Jean Herbert: Entretien avec Jean Varenne
Jean Herbert: Entretien avec Jean Varenne
(Revue Question DE. No 6. 1er Trimestre 1975)
Depuis plus de trente ans, Jean Herbert se consacre à la rédaction d’ouvrages qui visent à mieux faire connaître l’hindouisme aux Occidentaux et tout particulièrement aux Français. Son maître livre, Spiritualité hindoue, reste irremplaçable comme introduction à cet univers spirituel dont le prestige même est, souvent chez nous, facteur de méconnaissance. Si on le complète par son Introduction à l’Asie où la spécificité hindoue se trouve intégrée au reste de l’Asie, on a en main un trousseau de clés permettant d’ouvrir toutes les portes de ce qu’il est convenu d’appeler la Sagesse orientale. D’autres ont certes œuvré dans la même direction, mais ce qui fait l’originalité de Jean Herbert, c’est qu’il a toujours voulu présenter l’Inde (et l’Asie) vivante : c’est le spiritualisme hindou contemporain qu’il présente par priorité, même s’il le replace dans le développement de la Tradition. C’est pourquoi il est aussi connu comme directeur de la célèbre collection « Spiritualités vivantes », chez Albin Michel, où il a donné la parole aux maîtres modernes, de Râmakrishna à Aurobindo en passant par Râmdâs et Ananda Moyî. C’est lui qui a « révélé » le zen aux Français en traduisant, avec René Daumal et d’autres, les Essais sur le bouddhisme zen, de D.T. Suzuki, dont l’impact fut considérable. Il est enfin celui qui a donné accès au monde fermé du shintô japonais grâce à des ouvrages comme Les dieux nationaux du Japon ou Aux sources du Japon : le shintô.
Jean Varenne. Le public français vous connaît non seulement comme auteur de livres à succès sur les spiritualités asiatiques, mais aussi comme directeur d’importantes collections vouées à l’édition en notre langue de maîtres contemporains, principalement hindous. Qu’est-ce qui vous a conduit à ce genre d’activité ?
Jean Herbert. C’est essentiellement parce que j’ai été frappé par le fait que les élites spirituelles d’Orient et d’Occident ne se connaissaient pas du tout au début de ce siècle. A cette époque, les Orientaux ne se doutaient même pas qu’il y avait en Occident une spiritualité quelconque, et les Occidentaux, les chrétiens en particulier, n’imaginaient pas qu’il pût en exister une en dehors du christianisme, sauf ce qu’il était convenu d’appeler avec condescendance les « mystiques naturelles ». Quant à moi, ayant découvert à travers certains livres de Romain Rolland qu’il y avait des grands maîtres de spiritualité dans certains pays d’Orient, et en particulier en Inde, j’ai pensé que ce serait une œuvre utile que de les faire connaître à l’élite occidentale et c’est pour cela que je me suis mis à publier leurs œuvres dès que j’ai eu les moyens de le faire.
J. V. En dehors de la lecture de Romain Rolland, des circonstances particulières vous ont-elles permis de connaître directement de telles œuvres ?
J. H. Eh bien, c’est tout à fait accidentellement que je suis arrivé en Inde au cours d’un voyage qui me ramenait d’Extrême-Orient en Occident. J’ai été orienté, sans savoir pourquoi (mais le hasard n’existe pas), sur l’âshram du Shrî Aurobindo. Avant d’y arriver, je n’avais même jamais entendu son nom et donc ne savais pas du tout qui il était. Or j’ai rencontré en lui un homme qui m’a passionnément intéressé et dont les œuvres m’ont paru et me paraissent encore de première importance dans le mouvement spirituel contemporain. A cette époque, j’avais déjà eu accès aux œuvres de Râmakrishna et de Vivekânanda. Il y avait là tout un ensemble qu’il m’a semblé urgent de faire connaître directement, c’est-à-dire en laissant la parole à ces maîtres eux-mêmes.
J. V. Avez-vous pu rencontrer d’autres maîtres qu’Aurobindo ?
J. H. Oui. J ai eu le privilège invraisemblable de pouvoir m’asseoir non seulement aux pieds de Shrî Aurobindo, comme je viens de vous le dire, mais également de Râmana Maharshi, du Swami Râmdâs et de Ma Ananda Moyî, et d’autres encore qui ont bien voulu m’accueillir et me communiquer leur enseignement soit oralement, soit en m’autorisant à traduire leurs œuvres.
J. V. N’êtes-vous pas également responsable de l’introduction en France du bouddhisme zen, puisque c’est vous qui y avez fait connaître l’œuvre de Suzuki ?
J. H. Là encore il y a quelque chose d’apparemment fortuit à l’origine puisqu’il s’agissait d’une simple commande qui m’avait été faite. Pourtant, à lire Suzuki je me suis rendu compte qu’il y avait là une autre source d’enrichissement extraordinaire, même sur le plan intellectuel. Mais je vous avouerai que je ne me doutais pas à l’époque que ce travail pourrait conduire un jour à la formation de groupes d’Occidentaux tentant de pratiquer en Europe les techniques du zen et du za-zen. Je dois dire d’ailleurs que par Suzuki j’ai été conduit à m’interroger sur le bouddhisme en général, ce qui m’a permis de constater que cette discipline présentait des aspects très divers dans le monde contemporain, un peu à la façon du christianisme qui diffère tant chez les calvinistes que chez les orthodoxes ou les catholiques, par exemple. C’est pourquoi je n’ai pas voulu m’en tenir au zen et j’ai publié quelques œuvres relevant des bouddhismes birman, chinois ou cinghalais, afin surtout de permettre aux Occidentaux de comprendre que le zen, sous sa forme japonaise, n’est pas tout le bouddhisme, loin de là. Soit dit en passant, cela m’a valu les critiques que vous imaginez, car le public souhaite instinctivement pouvoir vous étiqueter une fois pour toutes : ayant publié, avec des préfaces sympathiques, Aurobindo ou Râmakrishna, j’étais sûrement converti à l’hindouisme !
J. V. Puisque vous mentionnez cette équivoque autour de votre nom, permettez-moi de vous demander si vous pensez qu’il est bon que des Occidentaux pratiquent telle ou telle discipline orientale.
J. H. Mon opinion est formelle à cet égard et elle est négative. J’adopte entièrement sur ce point l’attitude de Gandhi qui s’opposait absolument à toute conversion religieuse. Il peut, certes, y avoir des cas exceptionnels où une conversion à l’hindouisme, à l’islam ou au christianisme se justifie, mais cela ne peut rester justement que l’exception qui confirme la règle. Pour ma part, le fait de communier spirituellement avec Shrî Aurobindo ou Râmana Maharshi ne m’a pas empêché de continuer à me considérer personnellement comme chrétien. Tout au contraire, il faut chercher dans l’étude des spiritualités ou des religions orientales un approfondissement de la religion dans laquelle on est né ou des conceptions philosophiques et spirituelles auxquelles on adhérait avant d’avoir commencé cette étude. Ce n’est pas parce que l’on pratique le hatha-yoga que l’on doit se convertir à l’hindouisme et je pense qu’une discipline comme le zen peut être adoptée par des chrétiens sans inconvénient.
J. V. Ainsi donc vous pensez que pratiquer le yoga ou le zen peut apporter quelque chose à l’Occidental moderne ?
J. H. Vous savez bien que les gens qui pratiquent de telles disciplines se comptent par dizaines de milliers dans l’Europe actuelle, et j’en connais beaucoup qui en ont été profondément enrichis non seulement sur le plan physique, mais également sur les plans intellectuel, philosophique et spirituel. Mais, sincèrement, je ne pense pas que ce soit une raison pour faire abstraction de ce qui constitue notre atavisme culturel. La richesse de nos traditions est telle qu’elle se compare sans difficulté à ce qu’offre l’Orient. Y renoncer, c’est-à-dire renoncer à ce trésor que nous avons reçu par notre éducation et qui constitue notre milieu culturel serait une perte irrémédiable. Il y a lieu, en ce domaine comme en tant d’autres, non pas de repartir de zéro, mais d’apprendre à utiliser (et le yoga ou le zen peuvent nous y aider) ce que nous avons reçu pendant nos années de formation et de l’approfondir, de l’enrichir.
Ouvrages principaux de Jean Herbert Aux éditions Albin Michel
L'enseignement de Râmakrishna (1942)
Aux sources du Japon, le shintô.
Les dieux nationaux du Japon.
Introduction à l’Asie.
La mythologie hindoue, son message.
Spiritualité hindoue.
Le yoga de Shri Aurobindo.
Le yoga de l’amour.
Le bouddhisme en Asie au XXe siècle (Tartas).
Ce que Gandhi a vraiment dit (Stock).
Maîtres spirituels hindous édités par Jean Herbert
Citons, entre autres (tous chez Albin Michel, collection Spiritualités vivantes ») :
Shrî Aurobindo : la Vie divine (4 volumes).
Râmana Maharshi : Enseignement.
Gandhi : Lettres à l’ashram.
Vivekânanda : Entretiens et causeries.
Ma Ananda Moyî : Enseignement.
Râmdâs : Carnets de pèlerinage.
Râmakrishna : Enseignement.
Un auteur et son œuvre : Jean Herbert (1897-1980) par Josette Herbert
"L’attrait exercé sur Jean Herbert par l’Hindouisme réside dans le fait que l’Hindouisme est une religion qui n’a pas de dogme. Elle admet n’importe quelle croyance et c’est précisément cette diversité qui implique une tolérance illimitée et plus qu’une tolérance, un respect pour les opinions d’autrui. Sur le plan des idées, l’Hindouisme propose, écrit-il:
1) Une conception du monde à la fois plus complète et plus cohérente que celles, souvent contradictoires, que nous apportent séparément, d’une part une compréhension étroite de notre enseignement religieux traditionnel et, d’autre part, nos théories scientifiques en constante évolution.
2) Plus généralement, une logique dans laquelle, au lieu de dilemmes et d’oppositions irréductibles, on envisage plutôt des complémentarités nécessaires.
3) Une connaissance de la psychologie humaine à la fois plus détaillée et mieux vérifiable que celle dont nous disposons actuellement en Occident.
4) Une conception statique et dynamique de l’âme humaine qui pourrait offrir une explication plus satisfaisante que la nôtre d’un certain nombre de phénomènes.
5) Une conception des rapports humains qui, sans être acceptable pour nous sous sa forme d’origine, peut nous amener à repenser certains des problèmes auxquels nous nous heurtons.
6) Une vision d’ensemble du divin qui élimine les contradictions entre les diverses écoles de pensée qui chez nous s’opposent. Et dans ce domaine, par conséquent, une attitude qui, dépassant la tolérance, va jusqu’au respect mutuel, attitude que nous aurions avantage à étendre à d’autres domaines.
7) Un mode de compréhension des mythes qui nous permet d’y puiser de précieux renseignements. […] "
Josette Herbert
Un auteur et son œuvre : Jean Herbert (1897-1980)
par Josette Herbert
Grâce à une connaissance très large et compréhensive de l’orient, et notamment de l’Inde, combinée à une grande ouverture d’esprit, Jean Herbert a réussi à ouvrir un peu plus l’occident aux philosophies orientales. La clarté de ses écrits, comme de ses conférences, témoigne de la justesse de sa pensée comme de ses talents de pédagogue.
« La vie de Jean Herbert -ou plus exactement les vies de Jean Herbert ,orientaliste, linguiste, interprète- ont une seule et même préoccupation: aider les gens à se comprendre mutuellement. « L’hindouiste, comme l’interprète -dit-il- se consacre à la découverte et à l’explication de l’être humain. En même temps, dans l’un et l’autre cas, il recherche l’établissement des relations humaines, s’efforçant d’en justifier la nécessité. » Ce ne sont pas des vies parallèles, elles s’imbriquent, se complètent pour donner ce personnage si étonnamment fort et complet qu’est Jean Herbert.
Jean Herbert est né à Paris le 27 juin 1897. De son père, Fernand Herbert, protestant de la Charente, professeur d’anglais à l’école des Sciences politiques de Paris et de sa mère, catholique de la Bourgogne, enseignante elle aussi, il hérite d’un remarquable don de pédagogue et de deux religions chrétiennes; d’une tendre grand-mère qui règne avec douceur et autorité sur la maison une forte dose de bon sens et un répertoire de dictons qu’il cite fréquemment. Au collège Chaptal, il est profondément influencé par le professeur de philosophie André Cresson -représentant de l’école positiviste- dont Jean Herbert dit aujourd’hui encore qu’il lui a appris à raisonner.
[…]
– Jusqu’à la guerre de 1939 il travaille pour la Société des Nations, pour plus de 100 organisations internationales. Il rencontre Briand, Stresemann, Barthou, Mussolini, Churchill.
Vers 1930, il constate que « les conférences internationales [n’aboutissent] pas à grand chose. Chaque délégué [s’attache] plus à défendre les intérêts du groupe qu’il [représente] qu’à rechercher une solution générale ». Dès 1931 il s’intéresse au Bouddhisme, il étudie le Pali et découvre Râmakrishna et Vivekânanda dans les écrits de Romain Rolland. Il passe quelque temps dans la Science chrétienne, qu’il a même pratiquée. Elle lui ouvre les yeux à la valeur ésotérique de la religion. Mais il finit par se fatiguer de l’intransigeance de ses membres.
Dégoûté également par le complexe de supériorité des Chrétiens, Catholiques et Protestants (fils d’un protestant et d’une catholique il avait été très tôt frappé par le fait que chacun croit posséder la seule vérité), il décide d’aller voir si les Bouddhistes possèdent la même vérité, auquel cas ce complexe de Supériorité des Chrétiens serait injustifié.
En 1933, à 36 ans, il part faire la tournée des pays bouddhistes, se plonge dans le Mahâyâna, mais s’aperçoit bientôt qu’une intransigeance très marquée existe d’une secte à l’autre. Encore une fois déçu, il décide de rentrer en faisant escale dans cette Inde dont Romain Rolland avait tant parlé. Chargé simplement de remettre une lettre à un artiste qui vivait à Pondichéry dans l’ashram d’Aurobindo, Jean Herbert pense n’y faire qu’une brève escale. Mais c’est la première rencontre avec Shrî Aurobindo: elle remonte à 1934, le maître a 62 ans. Il répond à la formation cartésienne de Jean Herbert qui est immédiatement séduit par la rigueur logique de la recherche spirituelle d’Aurobindo, par sa vision qui lui semble dépasser toutes celles vues jusqu’alors, par son expérience considérable de la vie dans le monde, par sa connaissance de l’Occident.
En 1935 Aurobindo accepte Jean Herbert comme disciple. Le nom qu’il lui donne, Vishvabandhu, « l’ami de tous », est tout un programme: il déclenche l’orientation de toute la vie de Jean Herbert et continue maintenant encore à prendre tout son sens. Selon la tradition hindoue, une initiation donne premièrement l’indication de la voie à suivre, deuxièmement la soif et troisièmement la force de le faire, force dont Jean Herbert est un symbole vivant et qui lui permet de continuer de remplir sa mission. Aurobindo demande a Jean Herbert de « traduire tous ses ouvrages en français et de les faire traduire dans d’autres langues ». Suivant l’enseignement du Maître, Jean Herbert pénètre de plus en plus profondément dans la connaissance de la sagesse orientale. […]
Séduit par la largeur de vues de l’Inde il en parle chaque fois que l’occasion s’en présente. […] « Je crois que l’Orient peut encore donner des leçons à l’Occident. Nous savons parfois être tolérants, la plupart du temps avec un sentiment de supériorité et de condescendance envers ceux qui ne pensent pas comme nous. Vous avez l’habitude -qui nous manque- de voir la même chose sous plusieurs angles différents, simultanément, y compris l’angle des Occidentaux. » […]
En 1937, Jean Herbert s’installe à Genève et continue à mener de front son travail d’interprète et son travail d’orientaliste. Au cours de plusieurs voyages dans l’Inde il séjourne aussi auprès de Ramana Maharshi, Swâmi Ramdas, Mâ Ananda Moyi, Swâmi Shivânanda, Nanga Bâba, dont il s’emploie à diffuser l’enseignement.
En 1939, mobilisé, il passe une année à Valence comme chef d’état-major d’un centre de formation de régiments d’artillerie lourde. Au moment de la débâcle on lui confie 2 000 jeunes Alsaciens qui venaient d’être mobilisés et qui risquaient d’être fusillés s’ils étaient pris par les Allemands. Il réussit à les amener jusqu’aux Pyrénées. Il revient dans le Midi où une amie hindoue, Mme Banerjee, met à sa disposition une petite maison qu’elle possède en pleine forêt dans les Maures; il y passe le reste de la guerre, plongé dans l’étude des textes sacrés hindous et dans l’enseignement des maîtres, jusqu’au jour de 1945 où un télégramme du Ministère des Affaires étrangères lui demande d’aller à San Francisco où les Alliés posent les bases des Nations Unies. […]
Jean Herbert suit ensuite la Commission préparatoire des Nations Unies et de l’UNESCO à Londres et, de là, avec la première avant-garde des Nations Unies, part pour New-York comme chef interprète.
Avant 1918, les interprètes internationaux n’étaient pas des professionnels mais des gens ayant une vaste culture générale et une connaissance approfondie d’une langue étrangère comme l’historien Paul Montoux, fondateur de l’Institut des hautes études internationales, ou Gaston Bergery, plus tard Ambassadeur de France.
Les besoins s’étant multipliés, il fallait créer et organiser la profession. Jean Herbert est appelé à créer de toutes pièces le corps d’interprètes de l’ONU. […]
Ses multiples travaux de linguistes ne l’empêchent toutefois pas de poursuivre son oeuvre d’orientaliste.
En 1947, à la suite d’une polémique dans les « Cahiers du Sud » où Jean Herbert s’en prenait violemment au professeur Masson-Oursel, de la Sorbonne, M. Sabatier, directeur des Editions Albin Michel, demande à Jean Herbert d’écrire un ouvrage sur l’Hindouisme. Ce sera « Spiritualité hindoue ». Il lui confie également la direction de la collection « Spiritualités vivantes » où les éditions Albin Michel reprennent peu à peu tous les livres que Jean Herbert avait publiés à son compte. Devant son succès considérable, la collection est étendue au Bouddhisme, puis à l’Islam. A l’heure actuelle elle comprend quelque 60 volumes, dont plus de 25 ont été réédités en livres de poche (plus d’un million d’exemplaires déjà distribués).
Il traduit, introduit en France les œuvres originales des grands sages de la fin du XIX° siècle et du début du XX° siècle, Au cours de ses voyages, il rencontre et reçoit directement les enseignements de sages d’autres religions, notamment D. T. Suzuki, l’ayatolla de Oum, le sheikh Mohammed at-Tadili, des chefs religieux bouddhistes, coréens, zen.
[…]
Vers 1960, les Japonais lui demandent de faire pour le Shintô ce qu’il a fait pour l’Hindouisme. Le petit ouvrage projeté se transforme en quatre volumes dont l’un est couronné par l’Académie française […]. Jean Herbert y consacrera 4 ou 5 ans et les traduira lui-même en anglais. Par la suite il publie encore sur le sujet deux petits volumes.
Du Shintô, Jean Herbert déclare avoir tiré un grand principe « Ici et maintenant ».
Depuis « Spiritualité hindoue », Jean Herbert est également l’auteur d’une quinzaine de volumes sur l’Hindouisme, d’un ouvrage d’introduction à l’Asie. Il dirige diverses collections sur l’orientalisme publiées par une demi-douzaine d’éditeurs dans autant de langues. Actuellement quelque 250 volumes ont parus. Il collabore avec le Grand Larousse Encyclopédique pour des sujets relatifs à l’Inde, la mythologie, etc.
Jean Herbert se plonge de plus en plus dans les études mythologiques. Pour lui « Un mythe est la description d’une certaine interaction entre deux ou plusieurs forces déterminées qui existent dans la nature . On n’inventepas plus un mythe que l’on n’invente le processus de germination d’une graine, mais on peut y découvrir des significations et des explications jusque-là insoupçonnées ». Avec au départ certaines clés reçues de Shri Aurobindo, il avance dans la compréhension des textes sacrés qu’il décortique et qui lui révèlent des trésors invraisemblables dans tous les domaines, spirituel, psychologique, etc. Il travaille avec cette minutie qui lui est propre: il établit des fiches, des glossaires, des index qui sont pour lui de précieux instruments de travail.
L’attrait exercé sur Jean Herbert par l’Hindouisme réside dans le fait que l’Hindouisme est une religion qui n’a pas de dogme. Elle admet n’importe quelle croyance et c’est précisément cette diversité qui implique une tolérance illimitée et plus qu’une tolérance, un respect pour les opinions d’autrui. Sur le plan des idées, l’Hindouisme propose, écrit-il:
1) Une conception du monde à la fois plus complète et plus cohérente que celles, souvent contradictoires, que nous apportent séparément, d’une part une compréhension étroite de notre enseignement religieux traditionnel et, d’autre part, nos théories scientifiques en constante évolution.
2) Plus généralement, une logique dans laquelle, au lieu de dilemmes et d’oppositions irréductibles, on envisage plutôt des complémentarités nécessaires.
3) Une connaissance de la psychologie humaine à la fois plus détaillée et mieux vérifiable que celle dont nous disposons actuellement en Occident.
4) Une conception statique et dynamique de l’âme humaine qui pourrait offrir une explication plus satisfaisante que la nôtre d’un certain nombre de phénomènes.
5) Une conception des rapports humains qui, sans être acceptable pour nous sous sa forme d’origine, peut nous amener à repenser certains des problèmes auxquels nous nous heurtons.
6) Une vision d’ensemble du divin qui élimine les contradictions entre les diverses écoles de pensée qui chez nous s’opposent. Et dans ce domaine, par conséquent, une attitude qui, dépassant la tolérance, va jusqu’au respect mutuel, attitude que nous aurions avantage à étendre à d’autres domaines.
7) Un mode de compréhension des mythes qui nous permet d’y puiser de précieux renseignements. […] »
Les carnets du yoga, n°5, mai 1979, pp. 2-15.
Anaxagore
Anaxagore
Il était célèbre par sa race et sa richesse, plus encore par sa grandeur d'âme. La preuve en est qu'il fit don de son héritage aux siens. ils lui reprochaient de négliger ses biens; il leur répliqua: "Occupez-vous en donc vous-mêmes." Et il s'en détacha finalement pour s'adonner seulement à l'étude de la nature, sans aucun souci de la politique. Un jour on lui disait: "Tu ne t'intéresses-donc pas à ta patrie ?" Il répondit en montrant le ciel: "Ne blasphème pas, j'ai le plus grand souci de ma patrie."
Diogène Laërce
Anaxagore (/ˌænækˈsæɡərəs/ ; grec : Ἀναξαγόρας, Anaxagóras, « seigneur de l'assemblée » ; vers 500 - vers 428 av. J.-C.) était un philosophe grec présocratique. Né à Clazomènes à une époque où l'Asie mineure était sous le contrôle de l'Empire perse, Anaxagore vint à Athènes. Plus tard, il fut accusé d'impiété et s'exila à Lampsacus.
Nicolas Bouvier - L'usage du monde (1963)
Partout, cet inimitable bleu persan qui allège le cœur, qui tient l'Iran à bout de bras, qui s'est éclairé et patiné avec le temps comme s'éclaire la palette d'un grand peintre. Les yeux de lapis des statues akkadiennes, le bleu royal des palais parthes, l'émail plus clair de la poterie seljoukide, celui des mosquées séfévides, et maintenant ce bleu qui chante et qui s'envole.
Nicolas Bouvier
Francis Hallé nous parle de l'intelligence des arbres
Les arbres sont indispensables, les forêts sont indispensables et Francis Hallé est indispensable avec ses vastes connaissances, son expérience, son bon sens, son talent d'orateur et encore plus d'écrivain, et comme je le lui ai fait remarquer, d'écrivain qui sait parler des odeurs, des parfums, chose rare.
L'interview est acrobatique. Le "journaliste" est inculte, il tutoie l'éminent professeur comme un sans-culotte un aristocrate au temps de la Terreur, il ramène avec obstination l'échange au "réchauffement climatique", leit-motiv de son média, Francis Hallé se défile comme il peut, montre l'influence des forêts sur le climat, évoque à la sauvette le Groenland alors qu'il est un spécialiste de l'architecture des arbres et des forêts tropicales et ose même la surpopulation de la planète, la bête noire de la ploutocratie mondialiste. Malgré cela, Francis Hallé réussit à dire un certain nombre de choses importantes, c'est tout à son mérite. C'est dur d'être une vedette.
Pierre-Olivier Combelles
Le chemin de la forêt: https://www.youtube.com/watch?v=mS_qO0HZyfg
"la répartition d'une forêt est optimale." (11:05): il n'y a donc jamais de surpopulation dans une forêt.
"Les plantes n'arrêtent pas d'améliorer leur environnement: aérien, souterrain."
"Les arbres sont plus intelligents que les humains: sans cerveau, ils arrivent à manipuler des animaux avec un cerveau." (à propos de la pollinisation et de la dissémination des graines par les animaux, qui ne savent pas à quel but ils concourent).
"Une plantation, ce n'est pas une forêt."
"Les plantes n'ont que trois organes: tige, racines, feuilles. Et aucun n'est vital. Leurs fonctions sont décentralisées jusqu'aux cellules."
"La déforestation de l'Europe au Moyen-Âge par les moines a entraîné un "assainissement" (assèchement) du climat (plus humide auparavant à cause des forêts).
Francis Hallé
NDLR: Ce blog a souvent publié des textes ou des entretiens avec Francis Hallé, mais c'était avant 2019 et nous n'avions pas encore mis de hashtags à nos articles.
Shinrin Yoku: le bain de forêt
The Healing Power of Forests - The Philsophy behind Restoring Earth's Balance with Native Trees - by Akira Miyawaki & Elgene Box. Kosei Publishing, Tokyo, Japan, (2006) 2007
Barroco chiquitano (Música en Bolivia)
Ad Majorem Dei Gloriam
Intérieur de l'église St. Ignacio de Velasquez. Source: https://meacrosstheworld.com/as-aldeias-das-missoes-jesuitas/
À Chiquitos, en Bolivie, le baroque est une musique toujours vivante. C'est une musique qui se vit comme telle. Et c'est cela qui est vraiment surprenant et magique.
Miguel Sánchez. Alia Mvsica, España.
FESTIVAL DES MISSIONS DE CHIQUITOS
https://festivalmisionesdechiquitos.com/
Le festival de musique baroque le plus important du monde
Cruz de Borgoña de San Andrés. Bandera de los ejércitos del rey de España y de toda la Monarquía Católica desde 1506. Introducido por Felipe «el Hermoso» como signo distintivo de su linaje materno. Aunque su uso, desde la época de Carlos III, ha ido restringiéndose, en nuestros días todavía es un elemento importante en el escudo de armas del rey de España. Esta enseña fue adoptada por los carlistas.
San Ignacio de Moxos, Bolivia
Mapa que comprende las Misiones de la Compañía de Jesús en el territorio de Moxos y Chiquitos, en la actual Bolivia, mostrando la ruta de una expedición española. Incluye los pueblos de los Moxos y Chiquitos a lo largo de los ríos Iténez y Mamoré. En la parte derecha están indicados los nombres de las misiones. El mapa está firmado: Ciudad de la Plata 4 de Junio de 1764. Referencias: cf. Adonias, Amazônica I, 595, que describe un ms similar. comprado en Maggs Bros. catálogo 693 (1940), artículo 189
Écoutez, en particulier, à partir de la minute 40' approximativement, la magnifique interprétation de Beatus vir, de Domenico Zipoli.
"Domenico Zipoli, né le 17 octobre 1688 à Prato, en Toscane (Italie), et décédé le 2 janvier 1726, à Córdoba (Argentine), était un jésuite italien et musicien baroque. Missionnaire dans les Réductions du Paraguay, où ses compositions musicales et liturgiques contribuèrent à adapter le baroque européen aux goûts musicaux des Guaranis et autres populations indigènes d'Amérique du Sud."