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Le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste
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L’admiration du vice, une richesse sans morale (Libanews)

26 Septembre 2024 , Rédigé par Rouge et Blanc Publié dans #Liban, #Philosophie, #Morale

L’admiration du vice, une richesse sans morale (Libanews)

Lisez la suite de l'article ici:

https://libnanews.com/ladmiration-du-vice-une-richesse-sans-morale/

Au Liban, une autre facette troublante de cette culture de l’impunité est la manière dont la richesse est perçue et respectée, indépendamment de ses origines. Une dichotomie frappante s’installe entre la figure du « riche respecté » et la réalité de ceux qui, souvent, accumulent leur fortune par des moyens douteux, voire illégaux. Ce phénomène n’est pas propre au Liban, mais il y prend une ampleur singulière, amplifiée par la crise économique et l’effondrement des institutions. Ce respect quasi-aveugle envers les riches, même lorsqu’ils sont connus pour avoir pillé les ressources du pays, soulève des questions philosophiques fondamentales sur les valeurs, l’admiration et le vice. La richesse comme nouveau critère de vertu Dans la philosophie classique, notamment chez Aristote, la vertu est l’un des piliers de la vie éthique. L’homme vertueux n’est pas celui qui accumule des biens matériels, mais celui qui agit avec justice, courage et tempérance. Pourtant, au Liban, la richesse semble avoir remplacé ces vertus. Dans un pays où l’État s’effondre et où les institutions de justice et d’ordre sont minées par la corruption, le riche devient celui qui réussit à échapper aux lois, celui qui sait naviguer dans un système défaillant. La richesse, peu importe comment elle a été obtenue, devient un symbole de pouvoir et d’ingéniosité, faisant fi de toute considération morale. Cette inversion des valeurs rappelle les réflexions du philosophe Nietzsche, qui dénonçait dans “La généalogie de la morale” la manière dont les sociétés pouvaient récompenser le vice, le camouflant sous des apparences de force et de grandeur. Selon Nietzsche, l’homme “fort”, celui qui impose sa volonté, est souvent celui qui transgresse les règles morales, et la société finit par l’admirer pour cela. Au Liban, la richesse devient l’ultime manifestation de cette volonté de puissance, et les notions traditionnelles de bien et de mal s’effondrent devant le triomphe de la fortune. Une culture de l’apparence : l’hypocrisie des élites L’admiration du riche, même corrompu, est aussi le symptôme d’une société où l’apparence a pris le pas sur l’éthique. Cette admiration est entretenue par les élites politiques et économiques, qui construisent soigneusement une image publique de succès, de philanthropie et d’engagement social. Ces figures, souvent au cœur des scandales de corruption, parviennent à détourner l’attention de leurs actions répréhensibles en sponsorisant des œuvres de charité, en participant à des événements culturels, ou en construisant des monuments ostentatoires. Dans cette logique, le vol des biens publics est excusé dès lors qu’une partie de la richesse volée est restituée sous forme de dons, créant ainsi un paradoxe moral : les voleurs deviennent des bienfaiteurs, et la société oublie les origines de leur fortune. Platon, dans “La République”, avertissait déjà des dangers d’une société où les valeurs morales sont subordonnées aux apparences. La mystification du riche, même corrupteur, est un piège philosophique où l’admiration du vice devient un moyen de survie psychologique pour une population en détresse. La vénalité comme forme d’idolâtrie Cette idolâtrie de la richesse, même lorsque celle-ci est bâtie sur la corruption, rappelle l’analyse de Kant sur l’inclination naturelle de l’homme à admirer ce qui est visible et tangible, au détriment de ce qui est moralement juste. Kant, dans sa réflexion sur la moralité, soulignait que la richesse ne pouvait jamais être un but en soi si elle n’était pas acquise par des moyens honnêtes et si elle ne contribuait pas au bien commun. Mais au Liban, la distinction entre richesse méritée et richesse volée est brouillée. L’important n’est pas comment l’argent est gagné, mais simplement qu’il est visible, qu’il confère du prestige et qu’il permet d’acheter l’illusion du pouvoir. Cela reflète un rapport presque venal à la morale, où l’argent devient l’outil principal pour modeler l’opinion publique et dicter les valeurs sociales. Plus grave encore, cette vénération de la richesse alimente un cycle d’émulation négative : les jeunes générations, en particulier, sont tentées d’imiter ceux qui s’enrichissent par des moyens détournés, car ils représentent un modèle de succès, renforçant ainsi une culture du vice. L’éloge du voleur : une admiration du pouvoir plus que de la moralité L’admiration que suscitent certains riches voleurs dans la société libanaise peut être interprétée comme une forme d’éloge tacite du pouvoir brut. Derrière cette apparente adulation de la richesse se cache en réalité une soumission à la force, à la capacité de dominer les autres et de contourner les lois. Les philosophes politiques comme Thomas Hobbes ont souvent décrit le pouvoir comme le fondement de l’ordre social, mais aussi comme une force destructrice si elle n’est pas tempérée par des lois justes. Au Liban, cette admiration pour les riches voleurs ne repose pas sur une reconnaissance de leurs qualités morales, mais sur une fascination pour leur capacité à manipuler le système à leur avantage. C’est un pouvoir qui inspire à la fois le respect et la peur, et qui empêche toute remise en question collective de l’impunité. Cette réalité soulève une question cruciale : peut-on réellement parler d’une société morale lorsque la richesse mal acquise est non seulement tolérée, mais encouragée ? La transgression comme valeur sociale Dans son œuvre, Sartre proposait l’idée que chaque individu devait assumer la responsabilité totale de ses actes, sous peine de sombrer dans la mauvaise foi. Pourtant, au Liban, la transgression des lois et des normes sociales n’est pas vue comme une faute morale, mais comme une forme de ruse et de résilience face à un système défaillant. L’individu qui vole l’État ou les citoyens est perçu comme celui qui a su déjouer un système corrompu, et non comme un criminel. Cette inversion des valeurs transforme la transgression en une qualité valorisée, et l’impunité devient le privilège ultime. Mais cette valorisation de la transgression pose un problème éthique profond : comment peut-on espérer reconstruire un État de droit lorsque ceux qui violent les lois sont érigés en modèles de réussite ? Ce paradoxe est au cœur de la crise morale que traverse le Liban. La richesse, lorsqu’elle est obtenue par la tricherie, le vol ou la corruption, devrait être source de honte, et non de fierté. Pourtant, dans un contexte où les institutions sont faibles et les lois inappliquées, la transgression devient la norme, et la morale est reléguée au second plan. Vers une refondation des valeurs ? Face à cette admiration du vice, il devient crucial de s’interroger sur les moyens de refonder un ordre moral au Liban. Il ne s’agit pas seulement de réformer les institutions ou d’appliquer des lois. Ce combat doit également être culturel et philosophique. Il implique de redéfinir les notions de succès et de respect, non plus en fonction de la richesse matérielle, mais en fonction de la contribution au bien commun, de l’intégrité morale, et de la justice. L’impunité ne pourra être combattue que si la société libanaise accepte de se détacher de cette fascination pour le pouvoir brut et la richesse mal acquise, et redécouvre les vertus d’une éthique collective. C’est un défi philosophique autant que politique, car il touche au cœur des valeurs qui définissent ce qu’est une société juste et équitable.

Lire la suite sur : http://libnanews.com/ladmiration-du-vice-une-richesse-sans-morale/
Au Liban, une autre facette troublante de cette culture de l’impunité est la manière dont la richesse est perçue et respectée, indépendamment de ses origines. Une dichotomie frappante s’installe entre la figure du « riche respecté » et la réalité de ceux qui, souvent, accumulent leur fortune par des moyens douteux, voire illégaux. Ce phénomène n’est pas propre au Liban, mais il y prend une ampleur singulière, amplifiée par la crise économique et l’effondrement des institutions. Ce respect quasi-aveugle envers les riches, même lorsqu’ils sont connus pour avoir pillé les ressources du pays, soulève des questions philosophiques fondamentales sur les valeurs, l’admiration et le vice. La richesse comme nouveau critère de vertu Dans la philosophie classique, notamment chez Aristote, la vertu est l’un des piliers de la vie éthique. L’homme vertueux n’est pas celui qui accumule des biens matériels, mais celui qui agit avec justice, courage et tempérance. Pourtant, au Liban, la richesse semble avoir remplacé ces vertus. Dans un pays où l’État s’effondre et où les institutions de justice et d’ordre sont minées par la corruption, le riche devient celui qui réussit à échapper aux lois, celui qui sait naviguer dans un système défaillant. La richesse, peu importe comment elle a été obtenue, devient un symbole de pouvoir et d’ingéniosité, faisant fi de toute considération morale. Cette inversion des valeurs rappelle les réflexions du philosophe Nietzsche, qui dénonçait dans “La généalogie de la morale” la manière dont les sociétés pouvaient récompenser le vice, le camouflant sous des apparences de force et de grandeur. Selon Nietzsche, l’homme “fort”, celui qui impose sa volonté, est souvent celui qui transgresse les règles morales, et la société finit par l’admirer pour cela. Au Liban, la richesse devient l’ultime manifestation de cette volonté de puissance, et les notions traditionnelles de bien et de mal s’effondrent devant le triomphe de la fortune. Une culture de l’apparence : l’hypocrisie des élites L’admiration du riche, même corrompu, est aussi le symptôme d’une société où l’apparence a pris le pas sur l’éthique. Cette admiration est entretenue par les élites politiques et économiques, qui construisent soigneusement une image publique de succès, de philanthropie et d’engagement social. Ces figures, souvent au cœur des scandales de corruption, parviennent à détourner l’attention de leurs actions répréhensibles en sponsorisant des œuvres de charité, en participant à des événements culturels, ou en construisant des monuments ostentatoires. Dans cette logique, le vol des biens publics est excusé dès lors qu’une partie de la richesse volée est restituée sous forme de dons, créant ainsi un paradoxe moral : les voleurs deviennent des bienfaiteurs, et la société oublie les origines de leur fortune. Platon, dans “La République”, avertissait déjà des dangers d’une société où les valeurs morales sont subordonnées aux apparences. La mystification du riche, même corrupteur, est un piège philosophique où l’admiration du vice devient un moyen de survie psychologique pour une population en détresse. La vénalité comme forme d’idolâtrie Cette idolâtrie de la richesse, même lorsque celle-ci est bâtie sur la corruption, rappelle l’analyse de Kant sur l’inclination naturelle de l’homme à admirer ce qui est visible et tangible, au détriment de ce qui est moralement juste. Kant, dans sa réflexion sur la moralité, soulignait que la richesse ne pouvait jamais être un but en soi si elle n’était pas acquise par des moyens honnêtes et si elle ne contribuait pas au bien commun. Mais au Liban, la distinction entre richesse méritée et richesse volée est brouillée. L’important n’est pas comment l’argent est gagné, mais simplement qu’il est visible, qu’il confère du prestige et qu’il permet d’acheter l’illusion du pouvoir. Cela reflète un rapport presque venal à la morale, où l’argent devient l’outil principal pour modeler l’opinion publique et dicter les valeurs sociales. Plus grave encore, cette vénération de la richesse alimente un cycle d’émulation négative : les jeunes générations, en particulier, sont tentées d’imiter ceux qui s’enrichissent par des moyens détournés, car ils représentent un modèle de succès, renforçant ainsi une culture du vice. L’éloge du voleur : une admiration du pouvoir plus que de la moralité L’admiration que suscitent certains riches voleurs dans la société libanaise peut être interprétée comme une forme d’éloge tacite du pouvoir brut. Derrière cette apparente adulation de la richesse se cache en réalité une soumission à la force, à la capacité de dominer les autres et de contourner les lois. Les philosophes politiques comme Thomas Hobbes ont souvent décrit le pouvoir comme le fondement de l’ordre social, mais aussi comme une force destructrice si elle n’est pas tempérée par des lois justes. Au Liban, cette admiration pour les riches voleurs ne repose pas sur une reconnaissance de leurs qualités morales, mais sur une fascination pour leur capacité à manipuler le système à leur avantage. C’est un pouvoir qui inspire à la fois le respect et la peur, et qui empêche toute remise en question collective de l’impunité. Cette réalité soulève une question cruciale : peut-on réellement parler d’une société morale lorsque la richesse mal acquise est non seulement tolérée, mais encouragée ? La transgression comme valeur sociale Dans son œuvre, Sartre proposait l’idée que chaque individu devait assumer la responsabilité totale de ses actes, sous peine de sombrer dans la mauvaise foi. Pourtant, au Liban, la transgression des lois et des normes sociales n’est pas vue comme une faute morale, mais comme une forme de ruse et de résilience face à un système défaillant. L’individu qui vole l’État ou les citoyens est perçu comme celui qui a su déjouer un système corrompu, et non comme un criminel. Cette inversion des valeurs transforme la transgression en une qualité valorisée, et l’impunité devient le privilège ultime. Mais cette valorisation de la transgression pose un problème éthique profond : comment peut-on espérer reconstruire un État de droit lorsque ceux qui violent les lois sont érigés en modèles de réussite ? Ce paradoxe est au cœur de la crise morale que traverse le Liban. La richesse, lorsqu’elle est obtenue par la tricherie, le vol ou la corruption, devrait être source de honte, et non de fierté. Pourtant, dans un contexte où les institutions sont faibles et les lois inappliquées, la transgression devient la norme, et la morale est reléguée au second plan. Vers une refondation des valeurs ? Face à cette admiration du vice, il devient crucial de s’interroger sur les moyens de refonder un ordre moral au Liban. Il ne s’agit pas seulement de réformer les institutions ou d’appliquer des lois. Ce combat doit également être culturel et philosophique. Il implique de redéfinir les notions de succès et de respect, non plus en fonction de la richesse matérielle, mais en fonction de la contribution au bien commun, de l’intégrité morale, et de la justice. L’impunité ne pourra être combattue que si la société libanaise accepte de se détacher de cette fascination pour le pouvoir brut et la richesse mal acquise, et redécouvre les vertus d’une éthique collective. C’est un défi philosophique autant que politique, car il touche au cœur des valeurs qui définissent ce qu’est une société juste et équitable.

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Au Liban, une autre facette troublante de cette culture de l’impunité est la manière dont la richesse est perçue et respectée, indépendamment de ses origines. Une dichotomie frappante s’installe entre la figure du « riche respecté » et la réalité de ceux qui, souvent, accumulent leur fortune par des moyens douteux, voire illégaux. Ce phénomène n’est pas propre au Liban, mais il y prend une ampleur singulière, amplifiée par la crise économique et l’effondrement des institutions. Ce respect quasi-aveugle envers les riches, même lorsqu’ils sont connus pour avoir pillé les ressources du pays, soulève des questions philosophiques fondamentales sur les valeurs, l’admiration et le vice. La richesse comme nouveau critère de vertu Dans la philosophie classique, notamment chez Aristote, la vertu est l’un des piliers de la vie éthique. L’homme vertueux n’est pas celui qui accumule des biens matériels, mais celui qui agit avec justice, courage et tempérance. Pourtant, au Liban, la richesse semble avoir remplacé ces vertus. Dans un pays où l’État s’effondre et où les institutions de justice et d’ordre sont minées par la corruption, le riche devient celui qui réussit à échapper aux lois, celui qui sait naviguer dans un système défaillant. La richesse, peu importe comment elle a été obtenue, devient un symbole de pouvoir et d’ingéniosité, faisant fi de toute considération morale. Cette inversion des valeurs rappelle les réflexions du philosophe Nietzsche, qui dénonçait dans “La généalogie de la morale” la manière dont les sociétés pouvaient récompenser le vice, le camouflant sous des apparences de force et de grandeur. Selon Nietzsche, l’homme “fort”, celui qui impose sa volonté, est souvent celui qui transgresse les règles morales, et la société finit par l’admirer pour cela. Au Liban, la richesse devient l’ultime manifestation de cette volonté de puissance, et les notions traditionnelles de bien et de mal s’effondrent devant le triomphe de la fortune. Une culture de l’apparence : l’hypocrisie des élites L’admiration du riche, même corrompu, est aussi le symptôme d’une société où l’apparence a pris le pas sur l’éthique. Cette admiration est entretenue par les élites politiques et économiques, qui construisent soigneusement une image publique de succès, de philanthropie et d’engagement social. Ces figures, souvent au cœur des scandales de corruption, parviennent à détourner l’attention de leurs actions répréhensibles en sponsorisant des œuvres de charité, en participant à des événements culturels, ou en construisant des monuments ostentatoires. Dans cette logique, le vol des biens publics est excusé dès lors qu’une partie de la richesse volée est restituée sous forme de dons, créant ainsi un paradoxe moral : les voleurs deviennent des bienfaiteurs, et la société oublie les origines de leur fortune. Platon, dans “La République”, avertissait déjà des dangers d’une société où les valeurs morales sont subordonnées aux apparences. La mystification du riche, même corrupteur, est un piège philosophique où l’admiration du vice devient un moyen de survie psychologique pour une population en détresse. La vénalité comme forme d’idolâtrie Cette idolâtrie de la richesse, même lorsque celle-ci est bâtie sur la corruption, rappelle l’analyse de Kant sur l’inclination naturelle de l’homme à admirer ce qui est visible et tangible, au détriment de ce qui est moralement juste. Kant, dans sa réflexion sur la moralité, soulignait que la richesse ne pouvait jamais être un but en soi si elle n’était pas acquise par des moyens honnêtes et si elle ne contribuait pas au bien commun. Mais au Liban, la distinction entre richesse méritée et richesse volée est brouillée. L’important n’est pas comment l’argent est gagné, mais simplement qu’il est visible, qu’il confère du prestige et qu’il permet d’acheter l’illusion du pouvoir. Cela reflète un rapport presque venal à la morale, où l’argent devient l’outil principal pour modeler l’opinion publique et dicter les valeurs sociales. Plus grave encore, cette vénération de la richesse alimente un cycle d’émulation négative : les jeunes générations, en particulier, sont tentées d’imiter ceux qui s’enrichissent par des moyens détournés, car ils représentent un modèle de succès, renforçant ainsi une culture du vice. L’éloge du voleur : une admiration du pouvoir plus que de la moralité L’admiration que suscitent certains riches voleurs dans la société libanaise peut être interprétée comme une forme d’éloge tacite du pouvoir brut. Derrière cette apparente adulation de la richesse se cache en réalité une soumission à la force, à la capacité de dominer les autres et de contourner les lois. Les philosophes politiques comme Thomas Hobbes ont souvent décrit le pouvoir comme le fondement de l’ordre social, mais aussi comme une force destructrice si elle n’est pas tempérée par des lois justes. Au Liban, cette admiration pour les riches voleurs ne repose pas sur une reconnaissance de leurs qualités morales, mais sur une fascination pour leur capacité à manipuler le système à leur avantage. C’est un pouvoir qui inspire à la fois le respect et la peur, et qui empêche toute remise en question collective de l’impunité. Cette réalité soulève une question cruciale : peut-on réellement parler d’une société morale lorsque la richesse mal acquise est non seulement tolérée, mais encouragée ? La transgression comme valeur sociale Dans son œuvre, Sartre proposait l’idée que chaque individu devait assumer la responsabilité totale de ses actes, sous peine de sombrer dans la mauvaise foi. Pourtant, au Liban, la transgression des lois et des normes sociales n’est pas vue comme une faute morale, mais comme une forme de ruse et de résilience face à un système défaillant. L’individu qui vole l’État ou les citoyens est perçu comme celui qui a su déjouer un système corrompu, et non comme un criminel. Cette inversion des valeurs transforme la transgression en une qualité valorisée, et l’impunité devient le privilège ultime. Mais cette valorisation de la transgression pose un problème éthique profond : comment peut-on espérer reconstruire un État de droit lorsque ceux qui violent les lois sont érigés en modèles de réussite ? Ce paradoxe est au cœur de la crise morale que traverse le Liban. La richesse, lorsqu’elle est obtenue par la tricherie, le vol ou la corruption, devrait être source de honte, et non de fierté. Pourtant, dans un contexte où les institutions sont faibles et les lois inappliquées, la transgression devient la norme, et la morale est reléguée au second plan. Vers une refondation des valeurs ? Face à cette admiration du vice, il devient crucial de s’interroger sur les moyens de refonder un ordre moral au Liban. Il ne s’agit pas seulement de réformer les institutions ou d’appliquer des lois. Ce combat doit également être culturel et philosophique. Il implique de redéfinir les notions de succès et de respect, non plus en fonction de la richesse matérielle, mais en fonction de la contribution au bien commun, de l’intégrité morale, et de la justice. L’impunité ne pourra être combattue que si la société libanaise accepte de se détacher de cette fascination pour le pouvoir brut et la richesse mal acquise, et redécouvre les vertus d’une éthique collective. C’est un défi philosophique autant que politique, car il touche au cœur des valeurs qui définissent ce qu’est une société juste et équitable.

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Sri Ramakrishna: A Short Biography - The Ramakrishna Order

26 Septembre 2024 , Rédigé par Sudarshan Publié dans #Bharat, #Hindouisme, #Inde, #Bouddhisme, #Râmakrishna, #Religion, #Sikhisme, #Spiritualité, #Swami Vivekananda

Sri Râmakrishna Paramahamsa (1836-1886)

Sri Râmakrishna Paramahamsa (1836-1886)

India, with her wealth of spiritual tradition, has produced many spiritual giants. One of the greatest was Ramakrishna (1836-1886). His life was a testament to truth, universality, love and purity.

Born in a rural village outside Calcutta, Ramakrishna even as a boy naturally gravitated toward leading a spiritual life. This tendency only intensified as he grew older. When as a young man he became a temple priest, he was seized by an unquenchable thirst for union with God, and he immersed himself in intense meditation and other spiritual practices.
Ramakrishna was constantly absorbed in the thought of God. He would often go into high spiritual states where he would merge with the Infinite Reality. For him, the Vedantic teaching of unity of all existence was more than theory; he literally saw, and knew, this to be true.
In his thirst for the divine, Ramakrishna followed different religious paths including various branches of Hinduism. Not content to stop there, however, he also practiced Islam and later meditated deeply on Christ, experiencing the same divine Reality through these non-Hindu paths. Thus, he came to the conclusion, based on his direct experience, that all religions lead to the same goal.
In addition, through his many Sikh devotees, he learned of their faith and its great founders, and he was told of the wonderful life and teachings of the Buddha. This exposure to Sikhism and Buddhism further confirmed his experience of the universality of spiritual truth.
Ramakrishna’s love for humanity was limitless. He often said human beings were the highest manifestations of God. His disciples saw this love firsthand, and the monastic order Ramakrishna inspired achieved the distinction of being the first order in India to serve humanity. Service to God in humankind is one of the foremost ideals of the Ramakrishna Order.
Among his many other noteworthy characteristics were his universality and childlike purity, his intense sincerity, his vast knowledge of things spiritual and human (which came not from book-learning but from direct perception), and his extraordinary power to transform lives.
Ramakrishna’s teachings regarding the highest truths of spiritual life were delivered in the simplest language and were punctuated by parables and homely metaphors as illustrations. Many noted writers and philosophers—Mahatma Gandhi, Leo Tolstoy, Aldous Huxley, Christopher Isherwood, Thomas Merton, Arnold Toynbee, Joseph Campbell—have been deeply impressed and influenced by him.

Quotes from Sri Ramakrishna

“Different people call on [God] by different names: some as Allah, some as God, and others as Krishna, Siva, and Brahman. It is like the water in a lake. Some drink it at one place and call it ‘jal’, others at another place and call it ‘pani’, and still others at a third place and call it ‘water’. The Hindus call it ‘jal’, the Christians ‘water’, and the Moslems ‘pani’. But it is one and the same thing.”

“One can ascend to the top of a house by means of a ladder or a bamboo or a staircase or a rope; so too, diverse are the ways of approaching God, and each religion in the world shows one of the ways. . . . A truely religious man should think that other religions are also so many paths leading to the Truth. One should always maintain an attitude of respect towards other religions.”

“There are pearls in the deep sea, but you must hazard all perils to get them. If you fail to get at them by a single dive, do not conclude that the sea is without them. Dive again and again, and you are sure to be rewarded in the end. So also in the quest for the Lord, if your first attempt to see Him proves fruitless, do not lose heart. Persevere in the attempt, and you are sure to realise Him at last.”

“As a lamp does not burn without oil, so a man cannot live without God.”

“That which you think, you should speak. Let there be harmony between your thought and word. Otherwise, if you merely say that God is your all in all, while in your mind you have made the world your all in all, you cannot derive any benefit.”

“Knowledge leads to unity; ignorance to diversity.”

“When God is realised, the world never appears empty. He who has attained Him sees that the Lord Himself has become all these—the universe and its creatures.”


What Others Said About Sri Ramakrishna

“The story of Ramakrishna Paramahamsa’s life is a story of religion in practice. His life enables us to see God face to face.” —Mahatma Gandhi

“Sri Ramakrishna’s message was unique in being expressed in action. Religion is not just a matter for study, it is something that has to be experienced and to be lived, and this is the field in which Sri Ramakrishna manifested his uniqueness. His religious activity and experience were, in fact, comprehensive to a degree that had perhaps never before been attained by any other religious genius, in India or elsewhere.” —Arnold Toynbee

“Ramakrishna was a rare combination of individuality and universality, personality and impersonality. His word and example have been echoed in the hearts of Western men and women. His soul animates modern India.” —Romain Rolland

“This highly noteworthy document [The Gospel of Sri Ramakrishna] conveys the personality of a great mystic in such an intimate, direct, and almost astounding manner that to read it must be an enriching experience for any intellect which is receptive and open to all things human.” —Thomas Mann

Source: https://vedanta.org/our-teachers/sri-ramakrishna/

The Ramakrishna Order

 

The Ramakrishna Order, with headquarters in Kolkata, is one of the largest and most respected religious orders in India today. The Order was inspired by the great Bengali saint, Sri Ramakrishna. Shortly before his death in 1886, Ramakrishna encouraged his young disciples to formally renounce the world by giving them the ochre cloth of renunciation. He entrusted the care of these young men to his foremost disciple, Swami Vivekananda, who later, in 1897, founded the Ramakrishna Order.

Sri Ramakrishna: A Short Biography - The Ramakrishna Order

The swan represents the Supreme Being or Godhead. By the union of these four paths, the vision of God is obtained. The goal of the Ramakrishna Order is written in Sanskrit on the emblem: May the Supreme Spirit illumine us [परमात्मा अस्मान् प्रकाशयतु।]
The Ramakrishna Order was formed along two parallel lines: The Ramakrishna Math, which is primarily dedicated to spiritual development, and the Ramakrishna Mission, which is dedicated to social service. In a sense these twin efforts cannot be separated, since the motto of the Ramakrishna Order has been since its inception: “Liberation for oneself and service to mankind.
There are over 166 official centers of the Ramakrishna Order, and many more unofficial, or unaffiliated ones. These centers not only cover the length and breadth of the Indian subcontinent, but can also be found in Europe, Russia, Japan, South America, Africa, Canada and the United States.
Those branches of the Ramakrishna Order located outside India are generally known as Vedanta Societies, and are under the spiritual guidance of the Ramakrishna Order. The work of the Vedanta Societies in the West has primarily been devoted to spiritual and pastoral activities, though many of them do some form of social service.
On the Indian subcontinent, the Ramakrishna Mission has been in the forefront of philanthropic activities. Its first social service efforts—inspired by Swami Vivekananda—began in 1897. Since that time, the Mission’s activities have continued to expand up to the present day.
The Ramakrishna Mission has its own hospitals, charitable dispensaries, maternity clinics, tuberculosis clinics, and mobile dispensaries. It also maintains training centers for nurses. Orphanages and homes for the elderly are included in the Mission’s field of activities, along with rural and tribal welfare work.
In educational activities, the Ramakrishna Mission has consistently been ahead of its time. It has developed some of the most outstanding educational institutions in India, having its own colleges, vocational training centers, high schools and primary schools, teachers’ training institutes, as well as schools for the visually handicapped. It also has adult education centers through out the county.
Whenever disaster has struck, the Ramakrishna Mission has been there to offer relief from famine, epidemic, fire, flood, earthquake, cyclone, and communal disturbances.

Source: https://vedanta.org/the-ramakrishna-order/

Sri Ramakrishna: A Short Biography - The Ramakrishna Order
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Jean Herbert: Le rôle de la spiritualité dans le monde moderne

26 Septembre 2024 , Rédigé par Sudarshan Publié dans #Bouddhisme, #Catholicisme, #Christianisme, #Hindouisme, #Islam, #Jean Herbert, #Religion, #Sri Aurobindo, #Râmakrishna, #Spiritualité, #Sikhisme, #Taoïsme, #Shintoïsme

Jean Herbert ((1897-1980)

Jean Herbert ((1897-1980)

(Extrait de La Tolérance, colloque Swâmi Vivekananda. Edition Etre Libre 1963)

Texte intégral de la conférence donnée au Palais des Beaux-arts à l’occasion du Centenaire Vivekânanda.

Depuis bien des années déjà, et avec une insistance croissante, des personnes beaucoup plus qualifiées que moi, dans tous les milieux, nous mettent en garde contre le danger mortel auquel l’humanité est exposée du fait d’un déséquilibre toujours plus accentué entre le progrès matériel, scientifique, technique, d’une part, et la stagnation morale, pour ne pas dire le recul moral, d’autre part.

On en a longuement élucidé les causes et dépeint les effets. Bien des vérités ainsi dégagées sont devenues des lieux communs. Il n’est que d’en tenir compte, si nous voulons survivre honorablement. Mon propos n’est pas de les répéter ici.

Ce que je voudrais faire avec vous, c’est essayer de dégager quelques grandes lignes de l’évolution qui s’opère actuellement en fait dans l’attitude de l’humanité envers les problèmes religieux et spirituels, ou, en termes plus vastes, envers ce qui détourne l’homme du souci de ses intérêts exclusivement matériels et immédiats. Au moment où la plus haute autorité de la communauté chrétienne la plus importante envisage, avec tout le sérieux qu’exige la gravité des problèmes soulevés, d’éventuelles réformes dans divers domaines, il peut ne pas être inopportun d’élargir un peu le champ de l’étude pour voir les tendances qui se manifestent dans le reste du monde, leurs origines, leur nature, leurs buts, leurs effets.

Dans un monde qui a toujours été en évolution, il serait surprenant que l’attitude de l’homme envers les problèmes religieux et spirituels soit restée constante.

Les théologiens de toutes les grandes confessions envisagent cette évolution de façon assez simpliste. Pour à peu près toutes les religions, qu’il s’agisse de celles réputées nées avec le peuple qui les pratique, comme le Judaïsme, l’Hindouisme, le Shintô, ou de celles qui ont un fondateur, comme le Bouddhisme, le Christianisme, l’Islam, il existe en effet une Vérité, complète et définitive, qui a jadis été révélée à un peuple ou à un homme, et qui ne souffre aucune discussion, qui n’est susceptible d’aucune amélioration.

Sur le plan théorique, il n’y a qu’à la confesser; sur le plan pratique, il suffit de l’appliquer. Et tous ceux qui ne sont pas au sein de cette religion particulière sont ou bien en dehors du peuple élu, c’est-à-dire des hommes de seconde zone, s’il s’agit de religions nées avec le peuple, ou bien, s’il s’agit de religions révélées, des incroyants. Dans le premier cas, il n’y a pas évolution. Dans le second, il y a passage brutal de l’erreur à la Vérité, avec cette réserve toutefois que l’erreur peut comporter des degrés différents, et que l’on peut aussi retomber de la Vérité dans l’erreur.

Pour l’historien de la vie religieuse, le problème se présente différemment. Pour lui, il y a, dans chaque groupe humain, des périodes de religiosité intense et des périodes de désaffection à l’égard de la religion. De ce point de vue, il est courant de dire du monde moderne que Dieu y tient de moins en moins de place, que les valeurs spirituelles y sont en baisse, et que le matérialisme gagne. C’est un fait qu’avec les révolutions successives de 1793 et de 1917, avec les conceptions nouvelles de nos savants, avec notre souci croissant du confort matériel, le Christianisme, par exemple, a perdu depuis deux siècles un terrain considérable et ne l’a pas compensé par des acquisitions nouvelles. C’est un fait aussi que le Bouddhisme et le Taoïsme ont très probablement essuyé un échec tragique en Chine.

C’est un fait encore que, sous l’influence envahissante du matérialisme occidental, des éléments importants de l’élite, dans la plupart des autres pays, marquent une certaine désaffection à l’égard de leur propre religion. Vue sous cet aspect, l’évolution actuelle aurait donc un caractère nettement régressif.

II y a cependant d’autres manières d’envisager les choses. Celle en particulier que nous révèlent, dans l’Inde, la fois la tradition et l’observation directe.

Quant à la tradition, elle veut qu’à l’origine les textes sacrés fondamentaux, les Védas, aient comporté 100.000 versets, mais qu’au début de chacun des âges par lesquels passe l’humanité, ils aient dû être abrégés et simplifiés pour être mis à la portée de la faculté réduite qu’avaient les hommes d’appréhender les vérités spirituelles. Plus récemment, à un stade où la vérification par les textes nous est possible, nous voyons que l’on est passé successivement de la simple invocation ayant une valeur magique, les Védas, à des sortes de paraboles hermétiques, les Upanishad, à des techniques, les yogas, à des mythes longuement détaillés dans les Purânas et finalement à des exposés philosophiques discursifs. Il s’agirait donc d’un processus de mentalisation progressive de l’humanité, en particulier dans son attitude envers les problèmes religieux.

Lorsqu’on constate le rôle décisif que notre civilisation occidentale moderne attribue à la raison, maintenant seule habilitée à discriminer entre le vrai et le faux, le bien et le mal, l’utile et le nuisible, on est fort enclin à penser que nous sommes parvenus à un stade de mentalisation extrêmement poussée, qui explique en partie le rôle plus effacé que notre société accorde à la religion et à la spiritualité.

Deux autres facteurs essentiels ont sans nul doute joué: d’abord les possibilités d’élévation toujours plus rapide de notre niveau de vie sur le plan matériel, ce qui nous soumet à des tentations sans précédent dans l’histoire de l’humanité, et ensuite un sentiment croissant de solidarité sociale, dont ce n’est pas ici le lieu d’analyser les causes.

Voyons comment les différents milieux préoccupés de religion et de spiritualité ont réagi à ces changements, et ont tenté une relance.

Et d’abord les religions depuis longtemps établies.

D’une part, il s’est constitué ou consolidé des groupes farouchement conservateurs, qui nient toute nécessité d’évoluer et qui n’admettent aucun compromis. Nous en voyons un exemple frappant dans certains groupes juifs qui font actuellement beaucoup parler d’eux en Israël — dans certains groupes chrétiens, comme les Témoins de Jéhovah, les Adventistes du septième jour, qui, de ce fait, entrent parfois en conflit avec les gouvernements des divers pays — dans certaines sectes musulmanes qui, en Arabie Saoudite, en Mauritanie, au Pakistan, détiennent le pouvoir temporel, soumettent la société à des règles traditionnelles, et se refusent à séparer la religion de la politique, sans beaucoup se soucier des conséquences qui peuvent en résulter.

« Il n’est pas vrai de dire, » — écrivait récemment Sir Mohamed Iqbal, l’inspirateur du Pakistan moderne, — « … que l’Eglise et l’État sont deux aspects de la même chose; 1’Islam constitue une seule réalité… ». En 1896, les musulmans ont encore converti à la pointe de l’épée l’importante population des Kafirs d’Afghanistan quelque cent mille âmes !

D’autre part, il s’est constitué au sein de ces grandes familles religieuses des groupes numériquement plus importants qui, sans s’écarter de leurs dogmes fondamentaux et sans pouvoir être taxés d’hérésie ou d’hétérodoxie, admettent la nécessité d’une évolution pour que leur religion reste adaptée à la vie moderne et y conserve une place aussi prééminente que possible. C’est évidemment la position qu’a adopté le Concile du Vatican actuellement en cours. C’est ce que font aussi dans l’Inde les néo-védântistes, dans l’Asie du Sud-Est les néo-bouddhistes, au Japon les néo-shintoïstes.

En dehors même de leur travail intérieur, la plupart de ces groupes se livrent à une œuvre de prosélytisme intense et souvent agressif. Les bouddhistes engagent des actions missionnaires énergiques en Europe et en Amérique, les chrétiens et les musulmans en Afrique et en Asie. D’autres encore, dont nous parlerons plus tard.

Il en est résulté un certain nombre de conversions d’une religion à une autre. Quel que soit le profit qu’en aient retiré individuellement les intéressés, il faut reconnaître que sur le plan de la société dans son ensemble, les conséquences n’en ont pas été heureuses.

Dans les rares cas de conversion massive de toute une population, conversions que dans les temps modernes seul l’Islam a réussies, la religion nouvelle a dû s’adapter dans une mesure considérable et assimiler une large mesure des coutumes et croyances de celle à laquelle elle se substituait. Et le résultat a pu en être satisfaisant.

Mais dans tous les autres cas, où seule une petite minorité a été convertie, la situation de celle-ci est souvent tragique. Déracinée de ses traditions, isolée et suspecte dans son propre pays, conduite comme tous les récents convertis à une intransigeance sauvage et agressive, elle constitue dans son milieu un dangereux élément de discorde, et souvent même de lutte fratricide, qui n’est nullement créateur : l’estime pour la religion nouvelle.

Par ailleurs, des sortes de coalitions sont tentées entre les grandes religions pour faire front contre l’athéisme, ou même contre les religions moins puissantes. Le mouvement abramique, qui groupe juifs, chrétiens et musulmans, n’en est qu’un exemple.

Enfin, nous assistons actuellement, en Occident, en islam, en Orient, à un véritable pullulement de sectes nouvelles, dont certaines déjà extrêmement puissantes, qui ou bien prétendent rester dans le cadre de leur religion d’origine, quitte à y être anathémisées par les groupes plus traditionnels, ou bien prétendent opérer une synthèse de plusieurs religions déjà existantes, ou bien même prétendent innover complètement.

Voyons s’il est possible de dégager certains caractères communs à ces divers mouvements modernes.
Je crois d’abord que l’on peut noter une certaine désaffection à l’égard des problèmes purement théologiques. Si ceux-ci, chez les chrétiens, n’ont sans doute jamais intéressé qu’un petit nombre de spécialistes, ils ont pendant de nombreux siècles passionné l’Inde, le Tibet, l’Islam, au point d’y fournir des sujets de conversation courante, souvent fort animée. On peut dire qu’un peu partout les divergences d’ordre purement dogmatique entre les sectes passent à l’arrière-plan des préoccupations religieuses. Même dans les sectes nouvelles, comme le Tenri japonais, qui ont une théologie extrêmement détaillée et doctrinaire, les adeptes les plus fidèles s’en soucient en réalité fort peu.

Comme ces querelles étaient beaucoup plus créatrices de frictions et d’animosité que source d’inspiration, on ne peut que s’en féliciter, sur le plan pratique tout au moins.

Une autre transformation qui affecte sans doute beaucoup plus les masses est une désaffection à l’égard du mythe et un oubli du symbolisme.

Jusqu’à une époque toute récente, le mythe est resté un des principaux moyens d’enseignement religieux. Non seulement il retient l’attention et frappe l’imagination mieux que les meilleurs films de cinéma, mais la multiplicité de ses interprétations légitimes permet de l’appliquer à tous les domaines de la pensée, du sentiment et de l’action. Si dans le Christianisme, qui n’est doté que d’une mythologie très pauvre — d’ailleurs presque totalement empruntée au Judaïsme — il a occupé une place plus restreinte que dans les autres religions, l’abondante hagiographie catholique et orthodoxe y a largement suppléé. Or, notre souci croissant de rationalisme étroit nous interdit de concilier la croyance au mythe avec les théories actuelles de la science occidentale. Et comme c’est à ces dernières que l’Occident, et à sa remorque, bien qu’avec un certain retard, tout le reste de l’humanité, accorde une confiance de plus en plus aveugle, les hommes rejettent les mythes.

Cette tendance est encore accentuée par les exégèses dites historiques auxquelles on soumet maintenant les textes les plus sacrés, leur retirant ainsi toute valeur spirituelle. Chez nous, j’en citerai seulement pour preuves certaine traduction récente de la Bible, par ailleurs fort intéressante, dans laquelle on attribue à quelques-unes des plus belles paraboles du Livre de Daniel la valeur de récits historiques présentés frauduleusement sous forme de prophétie.

Plus frappante encore est l’interprétation historique que nos savants donnent actuellement, dans les Ecritures sacrées orientales, aux mythes présentant la lutte des Forces du Bien contre les Forces du Mal. Dans l’Inde les dieux sont devenus les Aryens et les démons les Dravidiens. Et de même en Perse, au Japon et ailleurs.

Les mêmes raisons n’expliquent sans doute pas pourquoi les hommes ont pratiquement oublié le symbolisme religieux. Parmi les gens qui assistent à une messe catholique, combien savent encore ce que représentent les divers éléments architecturaux d’une église, les vêtements sacerdotaux, les déplacements du prêtre officiant, etc.? L’exemple le plus frappant que j’aie rencontré de cette perte du sens symbolique se situe au Japon. Les prêtres shintoïstes, lorsqu’ils sont en costume sacerdotal, portent un sceptre shaku, dont la position est minutieusement fixée pour toutes les circonstances. Le symbolisme de ce sceptre est remarquablement riche : la courbe de sa partie supérieure, qui représente le ciel, doit reproduire la courbe du crâne du prêtre particulier qui l’utilise, la courbe de la partie inférieure, qui représente la terre, doit reproduire la courbe du talon du même prêtre, et le prêtre doit le fabriquer de ses propres mains. Le shaku symbolise donc à la fois l’union entre le ciel et la terre et l’identité entre le macrocosme et le microcosme. Or, aujourd’hui, il est extrêmement difficile de trouver des prêtres qui en aient connaissance. C’est dans un grand magasin qu’ils commandent leurs shaku, faits en série, et lorsque ceux-ci se cassent, on les jette et on en commande d’autres…

En compensation, pourrait-on dire, en contrepartie de cette perte du mythe et du symbole, on doit relever les efforts faits dans certaines religions pour prouver que les auteurs des textes les plus sacrés connaissaient déjà ce qui a fait l’objet des découvertes les plus récentes de notre science. Ce sont sans doute les néo-bouddhistes qui ont témoigné dans ce sens de la plus grande activité et aussi de la plus grande ingéniosité. Ils démontrent avec volubilité que les théories de nos physiciens d’avant-garde étaient déjà parfaitement familières aux disciples du Bouddha d’il y a 2.500 ans. Et il ne manque pas d’hindous pour nous expliquer que dans le Râmayâna, il est fait expressément mention de l’utilisation des avions.

Moins téméraires, mais sans doute plus instructifs peuvent être les rapprochements entre les Ecritures sacrées des divers peuples et le domaine dans lequel s’engage notre toute jeune science de la psychologie, car les anciens, et plus particulièrement les Hindous de l’antiquité en savaient probablement beaucoup plus long que nous sur la psychologie individuelle et collective, et plus encore sur ce que mon regretté collègue et ami, le Professeur Charles Baudouin, appelait la psychagogie. Le Professeur Jung s’est engagé dans cette voie, mais ce n’est, espérons-le, qu’une première ébauche d’une recherche sérieuse. Et il faut souhaiter que cette interprétation, à la fois légitime et fructueuse, des textes sacrés, ne nous fasse pas oublier qu’ils comportent aussi d’autres interprétations tout aussi légitimes et peut-être également fructueuses.

Quoi qu’il en soit, le rejet du mythe et l’oubli du symbole que nous constatons actuellement, à des degrés divers, un peu partout dans le monde constituent une lourde perte.
Parallèlement à cela, nous sommes aussi témoins d’un sérieux relâchement des disciplines. Je n’ai pas besoin de citer les tendances qui se font jour dans ce sens au sein du monde catholique, et dont certaines ont obtenu la sanction des plus hautes autorités, ou semblent en voie de l’obtenir dans un avenir prévisible.

Dans de nombreuses communautés de l’Islam, on boit ouvertement de l’alcool, en dépit des strictes règles coraniques. Dans l’Afrique noire, récemment convertie à l’Islam, la tendance s’accentue de renoncer aux sévères cérémonies initiatiques — cérémonies auxquelles, soit dit en passant, nombre de psychiatres européens accordent actuellement une grande valeur pour assurer l’équilibre intérieur de l’individu. Et ce qui les remplace n’est guère plus que la répétition plus ou moins automatique des cinq prières quotidiennes rituelles.

Dans l’Hindouisme, l’interdiction faite aux moines et aux brahmanes de quitter le sol sacré de l’Inde est tombée en complète désuétude, le végétarisme enjoint aux hautes castes est enfreint de plus en plus ouvertement. Sous l’influence du réformisme outrancier que pratique le Gouvernement Nehru, toute la structure morale qui avait pour fondement le système des castes (qui constitue un élément essentiel de l’hindouisme) s’effrite rapidement.

Dans toute l’Asie d’outre-Islam, les pèlerinages traditionnels, bien qu’ils soient de plus en plus fréquentés, en raison notamment de l’amélioration dans les moyens de transport, prennent une allure de plus en plus touristique et de moins en moins dévotionnelle.

Au Japon, les périodes de purification auxquelles doivent se soumettre prêtres et laïcs avant les cérémonies religieuses s’abrègent rapidement. Celles qui duraient un mois sont fréquemment ramenées à une semaine, celles d’une semaine à une journée, etc.

Mais, ce qui est encore plus caractéristique, c’est le peu d’exigences dont témoignent, à l’égard de leurs membres, les sectes nouvelles qui obtiennent le plus grand succès.

Pour prendre encore des exemples au Japon, dans le Byakkô-koseikai, fondé il y a peu d’années, et qui compte déjà plus d’un million de membres, dont une élite intellectuelle et religieuse considérable, le seul devoir des fidèles consiste à répéter, d’un cœur léger et sans effort, une prière spéciale pour la paix en battant des mains d’une certaine façon, de manière à créer une « lumière blanche » qui chasse tout le mal. Le Seïcho-no-ye, fondé il y a trente ans, et qui compte déjà trois millions de membres, n’impose en fait à ses fidèles aucune discipline particulière. Le Tenri-kyô, fondé vers la fin du siècle dernier, et qui a déjà acquis une très grande puissance économique et même politique, donne pour but suprême la joie dans la vie; les services divins y sont appelés services gais — et par conséquent rédempteurs. Le but de la cérémonie la plus typique, je cite « … est non seulement de reproduire la joie de la Création, joie à laquelle nous aspirons, mais aussi d’invoquer la protection de Dieu notre parent en chantant les louanges de Sa grâce illimitée… ».

Parallèlement à ce relâchement des disciplines, nous constatons dans certains secteurs — il est vrai assez limités — des recrudescences de la dévotion émotive. C’est sans doute dans ce cadre qu’il faut envisager, au sein du catholicisme, le développement rapide du culte marial, de celui adressé au Sacré-Cœur de Jésus, etc.

Cette dévotion revêt une forme particulière dans nombre de sectes nouvelles, un peu partout dans le monde. Les fondateurs de ces sectes sont le plus souvent réputés avoir eu des rapports directs et intimes avec la Divinité et aussi avoir reçu des révélations, et il est par conséquent normal qu’ils soient, à des degrés certes fort divers, l’objet d’une vénération qui fait parfois plus que frôler l’adoration, sinon la déification.

En Occident, dans des groupes tels que la Science Chrétienne, la Société Théosophique, les Anthroposophes, il est déjà extrêmement rare de trouver des études, si braves soient-elles, où ne soient citées les paroles inspirées du fondateur, tout comme il doit arriver bien rarement qu’un prédicateur chrétien ne cite pas quelques passages des Evangiles.

En Asie et en Afrique, les choses vont beaucoup plus loin.

En Afrique, les sectes musulmanes récentes voient dans le chef de la secte, presque toujours un descendant du fondateur, une sorte de prophète infaillible, à qui est due une obéissance absolue. J’ai assisté récemment au Sénégal à la fête annuelle de la grande confrérie — toute récente — des Mourides, et le chef du gouvernement, entouré des plus hautes personnalités du pays, se comportait envers lui au moins comme des catholiques envers le pape.

Dans l’Inde, des temples leur sont élevés et on leur attribue facilement une naissance miraculeuse; on les incorpore dans la liste des avatars de Vishnou. Parfois même, comme dans le cas de Râmakrishna, on estime que c’est encore insuffisant : ses disciples zélés expliquent que les trois plus grandes incarnations divines dans l’histoire du monde sont le Bouddha, le Christ et Râmakrishna lui-même et qu’ils éclipsent tous les autres.

Cette dévotion émotionnelle, qu’elle soit dirigée vers Dieu ou vers un homme considéré comme un messager de Dieu, constitue évidemment un facteur non négligeable de développement spirituel, et il est intéressant de voir que, selon Râmakrishna, je le cite : « … Pour cet âge de fer, ce qui convient le mieux, c’est la communion avec Dieu par l’amour, la dévotion et l’abandon de soi ».

Néanmoins, dans l’ensemble, ce qui semble le caractère le plus important de la tendance spirituelle à notre époque, c’est que nous nous intéressons moins à Dieu et davantage à notre prochain.

Cette évolution est en quelque sorte régulière et périodique dans l’Inde. On y voit à toutes les époques et de nos jours encore surgir de grands sages, là où on les attend le moins, et ils créent autour d’eux des foyers d’intense spiritualité, tournés exclusivement vers Dieu et dans lesquels on semble se désintéresser totalement des problèmes de ce monde. Mais dès la mort du maître, l’orientation change rapidement. Ses disciples, tout en conservant un souci très vif de la vie spirituelle, se préoccupent toujours davantage de son application pratique dans la société humaine. Moins de quarante ans après sa mort, les disciples de l’étonnant mystique que fut Râmakrishna se consacraient presqu’entièrement à la création d’écoles, de foyers d’étudiants, de dispensaires et d’hôpitaux, jouaient un rôle considérable dans les secours aux sinistrés après les grandes catastrophes, etc. A peine l’étonnant yogin et philosophe que fut Shrî Aurobindo était-il mort que son ashram devenait avant tout un centre universitaire. Si l’on veut trouver des foyers de pure spiritualité, il faut en trouver qui soient encore tout neufs.

Mais ce que nous voyons de nos jours dans le monde entier, ce n’est pas une transformation en quelque sorte cyclique et fragmentaire, c’est une évolution massive sans grand espoir de retour. L’amour du prochain, la philanthropie, la solidarité humaine au sein de groupes plus ou moins nombreux passent au premier plan. La moralité prend le pas sur la spiritualité.

Elle s’y est à peu près entièrement substituée dans le monde communiste. Dans l’Inde, le disciple le plus fidèle et le plus authentique de Gandhi, Vinoba, s’occupe de réformes agraires. Au Japon, les parcs qui entourent les temples shintoïstes sont utilisés comme terrains de jeux pour les enfants, et un groupe important et influent de jeunes grands-prêtres s’oriente vers une action sociale intense dans les domaines de l’éducation, de l’agriculture, de la vie familiale.

Ce qui d’ailleurs est parfaitement conforme à l’enseignement de Jésus et de Saint Paul.

C’est également en rapport avec ce souci de solidarité sociale que se situe l’injonction faite aux membres des divers groupes religieux de travailler activement dans l’intérêt du prochain. Une des principales injonctions des Mourides sénégalais est « Qui travaille prie ».

Ce souci du bonheur du prochain sur cette terre s’accompagne malheureusement, chez la plupart de nos contemporains, d’un souci encore plus vif de leur propre bonheur. Vivekânanda disait déjà qu’il ne pouvait guère apprécier un Dieu qui lui offrirait un fauteuil dans le Ciel mais ne pouvait pas lui fournir un strapontin sur cette terre. C’est maintenant l’attraction principale qu’offrent le plus souvent les sectes nouvelles, soit au sein des anciennes religions, soit en dehors d’elles, et c’est une des raisons principales de leur succès.

Par ailleurs, comme je le rappelais au début, l’accès plus facile et plus généralisé au confort matériel crée pour un nombre croissant d’hommes et de femmes une forte tentation d’en jouir intensément pendant qu’il dure et de ne plus guère penser à autre chose, aux rapports avec le Divin, à ce qui se passera après la mort et ainsi de suite. En sens diamétralement opposé opère cependant la terreur que nous inspirent les découvertes récentes de la science et les conséquences qu’elles peuvent entraîner pour nous dès un avenir fort proche. Il en résulte une perte de confiance, sinon en la valeur abstraite de l’intellect, du moins en l’utilisation de plus en plus exclusive qu’en fait le monde occidental moderne. C’est cette méfiance seule qui peut expliquer la vague actuelle de certaines sectes comme le Bouddhisme Zen sous sa forme japonaise, où l’on enseigne moins à dépasser le mental, comme le font tous les mystiques, qu’à le rejeter purement et simplement. En tous cas, cette terreur dont nous sommes saisis contribue puissamment à ramener les hommes à leur religion traditionnelle. Et en fin de compte cet attrait pour les jouissances qu’apporte le progrès matériel et les dangers dont nous menace ce même progrès s’équilibrent-ils peut-être en ce moment dans une certaine mesure.

Une des formes que prend fréquemment l’appât matériel tendu par les religions nouvelles est l’offre de guérison matérielle, soit dans le domaine de la santé physique, soit dans celui des rapports humains, soit même dans celui de la réussite professionnelle ou financière.

Certains groupes, comme la Science Chrétienne, vont jusqu’à voir dans cette harmonie de la vie matérielle une sorte de critérium d’authenticité de la vie spirituelle. La plupart des autres groupes, il faut le reconnaître, n’y voient qu’une conséquence.

Dans les groupes chrétiens qui vivent de façon si intense, si passionnée, chez les nègres d’Amérique, que ce soit au Sud des Etats-Unis ou au Brésil, la guérison des maladies par la prière et les incantations est presque une affaire de routine.

Disons en passant qu’en Afrique et en Asie, les guérisons physiques opérées dans le cadre du catholicisme, à Lourdes par exemple, ne se sont jamais heurtées au scepticisme qui les a accueillies dans beaucoup de milieux occidentaux, scientifiques ou autres. Ce dont on a été surpris, en ce qui concerne Lourdes tout au moins, c’est qu’elles ne portent que sur une proportion aussi infime des pèlerins.

En dehors de la chrétienté, ces guérisons ont toujours été admises comme normales, mais maintenant elles passent de plus en plus au premier plan.

Au Japon, le Kurozumi-kyô, qui date du XIXe siècle, en fait un article de foi; le Seicho-no-ie, dont nous avons déjà parlé, comporte dans sa brève profession de foi la phrase suivante : « Nous triomphons de toutes les souffrances et de toutes les peines de l’humanité, y compris la maladie ». On pourrait multiplier les exemples à l’infini.

Sur un plan plus doctrinal et d’application pratique moins immédiate, il est remarquable de constater que la plupart des sectes nouvelles, en dehors naturellement du Christianisme toujours exclusif, s’efforcent de réaliser une synthèse entre plusieurs conceptions religieuses antérieures et prétendent y être parvenues.

Dans certains pays, comme l’Inde, cette tendance était déjà fort marquée, mais restait essentiellement dans le sein de l’Hindouisme. En Extrême-Orient, on constatait un autre phénomène, c’est que chaque individu pratiquait volontiers plusieurs religions simultanément, sans que cela créât aucun problème : Bouddhisme et Shintô au Japon, Bouddhisme, Taôisme et Confucianisme en Chine et dans l’Asie du Sud-Est, avec un mélange de Chamanisme un peu partout. Mais il ne s’agissait que d’une juxtaposition, même en Chine, bien que certains éminents orientalistes aient pu grouper sous le nom unique d’Universisme chinois, les diverses religions qui florissaient dans ce pays. Chaque religion conservait malgré tout pour l’individu son caractère propre, ses propres temples, ses propres rites, son propre clergé. Les cas de véritable synthèse étaient rares et n’étaient l’apanage que de groupe; relativement peu nombreux. Comme cas typique, on peut probablement citer, en Islam, les Nusaïri du Liban, les Alaouites de Syrie, les Druses, dans l’Inde quelques petites tribus. Dans le passé, le seul exemple important que je connaisse de véritable synthèse et fusion entre deux religions différentes est celui des Sikhs.

Depuis un siècle environ, ces exemples se multiplient de façon étonnante. En Islam, le fondateur de la puissante et toujours plus nombreuse secte des Ahmadiyyas, Mirzâ Ghulâm Ahmad, mort en 1908, se donnait à la fois comme successeur de Mahomet, réincarnation du Christ et avatar de Vishnou. De son côté le Bahaïsme, né à la fin du XIXe siècle, se présente comme l’aboutissement et le complément nécessaire de toutes les anciennes croyances. Et je crois bien que certains disciples d’Inayat Khan ne seraient pas loin d’en dire autant de l’enseignement qu’ils suivent.

Dans l’Inde, la Société théosophique présente une synthèse de toutes les grandes religions, y compris celles qui sont mortes depuis de nombreux siècles.

Au Viêtnam, le Caodaïsme, autour duquel se rassemble une partie considérable de la population, groupe dans son enseignement les techniques de l’extase chamanique, le culte des esprits, le Confucianisme, le Taoïsme, le Bouddhisme et le Catholicisme.

En Chine, nous trouvons toute une série de sectes pour la plupart nées aux environs de 1915 ou 1920, le T’ungshan She, « Société de la Bonté », qui adore simultanément Confucius, Lao-Tse et le Bouddha; le Tao Yuan, « Société de la Voie » et l’Ikouan Tao, « Voie de l’Unité toute pénétrante », qui y ajoutent encore les symboles chrétiens et musulmans, le Wu-shan She, « Société pour l’intuition du bien », qui y surajoute encore le Judaïsme, etc.

En Corée, le Tong-hak, né il y a un siècle, et qui prit une importance telle que le gouvernement crut devoir se livrer contre lui à d’impitoyables persécutions, fait une synthèse du Confucianisme, du Bouddhisme et du Taoïsme.

Au Japon, depuis longtemps déjà, le Ryôbu-Shintô mêlait inextricablement Bouddhisme et Shintô, le Ritôshiuchi Shintô et le Mito-gaku faisaient une synthèse du Shintô et du Confucianisme, en rejetant le Bouddhisme. Plusieurs sectes importantes, comme le Yoshida Shintô, le Shin-gaku, le Suiga Shintô fondaient les trois religions en une seule. C’est cette dernière tendance que l’on retrouve chez les principales sectes récentes, qui y mêlent volontiers encore certains aspects du Christianisme, comme la Science Chrétienne, et aussi la psychanalyse, la biologie, etc.

On pourrait naturellement s’attendre à ce que cette puissante vague de syncrétisme aboutit dans la pratique à une tolérance toujours croissante, et à ce que les sectes nouvelles résultant de ces synthèses entretinssent non seulement entre elles, mais avec les religions plus anciennes qu’elles ont assimilées, des rapports de la plus cordiale fraternité. Malheureusement, il n’en est rien. Et à la réflexion cela se comprend. D’une part, chacune de ces sectes a conscience d’avoir réussi ce qui n’avait jamais été effectué dans l’histoire du monde, de s’être élevée au-dessus du sectarisme étroit qui avant elle séparait et opposait artificiellement les églises, et il ne peut en résulter qu’un complexe de supériorité à l’égard de tout ce qui les a précédées. Quant aux autres sectes engagées sur la même voie, elles constituent les concurrents les plus redoutables dans la clientèle à laquelle elles s’adressent.

Et chacune se livre volontiers à un prosélytisme effréné. « Quiconque sauve autrui est lui-même sauvé », proclame le Tenri-kyô japonais, et il est bien clair que pour lui sauver est synonyme de convertir.

On se trouve donc dans cette situation paradoxale où plus une secte récente prétend par son enseignement à une synthèse universelle, plus elle se montre intolérante envers les autres groupes religieux, anciens ou modernes.

Enfin, dans les religions qui jusqu’ici non seulement ne faisaient aucun prosélytisme, mais même refusaient d’admettre de nouveaux convertis, comme l’Hindouisme et le Shinto, on voit maintenant paraître des mouvements à prétention mondiale. Alors que naguère on ne pouvait être hindou que si l’on était né dans une des castes de l’Inde, le néo-védântisme, qu’apportent en Occident des moines de l’ordre de Râmakrishna et d’autres encore, prétend coiffer toutes les autres religions, et autour de ses missionnaires, les fidèles se groupent nombreux, qui récitent des prières hindoues, pratiquent des rites hindous, s’inspirent des Ecritures Sacrées de l’Inde. Au Japon, où les rapports de famille entre dieux et hommes de la terre japonaise forment l’essentiel du Shintô, et où l’on ne peut donc pas être shintôiste si l’on n’est pas japonais, il existe maintenant un néo-shintôisme, parfois appelé Kotonarisme, qui prétend à une universalité mondiale.

Comment pourrait-on résumer toutes ces constatations?

Dans l’ensemble, et sauf de notables exceptions, l’homme religieux semble maintenant moins préoccupé d’adorer Dieu et plus soucieux de secourir son prochain. D’autre part, la plus grande liberté de pensée assurée par la diffusion de l’enseignement et ce que l’on appelle les moyens de communication de masse, font qu’un nombre croissant d’hommes ne trouvent plus dans les religions traditionnelles sous leur forme orthodoxe et classique, la nourriture exacte dont ils ont besoin et qu’ils puissent assimiler; c’est la raison principale du pullulement actuel des nouvelles sectes. Enfin le rapprochement rapide des peuples qu’opère la facilité des communications permet des confrontations beaucoup plus fréquentes et massives qu’elles ne l’étaient naguère, et crée ainsi un besoin nouveau.

Les « Parlements des Religions » ou d’autres rencontres parées d’un titre moins pompeux mais visant au même but, toutes ces rencontres provoquées sous n’importe quel prétexte, et qui ne sont d’ailleurs pas inutiles, font apparaître le caractère accessoire des oppositions doctrinales et créent chez ceux qui les suivent un désir de synthèse. Mais chaque groupe fait son propre cocktail et se sent parfaitement certain de détenir la seule recette valable, ce qui finalement crée peut-être plus d’antagonisme que ces synthèses n’en estompent.

Faut-il donc dire qu’il y a progrès ou régression ? Là, je crois qu’il appartient à chacun de nous de donner la réponse. Dans l’évolution complexe, profonde, rapide à laquelle nous assistons actuellement, certains aspects sont heureux d’un certain point de vue, et d’autres regrettables. Mais les points de vue, heureusement, diffèrent selon les observateurs.

Lorsqu’autrefois je faisais des conférences aux Etats-Unis, on me faisait grief de ne pas les terminer en disant à mon auditoire ce qu’il devait penser et croire. En Europe, nous tenons heureusement au privilège de former, chacun pour soi, nos propres conclusions. J’espère donc que vous ne m’en voudrez pas si je termine sur un point d’interrogation.

Jean Herbert

Source: https://www.revue3emillenaire.com/blog/le-role-de-la-spiritualite-dans-le-monde-moderne-par-jean-herbert/

Jean Herbert naît à Paris le 27 juin 1897 d'un père protestant et d'une mère catholique.
Il se détourne cependant de cet héritage chrétien pour s'intéresser aux philosophies orientales.
Après un premier intérêt pour le Bouddhisme, c'est une rencontre avec Shrî Aurobindo, maître hindouiste, qui lui révèle une voie qui répond à ses attentes spirituelles et qui marque le début d'une nouvelle orientation dans sa vie et sa carrière.
Il développe dès lors une connaissance approfondie de l'Hindouisme et de la pensée orientale.
Jean Herbert mène ainsi de front diverses activités, toutes vouées cependant à une meilleure connaissance de l'homme et à faciliter la communication entre les être humains. Interprète à la Société des Nations, notamment, traducteur des œuvres de grands maîtres de la sagesse orientale, auteur de nombreux ouvrages sur l'Hindouisme ("Spiritualité hindoue"), mais aussi sur le Japon et sur l'Asie, Jean Herbert a apporté un éclairage nouveau sur la pensée orientale en Occident.
Il décède le 21 août 1980 à Genève.

[D'après: Josette Herbert, "Un auteur et son œuvre: Jean Herbert (1897-1980)", in Les carnets du yoga, no 5, mai 1979, pp. 2-15, url: http://lemondeduyoga.org/la-vie-du-yoga/un-auteur-et-son-oeuvre-jean-herbert-1897-1980/

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Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis. Articles de Pierre-Olivier Combelles sur la nature et l'environnement à Auffargis (Yvelines, France) 2014-2016

25 Septembre 2024 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #Agriculture, #Auffargis, #Environnement, #France, #Nature, #Yvelines

La prairie de la rue Creuse au clair de lune, fin septembre. Photo: P.O. Combelles. 


La prairie de la rue Creuse au clair de lune, fin septembre. Photo: P.O. Combelles. 


Sous la rubrique Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis, j'ai écrit ces articles et les ai publiés sur le site de l'association Auffargis-Environnement dont j'ai fait partie de 2014 à 2016. Ils ont disparu avec la suppression brutale du site par son ancienne présidente et fondatrice Madame Sophie Noël, sans avertissement préalable ni excuses. Les rescapés, retrouvés dans mes archives, sont incomplets pour certains. L'association commençait à gêner beaucoup d'intérêts privés ou pseudo-publics: projets immobiliers abusifs, pollution par l'agriculture industrielle, pollution par les ondes électro-magnétiques, coupes à blanc de l'ONF, destruction de sites naturels et d'espèces protégées, mettant en cause la responsabilité de la Mairie, du PNR, tout cela dans l'indifférence et l'individualisme quasi-absolus des habitants de ce petit village bourgeois des Yvelines dans la forêt de Rambouillet et du parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse, PNR dont la bureaucratie n'a jamais rien fait pour améliorer la situation et nous aider. Depuis mes articles, par exemple, la belle prairie située entre la rue Creuse et le bois des Vindrins a été lotie, une aberration à tous les points de vue (la partie basse étant en plus une zone humide). Un projet signé... Nexity.

Pierre-Olivier Combelles

Dimanche 18 janvier 2015

Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis

Le biologiste, moraliste et académicien Jean Rostand (1894-1977) a écrit un jour : « Je n'ai jamais eu besoin de voyager. J'ai toujours trouvé assez d'exotisme dans mon petit jardin pour me dépayser». Pour découvrir la faune et la flore sauvages, pour admirer les étoiles, nul n'est besoin de quitter Auffargis. Dans les forêts, les prairies et les jardins qui nous entourent, mille espèces sont là pour nous rappeler que nous ne sommes pas seuls au monde. Même si les animaux paient un tribut toujours plus lourd à la circulation automobile. Même si les populations d'oiseaux diminuent sans cesse à cause des pesticides répandus dans les champs et de la pollution chimique, sonore, lumineuse et électro-magnétique(1).
C'est pourquoi nous ne parlerons pas des tristes champs des environs, ou presque pas, dans cette nouvelle chronique, mais plutôt des prairies, comme celles qui bordent notre village entre la rue Creuse, la rue de Saint Benoît et la forêt. Prairies où courent les enfants, où volent les papillons, où chantent les grillons, où fleurissent les belles orchidées, où paissent les chevreuils le soir et où brament les cerfs en automne. Prairies menacées par des projets immobiliers… Cette année, fin septembre, un jeune et vigoureux six-cors y avait établi ses quartiers avec son petit troupeau de biches. On l'entendait bramer le soir à coups brefs et entrecoupés, répondant à d'autres cerfs invisibles dans la forêt environnante, du côté des Vindrins et du ru des Vaux de Cernay.
Caché dans la haie de chênes de la rue Creuse, mes jumelles nocturnes à la main, j'ai regardé les cerfs sortir de la forêt, se faufiler prudemment, tête basse, le long de la lisière, émerger du brouillard pour s'avancer dans la prairie au fur et à mesure que la nuit s'épaississait.
Les biches broutaient tranquillement l'herbe. Le six-cors bramait à côté d'elles puis disparaissait. Dans les bois on entendait alors les bruits furieux des branches brisées et des chocs sourds : les cerfs qui se battent, se poursuivent ou qui attaquent violemment les arbustes avec leurs bois, déchiquetant les branches.
La nuit était maintenant là, les étoiles brillaient dans le ciel, voilées par endroits par le brouillard. Les Pléiades prenaient leur envol à l'est comme un cerf-volant scintillant, comme une broche de diamants agrafée sur le manteau de la nuit. L'automne, les Pléiades et Cernunnos(2) étaient de retour dans notre forêt de Rambouillet, vestige de l'antique forêt des Carnutes…

Pierre-Olivier Combelles (octobre 2014)

(1) Voir par exemple les rapports de la Société d'Études ornithologiques de France (SEOF) à ce sujet :
http://seofalauda.wix.com/seof
(2) Cernunnos : dieu gaulois de la prospérité et des saisons, vraisemblablement Dis Pater, le dieu Père des Gaulois évoqué par César dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules.

 

 

Les Pléiades. Photographie par Gilles Chapdelaine (Québec

Les Pléiades. Photographie par Gilles Chapdelaine (Québec

Monoculture de colza aux alentours d'Auffargis dans un champ cultivé chaque année en blé ou en colza (donc sans jachère) et arrosé de pesticides et d'engrais chimiques (YaraBela Extran). On voit que rien ne pousse en dehors du colza. Photo: Pierre-Olivier Combelles, avril 2015

Monoculture de colza aux alentours d'Auffargis dans un champ cultivé chaque année en blé ou en colza (donc sans jachère) et arrosé de pesticides et d'engrais chimiques (YaraBela Extran). On voit que rien ne pousse en dehors du colza. Photo: Pierre-Olivier Combelles, avril 2015

Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis

Mercredi 21 janvier 2015

Pour une campagne propre autour d'Auffargis

Chaque année, les champs de céréales (blé, colza) qui entourent Auffargis sont couverts de montagnes d'engrais chimiques et arrosés de déluges de pesticides. C'est visible: la terre est morte, blanchie, et sent mauvais. Tous les promeneurs qui empruntent la route des Cinq Cents Arpents qui va des Essarts à l'abbaye des Vaux de Cernay ou les cyclistes qui vont à Vieille-Eglise ou au Perray en ont fait l'expérience. L'eau de pluie ruisselle et forme des mares toujours plus grandes sur le sol tassé par les énormes engins agricoles (plusieurs dizaines de tonnes). Pas besoin de l'analyse des célèbres microbiologistes des sols Claude et Lydia Bourguignon ou de l'agronome japonais Manasobu Fukuoka, pionnier de la permaculture, pour le constater.  Les populations d'oiseaux sont aussi en baisse constante en Ile-de-France à cause des pesticides, tout le monde s'en rend compte et les organismes scientifiques le prouvent (SEOF, CORIF, LPO(1)). Les abeilles et les insectes pollinisateurs sont menacés.
A grand renfort d'affiches, certaines communes de la région, comme Les Essarts-le-Roi, se targuent de ne plus utiliser de pesticides sur les parterres publics. Mais quid des cultures qui nous environnent et nous polluent ? Il ne s'agit plus là de quelques ares de plates-bandes fleuries d'espèces horticoles exotiques, mais de milliers d'hectares qui, de plus, alimentent directement les nappes phréatiques et les cours d'eau. Ces cultures sont-elles OGM ? Quels sont les pesticides employés ? Le Roundup(2) ? Les habitants de la région doivent être informés.
On le sait, l'agriculture industrielle sert moins à nourrir (mal) les gens qu'à produire des profits financiers, notamment au secteur agro-chimique, aux grands semenciers, aux constructeurs de matériel agricole et aux banques. Dans ce système où le consommateur est captif, le petit agriculteur est le pot de terre : un tous les deux jours se suicide au doux pays de France.
Ce que dont nous avons besoin aujourd'hui, c'est d'une agriculture de proximité et d'une sylviculture(3) écologiques, consacrées en priorité à la consommation nationale et non plus à l'exportation, responsables, démocratiques, respectueuses des terroirs et de la biodiversité et organisées sur le long-terme. Dans les communes voisines du Parc, il y a des fermes biologiques qui produisent et vendent des fruits et des légumes sains. Pourquoi n'y en a-t-il pas à Auffargis ? Pourquoi l'épicerie du village ne vend-elle pas en priorité les produits frais locaux ? Pourquoi, en dehors des forêts et des zones humides à protéger, l'espace serait-il obligatoirement consacré à l'agriculture industrielle, à l'urbanisation et aux infrastructures routières ? 
Il n'y a pas la politique et la gestion de collectivités d'une part et l'environnement de l'autre. Il n'y a qu'une seule et même attitude compréhensive, responsable et « citoyenne » à l'égard des hommes et de la nature dont nous faisons humblement partie.

Pierre-Olivier Combelles


(1) Société d'Etudes Ornithologiques de France, Centre Ornithologique de la Région d'Ile de France, Ligue pour la Protection des Oiseaux. Sur le déclin des oiseaux, des papillons et des chauves-souris en Ile de France: http://www.paris.fr/pratique/paris-au-vert/nature-et-biodiversite/le-point-sur-la-biodiversite-en-ile-de-france/rub_9233_stand_92511_port_22522
(2) D'après le Pr. Gilles-Eric Seralini, le Roundup, l'herbicide le plus utilisé au monde est responsable « de graves perturbations hépatiques et rénales, ainsi que des hormones sexuelles et l'apparition de tumeurs mammaires ». (http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/06/24/toxicite-du-roundup-et-d-un-ogm-seralini-republie-son-etude-controversee_4444396_3244.html9
(3) Forêts naturelles diversifiées et non plus monocultures d'espèces, souvent étrangères, à croissance rapide (pin sylvestre, chêne d'Amérique) ANNEXE
(...) La volonté de notre Chambre (commerce-industrie, métiers de l’agriculture) c'est de représenter un corps vivant, dont les différentes composantes se vivifient l'une l'autre. On ne peut faire cohabiter des parties vivantes et des parties moribondes. La terre est faite pour nourrir les gens du pays avec les produits du pays, c'est à dire pour assurer l'autosuffisance alimentaire. Un gel généralisé serait suicidaire. Et l'insolvabilité de l'agriculture ne peut qu'ébranler toute l'économie. Si l'on ne veut plus que notre société fabrique des exclus, il faut revenir à la ferme de polyculture qui entretenait naturellement l’environnement par l'assolement et l'association culture-élevage, petite entreprise familiale qui crée plus d'emplois que la grande. C'est vraiment un comble de voir l’agriculture devenir une nuisance. Les solutions ne peuvent être que multiples et variées. Selon les régions et les latitudes, il faut encourager les productions sous contrat, les productions liées à la clientèle de proximité, l'agriculture biologique, etc.
 
Nos pays se prêtent bien aussi à l'alternance des tâches par un travail mi agricole, mi industriel, où nos PME et nos artisans peuvent jouer un rôle essentiel de relais sans déracinement. Si nous voulons défendre la préférence communautaire contre un mondialisme qui est une idée fausse, il faut conserver à l'Europe ses originalités, ses particularismes, ses " pays ", avec leur incomparable qualité de vie. Une civilisation est aussi la rencontre entre un peuplement et un territoire. En face d'une trop grande concentration urbaine, nous avons besoin d'une meilleure irrigation géographique. Alors, l'économie, de maîtresse, deviendra servante. Nos Capétiens n'étaient-ils pas des paysans rassembleurs de terres et faiseurs d'enfants ? " (...)

Henri Eschbach, Lettre n° 111 de la Chambre de commerce du Jura – 2e trimestre 1992 (H. Eschbach était Président de la Chambre de Commerce du Jura à cette époque). Source: http://pocombelles.over-blog.com/page-4634309.html

 

 

Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis. Articles de Pierre-Olivier Combelles sur la nature et l'environnement à Auffargis (Yvelines, France) 2014-2016
Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis. Articles de Pierre-Olivier Combelles sur la nature et l'environnement à Auffargis (Yvelines, France) 2014-2016

Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis

Mardi 2 juin 2015

Orchidées et fleurs des prairies.

Les vastes et belles prairies qui bordent Auffargis à l'est et au sud entre le Bois des Vindrins, la rue Creuse et la rue de St. Benoît, pâturage des chevreuils, des cerfs et des sangliers de la forêt, abritent au printemps plusieurs espèces d'Orchidées et de fleurs remarquables. En voici quelques-unes, qu'il faut admirer avant qu'elles ne disparaissent, détruites par la fauche ou le broyage intempestifs ou par les projets immobiliers*.
Admirez-les, mais ne les cueillez pas. Elles sont protégées !

Pierre-Olivier Combelles

* En France, la surface d'un département est artificialisée tous les 7 ans: http://www.reporterre.net/Artificialisation-des-sols-les N.B. Toutes les photos ont été prises dans et autour des prairies d'Auffargis.

 

La prairie de la rue Creuse début juin, en fin d'après-midi. La Croix St-Jacques est un peu plus loin, à droite des maisons qu'on aperçoit au fond. Au crépuscule,  les cerfs et les chevreuils sortiront de la forêt pour pâturer. Photo: Pierre-Olivier Combelles (2015)

La prairie de la rue Creuse début juin, en fin d'après-midi. La Croix St-Jacques est un peu plus loin, à droite des maisons qu'on aperçoit au fond. Au crépuscule,  les cerfs et les chevreuils sortiront de la forêt pour pâturer. Photo: Pierre-Olivier Combelles (2015)

Orchis pourpre (Orchis purpurea). Photo: Pierre-Olivier Combelles (2015.

Orchis pourpre (Orchis purpurea). Photo: Pierre-Olivier Combelles (2015.

Les fées de la prairie 
 Orchis pourpre (Orchis purpurea). Détail. Photo: Gérard La Ferté (2010)

Les fées de la prairie 
 Orchis pourpre (Orchis purpurea). Détail. Photo: Gérard La Ferté (2010)

Lychnis Fleur-de-Coucou (Lychnis Flos-Cuculi). Photo: Pierre-Olivier Combelles (2015).

Lychnis Fleur-de-Coucou (Lychnis Flos-Cuculi). Photo: Pierre-Olivier Combelles (2015).

Platanthère à fleurs verdâtres (Platanthera chlorantha). Les fleurs exhalent, surtout la nuit, un délicieux parfum de vanille.C'est pour attirer les papillons de nuit qui aspirent avec leur trompe le nectar contenu dans les longs éperons. Photo: Pierre-Olivier Combelles (2015)

Platanthère à fleurs verdâtres (Platanthera chlorantha). Les fleurs exhalent, surtout la nuit, un délicieux parfum de vanille.C'est pour attirer les papillons de nuit qui aspirent avec leur trompe le nectar contenu dans les longs éperons. Photo: Pierre-Olivier Combelles (2015)

 Platanthère à fleurs verdâtres (Platanthera chlorantha). Détail. Photo: Pierre-Olivier Combelles (2015)

 Platanthère à fleurs verdâtres (Platanthera chlorantha). Détail. Photo: Pierre-Olivier Combelles (2015)

Platanthère à fleurs verdâtres (Platanthera chlorantha). Détail.
Photo: Pierre-Olivier Combelles (juin 2015).

Platanthère à fleurs verdâtres (Platanthera chlorantha). Détail.
Photo: Pierre-Olivier Combelles (juin 2015).

Ophrys abeille (Ophrys apifera). Photo: Gérard La Ferté (2010).

Ophrys abeille (Ophrys apifera). Photo: Gérard La Ferté (2010).

Ophrys abeille (Ophrys apifera). Détail.  Photo: Gérard La Ferté (2010)

Ophrys abeille (Ophrys apifera). Détail.  Photo: Gérard La Ferté (2010)

Ophrys abeille (Ophrys apifera). Détail. Photo: Pierre-Olivier Combelles, 13 juin 2015.

Ophrys abeille (Ophrys apifera). Détail. Photo: Pierre-Olivier Combelles, 13 juin 2015.

Une autre Ophrys abeille, quelques mètres plus loin. Ces Orchidées vivent souvent en petites colonies de 5 ou 6 exemplaires, comme ici, sur les pelouses sèches et bien exposées. Comme leur nom l'indique, les Ophrys imitent certains insectes pour les attirer et assurer leur pollinisation. Mais elles peuvent aussi s'auto-féconder. Les graines minuscules privées de réserves nutritives ne peuvent germer qu'en présence d'une espèce spéciale de champignon.
Photo: Pierre-Olivier Combelles, Auffargis, 14 juin 2015.

Une autre Ophrys abeille, quelques mètres plus loin. Ces Orchidées vivent souvent en petites colonies de 5 ou 6 exemplaires, comme ici, sur les pelouses sèches et bien exposées. Comme leur nom l'indique, les Ophrys imitent certains insectes pour les attirer et assurer leur pollinisation. Mais elles peuvent aussi s'auto-féconder. Les graines minuscules privées de réserves nutritives ne peuvent germer qu'en présence d'une espèce spéciale de champignon.
Photo: Pierre-Olivier Combelles, Auffargis, 14 juin 2015.

Orchis bouc (Himantoglossum hircinum). Photo: Pierre-Olivier Combelles (13 juin 2015)

Orchis bouc (Himantoglossum hircinum). Photo: Pierre-Olivier Combelles (13 juin 2015)

Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis. Articles de Pierre-Olivier Combelles sur la nature et l'environnement à Auffargis (Yvelines, France) 2014-2016
Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis. Articles de Pierre-Olivier Combelles sur la nature et l'environnement à Auffargis (Yvelines, France) 2014-2016
Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis. Articles de Pierre-Olivier Combelles sur la nature et l'environnement à Auffargis (Yvelines, France) 2014-2016
Coccinelle sur une marguerite. Photo: Francois Combelles Humala-Tasso.

Coccinelle sur une marguerite. Photo: Francois Combelles Humala-Tasso.

Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis. Articles de Pierre-Olivier Combelles sur la nature et l'environnement à Auffargis (Yvelines, France) 2014-2016
Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis. Articles de Pierre-Olivier Combelles sur la nature et l'environnement à Auffargis (Yvelines, France) 2014-2016
Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis. Articles de Pierre-Olivier Combelles sur la nature et l'environnement à Auffargis (Yvelines, France) 2014-2016
Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis. Articles de Pierre-Olivier Combelles sur la nature et l'environnement à Auffargis (Yvelines, France) 2014-2016

Les orchidées sont menacées en France Les quatre espèces d'orchidées (160 espèces en France, sur un total de 779 genres et 22500 espèces dans le monde) que nous avons rencontrées dans les prairies d'Auffargis et aux alentours immédiats: la Platanthère à fleurs verdâtres (Platanthera chlorantha), l'Orchis pourpre (Orchis purpurea), l'Orchis bouc (Himantoglossum hircinum) et l'Ophrys abeille (Ophrys apifera), sont inscrites sur la liste des espèces menacées sur le territoire national.  Communiqué de l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature):

La Liste rouge des orchidées de France métropolitaine

Selon l’état des lieux effectué, une espèce d’orchidées sur six pourrait disparaître du territoire métropolitain.
La première analyse jamais réalisée sur les 160 espèces d’orchidées présentes en France métropolitaine montre que 27 d’entre elles sont menacées de disparition du territoire, et que 36 autres sont proches de le devenir sans une attention particulière portée à leur situation.
Ces résultats sont le fruit d’un travail commun mené par le Comité français de l’UICN, le Muséum national d’Histoire naturelle, la Fédération des conservatoires botaniques nationaux (FCBN) et la Société française d’orchidophilie (SFO).
Communiqué de l'UICN avec le lien vers la Liste rouge des espèces menacées en France: http://www.uicn.fr/Liste-rouge-orchidees.html
 

Bibliographie

Orchidées d'Europe. Coll. Petits atlas N°83-84, Payot, Lausanne (Suisse). Flore forestière française (1: Plaines et collines), par Jean-Claude Rameau et al. I.D.F:, 1989.
The Illustrated Flora of Britain and Northern Europe, by Marjorie Blamey, Christopher Grey-Wilson. Hodder & Stoughton, London, 1989.
Soul of Japan - The Visible Essence. Photography by Katsuhiko Mizuna and Hidehiko Mizuno, text by Yoji Yamakuse. IBC Publishing, Tokyo, 2012.

Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis

Mercredi 17 juin 2015

Adieu les orchidées et les fleurs de la prairie


Les prairies de la rue Creuse et de la rue de St Benoît ont été fauchées*, ou plutôt broyées, hier au tracteur. Les orchidées et les fleurs magnifiques que je montrais dans mon dernier article sont détruites, rasées, hachées.
Bien entendu il ne faut pas remettre en question le principe de la fauche annuelle des prairies (qui ne seraient plus des prairies sans cela, mais des forêts), mais on peut s'interroger sur l'époque la plus opportune, surtout lorsqu'il s'agit de broyage. Ce n'est certainement pas au au moment de la floraison des plantes herbacées sauvages, qui attirent et nourrissent beaucoup d'insectes et donc d'oiseaux. Les Plantanthères par exemple, dont j'ai remarqué l'abondance dans cette prairie, étaient encore en fleur  et par conséquent leurs graines n'étaient pas encore formées. Les orchidées** sont menacées sur le territoire national. Les quatre espèces que l'on rencontre dans notre prairie et aux alentours immédiats (Platanthera chlorantha, Orchis purpurea, Ophrys apifera et Himantoglossum hircinum) figurent sur la Liste rouge des espèces menacées de France (communiqué de l'UICN ci-dessous). Il faut donc attendre plus tard pour faucher ou broyer, pour ne pas bouleverser l'ordre de la nature. Notons que malheureusement la législation et notamment la  règlementation du Parc naturel régional ne sont pas contraignantes sur ce point. Car la prairie d'Auffargis est l'exemple type de la prairie permanente dont l'importance écologique, paysagère et pour la qualité de l'environnement est connue depuis longtemps***. C'est en tant que telle que la nôtre doit être reconnue et protégée.

Pierre-Olivier Combelles

* En principe on parle de fauche ou fauchage  lorsque l'herbe est coupée et laissée à sécher (foin, fourrage) et emportée pour être donnée plus tard en nourriture aux animaux d'élevage (bovins, chevaux, chèvres, etc.).
** 160 espèces en France métropolitaine sur un total de 779 genres et 22500 espèces connues dans le monde, divisées en deux catégories: terrestres et épiphytes (vivant sur les arbres). On les rencontre depuis l'Arctique et les hautes montagnes jusque sous les Tropiques.
 *** Voir l'article Wikipedia: https://fr.wikipedia.org/wiki/Prairie_permanente

A propos des orchidées d'Auffargis et de celles de Mantes-Rosny: http://lautreechoduquartierfluvial.over-blog.fr/article-les-orchidees-sont-de-retour-117926159.html

La Liste rouge des orchidées de France métropolitaine

Selon l’état des lieux effectué, une espèce d’orchidées sur six pourrait disparaître du territoire métropolitain.
La première analyse jamais réalisée sur les 160 espèces d’orchidées présentes en France métropolitaine montre que 27 d’entre elles sont menacées de disparition du territoire, et que 36 autres sont proches de le devenir sans une attention particulière portée à leur situation.
Ces résultats sont le fruit d’un travail commun mené par le Comité français de l’UICN, le Muséum national d’Histoire naturelle, la Fédération des conservatoires botaniques nationaux (FCBN) et la Société française d’orchidophilie (SFO). (Communiqué de l'UICN, avec le lien vers la Liste rouge des espèces menacées en France): http://www.uicn.fr/Liste-rouge-orchidees.html
"Publiée en partenariat avec Natureparif, l’agence régionale pour la nature et la biodiversité en Île-de-France, cette Liste rouge régionale de la flore vasculaire d’Île-de-France a permis d’établir que 85 espèces végétales (6 %) semblent avoir disparu de la région depuis le XVIIIe siècle et 400 autres (26 %) sont aujourd’hui menacées.
Parmi celles-ci, 128 courent un risque majeur d’extinction (8 %) dans les prochaines années.
La destruction et la dégradation des habitats naturels représentent la principale cause de régression des espèces végétales. L’urbanisation et les changements de pratiques agricoles sont responsables de la disparition progressive de nombreuses espèces (...)
http://cbnbp.mnhn.fr/cbnbp/ressources/publications.jsp#21  Orchisauvage - Société francaise d'Orchidophilie: http://www.orchisauvage.fr/    L'exemple de la Suisse:
chaque agriculteur doit réserver le 7% de sa surface cultivable à la biodiversité = faucher après le 1er juillet.
les paiements versés à l'agriculteur varient en fonction de la richesse florale de la parcelle, indicatrice de bonne ou très bonne santé.

 

Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis. Articles de Pierre-Olivier Combelles sur la nature et l'environnement à Auffargis (Yvelines, France) 2014-2016
Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis. Articles de Pierre-Olivier Combelles sur la nature et l'environnement à Auffargis (Yvelines, France) 2014-2016
Platanthera chloranta, la Platanthère à fleurs verdâtres. Détail. Chaque fleur est fixée à la hampe florale par une petite tige qui est l'ovaire. Il est torsadé pour permettre à la fleur épanouie d'être en bonne position pour la pollinisation par les papillons de nuit, qui aspirent avec leur trompe le nectar contenu dans le long éperon. L'ovaire va alors grossir, les graines se développant à l'intérieur, puis à maturité il devient une capsule déhiscente qui se déchirera pour libérer les graines minuscules (il y en a des milliers dans une seule capsule) qui se répandront alentour. Ne possédant pas de réserves nutritives, elles ont besoin pour germer d'un champignon spécial dans le sol. Photo: Pierre-Olivier Combelles (juin 2015).

Platanthera chloranta, la Platanthère à fleurs verdâtres. Détail. Chaque fleur est fixée à la hampe florale par une petite tige qui est l'ovaire. Il est torsadé pour permettre à la fleur épanouie d'être en bonne position pour la pollinisation par les papillons de nuit, qui aspirent avec leur trompe le nectar contenu dans le long éperon. L'ovaire va alors grossir, les graines se développant à l'intérieur, puis à maturité il devient une capsule déhiscente qui se déchirera pour libérer les graines minuscules (il y en a des milliers dans une seule capsule) qui se répandront alentour. Ne possédant pas de réserves nutritives, elles ont besoin pour germer d'un champignon spécial dans le sol. Photo: Pierre-Olivier Combelles (juin 2015).

Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis. Articles de Pierre-Olivier Combelles sur la nature et l'environnement à Auffargis (Yvelines, France) 2014-2016
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L’île magique, par Israël Adam Shamir

25 Septembre 2024 , Rédigé par Rouge et Blanc Publié dans #Israël Adam Shamir, #Palestine, #Israël, #Russie, #Politique, #Religion, #Christianisme, #Islam, #Lettres, #Communisme, #Saint Alexandre de la Neva

L’île magique, par Israël Adam Shamir


Par DOC MetaTV / 18 septembre 2024

https://meta.tv/lile-magique-par-israel-adam-shamir/


La Russie se voit attaquée par les États-Unis et leurs mandataires. C’est une situation très triste, car la Russie est nécessaire au développement de l’humanité. Mais la Russie n’est pas seulement en difficulté sur le plan extérieur. L’autre jour, une procession avec la Sainte Croix a eu lieu le long de la perspective Nevski en mémoire de saint Alexandre de Neva. Tout de suite, de nombreux soi-disant « gauchistes » ont attaqué les participants : « Vous êtes tous des fascistes ! Comme les nazis et pire ! » Dans ma vie, j’ai vu ce rejet violent de la foi chrétienne à de nombreuses reprises, et voici mes réflexions sur le sujet :

Je ne sais pas comment la postérité se souviendra de ma modeste contribution à l’étude de la « pensée antibourgeoise mondiale », mais je vais essayer de la décrire de la manière la plus brève possible pour mes contemporains. Comme vous, cher lecteur, j’ai la chance de vivre à une époque intéressante, une époque qui a démenti les prévisions optimistes de Marx et vérifié la Révélation de saint Jean le Théologien. J’ai vu l’effondrement de l’Union soviétique (pendant ces années cruciales, j’étais correspondant israélien à Moscou), l’effondrement du socialisme, la montée du néolibéralisme et du mondialisme, l’émergence d’un espace médiatique unifié, l’ascension d’Israël comme troisième puissance nucléaire du monde, la montée des Juifs, la lutte désespérée du peuple palestinien pour sa vie et sa dignité, la destruction de l’environnement naturel et le début de la troisième guerre mondiale de l’Amérique, d’abord avec le monde islamique, puis avec la Russie. Ma tâche est devenue de relier les points entre ces phénomènes apparemment dissemblables et de voir comment les résultats influent sur le destin du monde. Pour ce faire, j’avais besoin d’un nouveau récit.

Je vais vous donner un exemple. Woody Allen, le réalisateur new-yorkais, a sorti un film inhabituel à ses débuts, Lily la tigresse (1966). Il n’a pas tourné une seule image, mais a pris un film japonais de troisième ordre et l’a re-doublé, en y ajoutant une bande son complètement différente. Le résultat était un scénario original superposé sur une pellicule existante, une nouvelle interprétation du film original. Si vous avez déjà regardé un film étranger dans une langue inconnue à la télévision en commençant par le milieu, vous avez dû faire face à une tâche similaire, en essayant de deviner l’intrigue et de comprendre ce que vous avez vu. C’est une tâche similaire à la réinterprétation d’événements historiques à partir des connaissances supplémentaires et de la perspective augmentée d’une époque ultérieure. Les événements singuliers sont pour ainsi dire fixés dans le béton, mais ils peuvent être reliés entre eux de manière originale. Chaque conteur propose son interprétation, et le consensus historique choisit le récit qui décrit le mieux la réalité. Ainsi, il y a plus de trente ans, deux récits se sont heurtés en Russie : le récit soviétique russe et le récit néolibéral occidental. Le récit occidental a gagné, c’est-à-dire que pendant un certain temps, Woody Allen a réussi à convaincre le spectateur russe de la justesse de sa version des événements. Avec un changement de paradigme aussi simple, le peuple russe a permis qu’un terrible pillage ait lieu et les richesses de la Russie ont pris la fuite à l’étranger, laissant derrière elles des usines vides et transformant notre grande patrie en une puissance de second ordre. Ce coup d’État historique s’est déroulé presque sans effusion de sang. La démolition contrôlée de la Russie a prouvé que la maîtrise du récit donne la maîtrise du monde. Celui qui peut re-raconter le film devient ex post facto son réalisateur.

Il semblerait que je n’aie rien inventé, en la matière. La lutte des idées a toujours existé. En 1917, ce n’est pas l’Armée rouge qui a gagné, mais une « découverte scientifique » : l’idéologie internationale du communisme. Depuis, une vague ininterrompue de science industrielle n’a cessé de conquérir les grands esprits du monde. Cela n’aurait pas pu se produire tant qu’il existait une société saine, tant que les gens communiquaient entre eux et discutaient librement des questions urgentes. Malheureusement, les technologies que nous utilisons ont été conçues pour éliminer les penseurs originaux. Jamais auparavant les médias n’ont été aussi concentrés entre les mains d’un si petit nombre, à l’échelle mondiale, au point que chacun d’entre nous se trouve enveloppé dans un cocon de réalité virtuelle alternative. En Occident, d’abord en Amérique et ensuite en Russie, une société de désunion totale a émergé, dans laquelle les gens se forment uniquement sur la base de la télévision et des médias grand public. Les empires médiatiques transnationaux ont complètement pris le contrôle de tout le discours public et ont convaincu des milliards de personnes que le « mode de vie américain » (le néolibéralisme) leur apporte le bonheur.

Depuis les hautes tours de contrôle qui leur permettent de dominer le monde, les maîtres des médias déterminent ce que les gens savent et ce dont ils parlent dans une société fragmentée et qui fragmente activement. Ils décident de ce que les gens pensent et dans quel cadre historique. Mes vieux camarades Noam Chomsky, Edward Herman et d’autres auteurs ont beaucoup écrit sur cette fabrication scientifique du consentement. J’ai moi aussi remarqué cette étonnante puissance invisible, une sorte de vaste montagne magnétique qui interfère activement dans la vie intérieure de nombreux pays. Partout, les médias poursuivent la même ligne : ils s’opposent au nationalisme et à la tradition, et poussent plutôt vers une « société multiculturelle », vers une démocratie libérale – c’est-à-dire vers une société d’émiettement, dans laquelle il leur est plus facile d’agir. À une exception près : dans le cas de l’État juif, ils soutiennent le chauvinisme, le séparatisme, l’apartheid, c’est-à-dire une société insulaire de solidarité culturelle. Partout ailleurs, ils sont en faveur des wokes, mais en Israël, ils sont en faveur des skinheads.

Autre exception intéressante : les fondateurs du communisme croyaient que la religion était intrinsèquement liée à la société de classes, au service des élites dirigeantes. Or, contrairement aux postulats des sciences sociales communistes, le capital transnational est systématiquement dirigé contre la religion, et en particulier contre la religion chrétienne. N’est-ce pas intéressant de constater que les deux choix qui nous sont proposés (communisme international ou néolibéralisme transnational) s’opposent à l’Église ? Les trois branches anciennes, souvent rivales, du christianisme sont constamment attaquées : le catholicisme occidental, l’orthodoxie byzantine et l’islam (une forme particulière du christianisme oriental monophysite). À une exception près : le judaïsme est intouchable. Non seulement l’attaque orchestrée contre toutes les religions a épargné le judaïsme, mais en Occident, une nouvelle forme de judaïsme triomphaliste a émergé, l’Holocaustienté, dont le temple principal se trouve au centre de Washington DC. Ce culte de la mort pervertit la religion chrétienne : la mort des Juifs est assimilée à la Passion du Christ, et la création de l’État d’Israël correspond à la Résurrection.

Mais c’est là que s’arrête la similitude. Le christianisme n’est pas protégé par la loi, et dans les rues de Paris et de New York, on peut voir des affiches avec des croix imbriquées dans des symboles nazis. Le culte de l’Holocauste est strictement protégé par la loi. Les enseignants ne sont pas autorisés à emmener leurs enfants à l’église du coin, mais l’excursion au mausolée local de l’Holocauste est obligatoire dans le programme scolaire de l’État. Le racisme scientifique n’est plus à la mode, mais les gens savent quelles races ont un statut privilégié et lesquelles n’en ont pas. À Moscou, on refuse de louer des appartements aux Caucasiens, à New York aux Noirs, et en Europe, l’opposition aux immigrants musulmans se développe. Les derniers vestiges du racisme scientifique demeurent dans le cœur des responsables gouvernementaux, ce qui permet à Biden de bombarder le Yémen comme s’il le désinfectait. Mais l’antisémitisme, autrefois considéré comme une simple forme de racisme, n’a pas seulement été interdit, il a pris la place unique qu’occupaient autrefois « l’antisoviétisme » en Union soviétique et « l’anti-américanisme » en Amérique. Pour moi, fils d’Esther et de Joseph, cela pourrait être flatteur, certes, mais cela me pousse à m’interroger sur les raisons qui se cachent derrière une exception aussi évidente qu’anormale.

La destruction de l’environnement naturel, de notre douce Terre, est devenue une autre caractéristique étrange du monde moderne. Partout, les nouveaux maîtres du monde empoisonnent les rivières, abattent les forêts et rendent la Terre inhabitable. En utilisant la terminologie du scientifique russe Lev Gumilev, nous pouvons dire que le paysage anthropique (créé par l’homme) remplace de plus en plus résolument les paysages naturels de la planète. La Terre est pillée, défigurée, puis recouverte d’une urbanisation galopante. Avec la mort de l’esprit, l’attaque coordonnée contre la foi, la profanation de l’art et de l’amour et le rejet de la fraternité humaine, la mort de la nature souligne l’essence apocalyptique derrière les actions de nos dirigeants mondiaux. Nous pouvons maintenant voir que l’histoire culmine et débouche sur une crise existentielle. Dans ces moments critiques, l’histoire elle-même doit être réinterprétée pour expliquer la réalité actuelle.

L’interprétation marxiste classique de l’histoire soutenait que la domination sur les moyens de production déterminait la position des classes. Elle affirmait que les propriétaires d’usines décidaient, contre les intérêts des travailleurs, de l’orientation de la société. Mais les inventions étonnantes des financiers néolibéraux internationaux, qui utilisent des produits dérivés et des instruments financiers secondaires à la place des travailleurs, ont considérablement réduit le pouvoir des moyens de production. Chaque dollar contribuant à la valeur d’une usine peut désormais être gonflé 99 fois grâce à l’utilisation d’outils financiers secondaires qui se vendent sur les marchés internationaux. Mais la valeur de ces gadgets financiers dépend en grande partie de leur réputation telle qu’elle est jugée par la presse internationale. Dans une telle situation, le rôle principal et décisif passe des mains des travailleurs et des propriétaires d’usines aux maîtres du discours, c’est-à-dire les propriétaires des médias de masse, les journalistes de premier plan, les professeurs d’université, les experts – tous soutenus de manière sélective par le capital financier international.

Selon la théorie classique, ils devraient servir en premier lieu les intérêts des propriétaires d’usines et en second lieu ceux de leurs ouvriers, mais nous pouvons tous constater qu’ils ne servent qu’eux-mêmes. Ils se comportent davantage comme des envahisseurs étrangers ou même des extraterrestres. Ils font preuve d’un degré de souveraineté inégalé dans l’histoire de l’humanité. Le travail en usine est de loin préférable à ce qu’ils vendent, ce qui n’est rien de moins que Le Meilleur des mondes de Huxley. Alors que les marxistes luttaient pour les moyens de production, nous luttons aujourd’hui pour les idées, en fait pour l’esprit et l’âme des gens. Les libres penseurs se livrent à des empoignades avec les maîtres du discours, nos nouveaux adversaires. Ce combat virtuel n’est pas moins réel que les manifestations populaires d’autrefois. Le pouvoir du boycott est toujours entre les mains d’individus, et maintenant (grâce au reconditionnement et à la financiarisation des produits) ils ont 99 fois plus de pouvoir qu’auparavant. Les anomalies que nous avons notées ci-dessus pointent vers le talon d’Achille de nos adversaires : Israël. Ainsi, bien qu’ils continuent à nous induire en erreur et à dresser des écrans de fumée, la question juive est de nouveau à l’ordre du jour.

Pour expliquer cette conclusion paradoxale, nous pouvons considérer la théologie comme la forme première de l’idéologie. Le christianisme, avec sa quête spirituelle et son culte terrestre de la Vierge Marie, avec l’idée de fraternité humaine exprimée dans la communion, malgré ses concessions aux pouvoirs en place, est une idéologie de solidarité parfaitement positive et humaniste. Le judaïsme, en revanche, la religion du paysage créé par l’homme, de l’élection des élus, du rejet de l’impératif catégorique, représente la théologie qui sous-tend le néolibéralisme. Les chrétiens voient les gens comme des voisins, les juifs comme des outils de l’empire. L’exceptionnalisme israélien, le statut élevé du culte de l’Holocauste et la position prééminente de la finance internationale sont tous des symptômes d’une maladie moderne qui pointe vers une cause particulière.

J’ai vécu une bonne partie de ma vie en Israël, ce minuscule État du Moyen-Orient. Au début, j’écrivais depuis l’arrière-pays et mes histoires portaient sur le sous-développement, le racisme contre les autochtones et la haine croissante des « goyim ». Mais nos problèmes locaux n’intéressaient personne jusqu’à une époque récente. Aujourd’hui, cependant, Israël se trouve au centre des événements mondiaux. Pour des raisons que nous examinerons dans un prochain livre, il y a eu un enchevêtrement des forces compradores en Russie, des forces impérialistes-capitalistes en Amérique, de leurs alliés en Europe et des partisans de l’apartheid en Palestine. Par conséquent, mon front de bataille personnel, la lutte contre l’apartheid en Palestine, est devenu simultanément la ligne de front du combat contre les compradores russes et contre l’impérialisme américain dans sa nouvelle forme de mondialisme à la mode. Cet entrelacement de forces est un nœud historique extraordinaire, et en le tranchant, nous mettrons fin à la brutalité du capitalisme mondial.

La Palestine est devenue l’île magique des contes de fées russes, où se trouvent un coffre en fer enchaîné aux branches d’un vieux chêne, et un œuf dans le coffre, et dans cet œuf, une aiguille et à la pointe de cette aiguille, la vie de l’Éternel Ennemi, l’Esprit même du Capitalisme international qui nous tue. Soudain, nous découvrons que nous avons à notre portée une méthode sûre pour éliminer l’Ennemi d’un seul coup, sans grandes batailles ni effusion de sang. La démocratie en Palestine telle qu’elle était envisagée à l’origine par le Mandat pour la Palestine. La transformation de l’État d’apartheid en un pays d’égalité et de démocratie, voilà qui fera trembler le sol sous les pieds de notre ennemi. Il est vrai que l’idée de démocratie a été détournée, par une ruse de notre ennemi pour écraser le monde avec un capitalisme vautour néolibéral, mais il n’y a rien de fondamentalement mauvais dans la volonté du peuple. Elle peut et doit être retournée contre l’ennemi.

Sur cette île magique de Palestine, berceau du christianisme, se trouve la source de la vie spirituelle de la Russie et de l’Occident. Même si l’Occident peut aujourd’hui considérer Israël comme un porte-avions ou le Moyen-Orient comme une immense station-service, les liens entre la Russie et la Palestine sont encore vivaces. De Palestine est venue l’orthodoxie, qui unit toujours Moscou et Jérusalem. La population indigène de Nazareth et de Bethléem professe la même foi que Riazan et Kostroma. Moscou, la Troisième Rome, qui succède à Byzance, continue d’accomplir sa mission historique importante de défense de l’orthodoxie, de protectrice du peuple indigène de Palestine. Le peuple russe s’en souvenait au XIXe siècle lorsqu’il collectait ses roubles et construisait des églises et des écoles en Terre sainte. Les Russes soviétiques s’en souvenaient aussi lorsqu’ils protégeaient les Palestiniens du génocide progressif d’Israël. Depuis lors, un médecin palestinien sur deux et un prêtre palestinien sur deux parlent russe.

Le lien entre les nations chrétiennes et la Palestine est plus qu’un vestige de l’histoire. Le christianisme est l’une des grandes idéologies de solidarité du monde. Comme le communisme, il met en avant la quête de spiritualité et de fraternité sur terre. Comme le communisme, le christianisme n’a jamais atteint ses nobles idéaux. La religion et l’idéologie ont souffert des pontes et des carriéristes. Toutes deux ont perdu le respect de la société éduquée. Mais la foi chrétienne, comme le communisme, est comme Antée : la défaite la fait renaître. Il nous suffit de desserrer l’emprise mortelle des avides de pouvoir, d’expulser ceux qui ont fait de leur adhésion au Parti communiste ou de leur Sainte Croix un moyen de gagner de l’argent, et de faire revivre le royaume de l’esprit ! Ayant vécu dans les deux pays, j’ai pu constater que la Russie orthodoxe et la Russie soviétique se distinguaient toutes deux par leur spiritualité élevée et invincible.

Les partisans de l’apartheid en Palestine se sont donné une tâche sinistre : couper les racines du christianisme. C’est pourquoi ils ont assiégé l’église de la Nativité, détruit d’anciennes églises byzantines, brûlé les Évangiles et expulsé les croyants chrétiens. Ils avaient provoqué un exode massif de Juifs russes d’Union soviétique vers Israël. Les organisateurs voulaient faire d’une pierre deux coups : saper l’Union soviétique par la fuite paniquée des intellectuels et en même temps renforcer leur pouvoir en Terre sainte. Mais leurs calculs se sont retournés contre eux. Le séparatisme du judaïsme répugne à tous les hommes de bonne volonté. Bien que l’appareil d’État d’Israël s’oppose officiellement et brutalement aux chrétiens, l’esprit russe a montré qu’il ne pouvait pas rester longtemps séparé du Christ. Ce n’est pas sans raison que les églises orthodoxes de Lydda et de Jaffa, vidées après l’expulsion des Palestiniens, sont à nouveau débordantes de croyants. De nombreux anciens Russes ont retrouvé le chemin de la Terre sainte de l’Esprit. L’État séparatiste d’Israël est confronté à une inversion de la « crise des conversos »1, où les troisième et quatrième générations refusent de haïr, de torturer et de voler leurs voisins. Aucun royaume juif n’a jamais duré plus de 80 ans. Il existe une limite naturelle au séparatisme.

L’histoire n’est pas terminée et les immigrants israéliens peuvent jouer un rôle positif en Palestine s’ils prennent conscience de leur fraternité avec le peuple palestinien. La Palestine est comme une corde tirée par deux camps opposés. Si l’esprit de fraternité l’emporte, la Troisième Rome se dressera comme telle ; si l’esprit d’élection l’emporte, le Talon de Fer régnera sur le monde. L’avenir est imprévisible car l’humanité se trouve à la croisée des chemins de l’histoire. Si nous tournons dans un sens, nous perdons notre cheval ; si nous tournons dans l’autre, nous perdons notre âme. Le rôle que la Russie est destinée à jouer dans cette bataille décisive est étonnamment grand. Comme l’a souligné Mackinder, elle est le pivot du monde. Mais tant que la Vierge Blanche de l’Intercession s’élèvera sur le cours clair de la rivière Nerli, tant que le Mausolée Rouge se dressera sous le mur crénelé du Kremlin, tant que les bouleaux continueront de bruisser sur la rivière Oka, la Russie sera invincible – et dès lors invincible sera son humble sœur, le pays des oliveraies, des vignes et des sources, la patrie terrestre du Christ et de la Mère de Dieu – la Palestine.

C’est pour cela que l’ennemi tente de déclencher une guerre mondiale – pour détruire la Russie, la chrétienté et l’humanité. À nous de les arrêter, tout de suite !

Source : https://www.unz.com/ishamir/the-magic-island

1 En 1449, l’Espagne a connu une mobilisation populaire contre les juifs ayant adopté la religion catholique sous la contrainte, mais conservant vivace un esprit hostile aux autochtones et à la chrétienté. Un siècle plus tard, naissaient au sein de familles en partie d’origine juive « converse » le poète Frère Luis de León, les saints Jean de la Croix, Thérèse d’Avila, et bien d’autres. (MP)

Saint Alexandre de la Neva (Alexandre Nevsky)

Saint Alexandre de la Neva (Alexandre Nevsky)

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F. William Engdahl: Le programme vert « zéro carbone » est impossible à tous égards

24 Septembre 2024 , Rédigé par Rouge et Blanc Publié dans #Agenda ONU 2030, #Davos, #Dépopulation, #Ecologisme, #F. William Engdahl, #Forum Economique Mondial, #Mondialisme, #NET ZERO, #ONU, #Opération "réchauffement climatique"

Le programme vert « zéro carbone » est impossible à tous égards
Par F. William Engdahl
9 avril 2023

Pourquoi les grands gouvernements, les entreprises, les groupes de réflexion et le Forum économique mondial de Davos font-ils tous la promotion d'un programme mondial « zéro carbone » visant à éliminer l'utilisation du pétrole, du gaz et du charbon ? Ils savent que le passage à l'électricité solaire et éolienne est impossible. C'est impossible parce que la demande de matières premières, du cuivre au cobalt en passant par le lithium, le béton et l'acier, dépasse l'offre mondiale. C'est impossible en raison du coût faramineux des batteries de secours pour un réseau électrique « fiable » 100 % renouvelable. C'est également impossible sans provoquer l'effondrement de notre niveau de vie actuel et une rupture de notre approvisionnement alimentaire qui entraînera des décès massifs dus à la famine et à la maladie. Tout cela pour une fraude scientifique appelée réchauffement climatique d'origine humaine ?

(...)

L'AGENDA CACHÉ

Il est clair que les personnes à l'origine de ce programme fou de zéro carbone sont conscientes de cette réalité. Ils s'en moquent, car leur objectif n'a rien à voir avec l'environnement. Il s'agit d'eugénisme et d'abattage du troupeau humain, comme l'a fait remarquer feu le prince Philip.

Maurice Strong, fondateur du Programme des Nations unies pour l'environnement, a déclaré dans son discours d'ouverture du Sommet de la Terre de Rio en 1992 : « Le seul espoir pour la planète n'est-il pas que les civilisations industrialisées s'effondrent ? N'est-il pas de notre responsabilité d'y parvenir ? ». Lors du sommet de Rio, M. Strong a supervisé la rédaction des objectifs de l'ONU en matière d'« environnement durable », de l'Agenda 21 pour le développement durable qui constitue la base de la « grande remise à zéro » de Klaus Schwab, ainsi que la création du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) de l'ONU.

M. Strong, un protégé de David Rockefeller, a été de loin la personnalité la plus influente derrière ce qui est aujourd'hui l'Agenda 2030 de l'ONU. Il était co-président du Forum économique mondial de Davos de Klaus Schwab. En 2015, lors du décès de M. Strong, le fondateur de Davos, Klaus Schwab, a écrit : « Il était mon mentor depuis la création du Forum : un grand ami, un conseiller indispensable et, pendant de nombreuses années, un membre de notre conseil de fondation. »

Traduit de l'anglais par Rouge et Blanc

Source et article complet: http://www.williamengdahl.com/gr9apr2023.php

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“Débarrassez-vous de vos téléphones portables maintenant” Le message d'Arthur Firstenberg relayé par l'association Robin des Toits.

23 Septembre 2024 , Rédigé par Rouge et Blanc Publié dans #5G, #Technologie, #Téléphones portables

(...)

Il y avait un conférencier dont je ne me souviens pas du nom, mais qui m’a laissé une impression durable. Il était pasteur et il parlait de la technologie. Lorsque vous ramassez du bois et frottez deux bâtons pour faire un feu, disait-il, vous savez exactement ce qui produit la lumière et comment elle est apparue. Mais lorsque vous actionnez un interrupteur, tout ce que vous savez, c’est qu’il y a une centrale quelque part et que la lumière s’allume, mais vous ne connaissez pas les étapes intermédiaires ni les conséquences de ces étapes. Cela, disait-il, est “l’échec au beau milieu”. Et c’est la chute de notre civilisation et de notre monde.

Comme je l’ai dit à un public à Taos, au Nouveau-Mexique, il y a six ans, nous sommes comme le singe qui ne peut pas sortir sa main du bocal à moins de lâcher la cacahuète. Nous l’agrippons plus fort que jamais. Nous avons été aspirés dans le bocal et son couvercle est en train de se refermer sur nous, nous étouffant. Nous devons lâcher nos téléphones portables maintenant. Pas après avoir trouvé comment, ce qui pourrait ne jamais arriver. Jetez-le d’abord, puis trouvez comment vivre sans.

Vous ne pourrez pas faire tout ce que vous faites maintenant, mais vous vivrez comme si le monde était encore là le lendemain. Nous n’avons pas jusqu’à l’année prochaine, nous nous tuons en ce moment même. Jetez-le, dites à tout le monde que vous le faites et pourquoi, et dites-leur de faire de même. C’est la seule façon pour nous, nos enfants, les animaux et les plantes autour de nous – ceux qui sont encore là – de survivre. Et contactez-moi pour aider à organiser cet effort mondial pour démobiliser la société.

Arthur Firstenberg

https://essentiel.news/debarrassez-vous-de-vos-telephones-portables-maintenant/

 

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"Un noble bienfaisant est le plus dangereux de tous" (Volney, 1788)

19 Septembre 2024 , Rédigé par Rouge et Blanc Publié dans #France, #Monarchie, #Révolution française, #Noblesse, #Volney

Portrait de Volney par Gilbert Stuart (Huile sur toile, 73,8 x 58,6 cm) conservée à la Pennsylvania Academy of the Fine Arts, à Philadelphie (1795). Source: Malta 1798/Wilipedia

Portrait de Volney par Gilbert Stuart (Huile sur toile, 73,8 x 58,6 cm) conservée à la Pennsylvania Academy of the Fine Arts, à Philadelphie (1795). Source: Malta 1798/Wilipedia

"Volney* en 1788 déclare qu’un noble bienfaisant est le plus dangereux de tous. Car la haine de classe se nourrit ainsi: la bonté et la vertu de ceux qu’on veut perdre sont des circonstances aggravantes."

Luce Quenette, Quid facere ? La contre-révolution n’est pas ce que vous pensez.

* NDLR: Constantin-François Chassebœuf de La Giraudais, dit Volney, né le 3 février 1757 à Craon et mort le 25 avril 1820 à Paris, fut un historien, philosophe, voyageur, orientaliste et homme politique français, membre de l'Académie française.

Frontispice et page de titre du "Voyage en Égypte et en Syrie", édition de 1823.

Frontispice et page de titre du "Voyage en Égypte et en Syrie", édition de 1823.

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Râmakrishna: Il faut se tenir à l'écart des méchants

18 Septembre 2024 , Rédigé par Sudarshan Publié dans #Bharat, #Hindouisme, #Inde, #Jean Herbert, #Religion, #Râmakrishna, #Spiritualité

51.- Il est bien vrai que Dieu réside même dans le tigre, mais nous ne devons pas pour cela nous jeter au cou de l'animal et le serrer sur notre coeur. Ainsi il est vrai que Dieu existe même dans les méchants, mais il n'est pas recommandable de les fréquenter.

52.- Il est dit dans les Écritures sacrées que l'eau est Dieu en personne. Mais il y a certaines eaux dont on peut se servir pour le culte, d'autres qui sont bonnes seulement à laver le linge ou la vaisselle, d'autres encore avec lesquelles on peut se laver la figure et les mains après les repas, et qu'on ne doit ni boire, ni employer sur l'autel. De même, il y a des hommes bons et méchants, des adorateurs de Dieu et des hommes qui n'aiment pas Dieu. Il est vrai que Dieu habite le coeur de tous les hommes, mais on ne peut pas fréquenter les méchants, ni ceux qui n'aiment pas Dieu. nous ne pouvons pas avoir avec eux des rapports étroits. Il y a des gens à qui l'on peut tout juste dire bonjour, de loin, et il y en a d'autres avec qui même cela n'est pas possible. Il faut se tenir à l'écart de ces gens-là.

Râmakrishna

Jean Herbert: L'enseignement de Râmakrishna. Albin Michel, coll. Spiritualités vivantes, Paris, 1942.

Râmakrishna: Il faut se tenir à l'écart des méchants
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