt Compassion. Cette énergie infinie est Bhawani. Elle est aussi Durga, Kali, Radha la bien-aimée, Lakshmi. Elle est notre Mère et notre Créatrice à tous"
Sri Aurobindo
"Partout où il y a de grands héros et des chefs qui se sacrifient continuellement pour le bien de leur race, c'est envers ces nations que la Kālī se montre bienveillante..."
Sri Aurobindo, Bhavani Bharata
"Bhawani Bharati est une puissante Shakti*, composée des Shaktis de tous les millions d'unités qui composent la nation, tout comme Bhawani Mahisha Mardini a jailli de la Shakti de tous les millions de dieux rassemblés en une seule masse de force et soudés en unité. La Shakti que nous appelons l'Inde, Bhawani Bharati, est l'unité vivante des Shaktis de trois cents millions de personnes ; mais elle est inactive, emprisonnée dans le cercle de Tamas**, l'inertie complaisante et l'ignorance de ses fils. Pour se débarrasser de Tamas, il suffit de réveiller le Bramha qui est en nous".
Sri Aurobindo
* Shakti: nom de la Mère divine considérée comme la divine énergie primordiale, la force consciente du Divin, du Divin en action, l'esprit féminin de l'Unique.
** l'un des trois gunas, celui qui préside à l'inertie, à l'obscurité, au mal.
Bhavani Bharati
par Sri Aurobindo
Bhavani Bharati est le seul poème en sanskrit de Sri Aurobindo, écrit entre 1904 et 1908. Il comporte 99 vers, principalement dans le mètre "Upajati", qui est un choix approprié pour exprimer l'héroïsme, le pouvoir, la colère, la guerre. Confisquée par la police de Calcutta, cette œuvre a été redécouverte en 1985. Le poème dépeint la victoire de la Shakti, la mère de la nation, sur l'ignorance et le mal.
INTRODUCTION
Bhavānī Bhāratī
La déesse suprême.
La Mère, Immuable.
Ancienne, splendide, puissante, terrible et terrifiante.
Elle, qui protège et détruit, est Bhavānī Bhāratī.
Un poème écrit par Sri Aurobindo est capturé en vers, dans son essence, dans sa forme informe. Son seul poème en sanskrit, écrit quelque part entre 1904 et 1908, comporte 99 vers en trois mètres différents du groupe triṣṭubh à onze syllabes, un choix approprié pour évoquer l'héroïsme, le pouvoir, la colère, la guerre. Peu de temps après avoir été écrite et n'ayant pas encore de titre, elle fut malheureusement confisquée par la police de Calcutta. Des décennies ont passé et, en 1985, l'ashram de Sri Aurobindo l'a récupéré et publié pour la première fois, lui donnant le titre approprié - Bhavānī Bhāratī.
Il n'est pas nécessaire de remonter à un siècle en arrière pour retrouver la source d'inspiration, l'humeur du moment, car elle est tout aussi valable aujourd'hui qu'elle l'était hier. Le pays que nous appelons l'Inde, Bharata, Hindustan, ne s'est pas encore libéré de tous les liens et de toutes les chaînes qui l'entravent. Les oppresseurs vont et viennent, changeant de visage et de couleur. Pendant ce temps, le pays tient bon, parfois en fléchissant légèrement, parfois en ripostant avec fureur et feu. Pour beaucoup de ses enfants, l'enchaînement des événements est incompréhensible... pourquoi une telle misère et une telle angoisse s'emparent-elles de la terre, lui arrachant un grand cri de douleur ? Alors que tout semble irrémédiable, perdu sous les nuages sombres et gonflés, ils voient un seul rayon de lumière intense, perçant la couverture furieuse d'une nuit sans fin, brisant le nuage en une multitude de fragments. Comment ? D'où vient cette nouvelle force ? Quelle est la source de la puissante śakti, cette force incessante ?
Le jeu éternel des dieux est déconcertant. Leurs voies nous laissent perplexes.
Dans Bhavānī Bhāratī, nous sommes témoins d'une scène familière. Le poème s'ouvre sur l'Indien, assoupi et satisfait, tandis que les forces titanesques creusent la terre sous ses pieds. Il ne vaut pas mieux que ses frères, tous inconscients du pillage de la mère patrie. Dans son monde de plaisirs, il est incapable d'entendre son appel à l'aide. Dans un tel moment, incapable de se retenir plus longtemps. Kālī se rend visible, féroce et redoutable, faisant trembler la terre de son appel tonitruant.
Elle méprise les hommes qui gisent aujourd'hui à ses pieds comme des versions impuissantes des braves guerriers de l'Antiquité qui vénéraient la Mère, donnant leur vie, sacrifiant leur sang pour la sauver et la protéger. Où sont-ils passés ? Qui sont ceux qui se tiennent ici aujourd'hui ? Ne peuvent-ils pas voir de leurs propres yeux ce qui est clair pour tous ? Ne sont-ils pas émus par le sort de la Mère, réduite à un visage si pitoyable, affamée et assoiffée ? Ne se rendent-ils pas compte que "Partout où il y a de grands héros et des chefs qui se sacrifient continuellement pour le bien de leur race, c'est envers ces nations que la Kālī se montre bienveillante..." ? Au lieu de cela, contrainte par l'inertie qui languit sur son sein, Elle annonce son arrivée non pas avec des tambours de victoire mais avec des tremblements de terre et la famine, et prononce l'esprit des anciens Bharatas.... "Enthousiasmé, réveillé, prêt à partir, notre Indien se débarrasse de sa paisible ignorance et part à la recherche de ses compatriotes dans la nuit sanglante, mais il ne trouve que des cadavres, gisant dans l'ombre. Le seul à se tenir debout est le Titan, "opprimant d'un pied l'invincible Himalaya, de l'autre les plaines de l'Andhra et du Pauṇḍra".
Furieuses à la vue d'un tel pillage méchant et impitoyable, incapables de rester tranquilles pendant que le démon viole l'âme indienne, réveillées par le cri passionné de la Mère, des voix égarées s'unissent en un mugissement d'armées éveillées et déclarent : "Mort au méchant."
Kālī surgit avec sa puissance et sa force, avec le courage indomptable qui imprègne les enfants qui se précipitent devant et après elle, et alors même que les trois mondes sont trempés dans les teintes rouge-sang de la guerre juste, le Titan, arrogant et défiant, rugit dans les cavernes de ténèbres qui l'encerclent : "Qui est mon égal dans le monde ?"
Mais la lumière dorée est éternelle. Et lentement mais sûrement, elle se fraye un chemin dans la noirceur du mal, le déchirant en taches d'un gris inexistant. Elle pénètre dans la beauté immaculée de Bhavānī, dissipant la laideur par son doux et impeccable rayonnement. Tout brille de sa grâce. Tout est resplendissant de Sa beauté. Et l'Indien pense, mais qu'en est-il de celle qui porte des guirlandes, qui l'a tiré de son sommeil irréfléchi par ses cris terrifiants et son cliquetis de crânes ? Là, dans l'ombre de la belle Bhavānī, il entrevoit la forme de la Kālī dansante, victorieuse et jubilante. La confusion se dissipe. Kālī, Bhavānī, Caṇḍī, Annapūrṇā, Rādhā... la Mère sous toutes ses formes, comme les innombrables rayons du soleil, évoque les louanges divines et les salutations terrestres. "Tu es la Déesse suprême, tu es la Mère des créatures ; qui d'autre a le pouvoir ? La maîtrise, la suprématie et l'éclat sans tache sont des dons de toi, l'Opulente ; tu les donnes, tu les frappes aussi quand tu es en colère."
Les jours de gloire reviennent sur l'ancienne terre aryenne, la terre de Bharatas, la terre dont les portes sont protégées par la déesse elle-même. La règle éternelle du dharma, la droiture, revient au premier plan. Les flammes envoient des étincelles dans les cieux... des flammes lancées par le chant du Veda, le florissant de la connaissance, les étincelles de la sagesse. La richesse, la splendeur, la loi et la dévotion revêtent à nouveau la robe indienne. Ensemble, les enfants s'approchent de la déesse et, avec gratitude et respect, l'implorent à nouveau pour une protection éternelle... "Sois bienveillante, noble déesse ; demeure longtemps dans le cœur du peuple indien !"... "Demeure à jamais bienveillante en et, ô Puissante, pour le bien du monde."
Les moments d'ignorance et d'inertie sont connus de toutes les nations, partout dans le monde. L'Inde n'est pas différente. Mais céder silencieusement à Tamas, se soumettre sans combattre, n'est pas la voie indienne. Une nation, selon Sri Aurobindo, "n'est pas un morceau de terre, ni une figure de rhétorique, ni une fiction de l'esprit. C'est une puissante Shakti, composée des Shaktis de tous les millions de personnes qui composent la nation".
Le patriotisme dépourvu de force et de vigueur pour agir n'est qu'un sentiment. Puissant mais insuffisant. Si elle est associée à la force de la shakti, à la résolution inébranlable de s'élever, de s'élancer, d'offrir sa vie aux pieds de la Mère de la nation, la même passion se multiplie par mille. Elle réalise ce qu'elle a voulu conquérir, crée ce qui cherche à s'exprimer, libère ce qui étouffe.
Peut-être inconnu de nous, il y a un amour qui assaille tous les êtres envers la terre qui les fait naître. Cet amour est latent la plupart du temps, mais lorsqu'il est poussé à l'extrême, il s'extirpe de sous les couches et se manifeste sous la forme de Bhavānī, dans l'action de Kālī. Le jour sera vraiment glorieux lorsque les enfants de ce pays, le peuple de l'Inde, se sentiront à chaque instant animés par la force de cet Amour ... sentiront son battement dans leur propre cœur, dans le cœur des autres ... et suivront son cours comme il suit le sang du sol.
Bhavānī Bhāratī est une prière qui résonne sous ce sol, invoquant à jamais la Shakti, la Mère de la nation, la nation elle-même.
Traduit de l'anglais par Rouge et Blanc
Source: https://bhavanibharati.in/
Bhavānī Bhāratī en anglais:
https://bhavanibharati.in/verses
Sanskrit et anglais (la traduction en anglais a été faite par Sri Aurobindo lui-même):
(...)
On rapporte qu'en 1905, au cours d'une séance spirituelle guidée par Barin, le frère d'Aurobindo, Ramakrishna Paramahamsa demanda à Aurobindo de construire un temple de travailleurs désintéressés pour la reconstruction de l'Inde. Cela donna lieu au célèbre pamphlet Bhawani Mandir, un manifeste fascinant dans lequel il se réfère à la Mère Inde comme Bhawani Bharati, Kali, la déesse de la force, que Ramakrishna Paramahansa vénérait.
Aurobindo définit Bhawani Bharati comme l'énergie infinie et plus encore : "Dans les révolutions incessantes du monde, alors que la roue de l'Éternel tourne puissamment dans ses cours, l'Énergie Infinie qui jaillit de l'Éternel et fait fonctionner la roue, apparaît dans la vision de l'homme sous divers aspects et sous des formes infinies. Chaque aspect crée et marque une époque. Elle est tantôt Amour, tantôt Connaissance, tantôt Renoncement, tantôt Compassion. Cette énergie infinie est Bhawani. Elle est aussi Durga, Kali, Radha la bien-aimée, Lakshmi. Elle est notre Mère et notre Créatrice à tous". La diction d'Aurobindo était inégalée.
Ce message était un appel aux Indiens du monde entier à travailler sans relâche à la renaissance du pays. Dans le manifeste, il énonce des règles générales à l'intention de ceux qui s'attellent à la tâche de la reconstruction du pays, telles que l'engagement de quatre années de service dans ce travail colossal. L'argent reçu par eux ou par le biais de leur travail et de leurs publications sera dirigé vers le pays que l'on appelle Mère. Il n'y aurait pas de gradation ou de hiérarchie dans ce travail, et la tâche principale serait de servir le peuple. Il aspirait à rendre l'Inde universelle grâce à ce manifeste.
(...)
Traduit de l'anglais par Rouge et Blanc
Hommage à la vie et à la philosophie du Rishi révolutionnaire de l'Inde
Écrit par Sudarshan Ramabadran - Dessin de Mahaveer Swami
https://www.hinduismtoday.com/educational-resources/educational-insight-sri-aurobindo/
"Bhavānī (également connue sous les noms de Bhāvya, Tulajā, Turajā, Tvarita, Aṃbā, Jagadambā et Aṃbē) est une épithète associée à Adi Shakti (Durga). Bhavani se traduit par " donneur de vie ", c'est-à-dire le pouvoir de la nature ou la source de l'énergie créatrice. Elle est considérée comme une mère nourricière qui subvient aux besoins de ses fidèles et joue également le rôle de justicière en tuant les méchants Asuras. "
Bhavānī Bhāratī
par
Sri Aurobindo
l. Tandis que je m'enfonçais dans le confort de mon canapé et que mon esprit vagabondait sur les routes du printemps, je pensais à mon peuple, à la poésie, à ma femme, à mes plaisirs, à mon plaisir et à mes possessions.
2. J'ai façonné mon plaisir en vers élégants, en strophes lyriques de passion sensuelle ; j'ai chanté le sourire sur le visage de ma bien-aimée et les pieds vénérés et sacrés de la Mère.
3. Mon pays pleurait tout autour de moi, car un Titan scélérat opprimait ses enfants. Par intérêt, j'ai rendu hommage aux pieds du malin tachés du sang de mes frères.
4. Étendu sur un divan moelleux et rêvant de plaisirs, de jouissances et de richesses, j'ai senti sur ma poitrine le contact d'une main terrible et à mes yeux s'est dessinée la forme de Kali.
5. Parée d'ossements d'hommes et ceinte de crânes humains, avec un ventre et des yeux de loup, affamée et pauvre, marquée sur le dos par les cils du Titan, rugissant comme une lionne qui a soif de tuer,
6. avec ses yeux féroces, affamés, flamboyants, irradiant tous les mondes, déchirant le cœur des dieux avec l'anneau perçant de son cri de guerre,
7. remplissant le monde de sons bestiaux et léchant ses terribles mâchoires, féroces et nues, comme les yeux d'une bête sauvage dans l'obscurité - c'est ainsi que j'ai vu la Mère.
8. Les sommets des montagnes se recroquevillaient sous ses mèches pendantes et les mers reculaient devant ses crocs terribles ; son souffle dispersait les nuages déchirés et la terre tremblait sous la chute de ses pieds.
9. "Lève-toi ! Donne !" L'appel assoiffé de la Mère a résonné dans la nuit de la ville sans étoiles. Tonnant, la noble déesse emplit de sa présence la noirceur de la nuit et le cœur des hommes.
10. Alarmé et ébranlé, je me suis levé de ma couche et j'ai interrogé cette forme de ténèbres qui m'obligeait à l'adoration : "Qui es-tu, toi qui, dans la nuit, dans ta terrible splendeur, apparais à mon cœur ? Que dois-je faire ? Parle ! Je te salue, déesse redoutable".
11. En émettant un son semblable au rugissement du lion lorsqu'il erre férocement dans la jungle à la recherche d'une proie, la déesse, dans sa forme de terreur, lâcha des mots comme le tonnerre de l'océan sur les rochers.
12. "Je suis la mère, ô enfant, des Bharatas, le peuple éternel aimé des dieux, que ni le Destin hostile, ni le Temps, ni la Mort n'ont le pouvoir de détruire.
13. Leur force purifiée par leur continence, rendue noble par la connaissance de soi et de sévères austérités, resplendissant comme mille soleils, ils ont brillé sur une terre prospère.
14. Héroïques et audacieux, ils ne supportaient aucun défi de la part de leurs ennemis. Vénérant la Mère avec le sacrifice de ses ennemis, à la fin de la bataille, ils se tenaient radieux, leurs membres oints de sang.
15. Mais qui sont ces misérables et indigents qui, dans leur aveuglement, embrassent une paix dégradante comme une prostituée ? Ô hommes sans courage et faibles d'esprit, ne savez-vous pas que c'est la mort qui est à l'origine de la mort ? Ne savez-vous pas que c'est la Mort que vous étreignez ?
16. Combien de temps encore supporterez-vous impuissants votre vie dans la souffrance, battus gratuitement par vos oppresseurs ? Vos ennemis se moquent de vous ; vous achetez avec la paix un amas de déshonneur et l'épuisement de vos biens.
17. Qui est celui-ci, sanctifié par le contact nectariforme des pieds des barbares étrangers, qui se targue d'être un brahmane ? Tu es un Shudra, moins aryen que les Shudras ! Quelle est l'utilité de ces vœux pour le voyageur sur le chemin de l'enfer ?
18. Lève-toi ! Réveillez-vous ! Quittez vos feux rituels, car vous êtes l'éclat incarné de Krishna, le Suprême. Va consumer tes ennemis avec le feu qui habite éternellement dans ta poitrine.
19. Qui est ce parent de Kshatriyas qui se cache dans son palais avec du vin et les regards de femmes voluptueuses ? Ton devoir et ton honneur, tu les as oubliés dans ta faiblesse ? Combats, hypocrite, et préserve le Dharma !
20. Il y a du fer et l'épée est tranchante ; le canon cruel mugit ici dans une furie ivre. Comment se fait-il que tu sois désarmé ? Vous êtes couchés comme des morts ! Protégez votre race, soyez aryens et tuez vos ennemis.
21. Et quelle sorte de Vaishya êtes-vous ici ? Quels sont ces biens disposés sur les places de marché pour la prospérité du peuple ? C'est la richesse de l'exploiteur étranger ! Tu m'appauvris, Kali, ô vil traître à ta mère !
22. Donne aux flammes cette richesse de l'étranger. Ne crains-tu pas la colère brûlante de Kali ? Vénérant la déesse Bhavani dans votre cœur, luttez et enrichissez votre patrie.
23. Vous et vous, peuples d'Avanti et de Magadha, de Vanga, d'Anga et de Kalinga, Kurus et hommes du Sind, écoutez-moi ! O méridionaux, vous de l'Andhra et du pays Chola, et vous, héros du pays des cinq fleuves ;
24. vous qui adorez la triple forme du Seigneur unique et vous, mes fils mahométans, qui l'adorez dans son unicité : Moi, la Mère, je vous appelle tous, car vous êtes tous mes enfants. Secouez votre sommeil ! Oh, écoutez !
25. Écoutez le tambour du Temps sur les sommets des montagnes. Voici la Mort impitoyable, ma messagère. La famine et le tremblement de terre annoncent que je suis venu dans la plénitude de ma puissance.
26. Offrez-moi des sacrifices ; donnez, car j'ai soif. En me voyant, connais et adore le Pouvoir originel, qui se présente ici sous la forme de Kali, qui rugit à haute voix et qui a faim de jouir des têtes et des corps des puissants souverains.
27. Ce n'est pas avec des torrents de sang provenant de centaines, de milliers et de dizaines de milliers de chèvres que je suis satisfait. Ouvrez vos cœurs et offrez-moi ce sang, car c'est ainsi qu'ils adorent la déesse qui n'est pas encore née et qui est redoutable.
28. Partout où de grands héros et des chefs se sacrifient continuellement pour le bien de leur race, Kali se montre bienveillante envers ces nations, nourries de sang, et elles écrasent leurs ennemis.
29. De qui avez-vous peur, ô Aryens ? Plongez dans cette mer de sang, montrez que vous êtes bien aryens ! Là, sur l'autre rive, voyez surgir une lumière à l'éclat inviolable, armée du trident.
30. Ô poète et sensualiste, écoute la parole de la Mère : adore Kali la Terrible, mon fils, la féroce Chandi. En vérité, tu la verras, la mère des Bharatas, terrasser puissamment ses ennemis au plus fort du combat.
31. Invite au combat les anciennes tribus des Bharatas. Que la victoire soit au rendez-vous, ne crains rien. Je me suis réveillée ! Où est l'arc, où est l'épée ? Levez-vous, levez-vous, lions endormis !
32. En entendant ces paroles pendant la nuit, et en voyant dans les ténèbres une splendeur épouvantable, mon cœur s'est mis à danser, et, quittant ma maison, secouant mes plaisirs, je me suis mis rapidement en route.
33. Je vis alors cette terre de l'Inde, le pays aryen, enveloppée d'épaisses ténèbres, souffrante, aveuglée ; cachée dans la nuit, ruinée par ses ennemis, la mère des Bharatas pleurait à haute voix.
34. J'ai jeté mon regard dans la nuit, affligée, cherchant mes frères dans l'ombre. J'ai vu leurs cadavres sur le sol, pitoyables, réduits à l'état de squelettes.
35. Je vis alors un Titan seigneurial, couronné, gigantesque, portant la foudre, nourrissant les hordes de sa progéniture avec les larmes de la Mère mêlées à cent ruisseaux de son sang.
36. Opprimant d'un pied l'invincible Himalaya, de l'autre les plaines de l'Andhra et du Paundra, il brandit une rude épée sur la Chine et le pays des Pahlavas (Perse).
37. En le regardant, immense et vil, gonflé de l'orgueil de sa force, injuste et se glorifiant de la justice, mon cœur devint comme un foyer et s'enflamma d'une colère inextinguible.
38. La voix redoutable de la déesse s'éleva pour appeler à sortir de leur sommeil les tribus impérissables. Puis, poussant un flot de cris féroces, elle vint à mes côtés, redoutable comme la nuit.
39. La terre et la mer tremblèrent sous la violence de ses paroles, et les cieux répondirent par un coup de tonnerre. La terreur de ses regards furieux affligea la création comme un déluge de feu.
40. Les trois mondes furent remplis par les appels exaspérants de Kali. Un volcan de flammes dévastatrices jaillit de sa gorge en paroles immortelles.
41. Je vis alors des armées comme tirées du sommeil, agitées par l'intense agitation qui s'était emparée du monde, criant avec acharnement : "Mort à l’infâme !"
42. Prenant conscience des pleurs de la Mère et de ses blessures, des centaines d'yeux lancèrent des éclairs. Puis des milliers de visages se tournèrent, pleins de rage, vers le redoutable seigneur des Titans.
43. "Qui es-tu Aho, alors que ses fils dormaient et qu'ils sont maintenant prêts à se battre, et que tu as bu le sang de la mère des Aryens comme un Rakshasa, mugissant dans la nuit ? Qui es-tu, toi qui, fort, opprime le faible, ô déchu, nourriture de la Mort ?"
44. En prononçant ces mots, courroucée, la violente déesse brandit une arme, un arc de feu, et se précipite sur son redoutable adversaire. Devant et derrière elle, Kali rugit.
45. La terre se couvrit de flammes et des langues rapides de colère enflammée léchèrent le ciel. Les hennissements et le grondement des tambours effrayaient le monde tandis que Kali combattait le Titan.
46. Des nuages tachés de sang semblaient brûler dans les cieux et une violente pluie de sang tombait sur la terre. Les montagnes s'élevaient sur une mer ensanglantée. Toute la terre était comme changée en sang.
47. Le puissant Titan, terrible dans la nuit, écrasait les armées du peuple aimé des dieux. Enivré d'orgueil, l'ennemi des dieux tonnait : "Qui au monde m'égale ?"
48. Alors, repoussant les ténèbres et perçant l'adversaire de rayons semblables à des flèches, 1 vit avec un frisson d'allégresse un soleil levant qui répandait dans les cieux une lueur rougeoyante et lançait ses rayons dans les airs.
49. Je vis alors le créateur Brahma sous la forme d'un nuage d'où jaillissaient mille yeux qui annonçaient la délivrance de la Mère de la peur.
50. Puis, très loin au nord, surgit, gracieuse, anéantissant tous les ennemis, une lumière blanche sous la forme d'une " Femme délicieuse de beauté, aussi rayonnante que vingt millions de soleils éblouissants ".
51. Enchantés, les dieux des royaumes lumineux chantèrent ses louanges, les oiseaux de la région médiane chantèrent sa douceur, et les hommes prosternés sur la terre chantèrent son entrée dans le monde, dissipant ses angoisses.
52. Sur les sommets de l'Himalaya, inébranlables dans la méditation, le corps transformé en glace, les grands yogis qui, à travers les âges, ont gardé le destin de l'Inde, l'ont louée avec joie.
53. Balayant lentement de leurs yeux insondables de sagesse la neige que les âges y avaient amassée, ils chantaient dans leur puissance à la puissante déesse, terrible dans sa beauté radieuse :
54. "Salutation à toi, ô déesse toute-puissante ! Je m'incline devant toi, qui es terrible, puissante et compatissante. Toi seule préserves ces peuples. Salutation à la Puissante, la Déesse primitive !
55. Qui peut décrire ta puissance, ô déesse impétueuse dans ses voies ? D'une main délicate, tu fais tourbillonner ou tu arrêtes dans son mouvement l'univers avec toutes ses étoiles et tous ses soleils, ô infinie énergie.
56. Lorsque, brandissant le trident, tu danses, ô Chandi, sur l'horrible champ de bataille bruyant de chacals, les vastes multitudes d'étoiles semblent trembler dans le firmament au contact de ton arme.
57. Ton cœur se fondant de pitié pour les pleurs des hommes, tu frappes la tête des oppresseurs du peuple. La Mort vorace, mangeuse du monde, est ton serviteur qui chevauche les dents de ton trident.
58. Tu es la puissance suprême qui éveille des millions d'hommes passionnés. En t'incarnant, tu préserves ce noble peuple lorsqu'il est tombé dans la détresse. D'âge en âge, tu combats, ô Mère des Aryens.
59. Aujourd'hui encore, je vois ta forme d'une blancheur éblouissante sur les montagnes du nord ; ta lumière efflorescente surgit, ô bienveillante, illuminant les mondes de beauté.
60. Tu es là, noble déesse, avec tes beaux membres rayonnants, montée sur une vache ivre de l'ardeur de la bataille, et tout autour de toi les armées des Titans dégringolent comme de hauts sommets déracinés.
61. De couleur vive, avec des cornes noires et rondes, elle s'ébat comme une masse de neige qui s'agite : c'est la terre aryenne de l'Inde, chère aux dieux, qui piétine ses ennemis sous cette forme de vache.
62. Les légions de ceux qui ont vaincu les dieux, dont l'éclat des visages pâlit sous l'effet de la peur, s'enfuient soudain comme des cataractes sur les flancs des montagnes, bruyantes et pressées.
63. J'entends, ô déesse redoutable, les nobles tons de ton cri de victoire féroce répercuté par le peuple du Pendjab. Plus fort encore, ô guerrier redoutable, j'entends le tumulte des forces adverses qui se font massacrer.
64. La Jumna, dont le cours a été témoin des sports de Krishna, a perdu sa couleur saphir et est devenue rouge de sang. Le sol du Bengale n'est plus qu'un bourbier sanglant, tandis que le quartier sud brille d'une lueur rouge sang.
65. Touchées par ton trident, les régions du ciel semblent saigner, diffusant partout une lumière rougeâtre. A cause de la violence excessive de ta guerre, ô terrible, les nuages qui portaient l'eau sont devenus porteurs de sang.
66. Sur les plages rocheuses de la mer, j'ai vu la déesse anéantir dans la bataille ses derniers adversaires. Impitoyable, courroucée et bienfaisante, elle abat avec son trident les ennemis de Shiva, le Seigneur bienfaisant.
67. Qu'est-ce que c'est, hideux et noir, piétiné par les sabots de la vache des dieux ? C'est un morceau de chair que je vois sur le sol : c'est tout ce qui reste de ceux qui t'étaient hostiles.
68. De cet amas défiguré, quelles têtes brisées semblent émerger ! Des pieds et des mains gisent çà et là. Tu es cruel, ô Rudrani, dans tes actes de sauvagerie !
69. Tu es cruel, ô Rudrani ; ou plutôt c'est une sorte de miséricorde envers le tyran vil et cruel, qui s'enorgueillit de l'affliction du peuple, que de lui donner, dans la bataille, une mort noble qui le conduira au ciel.
70. Bien que sa vie ait disparu, une main de cet ennemi de Rudra tient encore une arme qui crache du feu. Le démon, carbonisé et mutilé, semble lancer à Bhavani sa force vitale brûlée.
71. Je vois des courants de flammes sortir de la bouche de l'arme mortelle ; mais malgré toute son insolence, et bien qu'il soit allongé devant elle, il ne peut atteindre la forme de Chandi enveloppée d'une aura de splendeur.
72. Un coup d'épée entre ses cornes paralyse ce geste de séparation. Je considère ainsi que tu as accompli ton puissant vœu, ô déesse à l'immense énergie.
73. Salutation à toi, ô déesse au pouvoir immense, à toi qui as fait des vœux terribles et qui nous a portés tout au long de notre difficile travail. Tu règnes en tant que Bharati sur les Bharatas ; en tant que Déesse suprême, tu gouvernes tout cet univers de choses animées et inanimées.
74. Tu es la Déesse suprême, tu es la Mère des créatures ; qui d'autre a le pouvoir ? La maîtrise, la suprématie et l'éclat irréprochable sont des dons de toi, ô opulente, toi qui les donnes, tu les frappes aussi quand tu es en colère.
75. Salutation, salutation, ô noble déesse aux grands yeux de douceur ! Ton véhicule à la belle teinte de neige arbore pour ainsi dire ton drapeau à l'extrémité noire et luisante de sa queue relevée.
76. Salutation, salutation, ô déesse ! L'effort de la bataille a délié tes cheveux longs et ondulés qui flottent comme un nuage dans le ciel.
77. Quand tes yeux brillent de colère, ô déesse au visage blanc, tu es comme un éclair tombé sur la terre ; comme un éclair au milieu des nuages d'orage, ton rire effrayant joue aux coins de tes yeux.
78. Ton cou blanc se penche légèrement pour regarder tes ennemis tombés et sans vie. Les jambes blanches de Bhavani, depuis les pieds jusqu'aux beaux genoux, brillent comme des piliers de neige.
79. Les pieds de Bhavani, depuis les pieds jusqu'aux beaux genoux, brillent comme des piliers de neige.
79. Ta robe brillante et aérienne, qui flotte dans la brise, est un nuage lumineux du milieu duquel tes cheveux rayonnants brillent comme la lumière de la lune.
80. Ce sein qui est le tien est une vague de lait écumante qui se gonfle dans l'Océan lacté. Il t'est difficile de discerner, ô Mère, quand mon vent retombe de la splendeur fatiguée du corps de la beauté.
81. Tu es ancienne, ô Déesse - avant Shiva tu étais - et pourtant tu portes cette forme de jeune fille. Salutation à toi, ô Mère sans commencement ! Sois bienveillante,)nous, ô terrible. à l'égard de ceux qui se prosternent devant toi.
82. Indiquant une terre sombre avec des arbres visibles dans les vastes espaces entre les montagnes, ta main est tendue, ô compatissante, ô Rudrani, accordant la liberté de la peur aux peuples.
83. Par ce signe de ta main fleurie, les ténèbres sont chassées de la terre des Bharatas. -Les nuages de sang disparaissent du ciel. Ta force est impensable, tu es belle et gracieuse.
84. Gracieuse est ta noble forme blanche comme la neige, gracieux le visage exalté de Bhavani ; je m'incline devant le Puissant vêtu de blanc, rayonnant de la beauté éclatante de la jeunesse, ses yeux humides de compassion.
85. Où est maintenant cette terrible figure, ornée d'ossements d'hommes et ceinte de crânes, nue et féroce, effrayante avec sa bouche béante, par les cris de laquelle j'ai été soudainement réveillé ?
86. Dans le fleuve de sang qui coule là-bas rit l'ombre de la belle, brandissant une épée, tonitruante, nue et hideuse : Je m'incline devant Kali !
87. Tu es vraiment Kali et tu es totalement impitoyable ; tu es Annapurna, la miséricordieuse et la bienveillante. Je m'incline devant toi comme le violent, ô finisseur des mondes ; je m'incline devant toi, ô Radha, dans ton extase d'amour.
88. Qui peut supporter en lui-même ta plénitude de puissance infinie dans laquelle toutes tes formes sont manifestées, ô Déesse omnipotente ? Tu es cette puissance flamboyante et tu es la force des forts ; tu es aussi la plus douce des douces.
89. Je m'incline devant toi, ô Mère, ô Savitri radieuse, ô trois yeux, ô ta beauté aux membres blancs et à la robe blanche montée sur un taureau, et je m'incline devant toi, ô Mère, ô Savitri radieuse, ô trois yeux, ô trois yeux, ô trois yeux, ô trois yeux, ô trois yeux, ô trois yeux, ô trois yeux, ô trois yeux, ô trois yeux, ô trois yeux.
90. Avec tes dix armes, tu protèges les Aryens, ô Mère inaccessible dans les dix directions ; comme la matrice du monde, tu es assise avec mille bras embrassant tes enfants, inconcevable dans ton énergie.
91. Illuminant de ses rayons les profondeurs impénétrables des forêts, sa forme comme une montagne de feu, terrible et sublime, je vois la gracieuse Déesse debout, l'épée à la main, aux portes des villes du pays aryen.
92. La puissante Mère des créatures a vaincu l'âge des luttes. De nouveau, les mouvements de liberté se manifestent ; je les vois suivre les chemins des anciennes écritures.
93. Une fois de plus, on entend dans les forêts le chant du Veda qui est une source de nectar immortel pour le cœur. Un fleuve débordant d'humanité coule vers les ermitages des sages parfaits dans la connaissance de soi.
94. Une fois de plus, les voies éternelles du Dharma sont gardées par un homme noblement né dans la race solaire. Et une fois encore, la resplendissante Lakshmi, un sourire sur les lèvres, règne sans partage parmi les Bharatas.
95. A l'Est et à l'Ouest, j'entends le cri et l'agitation du monde entier qui se hâte, avec des louanges sur sa langue, vers ce pays, l'ancienne Mère des Védas.
96. Louant la gracieuse et impressionnante Mère comme la source de la vraie Loi, l'accomplissement des vœux puissants, ils révèrent comme lieu de pèlerinage cette terre chère à la Déesse qui n'a jamais cessé d'avoir du pouvoir.
97. De même que ceux qui habitent la ville sacrée de Shiva, Kashi, sont libérés par le toucher propice du Seigneur, de même tout ce pays aryen où la Déesse a posé ses pieds purificateurs sera le Kashi du monde.
98. O infini dans tes formes, tu es le contentement, la compassion, la patience et l'héroïsme indomptable, la foi et l'endurance et la connaissance de toutes sortes. Sois bienveillante, noble déesse ; demeure longtemps dans le cœur du peuple indien !
99. Illumine ces rivières et ces montagnes enneigées d'un lustre mosti doux, sois fermement établi dans le pays aryen. Demeure à jamais dans cette terre, 0 Puissant, pour le bien du monde !"
Traduit de l'anglais par Rouge et Blanc
Sri Aurobindo: Essais sur la Gîtâ
Le monde est riche en écrits sacrés et profanes, en révélations et demi-révélations, en religions et en philosophies, en sectes, en écoles, en systèmes, auxquels s’attachent avec intolérance et passion les nombreux esprits dont la connaissance est incomplète ou nulle. Ils prétendent que tel ou tel livre est seul le Verbe éternel de Dieu, que tous les autres ne sont qu’impostures ou qu’ils sont, tout au plus, imparfaitement inspirés ; ils veulent que telle ou telle philosophie soit le dernier mot de l’intelligence raisonnante, que tous les autres systèmes soient des erreurs ou qu’ils soient valables seulement par certaines vérités partielles qui les rattachent au seul culte philosophique vrai. Même les découvertes des sciences physiques ont été érigées en articles de foi et, au nom de ces sciences, la religion et la spiritualité ont été bannies comme œuvres de l’ignorance et de la superstition, et la philosophie comme vieille friperie et rêverie. À ces exclusions sectaires et ces vaines querelles, les sages eux-mêmes se sont souvent prêtés, égarés qu’ils furent par un esprit obscurantiste qui, se mêlant à leur lumière, l’a voilée de quelque nuage d’égoïsme intellectuel ou d’orgueil spirituel. Il semble pourtant que l’humanité soit maintenant disposée à un peu plus de modestie et de sagesse. Nous ne mettons plus à mort nos semblables au nom de la vérité révélée, ou parce que leur esprit est autrement éduqué ou autrement constitué que le nôtre; nous sommes moins prompts à maudire ou à insulter notre voisin quand il est assez pervers ou assez présomptueux pour nourrir d’autres opinions que nous; nous sommes même prêts à admettre que la Vérité est partout et ne peut être notre exclusif monopole; nous commençons à considérer d’autres religions et d’autres philosophies pour la vérité et l’aide qu’elles renferment et non plus seulement pour les condamner comme fausses ou pour en critiquer ce que nous pensons être des erreurs. Mais nous sommes toujours portés à proclamer que notre vérité nous donne cette suprême connaissance que les autres religions ou philosophies n’ont pas su saisir ou n’ont comprise qu’imparfaitement, de telle sorte qu’elles ne traitent que d’aspects subsidiaires ou inférieurs de la vérité des choses, ou bien qu’elles peuvent tout au plus préparer des esprits moins évolués aux cimes que nous avons atteintes. Et nous sommes encore enclins à faire peser, sur les autres comme sur nous-mêmes, tout le poids sacré du livre ou de l’évangile que nous admirons, insistant pour que tout en soit accepté comme vérité éternellement valable et qu’à chaque iota, à chaque accent, à chaque tréma soit reconnue sa part de l’inspiration plénière.
C’est pourquoi il peut être utile, lorsqu’on aborde d’anciennes Écritures, comme les Védas, les Upanishads ou la Gîtâ, d’indiquer avec précision dans quel esprit on les approche et ce qu’exactement l’on pense pouvoir en retirer qui ait de la valeur pour l’humanité présente et à venir. affirmons avant tout l’existence certaine de la Vérité, une et éternelle, que nous cherchons ; d’elle toute autre vérité découle, à sa lumière toute autre vérité se situe, s’explique et s’encadre dans le plan général de la connaissance. Mais précisément pour cette raison, cette Vérité ne peut être enfermée dans une seule formule tranchante et il n’est pas probable qu’on la trouve, dans sa totalité et avec tout ce qu’elle implique, dans une seule philosophie ou un seul livre sacré, ni qu’elle soit exprimée en entier et à jamais par un maître, un penseur, un prophète ou un avatâr quelconque. Nous n’avons pas non plus saisi entièrement cette Vérité, si la compréhension que nous en avons comporte l’intolérante exclusion de la vérité qui est à la base d’autres systèmes ; car nous ne rejetons passionnément que ce que nous ne sommes pas à même d’apprécier et d’expliquer. En second lieu, cette Vérité, quoique une et éternelle, s’exprime dans le temps et par l’esprit de l’homme. C’est pourquoi toute Écriture doit nécessairement comprendre deux éléments, l’un temporaire et périssable, en rapport avec les idées de l’époque et du pays où elle a pris naissance, l’autre éternel, impérissable et applicable en tout âge et en tout lieu. En outre, dans l’exposé de la Vérité, il est inévitable que la forme propre qui lui est donnée, le système, l’agencement, le moule métaphysique et intellectuel et l’expression précise dont on a fait usage, soient largement soumis aux variations du temps et perdent de leur force. Car l’esprit humain se modifie sans arrêt; divisant et réajustant constamment, il est obligé de déplacer constamment ses divisions et de recomposer ses synthèses ; il abandonne sans cesse d’anciennes expressions et d’anciens symboles pour de nouveaux, ou bien, s’il continue à user des anciens, il en change la signification ou au moins le contenu exact et les associations, si bien que nous ne pouvons jamais être sûrs de comprendre un ancien livre de ce genre dans le sens et l’esprit précis qu’il avait pour ses contemporains. Ce qui garde une valeur entièrement permanente, c’est ce qui, tout en étant universel, a été expérimenté, vécu et vu par une faculté plus haute que l’intellect.
C’est pourquoi je tiens pour peu important d’extraire de la Gîtâ l’exacte signification métaphysique qu’elle eut pour les hommes de son temps, à supposer qu’on puisse le faire avec précision. Que ce ne soit pas possible est prouvé par la divergence des commentaires originaux qui en ont été faits, et qui en sont encore faits de nos jours, car ils ne s’accordent que sur le désaccord de chacun avec tous les autres; chacun trouve dans la Gîtâ son propre système métaphysique et la tendance de sa propre pensée religieuse. Et même l’érudition la plus méticuleuse et la plus désintéressée, même les théories les plus lumineuses sur le développement historique de la philosophie hindoue ne sauraient nous sauver de l’erreur inévitable. En revanche, ce que nous pouvons faire avec profit, c’est de rechercher dans la Gîtâ ce qu’elle contient de vérités vraiment vivantes, en dehors de leur forme métaphysique; c’est d’extraire de ce livre ce qui peut nous aider, nous ou le monde en général, et de le traduire dans la forme et l’expression les plus naturelles et les plus vivantes, qui soient adaptées à l’état d’esprit de l’humanité moderne et appropriées à ses besoins spirituels.
(...)
Sri Aurobindo: Essais sur la Gîtâ, chapitre I. Pondichéry (1916-1920). Traduit de l’anglais par Pavitra et Archaka . Sri Aurobindo Ashram, 2008.
https://www.sriaurobindoashram.org/sriaurobindo/writings.php
https://www.sriaurobindoashram.org/
Sri Aurobindo (1872-1950) était un nationaliste, un poète, un philosophe et un yogi. L'un des principaux dirigeants du mouvement indien pour la liberté de 1905 à 1910, il s'est retiré à Pondichéry en 1910 pour se consacrer à la pratique du yoga. En 1926, avec l'aide de la Mère, il a fondé l'ashram de Sri Aurobindo. Il a également développé une discipline spirituelle unique orientée vers la vie, le yoga intégral.
Japji Sahib: Une personne de vérité contient l'univers entier
Le Japji Sahib est une prière au début du Granth Sahib, l'écriture sainte des Sikhs. Elle a été composée par Guru Nanak Dev, le premier Sat Guru de la lignée des dix gourous sikhs.
JAPJI - Méditation de l'âme
Nous ne faisons qu'un avec Dieu. C'est notre véritable identité
Auteur de tout. Au-delà de la peur.
Au-delà de la vengeance. Au-delà de la mort, image de l'infini, non né.
Plein de lumière
C'est le cadeau du gourou ~ MÉDITEZ !
C'EST LA VÉRITÉ PREMIÈRE, VRAIE POUR TOUS LES TEMPS, VRAIE À CET INSTANT, Ô NANAK
VRAI POUR TOUJOURS || 1 ||
En pensant et en pensant,
rien ne se passe...
Même si je pense mille fois.
Profondément dans le silence,
Rien ne se passe...
Bien que la corde de la nostalgie joue.
Les gens affamés restent affamés,
avec le poids du monde sur leur dos.
Vous pouvez être incroyablement intelligent,
Mais vous ne pouvez pas l'emporter chez vous.
Comment puis-je vivre la vérité ?
Comment puis-je couper à travers le filet de mensonges ?
Marcher dans la volonté de Dieu
A l'intérieur et à l'extérieur.
Ô Nanak !
C'est écrit dans ton âme. || 1 ||
Dans la volonté de Dieu, toutes les structures sont formées, au-delà des mots.
Dans la volonté de Dieu, toutes les âmes sont formées et deviennent grandes.
Dans la volonté de Dieu
Nous sommes hauts ou bas.
Dans la volonté de Dieu, il y a le plaisir et la douleur. Dans la volonté de Dieu, il y a la perte et le gain.
La volonté de Dieu est vivante en nous. Personne n'en est dépourvu.
Ô Nanak !
Lorsque vous comprenez la volonté de Dieu, toutes les pensées de soi disparaissent. || 2 ||
Quelqu'un chante le pouvoir,
A qui appartient le pouvoir ?
Quelqu'un chante le don, Connaissant le signe dans la chanson.
Quelqu'un chante l'excellence, L'émerveillement et la beauté divine.
Quelqu'un chante la connaissance, Par une longue et profonde méditation.
Quelqu'un chante les corps, Créés et retournés à la poussière.
Quelqu'un chante les âmes, données et enlevées...
Quelqu'un chante que Dieu semble être loin.
Quelqu'un chante qu'il voit le visage de Dieu tous les jours.
Les histoires bien racontées n'ont pas manqué.
Des millions et des millions ont parlé et parlé.
Le donateur donne,
et les preneurs se fatiguent.
A travers tous les âges, les mangeurs mangent.
Par le commandement de l'unique commandant, Le chemin continue toujours.
O Nanak !
Épanouis-toi et vis sans souci. || 3 ||
Dieu est la vérité et la vraie justice, il est doté d'un amour infini.
Les gens implorent "donnez-moi, donnez-moi !", le Donateur de tout continue à donner.
Quelle offrande puis-je faire
Pour entrer dans le royaume des cieux ?
Que dois-je dire pour me sentir aimé ?
Méditez profondément aux heures ambiantes Sur le Nam, profond et vaste.
Vos karmas seront tous couverts et la porte de la liberté s'ouvrira.
Ô Nanak ! Sache-le :
Une personne de vérité
Contient l'univers entier. || 4 ||
Non né, non fait, Lui seul, L'Unique pur.
Servez cet Unique,
Et gagnez la gloire dans ce monde.
O Nanak !
Chante le trésor de l'excellence.
Chante et écoute,
Et gardez l'amour dans votre esprit.
La douleur s'envolera,
Et la paix viendra dans votre maison.
Le Naad vient du Gurmukh. Du Gurmukh vient la connaissance. Grâce au Gurmukh, nous restons unis.
Le gourou est la forme de Dieu
sur laquelle on peut méditer, imaginer et aimer.
Le gourou est la mère, Maya. Quand je le sais
Je ne peux pas le dire, les mots sont inutiles.
Le gourou m'a donné une seule compréhension : Toutes les âmes sont des dons de l'Unique.
Puissé-je ne jamais l'oublier ! || 5 ||
Plaire à Dieu
est le seul rituel que je pratique.
Sans expérience intérieure, tous les rituels ne signifient rien.
Combien y a-t-il d'êtres créés ! Je les vois s'étendre tout autour de moi.
Sans travailler dur,
Comment peut-on obtenir quoi que ce soit ?
Si vous écoutez une seule des leçons du gourou
Vous trouverez les pierres précieuses, les joyaux et les rubis dans votre esprit.
Le gourou m'a donné une compréhension : Toutes les âmes sont des dons de l'Unique.
Puissé-je ne jamais l'oublier. || 6 ||
Tu peux traverser tous les âges, ou même dix fois plus.
Tout le monde te connaît ;
Les gens peuvent même vous suivre partout.
Il se peut que l'on ait une bonne opinion de vous
Et loué dans le monde entier.
Mais si vous ne voyez pas l'invisible, alors rien de tout cela n'a d'importance.
Vous vivrez comme un ver parmi les vers
Et les gens coupables mettront toute leur culpabilité sur toi.
Ô Nanak !
Dieu donne la bonté à ceux qui l'ont et à ceux qui ne l'ont pas,
Mais la personne n'existe pas
Qui peut lui donner de la bonté. || 7 ||
(...)
Swami Vivekananda (January 12, 1863–July 4, 1902) was born in an aristocratic Bengali Kayastha ( Brahmin and Kshatriya) family of Calcutta in 1863. Born Narendra Nath Dutt, Vivekananda was the chief disciple of the 19th century mystic Ramakrishna. Both Men were influential figures in the Bengali Renaissance, as well as the Hindu renaissance during the 19th and 20th centuries.
From relative obsurity Vivekananda came to the attention of the Western world after his participation in the 'Parliament of Religions' held in Chicago, Illinois (USA) in 1893, at which he represented Hinduism. His vast knowledge of Eastern and Western culture as well as his deep spiritual insight, made a great impression in Europe and America.
In America he became India's spiritual ambassador and pleaded eloquently for better understanding between India and the New World in order to create a healthy synthesis of East and West, of religion and science.
In the course of a short life of thirty-nine years Vivekananda authored four treatises on Hindu philosophy: Jnana-Yoga, Bhakti-Yoga, Karma-Yoga, and Raja-Yoga.
Vivekananda & Ramakrishna's views on Sikhism
Writing about Sri Guru Nanak Dev Ji, Swami Vivekanand wrote:
Guru Nanak was born in the sacred land of India. He gave a message of love and peace of the whole world and preached the same through his teachings. He was full of affection for everyone and his arms were always outstretched as if to embrace the whole world. There was no difference between a Hindu and a Muslim for him. He was common Guru to all. He was the Guru of all human race.
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- (Reference: The complete works of Swami Vivekanand Vol. III page 366)
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Swami Vivekanand was greatly influenced by the wonderful custom of propagation of consecrated water administered in Khalsa that whenever he used to write a letter to anyone; he used to give a high place to the ovation written by Sri Guru Gobind Singh Ji, “ WaheGuru Ji Ka Khalsa WaheGuru Ji Ki Fateh”
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- (Reference : Vivekanand’s Letter No. 207)
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The unequalled sacrifices made by Guru Gobind Singh Ji for the sake of Nation and humanity always used to prevail on Vivekanand’s mind.
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- three above quotes thanks to: www.sikhquotes.org
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Vivekananda's Master, Ramakrishna was born in Bengal during the reign of Maharaja Ranjit Singh. Born in a poor Brahmin Vaishnava family in rural Bengal, he became a priest of the Dakshineswar Kali Temple. Ramakrishna is said to have also experimented with other religions, notably Islam and Christianity, and said that they all lead to the same God.
Vivekananda is said to have had great respect for the Sikh Gurus. However his respect was said to be because of his belief that the “Gurus of Sikhism were the reincarnations of King Janaka of ancient India.”
Swami Vivekananda had his own reasons for his admiration of Guru Gobind Singh ji. In the confusing sentence below:
- He believed that the Guru brought on the “Sikh sect revival by his initiation when he re-Hinduised Mohammendan converts and took them back into the Sikh community.”
From the above we can see that by having former Hindus who had been converted to Islam (including circumcision) take part in the Sikh initiation of Pahul that Vivekananda clearly thought that Sikhi was a sect of the Hindu religion. Vivekananda did spend time in, Nainital, Almora, Srinagar, Dehra Dun, Rishikesh, Hardwar and the Himalayas.
From these two statements it can be seen that both Vivekananda and Ramakrishna had a limited knowledge of the Sikh religion, Sikh history and with their deaths having occured in 1886 and 1902, both men were clearly unaware of the Sikh political events of the early 20th Century. Most likely if Vivekananda had visited a Sikh Gurdwara they would have seen practices that were removed from Gurdwaras when Sikhs took over control of their houses of worship in the first half of the 20th Century. Clearly Swami Vivekananda believed that Buddhists, Sikhs and Jains were all Hindus.
To prove his point Vivekananda listed the common points shared by Hinduism and its sects: Sikhism, Buddhism and Jainism.
- All these religions see Om or omkar as a sacred word and is commonly used in the beginning of their mantras or sacred invocations. In Sikhism Om is called as Ek Onkar. (see also Onkar
- All these religions believe in the existence of the soul and its rebirth in different bodies.
- The ends or aim of all these religions is the liberation of the soul from the bondage of matter or Moksha. The Hindu Moksha and the Jain Nibbana and the Buddhist Nirvana is one and the same thing.
- All these religions believe in the law of karma , or the law of cause and effect.
- Vegetarianism is considered a virtue in all these religions.
In the book Identity and Religion: Foundations of Anti-Islamism in India, by Amalendu Misra:
- Misra has written that Vivekananda approved Sikhism as a separate religon. He admired Sikhs for rising against Islamic powers and religon in india. He described Guru Gobind Singh as a creative genius (whose life was) centered around his latter religious-political exploits against the Mughal Empire. Equally strong was his praise for the Marathas, who rebelled (against) Mughal power Keeping them from gaining a foothold in the Deccan (the Southern part of India). The heroism shown by Shivaji and Guru Gobind Singh was a tribute to Hindu power.
So even in this book which is on Anti-Islamism in India the author writes that Vivekananda approved Sikhism as a separate religion, yet in his last sentence he says that Guru Gobind Singh's heroism was a-- tribute to Hindu power.
It is unclear whether the author or Vivekananda sees Guru Gobind Singh's heroism as a-- tribute to Hindu power.
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- Above section excerpted from an article in Sikh Review [1]
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Vivekananda held that no one can be truly free until all of us are free. Even the desire for personal salvation had to be given up, and only tireless work for the salvation of others is the true mark of the enlightened person. He also stress among his devotees the practice of Brahmacharya (Celibacy).
Source: https://www.sikhiwiki.org/index.php?title=Vivekananda_and_Ramakrishna_on_Sikhism